• L'enfant de l'ennemi (St.

    1998   222p. (non réédité, à consulter en bibliothèque ou acheter d'occasion )

      Un thème très rarement relaté est le sujet de ce livre. Les crimes sexuels lors de l'invasion allemande en 1914 et durant la période d'occupation. Actuellement de nombreux livres sont publiés sur les enfants "des boches" et même des "peoples" n'hésitent plus à cacher leur origine. Mais cela concerne la Seconde Guerre mondiale, avant ce livre rien de vraiment sérieux sur ce sujet pour la GG.

      L'auteur comme d'habitude s'appuie sur une documentation impressionante.
    Dans l'imaginaire collectif, l'invasion allemande de 14 a été un bain de sang à l'encontre des civils et a servi de propagande pour faire entrer l'Angleterre, puis l'Amérique en guerre. Mais l'auteur sans nier de nombreux faits commis par les Allemands relativise l'ampleur de ceux-ci.
       Le problème majeur à l'époque était souvent les jugements à l'encontre de la future maman qui, violée, avait fait "partir" l'enfant, mais aussi les cas d'infanticides. La justice qui était d'une rigidité incroyable à cette époque a fait souvent preuve d'un bon sens et d'une humanité exemplaire en acquitant presque tous les cas de ce genre.
      De plus, chose peu connue encore maintenant, lors de l'occupation d'une partie de la France et de presque toute la Belgique, de nombreux bébés sont nés de pères allemands. Et une fois les soldats allemands retournés chez eux ou enterrés dans un champ de bataille quelconque, ces bébés et leurs mamans ne furent pas rejetés comme ceux de la Seconde Guerre mondiale.
     Ils furent adoptés par le village et les femmes ne furent pas tondues (geste lamentable de la part du pseudo résistant et du Français revanchard sur des personnes faibles) . Et même parfois adoptés par leur "papa" français revenu du front, bel exemple d'humanité et de pardon. 


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  • La France noire (Pascal BLANCHARD ) image!!!!!!

       2011   310 P.  59 €

    Ce livre événement, un beau livre relié à forte dimension esthétique et graphique, se veut une référence au carrefour de la culture, de l histoire et des mémoires croisées à travers plus de sept cents documents, la plupart inédits, issus de plus de cent cinquante fonds d archives.
    À l image de Black Britain (2007) de Paul Gilroy, de Paris Noir (Hazan, 2001) ou de Black Paris (2007), ce livre sera un événement éditorial sans précédent, une référence unique sur trois siècles de présence des Noirs en France, issus de toutes les communautés et des quatre coins du monde, pour trois siècles d histoire commune.
    Introduction
    Trois siècles de présences en France, 1685-2011
    « Sauvages »
    De l affranchi au sujet colonial, 1848-1889
    « Indigènes »
    Premières présences et imaginaires coloniaux, 1890-1913
    « Tirailleurs »
    Forces noires et premiers combats, 1914-1924
    « Nègres »
    Les Négritudes en mouvement, 1925-1939
    « Noirs »
    Présences africaines, ruptures ultramarines, 1940-1956
    « Immigrés »
    La nouvelle vague afro-antillaise, 1957-1974
    « Blacks »
    Bleus, Blancs, Blacks..., 1975-1998
    « Français »
    Citoyenneté noire, cultures métissées, 1999-2011
     
    Pascal Blanchard est historien, chercheur associé au CNRS, spécialiste du "fait colonial" et des immigrations. Il a co-dirigé les huit ouvrages du coffret
      -Un siècle d'immigration des Suds en France et les ouvrages Ruptures postcoloniales. Les nouveaux visages de la société française (La Découverte, 2010),
      -Corps et Couleurs (CNRS Éditions, 2008) et
     -Human Zoos : Science and spectacle in the Age of colonial Empires (Liverpool,2008).
    Documentariste, il a proposé Les Noirs en couleur (Canal+, 2007) et Noirs de France (France 5, 2011).

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  •   Alors que l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) doit annoncer prochainement la mise en place d'un dialogue avec les parties prenantes sur le thème des nanomatériaux et de leurs impacts sanitaires, l'association Vivagora dénonce l'absence de prise en compte des aspects sociétaux liés au développement des nanotechnologies. Explications avec Dorothée Browaeys, déléguée générale de Vivagora.

     Novethic:  : L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) va créer une  instance de dialogue* avec les parties prenantes sur les nanomatériaux. Cette ouverture aux associations vous semble-t-elle satisfaisante ?

    Dorothée Browaeys : Le rôle et le fonctionnement de cette instance est calquée sur la sœur aînée, l’Instance de dialogue sur les radiofréquences. Cela nous déçoit dans la mesure où son rôle se limitera à conseiller ou à alerter le groupe de travail « Nanomatériaux et santé – alimentation, environnement, travail » sur des manques en matière d’expertise. Or, les parties prenantes peuvent intervenir autrement qu’en posture de « rattrapage » ou de compensation. Tant que les parties prenantes associatives ou syndicales sont reléguées à des rôles réactifs de critique, elles s’épuisent dans la dénonciation, au lieu d’apporter leurs questions propres, leur manière spécifique de hiérarchiser les priorités. Par ailleurs cette instance fait appel aux bonnes volontés pour participer au dialogue, sans prendre au sérieux les rapports de force et les équilibres. Il faudrait au contraire construire un panel représentatif qui garantisse le pluralisme, de façon à garantir une expertise sur tous les impacts des nanotechnologies (la santé, l’environnement,...) mais aussi la construction sociale et économique du risque (par les assureurs), la protection des travailleurs  (avec la vigilance des syndicalistes), la prise en compte de la construction normative et réglementaire, etc.

    Les conséquences sociétales des nanotechnologies ne sont donc pas prises en compte selon vous ? 

    La stratégie actuelle aboutit  à éviter le débat avec la société en se focalisant sur la seule expertise scientifique et en écartant les aspects sociétaux de l’usage des nanotechnologies. Pourtant des exemples de concertation et de partage des connaissances existent et ont porté leurs fruits. On pense au « Nanoforum », qui s’est tenu de 2007 à 2009 au CNAM à Paris et a permis un repérage commun sur les aspects sanitaires, environnementaux et sociaux du développement des nanotechnologies. On pense aussi à l’initiative Coexnano, menée par VivAgora et soutenue par le MEDDTL, qui a permis de rapprocher les milieux de la recherche et les ONG pour évaluer l’utilité, et l’acceptabilité des risques dune demie-douzaine de nanorevêtements. Dans la lignée des recommandations issues du Grenelle de l’Environnement, il s’agit d’associer les ONG au pilotage de la recherche et de l’expertise de manière constructive et durable pour une vigilance coopérative seule pertinente en contexte d’incertitude. 

    Quelles suites ont été données au débat national impulsé par le gouvernement ?

    Nous sommes restés dans le statu quo. Après le débat mené par la Commission nationale du débat public (CNDP) entre 2009 et 2010, le gouvernement n’a apporté aucune  réponse contrairement à ce qu’exige la loi . Les ministères n’ont donc pas eu de mandat pour agir et déployer des politiques de vigilance avec les parties prenantes. Ainsi le Nanoforum qui avait été conçu comme pérenne n’a pas repris ses séances. Si un travail de suivi d’une cohorte a été mis en place à l’InVS, il n’y a pas eu de nouvelles mesures pour protéger les travailleurs. Les industriels, et notamment les PME du BTP ou du textile, ont pourtant besoin d’information et de lignes directrices sur ce sujet, sur les risques. Ils sont démunis face aux inconnues et à la complexité des expositions. Ici, les pouvoirs publics ne jouent pas leur rôle d’information et d’arbitrage sur les usages pour garantir l’intérêt général, alors qu’il s’agit d’un risque émergent reconnu comme tel par les instances internationales.

    Le Grenelle de l’environnement a instauré une obligation de déclaration des nanoproduits **. Sa mise en œuvre répond-elle à vos attentes ?

    L’Anses va être chargée de cet enregistrement et publiera en mai 2013 le premier rapport présentant le paysage des nanoproduits et de leurs fabricants. Mais les modalités prévues dans le décret définitif [qui doit paraître dans les prochaines semaines] laissent de nombreuses possibilités d’y échapper. On ne pourra pas remonter toute la chaîne de fabrication des produits d’une part, et d’autre part une dérogation est prévue pour protéger les secrets de nature industrielle ou commerciale, ce qui ouvre un champ assez vaste d’exemptions. L’Anses pourra certes questionner les entreprises, mais si elles ne répondent pas ou ne respectent pas l’obligation de déclaration, les sanctions prévues sont dérisoires. La prévention des non-déclarations est donc peu crédible. C’est regrettable parce qu’il faut reconnaître que la France est pionnière sur le sujet de la déclaration obligatoire et qu’elle s’est engagée avec la Belgique et l’Italie dans la construction d’un registre partagé des nanoproduits. Le problème se situe dans la mise en œuvre et la garantie d’une information pertinente du grand public.
     

    Finalement, peu de mesures réglementaires ont été prises pour encadrer le développement des nanotechnologies, y compris au plan européen…

    On sait que Reach, qui oblige les producteurs à enregistrer les substances chimiques, ne prendra pas en compte les nanoproduits. C’est un réel problème. La seule réglementation qui existe concerne l’étiquetage des produits cosmétiques contenant des nanocomposants. C’est bien d’informer le consommateur, mais c’est très insuffisant. Les questions essentielles concernant la responsabilité face au recyclage des produits ne sont pas réglées. Les autorisations de mises sur le marché devraient jouer leur rôle, et en particulier servir à discriminer les usages des nanotechnologies, car certains sont fortement suspectés d’être dangereux. Or, les outils existants restent d’application volontaire, à l’image du cadre « nanoresponsable »,établi par l’Afnor, qui consiste à accompagner les fabricants et industriels dans la gestion des risques issus des nanoproduits.

    *L’Agence installe actuellement un groupe de travail pérenne « Nanomatériaux et santé – alimentation, environnement, travail », placé sous l’égide de son comité d’experts dédié aux agents physiques

    ** Le décret stipule que : « Les personnes concernées devront transmettre à l’autorité compétente une déclaration contenant les quantités et les usages des substances produites, importées ou distribuées au cours de l’année civile précédente, ainsi que l'identité des utilisateurs professionnels à qui elles auront été cédées à titre onéreux ou gratuit.

     Propos recueillis par Véronique Smée   © 2012 Novethic - Tous droits réservés 


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  • La femme et le soldat (José CUBERO )

    2012  376 p.  22 €

      La guerre n'est pas qu'une affaire d'hommes, et les femmes ont toujours subi dans leur chair les outrages commis par des soldats aux pulsions déchaînées. De simple butin, vécu par le guerrier comme une juste gratification de son ardeur au combat, à l'arme de guerre entrant dans une stratégie délibérée, le saccage du corps féminin constitue une tragique permanence de l'Histoire.

      Guerre de Cent Ans, campagnes d'Italie au siècle de l'humanisme, dévastation du Palatinat, occupation de l'Espagne par les armées de Napoléon, sac de Nankin, sévices franquistes, drame algérien ou, plus récemment, purification ethnique en Bosnie et génocide rwandais..., tous ces conflits et bien d'autres ont livré la femme à une brutalité sexuelle incontrôlée. Dans cet ouvrage pionnier, selon les époques et les lieux, et les comportements différents des commandements, José Cubero dresse une typologie de ces terribles ravages.
       Aujourd'hui, le viol est considéré comme un crime de guerre, et parfois même comme un crime contre l'humanité, puni par le droit international. Une légitime reconnaissance qui ne saurait pourtant réparer les vies brisées, et qui se heurte encore trop souvent à la honte et au silence des victimes ainsi profanées.
       José Cubero est agrégé d'histoire et a déjà publié, aux Editions Imago,
      -Nationalistes et Étrangers, Le Massacre d'Aigues-Mortes, 1893 (1996),
      -Histoire du vagabondage, du Moyen Age à nos jours (1999), et
      -Une révolte antifiscale au XVIIe siècle, Audijos soulève la Gascogne (2001).

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  •  

    Areva : " Nucléaire et Françafrique sont imbriqués "


    Entretien avec Raphaël Granvaud, militant de l'association Survie
    Propos recueillis par Manuel Domergue
    Alternatives Economiques n° 311 - mars 2012

    D'où vient le combustible nécessaire aux centrales nucléaires ? Comment l'uranium est-il extrait en Afrique ? Raphaël Granvaud analyse, dans un livre intitulé Areva en Afrique. Une face cachée du nucléaire français (éd. Agone), les activités de l'entreprise publique, deuxième producteur d'uranium au monde. Il s'agit, pour lui, d'une forme de néocolonialisme, particulièrement au Niger, au Gabon et en Centrafrique. Pourquoi l'association Survie, qui dénonce la Françafrique, s'intéresse-t-elle à Areva ? Officiellement, le nucléaire garantit à la France son " indépendance énergétique ". Cela dissimule qu'en réalité l'uranium est importé, en grande partie d'Afrique.


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  •    La liberté d’expression est-elle bien ou mal assurée en France aujourd’hui ? Le traitement juridictionnel des

     œuvres littéraires et artistiques a-t-il un effet réfrigérant sur la création ? L’incrimination des offenses religieuses et des opinions racistes, sexistes, homophobes, handiphobes est-elle une modalité de la démocratie des identités ou plutôt de la political correctness ? Pourquoi était-il vain d’attendre de la Cour de cassation qu’elle transmette au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité sur le négationnisme et le révisionnisme ? La concurrence des mémoires ne condamne-telle pas les juges et le législateur à agrandir le nombre de « vérités historiques notoires » dont le droit prohibe la contestation ? L’interdiction de la publicité politique à la télévision n’est-elle pas devenue obsolète ? Les règles de maîtrise des antennes audiovisuelles n’aseptisent-elles pas le débat public à la télévision ?

     

    Ce sont autant de questions abordées ici en évitant la prémisse courante que sont les concepts de censure et depolice des discours, parce qu’ils sont surchargés de connotations historicistes à partir desquelles il est difficile de rendre compte de ce que font, aujourd’hui, les juges et les autorités de régulation investis de prérogatives en matière de liberté d’expression. L’auteur prend donc au sérieux le système complexe et inédit de normes juridiques, devaleurs et de sensibilités à l’intérieur duquel sont résolus les problèmes et les litiges intéressant la liberté d’expression, étant admis que le caractère national de ce système de références juridiques, politiques et symboliques n’est pas annihilé par la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme.

    Collection : Libertés, Auteurs et Médias 

      L'auteur par lui-même

    Professeur des Facultés de droit (Université de Poitiers) - Directeur du programme « Le droit américain dans la pensée juridique française contemporaine » (www.droitusafrance.com) -  Secrétaire général puis Président de l'Association Française de Droit des Médias et de la Culture (www.droit-medias-culture.com) - Membre de France Amériques et de l'Association française de droit constitutionnel.  

     Parcours 

    Pratique du droit : Juriste - Consultant - Omission volontaire du Barreau de Paris.

    Séjours académiques aux Etats-Unis (Boston, NYU, Louisville...) et hors Etats-Unis..

    Titres universitaires : Agrégation de droit - Doctorat en droit, Lauréat du concours général (Université Panthéon-Assas) - Diplômé de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris.


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  • Cour des comptes : Noyer a joué et perdu. La France aussi

    Emmanuel Lévy - Marianne | Vendredi 10 Février 2012 

    Dans son rapport public annuel, la Cour des comptes pilone la gestion de la Banque de France.
    Vente de l'or au mauvais moment, achat de titres spéculatifs, Christian Noyer est en premiére ligne.
    Par ricochet, Nicolas Sarkozy, promoteur en 2004 de la cession de l'or de la BdF, est également accroché.
    Christian Noyer, gouverneur de la BdF, se défend en tapant a son tour sur la gestion de la Cour. Du jamais vu

    C’est une lourde pierre dans le jardin du gouverneur de la banque de France que la Cour des comptes a lancé. Dans leur rapport public annuel rendu ce mercredi 8 février, les magistrats de la rue Cambon se sont penchés sur le programme de cession du stock d’or de l’institut. Et leur conclusion est radicale : l’opération s’est traduite par un appauvrissement de la Banque de France de 10 milliards d’euros. Nicolas Sarkozy est également indirectement visé. Le président, alors ministre de l’économie en 2004 donne l’ordre au gouverneur de s’engager sur cette voix. Objectif : faire du rendement pour l’Etat qui reçoit les dividendes de la Banque de France, mais aussi permettre à l’institut de financer ses lourdes charges.


    Certes, avec l’envolée du métal précieux, la vente de 589 tonnes d’or a généré une montagne d’euros de plus-values : une dizaine de milliards d’euros. Mais c’est justement ce que critique la Cour : l’accord cadre entre l’Etat et la Banque de France indiquait que « le rythme de mise en œuvre du programme de vent » était laissé à l’appréciation du gouverneur de la BdF. A lui d’en juger l’opportunité « en particulier au vu de l'évolution des cours observés sur le marché de l'or. »

    Or précisément, note le rapport dans une note de bas de page : « Le cours de l’once d’or qui s’établissait à 438 $ à la fin de l’année 2004, s’élevait à 104 $ à la fin de 2009, au moment de la fin du programme. Il se situait à près de 1 600 $ fin 2011. » Cruel pour la jugeote de Christian Noyer. Lequel se défend dans sa réponse adressée à la Cour : « (les ventes) ont été décidées d'un commun accord avec l'État, effectuées à un cours moyen qui était historiquement très satisfaisant - notamment en ce qui concerne la dernière tranche - et supérieur à celui des autres banques centrales (…) elles ont permis de générer des revenus importants qui ont été versés à l'État.. » L’argument est à double tranchant.

    Vendre de l'or pour acheter de la livre sterling: transformer l'or en plomb

    Cour des comptes : Noyer a joué et perdu. La France aussi

    Premièrement, le gouverneur y explique que le programme s’est achevé selon un cours moyen de cession supérieur à celui des autres banques centrales. Et pour cause, comme le montre le graphique, les autres banques centrales « les ont interrompus plus tôt (Belgique en 2005, le Portugal en 2006, l’Autriche et l’Espagne en 2007)», note le rapport. Ce que les autres gouverneurs de banques centrales ont vu, autrement dit des conditions économiques propices à la hausse sans fin de l’or, le gouverneur de la BdF, lui, ne l’aurait pas identifié…

    Mais les magistrats continuent de pointer cruellement la gestion de la BdF. Car ce bon or a été transformé en plomb. Une partie importante de l’argent dégagé a été investit en….livre sterling. « C’est absurde d’opérer de tels investissements après aout 2007 et le déclenchement de la crise des subprime. L’or devient une valeur refuge, tandis que la livre hors de la zone euro peut a tout moment être dévaluée », s’énerve-t-on à la Cour.

    La Banque de France plus Groupama que Scor

    Cour des comptes : Noyer a joué et perdu. La France aussi
     

    L’apprenti spéculateur a également voulu faire comme dans les banques privées qui jouent sur les marchés : faire du rendement. Alors que la Scor, ou encore la Caisse des dépôts ont renonçé à acheter des dettes risquées (celles de la Gréce ont été dévaluées de 50% de leur valeur) la Banque de France s’en est elle, au contraire, gavée tout comme Groupama. Ainsi, 44% des 54 milliards d’euros de titres de dettes d’Etat ont-ils été placés sur des valeurs à risque comme la Grèce.

    C'est peu dire que Christian Noyer n'a pas apprécié le rapport de la Cour des comptes. Et pour sa défense, le gouverneur répond en deux points

    Le premier par l'attaque. Invité ce matin de Jean-Pierre Elkabbach, il a, chose inahbituelle, remis en cause la gestion de la Cour des comptes elle-même. Au micro d'Europe 1, le gouverneur s'est inquiété de ce que « La cour des comptes ne baisse pas ses effectifs (et) que ses charges de personnels ont augmenté de 10% en 3 ans.»

    Enfin, le gouverneur mouille le pouvoir : Christian Noyer indique clairement que les dernières ventes, tardives au regard de la courbe de hausse de l’or, ont été faite en « accord avec l’Etat », permettant de lui verser « des revenus importants ». Bref que la BdF a répondu à une injonction pour soutenir les recettes de Bercy.

    Problème : les 589 tonnes or vendues par la BdF valent aujourd’hui près de 20 milliards. Le double de ce que la Banque a encaissé en les vendant. 

    Merci qui ? 


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  •  Clic, clic 09/02/2012 

    Sur le Web, les « petits » candidats entre nécessité et économies

    Internet, une aubaine pour les petits partis sevrés des médias traditionnels ? Avec des moyens limités, difficile de faire une campagne web convaincante.

    En 2007, Gérard Schivardi, du Parti des maires, avait consacré 664 euros dans son site internet. Frédéric Nihous, de Chasse, pêche, nature et tradition (CPNT), 2 500 euros.

    Les « petits » candidats n'ont – pas plus en 2007 qu'en 2012 – les moyens de François Hollande, qui peut lancer trente personnes sur le champ de bataille numérique, et y consacrer – comme l'UMP – près de deux millions d'euros. Pour autant, « le Web permet aux candidats qui ne sont pas invités sur les grandes chaînes de faire passer leur message », explique Karin Tourmente-Leroux, responsable de la campagne web d'Hervé Morin.

    Les petits partis sont ainsi tiraillés entre les avantages d'une campagne en ligne et un manque criant de moyens pour lui donner une réelle ampleur.

    Une logique qui a évolué depuis 2007


    Voir le document sur le site de Rue89  (Fichier PDF)

    En 2007, les candidats ayant réuni moins de 5% des suffrages avaient choisi économiser sur la campagne en ligne. Le rapport de la CNCCFP sur les comptes de campagne nous apprend que ces derniers ont consacré moins de 2% de leur budget total à Internet. A l'inverse, cette part montait à plus de 5% pour les quatre candidats ayant obtenu plus de 5% des voix.

    La logique s'est inversée lors des régionales de 2010 : les candidats ayant obtenu moins de 5% des suffrages ont consacré en moyenne 9,76% de leur budget de campagne à Internet, contre 6,71 % pour les autres (et 6,93 % en moyenne).

    « Pas question de faire des économies »

    Pour Karin Tourmente-Leroux, en 2012, « pas question de faire des économies ». Mais la plupart des candidats n'ont pas de budget définitif. Tout sera décidé après l'arrivée de la course au parrainages, le 16 mars.

    Cette chasse aux signatures entrave souvent les efforts des « petits » candidats sur Internet, en les privant de temps et d'argent. Alain Buschaud, mandataire financier de Frédéric Nihous (CPNT) et en charge d'Internet :

    « Nous mettons toute notre énergie sur les parrainages, tant que c'est pas gagné on laisse Internet un peu de côté, malheureusement. »

    Quand on lui demande si l'équipe de campagne web produira des contenus (articles, vidéos...), Pierrick Prévert, qui s'occupe de la campagne web de Corinne Lepage :

    « Nous faisons une campagne extrêmement modeste. Aujourd'hui, c'est un luxe qu'on ne peut pas se permettre. Si nous avons les 500 signatures, on pourra développer des outils de manière plus intéressante. »

    « Des gens qui pourraient mener des actions sur Internet sont actuellement sur le terrain, c'est évident », juge Anthony Hamelle, pilote de la campagne de Villepin.

    Une campagne en ligne incontournable...

    Pourtant, tous le clament : « Internet est un élément-clé de notre campagne. » Les sites de campagne sont tous opérationnels et servent majoritairement à diffuser les passages médias, les déplacements et les programmes des candidats.

    Tous sont également présents sur les réseaux sociaux, qui étaient à peine balbutiants lors de la campagne de 2007. Même ceux dont l'électorat peut sembler à des années-lumières de ces questions. Alain Buschaud, de la CPNT :

    « Nos adhérents sont un petit peu âgés, mais beaucoup sont sur Facebook, c'est étonnant. Ils sont passés directement du minitel à FB. »

    Seule la voix de Lutte ouvrière dissone légèrement dans ce concert de louanges 2.0. Pierre Royan, de LO :

    « Nous ne sommes pas “internetophobes”, mais Internet est un média parmi d'autres. Rien ne vaut le contact en chair et en os, les liens sur Internet ne peuvent être que le tout début du lien. »

    … mais peu participative

    Mais la communication reste malgré tout très verticale. Si presque tous les « petits » candidats s'occupent eux-mêmes de leurs comptes Twitter ou Facebook (souvent pour des raisons de budget), les discussions et les interactions réellement participatives avec les internautes sont rares.

    C'est ce que dénonce Nicolas Vanbremeersch, ancien blogueur politique (sous le nom de Versac) et auteur de « De la démocratie numérique » :

    « Internet, c'était le retour du pouvoir des gens ordinaires. Vous savez, ceux qui ne sont plus une audience passive mais de véritables acteurs, ne reçoivent plus mais sont devenus des médias à part entière. Est-ce une illusion qu'on aurait perdue ? Tout donne à le croire. »

    Internet, un média par défaut ?

    De fait, beaucoup semblent voir Internet comme un simple média de substitution, utilisé pour pallier leur manque de visibilité dans les médias traditionnels.

    Pierrick Prévert, pour Corinne Lepage :

    « Notre candidate n'a pas beaucoup de temps média, Internet est un vecteur pour nous faire entendre. Nous n'avons pas la force de frappe des autres partis. »

    « Hollande et Sarkozy ont quelque chose comme 500 fois plus de temps de parole que Dominique de Villepin. A ce titre, Internet est un canal intéressant », juge Anthony Hamelle.

    Des bénévoles, pour l'essentiel

    La tendance de cette webcampagne est à la création d'outils d'aide à la mobilisation des sympathisants et des militants, à l'instar du site TousHollande.fr ou de l'espace « Volontaires » du site de Bayrou.

    Mais tous n'ont pas les moyens de le faire, Même si quelques initiatives se dessinent en pointillé. A la CPNT, on admet :

    « On est en train de répertorier un réseau susceptible de relayer les informations. »

    Chez Villepin, on pourra s'appuyer sur un réseau social – « Villepincom » – mais avant tout pour « permettre aux militants de partager du contenu », tandis que Facebook sera réservé aux sympathisants qui « s'intéressent à la campagne ».

    Cette utilisation très classique du média est encore due à un manque de moyens. Là où les grands partis ont recours à des permanents, la campagne web des partis plus modestes fonctionne essentiellement grâce à des bénévoles.

    Alain Buschaud, de la CPNT :

    « On est pas dans la cour des grands, on sait qu'on a du potentiel sur Internet, mais on a peut être pas les moyens de l'utiliser. C'est peut-être un peu tard. Notre population n'est pas très branchée, on ne va pas croire à un miracle, même si c'est peut-être indispensable pour les campagnes modernes. »


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  •   29/02/2012   Ils ont droit aux aides sociales mais ne les demandent pas

    Estelle Faure | Journaliste Rue89


    Un Rubik's cube (Jaimesh/Flickr/CC)

    Selon un rapport d'évaluation [PDF] paru en décembre dernier, la moitié des bénéficiaires potentiels du RSA (Revenu de solidarité active) n'en ont pas fait la demande. Victor, prof de gym à la retraite, en fait partie :

    « Si je n'étais pas venu ici, je n'aurais pas su que j'avais certains droits. »

    Ici, c'est le Pimms du XIIe arrondissement de Paris : le Point d'information et de médiation, une association qui compte quatre autres sites dans Paris et plus d'une quarantaine ailleurs en France.

    « Je ne savais pas que j'y avais droit »

    A 61 ans, Victor cherche encore ses mots : à la suite d'un AVC en 2005, il n'est plus apte à travailler et survit grâce à sa pension d'invalidité. Un coup dur pour cet ancien professeur de gym d'une école privée, qui rêvait d'enseigner le sport depuis qu'il est tout jeune.

    Et quand Victor atteint l'âge de la retraite, il y a deux ans, ses revenus fléchissent. Il est contraint de quitter son logement.

    Depuis, il vit dans un petit hôtel meublé pour 615 euros par mois :

    « J'en ai marre de vivre là-bas, je ne peux pas faire ce que je veux. Alors je viens faire une demande de logement dans une résidence pour personnes âgées. Je ne savais pas que j'y avais droit. Je ne comprends pas tout pour les papiers alors je viens ici. »

    Comme Victor, ils sont plus de 40 000 à venir chaque année dans un Pimms parisien – 400 000 dans la France entière – pour chercher de l'aide, remplir des papiers, rédiger des courriers ou faire des demandes d'allocations sociales. Un écrivain public social en quelque sorte. Rachid Ferhan, le responsable de l'établissement, explique leur mission :

    « Notre rôle, c'est d'accueillir, informer et orienter les gens qui viennent nous voir, pour qu'ils ne soient pas ballotés entre deux administrations. Ces gens sont en butte à la lourdeur administrative : la CAF, la Sécurité sociale, les impôts. Au journal télévisé, on parle beaucoup des fraudeurs à l'assurance maladie, mais on n'entend jamais parler de ceux qui auraient droit à des allocations et qui ne le savent pas. »

    Des taux élevés de non-recours

    Ces oubliés de l'aide sociale sont pourtant nombreux : selon l'Odenore (Observatoire de non-recours aux droits et services), toute prestation sociale confondue, le taux de non-recours ne descend jamais en-dessous de 10%.

    Philippe Warin, co-fondateur de l'Observatoire, précise :

    « Pour certaines allocations, comme l'aide à la complémentaire santé, cela peut aller jusqu'à 80%. »

    Selon lui, plusieurs raisons conduisent les bénéficiaires à ne pas se manifester :

    « Le non-recours est élevé quand le dispositif est peu connu, enfoui dans un ensemble de droits comme les aides connexes par exemple, les tarifs sociaux de l'énergie. »

    « Cette condition-là, je ne l'avais pas vue »

    Pierre fait partie de ces allocataires qui auraient pu bénéficier d'une aide, mais qui n'en ont pas fait la demande. Pas par négligence, mais par manque d'information.

    En septembre 2010, étudiant en école d'ingénieur, il termine son contrat d'apprentissage, réalisé en alternance dans une grande entreprise publique française.

    Il décide de prendre le large et de partir un an en Australie, pour voyager, travailler, voir d'autres latitudes. Mais à son retour, il apprend qu'il est trop tard pour faire les démarches :

    « Je suis rentré en France en décembre 2011 et j'ai voulu faire une demande d'allocation à Pôle emploi. Mais il aurait fallu que je la fasse dans un délai de douze mois après la fin de mon contrat. C'est trop tard maintenant et je me retrouve donc sans aucune allocation. »

    Avant de partir en Australie, il s'était pourtant renseigné pour savoir comment calculer le montant de ses allocations :

    « Mais cette condition-là, je ne l'avais pas vue, je n'étais pas au courant. »

    « Les dossiers traînent, sont trop compliqués »

    Si certaines personnes connaissent mal les dispositifs sociaux, d'autres en ont entendu parler, mais ne savent pas toujours comment y accéder, selon Philippe Warin :

    « Les démarches sont parfois longues et rébarbatives, certains demandeurs peuvent tout abandonner parce que les dossiers traînent ou sont trop compliqués. »

    Pour se rendre compte de l'ampleur du phénomène, l'Odenore a calculé le montant ce que représente en euros le total du non-recours pour certaines aides. Rien que pour le RSA, les pertes sont importantes selon Philippe Warin :

    « Cette non-dépense aurait fait économiser 4,3 milliards d'euros par an à la Caisse des allocations familiales (Cnaf), quand les fraudes aux allocations représentent 90 millions d'euros. »

    « Si on se loupe, ils ne sont pas contents »

    De retour au Pimms, dans la petite salle d'attente, Zohra et Monia patientent, des tas de papiers sur les genoux : les grands chiffres, elles n'y comprennent pas grand-chose, elles ont déjà du mal avec leurs petits revenus. Zohra, mère de famille d'origine tunisienne, raconte :

    « Je viens renouveler ma CMU [couverture maladie universelle, ndlr]. Moi, je ne sais pas écrire en français, ma fille a essayé de remplir le dossier mais elle n'a pas tout compris, c'est trop compliqué. Pourtant, elle travaille dans une pharmacie ! »

    Assise à côté, Monia, 56 ans, acquiesce :

    « Cette année, pour avoir la CMU, on nous demande de prouver notre nationalité par exemple, on ne le faisait pas avant. »

    Elle sait parfaitement lire et écrire mais préfère venir au Pimms pour remplir ses dossiers :

    « Ici, ils sont gentils. Et puis j'ai peur de faire une erreur dans le dossier, il y a beaucoup trop de calculs. Avec la Sécurité sociale, si on se loupe, ils nous appellent et ne sont pas contents. »

    Les deux femmes continuent de discuter en arabe, en attendant d'être prises en charge par un médiateur du Pimms et enfin envoyer leurs dossiers de CMU.

    Aussi une question de dignité

    Qu'il soit subi ou consenti, le non-recours préoccupe de plus en plus l'administration et surtout les collectivités locales, en première ligne de la misère sociale.

    Ici et là, des initiatives sont enclenchées pour enrayer ce phénomène. A Grenoble par exemple, le centre communal d'action sociale (CCAS) mène plusieurs projets depuis 2008, comme la création d'un baromètre du non-recours.

    Avant la crise, cette question n'était pas forcément prioritaire, reconnaît Olivier Noblecourt, vice-président du CCAS et adjoint à la mairie PS de Grenoble :

    « On privilégiait la problématique de l'insertion et de l'emploi. Mais depuis quelques années, le non-recours s'est développé : la complexité des démarches est croissante et le regard négatif sur la pauvreté s'est durci.

    Beaucoup de gens pensent que ça fait partie de leur dignité de ne pas aller dans un centre social. »

    Mieux détecter les bénéficiaires potentiels

    A plus grande échelle, c'est le système de détection du non-recours qui doit être amélioré, comme l'explique Philippe Warin :

    « L'Assurance maladie fait un énorme travail sur ses bases de données pour identifier les assurés sans couverture maladie. »

    Mais c'est encore peu comparé aux avancées d'autres pays européens. En Belgique, la Banque-carrefour de la Sécurité sociale est une administration qui détecte les bénéficiaires potentiels et leur attribue automatiquement leurs droits sociaux ou autres avantages, notamment les tarifs préférentiels de l'eau, du gaz et de l'électricité.

    Des innovations qui ont permis à la Belgique de remporter en 2007 le premier prix d'un concours européen d'excellence dans le secteur public.

    « Une efficacité du RSA divisée par trois »

    En France, la question du non-recours reste encore confidentielle. Le rapport d'évaluation sur le RSA est la première grande enquête publique à s'intéresser au sujet.

    Pauline Domingo est conseillère à la direction des statistiques, des études et de la recherche de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), elle a participé à la rédaction de ce rapport :

    « Les enquêtes sur le non-recours sont assez peu développées car elles sont coûteuses et très complexes à mettre en place. »

    Pourtant, éradiquer le non-recours pourrait engranger de grandes économies : si tous les bénéficiaires du RSA activité en avaient fait la demande, le taux de pauvreté aurait baissé de 0,7 point. En l'état actuel, il n'a diminué que de 0,2 point.

    Pauline Domingo résume :

    « Le non-recours divise par trois l'efficacité du RSA activité. »

    Automatiser les droits sociaux

    Une des solutions serait d'automatiser l'ouverture des droits des administrés, dès qu'une personne est repérée comme ayant-droit potentiel.

    En octobre dernier, Eric Besson, ministre de l'Energie, faisait un premier pas dans ce sens : il promettait un décret pour automatiser la mise en place des tarifs sociaux de l'électricité et du gaz, d'ici le 1er janvier 2012.

    Seuls 600 000 foyers bénéficient de ce tarif préférentiel, contre 1,5 à 2 millions d'allocataires potentiels.

    Le 19 janvier, le ministre a reconnu que le décret était encore à l'étude par le Conseil d'Etat mais serait publié dans « les semaines prochaines ».

    En attendant, au Pimms de Paris, on se débrouille avec les moyens du bord : face à l'affluence d'usagers en porte-à-faux avec l'administration, l'association envisage d'ouvrir une permanence supplémentaire d'écrivain public.


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  • 2009     521 p.    8,90 €

    Exploits des sportifs de haut niveau, émeutes en banlieue, lutte contre le racisme et les discriminations, mouvement associatif : depuis une dizaine d'années, les Noirs vivant en France métropolitaine sont apparus si visiblement sur la scène publique nationale qu'on peut parler aujourd'hui d'une " question noire " française. Cet essai dense et limpide décrit et analyse, du XVIIIe siècle à nos jours, le passé et le présent d'une minorité française. Car la " condition noire " désigne une situation sociale qui n'est pas celle d'une classe, d'une caste ou d'une communauté, mais celle d'une minorité, c'est-à-dire d'un groupe de personnes ayant en partage l'expérience sociale d'être considérées comme noires. L'ouvrage de Pap Ndiaye est d'ores et déjà considéré comme le travail fondateur des black studies à la française.

    De père sénégalais et de mère française, Pap Ndiaye passe son enfance en banlieue parisienne entouré de sa mère et sa jeune sœur, la romancière Marie NDiaye (son père les quitte alors qu'il a 3 ans). Entre la vie dans la banlieue parisienne et les vacances dans la ferme familiale en Beauce, ils ont une « enfance française » sans ce « métissage culturel » vanté par le « poète-président » sénégalais Léopold Sédar Senghor, en raison de l'absence du père africain.

    Brillant élève, il entre à École normale supérieure de Saint-Cloud en 1986 et réussit l'agrégation d'histoire. Lorsqu'il revient sur son parcours scolaire, il évoque une « méritocratie républicaine ».

    De 1991 à 1996, il étudie aux États-Unis pour préparer une thèse d'histoire sur la société pétrochimique DuPont de Nemours. Boursier à l'université de Virginie, il est choqué lorsqu'une fraternité noire, la Black Student Alliance, lui demande à lui, qui se perçoit comme un « Français de souche », d'adhérer à cette association… Ce séjour dans la société américaine va éveiller en lui la « part du père », cette moitié africaine jusqu'alors occultée2.

    À son retour en France, il est nommé maître de conférences à l'EHESS où ses travaux portent désormais sur la question noire, les discours et pratiques de discrimination raciale en France et en Amérique. Il est un pionnier des « Black studies » à la française. Il rencontre Patrick Lozès, futur patron du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), et ensemble ils fondent le Cercle d'action pour la promotion de la diversité en France (CAPDIV).

    Il se découvre donc « noir sur le tard », comme l'écrit si bien le journal Libération dans un portrait qui lui est consacré le 24 février 2007.

    Pap Ndiaye est aussi membre du Cercle d'action pour la promotion de la diversité en France (Capdiv, association membre du Cran) ; il est le frère de l'écrivain Marie NDiaye, prix Goncourt 2009, et le compagnon de Jeanne Lazarus, sociologue de l'économie, et petite-fille de Stanislas Mangin. (Biographie par Wikipédia)
     

    LA CRITIQUE EVENE 

    Evenepar Thomas Yadan

    Tout part d’un constat : <i>”Les Noirs de France sont individuellement visibles mais ils sont invisibles en tant que groupe social et qu’objet d’étude pour les universitaires.”</i> Amertume de l’historien Pap Ndiaye qui, non satisfait d’une telle injustice, publie un essai conséquent sur la condition noire. Et quel livre ! Si le corpus traitant de ce sujet reste en France honteusement très embarrassé, si la question noire reste habituellement rivée au communautarisme ou à l’identité culturelle, l’auteur prend le phénomène à revers en s’intéressant aux noirs comme “minorité”. Et, au-delà d’une simple originalité sémantique, c’est l’appréhension méthodique (approche quantitative, corrélations historiques, etc.) et le fond de l’analyse qui se trouvent bouleversés. Somme historique époustouflante, réflexions subtiles et approfondies, oscillation permanente et pertinente entre la situation américaine et française, l’ensemble formant une unité logique débarrassée de la mollesse du consensus, de la faiblesse de la tautologie ou de l’entêtement des certitudes, la qualité de l’analyse est égale à l’intelligence du procédé. S’adressant autant aux intellectuels qu’aux citoyens - par la clarté des propos et le souci de la rationalisation - avides de connaissances et de compréhension, l’auteur interroge implicitement les politiques et redéfinit les critères d’identification sociale et culturelle des Noirs en France. Préjugés, stéréotypes, polymorphie du racisme, discriminations sont les phénomènes dont Pap Ndiaye objective les contours et précise le contenu afin de comprendre objectivement le présent à travers le prisme indispensable du passé en évitant les myopies de l’actualité. Une manière de casser les cloisons identitaires qui empêchaient toute initiative politique effective et efficace en faveur d’une lutte contre les discriminations et les injustices sociales. Un livre remarquable…et pour le moment unique

    • Livres Hebdo

      Pap Ndiaye aborde la “question noire” sans simplisme en se fondant sur une excellente documentation et de nombreux témoignages qu’il traite avec subtilité.

    • Les Inrockuptibles

      Son essai, porté par un vrai militantisme du savoir et par une confiance dans la science, l’auteur faisant ici grand usage des sondages et des statistiques, reste un exemple d’exigence intellectuelle, une rare alliance d’énergie et d’honnêteté.

     
     
     

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