•  Quand les humains disparaissent des photos d'histoire

    Créé le 18-07-2013
    Cyril Bonnet   Par Cyril Bonnet   (Nouvel Observateur)

    Tian'anmen. Le Vietnam. Iwo Jima. Autant d'endroits qui ont donné naissance à des photos parmi les plus puissantes de l'histoire. Ces images, l'artiste tchèque Pavel Maria Smejkal les a modifiées avec Photoshop pour leur ôter toute présence humaine. Ainsi l'emblématique place chinoise se retrouve-t-elle vidée de ses chars et de son manifestant héroïque, tandis que l'exécution d'un Vietcong à Saigon, immortalisée avec tant de force par Eddie Adams en 1968, laisse place à un banal décor de rue.

    "Je cherche à répondre à cette question : que se serait-il passé si l'événement [historique] n'avait jamais eu lieu ?" écrit Pavel Maria Smejkal sur son site web, où l'on peut découvrir une douzaine d'images issues de cette série. Le nom du projet : "Fatescapes", "les paysages du destin".

    Découvrez ci-dessous quelques-unes de ses photos retouchées :

     

     

     

     

    Les images originales :

    L'Homme de Tian'anmen. 1989 (Charlie Cole/SIPA)

     

    La jeune Vietnamienne Kim Phuc Phan Thi fuit son village après l'attaque au napalm menée par l'armée américaine. 1972 (AP Photo/Nick Ut)

     

    Le général sud-vietnamien Nguyen Ngoc Loan exécute un officier vietcong présumé à Saigon. 1968 (Eddie Adams/AP/SIPA)

     

    Des Marines érigent le drapeau américain à Iwo Jima. 1945 (Joe Rosenthal/AP/SIPA)

     

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  • Brisons le cycle de la faim dans les zones arides, déclare le Directeur général de la FAO

    Le Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), José Graziano da Silva, a rappelé mercredi l'urgence d'agir pour éviter que les conflits, les sécheresses à répétition et la volatilité des prix des denrées alimentaires plongent les pays d'Afrique et du Proche-Orient dans le piège de la faim.

     

    « Nous sommes en train de perdre la bataille de la faim en Afrique et au Proche-Orient », a prévenu M. Graziano da Silva devant les participants à la Conférence internationale de Doha sur la sécurité alimentaire dans les terres arides. Il a souligné que le nombre de personnes souffrant de la faim dans ces régions a augmenté de 83 millions pour passer à 275 depuis le début des années 90.

     

    La Conférence de Doha, au Qatar, réunit pendant deux jours des représentants de gouvernements, d'universités, d'organismes de développement, de la société civile et du secteur privé de 60 pays pour discuter de la sécurité alimentaire, de l'eau et des investissements dans les pays arides.

     

    La réunion doit déboucher sur des recommandations pour des initiatives dans ces trois domaines, qui alimenteront les politiques, stratégies et investissements espérés pour stimuler la production agricole, améliorer la sécurité alimentaire et accroître la résilience aux chocs futurs des prix alimentaires.

     

    « La dégradation des ressources naturelles dans les pays arides menace plus de deux milliards de personnes », a souligné M. da Silva en appelant la communauté internationale à coopérer étroitement avec les pays des zones arides pour briser le cycle de la faim.

     

    « Le problème le plus urgent est peut-être la question des investissements dans l'agriculture », a dit M. Graziano da Silva, ajoutant que les investissements sont nécessaires pour « respecter les droits, les moyens de subsistance et les ressources de toutes les personnes concernées, notamment les plus vulnérables ».

     

    Le Directeur général de la FAO a indiqué que les vues exprimées au cours de la conférence devraient alimenter un processus de consultation mondial étalé sur deux ans, qui sera réalisé dans le cadre du Comité de la sécurité alimentaire en vue d'élaborer des principes pour les investissements responsables dans l'agriculture.

     

    « A la Conférence de Rio+20 sur le développement durable qui s'est tenue en juin dernier, les dirigeants du monde ont adressé un message clair, à savoir que le développement ne peut être durable si des centaines de millions de personnes continuent d'être exclues et souffrent de la faim et de l'extrême pauvreté », a rappelé M. Graziano da Silva.

     

    « Si nous pouvons trouver des solutions durables pour garantir la sécurité alimentaire dans les zones arides, alors nous serons sur la bonne voie pour atteindre l'objectif d'un monde 'faim zéro' », a estimé M. Graziano da Silva.


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  •   Biologie de synthèse : une centaine d'ONG demandent un moratoire  

     


    Avec des perspectives de croissance de près de 50% par an, le marché de la biologie de synthèse progresse vite. Les fonds publics et privés affluent vers ce nouveau secteur qui transforme le vivant en usine et promet la prospérité aux industriels après l'épuisement des énergies fossiles. Mais une coalition internationale de 111 organisations s'inquiètent des risques induits par ces nouvelles technologies.

    10,8 milliards de dollars en 2016. C’est ce que devrait représenter le marché de la biologie de synthèse, qui s’élevait à 1,6 milliard de dollars en 2011. Les industries pétrolière, chimique, pharmaceutique sont en effet aux premières loges du développement de cette technologie, qui promet de transformer des organismes vivants en usine à produire des médicaments, des carburants, des plastiques. Du Pont, BP, Total, Pfizer, Novartis, Monsanto et bien d’autres sont sur les rangs.


    Créér de toutes pièces l’ensemble du génome

    La biologie synthétique va au-delà de la seule transgénèse utilisée pour les OGM. Cette technologie introduit des gènes synthétiques dans le génome d’une bactérie ou d’une algue, voire crée de toutes pièces l’ensemble du génome. C’est ce qu’avait réussi Synthetic Genomics, dirigé par le médiatique Craig Venter, en créant une bactérie au génome totalement synthétique capable de se reproduire. Cette recherche est déjà largement sur le terrain de l’application, avec une industrie qui fabrique de l’ADN de synthèse pour créer sur mesure des algues et des microorganismes. Deux catégories d’entreprises travaillent sur ce marché. Les premières fabriquent les gènes synthétiques. Pour en citer quelques-unes, parmi les quelque 70 qui existent dans le monde, Gene Art en Allemagne, DNA 2.0 aux États-Unis ou Tech Dragon à Hong Kong. D’autres entreprises, principalement américaines, utilisent ces gènes synthétiques pour créer et commercialiser des organismes synthétiques, à l’instar de Synthetic Genomics.

    Principale application industrielle, les agrocarburants font l’objet de beaucoup d’attention des firmes pétrolières. Pour preuve, selon l’ONG internationale ETC Group, les ententes de Synthetic Genomics Inc avec Exxon, BP, ou de Amyris Biotechnologies avec Shell, Total et Mercedes. Les entreprises de biologie synthétique travaillent en effet à la production de microorganismes ou d’algues capables de transformer de la biomasse en carburant. Des cultures de bactéries synthétiques nourries à la canne à sucre agissent ainsi comme des usines biologiques miniatures pour produire le carburant souhaité. Un domaine d’application qui intéresse aussi l’industrie sucrière, pourvoyeuse de la biomasse nécessaire.

    111 organisations appellent à un moratoire

    On comprend également l’ampleur de ce marché lorsque l’on sait que des bactéries peuvent aussi être créées pour produire du caoutchouc, de la vanille ou du bioplastic…Autre grand secteur concerné, celui de la médecine. Sanofi travaille ainsi sur une bactérie dont l’ADN synthétique produit de l’artémisinine, un médicament pour traiter le palud. L’industrie voit donc logiquement l’avènement d’une bioéconomie, dans laquelle la principale ressource n’est plus les énergies fossiles mais le vivant. Et aux Etats-Unis, la bioéconomie, qui recouvre toute l’industrie « biosourcée », des biocarburants à la biologie de synthèse en passant par les OGM, représente aujourd’hui 11% du PIB.

    Si la biologie de synthèse semble donc promise à un bel avenir, d’aucuns s’inquiètent de la main mise de l’industrie sur cette technologie. Ainsi, une coalition internationale de 111 organisations demandent un encadrement et appellent à un moratoire sur la libération et l’usage commercial des organismes synthétiques. Dorothée Browaeys, déléguée générale de Vivagora, une des organisations signataires, résume : « notre posture n’est pas de bloquer la biologie de synthèse mais de protéger la santé publique et l’environnement contre les risques liés à cette nouvelle technologie, et d’assurer que la finalité de cette recherche soit transparente et réponde à l’intérêt général. »

    Les séquences d’ADN stratégiques sont privatisées

    « L'autorégulation de l'industrie de la biologie de synthèse ne suffira simplement pas. Les lois et réglementations actuelles encadrant les biotechnologies sont dépassées et inadéquates pour traiter des nouveaux risques soulevés par la biologie de synthèse et ses produits », confirme Andy Kimbrell, directeur exécutif du Centre international d'évaluation des technologies (ICTA). La fuite d’organismes synthétiques, capables de se reproduire dans l’environnement, est en particulier dans le collimateur d’ONG écologistes. Eric Hoffman, responsable des biotechnologies aux Amis de la Terre U.S., donne l’exemple d’une algue capable de synthétiser une « sorte » d’huile de palme, qui pourrait proliférer dans la nature. Autre danger, la dissémination de virus synthétiques. L’ONG américaine Synbiowatch soutient déjà plusieurs salariés contaminés par de tels virus dans des laboratoires californiens.

    Privatisation du vivant et accaparement des terres ?

    « Outre les risques sanitaires et environnementaux, la biologie de synthèse pourrait aussi accroître les injustices socio-économiques », explique Silvia Ribeiro, directrice Amérique Latine de ETC Group. La biomasse nécessaire pour alimenter les usines biologiques peut en effet conduire à l’accaparement de terres et d’eau au Sud, tandis que les ONG redoutent aussi une privatisation du vivant qui va de pair avec cette technologie : des brevets sont en effet déposés pour garantir la propriété des organismes synthétiques. « Les débats sur l’open source en matière de biologie de synthèse semblent plus une diversion sur des recherches sans grand enjeu industriel ; les séquences d’ADN stratégiques sont, elles, privatisées », souligne Dorothée Browaeys. Les commissions d’éthique des États-Unis ou de l’Union européenne ont été amenées à se prononcer sur ces sujets. Mais, ajoute-t-elle, « leurs recommandations donnent un supplément d’âme à cette question sans la mettre en débat ». En bref, rien de tangible sur ce sujet de la part des autorités publiques.
    D’autant que la biologie de synthèse est déjà très développée aux États-Unis, et qu’elle constitue une priorité dans les axes de recherche de l’Union européenne et du Royaume-uni. La France, en revanche, reste encore discrète sur cette question. L’opposition publique aux OGM a en effet ralenti le développement national des biotechnologies… Des associations comme Vivagora ou InfOGM ouvrent néanmoins le débat.

     Magali Reinert
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  •   22/12/2011    Pourquoi il faut constitutionnaliser la désobéissance civile

     

     

    La désobéissance civile désigne une action politique illégale et non-violente fondée sur des motifs de conscience et destinée à modifier une loi ou à contester l'ordre juridique dans son ensemble.

    Elle est aujourd'hui pratiquée par les militants du Réseau éducation sans frontières (RESF) qui n'hésitent pas à risquer jusqu'à cinq ans de prison pour protéger des familles immigrées en situation irrégulière menacées par la politique xénophobe du gouvernement.

    Elle est aussi employée par les Faucheurs volontaires qui détruisent des parcelles d'essai transgéniques en vue d'alerter leurs concitoyens des dangers de l'agriculture génétiquement modifiée.

    Opposants à la désobéissance civile et garants de l'ordre établi ne manquent pas de pointer le danger inhérent au fait de laisser à chacun le droit d'apprécier librement la validité d'une loi. Reconnaissant à mi-mot l'existence de lois injustes, ils ordonnent qu'on s'y plie malgré tout car, comme le disait Goethe, mieux vaut une injustice qu'un désordre.

    Pourtant, trois éléments au moins nous informent que cette rhétorique conservatrice ne résiste pas à la critique.

    Le courage, vertu cardinale

    Remarquons d'abord que, lors du procès de Nuremberg, intenté contre les principaux dirigeants nazis, les juges ont condamné ceux qui avaient obéi aux lois, signifiant ainsi que, contrairement à ce qui est enseigné à l'école, la vertu cardinale du citoyen n'est pas l'obéissance mais le courage ; courage qui exige que l'on résiste aux ordres lorsqu'ils entravent la dignité humaine.

    2 Légalité n'est pas légitimité

    Rappelons ensuite que, comme l'avait sagement noté Pascal, « ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on fit que ce qui est fort fût juste ». Légalité n'est pas légitimité. Le droit ne vient pas de nulle part. Il est généralement dicté par les puissants, qui peuvent ainsi imposer leur domination avec la bénédiction des lois.

    3 Pas de risque d'anarchie

    Enfin, faut-il véritablement craindre que la désobéissance civile nous plonge dans l'anarchie ? L'histoire nous fournit la meilleure des réponses.

    Les gigantesques manifestations du mouvement des droits civiques dans le sud des Etats-Unis au début des années 60 ont-elles mené à l'anarchie ? Puisqu'en définitive la désobéissance civile constitue non une menace mais, au contraire, une respiration pour la démocratie et puisque, à bien y regarder, un nombre croissant de citoyens partagent cette opinion, n'est-il pas temps de lui faire une place dans nos institutions publiques ?

    Plus concrètement, ne faudrait-il pas intégrer dans la Constitution le droit à désobéir à une loi jugée injuste ? Parmi les militants désobéissants, des voix se sont élevées pour revendiquer ce droit dans la mesure où, comme l'explique le philosophe Jean-Marie Muller, la Constitution a véritablement pour fonction de garantir la justice.

    Un problème logique

    Mais cette demande a beau être recevable, elle pose un problème logique en apparence insurmontable : il ne peut pas y avoir de droit juridique à désobéir à la loi. Prétendre désobéir légalement à la loi, n'est-ce pas s'enfermer dans une contradiction logique et une absurdité pragmatique ? Constitutionnaliser la désobéissance civile reviendrait en effet à proclamer un droit au non-droit, or le droit ne saurait se suspendre lui-même.

    Sommes-nous cependant si certains que le droit ne saurait se suspendre lui-même ? Les réflexions du philosophe italien Giorgio Agamben cherchent à prouver le contraire.

    La doctrine de l'état d'exception

    La doctrine de l'état d'exception, adoptée par la majorité des Etats de droit, soutient que dans certaines circonstances exceptionnelles, le droit commun peut être provisoirement suspendu, laissant par là les pleins pouvoirs au Président. Ainsi, avec l'état d'exception, le droit se nie lui-même, il s'auto- suspend.

    Une piste s'ouvre alors : puisque la Constitution française intègre les procédures d'exception dans son article 16, ne pourrait-elle pas aussi admettre un droit à désobéir aux lois jugées injustes ? Le droit à la désobéissance civile serait alors l'équivalent par en bas (c'est-à-dire pour le citoyen) de ce qu'est l'état d'exception par en haut (c'est-à-dire pour le président de la République). Il s'agirait, dans les deux cas, de transgresser momentanément l'ordre juridique en vue de le protéger.

    Un progrès démocratique pratique et théorique

    Ce droit constitutionnel à la désobéissance civile constituerait un progrès démocratique à la fois pratique et théorique :

    • pratique au sens où il permettrait aux citoyens de rappeler à l'ordre les élus lorsque ceux-ci s'autonomisent de la souveraineté populaire et s'écartent de la promotion du bien commun ;
    • théorique au sens où ce droit nous rappelle qu'en définitive la démocratie désigne avant tout le pouvoir constituant du peuple et non le pouvoir constitué de ses représentants.

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    Quand les microbes menacent le climat

       

    Pour le moment, ils attendent, sagement, au cœur des terres gelées de l’Arctique, le permafrost. Mais si la température de l’atmosphère augmente de quelques degrés, ces microbes vont se réveiller et accélérer encore le changement climatique, rapporte la revue New Scientist, d’après une étude publiée dans Nature. Pourquoi ? Parce qu’ils vont libérer du CO2 et du méthane. Aujourd’hui, la quantité de carbone séquestrée par le permafrost est comparable à celle présente dans l’atmosphère, environ 1 672 milliards de tonnes, soit cinquante ans d’émissions mondiales de gaz à effet de serre !


    Sources de cet article(publié par Terra-éco.net)

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  • Edito Newsletter n° 14 • Un vote historique

    Le 12 Octobre devrait rester dans l’histoire. En votant  à l’unanimité l’interdiction du bisphénol A dans les contenants alimentaires,  les députés français ont  édicté la première loi  de ce genre au monde. Après avoir voté en mai dernier l’interdiction des phtalates, des alkylphénols et des parabènes, ils ont  confirmé  qu’ils avaient pris la pleine mesure de la question des perturbateurs endocriniens.  L’ANSES a, elle aussi,  pris en compte le changement de paradigme des perturbateurs endocriniens en publiant un rapport, le 27 septembre dernier, qui  reconnaît les effets du bisphénol A aux faibles doses. La France se retrouve ainsi  être le pays pionnier en la matière.  La voie est maintenant tracée pour une loi qui traite de  l’ensemble des perturbateurs endocriniens. C’est ce qu’a fait le sénateur américain John Kerry, ancien candidat démocrate à la présidence, en déposant un projet de loi devant le Sénat américain dont l’objectif est ainsi formulé : « l’organisme d’aucun parent ne doit être contaminé par un perturbateur endocrinien ».

    Ce sera  l’objectif du RES pour 2012 : obtenir une loi Kerry à la française.  Le fait que le vote du 12 octobre ait été acquis à l’unanimité laisse espérer une issue positive. Il est heureux  en effet que la  question des perturbateurs endocriniens soit comprise comme  une question non partisane. Ce n’est pas qu’une affaire de loi, c’est toute la société qui doit se mobiliser en ce sens, car éliminer les perturbateurs endocriniens de notre environnement représente  une mutation profonde. L’enjeu est la hauteur de cette mutation, car  il s’agit de notre santé et de celle des générations futures.

     
     
     

     


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  • Le chômage de masse, notre «Munich social»

    Laurent Pinsolle - Blogueur associé (Marianne2 )| Lundi 5 Décembre 2011

    Il y a près de vingt ans, Philippe Seguin dénonçait le « Munich social » de nos dirigeants politiques. Cette critique n'a malheureusement pas pris une ride, constate notre blogueur associé Laurent Pinsolle, proche de Nicolas Dupont-Aignan. Alors que nous ne sommes qu'au début d'un cycle mortifère de plans d’austérité, le nombre de chômeurs a atteint un record depuis 1999.



    Cette semaine, le nombre de chômeurs a atteint un plus haut depuis 1999. Pourtant, le gouvernement n’a que la réduction des déficits en tête. Pas une mesure n’est prise pour lutter contre le cancer de notre société qu’avait si bien dénoncé Philippe Séguin il y a près de vingt ans.

    Une nouvelle aussi sinistre que prévisible

    Ce sera une nouvelle ligne à porter au passif de Nicolas Sarkozy. Jamais le nombre de chômeurs n’avait été aussi élevé depuis plus de dix ans. Pire, le nombre de 2,8 millions de sans emplois n’est que la partie émergée de l’iceberg. En effet, y compris officiellement, nous savons qu’il y a en réalité bien plus de 4 millions de personnes en recherche d’emploi en France, soit environ 15% de la population. Un Français sur six ne peut pas travailler faute d’activité.

    Pire, ces chiffres ne sont que des moyennes qui camouflent une partie de cette horrible réalité. Plus de 20% des jeunes (et sans doute 30% si on considère le chiffre élargi) ne trouvent pas d’activité, un bien mauvais tour que joue notre société à ses forces vives, pour qui l’entrée sur le marché du travail est extrêmement difficile. Pire, comme le rappelle souvent Nicolas Dupont-Aignan, ce taux de chômage dépasse 40% pour les jeunes hommes dans les quartiers.

    Malheureusement, une telle évolution était prévisible. Faisant de l’euro une fin en soi, les dirigeants européens appliquent des politiques délétères d’austérité pour essayer de sauver cette construction baroque et artificielle, comme il y a vingt ans, le gouvernement socialiste défendait son franc cher, quitte à envoyer un million de Français au chômage dans l’opération. Pire, en France, nous ne sommes qu’au début de ce cycle mortifère de plans d’austérité.

    A la source de tous nos maux

    Le chômage de masse, notre «Munich social»
    Pourtant, de nombreux hommes politiques, rejoints par de plus en plus d’économistes ont compris que cette voie est une impasse. Le cas de la Grèce nous montre bien les ravages de ces politiques d’austérité dont il est pourtant évident qu’elles ne peuvent pas marcher. Le saccage des services publics ne provoquera pas la moindre croissance. Il va la détruire et alourdir encore le poids d’une dette, qui ne va pas baisser entre temps, comme le souligne Morad El Hattab.

    Il y a un peu plus de deux ans, Paul Krugman critiquait les politiques d’austérité qui commençaient à se mettre en place en évoquant la politique du président Hoover de 1929 à 1932. Malheureusement, il a eu raison. Ce dont nos économies ont besoin, c’est de relancer la croissance pour relancer la création d’emplois, en ayant des monnaies adaptées aux réalités nationales, une industrie protégée et une finance remise au service de l’intérêt général.

    Car le chômage est bien le premier des maux de nos sociétés. Comment permettre l’intégration des citoyens sans emploi ? Comment financer notre protection sociale avec autant de personnes au chômage ? Comment espérer réduire l’insécurité et la violence si une part croissante de la population ne peut pas trouver de travail pour s’intégrer ? Même si le chômage n’explique, ni ne justifie pas tout, il est un facteur structurant du malaise de notre société.

    Oui, Philippe Séguin avait raison de dénoncer le « Munich social » de nos dirigeants politiques il y a près de vingt ans. Le problème est que son discours n’a pas pris une ride et s’applique malheureusement toujours aussi bien à la situation actuelle.

    Retrouvez Laurent Pinsolle sur son blog.

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  • « Parents d'un handicapé, le succès d'“Intouchables” nous inquiète » (Rue 89)

    M. et Mme Patricot   Parents d'un enfant handicapé

     

     

    Pour ce couple à la recherche d'un centre pour leur fils polyhandicapé, l'Etat peut profiter de l'engouement du public pour mieux livrer les familles à elles-mêmes.   

     Nous, parents d'un jeune homme polyhandicapé et sourd, avons obtenu, il y a quelques jours, une audience auprès d'un membre du cabinet de Monsieur Dominique Baudis, Défenseur des droits.

    Nous étions reçus suite à un courrier que nous avions envoyé dénonçant le manque de structure d'accueil pour les jeunes polyhandicapés sourds, mais aussi le manque d'accompagnement des familles.

    Après un entretien d'une heure et quart, nous avons compris que nous n'avions rien à faire là, que des droits, nous n'en avions pas.

    En effet, la démonstration a été faite sous nos yeux d'un désengagement assumé et volontaire de l'Etat sur les questions du handicap. Voici ce que nous avons entendu : que nous étions seuls responsables – voire coupable – de ce jeune homme handicapé.

    Nous avons entendu que dans les années 80, les mères des handicapés ne travaillaient pas et montaient les structures d'accueil nécessaires car, à cette époque, les parents étaient plus entreprenants. Ce qui était sous-entendu, c'est que nous ne faisons rien, et que nous attendons tout des autres (voire de l'Etat).

    La langue des signes moins pratiquée

    Certes, cela ne nous a pas vraiment étonnés. Depuis deux ans, nous cherchons un lieu d'accueil susceptible de recevoir notre fils. Il n'y a aucune place nulle part (et, en plus, la langue des signes est rarement pratiquée dans les centres de jour pour polyhandicapés).

    Depuis deux ans, nous sommes témoins du désengagement progressif de l'Etat et d'un désintérêt de tous les politiques pour la question. Les crédits disparaissent ou, mieux, sont transférés vers des causes plus lucratives que le handicap : la vieillesse ou la maladie d'Alzheimer.

    D'ailleurs, à l'occasion de la primaire socialiste, nous avons adressé un courrier à tous les candidats et à des dizaines de députés de gauche comme de droite... Ce courrier n'a reçu aucune réponse.

    A la fin de l'entretien, et alors que nous allions partir, notre interlocutrice nous a tendu un article du quotidien Aujourd'hui sur le succès du film « Intouchables ». C'est sur cela que nous nous sommes quittés.

    Ce film est un merveilleux filtre de la réalité

    L'engouement pour ce film, qui sert même de modèle dans les plus hautes sphères de l'Etat, pose quelques questions que nous voudrions aborder ici.

    Pourquoi ce film a-t-il autant de succès ? Avançons quelques hypothèses.

    Tout d'abord le film raconte l'histoire d'un homme riche, travaillant dans le luxe, qui se retrouve arrêté dans sa course et paraplégique. Le public adore. Il peut s'identifier, se dire que cela peut arriver à tout le monde...

    Inutile de vous dire que jamais ce film n'aurait pas eu autant de succès si l'handicapé l'avait été de naissance (ça, ça n'arrive qu'aux autres).

    Ensuite il est riche, donc il peut se payer l'aidant qu'il veut, celui qui le fera vibrer et lui permettra toutes les folies dont il rêve. Là aussi, sa richesse plaît, elle soulage. Car, qui voudrait voir ou savoir que les handicapés sont, dans la réalité, maintenus en dessous du seuil de pauvreté ?

    Pour conclure, il nous semble, sans pour autant nier le plaisir que certains peuvent y prendre, que ce film est un merveilleux filtre de la réalité. Une ode aux « soignants-naturels » que l'Etat rêve de voir proliférer pour mieux se désengager. Un filtre qui donne bonne conscience et qui permet au spectateur de ne pas voir ce qui se trame en coulisse.

    Car, même si le film raconte une partie d'une histoire vraie (j'imagine que cet homme a souffert, même si cela n'est guère montré) la réalité d'un très grand nombre de personnes handicapées est tout autre : précarisation, absence de structure d'accueil, isolation, dépression.


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  • Europe : de la faillite politique à la dictature économique

    Daniel Salvatore Schiffer - Tribune (Marianne2 )| Samedi 26 Novembre 2011
        S'il n'est pas marxiste et ne le sera très certainement jamais, le philosophe Daniel Salvatore Schiffer - qui analyse ici froidement la situation politique de l'Europe - convient toutefois de la pertinence incontestable de l'analyse de Marx. L'auteur du « Manifeste du parti communiste » le disait déjà en 1847 : ce sont les infrastructures économiques, autrement dit l’activité de production, qui conditionnent les superstructures politiques, y compris dans leur dimension morale.
     
    Je ne suis pas marxiste. Je ne l’ai jamais été et ne le serai très certainement jamais. Mais s’il est une vérité qui demeure néanmoins incontestable, sur le plan de l’analyse philosophique, c’est bien celle que Marx énonça, secondé en cela par Engels, dans l’historique « Manifeste du Parti Communiste », publié en 1847 déjà. A savoir : ce sont les infrastructures économiques, autrement dit l’activité de production, qui conditionnent les superstructures politiques, y compris dans leur dimension morale.

    Cet axiome, auquel le social-démocrate et européen convaincu que je suis reconnaît volontiers toute la pertinence conceptuelle, Marx le corrobora, dans ce même « Manifeste », par une formule restée célèbre, tant elle frappa alors les esprits : « Les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante. » 

    C’est bien là, en effet, cette nouvelle loi (la loi du marché, serais-je tenté de dire ici) qui semble présider aujourd’hui, et plus que jamais, au destin de bon nombre des pays de notre Europe, au premier rang de laquelle émergent bien évidemment, ainsi que nous venons de le voir tout récemment, la Grèce et, surtout, l’Italie.
     

    Les premiers et vrais responsables

    Car que sont leur nouveau chef de gouvernement, Lucas Papadémos (jadis gouverneur, de 1994 à 2002, de la Banque Centrale de son pays) pour la Grèce et Mario Monti (autrefois conseiller international, en 2005, de la banque d’affaires américaine Goldman Sachs) pour l’Italie, sinon de purs et simples économistes, eux-mêmes aux ordres d’une invisible, et d’autant plus pernicieuse, oligarchie ?

    Davantage : le tout nouveau directeur de la Banque Centrale Européenne, Mario Draghi, n’est-il pas, lui aussi, un ancien haut fonctionnaire de cette même Goldman Sachs ? C’est du reste là, cette très puissante institution financière, fleuron de Wall Street, ce qui relie, tel un discret mais efficace fil conducteur, ces trois récents dirigeants européens. Pour le moins paradoxal lorsque l’on sait que Goldman Sachs est sous le coup, depuis 2011, d’une plainte pour une gigantesque fraude fiscale : elle aurait vendu des produits dérivés - les fameux « swap » - permettant de dissimuler une partie de la dette souveraine des Etats-Unis et serait donc, comme telle, à l’origine de la crise des « subprimes », c’est-à-dire, par ricochet, de notre crise financière elle-même !

    L’arnaque, totale, serait magnifique, dans son cynisme, si elle n’était à ce point, sur le plan éthique, honteuse. A moins, pire encore, que ces prétendus spécialistes ne soient, dans leur propre domaine, que d’illustres incompétents, quoi que le système veuille bien nous faire croire, puisqu’ils n’ont jamais pu endiguer auparavant, ni simplement prévenir (laissons leur là le bénéfice du doute, outre celui de leur immense profit), cette même crise. Au contraire : ils en sont les premiers et vrais responsables.
     

    Une Europe essentiellement capitaliste

    Et, pourtant, ce sont bien ces louches technocrates de la haute finance qui, privés en outre de toute légitimité démocratique puisque ce ne sont pas les peuples qui les ont élus, se voient soudain propulsés, sans que nous n’ayons jamais été consultés sur la question, à la tête de nos gouvernements. Autant dire, effectivement, que Marx a donc plus que jamais, fût-ce a posteriori, raison : c’est bien l’économie qui détermine aujourd’hui, au déni de toute démocratie, la politique !

    Ce ne fut toutefois pas là la seule vérité que Karl Marx énonça, comme l’observèrent autrefois Louis Althusser (voir « Pour Marx ») ou Jacques Derrida (voir « Spectres de Marx »), au sein de son œuvre philosophique. Ainsi écrivit-il également, dans « Le Capital » cette fois, cette autre sentence phare de sa critique du capitalisme : « La circulation des marchandises est le point de départ du capital ».

    Et, de fait, loin de se vouloir au départ une entité politique, encore moins sociale, c’est comme un espace uniquement économique, basé sur la libre circulation des marchandises et donc, comme tel, essentiellement capitaliste, que notre Union Européenne elle-même naquit, en 1957, avec le Traité de Rome : preuve en est que cette actuelle UE se dénomma longtemps, jusqu’en 1992, date de l’entrée en vigueur du plus politique Traité de Maastricht, « Communauté Economique Européenne », appellation alors synthétisée sous le sigle de CEE.

    Rien d’étonnant, en d’aussi bancales fondations, si, au bout de pareil processus logique, ce sont des banquiers, eux-mêmes issus de ce symbole du capitalisme le plus sauvage qu’est Goldman Sachs, qui, sans jamais rien nous demander de surcroît, prennent effectivement aujourd’hui la tête, fût-elle malade, de nos Etats : motif, précisément, pour lequel les « indignés » ont raison de se révolter, à l’heure de la mondialisation, sur les différentes places publiques, à défaut d’être financières celles-là, des capitales européennes, quand ce ne sont pas, plus largement encore, les métropoles américaines, voire, bientôt, asiatiques.
     

    Après les diactatures politiques, idéologiques, militaires ou religieuses, voici celle de l'économie

    En résumé, c’est donc ce déficit politique de départ qui provoque à l’arrivée - c’est là son effet pervers le plus manifeste - cette dictature économique à laquelle nous assistons actuellement. De sorte que, paraphrasant à nouveau ici le Marx de la toute première phrase de son « Manifeste du Parti Communiste », nous pourrions aisément dire, à notre tour, qu’un spectre hante l’Europe contemporaine : la dictature financière, que la lucide Viviane Forrester, il y a quelques années déjà, en 1996, baptisa très justement, reprenant là une formule de Rimbaud en ses « Illuminations », d’« horreur économique » !

    Yves Charles Zarka, professeur de philosophie politique à la Sorbonne, expliqua parfaitement bien, lors du colloque qu’il vient d’y organiser autour de la pensée comme de la figure de Jürgen Habermas, ce danger qui nous guette : « Nous vivons un moment décisif dans l’histoire de l’Europe, celui dans lequel le projet d’une Union est mis en péril et risque de sombrer dans une dislocation périlleuse pour les Etats, c’est-à-dire les peuples qui la composent », y a-t-il souligné à bon escient. Et de conclure cet important débat par cette réflexion aussi dramatique, elle aussi, que judicieuse : « Ce n’est pas seulement l’Union Européenne qui est en péril, mais aussi la civilisation dont elle est porteuse. »

    D’où, urgente, cette autre question, fondamentale, pour l’avenir de nos sociétés modernes : cette Union Européenne que nous avons nous-mêmes appelé de nos vœux se construirait-elle, à l’heure actuelle, sur la destruction, non seulement des Etats, mais, plus spécifiquement encore, de la souveraineté populaire et, donc, contre la démocratie elle-même ?

    Si tel était le cas, le paradoxe, bien évidemment, ne serait pas des moindres : ce serait ses propres valeurs, son rêve humaniste, sa vision de la liberté et sa conception de la tolérance, que l’Europe, par cette nouvelle forme de dictature - la dictature économique, précisément, après les diverses dictatures, de par le monde, politiques, idéologiques, militaires ou religieuses -, nierait, ainsi, de la manière la plus hypocritement vile qui soit.

    Bref : la mondialisation, cet autre et nouveau nom du totalitarisme à venir ?

    Daniel Salvatore Schiffer est philosophe, auteur de « La Philosophie d’Emmanuel Levinas » (PUF), professeur invité au « Collège Belgique », sous l’égide de l’Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique et le parrainage du Collège de France.

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    Sujet : Fw: Tr: Reportage au Parlement Européen -salaire+ indemnités +indemnités journalières et demain indemnités d'absences ?  

     

     

     
      Ca se passe à Strasbourg !
     
    Reportage pertinent de journalistes allemands au Parlement européen.  Clique ce lien :
     
    http://dotsub.com/view/01ad2718-073c-474a-ac40-c7a72e199d55 

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