•   Amazon, les dessous d'une horreur économique

    Samedi 8 Juin 2013     Vladimir de Gmeline - Marianne

    Le géant du commerce culturel en ligne n'en finit plus de progresser, balayant sur son passage les libraires. Accusé d'irrégularités fiscales, il est aussi mis en cause sur son volet social. Dans une enquête choc, "En Amazonie", le journaliste Jean-Baptiste Malet décrit les conditions de travail souvent très dures au sein de la firme. On réfléchira désormais avant de cliquer.


    FAYOLLE PASCAL/SIPA
        FAYOLLE PASCAL/SIPA
    Si vous avez aimé et acheté l'Horreur économique, de Viviane Forrester, il est probable que vous aimerez et achèterez Capitalisme, désir et servitude, de Frédéric Lordon. Selon la critique mise en ligne sur amazon.fr, dans le premier de ces essais, «dénonçant le culte de la rentabilité et la tyrannie du profit, l'auteur prend l'exact contre-pied de l'idéologie libérale qui prétend subordonner toute décision politique aux seuls impératifs de l'économie». Dans le second, on s'interroge sur la manière dont le patronat cherche à enrôler ses employés pour en faire des «salariés contents, qui désireraient conformément à son désir à lui». Tiens, tiens, intéressant tout ça...

    Imaginons ainsi Adrien, ou Christophe, père de famille concerné et engagé, séduit par cette description, qui explore aussi les «notions d'aliénation, d'exploitation et de domination que le capitalisme voudrait dissoudre dans les consentements du salariat joyeux». Adrien/Christophe commande en quelques clics sur le site d'Amazon et s'en va faire son marché bio. Ce dont il n'a pas forcément conscience, c'est qu'il vient d'enclencher un processus qui produit et exploite précisément ce que décrivent les deux livres qu'il s'apprête à lire : la rentabilité à tout prix et le consentement forcé des salariés afin d'en tirer toujours plus. La devise d'Amazon ? «Work hard. Have fun. Make history.» Dans des entrepôts gigantesques, des armées d'intérimaires travaillent ainsi jour et nuit à la satisfaction des clients, surcaféinés, le dos en compote et suivis à la trace par des leads contrôlant par ordinateur leur degré d'efficacité et de rentabilité, avec, peut-être, un jour, l'espoir d'accéder au Graal, la récompense suprême : le CDI.

    Un récit glaçant

    Cette course à la satisfaction du désir d'un client toujours plus exigeant, Jean-Baptiste Malet la raconte dans une enquête intitulée En Amazonie, infiltré dans le «meilleur des mondes», parue chez Fayard.

    Comme Amazon refuse d'ouvrir ses portes à la presse, ce jeune journaliste de 26 ans s'est fait embaucher sur le site de Montélimar, rejoignant les 1 200 intérimaires recrutés pour faire face à l'afflux des demandes précédant les fêtes de fin d'année. Un récit glaçant, tout en gris, qui raconte ces vies en suspens, l'émergence d'un Lumpenproletariat des services, d'autant plus impressionnant et dérangeant qu'il pointe nos propres contradictions, comme l'avaient fait les révélations sur les conditions de fabrication de l'iPhone à Foxconn, principal sous-traitant d'Apple en Chine, où l'on met des filets sous les fenêtres pour prévenir les suicides.

    Au départ, tout n'était pas gagné pour Amazon. Créée en 1995 par Jeff Bezos, qui regrettait d'avoir raté l'âge d'or des débuts d'Internet, l'entreprise est introduite en Bourse en 1997, mais elle tarde à réaliser des profits. Dès le départ, le site, qui se veut «la plus grande librairie du monde», se heurte à l'hostilité des libraires, comme Barnes & Noble qui le poursuit en justice en estimant qu'il n'est qu'un «revendeur de livres», et des géants de la grande distribution, comme Wal-Mart qui lui reproche d'avoir volé des secrets commerciaux en embauchant certains de ses anciens cadres. Les deux affaires seront réglées à l'amiable. Partant de là, Amazon va progresser inexorablement, concurrençant aussi bien les librairies de quartier que les enseignes spécialisées dans les produits culturels comme la Fnac et Virgin, ébranlées par les coups de boutoir d'un site qui pratique aussi bien systématiquement les 5 % de remise légale (limitée en France par la loi Lang, sur le prix unique du livre) que la gratuité du port et des remises de bienvenue.

    Des conditions de vente qui vont faire l'objet d'une retentissante bataille judiciaire dès 2004, opposant Amazon au Syndicat de la librairie française (SLF), qui l'assigne pour violation des dispositions de la loi Lang, vente à perte, concurrence déloyale et dommage causé à la profession de libraire indépendant. Amazon est condamné en 2007, bombarde ses clients de mails pour défendre la gratuité du port et bénéficie en 2008 d'un arrêt de la Cour de cassation dans une autre affaire qui la rend désormais possible. Une page est tournée, le pire est à venir.

    Aujourd'hui, alors que les fermetures s'accélèrent, que les magasins Virgin Megastore ferment leurs portes et que, ironie de l'histoire, Amazon va s'installer à Clichy dans un immeuble qui abritait auparavant les bureaux de la Fnac, le cybermarchand affiche des taux de croissance insolents, investit et recrute sans relâche. Alors que, en 2002, la part de marché des ventes de livres par Internet était de 2,2 %, elle était en 2010 de 13,1 %, et Amazon vend aujourd'hui plus de 8 % des livres en France. Les chiffres d'affaires sont faramineux, et le fisc britannique comme le français s'intéressent maintenant de très près à l'entreprise : ainsi le site n'aurait-il payé que 3,7 millions d'euros d'impôts au Royaume-Uni en 2012, pour un chiffre d'affaires de 4,9 milliards. Et, en France, il se serait acquitté de 3,9 millions d'euros d'impôts, pour un chiffre d'affaires déclaré de 110 millions d'euros en 2011. Cependant, Amazon a reconnu que ce dernier était en réalité de 889 millions d'euros. Grâce à un savant montage, la plupart des stocks et des employés se trouvent aujourd'hui dans l'Hexagone, mais les bénéfices, eux, sont au Luxembourg. L'administration fiscale française réclame donc à Amazon, pour ses exercices de 2006 à 2010, 198 millions d'euros d'arriérés d'impôts, d'intérêts et de pénalités liés à la déclaration à l'étranger du chiffre d'affaires réalisé en France.

    "Eclatez-vous bien !"

    Outre ces volets économiques et financiers, c'est aussi dans le domaine social qu'Amazon se distingue, et pas vraiment à son avantage. En Angleterre et en Allemagne, plusieurs enquêtes ont dévoilé les conditions de travail imposées notamment aux travailleurs temporaires à l'approche de Noël. Et, comme les visites de l'entreprise ne sont pas autorisées aux journalistes et que ses employés refusent de s'exprimer, Jean-Baptiste Malet s'est porté candidat, seul moyen de découvrir ce qu'il se passe exactement de l'autre côté de l'écran.

    Il est devenu picker, c'est-à-dire chargé de récupérer dans leurs bins («cellules») les milliers de produits culturels (disques, livres, DVD...) qui seront ensuite emballés par les packers. En équipe de nuit, de 21 h 30 à 4 h 50, il expérimente le décalage et la fatigue, les 20 km par jour dans un entrepôt grand «comme cinq terrains de football», sous le contrôle permanent des leads.


    Chez Amazon, les termes anglais et le tutoiement sont de rigueur, les applaudissements avant de commencer le travail aussi, à grand renfort d'«éclatez-vous bien», car, à Amazon, on «s'éclate». Il y a aussi le screening, une sorte de check-point par lequel il faut passer lors des deux pauses de vingt minutes accordées aux employés (l'une à la charge de l'entreprise, l'autre, de l'employé), destiné à s'assurer qu'il n'y a pas de vol. Il y a encore les messages d'alerte s'affichant sur le scan du picker quand son rythme ne satisfait pas l'un de ses supérieurs. Et pour compenser ce work hard, il y a le fun, avec jeux concours organisés durant les temps de pause («A quoi sert l'origami dans "Prison break" ?», «D'où vient le problème à la jambe du Dr House ?») qui permettent de gagner DVD et téléviseurs.

    Et alors, pourrait-on dire ? N'est-ce pas partout la triste réalité de la grande distribution dans son ensemble ? Le monde du travail n'est-il pas par nature impitoyable, toujours plus dur et plus désincarné, faisant miroiter à des mères célibataires en situation de précarité, à des jeunes sans diplôme et à des chômeurs de longue durée la possibilité d'avoir un jour un véritable emploi ? En partie seulement, car Amazon va plus loin, adoptant notamment des règles de confidentialité draconiennes qui vont bien au-delà de la simple protection du secret industriel, et contreviennent de manière flagrante au droit du travail. Ainsi de l'annexe 7 du règlement intérieur, intitulée «Politique relative aux relations avec le public», qui proscrit toute déclaration aux médias, impose l'anonymat (interdiction de divulguer au public ou à la presse le nom d'une personne travaillant à Amazon !), restreint et même proscrit toute possibilité de s'exprimer en public sans l'accord écrit de la hiérarchie, sous peine de sanction pouvant aller jusqu'au licenciement. Une politique d'intimidation qui donne une seule envie : celle de s'indigner. Une anecdote suffirait d'ailleurs à souligner le comble du cynisme marchand de la firme. Ainsi le site de recrutement d'Amazon s'enthousiasme : «En 2011, l'ensemble des livres Indignez-vous ! expédiés par le site de Montélimar aurait atteint le sommet de la tour Eiffel si on les avait empilés les uns sur les autres.» Comme le disait Alphonse Allais - lui aussi en vente sur amazon.fr bien sûr : «Une fois qu'on a passé les bornes, il n'y a plus de limites.»

    En Amazonie, infiltré dans le «meilleur des mondes», de Jean-Baptiste Malet, Fayard, 155 p., 15 €.

    "RIEN N'EST JAMAIS INÉLUCTABLE"


    Fondateur de The New Press, l'éditeur franco-américain André Schiffrin, auteur de "l'Argent et les mots" (2010), revient sur l'avancée apparemment irrépressible du géant Amazon. Propos recueillis par Aude Lancelin

    Marianne : Vous êtes notamment célèbre pour avoir dénoncé la destruction de la chaîne du livre par les conglomérats mondialisés dans un livre retentissant : l'Edition sans éditeurs (La Fabrique), en 1999. Comment évaluez-vous la nouvelle menace que fait peser Amazon sur ce même marché depuis quelques années ?


    André Schiffrin : Amazon se réclame désormais ouvertement d'une politique d'élimination des libraires. Ce ne sont pas des menaces en l'air. Aux Etats-Unis, les gens d'Amazon y sont parvenus. Après les indépendants, même les chaînes ferment maintenant. Ils commencent également à agir comme des éditeurs. Ils commandent des livres à des auteurs connus. En France, fort heureusement, vous avez encore la loi Lang sur le prix unique. Mais, aux Etats-Unis, les rabais peuvent aller jusqu'à 40 %, l'effet de souffle a été ravageur. Il y avait 333 libraires à New York lorsque j'étais jeune, il n'y en a plus qu'une trentaine aujourd'hui.

    Pensez-vous que les appels au boycott d'Amazon, venus d'Angleterre notamment, peuvent avoir une quelconque efficacité ? D'où voyez-vous venir une alternative possible à une telle hégémonie ?

    A.S. : Toute action est utile. Rien n'est jamais inéluctable. C'est justement la stratégie d'Amazon de vouloir donner le sentiment que l'évolution technologique rend la chose fatale. Les seules mesures qui soient cependant assurées d'une efficacité totale sont celles que les gouvernements décideront d'engager contre un tel monopole. L'Europe devrait s'engager fermement dans ce combat. Qu'Amazon puisse ne pas payer d'impôts en s'installant au Luxembourg est proprement insupportable.

    Certains pensent que le système de distribution physique du livre cédera, de toute façon, un jour la place aux e-books, plus rapides d'accès et moins coûteux. Est-ce votre sentiment, croyez-vous à une disparition du papier à un horizon de dix ou vingt ans ?

    A.S. : Il y a trop de variables, il est trop tôt pour spéculer. Au stade où nous en sommes, la vente des e-books fonctionne exclusivement pour un certain type de livres : les best-sellers. Dans une librairie, on peut feuilleter, découvrir, le geste n'est pas du tout le même.

    En France, ces dernières années, de nombreux succès sont pourtant venus d'éditeurs indépendants et de petites maisons - on peut notamment songer à Actes Sud ou aux Arènes et à leur revue XXI. Y voyez-vous un signe encourageant par rapport à votre sombre pronostic ?

    A.S. : Il est très sain que ce genre de maisons indépendantes existe encore. J'admire beaucoup ce que font Les Arènes, qui ont depuis l'origine connu de grands succès. Mais la question est de savoir si de telles réussites pourront exister encore demain si nous n'agissons pas décisivement aujourd'hui.
    Propos recueillis par Aude Lancelin

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  •   Suite à la campagne de presse internationale lancée par le WWF pour alerter sur les risques d'exploitation pétrolière au cœur du plus ancien parc national d'Afrique, le comité du patrimoine mondial de l'Unesco a demandé l'annulation des permis déjà donnés aux compagnies. (21/06/2003)

     L'Unesco demande l'annulation des permis pétroliers dans le parc Virungaparc Virunga  WWF © Martin Harvey

    A l’occasion de sa 37ème réunion, qui se tient du 16 au 27 juin, au Cambodge, le Comité du patrimoine mondial a tenu a rappelé sa profonde préoccupation concernant le déclassement potentiel du parc et la possible modification des lois de la république démocratique du Congo (RDC) afin de permettre aux concessions pétrolières, couvrant 85 % du parc des Virunga, d’être exploitées. Certains des permis visés par cette demande sont détenus par la société britannique Soco International OPLC mais aussi par Total (voir Le plus ancien parc d’Afrique menacé par l’exploitation pétrolière ?) .

    « Le Comité du patrimoine mondial a clairement rappelé que les sites du patrimoine mondial sont des « No go zone » pour les activités extractives », s’est réjoui Christof Schenck, PDG du Frankfurt Zoological Society.

    Situé à l'est du pays, ce parc de 790 000 hectares, le plus ancien parc national d’Afrique et l’un des plus anciens du monde, bénéficie d’un éco-système exceptionnel qui explique son inscription au patrimoine mondial par l’UNESCO dès 1979 (voir la fiche sur l’état de conservation du parc en 2013 http://whc.unesco.org/fr/soc/1858). Depuis un an, le WWF a fait de la défense l’une de ses grandes causes internationales et multiplie les interventions sur le sujet. « La conservation de ce parc est un enjeu mondial, il apporte aussi des moyens de subsistance essentiels aux communautés locales », estime ainsi René Ngongo, responsable politique minières et extractives au WWF RDC

    C’est dans ce cadre que la branche française de la fondation avait posé une question écrite à Total lors de son Assemblée générale en mai 2013. Son PDG, Christophe de Margerie, s’était alors formellement engagé à « respecter les limites actuelles (du parc) au cas où celles-ci seraient réduites ». Un engagement salué par le WWF qui déplore tout de même que le groupe français continue ses activités en périphérie du parc. Quant à la compagnie Soco, « elle n’a à ce jour pris aucun engagement de respecter l’intégrité du parc », souligne le WWF France.

    Mais le Comité du patrimoine mondial a aussi pointé du doigt la responsabilité des Etats parties à la Convention concernant la protection du patrimoine mondial -culturel et naturel- en exhortant les gouvernements « à faire tout leur possible pour s'assurer que les sociétés minières ou pétrolières établies sur leurs territoires ne portent pas atteintes aux biens du patrimoine mondial".

      Béatrice Héraud
    © 2013 Novethic - Tous droits réservés


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  •    11/06/2013 à 11h04

    « Aux armes citoyennes, sortez vos beaux nichons, et allaitons ! »

    Gabrielle Girot | Etudiante (Rue 89,  Nouvel Obs)
      
    Tribune

    La première fois que je l’ai fait, j’avais 25 ans et c’était avec une fille. Ce fut un moment de plaisir mêlé d’angoisse, comme l’aboutissement d’un moment de ma vie et le début d’un autre, inconnu et plein de promesses. J’avais peur de na pas savoir m’y prendre, d’avoir mal. Mais ce fut à la fois charnel, sensuel et fusionnel, tout en étant pragmatique et vital.

    C’était le début d’une grande aventure, car ensuite je l’ai fait partout et tout le temps ! Je l’ai fait couchée, assise, debout. Je l’ai fait le jour et la nuit. Bien sûr, je l’ai fait au lit, mais aussi sur le canapé, sur une chaise...

    Le plus souvent, je l’ai fait chez moi, mais parfois je l’ai aussi fait chez ma mère, chez ma sœur, chez mon frère et même chez des amis. Il m’est arrivé de le faire dans le cabinet de mon dentiste ou au restaurant. Je dois l’avouer, je l’ai aussi fait dans la rue ou dans la voiture, le train et même dans l’avion. Je l’ai fait en vacances à Rome et à Paris, sur une plage de Normandie et dans les champs de l’Aveyron.

    Pourquoi louper la moitié de la fête ?

    Making of

    Le mois dernier, une cliente d’un magasin Celio de Montpellier qui allaitait sa fille s’est vu intimer l’ordre de se cacher dans une cabine ou de sortir de la boutique. Choquées, plusieurs femmes ont ouvert une page Facebook, « Têter où je veux quand je veux ». Une riveraine, Gabrielle Girot, étudiante en dernière année à l’Ecole normale supérieure de Lyon et mère depuis quatre mois, nous a envoyé ce texte.

    M.D.

    Oui, j’ai allaité ma fille dans tous ces endroits. Car quand elle a faim, ma réponse est de lui donner le sein. Certaines de mes amies dégainent bien leur biberon. Alors, moi, je dégrafe mon corsage pour donner la gougoutte à ma fille. Mais à l’inverse de la chanson de Brassens, tous les gars du village ne sont pas là !

    Parce qu’allaiter en public n’est ni sexuel ni obscène, et vraiment pas exhibitionniste. Parce qu’allaiter en public n’est pas un « attentat à la pudeur » – terme juridique qui n’existe plus depuis 1994.

    Parce que mon sein vaut autant que celui de Madonna ou de Lady Gaga, et n’allez pas me dire qu’on en voit moins chez elles que chez moi ! Parce qu’allaiter est sain et naturel, il faut pouvoir le faire partout et tout le temps.

    Non, on ne peut pas demander aux mères de se cacher – pourquoi devraient-elles transmettre à leur enfant que manger est quelque chose de tabou ? Ni de cacher leur enfant sous un châle – avez-vous déjà vu une vache ou une chatte se cacher sous un drap pour allaiter ? Ni de s’isoler dans un coin – pourquoi devrions-nous louper la moitié de la conversation ou de la fête ?

    Je ne cacherai pas ce sein...

    Détail de « La Liberté guidant le peuple », d’Eugène Delacroix (Olivier Bacquet/Flickr/CC)

    Je me souviens de mon amie Laëtitia, dont le beau-frère ne voulait pas qu’elle allaite en sa présence. Je me souviens de mon amie Justine, qui n’a pas voulu allaiter parce que c’est compliqué, surtout à l’extérieur.

    Je me souviens de cette maman qui a été expulsée d’un magasin. Je me souviens de cette maman qui, après avoir essuyé des remarques désagréables, a peu à peu arrêté d’allaiter son enfant.

    Alors oui, il faut défendre l’allaitement comme un choix et un droit pour chaque enfant et chaque mère face à la pression sociale du qu’en-dira-t-on, du glamour, des préjugés ou encore de la pudeur mal placée ! Ce n’est pas aux enfants de changer leur comportement sain, naturel et millénaire, c’est à la société de changer son regard, et non, je ne cacherai pas ce sein que vous ne sauriez voir.

    Et plus vous en verrez, plus vous trouverez cela normal ; alors...

    Aux armes citoyennes !

    Sortez vos beaux nichons !

    Allaitons, allaitons,

    Qu’un lait bien bon,

    Abreuve not’ belle nation !


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  •   A Perpignan, l'énergie solaire contre la précarité énergétique

    Des entreprises perpignanaises s'apprêtent à redistribuer gratuitement le surplus d'électricité non-consommée aux familles les plus démunies.

    Voilà une initiative qui associe défense de l'environnement et lutte contre l'exclusion! A Perpignan, des entreprises vont s'équiper de toits solaires pour consommer leur propre énergie et redistribuer le surplus aux plus démunis.

    Ce projet répond à une forte demande. En effet, la précarité énergétique touche de plus en plus de Français. Huit millions d'entre eux consacrent aujourd'hui plus de 10% de leur budget à payer leurs factures d'électricité, selon le Médiateur de l'énergie.

    Energie renouvelable et solidarité

    L'installation de panneaux solaires combine deux objectifs: indépendance énergétique et solidarité.

    L'entreprise Tecsol, spécialisée dans l'énergie solaire, est à l'origine du projet. Selon son directeur André Joffre, la société installera en 2013 des tuiles photovoltaïques sur les toits des entreprises du Pôle économique Saint-Charles (PESC). Elles pourront ainsi utiliser leur propre électricité.

    "Consommer l'énergie produite n'est pas la seule innovation que nous mettons en place, révèle-t-il. Nous savons que les week-ends, les panneaux solaires produiront de l'énergie non-utilisée qui repartira alors dans le réseau d'ERDF. Nous avons donc imaginé le concept du Solaire Solidaire. Nous allons calculer la proportion d'énergie réinjectée dans le réseau et donner celle-ci aux familles en situation de détresse sous forme de bons à travers diverses organisations caritatives", poursuit le directeur avant d'ajouter: "Cela pourrait représenter une économie de 100 euros par an, une somme précieuse pour les ménages, mais moindre pour les entreprises du Pôle."

    Les Restos du Coeur de Perpignan discutent d'un partenariat avec le projet de Tecsol. "Nous soutenons ce projet qui nous permettrait d'offrir des bons aux familles les plus démunies que nous suivons. Elles pourraient ainsi réduire leur facture énergétique", assure Régine Tixador, présidente des Restos à Perpignan.

    Une mesure économique avantageuse pour les entreprises

    Au lieu de revendre à EDF ou à d'autres opérateurs l'électricité produite par les panneaux solaires, l'énergie sera consommée par les entreprises équipées. 40.000 m2 de surface devrait être recouverte.

    "Le tarif d'achat de l'électricité photovoltaïque d'EDF a diminué ces dernières années. Il est de plus en plus difficile d'être rentable, alors autant consommer ce que l'on produit pour amortir l'investissement dans les panneaux solaires", explique André Joffre. Le prix du kilowattheure du photovolatïque est descendu à 17,5 centimes.

    La précarité énergétique n'inquiète pas seulement les particuliers ou les entrepreneurs. Payer sa facture énergétique constitue le premier motif des demandes d’aides recensées par les Centres communaux d'action sociale, selon le rapport publié en 2012.

    Le président de la République François Hollande s'est engagé à résoudre cette problématique en proposant notamment la création d'une tarification progressive de l'électricité et du gaz, dont le projet de loi devrait être adopté fin octobre 2012.

    Crédit photo: Fotopedia/Pink Dispatcher 

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  • Du nouveau sur La Fabrique hexagonale…  (Allez sur le site de la Fabrique hexagonale)
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    Les zabutons made in France de Madame Mo
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/les-zabutons-made-in-france-de-madame-mo/

    L'été arrive (si si...) et avec lui le temps de profiter de la vie en plein
    air. Pour agrémenter son salon de jardin, ou simplement s'installer n'importe
    où confortablement, Madame Mo propose une gamme de zabutons. Ces traditionnels
    coussins carrés venus d'Extrême-Orient sont utilisés quotidiennement pour
    s'asseoir à table ou pour lire. Chez Madame Mo, [...]

    30 à 40 % de remise chez Marie Puce sur tout lemade in France, et le reste
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/30-a-40-de-remise-chez-marie-puce-sur-tout-lemade-in-france-et-le-reste/

    Comme chaque année, Marie Puce organise ses ventes privées pour permettre à
    ses fidèles clients de faire de bonnes affaires avant la cohue des soldes
    officiels. Dès le jeudi 20 juin, la marque parisienne de prêt-à-porter pour
    enfant et jeune femme propose ainsi de 30 à 40 % de réduction sur toute la
    collection, hors « accessoires, maillots [...]

    Vide Dressing, pour acheter en ligne des produits d'occasion de qualité
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/vide-dressing-pour-acheter-en-ligne-des-produits-doccasion-de-qualite/

    Notre époque est à la consommation à outrance, mais la crise qui s'éternise
    fait changer les comportements. Ainsi peut-on observer la montée en puissance
    du commerce de produits d'occasion. Exemple : Vide Dressing, qui vend en ligne
    vêtements, chaussures et accessoires pour toute la famille.

    Devialet lance deux nouveaux modèles et se démocratise
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/devialet-lance-deux-nouveaux-appareils-et-se-democratise/

    « Un jour, tout le monde aura un Devialet ». C'est avec cette affirmation
    que le site Internet de l'entreprise française accueille les visiteurs. Avec le
    D-Premier — aujourd'hui remplacé par le 240 — à 13 000 euros, ce
    n'était pas gagné ! Un tel modèle ne s'adresse en effet qu'à une clientèle
    de passionnés fortunés. A 6 990 euros, le [...]

    L'Edito : une belle idée histoire qui s'achève
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/ledito-une-belle-idee-histoire-qui-sacheve/

    « Après des années passées à lancer un nouveau concept, nous devons
    constater que le marché n'a pas répondu à nos attentes. Le développement de
    notre activité ne permet pas d'envisager de trouver les fonds nécessaires à
    la poursuite des investissements. »

    C'est en ces termes que la société L'Edito annonce sur son site Internet la
    fin de [...]

    Voici les quelques informations parues sur La Fabrique hexagonale au cours de la
    semaine passée
    Bonne lecture,
        La Fabrique hexagonale
                     contact@lafabriquehexagonale.fr


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  •   L'information, un droit en voie de disparition

    Rédigé par Elie Arié le Jeudi 20 Juin 2013

    Rappelons d’abord que les hebdos et journaux, qui sont des entreprises à but lucratif, écrivent ce qui se vend le mieux : s’ils faisaient leur « Une » sur l' « Analyse détaillée de la loi de financement de la Sécurité Sociale » , qui a beaucoup plus d’importance pour notre avenir que telle ou telle phrase mal tournée lancée à chaud par un ministre, telle turpitude sexuelle d’un autre, telle fraude fiscale d’un troisième, croyez-vous qu’ils vendraient autant d’exemplaires? N’avons-nous pas la presse que nous méritons, ne faisons-nous pas nous-mêmes (en tant qu’acheteurs) notre propre presse, ses « unes » et ses sujets de prédilection?

    Il en va de même pour les journaux télévisés, (principale source d'information des Français) , qui consacrent davantage de temps aux catastrophes naturelles et aux faits divers qu'aux grandes problématiques politiques, économiques et sociales.

    Mais je voudrais attirer l’attention sur un autre phénomène.

    Le buzz sur tout ce qui est superficiel et accessoire est inévitablement lié à l'accélération du rythme de l'information allant de pair avec sa brièveté : Internet, sites Internet des journaux qui doivent se renouveler en partie plusieurs fois par jour, réseaux sociaux, blogueurs condamnés à écrire tous les jours une chronique (ou plusieurs) - ne dépassant pas les 5 000 signes, car l’expérience prouve que, sur Internet, ce qui est trop long n’est pas lu.

    Le flux continu d’informations dont nous sommes bombardés en permanence ( Internet, radios, télévisions) ne nous laisse pas le temps de la réflexion ; un summum est atteint par les chaînes de télévision d’infos en continu, qui nous fournissent simultanément

    • une info-image et son,
    • et une bande écrite défilante d’informations sans aucun rapport avec celles que nous voyons et écoutons :
    comme si leur vrai objectif était que notre esprit, consacrant toutes ses facultés à capter en même temps deux informations totalement différentes, ne puisse plus disposer d’ aucune capacité résiduelle pour réfléchir sur au moins l’une d’entre elles.

    Certes, il est plus important de lire les lois de finances de la Sécurité sociale, et, surtout, les analyses qui seraient faites de leurs conséquences (plusieurs, car elles traitent de beaucoup de choses très différentes) qui devraient être nécessairement longues et ardues, plutôt que de faire une montagne d'une phrase trop approximative de Hollande et sans lendemain. Mais comment traiter de tels sujets si on veut qu'ils soient repris par les 140 signes d'un tweet ?

    La superficialité du débat politique et des articles de la presse Internet n'est que la conséquence du rythme très rapide et très court qui s'imposent à eux.

    Comment rester informé sur ce qui est important ? En continuant à lire une certaine presse papier, qu'on soit d'accord avec elle ou pas, mais qui sait parfois combiner profondeur et diversité d’opinions, et à laquelle le temps et la longueur sont moins comptés, ce qui permet à la réflexion de remplacer la simple ingestion de faits à l'état brut, passive, automatique et même inconsciente, comme celle du popcorn dans certaines salles de cinéma trop américanisées.

    Mais quand cette presse aura disparu (car elle en prend le chemin), la surinformation produira pleinement son effet (volontaire ou inévitable, peu importe), qui est la désinformation; et le réflexe conditionné (« je suis pour Sarkozy- ou Hollande », « je suis contre Sarkozy –ou Hollande » ) aura remplacé la réflexion et la remise en cause permanente de nos opinions et de nos certitudes, sans laquelle nous sommes tous condamnés à la sclérose mentale précoce et définitive.

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  •  Libye: la catastrophe dont personne ne parle

    Lundi 10 Juin     Martine Gozlan - Marianne

    Rien ne se passe comme prévu. Le tribalisme l'emporte sur le patriotisme, les milices triomphent de l'Etat. La terreur frappe, l'intégrisme est plébiscité, Aqmi se promène dans le Grand Sud. Voici les faits.   

    Abdel Magid Al Fergany/AP/SIPA
                                           Abdel Magid Al Fergany/AP/SIPA
    Ça se passe toujours de la même façon. Dans un décor explosé, entre les morceaux de fer et les flaques de sang, alors qu'on vient de ramasser ce qui reste du dernier cadavre, quelques centaines de jeunes gens, parfois deux ou trois femmes, crient : «Benghazi, réveille-toi !» Ou encore : « Fanatiques et bandits, vous n'êtes pas la Libye ! »

    C'était le 13 mai dernier, devant l'hôpital Al-Jala, quand une bombe a fait 15 morts. C'était le 11 septembre 2012, devant le consulat américain calciné où Christopher Stevens, l'ambassadeur des Etats-Unis, avait été tué avec trois autres diplomates dans l'assaut mené par les jihadistes d'Ansar al-Charia. Parmi les habitants qui protestaient quelques heures plus tard contre cette folie, on voyait même quelques femmes.

    Etroitement voilées, bien sûr, car une créature féminine non voilée en Libye, c'est inconcevable. Le 8 août 2012, lors de la passation des pouvoirs au parlement fraîchement élu, une présentatrice avait dû quitter la tribune au motif qu'elle était maquillée et ne portait pas de foulard. Un ordre de Moustapha Abdeljalil, le maître de cérémonie, qui venait d'achever sa tâche de président du Conseil national de transition. Abdeljalil, Bernard-Henri Lévy l'appelle « le père la victoire ». Comme Clemenceau. Pas sûr que la comparaison tienne la route...

    Passons. Ce bout de tissu dont la femme de Tripolitaine ou de Cyrénaïque doit s'affubler d'urgence au risque d'être virée des glorieux lendemains révolutionnaires, ce n'est qu'un détail dans l'océan des camouflages qui nous dissimulent la réalité libyenne.

    Les jeunes indignés des lendemains d'attentats, ceux qui scandent « Non aux milices ! Une seule armée sous une seule bannière ! » savent que leur vérité à eux, démocratique et unitaire, tombe en loques. Ils ne maîtrisent plus rien.

    Le rêve ? Un cauchemar

    Car qui maîtrise quoi quand les commissariats de police sautent trois jours de suite, quand les groupes armés assiègent le parlement au cœur de la capitale ?

    « Le gouvernement gouverne un tiers de Tripoli, et encore, grâce à l'alliance conclue avec la milice locale ! » résume Samuel Laurent. Ce baroudeur vient de sillonner la Libye, ses tribus, son désert et ses haines. Il s'est risqué jusqu'à la passe de Salvador, vers la frontière du Niger, par laquelle se faufilent les hommes d'Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).

    Samuel Laurent n'est pas journaliste mais balance une rafale de faits brûlants dans Sahelistan (Seuil). Une enquête écrite, dit-il, «pour sortir de cette vision médiatique de la Libye avec un paysage figé à la chute de Kadhafi »
    .


    Effectivement, on a beaucoup rêvé. Surtout à Paris, capitale phare du soutien aux insurgés. Pourtant, quand une voiture piégée explose devant l'ambassade de France à Tripoli, le 23 avril dernier, il ne se trouve pas un seul Libyen, contrairement aux habitudes, pour manifester sa réprobation dans la rue.

    Le rêve est un cauchemar. Les milices sont partout et l'Etat n'est nulle part. Le 3 mai, une loi dite d'«isolation politique» est imposée par les armes aux députés, après un long siège du parlement et des ministères. Elle risque d'exclure 500 000 personnes de toute participation à la société nouvelle au motif qu'elles auraient été associées à la Libye de Kadhafi depuis 1969. « Du coup, des régions entières sont éliminées, la loi s'oppose à toute réconciliation nationale », explique Patrick Haimzadeh, ancien diplomate à notre ambassade de Tripoli, qui raconta en 2011 son expérience dans Au cœur de la Libye de Kadhafi (JC Lattès).

    Lui aussi multiplie les voyages dans la Libye nouvelle « pour comprendre le moment historique où tout a basculé ». Ce jour d'après où la révolution s'est transformée en guerre civile, où les fractures ont pris le dessus sur le mythe de l'unité, le tribalisme sur le patriotisme.

    Chaque mois, chaque semaine, chaque heure apporte une preuve nouvelle de la dislocation générale. «Vers le 25 mai, raconte Haimzadeh, on s'est battus entre tribus à côté de Tripoli. Un jeune de la ville de Zintan a tué un jeune de la ville de Garian. Le conseil des anciens de Garian a sommé le parlement d'ordonner au meurtrier de se livrer, faute de quoi des représailles collectives seraient exercées contre sa ville. Et le Congrès général national, qui est le parlement libyen, a obéi ! »

    Ce parlement, on n'en a plus du tout parlé en France depuis son installation en juillet 2012, au lendemain des élections. La rumeur médiatique l'a couvert de lauriers : fabuleux, les islamistes y étaient minoritaires ! On n'avait pas regardé d'assez près la composition de la coalition dite « libérale », victorieuse, emmenée par Mahmoud Jibril, ancien numéro deux du Conseil national de transition pendant la révolution. Le schéma classique, laïcs contre islamistes, n'avait en réalité aucun sens.

    « Les députés du parti pseudo-libéral avaient un discours complètement rétrograde, observe Samuel Laurent, et Jibril lui-même répétait que la charia serait appliquée sans référendum. Les électeurs ne voulaient effectivement pas des Frères musulmans, perçus comme une émanation hostile de l'Egypte, mais il se crée aujourd'hui des blocs parlementaires bien plus radicaux, comme le Mouvement de la mémoire du sang des martyrs, qui compte déjà 60 députés sur les 200 de l'assemblée. Et de nouveaux groupes apparaissent sans cesse. »
     
    Les hommes forts ? Les ultras

    Leurs vrais chefs sont les hommes qui montent. Ceux qui ont les armes, les milices, et prêchent l'islam le plus intégriste qui soit. C'est Abdelhakim Belhadj, gouverneur de Tripoli, un jihadiste qui a troqué son treillis contre un complet veston et vise désormais le pouvoir par les urnes avec son nouveau parti, le Hezb el-Watan, de tendance « salafiste nationaliste ».

    La reconquête s'opère en faisant table rase des dirigeants actuels grâce à la fameuse loi de bannissement politique votée sous la menace des kalachnikovs.

    Autre figure clé : l'émir de Derna, ville symbole de l'insurrection contre Kadhafi. Abdelkarim al-Hasadi justifie la lapidation et explique que « les talibans respectent les femmes ». Il est ultrapopulaire. Parmi les futurs leaders, on trouve encore le grand mufti Sadiq al-Gariani, qui interdit aux Libyennes d'épouser des étrangers, même musulmans. Une fatwa en contradiction intégrale avec le Coran.

    Ces ultras constituent avec bien d'autres les vraies éminences grises de la nouvelle Libye. A côté d'eux, les salafistes tunisiens et égyptiens sont vert pâlot et plutôt falots. Pour Samuel Laurent, la Libye serait aujourd'hui « le plus radical des pays de la révolution arabe ».

    Bien sûr, les soutiens européens du pouvoir actuel protestent, crient à la désinformation, au sabotage contre-révolutionnaire. Mais les événements les contredisent. Mohamed al-Megaryef, le président du Congrès général national, a démissionné le 28 mai, visé par la loi de bannissement. Plusieurs ministres devraient suivre.

    Moustapha Abdeljalil avait déjà quitté la scène et Mahmoud Jibril est touché de plein fouet par la loi. Tous les faux hommes forts de l'après-Kadhafi dégagent. Bientôt, le Premier ministre, Ali Zeidan ? Il se sait dans le collimateur : d'un côté, sous la pression de Washington qui l'accuse de lutter mollement contre le terrorisme, de l'autre, sous le feu des critiques à Tripoli pour... collaboration avec Washington. En visite à Bruxelles le 27 mai, Zeidan assure que les auteurs des deux attentats-suicides perpétrés le 23 mai au Niger - contre un camp militaire à Agadez et le site français d'Areva à Arlit - ne venaient pas de Libye.

    Tout le monde en doute. La passe de Salvador est une passoire. Pierre Servent, expert des questions de renseignement et de défense, confirme : « Le Sud libyen est devenu une base arrière du jihadisme. Et nos otages auraient pu être déménagés par Aqmi en territoire libyen. C'est une hypothèse crédible... » Tout ça pour ça ?     
    NETTOYAGE ETHNIQUE DANS LE SUD

    La minorité noire de Libye avait beaucoup espéré de la chute de Kadhafi. Le tyran leur refusait la nationalité de plein droit. A l'état civil, les Toubous, ces nomades sédentarisés des oasis du Sud, aux traditions millénaires, étaient « réfugiés » ou « résidents étrangers ». Mais la révolution qui devait panser leurs plaies les a ensanglantées davantage.

    Entre février et mars 2012, se produisent à Koufra et Sebha, à 700 km de Tripoli, de véritables pogroms. La vieille haine des tribus arabes, les Ouled Slimane, pour les Noirs toubous s'est exercée à l'arme lourde contre des jeunes et des femmes.

    Une infirmière a été abattue en plein hôpital. On dénombre une centaine de morts lors de ces tueries où se sont distingués les snipers. Les chefs toubous en appellent à l'ONU«pour que cesse le nettoyage ethnique» et dénoncent l'hypocrisie du pouvoir central révolutionnaire. En vain. Selon Samuel Laurent, qui a rencontré ces victimes, « les tribus arabes du Sud, qui entretiennent des complicités avec Aqmi, cherchent à affaiblir les Toubous pour faciliter le passage des contrebandiers à travers leurs territoires ». Les Noirs seraient les dernières victimes d'une révolution libyenne convertie au jihadisme mercantile.

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  • Posted in: Belgium
        
    Belga | 10/06/2013


    Dans un rapport, le CNCD dénonce le double jeu de la coopération belge

    BRUXELLES La coopération belge appuie, via certains canaux de financement, l'accaparement des terres qu'elle dénonce pourtant dans ses objectifs, écrit lundi Le Soir. Selon une note stratégique élaborée par la Direction générale de la coopération au développement, l'objectif de la coopération doit être "le soutien à l'agriculture familiale durable dans le respect du droit à l'alimentation et de l'égalité des droits entre les sexes" tout en sécurisant l'accès aux ressources, dont la terre.

    Une préoccupation louable, note Le Soir, qui rappelle que Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation, insiste régulièrement sur l'impact négatif de l'accaparement de terres sur une agriculture familiale. L'accaparement de terres se fait lorsqu'un accord est conclu entre les autorités de pays du Sud et de grosses entreprises pour cultiver, de façon mécanisée, de vastes terres qui étaient en général mises en valeur par des communautés locales désormais expulsées.

    Or, dans un rapport, le CNCD (Centre national de coopération au développement) dénonce le double jeu de la coopération belge. En effet, la Société belge d'investissement pour les pays en développement (BIO), un des instruments de la coopération belge au développement qui a pour mission de "favoriser la mise en place d'un secteur privé fort dans les pays en développement et émergents", finance notamment un gros projet d'accaparement de terres en Sierre Leone.

    "BIO a certes une certaine autonomie de fonctionnement, mais nous demandons que le cadre qui est fixé par la Coopération belge s'applique à l'ensemble de cette coopération. Le projet BIO en Sierra Leone ne rentre pas du tout dans ce cadre et c'est un vrai problème", note Stéphane Desgain, chargé de recherche au CNCD.

    ► Télécharger le rapport directement : http://www.cncd.be/IMG/pdf/Etude_Accaparements.pdf
       Source: Belga

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  •  Où en est la lutte contre l'évasion fiscale des multinationales ?

    Créé le 06-06-2013
    Donald Hebert   Par Donald Hebert  (Nouvel Observateur)

    Banques, sociétés extractives, CAC 40 : les multinationales échappent à l'impôt grâce aux paradis fiscaux. Mais en attendant le G8 en Irlande du Nord, l'Europe avance.

     CAVALLI/SIPA

                                                                   CAVALLI/SIPA

    Le G8 qui s'ouvre lundi 17 juin à Lough Erne, en Irlande du Nord, sera-t-il enfin le début d'une réelle lutte contre l'évasion fiscale des multinationales ? On se souvient des déclarations de Nicolas Sarkozy en 2009, lors du sommet de Pittsburgh : "Les paradis fiscaux, la fraude bancaire, c’est terminé." Depuis, les banques françaises n'affichent plus de filiales dans les pays figurant sur la liste des paradis fiscaux de l'OCDE ? C'est un trompe l'oeil : elles sont toujours présentes dans les nombreux Etats qui en sont sortis, qui se sont conformés aux critères de l'OCDE, mais qui sont toujours très avantageux fiscalement. "Il n'y aurait plus de paradis fiscaux ? Ce n'est pas vrai", expliquent les spécialistes, qui jugent que le Luxembourg, l'Autriche, l'Etat du Delaware, ou la City de Londres devraient en faire partie.

    Cette réunion des grandes puissances aboutira-t-elle de nouveau à de simples déclarations d'intentions ? Les récentes publications rapportant les montants des impôts payés par les grandes multinationales donnent froid dans le dos. Le taux d'imposition moyen des entreprises du CAC 40 ne dépasse pas 10%. Loin des 33% en vigueur ! L'une des deux plus grosses capitalisations boursières mondiales, Apple, ne paie presque aucun impôt dans les pays où elle commercialise ses produits par millions. Même chose pour Amazon ou Google, qui ont-elles aussi optimisé leurs structures, au grand dam des membres du G8, qui tentent de rétablir leurs finances publiques à coup de coupes budgétaires ou de hausses d'impôts. Sans parvenir à stopper la fuite des flux financiers en dehors de leurs frontières.

    La bataille est-elle perdue ? "Non, il n’y a pas que des mauvaises nouvelles", estime le ministre du Développement, Pascal Canfin. L'ancien eurodéputé en pointe sur tous les sujets financiers, rappelle que "même si cela ne fait pas la une du 20 heures, il y a eu ces trois derniers mois des avancées majeures pour imposer aux grandes entreprises davantage de transparence, notamment fiscale". Et selon l'ancien membre de Finance Watch, la France a montré l’exemple.

    Transparence pour les banques et le CAC 40 en France

    La réforme bancaire présentée en février prévoit d'obliger les banques françaises à publier des informations détaillées sur leurs activités dans chaque pays étranger : effectifs, chiffre d'affaires, bénéfices, impôts, etc. Des informations particulièrement intéressantes dans les paradis fiscaux, mais insuffisantes pour toucher les grandes multinationales.

    Toutefois lors de son vote en 2e lecture à l'Assemblée nationale mercredi 5 juin, le chapitre transparence de la réforme bancaire a été considérablement renforcé : un amendement PS a étendu ces obligations aux grandes entreprises, dont la taille sera fixée par décret du ministre de l'Economie. "Au minimum, tout le CAC 40 sera concerné", précise la députée PS Karine Berger, rapporteur de la loi. Pour ne pas pénaliser les entreprises françaises, cette mesure ne sera applicable "que lorsque la Commission européenne aura légiféré", a précisé le ministre des Finances Pierre Moscovici.

    Ce n'est pas tout. Dans un rapport publié jeudi 6 juin, l'Inspection des finances préconise une batterie de mesures pour lutter contre l'optimisation des prix de transferts, ces flux financiers internes à un groupe qui permettent de délocaliser les bénéfices dans les pays les plus généreux fiscalement. "Elles inspireront celles du gouvernement", affirment Pierre Moscovici, ministre de l'Economie et Bernard Cazeneuve, délégué au Budget. Là encore, un travail international sera nécessaire.

    Banques et sociétés exploitant les ressources naturelles dans le viseur européen

    Une directive européenne prévoit l'obligation pour les banques européennes de publier leurs informations dans tous les pays du monde dès 2014. Par ailleurs, début avril, le Parlement et les Etats membres se sont mis d'accord sur un texte imposant aux entreprises minières, pétrolières, gazières et forestières de publier l'ensemble des flux financiers avec les Etats où elles opèrent. "Cet accord assure que les exigences de publication s’appliquent à l’ensemble des sociétés exerçant des activités dans ces domaines, cotées en Europe", explique le Commissaire Michel Barnier.

    Et les autres multinationales ? Le 23 mai, le Conseil européen a décidé détendre la transparence imposée aux institutions financières. "Il faut que toutes les grandes entreprises dont on a beaucoup parlées récemment comme Apple, Google ou Amazon – mais pas seulement celles-là – soient obligées de dire combien elles paient d'impôts, à qui et où", déclarait le même jour Michel Barnier lors d'un discours à Amsterdam. Pour l'instant, cependant, la Commission réfléchit encore au moyen législatif qui permettrait de rendre cette décision effective.

    La fin de l'évasion fiscale des multinationales est-elle proche ?

    La transparence est une étape nécessaire. "C'est la première clé de la responsabilité et de la lutte contre l'évasion fiscale", estime Michel Barnier. Une fois que les administrations sauront où est l'argent, elles pourront mettre en place des impôts reposant sur des assiettes larges. Il leur restera ensuite à s'accorder sur le moyen d'en prélever une partie équitablement. Sur ce point, la communauté internationale avance doucement. Avec le soutien des Etats-Unis et du Royaume-Uni, l'OCDE a récemment engagé des travaux sur la question. Et le Premier ministre britannique David Cameron a multiplié les déclarations à l'approche du G8 qu'il préside :

    Nous savons bien qu'avec la mondialisation, aucun pays n'est en mesure, par lui-même, de s'attaquer effectivement à l'évasion fiscale et aux techniques d'évitement les plus agressives. Mais puisque nous formons un groupe de huit économies majeures, nous avons l'occasion de galvaniser des interventions collectives à l'échelle internationale. Chacun de nous a intérêt à pouvoir dire à ses contribuables respectifs, qui travaillent dur et paient la part d'impôts qui leur revient, que nous allons nous assurer que tous les autres en font autant."

    Toutefois, il reste du chemin à parcourir. Sur le secret bancaire, qui facilite l'évasion fiscale des particuliers, l'Union européenne ne parvient pas à mettre en place un système d'échange automatique des données entre pays, à laquelle le Luxembourg et l'Autriche sont opposés. Ainsi, lors du dernier sommet européen, comme le rapportait le Monde, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker glissait : "Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est fini, disait Sarkozy il y a trois ans. Les présidents français ont le sens de l'humour."


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  • Qui a peur des médecines traditionnelles ?

    Samedi 8 Juin 2013     Clotilde Cadu et Anne-Sophie Michat - Marianne


    Ces pratiques parfois millénaires soignent des millions d'individus à travers le monde. Mais, en France, on continue à dénier à leurs praticiens le titre de médecin.


    Jake Daniels/AP/SIPA
                                                    Jake Daniels/AP/SIPA
    Des millions de personnes dans le monde n'ont jamais recours à la médecine moderne allopathique. En Afrique, 80 % de la population se soigne grâce à des remèdes ancestraux. Il en va de même en Amérique latine, en Asie et notamment en Chine où la médecine traditionnelle représente toujours 40 % des soins administrés. En Inde ou en Chine, la médecine traditionnelle est même toujours enseignée, utilisée dans les hôpitaux qui sont parfois mixtes, et continue à faire l'objet de recherches. Très fortement imprégnées de leur culture d'origine, ces médecines sont dites «holistiques», c'est-à-dire qu'elles appréhendent à la fois la dimension physique, émotionnelle et spirituelle du patient. Elles trouvent aujourd'hui en France un écho de plus en plus fort, notamment la médecine traditionnelle chinoise et l'acupuncture, qui se sont fortement développées dans les années 70.

    Si dans leur pays d'origine elles sont considérées comme des médecines globales, capables de s'attaquer à toutes les pathologies, elles n'existent chez nous que sous des versions édulcorées qui les cantonnent souvent au rôle de médecine «complémentaire».

    LA MÉDECINE CHINOISE

    La prévention avant tout

    Plus de 500 millions de Chinois ont recours à leur médecine traditionnelle qui, contrairement à ce qu'on croit, ne se résume pas à l'acupuncture (lire ci-contre). Cette discipline n'est en réalité qu'un élément dans son arsenal thérapeutique qui en compte quatre autres : la diététique, le massage (tui-na), la pharmacopée et les exercices énergétiques (tai ji quan et qi gong). En France, elle est essentiellement utilisée en préventif. La consultation, qui dure entre quarante-cinq minutes et une heure, commence toujours par un entretien poussé sur les habitudes de vie du patient, son moral, ses antécédents, ses symptômes, ses éventuels traitements en cours. Le médecin procède également à des palpations et à des observations (langue, couleur du visage, timbre de la voix) avant la prise des fameux «pouls chinois». Plus complexe que celle que nous connaissons, elle se fait à trois endroits sur chaque poignet en effectuant des pressions plus ou moins intenses. Le praticien cherche à connaître la profondeur, la longueur, l'épaisseur et la vitesse de ces pouls. Des informations qui lui permettent d'évaluer où se situe le déséquilibre et quelle fonction possède trop ou peu d'énergie. Son obsession n'est pas de nommer la maladie, mais de pister la cause des symptômes et l'organe qui en est à l'origine pour rétablir son bon fonctionnement. Pour lui, le déséquilibre des propriétés chimiques du corps n'est pas la cause de la maladie, ce ne sont que ses effets. L'examen terminé, il puise dans son arsenal thérapeutique pour proposer le traitement adéquat qui va permettre de rééquilibrer les énergies et la circulation des fluides.

    L'ACUPUNCTURE

    Les travaux d'aiguille qui soulagent

    «A la ménopause, j'ai tout essayé pour calmer mes bouffées de chaleur, rien n'y faisait, alors j'ai décidé de tenter l'acupuncture, et en deux séances c'était réglé», raconte Valérie, 53 ans, qui depuis s'offre également deux séances annuelles au début de l'hiver pour calmer ses maux de dos. En France, l'acupuncture est la facette la plus connue de la médecine chinoise. Enseignée à la faculté, elle ne peut être pratiquée que par des médecins, car le fait de planter des aiguilles est considéré comme un acte chirurgical.

    Le principe de l'acupuncture est aussi simple qu'inexpliqué : «Le corps est traversé par des énergies qui circulent sur les trajets des méridiens. Sur ces méridiens, il existe des points de réglage de circulation de l'énergie. Lorsque l'on pique un de ces points, on déclenche une ordonnance interne qui agit comme une restauration d'ordinateur. Ce n'est pas de la magie, et tous les jours je constate que ça marche», assure Catherine Vermès, médecin acupuncteur*. Ne soyez pas surpris si on vous pique l'orteil droit alors que c'est l'épaule gauche qui vous lance. Ces méridiens ne sont pas en lien avec un support physique - d'ailleurs, on ne pique jamais sur l'endroit douloureux.

    * Auteur de Soigner l'infertilité par les médecines douces, éd. Grancher.

    L'AYURVEDA

    La médecine indienne

    Née en Inde il y a plusieurs millénaires, la médecine ayurvédique est l'une des plus anciennes au monde encore pratiquées. Couramment enseignée et utilisée en Inde, elle reste très méconnue en France. En sanskrit, ayur signifie «la vie» et veda, «la connaissance» ; le principe de cette médecine est donc avant tout de mieux se connaître, pour mieux se gérer, vivre en harmonie avec son environnement.

    Toute séance commence par un bilan complet qui permet de mieux cerner et définir le dosha dominant du patient, autrement dit son profil, son tempérament : vata («air»), pitta («feu») ou kapha («eau»). A chacun de ces types (qui sont parfois doubles, pitta-vata ou kapha-pitta, voire triples) correspondent un régime alimentaire et une hygiène de vie particulière que le professionnel adapte à chacun. Quelqu'un de type pitta devra par exemple éviter de consommer une nourriture pimentée ou acide pour ne pas «nourrir» son dosha. Pilier de la médecine ayurvédique, la diététique en est le principal outil. S'y ajoute une routine quotidienne, déterminée elle aussi par le dosha : heures de lever et de coucher régulières, exercices ou yoga, méditation, préparations à base de plantes, massages... En Inde, ces derniers sont délivrés sur ordonnance, au même titre que les antibiotiques chez nous.

    LA NATUROPATHIE

    Une bonne hygiène de vie

    Créée à la fin des années 20 aux Etats-Unis, dérivée de la médecine grecque ancienne, la naturopathie compte aujourd'hui 500 professionnels en France. C'est la médecine qui soigne les gens... en bonne santé ! L'art de rester en forme en privilégiant les moyens naturels : diététique, hygiène de vie, phytothérapie, exercice...

    Lors de la première consultation, le praticien effectue un bilan vital, qui au contraire du diagnostic évalue la partie saine et non la partie malade de l'individu. Au fil des questions et des observations (ongles, peau, cheveux...) complétées par la prise des pouls chinois (lire p. 64), il évalue la constitution et le niveau de vitalité de la personne. Puis établit un programme d'hygiène de vie comprenant des conseils diététiques, des exercices sportifs (yoga, danse, arts martiaux en fonction des affinités), des bains, du thermalisme, des méthodes de relaxation... L'objectif du naturopathe est de pousser le patient à reprendre le contrôle de sa santé en lui donnant les clés de son fonctionnement afin de prévenir la maladie. Et, lorsqu'elle est déjà là, de réveiller les ressources pour faciliter l'autoguérison.

    LA PHYTOTHÉRAPIE

    Se soigner par les plantes

    Véritable trait d'union entre les médecines traditionnelles qui l'utilisent toutes, la phytothérapie est l'art de soigner et de prévenir la maladie par les plantes. Au menu : décoctions, tisanes, inhalations, infusions, cataplasmes, compresses. On consomme la plante entière ou en morceaux, ceux-ci ayant parfois des propriétés différentes, à l'exemple de l'ortie dont la racine facilite le confort urinaire masculin, tandis que la partie aérienne régule l'excès de sébum chez l'adolescent. Mais, attention, se soigner avec la phytothérapie n'est ni simple ni inoffensif. D'abord parce que les effets diffèrent d'un patient à l'autre - chez certains, c'est la valériane qui facilite le sommeil, chez d'autres c'est le pavot de Californie. Mais, surtout, parce que des plantes mal utilisées, mal mélangées ou prises en interaction avec des médicaments peuvent se révéler toxiques. Même si l'Europe vient de voter une directive exigeant que les plantes à usage traditionnel soient soumises à une autorisation de mise sur le marché, comme les médicaments, cela ne signifie pas que tout un chacun peut s'improviser phytothérapeute.

    «Il ne suffit pas de prendre une plante qui possède telle ou telle propriété, il faut d'abord poser un diagnostic», avertit le Dr Jean-Claude Lapraz, clinicien spécialiste de la phytothérapie. Tout comme la naturopathie ou la médecine chinoise, la phytothérapie est une approche intégrative qui ne se borne pas à soigner les symptômes, mais cherche toujours la cause profonde. «Par exemple, dans un cas d'eczéma, on n'applique pas simplement une pommade, on se demande d'où ça vient. Cela peut être un problème lié à la thyroïde ou aux glandes surrénales», explique le Dr Lapraz, qui regrette qu'en France la phytothérapie soit «décrédibilisée, déremboursée et boudée par les médecins traditionnels».

    L'AROMATHÉRAPIE

    Les bienfaits des huiles essentielles

    L'histoire de l'aromathérapie, utilisée par les civilisations chinoise, égyptienne ou indienne depuis des millénaires, se mêle à celle de la phytothérapie. Il s'agit pourtant d'une discipline distincte, qui ne concerne que les huiles essentielles, obtenues à partir des plantes aromatiques. Mal utilisées, ou prises en association avec certains médicaments, les huiles essentielles - comme les plantes - peuvent se révéler toxiques. Elles sont également déconseillées aux personnes allergiques, aux femmes enceintes et aux très jeunes enfants. Toutes ces précautions en font un produit difficile à utiliser en automédication. D'autant qu'il existe des centaines d'huiles essentielles, possédant chacune de multiples propriétés. Ainsi, le jasmin est à la fois analgésique, antidépresseur, anti-inflammatoire, antiseptique, antispasmodique, aphrodisiaque, sédatif, tonique... Mieux vaut demander conseil à un professionnel qui connaît en outre la manière d'utiliser ces substances actives : en massage, diluées dans une huile végétale (jamais à même la peau !), en diffusion dans l'air, en compresse, en inhalation, dans un bain ou en respirant à même le flacon. Agissant à la fois sur le moral et sur le corps, les huiles essentielles peuvent être prescrites aussi bien en curatif qu'en préventif. En France, elles sont surtout utilisées pour la préparation à l'endormissement, les problèmes dermatologiques, la désinfection et la cicatrisation des plaies ou le traitement des brûlures.

     
    QUELLE HUILE POUR QUEL TRAITEMENT ?

    Stress : bergamote, néroli, essence de rose.

    Maux de tête : une compresse froide avec de la lavande et de la menthe poivrée sur le front.

    Sinusite : inhalation de lavande, de théier, de thym, d'eucalyptus, de menthe poivrée ou de pin seul ou en mélange

    Laryngite : inhalation de thym, de bois de rose, de santal ou de lavande et en plus un gargarisme avec une ou deux cuillers de thym dans une tasse d'eau chaude.

    Nausée : humez de la menthe poivrée, de la lavande ou du gingembre directement du flacon ou sur un mouchoir aspergé de quelques gouttes.

    Entorse : compresses froides de lavande ou de camomille allemande.

    A lire : la Bible de l'aromathérapie et des huiles essentielles, de Gill Farrer-Halls, Guy Trédaniel Editeur.

    L'HOMÉOPATHIE, L'ART DE SOIGNER LE MAL PAR LE MAL

    Traiter le mal par le mal : ainsi fonctionne l'homéopathie, médecine douce de plus en plus appréciée. En 2010, 53 % des Français y ont eu recours, contre 39 % en 2004. Un hiver rude ou des examens se préparent à grand renfort d'homéopathie. Les granules et potions sont utilisées pour traiter les affections hivernales comme le rhume ou la grippe (56 % des utilisations), les coups, bleus et bosses (52 %), le stress (41 %), les poussées dentaires (28 %) et les allergies (26 %). Le principe est simple : une substance toxique à haute dose peut, à dose infinitésimale, soulager un malade. Absorber des granules d'abeille permet de soigner une piqûre de cet insecte, par exemple. Plus la préparation est diluée et secouée, plus son pouvoir thérapeutique augmente. Pour un simple coup, des granules d'arnica à 5 CH («centésimale hahnemannienne») suffisent. Si la sensation de mal est plus forte, comme pour des courbatures, on passe au 7 ou 9 CH. Les suites d'un traumatisme seront traitées avec de l'arnica 15 à 30 CH.

    Pas de mauvaise surprise : au pire, ça ne fonctionne pas. C'est bien ce que ses détracteurs reprochent à l'homéopathie, l'accusant d'être un placebo, une approche empirique qui n'a pas fait la preuve scientifique de son efficacité. Depuis 2003, l'homéopathie n'est plus prise en charge par la Sécu qu'à hauteur de 35 %. Ce qui n'affaiblit pas l'engouement des Français pour cette médecine douce et bon marché (un tube ne coûte pas plus de 2 €).

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