• « Parents d'un handicapé, le succès d'“Intouchables” nous inquiète » (Rue 89)

    M. et Mme Patricot   Parents d'un enfant handicapé

     

     

    Pour ce couple à la recherche d'un centre pour leur fils polyhandicapé, l'Etat peut profiter de l'engouement du public pour mieux livrer les familles à elles-mêmes.   

     Nous, parents d'un jeune homme polyhandicapé et sourd, avons obtenu, il y a quelques jours, une audience auprès d'un membre du cabinet de Monsieur Dominique Baudis, Défenseur des droits.

    Nous étions reçus suite à un courrier que nous avions envoyé dénonçant le manque de structure d'accueil pour les jeunes polyhandicapés sourds, mais aussi le manque d'accompagnement des familles.

    Après un entretien d'une heure et quart, nous avons compris que nous n'avions rien à faire là, que des droits, nous n'en avions pas.

    En effet, la démonstration a été faite sous nos yeux d'un désengagement assumé et volontaire de l'Etat sur les questions du handicap. Voici ce que nous avons entendu : que nous étions seuls responsables – voire coupable – de ce jeune homme handicapé.

    Nous avons entendu que dans les années 80, les mères des handicapés ne travaillaient pas et montaient les structures d'accueil nécessaires car, à cette époque, les parents étaient plus entreprenants. Ce qui était sous-entendu, c'est que nous ne faisons rien, et que nous attendons tout des autres (voire de l'Etat).

    La langue des signes moins pratiquée

    Certes, cela ne nous a pas vraiment étonnés. Depuis deux ans, nous cherchons un lieu d'accueil susceptible de recevoir notre fils. Il n'y a aucune place nulle part (et, en plus, la langue des signes est rarement pratiquée dans les centres de jour pour polyhandicapés).

    Depuis deux ans, nous sommes témoins du désengagement progressif de l'Etat et d'un désintérêt de tous les politiques pour la question. Les crédits disparaissent ou, mieux, sont transférés vers des causes plus lucratives que le handicap : la vieillesse ou la maladie d'Alzheimer.

    D'ailleurs, à l'occasion de la primaire socialiste, nous avons adressé un courrier à tous les candidats et à des dizaines de députés de gauche comme de droite... Ce courrier n'a reçu aucune réponse.

    A la fin de l'entretien, et alors que nous allions partir, notre interlocutrice nous a tendu un article du quotidien Aujourd'hui sur le succès du film « Intouchables ». C'est sur cela que nous nous sommes quittés.

    Ce film est un merveilleux filtre de la réalité

    L'engouement pour ce film, qui sert même de modèle dans les plus hautes sphères de l'Etat, pose quelques questions que nous voudrions aborder ici.

    Pourquoi ce film a-t-il autant de succès ? Avançons quelques hypothèses.

    Tout d'abord le film raconte l'histoire d'un homme riche, travaillant dans le luxe, qui se retrouve arrêté dans sa course et paraplégique. Le public adore. Il peut s'identifier, se dire que cela peut arriver à tout le monde...

    Inutile de vous dire que jamais ce film n'aurait pas eu autant de succès si l'handicapé l'avait été de naissance (ça, ça n'arrive qu'aux autres).

    Ensuite il est riche, donc il peut se payer l'aidant qu'il veut, celui qui le fera vibrer et lui permettra toutes les folies dont il rêve. Là aussi, sa richesse plaît, elle soulage. Car, qui voudrait voir ou savoir que les handicapés sont, dans la réalité, maintenus en dessous du seuil de pauvreté ?

    Pour conclure, il nous semble, sans pour autant nier le plaisir que certains peuvent y prendre, que ce film est un merveilleux filtre de la réalité. Une ode aux « soignants-naturels » que l'Etat rêve de voir proliférer pour mieux se désengager. Un filtre qui donne bonne conscience et qui permet au spectateur de ne pas voir ce qui se trame en coulisse.

    Car, même si le film raconte une partie d'une histoire vraie (j'imagine que cet homme a souffert, même si cela n'est guère montré) la réalité d'un très grand nombre de personnes handicapées est tout autre : précarisation, absence de structure d'accueil, isolation, dépression.


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  • Europe : de la faillite politique à la dictature économique

    Daniel Salvatore Schiffer - Tribune (Marianne2 )| Samedi 26 Novembre 2011
        S'il n'est pas marxiste et ne le sera très certainement jamais, le philosophe Daniel Salvatore Schiffer - qui analyse ici froidement la situation politique de l'Europe - convient toutefois de la pertinence incontestable de l'analyse de Marx. L'auteur du « Manifeste du parti communiste » le disait déjà en 1847 : ce sont les infrastructures économiques, autrement dit l’activité de production, qui conditionnent les superstructures politiques, y compris dans leur dimension morale.
     
    Je ne suis pas marxiste. Je ne l’ai jamais été et ne le serai très certainement jamais. Mais s’il est une vérité qui demeure néanmoins incontestable, sur le plan de l’analyse philosophique, c’est bien celle que Marx énonça, secondé en cela par Engels, dans l’historique « Manifeste du Parti Communiste », publié en 1847 déjà. A savoir : ce sont les infrastructures économiques, autrement dit l’activité de production, qui conditionnent les superstructures politiques, y compris dans leur dimension morale.

    Cet axiome, auquel le social-démocrate et européen convaincu que je suis reconnaît volontiers toute la pertinence conceptuelle, Marx le corrobora, dans ce même « Manifeste », par une formule restée célèbre, tant elle frappa alors les esprits : « Les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante. » 

    C’est bien là, en effet, cette nouvelle loi (la loi du marché, serais-je tenté de dire ici) qui semble présider aujourd’hui, et plus que jamais, au destin de bon nombre des pays de notre Europe, au premier rang de laquelle émergent bien évidemment, ainsi que nous venons de le voir tout récemment, la Grèce et, surtout, l’Italie.
     

    Les premiers et vrais responsables

    Car que sont leur nouveau chef de gouvernement, Lucas Papadémos (jadis gouverneur, de 1994 à 2002, de la Banque Centrale de son pays) pour la Grèce et Mario Monti (autrefois conseiller international, en 2005, de la banque d’affaires américaine Goldman Sachs) pour l’Italie, sinon de purs et simples économistes, eux-mêmes aux ordres d’une invisible, et d’autant plus pernicieuse, oligarchie ?

    Davantage : le tout nouveau directeur de la Banque Centrale Européenne, Mario Draghi, n’est-il pas, lui aussi, un ancien haut fonctionnaire de cette même Goldman Sachs ? C’est du reste là, cette très puissante institution financière, fleuron de Wall Street, ce qui relie, tel un discret mais efficace fil conducteur, ces trois récents dirigeants européens. Pour le moins paradoxal lorsque l’on sait que Goldman Sachs est sous le coup, depuis 2011, d’une plainte pour une gigantesque fraude fiscale : elle aurait vendu des produits dérivés - les fameux « swap » - permettant de dissimuler une partie de la dette souveraine des Etats-Unis et serait donc, comme telle, à l’origine de la crise des « subprimes », c’est-à-dire, par ricochet, de notre crise financière elle-même !

    L’arnaque, totale, serait magnifique, dans son cynisme, si elle n’était à ce point, sur le plan éthique, honteuse. A moins, pire encore, que ces prétendus spécialistes ne soient, dans leur propre domaine, que d’illustres incompétents, quoi que le système veuille bien nous faire croire, puisqu’ils n’ont jamais pu endiguer auparavant, ni simplement prévenir (laissons leur là le bénéfice du doute, outre celui de leur immense profit), cette même crise. Au contraire : ils en sont les premiers et vrais responsables.
     

    Une Europe essentiellement capitaliste

    Et, pourtant, ce sont bien ces louches technocrates de la haute finance qui, privés en outre de toute légitimité démocratique puisque ce ne sont pas les peuples qui les ont élus, se voient soudain propulsés, sans que nous n’ayons jamais été consultés sur la question, à la tête de nos gouvernements. Autant dire, effectivement, que Marx a donc plus que jamais, fût-ce a posteriori, raison : c’est bien l’économie qui détermine aujourd’hui, au déni de toute démocratie, la politique !

    Ce ne fut toutefois pas là la seule vérité que Karl Marx énonça, comme l’observèrent autrefois Louis Althusser (voir « Pour Marx ») ou Jacques Derrida (voir « Spectres de Marx »), au sein de son œuvre philosophique. Ainsi écrivit-il également, dans « Le Capital » cette fois, cette autre sentence phare de sa critique du capitalisme : « La circulation des marchandises est le point de départ du capital ».

    Et, de fait, loin de se vouloir au départ une entité politique, encore moins sociale, c’est comme un espace uniquement économique, basé sur la libre circulation des marchandises et donc, comme tel, essentiellement capitaliste, que notre Union Européenne elle-même naquit, en 1957, avec le Traité de Rome : preuve en est que cette actuelle UE se dénomma longtemps, jusqu’en 1992, date de l’entrée en vigueur du plus politique Traité de Maastricht, « Communauté Economique Européenne », appellation alors synthétisée sous le sigle de CEE.

    Rien d’étonnant, en d’aussi bancales fondations, si, au bout de pareil processus logique, ce sont des banquiers, eux-mêmes issus de ce symbole du capitalisme le plus sauvage qu’est Goldman Sachs, qui, sans jamais rien nous demander de surcroît, prennent effectivement aujourd’hui la tête, fût-elle malade, de nos Etats : motif, précisément, pour lequel les « indignés » ont raison de se révolter, à l’heure de la mondialisation, sur les différentes places publiques, à défaut d’être financières celles-là, des capitales européennes, quand ce ne sont pas, plus largement encore, les métropoles américaines, voire, bientôt, asiatiques.
     

    Après les diactatures politiques, idéologiques, militaires ou religieuses, voici celle de l'économie

    En résumé, c’est donc ce déficit politique de départ qui provoque à l’arrivée - c’est là son effet pervers le plus manifeste - cette dictature économique à laquelle nous assistons actuellement. De sorte que, paraphrasant à nouveau ici le Marx de la toute première phrase de son « Manifeste du Parti Communiste », nous pourrions aisément dire, à notre tour, qu’un spectre hante l’Europe contemporaine : la dictature financière, que la lucide Viviane Forrester, il y a quelques années déjà, en 1996, baptisa très justement, reprenant là une formule de Rimbaud en ses « Illuminations », d’« horreur économique » !

    Yves Charles Zarka, professeur de philosophie politique à la Sorbonne, expliqua parfaitement bien, lors du colloque qu’il vient d’y organiser autour de la pensée comme de la figure de Jürgen Habermas, ce danger qui nous guette : « Nous vivons un moment décisif dans l’histoire de l’Europe, celui dans lequel le projet d’une Union est mis en péril et risque de sombrer dans une dislocation périlleuse pour les Etats, c’est-à-dire les peuples qui la composent », y a-t-il souligné à bon escient. Et de conclure cet important débat par cette réflexion aussi dramatique, elle aussi, que judicieuse : « Ce n’est pas seulement l’Union Européenne qui est en péril, mais aussi la civilisation dont elle est porteuse. »

    D’où, urgente, cette autre question, fondamentale, pour l’avenir de nos sociétés modernes : cette Union Européenne que nous avons nous-mêmes appelé de nos vœux se construirait-elle, à l’heure actuelle, sur la destruction, non seulement des Etats, mais, plus spécifiquement encore, de la souveraineté populaire et, donc, contre la démocratie elle-même ?

    Si tel était le cas, le paradoxe, bien évidemment, ne serait pas des moindres : ce serait ses propres valeurs, son rêve humaniste, sa vision de la liberté et sa conception de la tolérance, que l’Europe, par cette nouvelle forme de dictature - la dictature économique, précisément, après les diverses dictatures, de par le monde, politiques, idéologiques, militaires ou religieuses -, nierait, ainsi, de la manière la plus hypocritement vile qui soit.

    Bref : la mondialisation, cet autre et nouveau nom du totalitarisme à venir ?

    Daniel Salvatore Schiffer est philosophe, auteur de « La Philosophie d’Emmanuel Levinas » (PUF), professeur invité au « Collège Belgique », sous l’égide de l’Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique et le parrainage du Collège de France.

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  • Pôle Emploi : numéro unique, erreurs multiples !

    Elisabeth Matheu-Cambas - Tribune (Marianne2 ) | Dimanche 27 Novembre 2011
       « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ». Pas toujours, et surtout pas au Pôle emploi. Dans un témoignage très personnel mais très significatif, ELisabeth Matheu nous raconte ses tribulations lors de son inscription au chômage. QUI ont dû arriver à bien d'autres personnes !




    S’il vous est arrivé, dans votre carrière, d’être licencié, d’avoir votre CDD non renouvelé, de partir en retraite anticipée, d’être en reconversion professionnelle ou encore d’être jeune diplômé, bref de vous retrouver, à un moment ou à un autre, sans emploi, vous avez sûrement eu affaire à l’ANPE, appelée depuis quelques années, Pôle Emploi. Même si votre passage à Pôle Emploi a été de courte durée, vous avez probablement vous aussi quelques anecdotes ubuesques, plus drôles à raconter qu’à vivre !
     
    Quelques conseils pour les futurs « polemploistes »... Ne tardez pas à vous inscrire ! Dès que votre dernier employeur vous remet votre feuillet Assedic, le 31 mars par exemple, précipitez-vous dès le 1er avril au Pôle Emploi le plus proche (évitez les blagues potaches du jour, ce n’est ni le lieu ni le moment !)  afin d’effectuer votre préinscription. Là-bas, c’est assez simple, vous avez juste besoin de composer un numéro unique, une personne vous convoquera à un premier rendez-vous qui fera office d’inscription. C’est presque trop simple pour être vrai ! Si jusque là tout s’est bien passé, ne criez pas victoire. Pôle emploi est plein d’embûches. Si vous avez été rapide, n’attendez pas autant d’efficacité du côté de Pôle Emploi, le délai peut être long, voire très long, assez long pour finalement retrouver du boulot (par vos propres moyens)!
     
    Si ce n’est pas le cas, armez-vous de patience, de courage et ouvrez grands vos oreilles ! Les informations que vous recevrez pourront être contradictoires. Si vous n’êtes convoqué que le vendredi 23 avril au Pôle Emploi X, c’est normal ! Vous n’êtes pas le seul à chercher du travail ! Si entre temps, le jeudi 8 vous recevez un courrier qui vous annonce que vous êtes convoqué le lendemain (le 9 donc) mais au Pôle Emploi Y, pas d’inquiétude. Un petit coup de fil... ah ! Mais pas le jeudi a-midi, Pôle Emploi est fermé ! Si votre courrier est arrivé vers midi voire 13h, il sera trop tard pour appeler. Le 9 au matin, vous appellerez- vous sentant presque coupable- pour comprendre pourquoi vous êtes convoqué à deux endroits différents deux jours différents pour faire UNE et UNE SEULE inscription. Une personne très sympathique tentera d’élucider votre problème et finira par vous rassurer, vous n’avez pas à vous présenter le 9 au Pôle Emploi Y, c’est une erreur ! Ouf ! Par contre le Pôle Emploi X, où vous êtes convoqué le 23 avril, c’est aussi une erreur ! Parce que ce que vous ne saviez pas, « c’est que vous dépendez du Pôle Emploi Y au niveau administratif et du Pôle Emploi X pour votre suivi » (?!?) et la personne sympathique à l’autre bout du téléphone vous interdit de vous présenter le 23 avril au Pôle Emploi X, sous peine de vous faire jeter ! Il vous donne donc un nouveau rendez-vous, cette fois le 29 au Pôle Emploi Y, pour faire l’inscription.

    Allez plus que 20 jours ! Et en attendant, faudra manger des nouilles et privilégier la marche à pied.
    Ponctuel, vous vous présentez au Pôle Emploi Y le 29 avril avec tous les papiers nécessaires : votre dossier, votre CV à jour...pas question d’oublier une pièce, ça pourrait retarder votre inscription( !)

    Pas de doute, vous n’êtes pas le seul demandeur d’emploi. La file d’attente est interminable !!!! « On est tous convoqués à 8h30 ou quoi ? » Vous ne saviez pas que Pôle Emploi organisait des speed dating. On vous fait patienter, vous êtes reçu assez vite, et par curiosité vous tentez d’en savoir plus sur cette histoire « alors, il paraîtrait que je dépends de deux Pôle Emplois... »La femme, surprise, vous redemande votre adresse et après avoir tapé sur son ordinateur, elle vous regarde droit dans les yeux et tranche en vous informant que vous dépendez du Pôle Emploi le plus proche de votre domicile en l’occurrence le Pôle Emploi Z !!! 

    Vous comprenez donc que vous n’êtes pas au bon Pôle Emploi pour l’inscription ! Peut-être est-ce de l’agacement, de la colère ou de l’incompréhension qu’elle lit sur votre visage, mais très vite elle vous propose de faire « quand même » l’inscription « puisque vous êtes là ». Et bien, oui, on va plutôt faire ça ma petite dame, il ne manquerait plus qu’elle refuse l’inscription et qu’elle vous donne un autre rendez-vous, et pourquoi pas le 25 décembre ? Entre la dinde et la bûche vous pourrez toujours vous libérer (à moins que le 25 ne soit un jeudi !). Non, elle vous assure, à la fin de l’entretien qu’elle transférera votre dossier au Pôle Emploi Z, dans les plus brefs délais. Vous sortez de là, avec une seule pensée en tête, c’est quand même une sacrée pagaille chez eux ! Enfin, ça s’est fait. Il ne reste plus qu’à vite retrouver du travail pour sortir de ce panier de crabes.

    Vous ne savez toujours pas quand vous toucherez vos indemnités ni combien mais, patience ! Maintenant vous en avez la certitude, Pôle Emploi va s’en charger au plus vite !
    Quelques jours plus tard, vous recevez (dans votre boîte aux lettres) un courrier de Pôle Emploi, vous pensez que votre dossier a été traité avec rapidité (vous avez été mauvaise langue, quand même...) et qu’on vous informe du montant de vos indemnités. En ouvrant l’enveloppe, vous découvrez un dossier d’inscription vierge envoyé par le Pôle Emploi Z (dossier que vous avez déjà reçu 2 fois en 1 mois, que vous avez rempli et déposé au Pôle Emploi Y). Et là, vous pétez les plombs !  Vous attrapez votre téléphone, et vous avez juste envie de savoir si on ne se moquerait pas un peu de vous.... voire plus si affinités !!!

    Une illustre inconnue vous répond et vous conseille de jeter le document en question. « Ah bon ? Mais qui me dit que vous ne racontez pas n’importe quoi ? Si je le jette et qu’il ne fallait pas ? Si finalement mon inscription n’a pas été validée ? » Le ton monte, enfin surtout de votre côté, peut-être perdez-vous patience ? Vous avez juste envie d’avoir des garanties et vous demandez à votre interlocutrice son nom, juste au cas où ce qu’elle vous conseille de faire soit complètement faux, que vous puissiez expliquer à la énième inconnue du numéro unique, que c’est Madame Machin qui vous a dit de jeter le courrier. Bref...elle refuse en bloc, et vous explique  « qu’elle n’est pas habilitée à le faire ». « A mon avis, il n’y a pas que pour donner votre nom que vous n’êtes pas habilitée...Et pourquoi ne pouvez-vous pas me donner votre nom ? Vous avez le mien, vous avez mon adresse et tout mon pedigree sauf peut-être la radio de mes dents de sagesse et le petit nom de ma belle-mère ! Vous avez peur de quoi ? D’être incompétente ou de ne pas assumer une éventuelle erreur ? » Elle finira par vous donner son prénom (la belle affaire !) n’insistez pas ! De toute façon, la pauvre n’y est pour rien. Elle n’a sûrement pas choisi que le système soit celui-là, elle n’est pas responsable des dysfonctionnements de Pôle Emploi. Elle est juste la 4ème interlocutrice  de cette histoire...sans fin !

    Vous finirez par jeter le dossier. Suspendu à votre écran d’ordinateur, vous naviguez entre le site du Pôle emploi et d’autres sites à la recherche d’un emploi. Un œil sur votre dossier « en cours de validation ». Et puis, un jour vous aurez le montant de vos indemnités journalières qui apparaîtront sur votre écran. Attention ! Ce n’est qu’à titre d’information, il faudra encore attendre quelques jours pour le paiement. Quand finalement, vous découvrez le 17 mai que vous percevrez moins que ce qu’ils annonçaient précédemment, vous vous rendez au Pôle Emploi Z (celui dont vous dépendez) pour avoir un visage et un nom quand vous poserez votre question ! On vous explique qu’ « il y a 7 jours de carence à compter de la préinscription ». Pas de soucis, mais personne ne vous l’avez encore dit.« Et comptez encore quelques jours pour avoir l’argent sur votre compte. » Vous n’êtes plus à quelques jours près !

    Le 23 mai c’était Noël ! Enfin pas longtemps...à peine le montant de vos indemnités s’affichaient en crédit, que votre solde lui s’affichait en négatif ! Un certain découvert, creusé par le temps qui passe, par les erreurs qui s’accumulent...
    Allez, ne vous découragez pas ! Il y a toujours pire, n’est-ce pas ? Le mois prochain, ça ira mieux sauf si entre temps Pôle Emploi vous radie par erreur parce que vous ne vous êtes pas présenté à un entretien où on avait oublié de vous convoquer !

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    Sujet : Fw: Tr: Reportage au Parlement Européen -salaire+ indemnités +indemnités journalières et demain indemnités d'absences ?  

     

     

     
      Ca se passe à Strasbourg !
     
    Reportage pertinent de journalistes allemands au Parlement européen.  Clique ce lien :
     
    http://dotsub.com/view/01ad2718-073c-474a-ac40-c7a72e199d55 

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  • Une ONG américaine lance une campagne pour inciter à faire moins d'enfants. Au menu : vidéo sur Times square et préservatifs à l'effigie des animaux en voie de disparition.

     

     

    Nous sommes désormais 7 milliards. Et 7 milliards, c’est bien trop, selon le Centre américain pour la diversité biologique, qui voit dans la croissance de la population une menace pour l’environnement. Aussi l’ONG a-t-elle décidé de s’adresser directement aux consciences de ses concitoyens. Au détour d’une nouvelle campagne, elle va distribuer 100 000 préservatifs figurant des espèces en danger, rapporte le New York Times « Wrap with care, save the polar bear » (« Sortez couvert, sauvez les ours polaires ») ou « Wear a condom now, save the spotted owl » (« Un préservatif enfilé pour sauver la chouette tachetée ») peut-on trouver sur leurs drôles de capotes… L’ONG s’est aussi offert une publicité vidéo sur Times Square à New York.

    Car le moment est critique. « Toutes les espèces que nous sauvons de l’extinction vont finir par disparaître si la population humaine continue de grossir », a déclaré Kierán Sucklin, le directeur du Centre. Menacés notamment : la panthère de Floride, le thon rouge de l’Atlantique ou encore l’ours polaire. Certes aux Etats-Unis, le taux de fécondité s’est écroulé depuis le baby-boom, passant à 2 enfants par femme. Malgré cela, les Etats-Unis devraient compter 478 millions d’individus à la fin du siècle, estiment les démographes, et ce notamment à cause de l’immigration. Or, les Américains aiment leur confort. La preuve ? La quantité de CO2 émis par habitant est l’une des plus fortes du monde après l’Australie. Selon une étude publiée en 2009 par l’université de l’Oregon, chaque enfant américain émet par exemple 7 fois plus de CO2 que son cousin chinois et 169 plus qu’un petit du Bangladesh.

    La solution ? Consommer moins mais surtout être moins. Selon une étude publiée l’an passé, un taux de fécondité à 1,5 enfant par femme pourrait permettre une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 10% d’ici à 2050 et de 33% d’ici à la fin du siècle.


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  • Viols en temps de guerre,sous la direction de Raphaëlle Branche et Fabrice Virgili,

    Payot, 20 €. En librairies le 2 novembre 2011.  270 p.

    Ce livre pionnier éclaire la place et le sens de la violence sexuelle et sexuée dans les violences de guerre.

    TABLE : Introduction (R. Branche, D. Palmieri, I. Delpla, J. Horne. P. Lagrou, F. Virgili).- Le viol dans les codes militaires russes, de Pierre le Grand à l’Armée rouge (M.G. Muravyeva).- Le crime indiscutable : la violence sexuelle des soldats allemands pendant la « guerre d’anéantissement » en Union soviétique (R. Mülhaüser).- La victimisation du corps et la politique du corps : viols et abus sexuels pendant la guerre civile grecque (K. Stefatos).- Héroïnes de guerre et hommes oubliés de la guerre de libération du Bengladesh (N. Mookherjee).- Viol, blâme et contrôle social : le cas des enclaves paramilitaires en Colombie (N. Suarez Bonilla).- Une fureur « belgica » en Rhénanie occupée ? (A. Godfroid). Pratiques de guerre, terreur et imaginaires : troupes maures et viols durant la guerre d’Espagne (M. Joly).- Promettre le viol : milices privées contre guérilla maoïste dans l’État du Bihar, Inde (A. Soucaille).- Le poids des imaginaires : viols et légendes des femmes snipers en Tchétchénie (A. Regamey).- Lever le silence : nouvelles approches des conséquences du viol – Érythrée, RD Congo, Rwanda, Somalie, 1994-2008 (N. Puechguirbal).- Le tabou n’est pas celui qu’on croit : l’historienne, le viol et la société israélienne (T. Nitsan).- Le « visage laid de la guerre » : la stigmatisation des enfants nés de viols au Nigéria (A.D. Ikuomola).- Décisions spéciales : les enfants nés des viols allemands et abandonnés à l’Assistance publique pendant la Grande Guerre (A. Rivière).- Russes et Allemands : viols de guerre et mémoires postsoviétiques (N. Naimark).
    Fabrice Virgili, historien, chargé de recherche au CNRS (IRICE/université Paris 1), est l’auteur de La France « virile » : des femmes tondues à la Libération (PBP nº 502) et Naître ennemi : les enfants de couples franco-allemands nés pendant la Seconde Guerre mondiale (Payot, 2009). 

    Viols de guerre ou le temps des soudards

    Georges Vigarello pour Marianne | Dimanche 6 Novembre 2011

    L’historien Georges Vigarello a lu pour « Marianne » « Viols en temps de guerre », ouvrage collectif paru le 2 novembre. De l’ex-Yougoslavie à la Colombie, une terrible série d’études sur les stratégies militaires du viol à travers le monde.

    Dans ses Dames galantes, au XVIe siècle, Brantôme évoque le viol en temps de guerre comme étant une conséquence quasi normale de la conquête : occupation du « territoire », appropriation massive du féminin par le masculin, corps des femmes envahis comme l’est la terre. Le geste de possession est geste de pénétration. Il inclut le sexuel sans que les faits souffrent généralement de longs commentaires. Brantôme conduit même à l’extrême un très banal fantasme de dominateur : « Elles aiment les hommes de guerre toujours plus que les autres et leur violence leur en fait venir plus d’appétit. »

    Une longue histoire existe qui tolère l’acte comme une « évidence », alors que le juriste et philosophe Hugo Grotius, dans son Droit de la guerre et de la paix, au XVIIe siècle, insistait pourtant sur le fait que « violer les filles » en temps de guerre ne saurait « demeurer impuni ». La force, traditionnellement, l’a ici sourdement emporté sur le droit. Le livre collectif que publient aujourd’hui les éditions Payot, Viols en temps de guerre, sous la direction d’historiens chevronnés, reprend le thème. Ce qui permet tout d’abord d’approcher l’horreur, c’est de constater l’insoutenable.

    Cette scène entre autres, en 1945, évoquée par un soldat soviétique, après qu’un convoi de civils allemands en fuite a été attaqué, et après qu’un groupe de femmes en a été « séparé » : « Les femmes, les mères et leurs filles se tenaient de chaque côté de la route, devant chacune d’elles se tenait une file hurlante d’hommes, le pantalon baissé. » Ou cette scène encore en Tchétchénie, rapportée en 1999 : « On a attrapé une sniper ensuite on lui a fourré une grenade dans le vagin, on l’a dégoupillée et on s’est enfui en courant. Elle a été déchiquetée. »

    La première étude du genre

    L’intérêt majeur de ce livre ne tient pourtant pas à l’horreur évoquée. Il tient d’abord à sa nouveauté : il s’agit de la première étude du genre. Elle doit être saluée comme telle. Elle doit aussi être commentée. C’est qu’elle correspond à un changement de culture. Le féminisme a aidé à ce que de tels actes apparaissent plus que jamais dans leur inhumanité. Il a aidé à ce que le viol soit l’objet d’une visibilité qu’il n’avait pas, rendant évidentes les revendications des femmes sur l’absolue propriété de leur corps, faisant basculer définitivement le viol dans la barbarie.

    Autre changement de culture, les types d’études consacrées à la guerre. Longtemps cantonnées au triptyque « militaire-politique-diplomatique », longtemps centrées sur les plans de bataille, les types d’armements, les attaques, les défenses et leurs effets, ces études sont aujourd’hui bouleversées, s’attachant aux dimensions sociales, culturelles et de genre des conflits, s’attardant aux sensibilités, au quotidien des agresseurs et des agressé(e)s.

    De telles études ont basculé du milieu technique au milieu humain, des matériaux militaires aux effets de conscience et aux modes de vie. L’histoire, avec elles, s’est donné d’autres objets : affects et traumas ne sauraient être tus, douleurs et vulnérabilités ne sauraient être ignorées. C’est dans un tel cadre que le viol en temps de guerre peut être interrogé comme il ne l’avait jamais été jusque-là.

    Le viol comme une entreprise quasi stratégique 

    L’autre intérêt majeur de ce livre est de s’éloigner du cliché. Loin de s’en tenir à la simple domination sans âge du masculin sur le féminin, loin de s’en tenir à la seule prise en compte de pulsions ravageuses, les travaux s’aventurent sur bien d’autres terrains, se livrent à bien d’autres interrogations, multiplient avec pertinence les situations et les cas.

    Rien de plus contestable alors, ou partiel, que de limiter le thème à quelque universel de la domination sexuelle. Rien de plus abrupt et simplificateur aussi que la vieille vision de Brantôme et ses « invasions » territoriales.

    L’originalité est ici de décrire le viol comme une entreprise quasi stratégique, et non plus seulement pulsionnelle, visant les vaincu(e)s. Ce que les viols dans les conflits de l’ex-Yougoslavie avaient du reste déjà clairement montré, centrés sur les filiations et les ethnies. D’où l’importance donnée à la spécificité que chaque environnement local ou historique peut représenter. D’où la diversité des thèmes proposés.

    Ces textes montrent combien les viols en temps de guerre, loin d’être cantonnés à la seule « jouissance sexuelle », participent tous aux versants les plus variés d’une « domination sociale, ethnique ou nationale ». Le contexte du conflit fait alors aussi le contexte du viol.

    L’acte peut ne pas viser seulement les femmes

    A commencer par le fait que l’acte peut ne pas viser seulement les femmes. La très belle étude de Nayanika Mookerjee sur les conflits du Bangladesh s’attarde sur un trait spécifique de l’opposition entre le Pakistan oriental et le Pakistan occidental. Partage « curieux » et « contestable » en 1947, d’abord, après l’indépendance de l’Inde. Le Pakistan oriental (le Bengale) et le Pakistan occidental sont constitués en pays unifié, alors qu’ils sont séparés géographiquement et largement différents culturellement. Seule « unité » ici, l’islam. Encore s’agit-il d’un islam disparate où les Bengalis sont accusés de pratiquer une religion trop « hindouisée », « impure », révélant une certaine faiblesse sinon même une efféminisation.

    Suit une domination du Pakistan occidental sur le Pakistan oriental, une quasi-colonisation aussi, une « stratégie vigoureuse d’assimilation » jusqu’à l’emprise de la langue, le bengali étant interdit au bénéfice de l’ourdou, langue du Pakistan occidental. Suivent encore les révoltes des Bengalis en 1971, la guerre, la proclamation d’une république populaire du Bangladesh, la répression enfin. Suivent surtout les viols des hommes musulmans bengalis perpétrés par les militaires ouest-pakistanais « en représailles aux attaques de la guérilla bengalie ».

    Viols d’hommes donc que de sourdes références à la religion et aux ethnies prétendent expliquer : « Les musulmans bengalis déjà suspectés d’être féminisés devaient confirmer leur identité musulmane par un processus qui les féminisait davantage : le viol. » Acte d’humiliation clairement spécifique où l’enjeu tient ici « à une féminisation et à une catégorisation raciale des hommes », l’acte sexuel prenant alors son sens dans une sédimentation toute particulière mêlant genre, culture, histoire, religion : jeu subtil où l’humiliation se fait multidimensionnelle. Le viol des Bengalis est au cœur d’une stratégie.

    Le viol au service d’un ordre politique et social

    Stratégie encore, toute différente cette fois, dans la guerre civile colombienne, où les milices paramilitaires tentent d’instaurer un ordre dans les régions « reconquises » et dominées. Humiliations sexuelles et viols y jouent un rôle décisif. Ils sont ciblés, visant, parmi les femmes, celles qui manifestent le moindre signe de « transgression », celles qui témoignent d’une quelconque résistance, celles qui cultivent leur féminité ou « laissent apparaître des parties de leur corps ».

    D’où l’instauration d’un climat permanent de peur diffuse, l’obtention de la conformité par la terreur, l’imposition d’un ordre intime échappant à la sphère privée. Aucun choix pour les victimes : « En dehors de la fuite, toute résistance paraît impossible. » La perversité du dispositif est qu’il trouve une complicité dans la culture elle-même. La puissance du patriarcat traditionnel, parvient à favoriser indirectement la stratégie des paramilitaires dans ces régions de la Colombie : « Les sanctions envers les femmes, notamment celles qui transgressent l’ordre par leur conduite, trouvent une certaine approbation collective. »

    Ce viol en temps de guerre civile, loin, une fois encore, d’être simple pulsion, est ici mis au service d’un ordre politique et social. Plus encore, la violence sexuelle des paramilitaires colombiens finit par trouver une « légitimité » dans le système social et culturel lui-même.

    Une souffrance enfouie

    Stratégie enfin, dans une autre guerre civile, celle de la Grèce à la fin des années 40. Une guerre où les femmes avaient pu trouver quelque affirmation personnelle et politique, celle-là même que l’Etat leur refusait jusque-là. C’est sur les combattantes ou les résistantes emprisonnées qu’une violence sexuelle s’est alors exercée, avec une intensité croissante, jusqu’à adopter des formes « clairement organisées » : scènes de terreur nocturne, femmes enlevées dans le noir absolu, tortures par les officiers de police, menaces de viol par des hommes infectés par la syphilis.

    La domination prenait une forme précise et circonstanciée : renvoyer dans le domaine « privé » des femmes ayant tenté une action et une affirmation dans le domaine public, briser la revendication d’un statut nouveau et autonome du féminin. Viol sans aucun doute, mais aussi « intimidation politique par la victimisation sexuelle des dissidentes ».

    Reste la question des « suites », celle des malheurs et des traumas. Celle des enfants nés de viols en tout premier lieu, qu’avait déjà remarquablement étudiée Stéphane Audoin-Rouzeau dans l’Enfant de l’ennemi en 1995. Plusieurs analyses s’étendent ici sur l’infernale intrication psychologique du problème : l’assimilation sociale et collective toujours troublée de l’enfant, la sensibilité déchirée de la mère, le sentiment paradoxal à l’égard de cet enfant fait de proximité et de rejet, la politique de son abandon aussi mise en place par le gouvernement français durant la Première Guerre mondiale.

    C’est sur la souffrance enfin que s’étendent quelques textes majeurs : question d’une profondeur inédite dont les psychologues ont su montrer aujourd’hui la redoutable ampleur. La nécessité pour la femme de « parler » par exemple, alors que nombre de cultures s’y opposent. La nécessité encore de lutter contre la manière dont les victimes peuvent minorer les épreuves subies. Immense travail personnel et collectif où l’objectif de se reconstruire vient en permanence buter contre la destruction intime que le viol en temps de guerre a très consciemment et très « stratégiquement » provoquée.

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