• Dopage en athlétisme

      à lire sur NYTimes.com (en anglais) 23/08/2013 

    Une étude révèle l’ampleur du dopage en athlétisme. Affolante... et censurée

    • Signalé par   Clément Guillou  (Rue 89 )

    Moins d’une semaine après les championnats du monde d’athlétisme de Moscou, le New York Times révèle l’existence d’une étude scientifique estimant à un tiers la proportion d’athlètes dopés. Un chiffre alarmant, bien supérieur aux estimations données jusqu’ici, et qui fait dire à Don Catlin, expert renommé de l’antidopage :

    « Ces chiffres sont révélateurs. C’est perturbant mais je ne suis pas surpris. »

    Cette étude embarrasse l’Agence mondiale antidopage (AMA) et la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) depuis plus d’un an et n’aurait sans doute jamais été connue sans l’enquête du New York Times.

    L’AMA sait que les contrôles n’attrapent pas la plupart des tricheurs – moins de 2% de positifs – mais a du mal à évaluer leur proportion dans les différents sports. En 2011, elle charge une équipe de scientifiques de répondre à cette question. Cette année-là, les chercheurs interrogent donc, selon un protocole garantissant l’anonymat des sportifs, quelque 2000 athlètes participant aux Mondiaux de Daegu et aux Jeux panarabes de Doha.

    Les résultats font bondir les autorités : à Daegu, 29% des athlètes disent avoir utilisé « un produit ou une méthode dopante, en connaissance de cause, ces 12 derniers mois ». La proportion grimpe à 45% aux Jeux panarabes.

    Les scientifiques estiment qu’il s’agit d’un minimum et que la proportion réelle de dopés est sans doute plus élevée, pour trois raisons :

    • tous les athlètes n’ont pas accepté de répondre ;
    • ceux qui ont accepté avaient encore la possibilité de répondre à une question triviale – leur date de naissance – plutôt que celle sur le dopage ;
    • ceux qui ont répondu à la question sur le dopage peuvent avoir menti malgré la garantie de l’anonymat.

    Au printemps 2012, l’étude scientifique est prête. Elle est remise à l’AMA, qui demande qu’elle ne soit pas publiée : elle aimerait mener l’expérience sur un autre évènement, pour une raison qui échappe aux trois chercheurs.

    En janvier 2013, l’AMA accepte finalement la publication dans un journal scientifique mais la revue Science refuse l’article, en raison du sujet selon les chercheurs. En mars, l’AMA, qui était d’accord pour que l’étude soit soumise à d’autres revues, change d’avis et demande à la mission que l’IAAF puisse d’abord étudier les résultats.

    Interrogé par le New York Times, l’IAAF déclare aujourd’hui que l’étude n’est pas prête à être publiée et relativise sa valeur scientifique : « Elle ne repose que sur un protocole de sciences sociales, une sorte de sondage des opinions (sic) des athlètes. » La fédération aimerait la compléter avec les résultats des contrôles sanguins effectués aux Mondiaux de Moscou pour aboutir à une enquête selon elle plus complète. Un raisonnement qui laisse pantois les chercheurs.

    Pour l’universitaire John Hoberman, spécialiste du dopage, cette étude démonte le discours commun voulant que les sportifs dopés sont des déviants au sein de leur communauté.

    « Soit le sport attire une forte proportion de déviants, soit [le dopage] est une pratique habituelle, adoptée par des individus plus ou moins normaux. »


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