• Le grand racket des parkings

    Samedi 15 Décembre 2012

    Magazine Marianne


    C’est bien connu, les amendes de stationnement permettent de renflouer les caisses de l’Etat. Mais en sous-sols, les groupes privés empochent le pactole, comme le révèle une enquête à lire cette semaine dans « Marianne ».


    BEBERT BRUNO/SIPA
    BEBERT BRUNO/SIPA
    En France, difficile pour les automobilistes de ne pas se retrouver pris dans un piège infernal. Poussés vers des parkings hors de prix par la menace d’une contredanse corsée – elle est passée depuis un an de 11 à 17 €, après quinze ans de stabilité – et distribuée avec toujours plus de célérité, ils sont invités à se réfugier en sous-sol, dans les parcs de stationnements souterrains.

    Dans un cas comme dans l’autre, deux grands gagnants : l’Etat et les opérateurs privés du stationnement, comme Vinci, Q-Park ou Eiffage, qui empochent des sommes gigantesques sans qu’il vienne à aucun député ni à aucun lobby de la voiture l’idée de protester, comme le révèle Marianne dans le numéro 817, en kiosque ce samedi.

    Il aura fallu fouiller et fouiller encore pour que Marianne parvienne à mettre la main sur ce que représente cette manne financière qu'est le stationnement automobile. C’est un rapport du Comité des finances locales qui nous l’indique. Résultat : sur les 1,5 milliards d’euros d’amendes dressées aux conducteurs, pas moins de 640 millions d’euros, issus d’une vingtaine de millions de PV, majorations comprises, l’ont été au titre du stationnement. Grâce à ces PV distribués à tour de bras, c’est presque 1,5 milliard d’euros qui ont été récoltés en 2011, dont seulement 575 millions dus aux radars.

    En 2009, ce sont très précisément 25 924 719 procès-verbaux qui ont été dressés par l’ensemble des forces de police, en hausse de 3,46 % sur un an. Le document entre dans un niveau de détail rarement publié. Une grosse moitié des PV ont été établis par les polices municipales. Cette année-là, les fonctionnaires territoriaux ont dégainé davantage leurs carnets à souches (+ 10 % sur un an), avec une mention spéciale à la Haute-Marne, où la hausse culmine à 126 %... Quant à la dizaine de millions de PV imputables à la police nationale, ils l’ont été essentiellement en Ile-de-France.

    Pour échapper au carrousel de voitures cherchant une place de plus en plus rare et aux douloureux papillons verts, les automobilistes n’ont d’autre choix que de se réfugier sous terre. Ça tombe bien : partout, les parcs de stationnement leur ouvrent grandes leurs portes, comme le montre l’enquête de Marianne qui met en lumière l’absolue domination des géants de la délégation de service public que sont Vinci et Q-Park, à qui les villes confient le plus souvent ces infrastructures (55 % du marché à eux deux), quand eux-mêmes n’en sont pas directement propriétaires.

    Difficile par exemple d’échapper à Vinci et ses 470 000 places dans l’Hexagone. De Périgueux, où les vingt-quatre heures coûtent 5,20 € dans le parking Francheville, à Paris, où le même temps revient à 36,30 € à Saint-Germain-des-Prés, le géant de la concession est partout.

    Echapper à l’emprise de Vinci et de Q-Park est néanmoins possible. Pour le bien des communes comme pour celui des administrés. La méthode s’appelle le « retour en régie municipale ». Menée avec succès depuis de nombreuses années dans le domaine de l’eau, des transports et des déchets par de nombreux conseils municipaux, elle commence à faire ses preuves dans la gestion des parkings à Grasse, à Bastia, à Arles, à Annecy...
    • Retrouvez l'enquête de Jean-Claude Jaillette et Emmanuel Lévy dans le numéro 817 du magazine Marianne, en kiosque du 15 au 21 décembre 2012.

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