•   "La prescription de benzodiazépines doit être "la plus courte possible"  (d'après passeportsante.net) 17/12/2012

    La prescription de benzodiazépines, des médicaments utilisés contre l'anxiété et l'insomnie, doit être "la plus courte possible", a rappelé lundi l'agence du médicament ANSM.

    La nouvelle mis en garde survient à la suite de deux études, dont l'une de l'Inserm faisant état d'un risque accru de démence chez les personnes âgées de plus de 65 ans qui prennent ces médicaments.

    Selon l'étude réalisée par Bernard Bégaud (Inserm/Université de Bordeaux) et Tobias Kurth, le risque serait augmenté de 50% par rapport aux personnes n'ayant jamais consommé de benzodiazépines.

    "Cette association (entre benzodiazépines et démence), bien que de faible intensité, vient s'ajouter aux autres risques déjà identifiés", relève dans un point d'information l'ANSM qui reconnaît que les données disponibles à ce stade "ne permettent pas d'établir une relation entre la dose, la durée et l'effet".

    La France est l'un des pays qui consomme le plus de benzodiazépines, avec une utilisation record chez les plus de 65 ans qui sont 30% à prendre ces médicaments, contre 20% en Espagne ou au Canada et 15% en Australie.

    Pour réduire cette consommation, l'ANSM rappelle que la prescription ne doit être envisagée qu'après l'échec des approches médicamenteuses et qu'elle doit "être la plus courte possible", 4 semaines au maximum pour les hypnotiques (somnifères) et 12 semaines pour les anxiolytiques.

    La durée moyenne de prescription des somnifères est de 7 mois dans la population générale, mais nettement plus importante chez les plus de 65 ans, comme le rappelait récemment la Haute Autorité de santé (HAS).

    Ces médicaments ont des effets indésirables importants, notamment chez les patients les plus âgés, avec des chutes, des troubles de la mémoire et une dépendance au médicament.

    L'agence du médicament rappelle également que la prescription de benzodiazépines doit être réévaluée régulièrement par les médecins "quant à son efficacité et ses effets indésirables" et que le patient doit être informé des risques liées à cette consommation, notamment du risque de dépendance.

    L'ANSM envisage par ailleurs d'étendre la prescription sur ordonnances sécurisées - qui ont remplacé les carnets à souche pour les médicaments classés comme stupéfiants - à l'ensemble des benzodiazépines. Toutefois, l'agence sanitaire précise qu'elle attend les résultats d'une enquête auprès des professionnels, qui seront disponibles début 2013, pour évaluer la pertinence de cette mesure.

    © 2012 Relaxnews
    Crédits photo : Edwin Verin/shutterstock.com

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    Politique: pourquoi Jacques Julliard oublie les médias

    Rédigé par Juan S. le Mardi 25 Décembre 2012 (Marianne2 )

    Jacques Julliard termine l'année, dans Marianne, en taclant une imposture politique: cette infantilisation du débat qui pousse nos candidats à promettre tout et n'importe quoi pour satisfaire des électeurs trop impatients qui attendent des solutions clés-en-main.


    Dans un éditorial titré « Contre la profession politique », il l'écrit très justement: « Voyez le jeu pervers auquel se livre l'électeur et le candidat à chaque élection importante. Le premier fait monter les enchères au maximum avant de se décider, tandis que le second finit par laisser échapper des promesses qu'il sait ne pouvoir tenir.»

    On le sait, Nicolas Sarkozy fut emblématique de cette infantilisation politique de masse. Il en avait publié un abécédaire, avec ses milliers de promesses électorales, qu'il s'empressa de faire disparaître un soir d'automne quand l'échec lui était trop insupportable à affronter.

    Nous avions pu en construire un autre, plus terrifiant encore. L'antisarkozysme fut d'abord cette réaction comme cette attitude-là, les promesses à l'emporte-pièce. Quand François Hollande l'emporta après des primaires disputées, l'accusation qui lui fut faite à de nombreuses reprises d'être trop flou dans ses promesses nous réjouissait secrètement. Ah si pour une fois un candidat pouvait gagner sans s'engager sur une liste à la Prévert de promesses toutes moins tenables les unes que les autres ! Certains encore aujourd'hui s'en tiennent à quelques morceaux de slogans pour mieux tacler l'actuel président. Mediapart et quelques autres à gauche croient savoir que la trahison est là puisque l'actuel président n'a pas écrit dans quelques lois l'exact intitulé sommaire de ses 60 propositions.

    La démocratie moderne, attaquée par une crise sociale sans précédent, souffre de son absence de recul.

    Pour revenir à Jacques Julliard et son merveilleux éditorial, il convient de souligner un point essentiel: la classe médiatique - puisqu'il s'agit une classe tant du point de vue sociologique que culturelle - est tout autant responsable de cet état de fait infantile que nous autres citoyens ou vous autres politiques.

    Dans son immense majorité, elle entretient l'absence de débat, d'analyse, de perspective et surtout de contradiction. Elle suit le vent, caricature les enjeux comme Twitter et ses 140 caractères de messages.


    A suivre.

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  •  Le règne de l'oligarchie médiatique

    Vendredi 14 Décembre 2012

    Dominique Wolton *  (Marianne )


    Si les journalistes sont de moins en moins crédibles, c'est parce qu'il existe une oligarchie médiatique qui ne représente ni l'opinion, ni la société, mais elle-même, et qui vit en symbiose avec l'élite politique.


    Dominique Wolton à la Sorbonne
                                                                   Dominique Wolton à la Sorbonne
    Une des légitimités du journalisme, mais qui n'est plus exacte, était que le journaliste est le porte-parole de l'opinion publique. Aujourd'hui, les sondages font partiellement ce travail. C'était au nom de cette référence abstraite que les journalistes critiquaient le pouvoir politique. Aujourd'hui, ils parlent en leur nom. Le problème du monde médiatique est son manque d'autonomie par rapport au monde politique, sa faible légitimité et son découplage par rapport à l'opinion. D'autant que, simultanément, les élites se sont beaucoup homogénéisées.

    C'est d'ailleurs paradoxal. Il n'y a jamais eu autant de capteurs de la diversité de la réalité et jamais autant d'étroitesse dans la représentation de la société et des élites. Ce n'est pas grave parce que l'opinion publique est lucide, même si cette distance critique naissante ne se voit pas.

    La base de la légitimité des journalistes vient de la confiance que l'on a à leur égard. Or celle-là ne cesse de baisser depuis trente ans. Les journalistes ne le voient guère, préférant trop souvent s'enfermer dans leur univers, convaincus de leur bon droit. Résultat : ils «tiennent» en partie les politiques et prennent le silence du public pour un acquiescement.

    Le mythe du quatrième pouvoir

    Ma démarche ne s'inscrit pas contre les journalistes, comme je l'écris depuis longtemps. Dans un univers saturé d'informations, ce sont des intermédiaires indispensables. Mais pourquoi ce milieu composé de gens intelligents est-il en train de basculer ? Pourquoi cette oligarchie n'entend-elle rien ? Autant je défends l'information, la critique et le contre-pouvoir de la presse, autant je m'oppose au mythe de la presse érigée en quatrième pouvoir.

    En fait, cette dérive ne concerne pas tous les journalistes, mais surtout une partie de la hiérarchie. Distinguons trois groupes : l'«élite», l'oligarchie des éditorialistes et des dirigeants, qui remplace de plus en plus une élite intellectuelle, culturelle et universitaire déclassée depuis presque quarante ans. La classe moyenne des journalistes, majoritaire, de plus en plus intéressante, qui porte un regard critique sur l'oligarchie, mais n'ose pas l'affronter. Enfin, la troisième classe, les jeunes, en partie précarisés, qui sont souvent sur les réseaux. Ils veulent s'en sortir, mais manquent pour beaucoup de réflexion critique et s'imaginent qu'avec Internet, un nouveau monde s'offre à eux !

    L'oligarchie ne représente ni l'opinion, ni la société, mais elle-même. Elle est souvent le seul contact pour des politiques mécaniquement déconnectés d'une bonne partie de la réalité. Ces deux univers se confortent alors dans une représentation limitée du monde. Cela pose le problème de la consanguinité entre journalistes et politiques qui vivent les uns avec les autres, avec les mêmes calendriers et les mêmes visions du monde.

    En plus, les journalistes oligarques deviennent les experts que l'on interroge. Ils ont un redoutable pouvoir de sélection pour inviter les personnalités. Une poignée de ces experts-commentateurs se retrouvent plusieurs fois par semaine dans d'autres rédactions, pour commenter l'actualité. Pourquoi ? Où est la diversité ? Quant aux autres experts, ils sont souvent réduits à la portion congrue, ou complètement identifiés aux journalistes. Il n'y a plus d'altérité.

    Pour les politiques, cette oligarchie (qui n'est d'ailleurs pas seulement journalistique) est un mur qu'ils n'arrivent souvent pas à traverser. Ils n'ont plus de contact direct avec la réalité. Pourtant, apparemment, le politique n'a jamais su «aussi facilement» ce qui se passe, par les tweets, les sondages, les blogs...

    Course à l'urgence

    L'autre problème que doivent affronter les médias, c'est l'idéologie de l'immédiateté, avec la chasse au scoop et la concurrence exacerbée qui ne dit pas son nom. Le pouvoir politique devrait contraindre les médias à ralentir et non à imposer leur rythme. Les chaînes d'information et Internet sont l'incarnation de cette discordance. Ils doivent créer du drame, trouver l'audience et donner le sentiment qu'il se passe toujours quelque chose de grave, même si l'écrasante majorité de la population ne vit pas dans cet espace-temps !

    Ce déferlement ne traduit pas une maturité. Le pouvoir médiatique ne connaît plus ses limites, juge de tout et alimente la course à l'urgence et aux rumeurs. Les médias vont trop vite, alors que la politique va toujours plus lentement. Et rien ne sert de dramatiser ce qui souvent l'est déjà assez. Qui vit au rythme de l'information continue ?

    Pour retrouver l'attention ou la confiance de l'opinion publique, nous avons besoin de la cohabitation conflictuelle de différents points de vue. Le monde politique, le monde médiatique, le milieu de la connaissance et la société. Ces quatre visions doivent cohabiter afin de montrer la complexité de la société.

    L'information en direct a été à juste titre un idéal pour toute la presse, mais elle peut devenir un cauchemar. Il faut au moins diversifier les points de vue, compléter le travail des journalistes par d'autres visions du monde, et compléter la vitesse par toujours plus de connaissances, de culture, d'érudition, d'explications. Bref, rétablir la pluralité des chronologies et des points de vue. C'est la confiance dans les médias qui est en jeu et la légitimité des journalistes qui est à revaloriser.

    * Vient de publier «Indiscipliné. La communication, les hommes et la politique» (Odile Jacob, 2012).

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  •  Comment l'industrie du tabac a fait plier l'Etat

    Jeudi 13 Décembre 2012
    Clotilde Cadu et Emmanuel Lévy  (Marianne )

    Dans un rapport rendu public aujourd’hui, la Cour des comptes dénonce l’échec des politiques de lutte contre le tabagisme et pointe leur inefficacité : les Français continuent d’engraisser les cigarettiers, les buralistes... et les caisses d’un Etat supposé lutter contre les ravages de la nicotine ! «Marianne» l'a lu en intégralité. Extraits exclusifs.


    (VALINCO/SIPA)
    (VALINCO/SIPA)
    La fumée repart à la hausse. Les Français sont addicts à la clope, et rien n’y fait. Ni le prix du paquet de cigarettes, qui a pratiquement doublé en dix ans, ni la loi antitabac, ni les avertissements sur les étuis. Les fumeurs fument toujours. Et de plus en plus. Les Français continuent d’engraisser les cigarettiers, les buralistes... et les caisses d’un Etat supposé lutter contre les ravages de la nicotine ! Tel est le triste constat que dresse la Cour des comptes dans un rapport sur les politiques de lutte contre le tabagisme présenté ce jeudi 13 décembre devant les députés.

    « Cette recrudescence du tabagisme peut être mise en relation avec l’absence depuis plusieurs années d’une politique suffisamment volontariste et structurée pour inverser la tendance. Les acteurs sont dispersés, les initiatives ont été parcellaires et discontinues, les objectifs visés parfois contradictoires », commentait Didier Migaud, premier président de la Cour, jeudi matin devant les députés. L’Etat a failli dans sa mission d’assurer la santé publique, sous-entendu : les lobbies des cigarettiers et des buralistes sortent grands vainqueurs d’un bras de fer qui dure depuis des décennies.

    Depuis 2005, la baisse des ventes de cigarettes amorcée au début des années 2000 (– 31,8 % entre 2002 et 2004) s’est interrompue. « La prévalence tabagique dans la population française a connu depuis cinq ans une remontée qui contraste avec sa baisse tendancielle de long terme comme avec les résultats de la politique plus vigoureuse conduite en 2003-2004 », écrit la Cour des comptes, très critique avec les politiques menées sous le quinquennat Sarkozy. En 2010, 29,1 % des Français fumaient quotidiennement, contre 27 % cinq ans auparavant. Les femmes, les jeunes et les précaires fument davantage, alors même que nos voisins européens écrasent leur dernier mégot.

    Comment l'industrie du tabac a fait plier l'Etat

    Le responsable de cet enfumage général ? L’Etat, lui aussi accro à la clope. En 2011, les ventes de tabac lui ont rapporté un magot de 15 milliards d’euros, alloués à… l’assurance maladie. Les hausses régulières des prix, à défaut d’inciter les fumeurs impécunieux à arrêter, sont une véritable réussite fiscale, apportant un peu plus d’argent dans les poches de l’Etat.

    « Une telle affectation à la Sécurité sociale comporte des risques de fragilisation de la politique de lutte contre le tabac, note la Cour des comptes. Elle place l’équilibre des comptes sociaux dans la dépendance d’une ressource dont le niveau dépend du maintien de cette addiction, et par là même rend délicat l’arbitrage entre des objectifs financiers de rendement et des impératifs de santé publique. » Un comble ! La Sécu compte aujourd’hui sur les ressources du tabac, y compris pour lutter son ses effets néfastes.

    « Si la France dispose en définitive d’un arsenal règlementaire très développé, supérieur à celui de bien d’autres pays, son efficacité est réduite du fait de l’absence de contrôles et de sanctions effectives […]. La crédibilité de l’ensemble des actions de lutte contre le tabagisme ne peut en être que gravement affectée […]. Elles nourrissent de fait une suspicion, diffusée notamment par les fabricants de tabac, sur la réalité des enjeux médico-économiques du tabagisme, allant même jusqu’a émettre l’idée que la contribution des fumeurs à la collectivité par le biais des taxes qu’ils acquittent serait supérieurs aux coûts qu’ils induisent», explique Didier Migaud. Joli tour de passe-passe des lobbies : réussir à faire passer le message que cloper est un geste civique, bon pour la santé des finances publiques ! A quand la sortie de crise par le mégot ?

    D'après un sondage exclusif commandé par la Cour des comptes, 41% des Français interrogés savent qu'un fumeur a un risque sur deux de mourir d'une maladie liée au tabac. Seulement 30% des gros fumeurs (plus d'un paquet par jour) le savent.

    Pourtant, depuis des années, l’Etat multiplie les actions antitabac. Mais sans concertation de l’ensemble des acteurs publics et sans pilotage. On ne compte plus les lois de santé publique, les plans cancer, les obligations, interdictions, prohibitions, mises en œuvre pour dissuader les candidats à la cigarette. Un arsenal répressif pléthorique... et théorique. Les contrôles publics sont quasi inexistants et les sanctions, peu dissuasives. Ainsi, officiellement, un buraliste n’a pas le droit de vendre de cigarettes à un mineur. Or, dans les faits, le marchand de tabac risque un contrôle de la Direction générale des douanes une fois... par siècle !

    Officiellement, la publicité pour le tabac est interdite, mais les stratégies de contournement sont légion. Un cendrier jetable frappé d’un logo de cigarettiers et distribué sur les plages n’est pas de la propagande : c’est un objet qui satisfait à des exigences environnementales !

    Plus grave que leur laxisme, les pouvoirs publics ont abandonné toute prévention. Les responsables à temps plein de la lutte contre le tabagisme dans les organismes de santé publique se comptent sur les doigts d’une main. Les dépenses en la matière ne dépassent pas la centaine de millions d’euros par an.

    En 2011, l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (Inpes), principal contributeur financier (où seulement trois équivalents temps plein travaillent sur le tabac), y consacrait 8,4 millions d’euros, soit 44 % de moins qu’en 2003. A titre de comparaison, 55 millions d’euros ont été alloués à la lutte contre l’insécurité routière, qui cause 20 fois moins de décès (4 000 contre 73 000) !

    A la Direction générale de la santé, aucun agent du bureau des addictions ne travaille à temps plein sur la problématique du tabac, souligne la Cour des comptes. Quant à l’Institut national de veille sanitaire (INVS), aucun programme spécifique au tabagisme n’y est mené. Résultat : personne n’est capable d’établir les coûts du tabac pour la collectivité.

    Un brouillard général qui fait les affaires des industriels du tabac, ravis de dénoncer la « fabrication d’un chiffre », mais qui coûte cher à l’Etat. Les buralistes se frottent aussi les mains. Entre 2004 et 2011, 2,6 milliards leur ont été versés pour compenser les pertes liées à la baisse de la consommation de tabac. Un bel effet d’aubaine pour les marchands qui non seulement n’ont pas vu les ventes fléchir, mais en plus se sont fait subventionner ! « La hausse des prix du tabac, conjuguée à l’arrêt de la baisse des ventes depuis 2005, s’est cependant traduite par une hausse des rémunérations moyennes des débitants, hors aides publiques, de près de 54 %, de 2002 à 2011, remarquent les magistrats de la Rue Cambon. Aides publiques comprises, la progression a été de 70 %, à comparer à une inflation de l’ordre de 20 % sur la période. »

    Les Français, eux, ont de quoi faire grise mine, dans tous les sens du terme. A la demande de la Cour des comptes, la Caisse nationale d’assurance maladie a estimé que l’ensemble des dépenses de Sécu imputables directement au tabac atteignait au minimum 12 milliards d’euros... Presque autant que ce que rapporte la fiscalité du tabac, si ce n’est plus. C’est ce qui s’appelle du perdant-perdant (à moins d’être un industriel du tabac). Il est donc urgent de remettre un pilote à la barre de la lutte contre le tabagisme, grande oubliée de la dernière décennie.

    S’il a l’allure d’un faire-part de deuil pour notre santé, ce rapport de la Cour des comptes rend en creux un bel hommage à l’efficacité du lobbying des cigarettiers et des buralistes.

    Sondage commandé par la Cour des comptes :
    «Les Français, l'impact du tabac sur la santé et les mesures publiques s'y rapportant»
    (Echantillon de 1004 personnes, de 15 à 60 ans)

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  •   Pourquoi le social-libéralisme est dans l'impasse

    Mardi 4 Décembre 2012

    Par Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot

    Alors que sa base populaire s'est considérablement affaiblie, le nouveau pouvoir reste prisonnier des dogmes néolibéraux qui le conduisent à pratiquer le grand écart entre ses promesses et ses actes, analyse les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, auteur de «L'argent sans foi ni loi. Conversation avec Régis Meyran» (Textuel, 2012).   

    (CHESNOT/SIPA)
                                                     (CHESNOT/SIPA)
    François Hollande n'aurait pu être élu président de la République sans l'apport des voix du Front de gauche, ce qui l'a obligé à des promesses de campagne pour une meilleure répartition des richesses entre le capital et le travail. Mais les promesses, une fois de plus, ne valent que pour ceux qui veulent bien y croire. Après cinq ans d'un «président des riches» qui a comblé les plus fortunés de nombreux cadeaux fiscaux, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault n'a augmenté le taux horaire du Smic, hors inflation, que de 18 centimes d'euros (brut) !     

    (Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot - DR)
    (Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot - DR)            
    Le mépris pour les millions de Français dont les salaires sont au-dessous du revenu médian, qui s'établit à 1 676 € net par mois, ne va pas les inciter à participer davantage à la vie politique. L'abstention a battu des records pour les élections législatives de juin 2012 : 44,6 % des électeurs inscrits ne sont pas allés voter au second tour. C'est le taux le plus élevé pour des élections législatives depuis 1958, date à laquelle il fut de 25,2 %. De 1958 à 1978, l'abstention a régulièrement reculé. Elle n'atteignait que 15,1 % en 1978. Puis elle a augmenté de 1981 à 2012. Cette concomitance avec les élections de deux présidents socialistes démontre que la duperie de la fausse alternative déroute massivement l'électorat notamment populaire.

    Au premier tour de l'élection présidentielle, le candidat François Hollande a recueilli 10 272 705 suffrages, ce qui représente 22,3 % des 46 066 307 inscrits. Le chef de l'Etat était donc minoritaire dans les souhaits des électeurs. Ce que soulignent aujourd'hui les réticences des écologistes, pourtant membres du gouvernement, et le peu d'empressement à le soutenir des élus et militants du Front de gauche. Il y a là une faiblesse de la base sociale susceptible de se mobiliser pour soutenir l'action gouvernementale.

    Un soutien aussi faible du peuple français a ses raisons. On peut faire l'hypothèse du souvenir amer laissé par les années mitterrandiennes : ce fut l'époque où la dérégulation du système financier a triomphé, soutenue par un ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Bérégovoy, qui a laissé de bons souvenirs dans les beaux quartiers. Le pacte budgétaire et sa «règle d'or», dont la remise en cause et la renégociation avaient été imprudemment mises en avant par le candidat Hollande, sont des signes avant-coureurs des renoncements à venir. Les choix budgétaires de la France sont donc désormais sous le contrôle des experts européens. Le président a, très «normalement», envoyé un message politique clair aux marchés financiers. Le nouveau pouvoir socialiste va bel et bien continuer à appliquer les directives du néolibéralisme et mettre en œuvre une politique d'austérité à perpétuité pour les peuples. Cette reprise à son compte du drapeau de la «compétitivité» va se traduire pour les travailleurs par de nouveaux sacrifices pour les seuls bénéfices du capital et de ses actionnaires.    

    Un régime censitaire

    Les manipulations idéologiques et linguistiques ont été reprises par l'Elysée et l'Assemblée nationale, pour continuer à faire croire, dans une inversion totale des valeurs morales et économiques, que le travail coûte trop cher à ces riches et généreux investisseurs qui créent des emplois. Les politiciens du Parti socialiste poursuivent la mise en scène de la défense de l'emploi en France, alors qu'ils savent très bien qu'ils appliquent la politique néolibérale qui a instauré dans les moindres détails du droit français et européen la liberté totale du capital pour délocaliser les emplois ouvriers et de service dans les pays les plus pauvres où la main-d'œuvre est payée au tarif local, celui de la misère.

    Comment croire que les socialistes pourraient mener une politique plus douce à l'égard des travailleurs, alors qu'ils sont formés dans les mêmes grandes écoles que les patrons et les politiciens de droite : ENA, Sciences-Po, HEC et, bien entendu, Harvard ? Coupés du peuple avec le cumul des mandats - sur les 297 députés du groupe socialiste de l'Assemblée nationale, on compte 207 cumulards -, les élus socialistes, dans le souci de faire progresser leur carrière en politique, ont rejoint les intérêts de la classe dominante dont ils sont devenus les alliés objectifs. Tous d'accord pour que, au nom de la «démocratie» et des «droits de l'homme», la vie politique française soit gérée dans un régime, en réalité censitaire, où les élites sociales qui composent l'essentiel des chambres vont promulguer les lois les plus favorables à leurs intérêts et à ceux qu'ils représentent. Comment se fait-il que les ouvriers et les employés, qui sont 52 % de la population active, ne soient présents ni à l'Assemblée nationale ni au Sénat, ou si peu ? Cette absence explique le désintérêt pour la politique que traduit le succès remarquable du parti des abstentionnistes.

    Dans la phase néolibérale d'un système capitaliste financiarisé, hautement spéculatif à l'échelle du monde, il n'y a pas d'accommodement possible comme ce fut le cas pendant les Trente Glorieuses où la croissance et un Etat-providence fort autorisaient la redistribution. L'avenir de la présence de l'homme sur la Terre est menacé. Seule une opposition claire à cette économie destructrice rendra possible la construction et la mise en œuvre d'une société ou l'humain détrônerait à tout jamais l'argent sans foi ni loi.

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  •   Pétrole, nous nous sommes tant aimés 

    (Crédit photo : Eric Johansson)
     
    Dossier - L’or noir aura-t-il droit à un enterrement en grande pompe ou en catimini ? Peu importe, nous ferions bien de commencer à imaginer la vie sans lui. Usé par notre surconsommation, il brûlera ses derniers feux dans quelques mois à peine. Et n’écoutez pas les indécrottables optimistes, il est irremplaçable.
    Lorsqu’en avril dernier, le quotidien Le Parisien lui a demandé si un litre d’essence à 2 euros était « inéluctable », la réponse du patron du groupe pétrolier français Total, Christophe de Margerie, a été on ne peut plus claire : « Cela ne fait aucun doute. La vraie question, c’est quand ? Il faut espérer que cela n’arrive pas trop vite, sinon les conséquences seront dramatiques. » C’est bête, mais une ressource finie finit toujours, un jour ou l’autre, par s’épuiser. A force d’ignorer cette lapalissade, le jour du début du déclin est désormais très proche, et c’est peu dire que nous n’y sommes pas préparés. Si le pédégé de Total se montre aussi catégorique, c’est que l’évidence crève les yeux de qui veut bien se donner la peine de la regarder en face : le pétrole se meurt.

    Il faut quatre Arabie saoudite

    HSBC, l’une des principales banques au monde, prévient que nous aurons consumé tout le brut disponible sur la planète dans moins de cinquante ans. On pourrait se dire : « Parfait, cinquante ans, c’est juste le temps qu’il nous faut pour changer de système. » Sauf que les problèmes vont commencer bien avant que la dernière goutte de pétrole soit extraite du dernier puits. A dire vrai, ces problèmes sont déjà là.

    La production mondiale de pétrole « conventionnel », c’est-à-dire le pétrole liquide classique, a atteint son maximum historique en 2006. Cette production n’augmentera « plus jamais », nous dit l’Agence internationale de l’énergie. C’est grave, docteur ? Oui, très. Le pétrole conventionnel constitue les quatre cinquièmes de la production totale de carburants. L’industrie est à court d’endroits où forer. Depuis un quart de siècle, le pétrole est consommé plus vite qu’il n’est découvert.

    C’est un peu comme si les réserves mondiales de brut étaient un immense arbre fruitier dont on aurait déjà cueilli les fruits mûrs et à portée de main. Ne reste plus qu’à secouer les branches… pour un résultat incertain. D’ici à dix ans, selon la compagnie Shell, il faudrait développer l’équivalent de la production de « quatre Arabie saoudite » (sic), rien que pour compenser le déclin des champs existants ! On est loin, très loin du compte si l’on fait la somme de tous les projets industriels aujourd’hui annoncés. Or il faut compter de sept à dix ans pour lancer la production de tout nouveau champ de pétrole…

    Montagne d’hydrocarbures

    Le pétrole est le sang de l’économie. L’industrie a toujours été capable d’en accroître la production, pour faire face à nos besoins sans cesse croissants. Jusqu’à aujourd’hui. Car nous sommes en train de franchir le pic pétrolier, le peak oil en anglais. Faute de réserves suffisantes encore intactes, la production de carburants va bientôt amorcer son déclin, garrottant de plus en plus les artères de l’économie de la planète.

    Quand devrons-nous commencer à désescalader – de gré ou, plus vraisemblablement, de force – cette immense montagne d’hydrocarbures en haut de laquelle nous avons hissé notre très, très chère société de consommation ? Bientôt. Au plus tard d’ici à un quart de siècle, ce qui est redoutablement proche à l’échelle d’une industrie aussi lourde que l’énergie. Et encore… Un tel délai de grâce ne serait possible – et c’est très loin d’être garanti – qu’à condition de laisser carte blanche aux pétroliers qui plaident pour exploiter sans limites toutes les alternatives au pétrole conventionnel. Des alternatives plus chères bien sûr, mais surtout rares, complexes, et donc plus lentes et difficiles à extraire (et plus polluantes, bien entendu). Leurs noms ? Offshore très profond, pétroles et gaz de schiste, sables bitumineux, pétroles lourds, agrocarburants (très souvent à base d’OGM) ou encore réserves supposées du pôle Nord – dont l’accès se libère grâce à la fonte de la banquise, elle-même induite par notre addiction au pétrole !

    Pourtant, même les pétroliers reconnaissent que vers 2030, rien de tout cela ne pourra suffire : le pétrole deviendra de plus en plus rare, et donc de plus en plus coûteux. Christophe de Margerie a raison : « inéluctable », c’est le bon mot. A un an de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, cet état de fait attise les peurs et occupe les esprits. Et ce n’est pas pour rien que l’une des lignes de fracture fondamentales entre gauche et droite, entre mouvements Occupy Wall Street et Tea Party réside aujourd’hui dans le choix d’extraire ou pas les gaz et pétroles de schiste et les sables bitumineux : ces pétroles non conventionnels désormais vitaux pour l’avenir de l’économie américaine.

    Cataclysme garanti

    D’après un grand nombre d’experts indépendants, c’est bien avant 2020 que le déclin de la production mondiale de carburant liquide pourrait commencer ! Dans un tel cas de figure, le cataclysme économique est garanti, compte tenu de ce que nous ont enseigné les trois chocs pétroliers précédents : ceux de 1973 et de 1979, et celui de 2008. Sauf que l’on parle ici d’un choc d’une tout autre magnitude, d’une tout autre portée historique, dont les causes ne sont plus ni politiques ni économiques, mais telluriques.

    Olivier Rech fait partie de ces experts indépendants dont les diagnostics n’ont pas – ou n’ont plus – à être visés par la direction d’un grand groupe industriel ou d’une institution internationale. Chargé pendant trois ans d’élaborer les scénarios pétroliers de l’Agence internationale de l’énergie, l’homme conseille aujourd’hui d’importants fonds d’investissements pour La Française AM, un prestigieux gestionnaire d’actifs. Le verdict qu’il livre est sans appel : « Pour moi, on aura un déclin de la production sur la période 2015 à 2020. Un déclin pas forcement rapide, d’ailleurs, mais un déclin, ça me semble clair. » Il dit « s’attendre à voir apparaître les premières tensions dès 2013-2015. »

    Avec le changement climatique, le pic pétrolier est l’autre grande « vérité qui dérange ». Cependant, peu à peu, quelques rares personnalités politiques commencent à en parler. « Nous avons atteint (…) le pic de production en matière de pétrole. La production ne peut maintenant que décroître », a lancé en avril 2011 François Fillon, devant des députés à peu près indifférents. Il faut dire que le Premier ministre n’a pas insisté. L’un de ses prédécesseurs à Matignon, le socialiste Michel Rocard, ne cesse désormais de l’annoncer à chacune de ses apparitions dans les médias. « Nous resterons au même niveau de production peut-être pour moins d’une dizaine d’années. (…) Nous arrivons à toute allure dans la période où l’offre de pétrole diminuera vite. Et donc une économie de récession, ça va être terrible », a-t-il encore prévenu sur France Inter, le 9 novembre 2011.

    Anti-atomisme primaire

    Le pic pétrolier pose le problème d’une limite physique et technique, qui en entraînera des nuées d’autres en cascade. D’après Michel Rocard, le nucléaire est la solution qui permettra de faire face au peak oil, « en prolongeant le temps d’une stabilisation, avant d’entrer dans une grande récession mondiale ». Mais cette solution apparaît toute relative, si l’on en croit une étude publiée en 2007 par le département recherche et développement d’EDF, que l’on peut difficilement soupçonner d’anti-atomisme primaire. Selon ce document, même une multiplication par cinq du parc nucléaire mondial au cours du prochain quart de siècle ne suffirait pas à compenser le manque d’énergie que provoquera le déclin des extractions de brut… Le pétrole n’est pas encore mort qu’il nous manque déjà.
     
     Bibliographie

    Le plein s’il vous plaît de Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean (Seuil, 2006)

    La Décroissance : entropie - écologie - économie de Nicholas Georgescu-Roegen (Sang de la terre, 1979)

    Collapse of Complex Societies (en anglais) de Joseph A. Tainter (Cambridge University Press, 1990)

    The Long Emergency (en anglais) de James Howard Kunstler (Grove Press, 2006)

    Dune de Frank Herbert (Robert Laffont, 1972)

    There will be blood de Paul Thomas Anderson (Miramax Films, 2007)

        Le rédacteur :   Matthieu Auzanneau pour terraéco.fr

     

        Mon blog :       http://petrole.blog.lemonde.fr/

      P.S.: peut-être y-a-t-il formation d'un groupe  "Manuel de transition transition" près de chez vous? Renseignez-vous et(ou) lisez le livre de Rob HOPKINS "Villes en transition". Il s'agit d'un mouvement qui se développe et qui cherche des solutions pour l'après pétrole. Voir aussi dans ce blog le compte-rendu du livre à la date du 8 janvier 2012 et des articles sur les villes en transition. (9 janvier:Initiatives en transition; 10 janvier:étapes d'un projet en transition)   Lavieenvert


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  •   Les citoyens au cœur de la politique : un exemple guinéen

    Le projet Porteur d’eau soutenu par France Libertés en Guinée est un bon exemple du rôle que peuvent jouer les citoyens dans la politique locale, et notamment sur la manière dont ils peuvent influencer le débat public et faire changer les choses. Au moment où nous fêtons notre 25e anniversaire et où la déclaration à l’ONU du droit à l’eau pour tous fête, quant à elle, son premier anniversaire, nous avons voulu revenir sur ce projet.

    Notre partenaire, Guinée 44, cherche à soutenir la commune de Kindia dans la gestion d’un service de l’eau et de l’assainissement transparent, participatif et démocratique pour tous, en se focalisant sur plusieurs quartiers insalubres situés à la confluence de trois rivières : Tohku, Wawa et Fissa.

    La première étape du projet mis en place par Guinée 44 consistait à réaliser une cartographie et un diagnostic de la zone du projet. Avant de savoir comment gérer cette ressource, il faut encore la connaître. Au delà des informations, cette partie du projet a permis d’impliquer aussi bien la commune que les habitants et a fourni un outil d’analyse, de débat et d’aide à la prise de décision pour définir les politiques publiques en matière d’eau et d’assainissement.

    Au cours de l’année 2009 de nombreux foyers ont été touchés par les fortes inondations. La commune de Kindia a décidé de mettre en place un dispositif permettant de maîtriser les eaux fluviales et ce phénomène d’inondations récurrentes. Le diagnostic réalisé sur la zone du projet a donc permis d’identifier certaines causes des inondations, notamment, l’encombrement des caniveaux par les ordures ménagères.

    Suite a cela, avec l’aide de Guinée 44 et la motivation de jeunes sans emploi, ni diplôme, des « brigades de salubrité » ont été créées dans un esprit de participation citoyenne. Elles sont désormais chargées de désencombrer les caniveaux et les rivières de la ville et d’évacuer les déchets, afin que l’eau puisse s’écouler plus facilement.


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  •  En pleine croissance, Sifca dope sa présence au Liberia

    Sifca accélère au Liberia. Dans l'hévéa, la filiale locale de Sifca, Cavalla Rubber Corporation (CRC), a ajouté 22 000 hectares de plantations aux 8 000 qu'elle exploitait déjà en leasing. Mais il faut aussi compter 5 000 hectares supplémentaires, qui seront consacrés aux plantations villageoises.

    La concession signée avec le gouvernement libérien sur cinquante ans concerne le comté du Maryland, près de la frontière ivoirienne. CRC s'engage à y construire une usine de caoutchouc et à investir plus de 25 millions d'euros au cours des dix prochaines années. Mais ce n'est pas tout.

    Politique de revitalisation

    Dans la même zone du pays, Sifca a également décroché pour 46 millions d'euros une concession dans le domaine de l'huile de palme. Une autre filiale locale de Sifca, Maryland Oil Palm, récupère ainsi la gestion de l'huilerie et des 8 800 hectares de palmiers auparavant gérés par la société d'État Decoris Oil Palm, mais qui ont été laissés pour l'essentiel à l'abandon.

    Réalisées dans le cadre de la politique de revitalisation des productions agricoles menée par la présidente Ellen Johnson-Sirleaf, ces deux opérations sont un succès pour Sifca. Elles avaient été annoncées depuis de longs mois, mais avaient fait l'objet d'une campagne médiatique défavorable, menée notamment par certains politiques.

    Bilan florissant

    Soutenu depuis plusieurs années par ses actionnaires et partenaires techniques (Michelin pour le caoutchouc, et Wilmar-Olam pour l'huile de palme), Sifca poursuit ainsi sa politique de développement au sein de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), sa zone de prédilection. Déjà solidement implanté au Nigeria, au Ghana et en Côte d'Ivoire, le groupe ivoirien vient par ailleurs d'annoncer une année 2010 de très bonne facture.

    Selon un bilan encore provisoire, son chiffre d'affaires s'est élevé l'année dernière à 430 milliards de F CFA (324 millions d'euros), en hausse de 46 %. Le bénéfice net aurait atteint 50 milliards de F CFA, près de trois fois le niveau de 2009. Une performance due en grande partie à l'explosion des cours du caoutchouc.

    Source: Jeune Afrique


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  • Samedi 15 Décembre 2012

    Magazine Marianne


    C’est bien connu, les amendes de stationnement permettent de renflouer les caisses de l’Etat. Mais en sous-sols, les groupes privés empochent le pactole, comme le révèle une enquête à lire cette semaine dans « Marianne ».


    BEBERT BRUNO/SIPA
    BEBERT BRUNO/SIPA
    En France, difficile pour les automobilistes de ne pas se retrouver pris dans un piège infernal. Poussés vers des parkings hors de prix par la menace d’une contredanse corsée – elle est passée depuis un an de 11 à 17 €, après quinze ans de stabilité – et distribuée avec toujours plus de célérité, ils sont invités à se réfugier en sous-sol, dans les parcs de stationnements souterrains.

    Dans un cas comme dans l’autre, deux grands gagnants : l’Etat et les opérateurs privés du stationnement, comme Vinci, Q-Park ou Eiffage, qui empochent des sommes gigantesques sans qu’il vienne à aucun député ni à aucun lobby de la voiture l’idée de protester, comme le révèle Marianne dans le numéro 817, en kiosque ce samedi.

    Il aura fallu fouiller et fouiller encore pour que Marianne parvienne à mettre la main sur ce que représente cette manne financière qu'est le stationnement automobile. C’est un rapport du Comité des finances locales qui nous l’indique. Résultat : sur les 1,5 milliards d’euros d’amendes dressées aux conducteurs, pas moins de 640 millions d’euros, issus d’une vingtaine de millions de PV, majorations comprises, l’ont été au titre du stationnement. Grâce à ces PV distribués à tour de bras, c’est presque 1,5 milliard d’euros qui ont été récoltés en 2011, dont seulement 575 millions dus aux radars.

    En 2009, ce sont très précisément 25 924 719 procès-verbaux qui ont été dressés par l’ensemble des forces de police, en hausse de 3,46 % sur un an. Le document entre dans un niveau de détail rarement publié. Une grosse moitié des PV ont été établis par les polices municipales. Cette année-là, les fonctionnaires territoriaux ont dégainé davantage leurs carnets à souches (+ 10 % sur un an), avec une mention spéciale à la Haute-Marne, où la hausse culmine à 126 %... Quant à la dizaine de millions de PV imputables à la police nationale, ils l’ont été essentiellement en Ile-de-France.

    Pour échapper au carrousel de voitures cherchant une place de plus en plus rare et aux douloureux papillons verts, les automobilistes n’ont d’autre choix que de se réfugier sous terre. Ça tombe bien : partout, les parcs de stationnement leur ouvrent grandes leurs portes, comme le montre l’enquête de Marianne qui met en lumière l’absolue domination des géants de la délégation de service public que sont Vinci et Q-Park, à qui les villes confient le plus souvent ces infrastructures (55 % du marché à eux deux), quand eux-mêmes n’en sont pas directement propriétaires.

    Difficile par exemple d’échapper à Vinci et ses 470 000 places dans l’Hexagone. De Périgueux, où les vingt-quatre heures coûtent 5,20 € dans le parking Francheville, à Paris, où le même temps revient à 36,30 € à Saint-Germain-des-Prés, le géant de la concession est partout.

    Echapper à l’emprise de Vinci et de Q-Park est néanmoins possible. Pour le bien des communes comme pour celui des administrés. La méthode s’appelle le « retour en régie municipale ». Menée avec succès depuis de nombreuses années dans le domaine de l’eau, des transports et des déchets par de nombreux conseils municipaux, elle commence à faire ses preuves dans la gestion des parkings à Grasse, à Bastia, à Arles, à Annecy...
    • Retrouvez l'enquête de Jean-Claude Jaillette et Emmanuel Lévy dans le numéro 817 du magazine Marianne, en kiosque du 15 au 21 décembre 2012.

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  •  COSTA RICA : Ananas, un fruit exotique mais pas éthique 

      Allez sur le site de Peuples Solidaires pour signer une pétition et vous informer plus avant.

     « Production efficace, harmonie avec l’environnement et politique d’emploi en soutien aux travailleurs » : tels sont les piliers de la « philosophie » affichée par le Groupe Acón. Mais ceci ne semble être qu’une image de façade : selon notre partenaire, le SITRAP, il s’agit là de l’une des entreprises les plus virulentes au Costa Rica en matière de répression syndicale. Pablo López peut en témoigner.Depuis un licenciement abusif en juillet 2010, il ne peut plus trouver d’emploi, victime de la pratique dite de la « liste noire ». Devant l’extrême précarité de sa situation, le SITRAP en appelle à la solidarité internationale afin de demander au Groupe Acón de réintégrer ce travailleur et de cesser ses pratiques antisyndicales.

    Le Costa Rica est le premier exportateur d’ananas au monde. Il fournit 75% des ananas d’exportation, depuis qu’est arrivé sur le marché l’ananas « Gold Extra Sweet », qui a les faveurs des pays consommateurs.

      La main d’œuvre migrante : le secret du marché de l’ananas

    Le secteur de l’ananas au Costa Rica emploie environ 75% de personnes migrantes, en majorité des hommes célibataires originaires du Nicaragua. Cela permet d’avoir accès à une main d’œuvre bon marché et flexible. Souvent sans papiers, sans permis de travail ou titre de séjour, les migrant-e-s sont de fait dans une situation vulnérable. A la moindre activité syndicale, on peut les licencier.

    Piña Fruit est une plantation qui appartient au Groupe Acón, entreprise de capital costaricain présente dans la Province de Limón et connue pour être la plus grande entreprise de production d’ananas du pays. Elle approvisionne notamment Wal-Mart et Tesco, deux géants de la grande distribution. Pablo, nicaraguayen d’origine arrivé au Costa Rica en 1992, commence à y travailler le 27 septembre 2004. Le 2 juin 2006, il y créé avec un petit groupe une section syndicale du SITRAP. Au fil des ans, il devient un représentant syndical reconnu. Il suit de nombreux cas : persécution syndicale, licenciements abusifs et baisses de salaire n’ont plus de secret pour lui. Il participe à plusieurs réunions de négociation avec Grupo Acón, le Ministère du travail, ou encore avec Tesco, en tant que membre du Comité syndical de base de la plantation de Piña Fruit. Particulièrement sensible à la protection des droits des migrant-e-s, il lui a même fallu parfois intervenir contre la police de la migration qui mène des opérations dans la plantation visant à intimider les migrant-e-s syndiqué-e-s.

    Intimidation, licenciement, précarisation

    Cette forte activité syndicale ne plait évidemment pas à la direction du Groupe Acón. Entre 2006 et 2010, Pablo est victime d’intimidations en tous genres. Afin de le pousser à démissionner ou à renoncer à ses activités syndicales, il connait plusieurs baisses de salaires. Il est également muté à un poste moins rémunéré sans être consulté. A plusieurs reprises, on lui impose de changer ses horaires et de travailler la nuit ou pendant les jours de repos, et ce sans compensation. Stigmatisé, menacé et poussé vers la sortie, Pablo est mis à rude épreuve sur le plan psychologique et professionnel. Quand il a voulu se présenter aux élections du Comité permanent de la plantation, et devant son succès prévisible, l’entreprise empêche illégalement son élection.


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