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    Une étude de long terme menée par Gilles-Eric Séralini sur 200 rats nourris au mais transgénique et parue dans la très sérieuse revue « Food and chemical toxicology » montre des effets sanitaires extrêmement inquiétants : les rats nourris au NK 603 commercialisé par Monsanto déclenchent 2 à 3 fois plus de tumeurs que les autres.

    « C’est l’étude la plus longue et la plus complète menée sur une plante OGM avec 200 rats, une centaine de paramètres, et un suivi biochimique de 34 organes », affirme d’emblée Gilles–Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen et chercheur bien connu pour ses travaux sur les OGM. Une étude qui a pris plus de 4 ans et coûté 3,2 millions d’euros, financé par la Fondation Charles Léopold Mayer (1 millions €), le CERES (2 millions d’€) et le ministère de la Recherche (100 000 €), menée dans un secret absolu pour éviter toute fuite vers les industriels. Celle-ci n’a pas été effectuée à l’initiative d’une autorité nationale ou européenne mais d’une simple organisation : le CRIIGEN (Comité de Recherche et d'Information Indépendantes sur le génie génétique) avec les chercheurs de l’Université de Caen. Pour obtenir les semences OGM, ils se sont tournés vers un lycée agricole canadien qui souhaite rester anonyme ; toutes les démarches en Europe et aux Etats-Unis se sont avérées infructueuses…« L’absence d’études menées sur le long terme et la répétition de l’absence de données sur les effets sanitaires des OGM commence pour moi à confiner à la malhonnêteté voire au crime intellectuel. Cette étude était donc pour moi absolument essentielle. Car il faut le dire et le répéter, les OGM sont des éponges à pesticides : ils sont faits pour êtres tolérants à un herbicide ou à fabriquer leur propre insecticide », souligne ainsi Gilles Eric Séralini pour expliquer les raisons qui l’ont poussées à mener une étude de cette envergure.

    Une multiplication des tumeurs

    Pourtant, le professeur était loin de s’imaginer l’ampleur des dégâts. « Les rats ont développé tellement de tumeurs qu’il a fallu analyser que nous sommes désormais déficitaires de 150 000 € », précise Gilles-Eric Séralini. En effet, là où les études classiques réalisées par ou pour les industries de la biochimie s’arrêtent le plus souvent à trois mois, l’étude menée par l’équipe de Séralini montre, que même à très faible dose, les effets de l’OGM seule, de l’OGM associée au round-up (l’herbicide de Monsanto) ou du round-up seul sont dramatiques, et ce à partir du quatrième mois. « Cela m’a surpris car au départ, mon hypothèse était que le round up était l’agent le plus dangereux mais en fait le caractère transgénique de la plante la transforme en usine faite pour s’insensibiliser au pesticide, ce qui perturbe son métabolisme et empêche la production d’acides férulique et caféique, protecteurs du foie et des glandes mammaires », souligne le professeur.

    Pour les femelles, celles nourries au maïs transgénique et/ou au round up développent des tumeurs de façon très importantes, certaines tumeurs (à 93% mammaires) atteignant jusqu’à 25% de leur poids. Au final, la mortalité des rates nourries avec du maïs NK603 s’avère 6 fois supérieure à celles des rates nourries avec du maïs conventionnel. A la fin de leur vie (environ 2 ans pour un rat) 50 à 80% des femelles OGM sont touchées contre 30% chez les autres… Pour les mâles en revanche, ce sont le foie et les reins qui sont davantage touchés. Mais les tumeurs qu’ils développent sont plus précoces que chez les femelles : elles interviennent environ 20 mois plus tôt contre 3 mois chez les rates. « A titre de comparaison, un an pour un rongeur, c’est à peu près l’équivalent d’une quarantaine d’années pour un homme », souligne le Nouvel Obs, l’hebdomadaire qui a publié en avant première les résultats de l’étude.

    Vers une modification des procédures d’homologation ?

    A l’annonce des résultats de l’étude, le gouvernement n’a pas tardé à réagir : celui-ci a immédiatement saisie l’agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), annoncé que les résultats feront l’objet d’une analyse par le Haut Conseil des Biotechnologies et que ceux-ci seront transmis en urgence à l’Autorité européenne de sécurité des aliments. « En fonction de l'avis de l'ANSES, le Gouvernement demandera aux autorités européennes de prendre toutes les mesures nécessaires en termes de protection de la santé humaine et animale, mesures qui pourront aller jusqu'à suspendre en urgence l'autorisation d'importation dans l'Union européenne du mais NK 603, dans l'attente d'un réexamen de ce produit sur la base de méthodes d'évaluation renforcées », annonce le gouvernement dans un communiqué.

    Un premier pas mais qui reste insuffisant selon Gilles Eric Séralini : « il faut que le gouvernement demande à ce que ce soient d’autres commissions et experts que ceux qui ont déjà autorisés les OGM car sinon on tourne en rond », estime-t-il. « Surtout, il faut maintenant saisir la Commission européenne, ce que j’ai demandé aux 27 ministres de l’Agriculture de l’Union par une lettre envoyée le 19 septembre, pour demander que les autorisations des OGM accordées à des fins alimentaires humaines (MON810 et Amflora, ndlr) soient réexaminées à l’aune d’un fait nouveau », complète Corinne Lepage, fondatrice du CRIIGEN et qui vient de sortir un nouveau livre « La vérité sur les OGM, c’est notre affaire ». L’équipe de chercheurs demande également à ce que soit levée la confidentialité des résultats des études menées par les industriels, la réalisation de tests de « vie entière » -soit 2 ans pour les rats- avec les formulations commercialisées des pesticides et non seulement leur principal élément actif (le glyphosate) et que les études règlementaires puissent être soumises à une contre-exeprtise, comme en justice.

    Pas de réaction sur le fond des industriels

    Chez Monsanto, le porte-parole de la filiale française Yann Fichet a expliqué à Reuters, qu’il prenait « très au sérieux » toute nouvelle étude concernant les semences. Mais la firme ne souhaite pas s’exprimer immédiatement sur le fond : « dans le cas présent, il est trop tôt pour faire un commentaire sérieux car nous sommes encore en train d’évaluer la publication scientifique », précise-t-elle. De son côté, l’AFBV, l’association française des biotechnologies végétales présidée par le professeur Marc Fellous, qui s’oppose régulièrement à Gilles-Eric Séralini (Voir sur Novethic: « Le professeur Séralini gagne son procès »), a rapidement réagi en précisant que si « le conseil scientifique attend d’avoir les résultats détaillés de cette étude (paru le 19 décembre à 15h dans la revue américaine « Food and chemical toxicology, ndlr) pour donner son avis sur le fond (...). Contrairement à ce qui est affirmé, la dernière étude du CRIIGEN n’est pas la première à avoir évaluer les effets à long terme des OGM sur la santé », en envoyant une longue liste à l’appui. Mais selon le professeur Séralini, celles-ci sont loin d’être aussi complètes que la sienne.

    Quant à la FNSEA, le principal syndicat agricole français, celui-ci a réclamé plus de transparence : « en tant qu'éleveur, nous devons avoir toutes les garanties, donc nous demandons la transparence aux fabricants de produits alimentaires destinés au bétail », a indiqué à l’AFP Christiane Lambert, l'une des vice-présidentes de la Fédération.

      Béatrice Héraud
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  • Le Siège de l’ONU à New York accueille, à partir du 28 juillet, une exposition de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur la lutte contre la faim dans le monde.  Des vidéos de plusieurs personnalités seront montrées dont celles de l’acteur britannique, Jeremy Irons, et des stars du football européen.

     

    Le public pourra se joindre aux efforts de ces personnalités en signant une pétition qui sera transmise en automne aux dirigeants du monde pour qu’ils placent la lutte contre la faim en tête de leur agenda.  Les pétitionnaires sont libres de diffuser le message sur Facebook, Twitter ou YouTube.    

     

    La faim, cette crise silencieuse, n’est pas aussi télégénique que les catastrophes naturelles, les accidents ou encore les conflits.  Pourtant, les derniers chiffres montrent qu’un milliard de personnes se couche, chaque soir, le ventre vide, ce qui compromet sérieusement la réalisation de l’Objectif du Millénaire pour le développement visant à réduire de moitié la faim d’ici à 2015.

     


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  • Lors d'une cérémonie qui s'est déroulée le 27 septembre 2012 durant la session du Comité des forêts (COFO) au siège de la l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Rome, le Prix Wangari Maathai a été décerné pour la première fois à un militant écologiste népalais en hommage à ses efforts de promotion de la foresterie communautaire.

     

    Le Prix Wangari Maathai a été créé par le Partenariat de collaboration sur les forêts (CPF), dont la FAO est un membre actif, afin de récompenser les efforts déployés en faveur des forêts et honorer la mémoire de Wangari Maathai, écologiste kényane et première femme africaine lauréate d'un Prix Nobel de la Paix pour sa contribution au développement durable, à la démocratie et à la paix.

     

    Le prix d'excellence a été décerné au militant écologiste Narayan Kaji Shrestha pour sa contribution remarquable et sans relâche durant plusieurs décennies à la promotion des questions de foresterie communautaire au Népal.

     

    « Le travail de Narayan Kaji Shrestha saisit tout à fait l'esprit de Wangari Maathai », a souligné le Sous-Directeur général de la FAO pour les forêts, Eduardo Rojas-Briales. « Ce prix rend hommage à sa vision, son courage, son engagement, son intelligence et sa pratique ».

     

    Kaji Shrestha a été l'initiateur des premières tentatives de rendre les processus décisionnels communautaires plus participatifs, en faisant intervenir des femmes et des villageois de caste inférieure au premier groupe de foresterie communautaire du pays. Plus d'un quart des forêts du Népal sont désormais protégées par des groupes communautaires. Le prix est assorti d'une somme de 20.000 dollars.


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    Caricature et religion : un cocktail explosif qui ne date pas d'hier

    Créé le 21-09-2012
    Audrey Salor    Par   Nouvel Observateur
     
     

    En 1904, "la France est au bord de la guerre civile", rappelle Jean Baubérot, historien et sociologue de la laïcité. Interview.

    La Une de "Charlie Hebdo". (THOMAS COEX / AFP)

    La Une de "Charlie Hebdo". (THOMAS COEX / AFP)
     

    En France, le catholicisme a-t-il été tourné en dérision de la même manière que l'est l'islam aujourd'hui ?

    - A la fin du XIXe et au début du XXe siècle fleurissent des caricatures visant les catholiques, sous l'effet de la loi sur la liberté de la presse de 1881. Elles émanent la plupart du temps des milieux libres-penseurs.

    La presse nationaliste, souvent catholique, cible de son côté les juifs et les protestants. Les premiers n’osent protester, alors que les caricatures antisémites se multiplient. Mieux intégrés, les protestants portent plainte. Des journaux comme "La Délivrance" ou "Le Pays" sont condamnés à de telles amendes qu'ils mettent fin à ces pratiques.

    Oui, les catholiques sont donc tournés en dérision. Mais il faut souligner qu'ils sont au moins aussi forts que leurs adversaires, et répliquent en tournant à leur tour en dérision les antis-catholiques. Cléricalisme et anticléricalisme s'équilibrent dans la satire.

    Quelles réactions ces moqueries suscitent-elles ?

    - En 1904, ce climat conduit la France au bord de la guerre civile. Certaines minorités actives, qui parviennent à s'attirer des sympathisants, souhaitent en découdre. Le Français moyen de l'époque, catholique ou libre-penseur, était sensible à ces caricatures. La loi de 1905, qui instaure la séparation des Eglises et de l'Etat, contribue à apaiser les tensions.

    Pourquoi la satire du catholicisme génère-t-elle moins de tensions aujourd'hui ?

    - Beaucoup de catholiques se sont sécularisés, certains musulmans moins. Par ailleurs, dans la société française, nombre de catholiques sont intégrés dans les sphères du pouvoir. Ce qui ne les empêche pas de souffrir en silence lorsque leur religion est moquée. Aujourd'hui, le climat est tel que catholiques, protestants, musulmans, juifs, athées... Tout le monde se sent victime.

    Critiquer la religion et en particulier l'islam est-il en passe de devenir tabou ?

    - Mais l'islam est critiqué dans la presse française ! Lorsque cela est fait via des articles argumentés, cela contribue à un débat productif. Ce qui n'est pas le cas avec les caricatures de "Charlie Hebdo", qui véhiculent des stéréotypes haineux et blessent des musulmans modérés, qui pourraient ainsi être précipités dans les bras des extrémistes. La caricature est positive lorsqu’elle contribue, par le rire, à faire avancer le débat.

    Dans une démocratie, chaque citoyen doit être libre et responsable. Ce n'est pas l'attitude adoptée par "Charlie Hebdo" : ce journal est intégriste à sa manière, puisque sa cause, la liberté d'expression, est sacralisée de façon gratuite. Outre le fait qu'il n'a là aucun talent et aucune inventivité, sa démarche vise essentiellement le profit, le buzz. Plus grave : ces caricatures dégradent les conditions du débat public car la manière dont "Charlie Hebdo" défend la liberté d'expression nuit à la liberté de penser.

     

    Interview de Jean Baubérot, historien et sociologue de la laïcité, auteur de "Laïcités sans frontières", Le Seuil, 2011, par Audrey Salor - Le Nouvel Observateur

    (Le 20 septembre 2012)


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  •   20/09/2012 à 11h23

    Cancer de la thyroïde à Fukushima : des chiffres manipulés


    Wataru Iwata | Mesure et conception de système au CRMS
    Nadine Ribault | Ecrivain
    Thierry Ribault | Economiste au CNRS  

    Tribune

    En juin 2011, l’université médicale de Fukushima a lancé une enquête de santé publique destinée à surveiller les conséquences des radiations sur la santé. Un an et demi après la catastrophe qui a touché la centrale nucléaire, un cas de cancer de la thyroïde est officiellement déclaré, le 11 septembre 2012.
     
    Le CRMS, réseau autonome de stations de mesure de la radioactivité, était présent au compte rendu des résultats de l’enquête portant sur le contrôle de la thyroïde des enfants de moins de 18 ans.
     
    C’est le professeur Shunichi Yamashita qui conseillait, rappelons-le, l’an dernier, de sourire pour mieux faire face aux radiations, qui a présenté, dans un simulacre de compte rendu scientifique démocratique, les résultats de l’enquête.
     
    « Pas d’importante exposition interne ou externe »


    Présentation des résultats de l’enquête de santé publique le 11 septembre 2012 à Fukushima. (Ribault)
     
    Le contrôle a été réalisé dans un premier temps auprès de 38 114 enfants du département, résidant dans les treize villes et villages des zones fortement contaminées et des zones d’accès restreint au moment de l’accident nucléaire de la centrale de Fukushima Daiichi, puis élargi à 42 060 enfants supplémentaires.
     
    L’enquête de santé publique étant une enquête statistique, le professeur Shinichi Suzuki, qui pilote la division en charge des contrôles de la thyroïde à l’université de médecine, ne révèle ni l’âge, ni le sexe de l’enfant concerné.
     
    Mais il exprime d’emblée son avis :
    « [Il n’y a eu, à Fukushima] ni d’importante exposition externe comme à Hiroshima et Nagasaki, ni d’importante exposition interne comme à Tchernobyl. »
     
    Des cancers trop détectables
     
    Il n’y a, bien entendu, aucune relation de cause à effet à établir selon lui entre ce premier cas déclaré de cancer de la thyroïde et l’accident nucléaire de Fukushima.
     
    Voici les trois raisons qu’il avance :
    •premièrement, en « période normale », on ne pratique pas de telles échographies sur les enfants. Il n’y a donc pas d’enquête de « référence » disponible. Affirmation pourtant contredite par des travaux menés par le professeur Yamashita lui-même, en 2000 à Nagasaki ;
    •deuxièmement, une augmentation des cancers de la thyroïde à Tchernobyl a été observée seulement quatre ans après l’accident. Il suffit pourtant de lire le témoignage du docteur Yablokov pour comprendre de quoi il retournait à l’époque : jusqu’en 1990, le ministère de la Santé de l’Union soviétique demandait aux docteurs de ne pas mener d’enquête sur les effets sanitaires des radiations. De nombreuses données ont, en outre, été brûlées ;
    •enfin, selon M. Suzuki, l’outil technique dont disposent désormais les scientifiques est tellement développé que même les cancers de petite taille peuvent être détectés, argument qui avait été mobilisé pour expliquer l’augmentation importante du nombre de cas de cancers de la thyroïde à partir de 1990 à Tchernobyl.
     
    « 1 cas sur 80 000 » ?

    Les deux professeurs de l’université de Fukushima s’acharnent à freiner les consultations auprès d’autres structures.
     
    Le docteur Hoshi, président de l’association des médecins de Fukushima, qui participe à l’enquête, confirme cette crainte qu’ont les experts de perdre la main sur leur échantillon :


    « Le rythme auquel la seconde série d’examens est menée est trop lent […], les patients risquent de nous glisser entre les mains. »
     
    Les objectifs initiaux que s’étaient fixés les scientifiques, avant même d’avoir le moindre résultat, étaient clairs : « Calmer les inquiétudes de la population » et faire bien entrer dans les crânes récalcitrants et inquiets que « l’impact de l’accident nucléaire de Fukushima sur la santé publique peut être présumé très mineur ».
      
    L’effet d’un tel brouillage entre réalité et spéculation ne s’est pas fait attendre : quelques heures après la conférence, l’agence de presse Kyodo News annonçait : « Un cas de cancer de la thyroïde a été identifié parmi une population examinée de 80 000 enfants ». Grave erreur !

    Selon les résultats publiés le 26 avril 2012 :
    •35% de la première population de 38 114 enfants ayant subi une échographie étaient porteurs de nodules thyroïdiens d’une taille inférieure à 5 mm et de kystes de moins de 20 mm, symptômes qui avaient alors été qualifiés de « normaux » par les responsables de l’enquête ;

    •186 enfants, soit 0,5%, avaient des nodules de plus de 5 mm et des kystes de plus de 20 mm. Ils ont donc été orientés vers un second examen (échographie détaillée, examens sanguin et urinaire, et biopsie à l’aiguille fine) ;  

    •la moitié de ces enfants ont finalement été reconsidérés comme ne nécessitant pas un tel examen et, à ce jour, les 14 autres l’ont effectivement subi. C’est donc parmi ces 14 enfants qu’un cas de cancer de la thyroïde est officiellement diagnostiqué aujourd’hui.
     
    En réalité, un cas parmi quatorze enfants
     
    Parmi les 42 060 enfants constituant la seconde population sujette au contrôle de la thyroïde, 239, soit 0,6%, ont des nodules de plus de 5 mm et des kystes de plus de 20 mm. Ils devront eux aussi faire l’objet d’un second examen. Rien ne peut donc être avancé à leur sujet aujourd’hui.
     
    Si on rassemble les 239 enfants de cette seconde population en attente d’un second examen, les 148 enfants (correspondant à 186 - 38) de la première population devant être réexaminés mais ne l’ayant pas encore été (car non présentés ou en attente), on aboutit à un total de 387 enfants au sujet desquels on ne peut pas se prononcer.
     
    Le cas pour l’instant unique de cancer de la thyroïde ne peut donc être ramené ni aux 38 114 enfants constituant la première population de l’enquête, ni aux 42 060 enfants constituant la seconde, ni encore aux 80 174 enfants constituant la population totale auprès de laquelle l’enquête est menée.
     
    A ce jour, on ne peut rapporter ce cas de cancer qu’à la population ayant effectivement subi une seconde série d’examens, soit quatorze enfants.
     
    Un nombre record de cobayes
     
    Toute autre mise en proportion serait pure spéculation. Une fois que les 387 enfants devant faire l’objet d’un second examen auront été examinés, comme il est prévu de le faire, on pourra ramener le nombre total de cas de cancer diagnostiqués à l’ensemble des enfants ayant participé à l’enquête jusqu’à présent.
     
    Sachant, bien sûr, que la signification de ce ratio n’aura comme durée de validité que celle que les résultats des examens ultérieurs auprès des mêmes enfants, puis des 280 000 autres que l’université de médecine de Fukushima a prévu d’examiner voudront bien lui donner.
     
    Une telle mise au point est importante car il ne faut pas perdre de l’esprit que jamais, même à Tchernobyl, puisque la population du département de Fukushima a été incitée à rester sur place, la science ne disposa d’un tel bataillon de cobayes. L’objectif premier d’un homme comme Yamashita – il l’a dit lui-même en évoquant l’enquête de Fukushima en août 2011 – est d’établir un « record scientifique ».
     
    Il faut savoir en outre que l’université médicale de Fukushima prévoit d’engager l’an prochain un projet de collecte d’ADN auprès de la population « volontaire » du département, visant à « identifier les anormalités génétiques générées par les radiations ». Un autre « record scientifique » en perspective.


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  •   La France comptait 8,6 millions de pauvres en 2010

    Créé le 07-09-2012 
    La pauvreté continue de progresser, selon un rapport publié par l'Insee.
    Le siège de l'Insee. (LOIC VENANCE/AFP)
    Le siège de l'Insee. (LOIC VENANCE/AFP)

    Le niveau de vie des Français a diminué en 2010 par rapport à l'année précédente, révèle l'Insee dans une enquête publiée vendredi 7 septembre, alors que la pauvreté continue de progresser, touchant particulièrement les plus jeunes.

    Le niveau de vie médian (la moitié de la population gagne plus, l'autre moitié moins) des personnes vivant dans un ménage de France métropolitaine en 2010 est de 19.270 euros, ce qui représente 1.610 euros par mois, soit une diminution de 0,5% par rapport à 2009.

    "Il faut remonter à 2004 pour enregistrer un tel recul" et "malgré un contexte de reprise économique en 2010, certes modéré, pratiquement toutes les catégories de la population subissent une baisse de niveau de vie en euros constants (inflation comprise)", souligne l'Insee dans cette enquête intitulée "Revenus fiscaux et sociaux".

    "La plupart des indicateurs d'inégalités sont à la hausse"

    Ainsi, seul le niveau de vie au-dessus duquel se situent les 5% de personnes les plus aisées repart à la hausse (+1,3%) après avoir stagné en 2009. Par ailleurs, "la plupart des indicateurs d'inégalités sont à la hausse", relève cette enquête. Entre 1996 et 2010, le niveau de vie moyen des 10% de personnes les plus aisées a augmenté de 2,1% par an en moyenne, contre 1,4% pour le niveau de vie moyen de l'ensemble de la population.

    Le taux de pauvreté atteint 14,1%, en hausse de 0,6 point, note l'Insee, précisant qu'il "poursuit la hausse de 2009 (+0,5 point) et atteint son plus haut niveau depuis 1997".

    En 2010, 8,6 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté monétaire (964 euros par mois), la moitié d'entre elles vivant avec moins de 781 euros par mois.

    Cette hausse de la pauvreté touche tout particulièrement les jeunes de moins de 18 ans: après +0,4 point en 2009, leur taux de pauvreté progresse de 1,9 point atteignant 19,6%.

    "Les enfants contribuent ainsi pour près des deux tiers à l'augmentation du nombre de personnes pauvres", relève l'Insee.

    Différentes aides ponctuelles liées à la crise en 2009 (primes exceptionnelles) et une revalorisation des prestations familiales cette année-là avaient permis de contenir cette progression.

    "Au final, le cumul de ces différentes mesures a contribué à limiter de 0,8 point la hausse du taux de pauvreté des enfants en 2009, mais aussi, par contre-coup, à l'accentuer d'autant en 2010", conclut l'Insee.


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  •    11/09/2012

    Le Parlement européen veut la vérité sur les prisons secrètes de la CIA

    Camille Polloni | Journaliste Rue89
    Mis à jourle mardi 11 september 2012 à 15h06
    Ajout du résultat du vote et des déclarations de Sylvie Guillaume.
     

    Ce mardi, les députés européens ont adopté une résolution pour inciter les Etats membres de l’UE à « enquêter sur l’existence de prisons ou d’installations secrètes sur leur territoire où des personnes auraient pu être détenues en vertu du programme de restitution secret de la CIA ».

    Sans surprise, le texte a été voté à une majorité écrasante (568 pour, 34 contre et 77 abstentions) mais n’aura sans doute pas un impact décisif. « Il a une valeur morale », commente Sylvie Guillaume, eurodéputée française, vice-présidente du groupe socialiste et démocrate :

    « Il s’agit de redynamiser la manifestation de la vérité, qui progresse lentement. De montrer qu’on n’oublie pas, et qu’on suit régulièrement le dossier. »

    Entre 2001 et 2005, au moins un millier d’avions de la CIA auraient survolé le territoire européen. L’agence américaine aurait aussi fait enfermer une vingtaine de personnes soupçonnées de terrorisme, dans le plus grand secret, notamment en Pologne et en Roumanie.

    D’autres pays auraient collaboré avec les Etats-Unis, comme la Lituanie, le Royaume-Uni et le Danemark. La plupart des Etats ont toujours nié leur implication.

    Rouvrir les enquêtes

    Le Parlement européen a commandé un rapport à l’eurodéputée écologiste française Hélène Flautre, qui a rendu ses conclusions en juillet. Elle propose alors une résolution, votée en commission avant la séance plénière de ce mardi.

    Le texte définitif insiste sur plusieurs points :

    • tous les Etats membres concernés ont fait traîner les enquêtes, opposant bien trop souvent la confidentialité aux recherches ;
    • la Roumanie doit ouvrir une enquête indépendante sur les sites secrets présumés de détention de la CIA dans le pays. En décembre 2011, des médias allemands donnaient l’emplacement de l’un d’entre eux, mais l’Etat a nié ;
    • la Lituanie doit rouvrir la sienne compte tenu d’éléments nouveaux sur « les liaisons aériennes entre la Roumanie et la Lituanie ». En 2009, deux sites de la CIA ont été découverts sur son territoire ;
    • la Pologne doit poursuivre l’enquête en cours et faire preuve de davantage de transparence. Récemment, elle a transmis des documents à la Cour européenne des droits de l’homme mais a demandé qu’ils demeurent secrets ;
    • « Les députés demandent aussi à la Finlande, au Danemark, au Portugal, à l’Italie, au Royaume-Uni, à l’Allemagne, à l’Espagne, à l’Irlande, à la Grèce, à Chypre, à la Roumanie et à la Pologne de divulguer tous les plans d’information suspects liés à la CIA et à leur territoire. »

    Site présumé en Roumanie, dénoncé par des médias allemands (AP/SIPA)

    Dans une interview à RFI, Elena Crespi, d’Amnesty international, regrette la « coopération très difficile » entre les autorités des Etats membres et ceux qui essaient de dresser un bilan précis des agissement de la CIA en Europe. Elle parle d’un « recours abusif au secret d’Etat, à la sécurité nationale » :

    « On est devant un paradoxe : il y a de plus en plus d’informations mais de l’autre côté des enquêtes qui s’arrêtent. [...] Il faut faire pression sur les Etats membres. L’UE doit être plus ferme, plus cohérente, pour que la justice soit faite et que la vérité soit découverte. »

    Sylvie Guillaume confirme qu’« il existe une culture du secret, de la classification » :

    « Il faut progresser, pas seulement par la contrainte mais aussi en faisant la démonstration que c’est utile à tous, que les pays qui font preuve d’ouverture en sortent grandis. »

    Un premier rapport en 2007

    En 2007 déjà, le rapport Fava, du nom d’un eurodéputé italien, dressait un premier bilan. Libération le résume à l’époque :

    « La plupart des pays de l’UE connaissaient le système des prisons secrètes de la CIA hors des Etats-Unis et ont caché des informations à la commission d’enquête du Parlement européen, a estimé son rapporteur, Claudio Fava.

    Et de dénoncer “la très grande réticence de la quasi-totalité des Etats membres (à l’exception de l’Espagne et de l’Allemagne) à coopérer” à cette enquête. Y compris le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, accusé d’avoir menti par “omission”.

    Toujours selon Fava, les Américains ont, par trois fois entre février 2005 et mai 2006, explicitement informé les Européens de ces violations du droit international, présentées comme “une méthode de lutte antiterroriste”, dont Bush a fini par avouer l’existence en septembre. »

    D’après Amnesty International, qui a suivi le dossier, « des résolutions adoptées en 2007 et 2009 priaient instamment les Etats membres de l’UE à ouvrir des enquêtes, mais elles ont été en grande partie ignorées ».


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  • Explicateur 07/09/2012

    « La BCE va intervenir sur le marché de la dette », ça veut dire quoi ?

    Pascal Riché | Redchef Rue89      

     

     
     
    Mario Draghi à Francfort, Allemagne, le 6 septembre 2012 (Johannes Eisele/AFP)

    Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), a annoncé jeudi que celle-ci allait désormais « intervenir sur le marché secondaire de la dette publique ». Elle s’autorise à acheter « sans limite » des titres représentant des dettes d’Etat (bons, obligations...).

    La décision est présentée comme très importante : la BCE envoie ainsi au marché le message selon lequel il ne sert à rien de spéculer sur la sortie de l’euro de telle ou telle monnaie : l’euro est « irréversible ». Mais pourquoi ?

    Pourquoi ces achats de titres feront-ils baisser les taux ?

    Actuellement, les marchés (c’est-à-dire les hommes et les femmes qui gèrent des fonds, dans les banques, les compagnies d’assurances, etc.) spéculent sur le risque de voir la Grèce, l’Italie, l’Espagne le Portugal ou d’autres pays sortir de l’euro.

    Ces derniers ne parviennent pas à financer leurs déficits à des conditions normales : personne ne veut prêter des fonds à des pays qui risquent d’être en cessation de paiement et contraints de retrouver leur ancienne monnaie, qui sera dévaluée, et d’entrer dans un chaos financier.

    Lorsqu’ils émettent des titres de dettes (c’est-à-dire lorsqu’ils empruntent de l’argent), une « prime de risque » très élevée leur est donc demandée par les créanciers. C’est cette prime qui gonfle les taux d’intérêts.

    Pour casser cette spéculation, et permettre aux pays fragilisés de retrouver des financements auprès des marchés, il faut casser la crainte de voir les titres de dettes s’effondrer.

    Accrochez-vous un peu...

    Pour cela, on peut acheter des titres de dettes : obligation, bons. Ce sont des titres négociables, qui ont un prix. Or leur prix évolue de façon inverse des taux d’intérêts : quand les prix des obligations chutent, les taux grimpent, et vice versa. La raison est simple, mais accrochez-vous un peu, vous verrez, vous serez contents d’avoir compris :

    Prenez une obligation de 1 000 euros, émise par la Sydalvie, assortie d’un taux d’intérêt de 6% par an, soit 60 euros versés chaque année. Si un investisseur l’achète lors de l’émission, la garde jusqu’à l’échéance, son rendement sera de 6%.

    Mais s’il la revend, et que l’investisseur B l’achète a prix cassé (750 euros par exemple), le coupon versé sera le même (60 euros par an) et donc le rendement de cette obligation sera de 8,5% (60/750).

    Si maintenant la Sydalvie veut émettre un nouveau programme obligataire, elle devra s’aligner sur ces 8,5% pour rester compétitive.

    On comprend donc que si un investisseur achète en masse, sur le marché secondaire, des obligations d’un pays, les prix de ces obligations vont augmenter et les taux d’intérêt vont baisser : il facilite le financement du déficit de ce dernier.

    Pourquoi la BCE a-t-elle si longtemps hésité à agir ?

    Dans la crise actuelle, les dirigeants européens ont intérêt à soutenir les cours des titres grecs, italiens ou espagnols. Mais qui peut agir ?

    • Cela peut être les Etats du nord de la zone (et donc leurs contribuables), mais ils ont eux-mêmes des budgets dégradés ;
    • cela peut aussi être la Banque centrale européenne, qui a le privilège de contrôler la création monétaire.

    Un pas vers le gouffre de l’inflation, estime Weidmann

    La BCE, certes, n’a pas été fondée pour acheter des titres de dette publique. Et les plus orthodoxes banquiers centraux européens (ceux de la Bundesbank, notamment, qui se sont posés en vestales du dogme) n’aiment pas du tout l’idée que la BCE vole au secours des pays endettés.

    Il a fallu attendre le départ de Jean-Claude Trichet et de quelques autres banquiers du conseil de la BCE pour voir les esprits évoluer.

    Reste à ce conseil un « faucon » : le président de la Banque centrale allemande, Jens Weidmann. Pour lui, tout achat par une banque centrale de titre de dette publique est un pas vers le gouffre de l’inflation. Une analyse qui, compte tenu du contexte actuel (quasi-récession et crédit grippé), est contestée par la plupart des économistes.

    Weidmann freine des quatre fers. Au conseil de la BCE, une seule voix a manqué pour soutenir le programme annoncé par Mario Draghi jeudi. Tout le monde subodore qu’il s’agit de la sienne.

    En quoi l’annonce de Mario Draghi est-elle importante ?

    Peu à peu, au nom de la stabilité financière de l’Europe, la BCE a pris quelques initiatives « non conventionnelles » (traduisez = hétérodoxes), emboîtant le pas de ses consœurs les banques centrales américaine et britannique. En 2010 puis en 2011, elle a déjà acheté des titres grecs, irlandais, portugais, italiens et espagnols.

    L’annonce de jeudi va plus loin : c’est un dispositif plus perenne qui a été présenté, un filet de sécurité. Pour rassurer les orthodoxes, l’intervention de la BCE est assortie de conditions (par exemple, la BCE ne pourra aquérir des titres de maturité courte, un à trois ans ; les pays qui en bénéficieront devront avoir fait une demande d’aide au Fonds européen de stabilité financière, etc). Mais elle ne prévoit aucune « limite quantitative fixée préalablement » à ses achats : « No ex-ante quantitative limit. »

    C’est dans ces quatre mots que réside l’idée que Mario Draghi entend faire passer aux marchés. Il s’agit de les convaincre que ce n’est pas un simple bluff, et que la BCE sera là, sans limite, en cas de crise spéculative.

    Sera-t-elle suffisante pour calmer la situation ?

    L’annonce de la BCE est importante, mais ne suffira pas à résoudre la crise, loin de là.

    Les conditions posées (la limitation à des obligations à maturité courte, par exemple, qui n’a guère de sens) ne vont pas faciliter la tâche de la Banque centrale dans son action, et elles risquent même d’accroître la pression « austéritaire » sur les pays visés.

    Pour que l’Europe s’en sorte, il faudra trouver les moyens de restructurer les dettes des pays les plus affectés par la crise, c’est-à-dire d’en réduire le poids. Le prochain défi est donc de bousculer les créanciers de ces Etats sans mettre le système bancaire européen en péril.


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  • Mise à jour des archives égyptiennes

     


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    Depuis 3 ans, le 29 août est consacré « journée nationale contre les essais nucléaires ». Entre 1960 et 1996, la France en a réalisé 210 dans le Sahara algérien puis en Polynésie française sur les atolls de Moruroa et Fangataufa. Les vétérans victimes de ses essais veulent obtenir une reconnaissance de leur service rendu.

    En 1968, Pierre Marhic est sous officier dans la marine française. Détecteur radariste, il est embarqué sur le Clémenceau en Polynésie française et va notamment assister à l’opération Canopus (essai de la bombe H). A l’époque, « la mesure de protection pour les essais à l’air libre, c’était de placer le personnel à une distance de sécurité en éloignant le bateau, la vieille du tir, à 100/200 km et de nous confiner dans le bateau au moment de l’essai pour que l’on ne soit pas flashés par la bombe. Le lendemain, nous circulions tranquillement sans aucune protection…Nous n’avions aucune conscience du danger. Jamais nous n’avons eu de réunion de mise en garde par les médecins militaires », relate celui qui est aujourd’hui président de l’association nationale des vétérans victimes des essais nucléaires (ANVVEN).

    Des milliers de victimes

    Pierre Marhic lutte depuis 14 ans contre un lymphome. Comme lui, de nombreuses personnes, militaires ou civils, ayant travaillé sur les sites des essais ou à proximité, souffrent de cancers. Selon l’association, sur les 150 000 vétérans concernés par les essais, ces victimes se chiffreraient par milliers. Pour autant, à la date du 29 juin 2012, le comité d’indemnisation des victimes (CIVEN), n’a examiné que 549 dossiers (sur 755 demandes reçues). Et seulement 4 ont été indemnisés. Un taux de rejet de 99,3% ! « Sachant que nous souffrons surtout de cancers généraux, qui touchent le poumon, le foie, le colon ou le sang, le lien est moins évident que pour le mésothéliome avec l’amiante par exemple », explique Pierre Marhic. Il existe cependant des études, publiées notamment par l’Inserm.

    En 2010, l’une d’elles menée par l’équipe de Florent de Vathaire (Directeur de Recherche Inserm - Université Paris-Sud 11 à l’Institut Gustave Roussy) concluait notamment que le risque de cancer de la thyroïde augmentait légèrement avec la dose d’irradiation reçue suite aux essais nucléaires. En juillet 2012, après des analyses sur 15 dossiers individuels dans le cadre de l'enquête ouverte à la suite de la plainte déposée fin 2003 par l'Association des victimes des essais nucléaires (Aven), le même chercheur déclarait pouvoir établir pour 6 d’entre eux un lien « vraisemblable » entre les retombées radioactives et les cancers de militaires exposés. D’ici la fin de l’année, une nouvelle étude épidémiologique, réalisée par un laboratoire du Morbihan, Sepia-santé, devrait également être publiée. « Il s’agit d’une étude de morbidité sur l’incidence des affections de longue durée sur les survivants de ces essais qui disposaient à l’époque d’un dosimètre », explique Claire Ségala, médecin épidémiologiste en charge de l’étude. Celle-ci, dont les résultats attendent d’être validés par un comité scientifique, pourrait notamment permettre d’inscrire de nouvelles pathologies à la liste des pathologies radio-induites.

    Une loi à modifier

    Par ailleurs, l’un des principaux freins à la reconnaissance, pour l’ANVVEN et d’autres associations de victimes, est l’article 4 de la Loi Morin relative à la reconnaissance et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français, votée le 12 janvier 2010. « A l’époque, les députés – de droite- ont trahit l’esprit de la loi qui voulait renverser la charge de la preuve en demandant à l’administration de prouver que les essais n’étaient pas en cause », estime Pierre Marhic. Une phrase -« l'intéressé bénéficie d'une présomption de causalité à moins qu'au regard de la nature de la maladie et des conditions de son exposition le risque attribuable aux essais nucléaires puisse être considéré comme négligeable »- rend cela impossible. Le 21 juin, le tribunal administratif de Papeete a d’ailleurs annulé les décisions de rejet des indemnisations à cause de son article 4. « Nous espérons que cette décision fasse jurisprudence pour les autres affaires en cours, une dizaine environ », veut croire Pierre Marhic. En attendant, l’ANVVEN demande à ses adhérents (une centaine de victimes) de ne plus envoyer de demandes d’indemnisation au CIVEN tant que l’article 4 ne sera pas amendé et d’envoyer une lettre au nouveau ministre de la Défense, Jean Yves Le Drian. « L’impact sanitaire est volontairement minimisé, renchérit le réseau sortir du nucléaire. La France a enfin reconnu que ses essais nucléaires avaient fait des victimes, mais celles-ci voient toujours leurs droits déniés. La « loi Morin » de 2010 a confié au ministère de la Défense le pouvoir de reconnaître et d’indemniser les victimes. Cette loi, même modifiée par un récent décret de mai 2012, impose des conditions très restrictives pour la reconnaissance des droits des victimes », explique le réseau dans un communiqué. « La gauche nous a toujours soutenu jusqu’à présent, si elle ne fait rien c’est à désespérer », conclut Pierre Marhic.

    Ailleurs dans le monde, de nombreuses associations luttent également pour faire reconnaître leur prise en charge. En août 2011, plusieurs d’entre elles ont lancé un appel aux Nations Unies, à qui elles demandent une réelle prise en charge des victimes d’essais nucléaires dans le monde et la programmation d’une décennie (2012-2021) pour le nettoyage, la réhabilitation et le développement soutenable des régions contaminées (http://appelinternationalessaisnucleaires.org).

    Béatrice Héraud
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