•   Bleu Blanc Cœur

    Peu connu, Bleu Blanc Cœur mérite tout de même d’être mentionné. Bleu Blanc Cœur est une association qui organise, grâce à une démarche de filière et un cadre scientifique solide, une agriculture à vocation santé. Il garantie que les animaux élevés ont été nourri de façon biologique grâce à des végétaux riches en oméga 3 (graines de lin, herbe, luzerne, lupin). Cette méthode permet de trouver des oméga 3 naturels ailleurs que dans le poisson, par exemple dans le lait, la viande ou encore les œufs.

               AB : Agriculture Biologique 

    Accordé par le ministère français de l’Agriculture, il certifie que les produits sont 100% bio ou contiennent au moins 95% de produits agricoles bio dans le cas des produits transformés. Ces aliments sont produits selon un mode de production biologique mettant en œuvre des pratiques agronomiques et d’élevage respectueuses des équilibres naturels, de l’environnement et du bien-être animal. Les produits chimiques de synthèse et les OGM sont totalement exclus.

     

       Label Rouge 

    Label rouge est un signe français officiel qui garantit un niveau de qualité supérieur. Les aliments marqués Label Rouge ne sont pas bio mais se distinguent des produits courants de même nature par un goût ou une saveur préservés. Pour obtenir ce label, les producteurs doivent déposer une demande auprès de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) et respecter un cahier des chargesprécis.


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  •   Chantages sexuels, harcèlement... Les ados pris au piège du net

    Créé le 31-03-2013   ( Nouvel Observateur)

    Les parents découvrent souvent trop tard que leurs enfants sont menacés sur internet. Des lycéens ont même été poussés au suicide. Enquête.

    Ils s'en veulent tellement de n'avoir pas vu les ténèbres dans lesquelles, semaine après semaine, s'enfonçait leur fils Cédric... Un beau garçon, brillant, charmant et tendre, comme on peut l'être à 17 ans. Il cartonnait dans son lycée de Marseille et travaillait comme un fou pour réaliser son rêve : devenir astrophysicien. Le 7 janvier 2012, ils l'ont trouvé pendu dans sa chambre.

    Que connaissaient-ils d'internet, eux qui passent leurs jours à travailler dans leur supérette ? Si Aïssa et sa femme Sandrine acceptent de raconter encore et encore cette horreur, c'est parce qu'ils espèrent alerter d'autres parents, aussi démunis qu'ils l'ont été quand ils ont plongé dans le monde du cyber-harcèlement. Et pourtant, le 17 septembre 2011, Cédric avait eu le courage de raconter à sa mère qu'il venait de faire "une grosse bêtise". Il s'était fait piéger sur internet au cours d'un "plan webcam".

    Croyant dialoguer avec une certaine "Jennifer", il avait accepté de se déshabiller à sa demande. Aussitôt, le chantage avait commencé. Le message disait dans un invraisemblable sabir : "Ses la vedio de toi tt nue. Je te felmer. Je mete la vedio de toi a youtube et facebook et je te jure tout le monde va voir ton jolis vedeo nue. apres ala polic." Contre l'envoi de SMS surtaxés, la vidéo serait effacée.

    Escroquerie

    Risible ? Non. Cette forme d'escroquerie, dite "à la nigériane", piège chaque jour des milliers de personnes. Des adultes, en général, et depuis peu des adolescents. Du Nigeria anglophone, où elle a été inventée, elle a gagné l'Afrique francophone. Ceux qu'en Côte d'Ivoire on appelle des "brouteurs" harponnent les imprudents. Bien souvent, les filles qui aguichent les garçons ne sont pas présentes devant l'ordinateur, qui ne diffuse qu'une vidéo préenregistrée.

    Les escrocs gagnent ainsi des fortunes grâce à des hommes bernés par une chair trop fraîche. A des femmes aussi, séduites par des garçons habiles à leur faire croire qu'elles sont encore désirables. Les jeunes représentent un petit plus, taxés de quelques centaines d'euros au passage. En général, honteux, choqués, ils ne disent rien à personne et n'imaginent même pas aller voir la police.

    Cette fois pourtant, mère et fils se rendent au commissariat le jour même et portent plainte pour diffusion d'images pédopornographiques, chantage et atteinte à la vie privée. Et puis ? Et puis rien. Pas de nouvelles du commissariat. Pendant des semaines, Cédric donne le change. Achète la calculatrice dont il a besoin, des vêtements, comme si la vie suivait son cours normal. "Je l'emmenais déjeuner au restaurant mexicain qu'il aimait tant. Nous parlions beaucoup, dit son père. Mais je n'ai pas compris ce qui se passait dans sa tête. On s'est endormis..."

    Suicides

    Dans la lettre qu'il a écrite avant de mourir, le jeune homme disait qu'il avait tout pour être heureux. Mais que cette vidéo de quelques dizaines de secondes ressortirait inévitablement un jour ou l'autre et qu'il ne pouvait le supporter. Trois jours après sa mort, la plainte a enfin été transmise à la brigade des mineurs, qui a démarré l'enquête. Trop tard.

    "Le mal qu'on a, je sais bien qu'il va taper à d'autres portes", dit Aïssa. Il a raison. L'examen de l'ordinateur a conduit à une adresse IP au Maroc. Et la piste s'est arrêtée là. Comme elle s'est arrêtée dans un cybercafé de Côte d'Ivoire quand, à Brest, Gauthier, 18 ans, a été piégé à la même époque dans les mêmes conditions, et s'est lui aussi suicidé.

    Comme s'est suicidée Amanda Todd, 15 ans, dans la région de Vancouver, au Canada, après avoir été harcelée pendant des années sur internet pour s'être dénudée devant la webcam d'un inconnu qu'on n'a jamais retrouvé. La vidéo racontant son calvaire, tournée avant qu'elle ne mette fin à ses jours, a été vue par des millions d'internautes dans le monde. La jeune fille est devenue une icône internationale pour des adolescents bouleversés qui croyaient pouvoir s'amuser sans crainte sur le Net et découvrent, effarés, que ce qu'ils prennent pour un simple jeu peut se transformer en drame.

    La prise de conscience est récente. Ministère de l'Education nationale, Commission nationale de l'Informatique et des Libertés, associations, police, gendarmerie et même réseaux sociaux prennent enfin la mesure d'un phénomène qui n'atteint que rarement une dimension aussi tragique, mais impose une révolution culturelle face aux pratiques des jeunes de la génération 2.0.

    Prédateurs sexuels

    Longtemps, la crainte des adultes s'est focalisée sur le risque d'addiction aux écrans et le danger d'entrer en contact avec des prédateurs sexuels. Mais, peu à peu, la question a fini par se poser : sans guides, sans éducation, les pratiques des ados sur la Toile ne produisent-elles pas elles-mêmes les conditions de leur mise en danger ?

    Aujourd'hui, en France, 72% des 12-17 ans possèdent un ordinateur portable ; 27% des 11-13 ans, 42% des 13-15 ans et 37% des 15-17 ans se servent de leur smartphone pour surfer sur le Net (1). Dans une étude passionnante, "EU Kids Online" (2), menée dans 25 pays européens sur les habitudes des 9-16 ans, on découvre qu'en France l'âge moyen de la première connexion est... 9 ans !

    Six enfants sur dix se connectent tous les jours, deux heures par jour en moyenne. Près de la moitié utilisent une webcam, un quart tiennent un blog. Ils sont 43% à avoir ajouté des inconnus à leur liste d'amis, et 12% ont envoyé des photos ou des vidéos à des gens qu'ils ne connaissaient pas. Alors que sur Facebook, le principal réseau social utilisé par les jeunes, il est théoriquement interdit de se connecter avant 13 ans, 13% des élèves de primaire et 37% des collégiens de 11 et 12 ans ont un profil sur un réseau social...

    "Les adolescents sont techno-puissants"

    "Face aux adultes, les adolescents sont techno-puissants", explique Catherine Blaya, professeur de sciences de l'éducation et coauteur du rapport. Ces jeunes qu'on appelle des "digital natives" (nés avec une souris au bout des doigts) "ont créé leur monde et se sont donné les moyens de s'autonomiser par rapport à leurs aînés". Adultes dépassés, malhabiles, incapables de dénicher un horaire de train sur leur ordinateur et qui font alors appel à leur progéniture goguenarde. Comment sauraient-ils aider, conseiller, mettre en garde leurs enfants face à des outils qu'ils maîtrisent souvent si mal ?

    Déjà connu aux Etats-Unis sous le nom de"cyberbullying", le cyber-harcèlement a contaminé massivement la France dans les années 2011-2012. L'épidémie a flambé. Justine Atlan, directrice de l'association e-Enfance, qui a pour mission de permettre aux enfants et aux adolescents de se servir des nouvelles technologies avec le maximum de sécurité, estime qu'il est devenu le "problème numéro un des usages que font les jeunes d'internet".

    Fini le temps des coups de fil où des péronnelles raccrochaient en gloussant après avoir balancé quelques insultes à une copine. Désormais, il y a le Net : rapide, anonyme si on le souhaite et terriblement efficace. Enfants et adolescents se sont adaptés en temps réel à l'évolution des outils numériques. Après les messageries instantanées (MSN) des années 2000, l'apparition des réseaux sociaux (Facebook a été créé en 2004) puis la généralisation des forfaits illimités de SMS, de la webcam et des smartphones, les possibilités de communication sont devenues infinies.

    Comme le souligne Catherine Blaya, le texto est devenu le mode de communication le plus fréquent des adolescents, dépassant même les relations en face à face. Cela concerne tous les milieux sociaux, et désormais "l'appareillage technologique a remplacé les vêtements de marque" dans les codes de l'apparence.

    "Sexting", "slutshaming", "dedipix", "biflage"…

    Sur Facebook (1 milliard d'utilisateurs dans le monde, 26 millions en France, dont on estime que 14% ont moins de 18 ans), on confie ses pensées intimes, ses photos, ses vidéos. On construit son identité sous le regard de ses "pairs", et sa popularité en ayant un maximum d'"amis", qui peuvent se compter par centaines.

    On fait du "sexting" (envoi de textos à caractère sexuel). Du "slutshaming" (traduction : " faire honte aux salopes ") en moquant leurs tenues trop aguicheuses, ou du "dedipix" (très prisé des jeunes filles, qui postent une photo d'une partie de leur corps où elles ont écrit une dédicace et attendent en retour une appréciation flatteuse). Voire on enregistre des scènes de "biflage" (le fait de donner des gifles avec sa "bite"). Le corps s'expose. L'intimité se transforme en "extimité", offerte à autrui grâce à l'effet désinhibiteur de l'écran.

    Comment être vigilant sur l'identité de ceux qui, d'un clic, peuvent ainsi avoir accès à tant de données personnelles ? Doté d'un numéro vert (0-800-200-000), où l'on peut appeler anonymement et gratuitement, e-Enfance conserve dans ses fiches la trace des appels souvent désespérés d'enfants, de parents dépassés par des pratiques de harcèlement.

    Piratages de compte, menaces et insultes sur Facebook, photos dégradantes - retouchées ou non - qui font le tour des "copains" ... L'ex-petit ami d'une jeune fille de 16 ans la menace de poster une vidéo dénudée si elle ne vient pas "lui faire des choses". Une collégienne, qui refuse de laisser une fille copier ses devoirs, reçoit des messages qui la terrorisent : "Meurs, prends un tabouret pour te pendre, pauvre fille. T'es seule au monde. T'as pas d'amies." Une autre a reçu ce commentaire sur son mur : "Je ne te hais pas, je te méprise. Crève lentement. J'en serai peut-être satisfaite, sombre conne."

    A Arras, l'adjudant-chef Laurent Frappart, qui dirige la cellule cybercriminalité de la gendarmerie du Pas-de-Calais, a mis au point, à destination des parents, un module d'intervention sur les risques d'internet. Il n'a pas oublié le premier dossier de cyber-harcèlement qu'il a eu à traiter, dès 2007. "Une collégienne de 14 ans avait accepté de faire des photos coquines avec son amoureux. Leur "amour éternel" n'a duré que deux semaines, et le "couple", comme ils disent, s'est séparé. Quand elle est sortie avec un autre garçon, le premier amoureux s'est vengé et a diffusé les photos."

    Les 300 élèves du collège les ont reçues ; le lendemain, toute la commune, puis tout le département. C'était comme une traînée de poudre. Les photos ont été retirées, le garçon, lui, a été sanctionné. Mais, à la rentrée suivante, les photos ont refait surface. Et la mère, célibataire, a décidé de déménager dans une autre région pour protéger sa fille. Depuis, plus rien n'étonne l'adjudant Frappart.

    "L'effet cockpit"

    Récemment, "à cause d'une querelle de gamins", un "sondage" a été organisé sur un réseau social pour savoir qui votait "pour ou contre" inciter une adolescente à se suicider. Les participants donnaient des conseils : "Un noeud coulant, c'est mieux avec de la paraffine." Ou : "Saute de dos du 4e étage, tu ne verras pas le vide." Récemment sont apparues des "chaînes" : "Envoie 10 SMS à tes amis, et qu'ils en fassent autant, sinon il arrivera malheur à l'un d'entre eux." L'injonction a rebondi de portable en portable et a atteint toute la région. Une jeune fille, paniquée, a fait une tentative de suicide.

    A la gendarmerie, on estime que 60% des harceleurs ont été ou sont aussi harcelés. Or les risques de suicide sont multipliés par quatre chez les jeunes victimes... "Les ados n'ont pas conscience de la portée des mots ou des images, constate le lieutenant-colonel Eric Freyssinet, qui dirige à Rosny-sous-Bois le pôle cybercriminalité de la gendarmerie nationale. Ils ne se rendent pas vraiment compte de ce qu'ils font, à distance." C'est ce que Catherine Blaya appelle l'"effet cockpit" : les harceleurs sont "comme ces aviateurs qui lancent des bombes, mais ne voient pas sur qui elles tombent".

    La nouveauté par rapport aux phénomènes classiques de harcèlement est que désormais cela ne s'arrête plus à la porte de l'école. Le harcelé est poursuivi sur son téléphone, son ordinateur, jusque dans sa chambre. Le jour comme la nuit. Il n'y a plus de répit. Et, quand les harceleurs sont démasqués, souvent ils rient de ce qui n'est pour eux qu'une plaisanterie...

    Vigilance accrue

    Il y a un an, Luc Chatel, alors ministre de l'Education nationale, avait lancé une campagne nationale contre le harcèlement, l'"affaire de tous". Depuis, la vigilance s'est accrue. Et le sujet jusque-là tabou commence à sortir de la confidentialité. Chaque jour, 30 signalements sont envoyés par chacune des 30 académies. Les chefs d'établissement sont incités à prendre le sujet à bras-le-corps. Au risque d'une sévérité mal comprise, surtout lorsque les harcelés sont des enseignants...

    Ce fut le cas en janvier dernier, dans un lycée réputé de la région parisienne, où sept adolescents de seconde ont été renvoyés devant le conseil de discipline pour avoir ouvert deux comptes Facebook au nom de quatre enseignants dont ils avaient usurpé l'identité, sur lesquels ont été postés des montages de photos et des commentaires dégradants. Les enseignants ont porté plainte pour atteinte à la dignité, diffamation et usurpation d'identité. Les parents sont effondrés : leurs enfants - qui avaient mal paramétré leurs ordinateurs et croyaient être les seuls à avoir accès aux pages qu'ils avaient créées - ont payé cher le prix de leur mauvaise blague de potaches. Deux d'entre eux ont été exclus définitivement de l'établissement, et ils devront rendre des comptes à la justice.

    120.000 signalements en 2012

    Mise en place en 2009, la plateforme Pharos, qui permet de signaler en ligne les contenus illicites ou dangereux - comme le cyber-harcèlement - repérés sur le Net, dispose depuis cette année d'un formulaire de plainte en ligne. "100.000 signalements ont été effectués en 2011, 120.000 en 2012, relève la commissaire divisionnaire Valérie Maldonado, qui dirige l'OCLCTIC, Office central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l'Information et de la Communication. Et 400 procédures d'appel d'urgence concernant des suicides annoncés sur la Toile ont été lancées."

    Souvent mis en cause, Facebook affirme vouloir sécuriser au maximum les pratiques - et notamment celles des adolescents - sur ses pages. "S'il y a des problèmes, explique Michelle Gilbert, directrice de la communication de Facebook France, les internautes ne reviendront pas. Or notre intérêt est précisément qu'ils reviennent." Dénonçant la "sur-sensationnalisation des incidents", alors qu'il y aurait selon elle peu de cas graves, elle met l'accent sur les efforts accrus en matière de protection.

    Ainsi depuis le mois de décembre dernier, les outils permettant de signaler le cyber-harcèlement sont plus visibles. Des pop-up rappelant les règles de sécurité sont installés. En cas de signalement d'un contenu litigieux - une dizaine de milliers par jour - "l'intervention a lieu dans les 72 heures".

    "Romantisation de la souffrance"

    La radio FM Skyrock, qui a développé le site de chat le plus prisé des adolescents - 1 million de blogueurs, dont la moitié ont moins de 18 ans - prend aussi ses précautions. Contrairement à Facebook, les ados y interviennent sous un pseudonyme."Un vrai bal masqué, où la crise d'adolescence s'exprime sur l'écran, dans une romantisation de la souffrance", explique Michael Stora, psychologue et psychanalyste, chargé depuis 2008 par Pierre Bellanger, fondateur de Skyrock, d'intervenir lorsque des blogs inquiétants sont repérés.

    Il est saisi chaque fois qu'il y est question de suicide, de scarification, d'abus sexuels ou de maltraitance. Les thèmes sont repérés par des algorithmes qui analysent textes et images. Ainsi, sur 300.000 images mises en ligne chaque jour, une dizaine de milliers sont supprimées. Michael Stora, lui, intervient auprès des adolescents et le cas échéant les oriente vers des structures de soins. En cas d'urgence - si le risque suicidaire paraît sérieux - un signalement est fait aussitôt auprès des services de police ou de secours.

    Diaboliser les écrans ?

    Faut-il pour autant diaboliser les écrans ? Sans mésestimer le danger, le psy trouve une telle réaction inadaptée. Comme si les adultes, les parents en particulier, ressentant "une hyper-inquiétude face à un nouvel espace de liberté utilisé par leurs enfants, manifestaient une manière paradoxale de les envier". En vérité, plaisante-t-il, "un écran n'est vraiment dangereux que si on vous l'envoie à la figure !".

    Angélisme contre diabolisation ? Le match n'a pas de sens. Désormais, comme l'écrit Catherine Blaya dans "les Ados dans le cyberespace. Prises de risque et cyber-violence" (4), "la panique morale n'est pas la solution". On le sait bien, les enfants auront toujours un train d'avance sur ceux qui voudraient les "cyber-contrôler". Etre capable de les alerter, ce ne serait déjà pas si mal. Avant, comme le disait le père de Cédric, que le mal ne vienne taper à la porte...

    (1) Rapport 2012 du Défenseur des droits : "Enfants et écrans : grandir dans le monde numérique".

    (2) "Risques et sécurité des enfants sur internet", enquête menée auprès des 9-16 ans et de leurs parents. Le rapport pour la France est signé par Catherine Blaya (cofondatrice avec Eric Debarbieux de l'Observatoire européen de la Violence scolaire) et Seraphin Alawa.

    (3) A paraitre le 3 mai aux éditions de Boeck.


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  •  Le fait que les personnes revêtent différentes identités augmente le temps nécessaire à leur vérification. (JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

                                                 Hacker ouvert

    Une cyberattaque géante perturbe le réseau mondial

    L'attaque a vraisemblablement eu des répercussions sur internet, selon un spécialiste.

      
        28/03/13         Par Le Nouvel Observateur avec AFP

    Une cyberattaque ciblant une entreprise européenne recensant les spams est l'une des plus importantes jamais vues à ce jour, ont indiqué mercredi 28 mars des experts en sécurité informatique, l'un d'eux assurant même qu'elle affectait le fonctionnement du réseau internet. Les pirates ont visé Spamhaus, un groupe basé à Genève qui publie des "listes noires" d'adresses de spams dont se servent les messageries pour filtrer les courriels indésirables.

    L'attaque a surchargé le réseau mondial, ce qui a vraisemblablement eu des répercussions sur internet, selon Matthew Prince, de la société américaine de sécurité informatique CloudFlare.

    Ce piratage informatique à grande échelle a commencé la semaine passée, selon Spamhaus, après que le groupe a placé sur sa liste noire un site internet néerlandais, Cyberbunker. Ce dernier s'est plaint d'être présenté par Spamhaus comme un paradis de la cybercriminalité et des spams: "Bien sûr, Spamhaus n'a pas été en mesure de prouver ses allégations", a relevé le site néerlandais.

    Un règlements de compte ?

    L'origine du piratage n'a pas été identifiée, mais selon la BBC, Spamhaus a mis clairement en cause Cyberbunker, qui aurait pu être aidé par des pirates informatiques issus de pays d'Europe de l'est.

    Le "New York Times" cite quant à lui Sven Olaf Kamphuis, qui se présente comme le porte-parole des pirates et affirme que Cyberbunker a agi en représailles contre Spamhaus, qui "abuse de son influence".

    Dans une interview au site d'information russe RT, Kamphuis explique que Cyberbunker n'est qu'une des sociétés ayant participé à l'attaque en réplique aux tactiques "d'intimidation" de Spamhaus. "Spamhaus a emmerdé des tas de gens ces dernières années en faisant du chantage aux fournisseurs d'accès à internet et aux opérateurs pour qu'ils déconnectent des clients sans la moindre décision de justice ou sans le moindre processus juridique", estime-t-il.

    "En ce moment nous ne menons aucune attaque... ce sont maintenant d'autres personnes qui les attaquent", selon lui.

    Spamhaus a demandé assistance à la firme CloudFlare pour résoudre ce problème.

    Comme des "bazookas"

    Matthew Prince a précisé que cette attaque informatique, dans laquelle les sites sont bombardés de demandes pour tenter d'en perturber le fonctionnement, était "l'une des plus importantes jamais répertoriées". Ainsi, ces derniers jours, a-t-il ajouté, "nous avons vu des encombrements, principalement en Europe où la plupart des attaques étaient concentrées, qui ont touché des millions de personnes même s'ils ne surfaient pas sur des sites en rapport avec Spamhaus ou CloudFlare".

    "Si internet vous semblait un peu apathique ces derniers jours en Europe, c'est probablement une des raisons qui peuvent expliquer ces ralentissements", a ajouté Matthew Prince, constatant que cette attaque était différente de celles auxquelles il a affaire habituellement. "C'est comme s'ils utilisaient des bazookas et les événements de la semaine passée montrent les dommages que ça peut causer", a-t-il ajouté. "Ce qui est troublant c'est que comparé à ce qu'il est possible de faire, cette attaque est en fait relativement modeste".

    Une attaque importante

    Un porte-parole d'une autre firme de sécurité informatique, Akamai, a lui aussi constaté qu'au vu des données disponibles, "l'attaque est vraisemblablement la plus importante dont on a jamais fait état de manière officielle". "Cette cyberattaque est en effet très importante", a reconnu Johannes Ullrich, de l'institut de technologie américain SANS, évoquant une attaque "10 fois plus grande que des attaques similaires dans un passé récent". "Mais à ce stade, je ne peux pas assurer que cela affecte internet de manière générale", a-t-il dit à l'AFP.

    Selon des experts, ces attaques ont consisté à inonder les serveurs de Spamhaus avec 300 gigabytes de données par seconde, contre 50 gigabytes pour les précédentes attaques de ce genre.

    Spamhaus, qui a aussi des bureaux à Londres, sillonne internet pour fournir aux grands opérateurs des listes régulièrement actualisées de sites qui envoient des spams. CloudFlare estime que Spamhaus est "directement ou indirectement responsable du filtrage quotidien de 80% des spams".

    Des ennemis connus

    "Même si nous ne savons pas exactement qui se cache derrière cette attaque, Spamhaus s'est fait plein d'ennemis ces dernières années", a encore noté Matthew Prince.

    "Nous sommes fiers de la manière dont notre réseau a géré un tel piratage massif et nous travaillons avec nos partenaires pour nous assurer qu'internet dans son ensemble peut faire face à ce type de menace", a-t-il conclu.


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  • Une étude de l'OIT (Organisation internationale du travail) a évalué à 600.000 le nombre de travailleurs forcés au Moyen-Orient, appelant à créer des garde-fous pour mettre un terme à leur exploitation, notamment sexuelle, et à réformer le système de la "kafala" qui oblige la main d'oeuvre étrangère à être parrainée.

    Intitulé "Piégés et coincés: les trafics de personnes au Moyen-Orient", ce rapport de 150 pages, rédigé au terme de 650 entretiens sur une période de deux ans en Jordanie, au Liban, au Koweït et aux Emirats arabes unis, a été présenté mardi, à l'ouverture d'une conférence de deux jours à Amman de l'Organisation internationale du travail (OIT), une agence de l'ONU.

    "Si les données sont rares, l'OIT estime qu'il y a 600.000 victimes du travail forcé au Moyen-Orient", peut-on lire dans ce rapport.

     

    "L'immigration de travail dans cette région du monde est sans pareille par son ampleur et sa croissance, qui a été exponentielle ces dernières années", a souligné Beate Andrees, chef du Programme d'action pour combattre le travail forcé à l'OIT.

    "Le défi est de mettre en place des garde-fous, à la fois dans les pays d'origine et les pays de destination, pour empêcher l'exploitation et les abus dont sont victimes ces travailleurs", a-t-elle estimé.

    L'agence de l'ONU pointe du doigt la kafala, qui "gouverne les vies de la plupart des travailleurs immigrés dans les pays du Machrek et du Conseil de coopération du Golfe (CCG)", soit plus de 12 millions de personnes.

    Ce système de garant impose à chaque étranger dans ces pays d'avoir un "kafil", un ressortissant du pays hôte -souvent son employeur- qui est responsable de son visa et de son statut légal dans le pays d'accueil et dont il doit obtenir l'aval pour tout acte de la vie civile.

    Cette exigence de la kafala pose un "problème inhérent", en créant un déséquilibre de pouvoir entre l'employeur et l'employé. "Réformer le système de la kafala améliorerait beaucoup la gestion des migrations liées au travail", souligne le rapport. Les Arabes ont généralement un accès plus facile au marché du travail dans le Golfe que les migrants africains ou asiatiques soumis à la kafala, indique l'étude.

    L'étude critique les défauts des législations encadrant le travail, qui "aggravent les vulnérabilités des travailleurs immigrés", ainsi que des "lacunes significatives" dans la loi qui "restreignent la capacité des travailleurs immigrés à s'organiser, mettre fin à un contrat de travail et changer d'employeur".

    Par ailleurs, dans certains secteurs employant surtout des hommes, "des travailleurs sont régulièrement trompés concernant les conditions de vie et de travail (...) voire même l'existence d'un travail", souligne le rapport.

    Ainsi, des migrants d'Asie, dont le Bangladesh, le Népal ou le Sri Lanka, recrutés comme travailleurs domestiques, se retrouvent "à garder des troupeaux dans le désert".

    Le rapport souligne la "vulnérabilité particulière" de femmes africaines ou asiatiques "dupées et contraintes à une exploitation sexuelle". De même, des femmes, venues pour des emplois d'infirmières ou d'enseignantes, "sont enlevées à leur arrivée" et contraintes à "fournir des services sexuels à des clients dans des appartements ou des villas privés ou isolés".

    L'étude souligne aussi le poids de la dette contractée par de nombreux migrants, notamment asiatiques, envers des agences de recrutement: en moyenne 550 dollars, mais "parfois beaucoup plus", les laissant "criblés de dettes".


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  •    Publié le 27 mars 2013  (fémininbio.com)

    Les créatifs culturels, pour une nouvelle société respectueuse de la planète

    Les créatifs culturels, pour une nouvelle société respectueuse de la planète
    Les créatifs culturels, un mouvement qui fait de plus en plus d'adeptes dans le monde

    Les créatifs culturels, c'est un mouvement qui prône une nouvelle façon de penser, de concevoir la vie et de réinventer notre société. Un courant qui fait de plus en plus d'adeptes. Sans le savoir, vous êtes peut-être un créatif culturel !

    Créatifs culturels, un mouvement qui ne vous dit peut-être rien mais qui prend de plus en plus d’ampleur depuis quelques années. Pour comprendre qui sont les créatifs culturels, il faut remonter en 2000.

    Cette année-là, le sociologue Paul Ray et la psychologue Sherry Anderson publient une grande enquête sur les "cultural creatives" aux Etats-Unis, qui sera publiée en France en 2001 sous le titre "L’émergence des créatifs culturels, Enquête sur les acteurs d’une changement de société" (éd. Yves-Michel). Cette étude issue de 12 années d'enquête auprès de 100 000 personnes a été la première à démontrer qu’une évolution de la conscience mondiale était en train d’émerger et de constituer un nouveau mode vie, une culture dont les acteurs sont les créatifs culturels.

    Ces "créateurs de culture" sont un vaste mouvement socioculturel regroupant des personnes qui ne se reconnaissent pas dans les structures politiques, administratives et économiques du monde actuel. Elles veulent créer une nouvelle culture pour le 21ème siècle, cherchent à se détacher de la société de consommation, sont préoccupées par l’avenir de la planète et prônent une consommation responsable. Cette évolution les mène à une vie plus authentique, une lucidité face aux institutions et au monde sui les entoure.

    Leurs idées se construisent autour de 6 nouvelles valeurs:

    • l’écologie, le bio et les médecines douces
    • la reconnaissance des valeurs féminines
    • être plutôt que paraître
    • la connaissance de soi, la vie intérieure
    • l’implication sociale
    • l'ouverture multiculturelle

    Les créatifs culturels changent le monde à leur échelle

    Une marginalisation qui isole ? Pourtant, les créatifs culturels sont bien plus nombreux qu’on ne le pense car en fait, peu de personnes savent qu’elles appartiennent à ce mouvement informel.

    Aux Etats-Unis, pays berceau du mouvement, ce ne sont pas moins de 80 millions de personnes qui font partie des créatifs culturels. En France, ils représentent 17% de la population et sont incarnés à 64% par des femmes !

    Concrètement, les créatifs culturels sont des personnes comme vous et nous qui, pour changer le monde à leur échelle, ouvrent des fermes écologiques, cultivent des fruits et légumes bio, travaillent la terre selon le principe de l’agroécologie, etc. Ils sont conscients que s’ils changent eux-mêmes alors ils pourront contribuer à construire le monde dans lequel ils veulent vivre, plus respectueux de l’homme et de l’environnement... Une philosophie soutenue par l'écrivain et penseur Pierre Rabhi.

    A lire : "Les créatifs culturels en France" par l'association pour la Biodiversité Culturelle, éd Yves-Michel.


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  •  Banque centrale européenne : embrouille et secret défense

    Le Yéti   voyageur à domicile
    Publié le 28/03/2013 (Rue 89 blogs)

    Tous aux abris ! La panique règne à la Banque centrale européenne (BCE) dirigée par Mario Draghi, suppôt comme chacun sait ou devrait savoir de la tristement célèbre Goldman Sachs. Alors les assiégés dressent les barricades pour sauver leurs coffres en péril. Deux éléments viennent conforter cette impression, révélés l’un par l’allemand Deutsche Wirtschaftsnachrichten, l’autre par Mediapart.

    Chypre, c’est quoi cette embrouille ?

    Les Deutsche Wirtschaftsnachrichten (en clair, Nouvelles économiques d’Outre-Rhin) vient de donner un éclairage avisé sur les dessous du plan de « sauvetage » de Chypre par la BCE.

    Contrairement à ce qui s’était passé avec la décote des emprunts grecs, celle des obligations chypriotes était tout bonnement impossible car elles étaient liées en grande partie à de la dette grecque qui servait de garanties pour la BCE.

    Avec la banqueroute des banques chypriotes, c’est la BCE elle-même qui aurait paumé quelque 12 milliards d’euros, et aurait déclenché un système automatique de transfert immédiat équivalent (Target 2) de la part des pays membres, en vrai argent sonnant et trébuchant. Trois milliards à débourser rien que pour l’Allemagne de Frau Merkel.

    On comprend mieux l’acharnement de la Troïka, et plus précisément de Mario Draghi, à « sauver » coûte que coûte ce qui pouvait rester de l’édifice bancaire chypriote. Quitte à pulvériser le tabou de l’inviolabilité supérieure des créanciers et des actionnaires. Quitte à violer les règles mêmes de l’UE en matière de liberté de circulation des capitaux.

    On comprend aussi que nos malfrats de Bruxelles ne peuvent plus laisser tomber l’euro sous peine de voir les protégés de créanciers perdre sèchement toutes les dettes issues d’un Target 2. Deutsche Wirtschaftsnachrichten :

    « Vu sous cet angle, le hold-up organisé des banques chypriotes est ce qu’il y a de moins grave. Draghi et les sauveteurs de l’euro ne se battent pas pour sauver Chypre, ils se battent pour leur propre survie. »

    La BCE sous la protection... du secret défense !

    Mediapart, décidément seul et unique média français d’investigation qui se respecte, vient de lever un autre faisan symptomatique de l’affolement qui saisit nos oligarques de Bruxelles et de Francfort.

    La Cour de justice européenne vient de voler au secours de la BCE en lui accordant le bénéfice... du secret défense ! Ce qui exempte la forteresse de M. Draghi, déjà hors de tout contrôle démocratique, de rendre compte de ce qui y est commis si bon lui semble.

    Chose qui tombe parfaitement bien quand on sait que cette décision fait suite à une demande de documents par l’agence Bloomberg pour savoir comment Goldman Sachs – où officiait alors un certain Mario Draghi – avait pu plumer la Grèce en faisant exploser son taux d’endettement. Martine Orange (Mediapart) :

    « Lorsque la BCE s’était vu demander communication de ces documents, elle avait refusé au motif qu’ils étaient dépassés. L’embarras des instances européennes était d’autant plus manifeste que le sujet mettait en cause son contrôle, la responsabilité de Goldman Sachs et faisait peser le soupçon sur Mario Draghi. »

    On le voit, les crabes défendent becs et pinces leur panier et sont prêts à tout, absolument tout, pour ne pas finir dans le court-bouillon d’une justice populaire qu’ils n’auraient pas volée. Il n’y a guère que dans la froidure nordique islandaise que des malandrins, difficilement présumables innocents de par la perversion intrinsèque du système qu’ils servaient, sont pour l’heure inquiétés.

    Mais voici que se profilent pour 2014 des élections qui donneront amplement l’occasion de mettre ce linge sale européen sur la table. Et, qui sait, d’en profiter pour botter quelques culs.


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  •   Immigration : ces vérités si difficiles à dire

    Vendredi 22 Mars 2013    Par Malika Sorel-Sutter*

    Une certaine vulgate veut qu'il n'y ait aucun problème avec l'immigration, présentée comme une chance pour la France. Or, la réalité est bien plus complexe. Pour ne pas l'avoir reconnu, l'élite a laissé se défaire le puzzle de l'intégration, ce qui n'est pas sans conséquences pour la démocratie.


    LAURENT ETIENNE/SIPA
    LAURENT ETIENNE/SIPA
    Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire, ce n'est pas de subir la loi du mensonge triomphant qui passe» (Jean Jaurès). Notre époque aurait-elle à ce point manqué de courage qu'elle a, depuis près de quarante ans, accepté de subir la loi du mensonge dans la question de l'immigration-intégration, sujet pourtant capital puisqu'il engage le destin de notre cohésion sociale et nationale ?

    Une multitude de facteurs se sont conjugués pour empêcher que de simples vérités ne soient dites quand, dans le même temps, les esprits libres se sont faits de plus en plus rares. Une concordance inattendue d'intérêts entre les univers politique, médiatique, financier et économique a coulé la chape de plomb d'une pensée unique qui a conduit à la castration du politique. Pour Hannah Arendt, «la politique, c'est cet espace intermédiaire où se joue la liberté, où agissent les hommes libres». Le retour de la politique est le défi que nos sociétés démocratiques doivent de toute urgence relever si elles ne souhaitent pas être balayées.

    Entre mensonges et interdits

    L'immigration est une chance pour la France, et même la chance d'une Europe qui ne fait plus assez d'enfants. L'immigration rapporte plus qu'elle ne coûte. Il n'y a pas de problème d'intégration des descendants de l'immigration extraeuropéenne. Ce que vous croyez voir et vivre au quotidien n'est que le produit de vos fantasmes, ceux d'esprits racistes et étriqués. Voilà ce qui est assené chaque jour aux Français depuis de nombreuses années.

    Un discours lucide a été tenu dès 1981 par Georges Marchais, alors secrétaire général du PCF, puis en 1990 par Michel Rocard, Premier ministre de l'époque. Mais, comme le dit l'adage, nul n'est prophète en son pays. Leurs avertissements sont restés lettre morte. En janvier 1981, Georges Marchais parlait de «cote d'alerte atteinte» et disait qu'il fallait «résoudre l'important problème posé dans la vie locale française par l'immigration». Il évoquait des «familles aux traditions, aux langues, aux façons de vivre différentes» et le fait que cela rendait «difficiles leurs relations avec les Français». Etablissant un lien entre la poursuite de l'immigration et la menace du chômage qui pesait sur les ouvriers, il voulait «stopper l'immigration officielle et clandestine». Il déplorait «l'idée lamentable» que ses «détracteurs, qui vont de la droite au Parti socialiste» se faisaient des «travailleurs» : «bornés, incultes, racistes».

    On serait bien en peine de dire ce qui a changé depuis, hormis que ce procès a été étendu à tous les Français qui défendent le socle des valeurs de la République, ainsi qu'à ceux des enfants de l'immigration extraeuropéenne qui se sont culturellement intégrés. C'est un fait, une partie non négligeable de nos élites, et leurs prises de position l'attestent, ont pris le parti de ceux qui ne s'intégraient pas dans la communauté nationale, et même de ceux qui ne s'inséraient pas dans notre société, une société dont les normes collectives sont de plus en plus rejetées, et parfois aussi combattues. Or, même s'il s'élève dans l'échelle sociale, un enfant de l'immigration ne sera à terme adopté par la communauté nationale que si, et seulement si, il est perçu par les Français comme partageant leur conception de principes fondamentaux tels que la liberté individuelle, l'égalité homme-femme, la fraternité, la laïcité, la liberté d'opinion. En matière d'intégration, c'est le corps social, et non le politique au travers de l'administration, qui décide qui est français et qui ne l'est pas.

    Du discours de Michel Rocard à l'Assemblée nationale, on n'a voulu retenir qu'une infime partie : «Nous ne pouvons pas - hélas - soulager toutes les misères de la planète.» On a enterré le cœur de son intervention, qui détaillait la menace qui pesait sur notre société si elle persistait à accueillir un «flux massif et incontrôlé», ce qui finirait par hypothéquer «gravement et tout ensemble d'abord l'équilibre social de la nation, ensuite les chances d'intégration des étrangers installés, enfin l'avenir même de nouvelles vagues d'arrivants et des pays d'où ils viennent [...]». Et pour conclure, Michel Rocard refusait de «croire définitivement inconciliables la politique et la sagesse».

    Tout ce que Michel Rocard avait anticipé s'est finalement produit. L'équilibre social de la nation se trouve aujourd'hui gravement hypothéqué. L'intégration des étrangers déjà installés et de leurs descendants est largement compromise par la reproduction des sociétés culturelles d'origine sur la terre d'accueil, conséquence directe des flux migratoires dont l'explosion est nourrie, entre autres, par l'exigence d'endogamie qui pousse à aller chercher époux ou épouse dans le pays d'origine. Elle est compromise aussi du fait des attaques en règle dont le modèle français d'intégration est la cible constante, et de l'évolution d'un certain nombre de facteurs sur la scène internationale. Nonobstant les conséquences ravageuses des errements sur cette question, un rapport sur l'intégration qui vient d'être remis au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, cloue au pilori toute approche qui serait fondée sur le respect des «grands concepts et valeurs suprêmes» du peuple d'accueil, et recommande d'entériner l'impuissance de l'Etat à faire respecter les règles d'accueil et de séjour de la République, en délivrant des titres dits «de tolérance» qui aboutiraient à une régularisation massive des clandestins.

    Politique et sagesse définitivement inconciliables ?

    Le vœu de Michel Rocard n'a pas été exaucé : la politique et la sagesse ne sont toujours pas réconciliées. Le personnel politique a persévéré dans la voie du laisser-faire, accompagné d'un discours public fondé sur le déni puis le camouflage du réel, prenant au passage les citoyens pour des esprits simples capables de gober mensonges et inepties. Le puzzle de l'intégration a été sans cesse réduit à sa plus petite pièce, la pièce socio-économique. Les pièces décisives ont été écartées : distance culturelle, rôle central des parents, causes profondes qui empêchent l'école d'assurer sa mission première. En outre, on n'a eu de cesse de dresser les enfants de l'immigration contre notre société, en les persuadant qu'ils étaient les victimes des Français et en leur taisant la réalité des investissements considérables consentis par l'Etat - certes souvent peu fructueux puisque le diagnostic de départ était erroné.

    Le résultat ? C'est la menace qui pèse désormais sur notre démocratie et, en premier lieu, sur nos élites. Selon l'enquête d'Ipsos «France 2013, les nouvelles fractures», 72 % des sondés considèrent que le système démocratique fonctionne plutôt mal en France et 82 % jugent que les hommes et les femmes politiques agissent principalement pour leurs intérêts personnels. Les items relatifs aux questions d'ordre identitaire éclairent d'une lumière crue le gouffre béant qui sépare désormais les élites des citoyens. La défiance touche également les médias, qui sont mis dans le même sac que la classe politique. Devant tant de voyants qui ont viré au rouge, on s'attendrait à un sursaut de la part des élites. Espérons que politique et sagesse finiront par se réconcilier.

    * Malika Sorel-Sutter est membre du Haut conseil à l'intégration.

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  •   La responsabilité du citoyen en démocratie

    Vendredi 29 Mars 2013       Elie Barnavi  (Marianne )
    La responsabilité du citoyen en démocratie
    Si la démocratie est fragile, c'est sans doute parce qu'elle est le moins naturel des régimes politiques. Pendant la plupart de son existence sur Terre comme membre d'une société organisée, l'homme s'est soumis à diverses formes de pouvoir autoritaire. Parfois, il gémissait sous le joug de la tyrannie ; il lui arrivait alors de se révolter, mais sans changer de paradigme. Le miracle démocratique athénien était une exception, fondée sur un pari inouï, à savoir que l'animal politique est doué de raison, et donc capable de conduire souverainement son destin en association avec ses congénères. Cependant, les Grecs n'étaient pas naïfs, ils savaient la propension des régimes à dégénérer en leur contraire : la monarchie en tyrannie, l'aristocratie en oligarchie, la démocratie en anarchie, voire en ochlocratie, le gouvernement de la populace. C'est alors le temps des démagogues, ceux qui « mènent » le peuple en flattant ses instincts plutôt qu'en s'adressant à sa raison.

    Bien des choses séparent la démocratie antique de la nôtre, et non seulement l'extension du droit de vote à tous et à toutes. Comme l'a bien vu Benjamin Constant dans De la liberté chez les Modernes, la liberté des Anciens consistait à participer à la vie publique, la nôtre, à nous en préserver. Le « métier du citoyen » n'est plus, les droits de l'individu l'ont remplacé. Des devoirs qui lui incombaient, il ne lui en reste qu'un, mais capital : voter en conscience, en usant de sa raison souveraine. Or, il en fait souvent un bien mauvais usage. Pour rester en Europe, des formations fascistes, sinon nazies, mordent les mollets des partis de gouvernement en Grèce, en Hongrie, en Bulgarie, en Autriche, où, selon un sondage récent, plus de la moitié de la population aspire à un pouvoir « fort ». Des partis d'extrême droite prospèrent dans les pays scandinaves, en Flandre, en France. En Italie, pays de haute civilisation, un démagogue repris de justice aux cheveux gominés que l'on donnait pour mort refait surface, avec pour grand concurrent un bouffon antisémite parvenu au faîte de la popularité sans programme aucun sinon la haine du « système ».

    A qui la faute ? Aux élites, répondent les médias, unanimes. A leurs jeux politiciens illisibles, à leur évidente corruption, à leur divorce d'avec les peuples, à la rigueur qu'elles leur imposent en ces temps de crise, aux diktats d'une finance mondialisée devenue folle.

    Certes. Mais n'est-il pas grand temps de renvoyer lesdits peuples à leur propre responsabilité ? Ne faudrait-il pas leur rappeler que le bulletin de vote dont ils disposent est leur potion magique, leur arme ultime, et qu'il leur appartient d'en user raisonnablement ? Ne voit-on pas qu'en les exonérant ainsi de toute coulpe on fait le jeu des démagogues ? Ne pourrait-on prendre tant soit peu au sérieux la définition de la démocratie par Lincoln le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ?

    La démocratie, le pire des régimes à l'exception de tous les autres. Nous, les peuples qui avons tâté de tous les autres, il est de notre devoir de défendre celui-là comme notre bien le plus précieux. En démocratie, on a toujours le gouvernement qu'on mérite ; y compris celui qui va mettre à mort la démocratie elle-même.

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  •   Les cinq visages de Pierre Rabhi

     

    À l’occasion du documentaire et du film consacrés à Pierre Rabhi, Youphil.com revient sur le parcours de cet amoureux de la terre.

      Pierre Rabhi est un homme de terrain, ou plutôt de terre. Cela fait une cinquantaine d’années que ce philosophe, qui troque volontiers sa casquette d’agriculteur passionné contre celle d’écrivain engagé, se bat pour construire un nouveau modèle de société articulé autour de la “sobriété heureuse”.

      Youphil.com vous dévoile les cinq choses qu'il faut savoir sur Pierre Rabhi, à la fois agriculteur, philosophe et penseur.

    L’agro-écologie

    Essayer de comprendre Pierre Rabhi et sa pensée sans évoquer la terre, celle que l’on trouve chez lui en Ardèche, n’a pas de sens. C’est au milieu de ses parcelles rocailleuses que cet “avocat de la terre”, comme il se qualifie lui-même, a développé l’agro-écologie.

    Cette philosophie qui oscille entre éthique de vie et pratique agricole, essaye de mieux intégrer le respect de la nature dans les techniques agricoles actuelles.

    Pionnier en la matière, cette figure du milieu écologiste entend ainsi “concilier la réponse au besoin indispensable de se nourrir avec la nécessité vitale de préserver le patrimoine nourricier”, professe-t-il dans une tribune signée dans le quotidien Libération.

    Cette idée inspire d’ailleurs le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll. Ce dernier a lancé un projet en faveur de l'agro-écologie, qu'il tente tant bien que mal de défendre au niveau européen.

    Expert en sécurité alimentaire

    "Je saurai résoudre le problème de la faim dans le monde. Avec l'agro-écologie, on peut nourrir les gens", affirme Pierre Rabhi dans le documentaire qui lui est consacré sur la chaîne France 5. En 1997, l'homme a été reconnu expert en sécurité et salubrité alimentaire par l'ONU.

    Une expertise qu'il a mise à profit en participant à l'élaboration de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.

    L'humaniste

    La préservation de la terre nourricière et "l'élévation des consciences" vers l'humanisme sont deux choses qui ne peuvent être séparées, selon Pierre Rabhi.

    L'Ardéchois crée ainsi l'association des Amis de Pierre Rabhi en 1994, rebaptisée Terre & Humanisme en 1999. Celle-ci œuvre dans plusieurs pays d'Afrique pour l'amélioration de la condition humaine via des pratiques agricoles plus respectueuses de l'environnement.

    La décroissance

    La croissance à outrance serait aujourd’hui l'un des principaux maux qui gangrènent notre société. C'est, en tout cas, le message que professe Pierre Rabhi. Il est l’un des théoriciens de la décroissance en France, dont l'idée est de revenir à un modèle de vie et de consommation plus sobre. Ce que l'agriculteur nomme la "sobriété heureuse".

    Passage en politique

    La notion de décroissance a d'ailleurs fait partie des thématiques qu'il a développées lors de son bref engagement en politique, pour la campagne présidentielle de 2002.

    Lui qui appelait à une insurrection des consciences ne recueille finalement que 184 signatures d’élus sur les 500 nécessaires pour pouvoir prétendre aux fonctions suprêmes.

    > Pierre Rabhi, les clés du paradigme, diffusé le 15 mars 2013 à 21h30 sur France 5.

    > "Pierre Rabhi, Au nom de la terre", un film de Marie-Dominique Dhelsing, en salles à partir du mercredi 27 mars. 

      Il a aussi écrit de nombreux livres.


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  •  Creche Babyloup. Liberté religieuse ou liberté de l'asservissement religieux?

    Rédigé par Martine GOZLAN le Mercredi 20 Mars 2013  (Télégrammes d'Orient )

    La cour de Cassation s'est prononcée en faveur du droit d'une salariée de la crèche Babyloup à porter le voile. Au nom de la "liberté religieuse". Comment la liberté peut-elle être compatible avec un symbole de l'asservissement?

    Creche Babyloup. Liberté religieuse ou liberté de l'asservissement religieux?
       Cette histoire de voile islamique. Cet incroyable enfumage né du désert saoudien et des fausses adorations wahhabites, fortifié côté chiite - pas de jaloux!- par l'édiction du linceul obligatoire par Khomeiny en Iran en 1980. Il vient de faire de nouveaux adeptes- on se pince- à la Cour de Cassation de notre République! République qui " est morte hier" selon Jeannette Bougrab, l'une de ses enfants, vaillante et intrépide. Elle sait ce que voiler veut dire. On le sait toutes et tous d'ailleurs. Le spectacle de celles qui, hors de France, honnissent ce voile voleur de destin est assez édifiant. Visions de l'Afghanistan où des fillettes et des ados se déguisent en garçons pour échapper au cercueil de tissu...Eclats de révolte des Iraniennes, la mèche jaillie du foulard narguant les milices armées de leur fouet. Ce voile, introduit en France par les propagandes les plus habiles, les plus fortunées- fric du Golfe bâtissant les mosquées- et les plus imperméables à notre histoire française du combat pour les libertés! Ce voile dont les mères des jeunes voilées n'avaient jamais entendu parler, bien qu'elles n'aient jamais renié l'Islam, au contraire. Ce voile qui dit clairement: je me cache à vous car un seul homme, un seul être est mon maitre. Ce voile qui ressasse l'obsession sexuelle des prédicateurs d'Egypte et du Qatar ayant martelé, depuis des décennies, que la femme était un organe génital, et cela seul, de la racine des cheveux à la pointe des pieds.
       En ma qualité d'amoureuse fervente de la civilisation arabo-islamique, j'avais commis naguère un ouvrage où je dévoilais le passage tragique du monde chatoyant des mille et une nuits à celui des mille et une morts( "Le sexe d'Allah", en livre de poche) Je m'étais donc immergée autant dans le Coran que dans les textes philosophiques et les poèmes de l'admirable héritage culturel arabo-persan. J'avais traqué le "hadith"- la tradition attribuée de façon fantaisiste à Mahomet et découvert l'entassement des trahisons de l'Islam par l'Islam. Trahisons dénoncées par des penseurs musulmans sous tous les cieux, en tous siècles, et qui leur valurent souvent la mort ou l'exil. La sexualisation de la femme - et non pas son érotisation- et sa réduction à l'assouvissement de la pulsion mâle ( donc la cacher pour ne pas le"provoquer") est une obsession qui resurgit avec violence lorsque se constitue le discours des Frères musulmans dans le premier quart du vingtième siècle. Son soubassement est politique: il faut s'opposer à l'occidentalisation des moeurs et au féminisme égyptien qui conduit les militantes les plus audacieuses à se dévoiler dans des manifestations menées au nom de leurs droits. Dans l'ensemble du monde islamique, de l'Iran au Maghreb en passant par la Turquie, mais pas en Asie ni en Afrique noire où le syncrétisme marchait bien autrefois, cacher les femmes, cacher leur chevelure et leur corps était l'alibi religieux de l'archaïsme social qui, précisément, détruisait la civilisation islamique. Avant l'émancipation, le monde juif n'était pas en reste et la femme mariée devait raser sa chevelure ou la cacher sous une perruque.Aujourd'hui, en Israël, la condition de la femme chez les ultra-orthodoxes a scindé le pays. C'est notamment ce phénomène de rejet qui a conduit la dernière coalition gouvernementale à exclure les obscurantistes du pouvoir.
    Ce voile, il est mental, obscurantiste, politique. Il dit: il n'y a de loi que mon bon plaisir que j'attribue à mes maitres qui lisent Dieu dans le texte. Il dit: votre loi n'est pas la mienne, je ferai en sorte que votre loi républicaine s'incline devant mon plaisir divin. Il dit: je suis soumise, je suis soumission, mon voile proclame mon asservissement.
       Telle est la liberté dans l'esclavage que vient de proclamer la Cour de cassation.
    Pensées à toutes celles qui se battent, Jeannette Bougrab, Sihem Habchi ( elle vient d'écrire " Toutes libres" et elle a tant raison, on y reviendra dans ce blog), Elizabeth Badinter, Natalia Baleato, la directrice de Babyloup confrontée à l'arrêt qui casse la raison.

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