• "Munich social "

    Le chômage de masse, notre «Munich social»

    Laurent Pinsolle - Blogueur associé (Marianne2 )| Lundi 5 Décembre 2011

    Il y a près de vingt ans, Philippe Seguin dénonçait le « Munich social » de nos dirigeants politiques. Cette critique n'a malheureusement pas pris une ride, constate notre blogueur associé Laurent Pinsolle, proche de Nicolas Dupont-Aignan. Alors que nous ne sommes qu'au début d'un cycle mortifère de plans d’austérité, le nombre de chômeurs a atteint un record depuis 1999.



    Cette semaine, le nombre de chômeurs a atteint un plus haut depuis 1999. Pourtant, le gouvernement n’a que la réduction des déficits en tête. Pas une mesure n’est prise pour lutter contre le cancer de notre société qu’avait si bien dénoncé Philippe Séguin il y a près de vingt ans.

    Une nouvelle aussi sinistre que prévisible

    Ce sera une nouvelle ligne à porter au passif de Nicolas Sarkozy. Jamais le nombre de chômeurs n’avait été aussi élevé depuis plus de dix ans. Pire, le nombre de 2,8 millions de sans emplois n’est que la partie émergée de l’iceberg. En effet, y compris officiellement, nous savons qu’il y a en réalité bien plus de 4 millions de personnes en recherche d’emploi en France, soit environ 15% de la population. Un Français sur six ne peut pas travailler faute d’activité.

    Pire, ces chiffres ne sont que des moyennes qui camouflent une partie de cette horrible réalité. Plus de 20% des jeunes (et sans doute 30% si on considère le chiffre élargi) ne trouvent pas d’activité, un bien mauvais tour que joue notre société à ses forces vives, pour qui l’entrée sur le marché du travail est extrêmement difficile. Pire, comme le rappelle souvent Nicolas Dupont-Aignan, ce taux de chômage dépasse 40% pour les jeunes hommes dans les quartiers.

    Malheureusement, une telle évolution était prévisible. Faisant de l’euro une fin en soi, les dirigeants européens appliquent des politiques délétères d’austérité pour essayer de sauver cette construction baroque et artificielle, comme il y a vingt ans, le gouvernement socialiste défendait son franc cher, quitte à envoyer un million de Français au chômage dans l’opération. Pire, en France, nous ne sommes qu’au début de ce cycle mortifère de plans d’austérité.

    A la source de tous nos maux

    Le chômage de masse, notre «Munich social»
    Pourtant, de nombreux hommes politiques, rejoints par de plus en plus d’économistes ont compris que cette voie est une impasse. Le cas de la Grèce nous montre bien les ravages de ces politiques d’austérité dont il est pourtant évident qu’elles ne peuvent pas marcher. Le saccage des services publics ne provoquera pas la moindre croissance. Il va la détruire et alourdir encore le poids d’une dette, qui ne va pas baisser entre temps, comme le souligne Morad El Hattab.

    Il y a un peu plus de deux ans, Paul Krugman critiquait les politiques d’austérité qui commençaient à se mettre en place en évoquant la politique du président Hoover de 1929 à 1932. Malheureusement, il a eu raison. Ce dont nos économies ont besoin, c’est de relancer la croissance pour relancer la création d’emplois, en ayant des monnaies adaptées aux réalités nationales, une industrie protégée et une finance remise au service de l’intérêt général.

    Car le chômage est bien le premier des maux de nos sociétés. Comment permettre l’intégration des citoyens sans emploi ? Comment financer notre protection sociale avec autant de personnes au chômage ? Comment espérer réduire l’insécurité et la violence si une part croissante de la population ne peut pas trouver de travail pour s’intégrer ? Même si le chômage n’explique, ni ne justifie pas tout, il est un facteur structurant du malaise de notre société.

    Oui, Philippe Séguin avait raison de dénoncer le « Munich social » de nos dirigeants politiques il y a près de vingt ans. Le problème est que son discours n’a pas pris une ride et s’applique malheureusement toujours aussi bien à la situation actuelle.

    Retrouvez Laurent Pinsolle sur son blog.

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