La mozza... à l'emmenthal !
Ce dernier forfait, cependant, ne risque pas de coûter très cher à notre pizzaiolo de pacotille puisque, à l'occasion de la récente loi sur la consommation, les députés ont décidé que la mention mensongère ne serait pas assimilée à une fraude. Contrairement à ce que les restaurateurs vertueux réclamaient.
Un autre exemple de tromperie sur les ingrédients : dans le Limousin, où les bovins ont une réputation à défendre, il s'est trouvé un restaurateur rétif au «patriotisme» régional qui faisait passer de la viande allemande pour du steak du cru. Un contrôle a fini par mettre fin à l'embrouille, mais cette dernière a tout de même permis à l'indélicat d'empocher 3 € de plus par steak vendu, soit 3 000 € durant la saison !
Boui-boui spécial tourista
Dans la catégorie « menace sur les intestins », les stands de restauration sur le pouce installés à l'occasion de manifestations festives (ou même sportives) obtiennent sans doute le premier prix. Un exemple ? Lors d'une descente dans une friterie éphémère du Nord - Pas-de-Calais, la répression des fraudes a saisi 16 kg de denrées périmées et découvert 234 kg de sandwichs, cartons de frites, burgers et merguez stockés à température ambiante alors qu'ils auraient dû se trouver dans des frigos. A la demande de l'administration, le stand a été fermé sur-le-champ.
Pour traquer les crêperies spécial tourista et les pizzerias sponsorisées Imodium, les inspecteurs de la répression des fraudes ont repéré des techniques à la dernière mode. « A peine ces bouis-bouis démarrent-ils leur activité qu'ils ouvrent un site Internet. Et - surprise ! - alors qu'ils sont encore totalement inconnus, des commentaires les plus élogieux s'accumulent à leur sujet sur les forums », explique Benoît Hass. Une telle malhonnêteté originelle met forcément les limiers sur leurs gardes.
« Mais, de toute façon, un fraudeur finit toujours par se faire remarquer par ses collègues. Souvent il pratique des prix anormalement bas pour la qualité des produits qu'il prétend vendre, poursuit l'enquêteur des Bouches-du-Rhône. Et ça, ça énerve beaucoup les concurrents qui nous alertent. » Dès lors, plus besoin d'analyses en laboratoire longues et coûteuses quand un simple contrôle des factures suffit.
C'est ce qui se passe souvent dans le secteur du vin, où la tentation est grande de faire passer le rosé de l'été dépourvu de label pour une AOC (appellation d'origine contrôlée), sous prétexte qu'il est vendu «en vrac», ce qui les rend authentiques. Véniel ? « Pas tant que cela, rappelle Benoît Hass, car c'est toute une filière de qualité qui en pâtit. » Là encore, une simple vérification des factures suffit à démasquer la magouille.
Ah, nos petits marchés provençaux si charmants et si pittoresques ! Leurs étals débordent parfois de véritables... attrape-gogos en goguette. L'été dernier, un commerçant d'un marché du Sud a ainsi eu l'idée, pour doper ses ventes, d'attribuer de fausses vertus curatives à des fruits déshydratés : notre petit malin a accroché sur son stand la mention « Fruits mangés par les astronautes ».
Intrigués, les inspecteurs des fraudes en ont prélevé une petite quantité qu'ils ont expédiée dans un laboratoire. Verdict : les fruits de l'espace étaient bourrés de pesticides ! De quoi faire redescendre sur Terre le client sous le charme.
Avec 81 millions de touristes par an (soit 10 fois plus qu'il y a quarante ans), notre pays demeure la première destination dans le monde (1).
137,6 milliards d'euros, soit 7,12 % du PIB (1), c'est ce que pèse la consommation touristique intérieure (69 % générés par les Français, 31 % par les étrangers).
7e rang des pays jugés les plus attractifs par les touristes du monde entier (2), soit une dégringolade de quatre rangs en un an. En cause : l'arrogance des Français, et l'insécurité qui traumatise particulièrement les Asiatiques.
(1) Sources : Insee et Direction générale de la compétitivité de l'industrie et des services. (2) Source : Forum économique mondial.
La première des arnaques au tourisme, c'est la trahison du rêve. Les formations bâclées et la précarité de nombreux emplois sont trop souvent à l'origine de l'image parfois mitigée que les visiteurs gardent de la France.
Ce qui choque le plus, c'est la non-cohérence du statut accordé à un établissement avec la réalité de sa prestation. Cela concerne notamment les hôtels français classés en trois et en quatre étoiles. Cette distinction impose avant tout un minimum de service au niveau de l'accueil, de la prise de bagages, des besoins de la clientèle en chambre, de la restauration. De plus en plus souvent, pour préserver leurs marges, les chaînes hôtelières réduisent leurs effectifs au strict minimum. Même dans les quatre-étoiles, il est devenu courant de monter ses bagages soi-même dans la chambre. Le pire se produit dans certains établissements du groupe Accor où le réceptionniste se retrouve seul pour tout gérer, les arrivées, les départs, les réservations, l'installation et les demandes particulières. Résultat, on attend une plombe à la réception, le temps que le malheureux employé, débordé, satisfasse ses obligations. A 150, 200, voire 300 € la chambre, le voyageur est en droit d'exiger d'être traité comme un client et non comme un usager.
Il faut avoir de l'audace pour appeler chambres de véritables clapiers à lapins. Afin de récupérer de la surface et d'augmenter le nombre de chambres, on n'hésite plus à en choisir une confortable et à la couper en deux. D'autres, sur plan, réduisent drastiquement les volumes pour multiplier les cellules. Résultat, la porte des WC se retrouve à 20 cm de la lunette des toilettes, la paroi vitrée mobile de la douche cogne dans la porte de la salle de bains, la fenêtre ouverte cache le téléviseur mural et il faut marcher de travers entre le mur et le sommier pour gagner son lit. C'est ce que les brochures et guides appellent le «grand confort moderne».
Si la France reçoit globalement bien mieux qu'avant, les exceptions sont, elles, plus insupportables.
L'expression est barbare, mais les petits génies du clavier la connaissent bien : l'IP tracking est une fraude qui consiste, pour les sites Internet des compagnies de transport, à utiliser l'adresse IP de leur client (autant dire : la carte d'identité de leur ordinateur) pour faire varier le prix du billet. Ainsi, un Paris-Montpellier à 80 € passerait à 90 € si l'internaute hésite plus d'une dizaine de minutes - histoire de le faire se dépêcher un peu, de peur d'avoir à payer plus cher encore !
Commune dans les compagnies du monde entier, cette pratique n'aurait pas cours en France, à en croire les démentis outrés des entreprises concernées. Pourtant, les témoignages sont si abondants sur les blogs spécialisés comme «SOS Conso» ou «SOS Voyages» que la députée européenne Françoise Castex (PS) a saisi la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) pour utilisation abusive des données personnelles, et la répression des fraudes, pour pratiques déloyales. Rendez-vous en septembre, date à laquelle la Cnil a promis de donner une réponse.
Plus c'est gros, mieux ça marche. Proposer de fausses locations de vacances sur un site de location ayant pignon sur rue, réclamer des arrhes ou même la totalité de la location en inspirant confiance à force d'échanges courtois sans jamais donner la moindre preuve de l'existence de la villa, puis disparaître. Voilà la martingale, tellement facile à mettre en œuvre qu'elle réapparaît tous les ans pour plumer de nouveaux pigeons. En 2009, près de 200 personnes avaient cédé à un mirage espagnol.
Préjudice, 2 millions d'euros. Cette année, la police judiciaire de Nantes a démantelé un réseau proposant des villas à Pornichet, à La Baule, à Saint-Tropez et à Vallauris. Soixante-huit victimes ont été recensées pour un préjudice de 46 000 €. Les chèques arrivaient dans des boîtes aux lettres inutilisées sur la presqu'île de Guérande. Comment y échapper ? Ne jamais envoyer plus de 30 % de la location, se servir de Google Maps, traquer les fautes d'orthographe dans l'annonce et prendre contact téléphoniquement avec le propriétaire.
Selon la Préfecture de police, au cours de la dernière semaine de juin, 59 personnes ont été interpellées dans le métro, dont 34 ont été placées en garde à vue. Cinquante-cinq pour cent des interpellés étaient mineurs, dont une partie importante ne dépassait pas les 11 ans. Les touristes chinois représentent la première nationalité visée. Dix-sept pour cent des faits aboutissant à une plainte les concernent.