•  Perturbateurs endocriniens: des avancées mais  encore beaucoup trop d’hésitations.

    (Réseau Environnement Santé )

    Le discours du Président de la République en ouverture de la Conférence Environnementale avait permis d’entrevoir une avancée. Pour la première fois sans doute, un discours présidentiel contenait des mots clef comme « crise sanitaire », « croissance des maladies chroniques », « perturbateurs endocriniens ». Le décalage avec la table ronde Santé Environnement n’en est apparu que plus brutal. Quand aujourd’hui le cancer touche 1000 personnes par jour et que le nombre de nouveaux cas a doublé en 25 ans, comment peut-on affirmer comme la facilitatrice, Agnès Buzyn, présidente de l’INCa, que l’on surestime les risques cancérigènes environnementaux ! Changement de décor quelques semaines plus tard avec le vote unanime du Sénat confirmant l’interdiction du bisphénol A dans les contenants alimentaires et ajoutant même, dans la foulée, deux articles interdisant 3 phtalates (DEHP, DBP, BBP) mais aussi tous les PE et CMR dans les dispositifs médicaux. Cette décision positive est malheureusement entachée par le fait d’avoir porté l’échéance initiale d’interdiction du BPA du 1er janvier 2014 au 1er juillet 2015, à l’exception de la sénatrice EELV Leïla Aichi qui a défendu le maintien de la date initiale. « Notre devoir est de protéger, au plus vite, les populations les plus vulnérables des effets néfastes du bisphénol A » avait pourtant déclaré Marisol Touraine, en introduction au vote, et les sénateurs ont en effet maintenu l’échéance du 1er janvier 2013 pour les produits destinés aux 0-3 ans et celle-ci est donc maintenant définitivement acquise. Pourquoi alors ne pas s’être préoccupé de la même façon des embryons et des fœtus, qui sont les populations les plus fragiles par principe ? Avec le BPA comme avec tous les PE « La période fait le poison ». C’est cela l’enjeu sanitaire du changement de paradigme des PE : 1, 25 million d’enfants vont naître pendant ces 18 mois supplémentaires dont la santé aura été lésée par leur exposition au BPA pendant la grossesse.

    « Nous savons désormais que la qualité de l’environnement est un déterminant fondamental de notre état de santé » a encore affirmé Marisol Touraine. Au RES, nous sommes tout à fait d’accord, et nous ajoutons qu’une économie moderne et compétitive ne peut être basée que sur des produits sains. Loin d’être une contrainte insurmontable puisque les alternatives existent, l’interdiction du bisphénol A est une opportunité de progrès pour l’industrie agroalimentaire française, car les femmes enceintes, en France et ailleurs, qui vont avoir à choisir entre produits sans et avec BPA vont évidemment prendre de préférence les premiers !

    NOUS DEMANDONS DONC AUX DEPUTES DE MAINTENIR LA DATE QU’ILS ONT VOTÉE INITIALEMENT


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      OGM : Après la publication de Gilles Eric Séralini, un nouveau document d’infOGM montre le manque de rigueur de dossiers d’homologation d’OGM !
    Les promoteurs des OGM, qu'ils soient scientifiques, ingénieurs ou politiques, se prévalent de baser leurs soutiens à cette technologie sur la Science, la Vraie Science, la Science « saine ». Mais, les évaluations de ces OGM sont- elles vraiment conduites dans la plus grande rigueur scientifique, comme le prétendent ces personnes ?
    C’est à cette question de Frédéric Jacquemart (1) , d’infOgGM, a voulu répondre dans un document intitulé : ‘Expertise des OGM, l’évaluation tourne le dos à la science’ , qui vient d’être mis en ligne ici : http://www.infogm.org/IMG/pdf/brochure_eval_web.pdf
    Dans ce travail, Inf'OGM a pris le parti d'éplucher quelques dossiers et de comparer les positions des experts lorsqu'ils sont en position de scientifiques et lorsqu'ils sont en position d'expert, pour montrer leurs contradictions.
    Des découvertes ahurissantes.
    Les experts d’infOGM ont mis en évidence dans ce rapport une série de biais scientifiques considérables dans les dossiers étudiés : tri des données, en ne retenant que celles qui sont favorables à l'industriel, puissance des tests statistiques si faible qu'on ne peut pratiquement rien voir (ce qui est pratique lorsqu'on ne VEUT rien voir), affirmations dépourvues de bases scientifiques, réponse malhonnête de l'AESA aux élus et ministres qui s'inquiètent de ces anomalies, conclusion d'innocuité basée sur « le poids de l'évidence », qui signifie qu'aucune donnée ne vient réellement étayer la conclusion…
    « Générations Futures salue la publication de ce rapport d’infOGM qui montre que les dossiers d’homologation des OGM étudiés ne sont pas réalisés selon la rigueur scientifique qui s’impose » déclare François Veillerette, Porte Parole de Générations Futures. « Alors que l’EFSA viens de réagir dans un délai ridiculement court à la dernière étude de G E Séralini, en prétendant qu’elle n’avait aucune portée, cette agence ferait mieux …de faire son travail sérieusement et de s’assurer que les dossiers de demande d’autorisation d’OGM sont réalisés avec la meilleure rigueur scientifique possible, ce qui est loin d’être le cas selon cet excellent rapport d’infOGM » ajoute t’il.
    Frédéric Jacquemart est docteur en médecine, spécialiste de biologie médicale et docteur es sciences. I l est le président fondateur du GIET (Groupe International d'Etudes Transdisciplinaires), copilote de la mission biotechnologies de France Nature Environnement (FNE) et préside Inf'OGM, veille citoyenne d'information sur les OGM, depuis 2010.

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  •  Faux avis : comment des agences pros dupent les internautes

    Gwénola Lebrun  Rue 89  27/10/2012

     

    Si les faux commentaires visant à tromper l’internaute sont illégaux, ils sont pourtant très répandus. Et souvent suscités par de véritables entreprises : nous avons testé.


    Un Pinocchio en bois (Michiel Jelijs/Flickr/CC)

    Choisir un hôtel ou un restaurant grâce aux commentaires rédigés sur Internet. C’est une pratique courante, mais beaucoup ignorent que ces avis sont parfois complètement bidons. De nombreux sites comparateurs de voyages ou de lieux touristiques rédigent eux-mêmes les commentaires, ou utilisent les services d’agences de réputation en ligne.

    Une forme de publicité déguisée qui trompe le consommateur. Car 77% des internautes prennent en compte les avis et les notes laissés par d’autres sur des sites d’achats, selon une étude Médiamétrie publiée en juin.

    Pour vérifier cette arnaque, nous avons contacté une dizaine d’agences d’e-réputation, en nous faisant passer pour un client. Nous leur avons envoyé une demande de devis pour rédiger des commentaires factices. Cela pour le compte d’un site sur le point d’être créé qui compare de bonnes adresses d’hôtels, etc.

    Agences d’e-réputation mais aussi agences de presse

    Certaines agences se sont offusquées, en citant le code de la consommation. Ce dernier stipule qu’une pratique commerciale est trompeuse « lorsqu’elle n’indique pas sa véritable intention commerciale ». Une pratique illégale donc. Mais d’autres se sont montrées beaucoup moins regardantes.

    Trois agences ont répondu favorablement à la demande. Pour ne pas les citer : le cabinet parisien Protection Reputation, et les deux sociétés basées à Madagascar Softibox et IIS Madagascar.

    Avec des tarifs compris entre 2 000 et 2 500 euros selon les prestataires, pour 1 000 commentaires. A ce prix-là, la qualité devrait être au rendez-vous. « Les gens qui rédigent les faux avis sont les mêmes que ceux qui écrivent les communiqués de presse », dévoile un responsable de Protection Reputation.

    Ces agences proposent donc des prestations complètement illégales, en connaissance de cause. Un responsable d’IIS Madagascar indique par e-mail :

    « Les commentaires “faux avis” sont passibles de poursuites en France par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. »

    Il joint pourtant une grille avec ses tarifs pour se charger de cette rédaction illicite. Ces pratiques sont loin d’être minoritaires. Et elles sont même parfois réalisées… par des agences de presse. C’est le cas de l’agence de presse Relaxnews, qui a pignon sur rue. Elle a même lancé, en partenariat avec l’AFP, un fil d’informations spécialisé dans les loisirs.

    10 000 faux avis pour le lancement d’un site

    Mais derrière cette image si lisse, elle demande à ses journalistes de publier des commentaires positifs sur des hôtels qu’ils n’ont jamais visités. Comme en témoigne cet e-mail confidentiel, envoyé aux journalistes en question :

    « Un de nos clients crée un nouveau service en ligne, dont la vocation est de présenter des adresses d’hôtels, restaurants et bars. Une fois le service actif, ces adresses seront librement commentées par les internautes.

    Avant d’ouvrir son site au public, notre client souhaite que bon nombre d’adresses soient commentées, dans un style “ haut de gamme ”, sur un mode participatif. Il nous demande ainsi d’“ amorcer ” le site, en rédigeant des commentaires positifs et dans un style soutenu sur 10 000 adresses de lieux (bars, restaurants, hôtels…).

    Ces commentaires ont pour vocation de donner le ton du site. Nous vous proposons, si vous le souhaitez, de participer à cette mission de rédaction des commentaires, en dehors des heures de travail. »

    720 euros pour 455 commentaires

    Chaque journaliste peut donc créer jusqu’à 455 commentaires, contre une rémunération de 720 euros. Pour cela, il reçoit une note explicative, ainsi qu’une liste de comptes de messagerie et de pseudos à utiliser. Julie [tous les prénoms ont été modifiés, Ndlr], qui a elle-même accepté l’offre, confie :

    « Tous les journalistes de la rédaction ont choisi de rédiger ces faux avis, soit une dizaine de personnes. On utilise différentes messageries et pseudos pour ne pas se faire attraper. Et pour chaque pseudo, on adopte un style différent, plutôt oral ou au contraire très écrit. Mais à chaque fois en respectant l’orthographe. »

    Pas de commentaires en style SMS, exigence du client oblige.

    Mais si elle connaît une grande augmentation aujourd’hui, cette pratique n’est pas toute récente. Brigitte a travaillé il y a cinq ans pour une agence de communication, en tant que modératrice de forums.

    « On rédigeait beaucoup de commentaires sur des forums en se faisant passer pour des clients lambda. On devait tenir un tableau Excel pour chaque forum. On y indiquait les pseudos créés, les commentaires, les réponses. Avec un objectif de rédiger 50 messages par jour sur différents forums. »

    Elle affirme que ses clients étaient de grandes marques de jeux vidéo ou de produits de beauté.

    Aucun cas devant la justice

    Alors les faux commentaires sont-ils une façon comme une autre de faire de la publicité ? Pas vraiment… La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a lancé une grande enquête sur ce sujet début 2011.

    Six enquêteurs sont chargés de ce dossier, et ils auraient déjà à ce jour contrôlé quelque 130 sites marchands, en relevant douze contentieux. Aucun n’aurait encore été traité devant la justice. Mais selon le code de la consommation, la peine maximale requise pour pratique commerciale douteuse atteint deux ans d’emprisonnement et 37 500 euros d’amende.

    Or l’Association française de normalisation (Afnor) entend mettre un terme à ces véritables publicités cachées, postées sous de fausses identités. Elle reconnaît que cette pratique est très courante. Et planche sur une norme prévue pour 2013, pour certifier l’authenticité des commentaires.

    Différentes pistes sont évoquées. L’internaute pourrait signer une déclaration sur l’honneur. Autre possibilité, il pourrait être obligé de fournir la preuve qu’il a bien fréquenté l’établissement qu’il commente.

    Impossible de distinguer le vrai du faux

    Car aujourd’hui il est presque impossible de distinguer un véritable commentaire d’un faux. Pour preuve, nous avons demandé à l’agence de réputation en ligne Softibox de nous fournir des faux commentaires. Ces derniers n’ont pas été publiés en ligne, mais rédigés par l’agence pour nous donner un avant-goût de son travail. Impossible de faire la différence avec l’avis d’un véritable internaute :

    « Le temps d’un week-end en amoureux, nous avons réservé une chambre au *** [Les noms de lieux ont été masqués pour ne pas nuire aux établissements, Ndlr]. Notre chambre, claire et spacieuse offrait une vue superbe sur le vieux port de Marseille. Nous avons passé une soirée unique au restaurant de l’hôtel ***.

    Le lendemain nous avons choisi de nous détendre un moment au SPA de l’hôtel, avec au programme massage relaxant et séance de hammam, un pur délice. Ce 5 étoiles est à la hauteur de sa réputation. »

    Un autre avis présente les charmes d’une auberge de jeunesse. Même si la qualité de la prestation proposée n’a rien à voir avec celle de l’hôtel de luxe évoqué dans le précédent commentaire, le texte est globalement très positif.

    « Nous avons passé un séjour agréable au ***. Sa situation est très pratique pour visiter les sites touristiques aux alentours. Nous pouvions facilement rejoindre les arrêts de bus et les stations de métro. Pour une auberge de jeunesse, l’hôtel présente un très bon rapport qualité/prix. Les chambres propres, mais petites sont correctes puisqu’elles disposent de toilettes et d’une douche.

    Nous avons pu nous connecter à internet grâce à la connexion wi-fi du salon. Par ailleurs, le personnel a toujours répondu gentiment à nos questions. La navette gratuite pour l’aéroport est un réel atout pour cette auberge de jeunesse. »

    Des techniques commerciales visant à duper le consommateur, et qui se passent de commentaires.


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  • Comment faire mousser la bière (avec modération) sans faire trinquer la planète

    De l’eau, des céréales et des levures : par ses ingrédients, la bière serait comme du « pain liquide », diraient certains, ce qui en fait un produit de grande consommation mais aussi, au moins en apparence, un produit plutôt naturel. Pourtant, ce breuvage, dont l’existence remonte à l’Antiquité, est moins écologique qu’il n’y paraît : cultures intensives de céréales, processus industriels de production peu économes, en eau notamment, multiplication des emballages, ajout d’additifs et de colorants, réfrigération et transport des produits à marque internationale aux quatre coins du monde…

    Le saviez-vous ?

    • La bière est l’une des boissons les plus populaires et les plus consommées au monde.
    • La bière est une boisson à faible teneur en alcool, produite par la fermentation de sucres extraits de divers types de céréales. Il existe un large éventail de types de bière distincts qui reflètent des différences quant à l’utilisation de la matière première, à la force, au goût et au conditionnement du produit final. Traditionnellement, la bière est produite à partir de malt. Le sucre est extrait de la céréale et il est mis dans de l’eau, du houblon est ensuite ajouté et le mélange est bouilli. Après avoir refroidi, le mélange est fermenté avec de la levure pour produire de l’alcool. Cette bière brute est ensuite maturée et conditionnée. Certaines bières sont filtrées et pasteurisées.
    • La loi historique allemande du 16e siècle définit la bière comme un produit obtenu par fermentation à partir d’un mélange d’eau, de malt (orge germé et torréfié, ou d’autres céréales), de houblon et de levures. Mais certains fabricants y ajoutent des ingrédients complémentaires comme l'orge non malté, le blé, le maïs, le riz, le millet ou d’autres additifs. Ce qui explique qu’un enjeu environnemental important lié à la bière, qu’elle soit brune, blonde ou rousse, provient de la culture des céréales en amont. D’abord, ces céréales sont toutes issues le plus souvent de cultures intensives fortement consommatrices de produits chimiques et de pesticides : en France, par exemple, les céréales consomment 80% des pesticides sur environ 34,2% de la surface agricole utile en 2010 selon le Ministère de l'Agriculture, ce qui en fait l’une des cultures les plus intensives en produits de synthèse, même si d’autres cultures comme l’arboriculture fruitière ou la viticulture consomment plus de pesticides par unité de surface. Ensuite, si les principaux produits intervenant dans la fabrication de la bière sont sans OGM, les grands fabricants américains utilisent comme additif du sirop de maïs qui a de fortes chances d'être issu de cultures OGM, puisqu’aux Etats-Unis en 2009, 85% du maïs planté était issu de semences transgéniques, selon le Département américain des Affaires Agricoles. Ce n’est pas le cas en Europe, où l’ensemble des producteurs ont signé un accord les engageant à ne pas recourir aux manipulations génétiques.
    • Au-delà des modes de culture des céréales, un autre enjeu majeur lié à la bière est le gaspillage industriel auquel donne lieu le processus de fabrication : sans même prendre en compte les impacts indirects (transport, conditionnement, réfrigération, etc.), la production de bière est à l'origine d’une forte consommation d’eau potable et de céréales. Du côté de l’eau, qui constitue 80 à 90 % de la bière, les progrès technologiques récents ont permis aux brasseurs de faire des économies substantielles et les brasseries les plus modernes utilisent 6 fois moins d'eau en moyenne qu'il y a 30 ans, de sorte qu’il faut désormais 4 à 7 litres d'eau (contre 20 ou 25 auparavant) pour fabriquer 1 litre de bière selon la Banque Mondiale. La bière requiert aussi d’énormes quantités de céréales : il y a dix ans, la Chine en importait ainsi plus de 16 millions de tonnes par an pour produire de la bière, plus qu’elle n’en importait pour nourrir sa population. Et le problème est que la fermentation n’utilise que 8 % des éléments nutritifs contenus dans le grain.

    Bonnes nouvelles

    • Les grands brasseurs, entre les mains desquels le marché mondial est de plus en plus concentré (en 2005, les deux fabricants Kronenbourg et Heineken représentaient près de 70% du marché en France, selon l'Autorité de la concurrence), ont beaucoup fait progresser leur démarche environnementale : les nouvelles normes, plus contraignantes, les y poussent, des considérations économiques les motivent, et c’est aussi une question d'image pour ces grandes entreprises vis-à-vis des consommateurs. Produire les mêmes quantités de bière tout en réduisant la facture d'électricité, de gaz, de carburant ou d'eau est un défi qui intéresse les grands groupes. A titre d’exemple, la brasserie de la Valentine à Marseille, qui appartient au groupe Heineken et produit plus d’1 million d'hectolitres par an sur plus de dix hectares de site industriel, a obtenu la certification environnementale ISO 14 001 en 2002, avec des efforts portant sur le processus de production de bière que le transport ou la traçabilité des différentes matières premières utilisées : en 2011, la Valentine utilisait 3,9 litres d'eau pour produire 1 litre de bière (la moyenne mondiale est de 4,3 litres d’eau pour 1 litre de bière) et a la plus faible consommation en haut des trois brasseries d’Heineken, La consommation de gaz a baissé de 20 %, la consommation d'électricité a été réduite, les déchets sont triés et valorisés à 98% (carton, verre, métal...), les produits chimiques (nécessaires au nettoyage des installations) sont mis en sécurité, l'itinéraire des camions de livraisons a été revu et corrigé pour éviter la traversée du village voisin, et enfin les eaux usées sont pré-traitées avant de rejoindre la station d'épuration de la ville.
    • Peu à peu, des bières bio apparaissent… plutôt chez les brasseurs locaux et plutôt en boutiques bio, même si certaines tentent des percées en grandes surfaces. Ainsi, la brasserie familiale Castelin à Bénifontaine revendique d’avoir lancé en 1986 la première bière bio disponible en France. Les matières premières et leur transformation sont contrôlées par des organismes officiels qui attestent du respect du label "biologique".
    • Le procédé de fabrication de la bière, on l’a vu, est particulièrement peu économe en ressources naturelles comme l’eau et les céréales. Or la bière est la boisson alcoolisée la plus consommée dans de nombreux pays du sud où ces ressources sont rares. Pour répondre à ce problème, Namibia Brewers a adopté les principes de l’écologie industrielle : créée par la fondation ZERI il y a une dizaine d’années, cette brasserie namibienne, située à Tsumeb au sud du continent africain, transforme donc les déchets en ressources, à l'image des écosystèmes naturels. Chez Namibia Brewers, eau et grains excédentaires ne sont pas rejetés en pure perte mais réutilisés comme substitut à la farine ou encore comme substrat pour cultiver des champignons. Et le circuit ne s'arrête pas là : les sous-produits engendrés permettent également de produire du méthane utilisé comme source d'énergie dans la brasserie (l'excédent est commercialisé) et d'alimenter une activité parallèle d'élevage porcin et piscicole. S'il a été reproduit dans divers pays occidentaux (Canada, Suède,...), ce modèle de brasserie aussi écologique qu’économique est particulièrement adapté aux marchés émergents - Afrique, Asie et Amérique Latine - dans lesquels le manque de ressources en eau rend impossible l'installation de grandes brasseries.

    Ce que vous pouvez faire

    • Les bières issues de l’agriculture biologique sont de plus en plus nombreuses, même si elles ne sont pas encore facilement accessibles hors des magasins spécialisés … A l'orge, au miel, au quinoa, aux myrtilles, aux algues ou au chanvre, il y en a pour tous les goûts ! De plus en plus de brasseries indépendantes font le choix d’ingrédients naturels et originaux pour sortir les papilles du goût monotone des bières industrielles, et optent pour des techniques de brasage à l’ancienne. Inaugurée en 1999, la brasserie Moulins d'Asq est spécialisée dans la production de bières bio. « La triple » de Moulins d’Asq est une bière de fermentation haute issue de l'agriculture biologique, à base de malt, de froment et houblons sélectionnés. La Jade de la grande Maison Castelain est la première bière bio à avoir été commercialisée dans les grandes surfaces. Certifiée AB, l'eau qui rentre dans la composition de cette bière au houblon et au malt d'orge est puisée directement dans une nappe située sous la brasserie. Disparue pendant plus de 75 ans, la bière au miel revient en force aujourd'hui. Mieux vaut privilégier une bière au miel biologique. Différents labels existent pour les bières : le label AB ou le label belge Biogarantie. Et à Grenoble, la brasserie de Saint-Martin-d’Hères propose des bières de fabrication artisanale au saveurs étonnantes : réglisse, sapin, ou encore noix.
    • En 2007, 32% des bières consommées en France selon le Ministère du Développement Durable. Mieux vaut éviter autant que possible ces bières importées ou de grandes marques internationales, qui ont nécessairement voyagé davantage : les émissions de CO2 liées à une bière transportée dans de lourdes bouteilles en verre et réfrigérée pendant plusieurs semaines en attendant d’être consommée, sont loin d’être négligeables. On privilégiera les bières locales, produites dans la région, ce qui est évidemment meilleur du point de vue environnemental mais aussi pour l’économie locale. La France n’est certes pas un grand pays de la bière, avec à peine plus de 1% de la production mondiale. Il est vrai que le marché français est réduit et que les Français sont parmi les plus faibles consommateurs de bière d’Europe - un peu plus de 30 litres par personne et par an, soit 3 fois moins qu’en Belgique par exemple, pays de la bière par excellence, mais aussi deux fois moins qu’en 1980. Mais malgré ce marché de petite taille et une forte tradition vinicole, plus de 300 bières différentes sont produites sur le sol français, dans les régions traditionnellement productrices (Alsace, Lorraine et Nord-Pas-de-Calais) mais aussi dans d’autres régions : ainsi en Corse, une brasserie locale, fondée en 1996 et qui avait surpris à l’époque en créant le concept de bière corse, s’est développée à un rythme soutenu et emploie aujourd’hui plus de 35 personnes autour de quelques produits-phares : la Pietra, la Colomba, la Serena , toutes agrémentées de « spécialités locales » comme la farine de châtaigne ou le fruit de l’arbousier - voir www.brasseriepietra.com). Certains bars disposent aussi désormais de leur propre micro-brasserie produisant une bière unique et artisanale, il faut se renseigner !
    • Quand on consomme sur place, on préférera la bière pression dans les bars et, pour ce qui concerne la consommation à domicile, mieux vaut choisir de préférence les bouteilles en verre, en grand format plutôt qu’en contenant individuel, sans oublier de participer au tri sélectif des déchets ensuite. Le verre est l’un des emballages ménagers les mieux recyclés aujourd’hui avec plus de 68% de verre recyclé en France en 2009 selon l'INSEE.

    ET N’OUBLIEZ PAS : L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
      
       mescoursespourlaplanete.com

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  •   Le FMI découvre que l’austérité est bien plus nocive que prévu

    Pascal Riché | Redchef Rue89
     

    Mia Farrow dans « Rosemary’s baby », de Roman Polanski

    Aïe... Le FMI a fait une découverte : l’austérité a un impact plus sévère que prévu sur l’économie. Après avoir fait boire bien des potions amères, pendant des décennies, à des pays en crise, le Fonds monétaire international semble constater que ses prescriptions n’étaient pas forcément adaptées.

    François Hollande, qui s’est engagé dans une course folle à la réduction du défit, avec pour objectif un chiffre totémique, les « 3% du PIB », devrait lire cette étude (résumée page 41 de l’Economic Outlook, ici en PDF). Que dit-elle ?

    Gare au « multiplicateur »

    Avant d’entrer dans le vif de celle-ci, il faut faire un détour par le « multiplicateur keynésien ». Ne fuyez pas, vous allez voir, c’est assez simple à comprendre.

    Depuis John Maynard Keynes, la plupart des économistes l’admettent : sauf circonstances exceptionnelles, l’austérité budgétaire (baisse des dépenses publiques) ou fiscale (hausse des impôts) n’est pas bonne pour la croissance. Symétriquement, les mesures de relance prises par l’Etat – baisse d’impôts ou hausses des dépenses – dopent la croissance.

    Le lien entre l’intervention budgétaire et fiscale de l’Etat et la croissance est appelé le « multiplicateur ».

    Jusque-là, le FMI considérait que pour les économies avancées, ce multiplicateur était de 0,5. Autrement dit : 10 euros de hausse d’impôt (ou de baisse des dépenses) entraînait une perte pour la croissance de 5 euros.

    Le FMI estime aujourd’hui que cette évaluation était erronée. Selon leurs recherches, qui portent sur les huit dernières décennies, le multiplicateur serait situé entre 0,9 et 1,7.

    Autrement dit : si un Etat augmente ses impôts ou baisse ses dépenses de l’équivalent de 1% du PIB, l’impact pour la croissance se situera entre 0,9 et 1,7 point, selon la conjoncture.

    Sérieux ou stupidité budgétaire ?

    Si cette étude du FMI est exacte, conduire une politique d’austérité en période de crise est d’une stupidité sans nom (ce que beaucoup d’économistes savent déjà, mais l’orthodoxie économique ambiante les dissuade de le crier trop fort).

    Bercy ne dévoile pas le multiplicateur qu’il retient pour ses prévisions budgétaires – une opacité regrettable. Mais il y a de fortes chances que ce dernier soit proche de 0,5, car la prévision de croissance officielle pour 2013, de 0,8%, est plus élevée comparée aux projections d’autres organismes.

    Prenez par exemple l’Observatoire français des conjonctures économiques : le multiplicateur fiscal que ses chercheurs ont retenu est de 0,9 et leur prévision de croissance « sort » à 0%.

    Pour un homme politique, réduire le déficit budgétaire sur la base d’un multiplicateur de 0,5 peut être une option efficace. Mais si le multiplicateur est de 1,7, toute politique d’austérité ne peut qu’être inefficace.

    « C’est ce qui se passe en Espagne »

    Avec un multiplicateur de 1,7, l’effort budgétaire et fiscal qui nous est aujourd’hui demandé (environ 1,8% de PIB : 28 milliards de hausse des prélèvements obligatoires et 8 milliards d’euros de réduction des dépenses) nous fera tout droit plonger en récession, avec des conséquences dramatiques en terme de chômage.

    Et le résultat de cette politique de « sérieux budgétaire », en terme de réduction du déficit public, sera nul.

    Ce scénario n’est pas imaginaire. « C’est ce qui se passe actuellement en Espagne où malgré les efforts budgétaires, le déficit public reste à près de 8%. Cela a un coût social énorme : le chômage atteint 25% », commente Mathieu Plane, de l’OFCE.

    Et l’effet dévastateur est démultiplié par le fait que tous les pays européens sont partis dans cette course délirante aux 3% : dans cette sarabande funeste, chacun importe la rigueur de l’autre, et l’ensemble du continent glisse vers la dépression.

    MERCI RIVERAINS !Pierrestrato

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      Un nouveau rapport de la cour des Comptes européenne pointe les conflits d'intérêts à l'EFSA
    Ce rapport étudie les conflits d'intérêts dans 4 agences européennes, dont l'EFSA, l'Agence de sécurité& sanitaire européenne. Le rapport note que à l'Efsa, deux membres du conseil d'administration, dont sa présidente Diana Banati, ont démissionné du fait de leurs responsabilités au sein de l'Ilsi, un lobby de l'industrie agroalimentaire où sont notamment représentés les groupes Monsanto et Syngenta, très actifs dans le secteur des OGM .

    Mais cela n'a pas été le cas de 6 autres experts de l'Efsa qui ont aussi des liens avec cette organisation, et qui ont continué de siéger au comité scientifique ou au conseil de surveillance de l'agence européenne, a relevé la Cour qui s'inquiète de cette «différence de traitement».le rapport sur les conflits d'intérêts dans les agences ici

    Aucune procédure particulière n'est par ailleurs prévue en cas de fausse déclaration d'intérêts dans les 4 agences auditées.

    Pour plus de détails lire le rapport complet ici :
    http://eca.europa.eu/portal/pls/portal/docs/1/17190743.PDF

    Source : JDLE

    Pour information : il n'aura fallu que moins de 3 semaines pour que l'EFSA ne publie une analyse totalement à charge contre l'étude de Gilles Eric Séralini...cet empressement n'est malheureusement pas une surprise et, mis en regard des conflits d'intérêts dénoncés par la Cour des Comptes européenne, pause des questions sur l'indépendance de l'Agence et de ses analyses.

    G E Séralini, de son côté, s'explique en détail face à une commission parlementaire. Vidéo à voir ici : http://www.assemblee-nationale.tv/chaines.html?media=3452&synchro=1736228&dossier=12
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    Parapluie

    Quand il pleut, la planète se met à l'abri ! Car nos parapluies ne sont pas sans pépins pour l'environnement...

    Avec le réchauffement climatique, les périodes de sécheresse sont plus fréquentes mais les jours de pluie aussi : en France, les précipitations ont augmenté de l'ordre de 10% au vingtième siècle. Du coup, le parapluie est devenu un objet symbolique de notre époque urbaine et climatiquement perturbée, il fait partie de notre paysage quotidien… au point que la plupart d'entre nous le considèrent comme un objet avant tout utilitaire, qui peut donc être acheté sur un coup de tête, dans la rue, pour se protéger d'une averse soudaine et être jeté tout aussi vite dès qu'il présente une faiblesse. Voici donc quelques repères pour passer entre les gouttes sans que le ciel ne nous tombe sur la planète !

    Le saviez-vous ?

    • Des millions de parapluies sont jetés chaque année, compte-tenu du bas prix des versions les plus courantes, mais aucune filière de récupération et recyclage n'existe, et les magasins de réparation ont disparu, à quelques exceptions près, comme la société reparapluie qui propose ses services aux professionnels et aux particuliers. Les parapluies rapidement cassés finissent donc le plus souvent dans les incinérateurs ou les décharges, aux côtés des déchets non-biodégradables.

    Bonnes nouvelles

    • Les derniers fabricants français ne misent plus que sur le haut de gamme pour survivre, comme à Aurillac, capitale déclinante du parapluie, où est encore fabriquée une petite moitié de production française (soit 500 000 parapluies par an), assurée par les 2 dernières entreprises de l'hexagone qui se sont regroupées pour créer un GIE et une marque commune, "L'Aurillac". D'autres marques françaises ont fait le même pari du haut de gamme, comme Ayrens, Guy de Jean, Vaux et Delos.
    • En 2006, le blog écolo Treehugger.com et le magazine de mode I.D. ont organisé en 2006 un concours de design "Umbrella Inside Out" pour trouver des solutions au problème environnemental posé par les parapluies devenus emblématiques de la façon dont la vogue du jetable envahit notre quotidien : d'un côté le concours proposait de créer un parapluie écologique (le modèle vainqueur, Crayella, est tout entier en polypropylène recyclé et recyclable, qu'il s'agisse de la structure, du mât ou de la toile) et de l'autre il récompensait des créations textiles réutilisant la toile de parapluies hors d'usage (les robes étaient assez haut de gamme in fine, car la toile de parapluie a un côté soyeux qui suggère la robe de soirée !). Les créations textiles ont été présentées à Paris, à l'Ethical Fashion Show d'octobre 2006.
    • Dans le même esprit, une styliste new-yorkaise a lancé un projet de mode, The Umbrella Project, par lequel elle crée des robes à partir de toile de parapluies usagés (une vingtaine de parapluies par robe).

    Ce que vous pouvez faire

    • Faute de pouvoir acheter pour le moment le parapluie écologique Crayella (qui n'est pas commercialisé), évitez de multiplier les parapluies. En cas d'averse subite, pressez le pas, mettez votre manteau sur la tête (mieux encore : investissez dans un imperméable avec chapeau !), abritez-vous un moment si besoin, mais évitez de céder à la tentation du parapluie vendu dans la rue pour un ou deux euros… qui sera jeté aussi rapidement qu'il a été acheté, après qu'un coup de vent l'ait retourné par exemple. Investissez une fois dans un beau modèle, durable, que vous garderez longtemps !

    • Et pour ceux qui ont investi dans un parapluie « made in France » mais qui se désespèrent face à l’usure de la toile ou des baleines, pensez à faire réparer votre parapluie plutôt qu’à en acheter un autre. Une petite boutique pleine de charme, Pep’s répare votre parapluie pour 10€ à 20€. Vous ne polluez pas et en plus vous faites des économies !
    Passage de l'Ancre - 223 rue St Martin - Paris 3ème
     
        mescoursespourlaplanete.com

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  •  10/10/2012 à 17h41

    Les caricatures : une affaire de liberté d’expression ?

    Xavier Landes, chercheur ( Rue89 )
    Centre for the Study of Equality and Multiculturalism (CESEM), université de Copenhague

     

    Dans le monde musulman, les heurts et cris qui ont suivi la diffusion de la
    vidéo « L’Innocence des musulmans » puis la publication de caricatures par l’hebdomadaire Charlie Hebdo ont représenté pour certains une occasion de relancer le débat sur la liberté d’expression (au travers de la liberté de presse). Face à la violence, le caractère absolu de la liberté d’expression devrait être réaffirmé, à tout le moins dans les régimes démocratiques.

    Pour ou contre la liberté d’expression, voici le faux dilemme que l’on nous propose et auquel il faut se refuser. Face aux déchaînements de part et d’autre, il est nécessaire de défendre une position nuancée qui s’enracine dans la primauté de la liberté d’expression certes, mais en y adjoignant une condition : l’idée que certaines circonstances, exceptionnelles, plaident pour un exercice limité d’une telle liberté suite au jugement bien pesé du détenteur dudit droit et de lui seul.

    Une affaire de responsabilité

    Il y a des situations où il est préférable que le détenteur d’un droit en limite l’exercice si les conséquences négatives liées à l’exercice de ce droit surpassent soit les conséquences positives liées à cet exercice, soit les conséquences négatives liées à un non-exercice.

    Dans une situation où des émeutes éclatent un peu partout, accompagnées de meurtres et destructions, il y a donc la possibilité, sérieuse, que la publication de caricatures fasse empirer la situation, c’est-à-dire provoque de nouvelles souffrances.

    Cette exigence de responsabilité possède d’autant plus de force dans les situations où celui qui décide d’exercer le droit en question n’est pas celui qui subit la majorité des conséquences négatives, comme pour la publication des caricatures par Charlie Hebdo. Maintenant il est possible de s’opposer à cet argument de plusieurs manières, sans qu’aucune d’entre elles ne soit réellement convaincante.

    On peut tout d’abord invoquer ce qu’en philosophie on nomme une pente glissante : transiger dans ce cas précis reviendrait à transiger dans tous les cas semblables qui ne manqueront pas de se présenter. En réponse, on peut souligner que rien n’indique que faire preuve de retenue en vertu d’un jugement individuel bien pesé dans un cas particulier génère une obligation de faire preuve de retenue dans tous les cas semblables (c’est-à-dire, conduise à la suspension du droit en question).

    Une autre manière de s’opposer au devoir de responsabilité est d’affirmer le caractère non négociable de la liberté d’expression : celle-ci commanderait de manière impérieuse d’être exercée en tout temps et à tout propos sous peine de se dissoudre. Cependant, comment peut-on sérieusement concevoir que l’existence de la liberté d’expression passe par son exercice absolu sur tout sujet ? Si l’on suit ce raisonnement, celle-ci n’existerait pas dans les pays qui criminalisent la négation de la Shoah, ou s’apprêtent à pénaliser la négation du génocide arménien par exemple.

    Une troisième critique est de nature stratégique : en abdiquant face à la violence, on enverrait le signal aux fondamentalistes religieux que la menace peut servir de moyen de pression à l’encontre des régimes démocratiques. Il conviendrait alors de ne pas céder à l’immonde chantage et de faire acte de résistance, principalement en recourant au blasphème. L’argument soulève une question, essentielle : celle de la stratégie des extrémistes. Quelle est-elle au final ? De quelle manière fait-on le jeu des extrémistes ? En faisant, dans certains cas, preuve de retenue, ou en publiant des caricatures qu’ils pourront utiliser pour focaliser les haines et mobiliser les troupes dans un contexte enflammé ? La surenchère a toujours fait le jeu des extrêmes.

    Un dernier aspect est à mentionner. Considérer que se restreindre dans la publication de quelques caricatures est liberticide semble être une position trop rigide pour être tenable. A terme, elle est même préjudiciable à la liberté d’expression, car elle en donne l’image d’un idéal rigoriste, voire psychorigide, prônant la stratégie du tout ou rien alors que la réalité est plus mitigée. De plus, ceux qui mobilisent un tel argument ont une vision particulièrement pessimiste de la solidité de la liberté d’expression et de la force d’une société démocratique. Si la différence entre une société libre et une société en voie d’inféodation à l’obscurantisme religieux se situe dans la publication, ou non, de quelques dessins alors il est effectivement grand temps de s’inquiéter.

    Une affaire d’instrumentalisation

    Cette affaire laisse un arrière-goût amer, celui d’une confrontation qui est instrumentalisée de part et d’autre. A y regarder de plus près, il est moins question de liberté d’expression que de deux choses qui n’ont rien à voir.

    Tout d’abord, la publication de caricatures, qui répond aux violences faisant suite à la diffusion de « L’Innocence des musulmans », traduit clairement la volonté, non pas de défendre la liberté d’expression ou de presse, mais d’en découdre avec la religion.

    Il y a le camp de ceux qui estiment que les religions sont une plaie et qu’il est nécessaire d’y remédier. Leur font face ceux, une infime minorité, qui considèrent que la religion contient une vérité qui doit s’imposer à tous. Au milieu se trouve tout le reste, c’est-à-dire la majorité des citoyens. Dans le contexte français, cette confrontation provoque régulièrement des escalades verbales, voire physiques, en raison d’une tension qui a émergé lors de la Révolution entre républicains laïcs et certains éléments radicaux catholiques. Pour les premiers, la République, au travers de ses idéaux, apparaît menacée en permanence.

    L’affaire des caricatures (celle-ci comme les précédentes) n’est qu’une étape de plus dans l’histoire d’une laïcité de combat qui s’en prend, cette fois-ci, à une autre religion que le catholicisme. Mais, la manière dont le débat nous est présenté ne s’explique pas seulement par l’histoire.

    Sa forme, virulente, comme son contenu, polarisé, se comprennent aussi par l’existence d’impératifs économiques d’un organe de presse dont la raison d’être est la défense de la liberté d’expression par l’entremise de la provocation (sans que ce terme soit utilisé ici de manière péjorative). Il ne faut pas perdre de vue que Charlie Hebdo est une entreprise de presse satirique, c’est-à-dire qu’il fait (ou cherche à faire) de l’argent en froissant les susceptibilités, attisant les rancœurs et repoussant les limites des convenances.

    L’hebdomadaire (et d’autres) exerce une fonction qui peut s’avérer salutaire en démocratie. Le corolaire est toutefois qu’il n’a aucun incitatif à faire preuve d’un tant soit peu de retenue, puisque sa raison d’être ainsi que sa survie économique sont liées justement au fait de ne pas en faire preuve. C’est cela que l’on peut lui reprocher et dont on doit discuter.

    Soyons clairs. Il n’y a rien à objecter en principe à l’existence en démocratie d’une presse qui pratique la satire et manie la provocation de manière plus ou moins subtile. Ce droit-liberté ne fait pas débat. Par contre, il existe de bonnes raisons d’être critique à l’endroit de la stratégie d’une entreprise de presse qui s’abrite en permanence derrière la liberté d’expression pour se lancer dans des provocations dont elle fera ensuite assumer certaines conséquences à autrui.

    Une réflexion sur les conditions d’exercice de la liberté d’expression, c’est-à-dire sur le devoir moral de responsabilité, n’est pas une remise en cause de la liberté d’expression. Au contraire, elle fait partie intégrante de l’exercice de cette même liberté, ce que le faux dilemme – pour ou contre la liberté d’expression – tend à escamoter.


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  •   Chine Mobide 07/10/2012

    Chine : à Canton, la résistance sans espoir des habitants expulsés

    Neirda, China Mobide

     

    Comme toutes les villes chinoises, Guangzhou (Canton), la grande métropole du sud de la Chine, a connu un boom immobilier phénoménal. Et comme dans les autres villes, les puissances financières des gigantesques sociétés immobilières nationales s’arrangent, avec la complicité d’élites locales corrompues, pour rendre les petits propriétaires impuissants devant la saisie des biens qui leur appartiennent pourtant de plein droit.

    Le petit village de Xiancun, à Canton, est l’un de ces territoires prisés par les géants du béton. Pressions, menaces, agressions sont devenues le quotidien des propriétaires qui tentent toujours néanmoins de lutter.

    Xiancun, un quartier de Canton voué à la démolition (China Mobide)

    Surplombant le village de Xiancun, des gratte-ciels, immeubles de bureaux ou d’appartements de trente étages. Nous sommes à Zhujiang New Town, le quartier le plus dynamique de Guangzhou. Tout y est neuf, tout y est propre, et surtout, les terrains y sont extrêmement chers.

    Xiancun, village figé dans le temps

    Xiancun, petit village bardé de vieux immeubles, abrite principalement des Cantonais d’origine, ou d’autres Chinois installés ici depuis des années. Le style de vie y est placide et reposé, comme figé dans le temps et renvoyant à la Chine de voilà quelques décennies.

    La presse chinoise en parlait en ces termes voilà quelques années :

    « Xiancun, un village traditionnel, caché et oublié au beau milieu du CBD [“central business district”, ndt] de Guangzhou. Sombre, moite, odorant et bruyant, on reconnaît bien là tout ce qui fait les particularités des villages dans la ville.

    Bien que nous soyons en plein dans le centre financier, impossible ici de ressentir l’atmosphère du quartier portant tout le potentiel économique futur de la ville. […] En pénétrant dans le village, on y trouve des habitants extrêmement placides. La vie locale y est imperturbablement animée. On ne devinerait pour rien au monde que l’endroit se prépare à être mis en pièces. C’est encore une affaire bien lointaine, pour les résidents. »

    Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi le terrain a été très vite prisé. Comme il l’a été dit, les « villages dans la ville » sont très répandus en Chine, et sont en train de disparaître progressivement pour laisser la place aux gratte-ciel modernes.

    Des contrats fantoches

    Contrairement à une croyance répandue, il est possible pour des particuliers de posséder des terrains de manière définitive en Chine. Une grande partie des propriétaires de Xiancun possèdent ainsi légalement leur propre terrain.

    L’accord concernant les parties communes du village a été ainsi défini que tout projet de modification se devrait d’obtenir l’approbation de 90% des propriétaires du village. Cela rend toute récupération massive relativement complexe, car les villageois sont attachés à leur quartier, et c’est pourquoi le gouvernement a abandonné son propre plan décennal de démolition.

    Ce sont finalement de puissants promoteurs immobiliers qui ont su trouver le cadre du village, M. Lu, pour signer des contrats de cessation dont la légitimité est contestable et contestée. Signés unilatéralement contrairement à la règle définie, ils ne sont techniquement pas valables.

    Mais les promoteurs sont en réalité parfaitement conscients du caractère fantoche de ces contrats : ce qu’ils recherchent dans l’affaire, c’est obtenir l’accord et le soutien des autorités locales pour la suite des événements.

    Leur but est de récupérer des terrains constructibles le plus rapidement possible, et au coût le plus bas possible. Ceux qui en payent le prix seront, dans l’idéal, les petits propriétaires, soit la partie la plus désarmée de l’équilibre de force subtil qui se met en place.

    Les promoteurs usent d’abord de diplomatie...

    Les promoteurs ont un but simple : récupérer les terrains et détruire ce qui y existe le plus rapidement possible, pour reconstruire et revendre.

    Xiancun n’est pas le premier, et ne sera pas le dernier quartier à subir un tel traitement. Les démolitions forcées sont chose commune en Chine. Les méthodes employées sont diverses, variées, et dépendent principalement de l’imagination et des moyens à disposition.

    Pour le cas de Xiancun, il n’est pas exagéré de dire que ces moyens ne manquent pas, et que la stratégie d’expulsion à moyen-long terme s’appuie sur un très vaste, et très puissant réseau.

    Pour parvenir aux fins souhaitées, les promoteurs usent aux prémices de diplomatie pour tenter de convaincre les propriétaires de céder leur terrain, et de partir. Des compensations sont présentées, le plus souvent via diverses propositions de relogement, dont les conditions sont bien plus modestes que la valeur réelle des terrains (habitats de piètre qualité, construits dans des banlieues isolées, etc.).

    Si beaucoup n’entendent pas accepter ces compensations, une partie préfère néanmoins s’en tenir là, et signer. Soit par anticipation des problèmes futurs, soit par attrait de gains rapides, ou désintérêt pour la cause. Pour le cas de Xiancun, des relogements en banlieues, accompagnés de « primes » de 10 000 yuans (1 200 euros) ont été proposés dans une grande partie partie des cas.

    Un nombre significatif des ex-habitants de Xiancun faisaient partie du gouvernement, et/ou avaient des relations directes avec le cadre du village. Ces derniers ont été relogés dans de bien meilleures conditions que leurs voisins « sans guanxi ».

    Pour ceux qui ont refusé de signer à ce stade, la tempête commence.

    Pressions psychologiques et physiques

    Nous sommes en 2010, et c’est à ce moment-là un véritable siège qui se met en place. Les villageois passent de citoyens à « Dingzi hu », des « têtes de clous », comme désigne la presse ces propriétaires refusant de soumettre leur propriété à l’avidité des agents immobiliers.

    Les pressions qui vont être exercées seront à la fois psychologiques, et physiques. Les mafias vont remplacer les négociateurs.

    2012. Médiatiquement, Xiancun n’existe déjà plus. Le moteur de recherche Baidu (le Google chinois) a été nettoyé de toute référence à son histoire récente. Seuls subsistent des histoires ou quelques reportages datant d’avant les faits.

    En utilisant Google, on peut bien trouver quelques articles de médias hongkongais et taiwanais, mais Google est déjà largement muselé en Chine. Les habitants du village n’ont à ce stade plus aucune opportunité de se faire entendre.

    Une lettre ouverte d’un habitant de Xiancun aux autorités comme celle-ci n’a aucun écho médiatique :

    « Plus de 3 000 habitants de Xiancun ont signé la pétition demandant le renvoi de M. Lu Suigeng. Pendant plus de trente années passées à la tête du village, M. Lu a géré les affaires de manière clanique et corrompue, allant à l’encontre de l’intérêt des habitants, et de l’intérêt général.

    De nombreuses propriétés appartenant à la collectivité ont été ainsi cédées à des prix dérisoires.

    Dans le but de protéger leurs intérêts devant la loi, les habitants de Xiancun ont entrepris de se rassembler et demander audience devant diverses institutions locales, municipales, provinciales, sans qu’il ne soit jamais donné suite.

    Chaque jour, des manifestations ont eu lieu à Zhujiang New Town, sur l’avenue Huangpu, jusque devant les portes de la direction du village. Des sit-in pacifiques ont été organisés sur les chantiers.

    Une année durant, aucun bureau, aucune administration ne s’est occupée de nous. Aucun média sur aucun support n’a délivré le moindre exposé de la situation, tous ont été verrouillés et réduits au silence.

    Plus d’une quarantaine des habitants ont été détenus illégalement par la police du quartier de Tianhe pour avoir protesté. »

    Des gardes harcèlent les journalistes

    Le quartier est progressivement bouclé, entouré de murs en béton, et des gardiens font leur apparition aux entrées. Ils n’ont aucun statut légal, ce sont des hommes de main employés par la mafia. Leur rôle est jusqu’à aujourd’hui, de surveiller les entrées et sorties, et prévenir les « anomalies ».

    Chaque nouvelle tête entrant dans le quartier est une anomalie, surveillée et suivie. Chaque éventuel journaliste est une anomalie, suivi et harcelé, son matériel confisqué par la force. Les étrangers sont des anomalies, suivis de plus près encore, jusqu’à leur sortie.

    Si le séjour est trop long, c’est la police régulière qui est appelée pour procéder à un contrôle d’identité. Le message à faire passer : rester à Xiancun, c’est s’exposer à des problèmes.


               Xiancun de nuit (China Mobide)

    Pendant ce temps, les premières démolitions commencent. Les immeubles des propriétaires ayant déjà cédé leur terrain tombent les uns après les autres, dans un fracas de débris et de poussière, gênant opportunément les habitants dans leur vie quotidienne. Ces immeubles sont parfois habités.

    « Combattre la minorité maléfique »

    Sur les immeubles abandonnés sont déroulées de gigantesques banderoles de propagande, visibles depuis l’extérieur, dont les slogans scandent :

    « Les intérêts d’une minorité de personnes ne doivent pas porter atteinte au bien commun. »

    « On ne démolit qu’une fois, pour le bonheur de générations entières. »

    « J’insiste, vous pouvez démolir légalement ma maison, je vous en prie, rasez au plus vite. »

    « J’exige que l’on rase mon immeuble, pour que je revienne au plus vite. »

    « Pour la justice envers la majorité, combattre la minorité maléfique. »

    Banderoles de propagande à Xiangcun (China Mobide)

    Lorsque les mafias ont tenté d’instaurer des vérifications d’identité aux entrées du village, la protestation fut telle que l’idée fut vite abandonnée. Les escarmouches entre les hommes de main recrutés pour le compte des tenants du projet de démolition et les habitants légitimes du village sont devenues une affaire quotidienne.

    C’est la tentaculaire société immobilière chinoise Poly qui aujourd’hui finance la démolition et tous les frais s’y rapportant. Le puissant groupe [qui a fait sa fortune dans l’armement, ndlr] est profondément implanté dans la majeure partie du pays.

    Les relations entre mafias locales, sociétés immobilières, et gouvernement, sont comme souvent floues et difficiles à définir, mais il est manifeste que la perspective d’immenses gains derrière la récupération de ce terrain induit d’énormes dépenses, et implique un important réseau.

    Que leurs commanditaires préfèrent dépenser autant d’argent et d’énergie à tenter de décourager les habitants plutôt que de distribuer de légitimes compensations donne une idée des échelles de valeurs en jeu.

    Manifestations ignorées ou réprimées

    Pour défendre leurs intérêts, les choix d’action des habitants sont limités. Le système judiciaire local a été verrouillé de manière à ce qu’aucune plainte n’ait chance d’aboutir, voire simplement d’être écoutée.

    Des dossiers entiers envoyés à diverses organisations gouvernementales ont été refusés, ou ignorés, sous divers prétextes.

    Le 13 août 2010, 300 villageois venus protéger la destruction de l’ancien marché de Xiancun se sont vu opposer la force répressive de 5 000 policiers et agents de l’ordre citadin (les redoutés « chengguan »).

    A renforts de lacrymogènes et camions arroseurs, certains des villageois ont été blessés dans l’offensive (personnes âgées comprises), et d’autres emprisonnés.

    Bien que de nombreuses vidéos aient été filmées ce jour, et malgré l’important dispositif humain déployé par les autorités, jamais cette affaire ne fut reportée dans un quelconque média chinois. Toute vidéo postée sur des sites de partage chinois (Youku, Tudou) est effacée dans la minute (on peut les retrouver sur YouTube, bloqué en Chine).

     Manifestation des habitants de Xiancun

    Le 12 juillet 2012, une manifestation pacifique de quelque 400 personnes de Xiancun, organisée devant le gouvernement du district de Tianhe de la ville de Guangzhou, a recueilli l’indifférence des autorités. Comme à chaque fois que des sit-in sont organisés devant des instances officielles, des policiers bouclent rapidement le périmètre.


    Manifestation des délogés de Xiancun, juillet 2012 (China Mobide)

    Le quartier a été bardé de caméras de sécurité, épiant les moindres faits et gestes à l’intérieur comme dans ses environs immédiats.

    Ces derniers cas n’étant que des exemples, dont la réalité est devenue quotidienne depuis lors.

    Pendant que les engins de démolition font régulièrement tomber de nouveaux immeubles, les habitants de Xiancun passent de bureau gouvernemental en bureau gouvernemental, à la fois pour espérer se faire entendre, mais aussi pour faire savoir leur détermination.

    Les débris des immeubles démolis sont repavés pour redevenir franchissables, et des arbustes fraîchement plantés ornent les allées à nouveau… pour le moment.


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  •   Pas si cool pour la planète, le jean... mais que faire pour en alléger l'impact, des champs de coton à la poubelle ?

    Indémodable et familier (nous en possédons en moyenne 1,5 par personne), le jean est aussi opaque : son étiquette affiche un prix variable (entre 10 et 100 euros) mais ne dit rien sur ses impacts sociaux et environnementaux, alors qu'on sait que les coulisses de l'industrie textile ne sont pas toujours reluisantes. Et c’est sans parler de son impact environnemental, depuis la culture du coton (intense en pesticides), la transformation avec teintures polluantes, le transport (certains pantalons vendus en France combinent du coton indonésien confectionné au Bangladesh, avec une fermeture éclair bangladaise et des boutons ou rivets venus de Hong-Kong) ou enfin le lavage et le pressing ! Comment choisir et entretenir son jean en étant tranquille pour la planète ? Suivez le guide…

    Le saviez-vous ?

    • Enfin viennent la teinture et la transformation : si le pantalon est produit dans un pays ne disposant d'aucune législation sur le traitement des eaux, il se transforme vite en horreur écologique. A chaque étape (ennoblissement de la fibre, puis teinture et délavage), les usines de production déverent des quantités de produits chimiques dans la nature si les eaux ne sont pas traitées. Outre le danger pour les ouvriers, cela peut aussi constituer un risque pour le client, car si les colorants toxiques sont mal fixés, ils peuvent provoquer des dégorgements sur la peau (via la transpiration), mais aussi une assimilation et dégradation du colorant par l'organisme provoquant des concentrations au niveau de la vessie et des risques de cancer.
    • La deuxième étape commence une fois que le jean est produit et vendu : il s'agit de l’utilisation (nettoyage, repassage...) et de la fin de vie, qui représentent 48% des émissions de gaz à effet de serre selon l’ADEME. Plus on lave son jean, plus on use la planète ! Evidemment, la machine à laver consomme de l'énergie, sans compter le sèche-linge et même le fer à repasser qui font exploser les compteurs électriques. L’impact est encore pire si vous donnez votre jean au pressing, ce que font certains pour les jeans de luxe, avec dentelles, pailletés, peintures. Car les procédés de teinturerie utilisent des produits toxiques, comme le perchloréthylène, et consomment beaucoup d'énergie.

    Bonnes nouvelles

    • Si, comme chacun le sait, les questions de délocalisation et de sous-traitance dans les pays émergents ne sont plus seulement aujourd'hui l'affaire des entreprises du textile, elles ont cependant été les premières, il y a plus d'une dizaine d'années, à s'engouffrer dans cette voie pour baisser leurs coûts de production et rester compétitives sur des marchés très disputés. Il n’est donc pas étonnant que le secteur ait été en première ligne, à la fin des années 90, des débats sur les conditions de travail dans les usines de sous-traitance… Bilan : d’après une étude parue dans le numéro de décembre 2007 de 60 Millions de Consommateurs, les grandes marques sous le feu des médias comme Gap, H&M, Levis', Carrefour Tex, Lee ou Zara affichent de bonnes performances pour ce qui concerne la robustesse de leurs engagements sociaux et environnementaux… mais on trouve quand même des grands en queue de classement : Diesel, Lee Cooper, Liberto, Pepe Jeans, etc.
    • Peu à peu, les marques alternatives (Idéo, Machja) et plus grand public (Levi’s Eco, Ober ou G-Star) se mettent au coton bio pour leurs jeans. Mais seule une marque alternative comme Idéo invite ensuite à éviter le sèche-linge dans la phase d'utilisation… D'autres marques explorent d'autres voies : ainsi, Rica Lewis (qui vend ses produits en grandes surfaces) a lancé en 2006 le premier jean équitable labellisé Max Havelaar, une déclinaison du modèle-phare de la marque, le RL70.

    Ce que vous pouvez faire

    • Il ne s’agit pas de renoncer au jean mais d’adopter des comportements d'achat et d'utilisation qui minimisent son impact sur l'environnement. D’abord, choisir un jean en coton bio si possible… et sinon demander l’origine de la toile, si le vendeur la connaît. Ensuite, suivre quelques règles de base : porter son pantalon plusieurs jours par semaine au lieu d'un seul ; le laver toutes les cinq utilisations, plus si possible mais pas moins ; le laver dans une machine de classe A et à froid ; mieux (et donc moins) doser la lessive ; et enfin ne jamais le repasser (une personne sur deux repasse ses jeans) ni le faire sécher en machine.
    • Quand il sera usé jusqu’à la corde, mieux vaut toujours le donner, le revendre ou le transformer en chiffons de peinture pour les petits, plutôt que de le jeter aux ordures où il finira dans un incinérateur, dont les émissions de gaz à effet de serre équivalentes à celles d’un cyclomoteur sur 337 kilomètres !

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