•  24/08/2013 

    « Nous, les intersexes, voulons qu’on laisse nos corps tranquilles »

    Sophie Caillat | Journaliste Rue 89   Nouvel Obs    

    Vincent Guillot est à l’origine du mouvement Intersexe en francophonie et porte-parole de l’Organisation internationale des intersexes (OII). Il nous a écrit à la suite de l’article « Allemagne : ni féminin, ni masculin, le troisième genre bientôt reconnu » afin de nous prévenir qu’une interprétation rapide nous avait laissé penser qu’il s’agissait d’une victoire alors que pour lui et une partie du mouvement Intersexe, cette nouvelle loi est au contraire une défaite.


                      Vincent Guillot (DR)

    Nous l’avons réinterrogé pour faire le point sur les revendications de ces personnes qui ne revendiquent pas l’appartenance à un « troisième genre », mais simplement le respect de leur intersexuation.

    Rue89 : Pourquoi la création d’une troisième case dans les registres d’état civil allemands n’est pas une bonne nouvelle selon vous pour la reconnaissance des intersexes ?

    Vincent Guillot : Le mouvement Intersexe est divisé sur le sujet de la déclaration du sexe administratif mais très majoritairement pour garder le binarisme homme/femme et faire comme cela se passe en Suisse : le droit à l’autodétermination et l’arrêt des opérations non consenties. Là bas, on vous dit : « Vous avez un enfant différent et on va vous accompagner. »

    En Allemagne, les parents préféreront déclarer leur enfant comme homme ou femme plutôt que de le mettre dans une classe à part et faire de lui un « paria », pour reprendre les mots du juriste Jean Carbonnier.

    Il reste insupportable que votre enfant n’ait pas de sexe administratif, car on entre dans l’humanité par la déclaration à l’état civil qui passe par le sexe, donc cette nouvelle possibilité va pousser à accélérer l’opération.

    Une autre partie importante du texte qui modifie l’état civil allemand est que pour certaines catégories d’intersexes (l’hyperplasie congénitale des surrénales : ces personnes ne sont pas considérées comme des intersexes mais comme des « filles ratées »), on inscrit dans le droit les mutilations. Ce qui veut dire que les parents ne pourront pas s’opposer aux opérations, ou plus rarement, et que ceux qui ont été mutilés ne pourront plus attaquer leurs médecins.

    Les médias mettent à tort les revendications des intersexes dans le même bain que celles des personnes transsexuelles ?

    Oui, et les intersexes dans leur grande majorité ne sont pas des militants « queer ». Ils dissocient leurs revendications de celles des tenants des études de genre. Les trans sont en demande d’opération ou de changement de perception sociale de leur genre. Il peut arriver néanmoins que les Intersexes qui ont été transformés en filles ne se vivent pas comme des femmes, ou inversement.

    Nous, on veut juste qu’on laisse nos corps tranquilles : on ne touche à rien tant que la personne n’est pas en capacité de s’autodéterminer. Mais la plupart du temps, leur corps leur convient. L’intersexuation n’est ni une maladie, ni un handicap, c’est juste être différent. Bien le vivre est donc pour moi une force, pas une faiblesse.

    En France, comment cela se passe-t-il pour les naissances d’enfants de sexe indéterminé ?

    Il est déjà possible de ne pas déclarer de sexe administratif à la naissance. La circulaire du 28 octobre 2011 le précise dans son article 55 [PDF] :

    « Il peut être admis qu’aucune mention sur le sexe de l’enfant ne soit initialement portée sur l’extrait de naissance. »


    Article 55 de la circulaire d’état civil

    Mais la situation doit être résolue dans un délai d’un ou deux ans. Dans la réalité, les parents se font extorquer l’opération par les médecins, donc c’est une mutilation en dehors de tout cadre légal.

    Comment est-il décidé de donner le sexe féminin ou masculin ?

    Selon les situations, soit les médecins savent fabriquer un pénis qui saura pénétrer un vagin et uriner debout, et ils feront un garçon, soit ils ne savent pas et trouvent plus simple de couper et de fabriquer un vagin pour faire une fille.

    C’est cela qui décide de l’opération, pas les chromosomes. La plupart du temps, on fabrique des filles car c’est plus simple de couper un clitoris trop grand. Cela s’appelle une excision, pratiquée par des médecins pour des raisons sociales et non religieuses, et pas encadrée par la loi !

    A-t-on des chiffres sur les personnes concernées et les opérations ?

    Non, il n’y a pas de chiffres officiels, mais la spécialiste Claire Nihoul-Fékété, professeure émérite de chirurgie infantile, a parlé sur France Culture de 8 000 naissances par an et de 2 000 enfants opérés. Mais attention, chaque nourrisson sera opéré plusieurs fois. J’ai rencontré une personne opérée 100 fois et de nombreuses avec plusieurs dizaines d’opérations. Moi, j’ai eu de la chance, je n’ai été opéré « que » dix fois.

    Vous pouvez raconter votre histoire personnelle ?

    L’obstétricien a dit à ma mère : « C’est bizarre, mais on le déclare garçon et on verra quand il aura l’appendicite », car à l’époque l’imagerie médicale n’existait pas encore. Quand ils ont ouvert parce que j’avais l’appendicite, ils n’ont rien noté dans mon dossier médical.

    J’avais une partie d’utérus, un vagin, j’avais les deux, peut-être pas d’ovaires. Ils ont retiré tout ce qui était fille et ont construit une verge et ajouté de la testostérone pour me viriliser. J’ai passé l’enfance à l’hôpital sans rien savoir. Pour mes parents, j’étais un garçon qu’il fallait réparer.

    Puis je suis devenu père par insémination artificielle avec donneur anonyme. Comme n’importe quel couple stérile ! La parentalité intersexe n’est pas plus problématique que pour un couple infertile.

    Vous dites qu’on peut vivre très bien en restant intersexe, comment le savoir ?

    Comment le savoir ? En nous le demandant ! Nous rencontrons depuis plus de dix ans que l’OII existe des milliers d’Intersexes à travers le monde, et nous sommes frappés de la différence de vécu entre les personnes mutilées et les non mutilées.

    En France, on est tous mutilés, dans les pays pauvres non. En Afrique du Sud par exemple, les Noirs ne l’étaient pas et les Blancs sont mal dans leur peau et marginalisés.

    Les enfants non mutilés deviennent des adultes épanouis bien intégrés socialement alors que dans les pays où l’on mutile, c’est l’inverse.

    Nous sommes nombreux a avoir des séquelles opératoires à vie, comme des infections urinaires récurrentes, des douleurs, et nombreux sont ceux qui ont perdu toute possibilité d’éprouver du plaisir ou, pire encore, souffrent lors des rapports sexuels.

    Lorsque nous ne sommes pas mutilés, nous avons toutes nos capacités érogènes et donc une sexualité épanouie. Une grande partie des intersexes seraient fertiles si on ne les stérilisait pas dans la petite enfance. De plus, comme les autres couples infertiles, nous avons accès aux Cecos (Centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains).


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  •   à lire sur NYTimes.com (en anglais) 23/08/2013 

    Une étude révèle l’ampleur du dopage en athlétisme. Affolante... et censurée

    • Signalé par   Clément Guillou  (Rue 89 )

    Moins d’une semaine après les championnats du monde d’athlétisme de Moscou, le New York Times révèle l’existence d’une étude scientifique estimant à un tiers la proportion d’athlètes dopés. Un chiffre alarmant, bien supérieur aux estimations données jusqu’ici, et qui fait dire à Don Catlin, expert renommé de l’antidopage :

    « Ces chiffres sont révélateurs. C’est perturbant mais je ne suis pas surpris. »

    Cette étude embarrasse l’Agence mondiale antidopage (AMA) et la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) depuis plus d’un an et n’aurait sans doute jamais été connue sans l’enquête du New York Times.

    L’AMA sait que les contrôles n’attrapent pas la plupart des tricheurs – moins de 2% de positifs – mais a du mal à évaluer leur proportion dans les différents sports. En 2011, elle charge une équipe de scientifiques de répondre à cette question. Cette année-là, les chercheurs interrogent donc, selon un protocole garantissant l’anonymat des sportifs, quelque 2000 athlètes participant aux Mondiaux de Daegu et aux Jeux panarabes de Doha.

    Les résultats font bondir les autorités : à Daegu, 29% des athlètes disent avoir utilisé « un produit ou une méthode dopante, en connaissance de cause, ces 12 derniers mois ». La proportion grimpe à 45% aux Jeux panarabes.

    Les scientifiques estiment qu’il s’agit d’un minimum et que la proportion réelle de dopés est sans doute plus élevée, pour trois raisons :

    • tous les athlètes n’ont pas accepté de répondre ;
    • ceux qui ont accepté avaient encore la possibilité de répondre à une question triviale – leur date de naissance – plutôt que celle sur le dopage ;
    • ceux qui ont répondu à la question sur le dopage peuvent avoir menti malgré la garantie de l’anonymat.

    Au printemps 2012, l’étude scientifique est prête. Elle est remise à l’AMA, qui demande qu’elle ne soit pas publiée : elle aimerait mener l’expérience sur un autre évènement, pour une raison qui échappe aux trois chercheurs.

    En janvier 2013, l’AMA accepte finalement la publication dans un journal scientifique mais la revue Science refuse l’article, en raison du sujet selon les chercheurs. En mars, l’AMA, qui était d’accord pour que l’étude soit soumise à d’autres revues, change d’avis et demande à la mission que l’IAAF puisse d’abord étudier les résultats.

    Interrogé par le New York Times, l’IAAF déclare aujourd’hui que l’étude n’est pas prête à être publiée et relativise sa valeur scientifique : « Elle ne repose que sur un protocole de sciences sociales, une sorte de sondage des opinions (sic) des athlètes. » La fédération aimerait la compléter avec les résultats des contrôles sanguins effectués aux Mondiaux de Moscou pour aboutir à une enquête selon elle plus complète. Un raisonnement qui laisse pantois les chercheurs.

    Pour l’universitaire John Hoberman, spécialiste du dopage, cette étude démonte le discours commun voulant que les sportifs dopés sont des déviants au sein de leur communauté.

    « Soit le sport attire une forte proportion de déviants, soit [le dopage] est une pratique habituelle, adoptée par des individus plus ou moins normaux. »


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  •  

    Le régime alimentaire européen n'est pas soutenable, car il requiert trop d'eau.

     Les produits alimentaires représentent en effet 84 % de l'empreinte en eau de l'Europe, d'après la revue Ecological indicators.

      En diminuant les consommations de viande, de graisses animales et de sucre, on pourrait réduire cette empreinte de 23 %.

      Un changement qui serait à la fois bon pour la ligne et pour l'environnement.

     Alternatives économiques (13 juin 2013)


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  •   à lire sur Plos one (en anglais) 31/07/2013 

    Etude : les préservatifs sont bons pour la santé des vagins

    •     Signalé par  Renée Greusard   (Rue 89)   

    On savait déjà que les préservatifs protègent du sida et autres maladies sexuellement transmissibles. Voici une nouvelle raison de sortir couverts comme disent les campagnes qui promeuvent l’objet en latex. Selon une étude chinoise publiée dans la revue Plos one, le latex permettrait d’augmenter la présence dans le vagin de bactéries positives, les lactobacilles.

    Pour mener à bien cette étude, 164 femmes mariées et sexuellement actives ont été observées. Parmi elles 43,9% ont toujours utilisé des préservatifs, 34,8% un stérilet et 21,3% ont utilisé la méthode ogino.

    Résultat ? Les chercheurs ont découvert des taux de Lactobacilles différents dans chaque groupe de femmes. 95,8 % de celles qui avaient utilisé le préservatif était « colonisées » contre 84,2% chez celles sous stérilet et 88,6% chez celles qui n’avaient rien utilisé.

    De bien gentilles bactéries qui protègent des infections

    Or, plus il y a de Lactobacilles, plus on est content. Ces gentilles bactéries limitent en effet le développement de la vaginose bactérienne, ce déséquilibre de la flore vaginale qui provoque des infections, des démangeaisons, des pertes et des odeurs désagréables.

    Les Lactobacilles aident le vagin à maintenir son acidité qui peut être perturbée par les rapports sexuels et le sperme (bien moins acide que le vagin). En effet, le vagin présente en moyenne un pH de 4,5. Quand celui du sperme se situe plutôt entre 7 et 8. Si vous (aussi) aviez oublié vos cours de biologie, un PH neutre est de 7 (comme celui de l’eau).

    Pour protéger ces fameuses bactéries, les gynécologues conseillent d’ailleurs souvent de ne pas trop abuser de la toilette intime. En cas de toilette trop fréquente, on les détruit tout simplement. Ce qui laisse la voie libre aux mycoses et autres choses désagréables.

    Le préservatif très utilisé en Chine

    L’étude prend tout son sens en Chine où, racontent les auteurs de l’étude, de par la politique de restriction des naissances, 90% des femmes utilisent des moyens contraceptifs. Et sur ces 90%, plus de la moitié utilisent des contraceptions non hormonales (préservatif, stérilet et méthode ogino). Un chiffre élevé comparé à d’autres pays qui s’explique notamment par la facilité d’accès à ces moyens de contraception en Chine.

    En France par exemple, le moyen contraceptif le plus utilisé est la pilule. Et dans une récente étude de l’Ined [PDF] sur les Français et la contraception, on pouvait ainsi lire que le modèle contraceptif y est assez figé :

    « Le modèle contraceptif français apparaît peu flexible, restant caractérisé par un recours important au préservatif en début de vie sexuelle, l’utilisation de la pilule dès que la vie sexuelle se régularise et le recours au stérilet quand les couples ont eu les enfants qu’ils désiraient. »


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  •   Les caries, marqueur des inégalités sociales

    Vendredi 26 Juillet 2013     Clotilde Cadu - Marianne

    Comment se mesure l’inégalité sociale chez les enfants ? En observant leur sourire. Ceux qui ont des caries ont généralement des parents ouvriers – et un accès aux soins limité.

    PURESTOCK/SIPA
                                                                      PURESTOCK/SIPA
       Comment se mesure l’inégalité sociale chez les enfants ? En observant leur sourire. Ceux qui ont des caries ont généralement des parents ouvriers – et un accès aux soins limité. Ceux qui n’en ont presque pas, des parents cadres. Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), à l’âge de 6 ans, seuls 8% des enfants de cadres ont déjà eu au moins une carie, contre 30% des enfants d’ouvriers. En maternelle, 4% des enfants de cadres ont au moins un dent cariée non soignée, contre 23% des enfants d’ouvriers.


       Au même titre que l’obésité et le surpoids, la santé bucco dentaire des jeunes est donc un marqueur des inégalités sociales. Et démontre, une fois de plus, que l’accès aux soins se dégrade pour toute une partie de la population. Près de 16% des Français renoncent déjà à des soins pour des raisons financières. Les soins dentaires sont les premiers impactés (9,9% de renoncement), bien devant l’optique (4,3%) et les consultations chez le généraliste ou le spécialiste (3,5%). Une tendance confirmée par la DREES : quand 79% des enfants de 5 à 15 ans dont la mère est cadre ont consulté un dentiste dans les douze derniers mois, ce n’est le cas que de 60% des enfants d’ouvrières et 56% des enfants de chômeuses. Autrement dit, à caractéristiques comparables, un enfant a 2,5 fois plus de chances d’avoir consulté un dentiste dans l’année si sa mère est cadre plutôt qu’ouvrière. Autre différence notable : les enfants d’ouvriers passent sous la roulette pour des soins, tandis que les rejetons de cadres s’installent sur le fauteuil pour des visites de contrôle.

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  •   Viande rouge : plus de maladies intestinales

    Les maladies intestinales (cancers digestifs, maladies inflammatoires intestinales, diverticulose colique...) ont beaucoup augmenté au 20e siècle. La cause principale est très probablement l'augmentation de la consommation de viande rouge de mauvaise qualité : charcuterie, viande d'élevages industriels.

    Luxe jusqu'en 1945, où l'on n'en mangeait pas plus de deux fois par semaine, la viande est aujourd'hui omniprésente dans nos assiettes. Au restaurant, on ne se pose pratiquement pas la question : à part quand on mange du poisson, il y a toujours de la viande. Les personnes qui choisissent un plat de légumes sont regardées bizarrement.

    Pourtant, les statistiques sont évidentes : dans tous les pays du monde où la consommation de viande rouge augmente, les maladies digestives augmentent. (1)

    Cancer du côlon

    Partout où la consommation de bœuf augmente, le cancer du côlon se développe.

    L'explication possible est que la viande de bœuf contient des virus qui résistent à la cuisson. Or, lorsque vous faites cuire votre viande de bœuf, des nitrosamines cancérogènes apparaissent. Les virus bovins attaqueraient la paroi de vos intestins, créant ainsi des infections prêtes à se cancériser sous l'effet des nitrosamines.

    Il faut noter en effet que la cuisson du poulet et du poisson fait aussi apparaître des nitrosamines cancérogènes, mais que leur consommation n'augmente pas le risque de cancer du côlon. Cela s'expliquerait par l'absence de virus attaquant la paroi des intestins, dans ces viandes.

    Une autre cause de cancer pourrait être le fer héminique contenu dans la viande rouge, donc celle du bœuf mais aussi le veau, l'agneau, le porc, le canard, l'oie, le lapin, le cheval et les abats. (2) Le fer oxyde les cellules, l'ADN, les lipides et les protéines intracellulaires, ce qui à la longue semble favoriser l'émergence de cancers. (3)

    Selon une étude réalisée sur 88 751 femmes, manger de la viande de bœuf, de porc ou d'agneau en moyenne une fois par jour multiplie par 2,49 le risque de cancer du côlon, par rapport aux femmes consommant ces viandes moins d'une fois par mois. (4)

    Autres maladies intestinales provoquées par l'excès de viande

    La maladie de Crohn est favorisée par la consommation de viande. La viande n'est en effet pas totalement absorbée dans l'intestin grêle (première partie des intestins, après l'estomac), elle passe dans le côlon où elle va fermenter sous l'effet des bactéries de la flore intestinale. Cette fermentation produit des dérivés toxiques qui attaquent la muqueuse de l'intestin. Cela peut provoquer des saignements, diarrhées et douleurs abdominales pénibles caractéristiques de la maladie de Crohn. (5)

    Le côlon, qui est donc la deuxième partie de l'intestin, où la nourriture achève d'être dégradée par la flore intestinale, peut aussi, sous l'effet de la viande, développer de petites poches où les matières fécales se bloquent. Comme vous pouvez l'imaginer, ce n'est pas très propre et cela provoque des infections, voire une perforation dans l'abdomen (péritonite). Cette maladie, appelée diverticulose colique, est typique de l'alimentation occidentale riche en viande, et bien moins répandue chez les végétariens. (6)

    La viande augmente le risque d'endométriose chez les femmes (présence de tissu endométrial à l'extérieur de l'utérus). Une étude datant de 2004 a prouvé que les femmes qui consomment le plus de viandes rouges avaient deux fois plus de risques d’avoir une endométriose. (7)

    Une consommation quotidienne de 100 g par jour augmente d’environ 20% les risques de déclencher un diabète de type 2. (8)

    D'autres maladies telles que les maladies cardiovasculaires, les cancers de l'estomac, de la vessie et la maladie d'Alzheimer seraient favorisées par la viande. (9)

    De quoi est faite la viande que vous mangez ??

    Il faut toutefois se garder de diaboliser un aliment qui fait partie depuis les plus lointaines origines, de l'alimentation de l'homme.

    Le problème de la viande pourrait en fait largement être causé par la qualité déplorable de la viande que nous consommons aujourd'hui.

    Pour augmenter la productivité des élevages, les animaux sont aujourd'hui nourris au maïs, aux grains, aux farines animales, souvent encore enrichis d'additifs. Les animaux, on le sait, vivent dans une surpopulation souvent impensable, et sont abattus dans des conditions si horribles que l'ancien Beatles Paul McCartney a pu déclarer : « Si les abattoirs avaient des murs en verre, tout le monde serait végétarien ».

    Nous sommes très loin du brave troupeau broutant l'herbe verte et les pâquerettes de pâturages verdoyants, qui sont les conditions de vie naturelles des bovins, et cela pourrait largement expliquer les effets délétères de la consommation de viande sur notre santé.

    Pour l'ensemble de ces raisons, et d'autres encore qui tiennent à la protection de l'environnement, Jérémy Anso du site de nutrition « Dur à Avaler » recommande fortement de ne pas dépasser 300 grammes de viande par semaine, ce qui équivaut à deux steaks hachés ou une grosse portion au restaurant. (10)

    Cette recommandation me paraît très raisonnable en effet.

    A votre santé !

    Jean-Marc Dupuis    "Sante Nature Innovation"

      Sources :

    (1) voir http://l-ordonnance-ou-la-vie.com/viande-maladies-intestinales/

    (2) Tappel, Al. 2007. « Heme of consumed red meat can act as a catalyst of oxidative damage and could initiate colon, breast and prostate cancers, heart disease and other diseases ». Medical Hypotheses 68 (3): 562–564. doi:10.1016/j.mehy.2006.08.025.

    (3) Cross, A. J., L. M. Ferrucci, A. Risch, B. I. Graubard, M. H. Ward, Y. Park, A. R. Hollenbeck, A. Schatzkin, et R. Sinha. 2010. « A Large Prospective Study of Meat Consumption and Colorectal Cancer Risk: An Investigation of Potential Mechanisms Underlying this Association ». Cancer Research 70 (6) (mars 9): 2406–2414. doi:10.1158/0008-5472.CAN-09-3929.

    (4) Willett, W C, M J Stampfer, G A Colditz, B A Rosner, et F E Speizer. 1990. « Relation of meat, fat, and fiber intake to the risk of colon cancer in a prospective study among women ». The New England Journal of Medicine 323 (24) (décembre 13): 1664–1672. doi:10.1056/NEJM199012133232404.

    (5) Maconi, Giovanni, Sandro Ardizzone, Claudia Cucino, Cristina Bezzio, Antonio-Giampiero Russo, et Gabriele Bianchi Porro. 2010. « Pre-illness changes in dietary habits and diet as a risk factor for inflammatory bowel disease: a case-control study ». World Journal of Gastroenterology: WJG 16 (34) (septembre 14): 4297–4304.

    (6) Aldoori, Walid, et Milly Ryan-Harshman. 2002. « Preventing diverticular disease. Review of recent evidence on high-fibre diets. » Canadian Family Physician 48 (octobre): 1632.

    (7) Parazzini F, Selected food intake and risk of endometriosis. Hum Reprod. 2004 Aug;19(8):1755-9. Epub 2004 Jul 14.

    (8) An Pan, Qi Sun, Adam M Bernstein, Matthias B Schulze, JoAnn E Manson, Walter C Willett, Frank B Hu ; Red meat consumption and risk of type 2 diabetes: 3 cohorts of US adults and an updated meta-analysis. American Journal of Clinical Nutrition, first published August 10, 2011, doi: 10.3945/ajcn.111.018978.

    (9) Cross, A. J., L. M. Ferrucci, A. Risch, B. I. Graubard, M. H. Ward, Y. Park, A. R. Hollenbeck, A. Schatzkin, et R. Sinha. 2010. « A Large Prospective Study of Meat Consumption and Colorectal Cancer Risk: An Investigation of Potential Mechanisms Underlying this Association ». Cancer Research 70 (6) (mars 9): 2406–2414. doi:10.1158/0008-5472.CAN-09-3929.

    (10) http://www.dur-a-avaler.com/2-steaks-300-grammes-semaine-maximum/


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  • Historique

    patisseriesCertaines patisseries industrielles peuvent contenir des additifs alimentaires
    © C. Magdelaine / notre-planete.info

    "Malgré leurs caractéristiques modernes, les additifs alimentaires sont employés depuis des siècles. La conservation des aliments a commencé quand l'homme a appris à protéger chaque récolte jusqu'à la récolte suivante et à conserver viande et poisson en les salant ou en les fumant.
    Les Egyptiens ont utilisé des colorants et des arômes pour augmenter l'attrait de certains produits alimentaires et les Romains ont eu recours au salpêtre (ou nitrate de potassium), aux épices et colorants pour la conservation et l'amélioration de l'apparence des aliments.
    De tout temps, les cuisiniers ont régulièrement employé la levure en tant qu'agent levant, des épaississants pour les sauces, les sauces au jus et colorants comme la cochenille pour transformer des matières premières de bonne qualité en des produits alimentaires sûrs, sains et agréables à manger. Le but de la cuisine traditionnelle n'est guère différent de celui des aliments préparés ou en conserve d'aujourd'hui." (EUFIC).

    Et pourtant, certains additifs alimentaires sont au coeur de scandales sanitaires...

    Définition

    Les additifs alimentaires sont des substances qui, ajoutées en petite quantité, permettent notamment :

    • d'aider à la conservation en empêchant la présence et le développement de microorganismes indésirables (par exemple : moisissures ou bactéries responsables d'intoxications alimentaires) : on les appelle conservateurs
    • d'éviter ou de réduire les phénomènes d'oxydation qui provoquent entre autre le rancissement (altération des graisses exposées à l'air, à la lumière et à la chaleur) des matières grasses ou le brunissement des fruits et légumes coupés : on les appelle anti-oxygène
    • d'améliorer la présentation ou la tenue, on les appelle agents de texture (émulsifiants, stabilisants, épaississants, gélifiants)
    • de rendre aux aliments, de renforcer ou de conférer une coloration : on les appelle colorants
    • de renforcer leur goût (exausteurs de goût).

    D'après le décret du 18/09/1989, "on entend par additif alimentaire toute substance habituellement non consommée comme aliment en soi et habituellement non utilisée comme ingrédient caractéristique dans l'alimentation, possédant ou non une valeur nutritive, et dont l'adjonction intentionnelle aux denrées alimentaires, dans un but technologique au stade de leur fabrication, transformation, préparation, traitement, conditionnement, transport ou entreposage, a pour effet, ou peut raisonnablement être estimée avoir pour effet, qu'elle devient elle-même ou que ses dérivés deviennent, directement ou indirectement, un composant des denrées alimentaires".

    Réglementation

    Au niveau international

    Il existe le Comité Conjoint d'Experts sur les Additifs alimentaires (JECFA, Joint FAO/OMS Expert Commitee on Food Additive) de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

    En Europe

    Les additifs alimentaires sont autorisés pour ses États membres, ainsi que pour la Norvège et l'Islande.
    L'utilisation des additifs est strictement réglementée selon le principe dit "de listes positives". Autrement dit : ce qui n'est pas expressément autorisé est interdit.
    Une procédure d'évaluation est établie par le groupe scientifique sur les additifs alimentaires et les sources de nutriments ajoutés aux aliments (ANS). La demande d'autorisation comprend un dossier technique, technologique, toxicologique et analytique.

    La directive 89/107/CEE du Conseil prévoit que tous les additifs alimentaires doivent être soumis à une observation permanente et doivent être réévalués chaque fois que nécessaire, à la lumière des changements apportés aux conditions d'emploi et des nouvelles informations scientifiques disponibles.

    Les additifs risquant d'être cancérogènes sont évalués par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Sur les 29 additifs à risque qui ont été évalués et autorisés, aucun n'appartient au groupe 1 (cancérogène pour l'Homme).

    En France

    Les additifs doivent obligatoirement être mentionnés sur l'étiquette des denrées alimentaires : soit en clair (par exemple : "poudre à lever : bicarbonate de sodium") ; soit à l'aide d'un code précédé du nom de la catégorie (par exemple : "colorant E 330").

    C'est la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) qui contrôle la présence des additifs dans les produits alimentaires.

    La plupart des additifs ne peuvent être utilisés que dans les quantités limitées dans certaines denrées alimentaires. Si aucune limite quantitative n'est prévue pour l'utilisation d'un additif alimentaire, il doit être utilisé selon la bonne pratique de fabrication, c'est-à-dire seulement autant que nécessaire pour réaliser l'effet technologique désiré. De plus, les additifs alimentaires ne peuvent être autorisés que si

    • il y a une nécessité technologique de l'utiliser,
    • ils n'induisent pas le consommateur en erreur,
    • ils ne présentent aucun risque pour la santé du consommateur.

    Risques pour la santé

    colorants© C. Magdelaine / notre-planete.info

    Une étude britannique aurait établi un lien, chez les enfants âgés de 3 ans environ, entre le risque d'hyperactivité et l'ingestion d'aliments contenant des additifs comme l'acide benzoïque. L'hyperactivité se traduit par une incapacité à rester en place, à se concentrer et une impulsivité. En France, 3 à 5% des enfants souffrent d'hyperactivité (Archives of Disease in Childhood, 06/2004).

    Certains additifs, pourtant autorisés, sont reconnus comme potentiellement cancérigènes. Il s'agit "de colorants : E123, E131, E142 ; de conservateurs : les dérivés benzoïques E210 à 219 et les dérivés nitrés E249 à 252 ; avec des doutes pour certains édulcolorants" (L. Le Goff, Médecines et alimentation du futur, 09/2009).

    Notons qu'il est très difficile d'obtenir des informations sur la toxicité réelle des additifs, les rares études menées ne sont plus diffusées publiquement pour des raisons inconnues...

    Enfin, une liste anonyme sur les méfaits des additifs alimentaires circula en 1976 sous le nom - abusif - de tract de Villejuif, ses recommandations sont sans fondements scientifiques.

    Liste des additifs alimentaires

    Le code utilisé est fixé au niveau européen. Il se compose de la lettre "E" suivie d'un numéro permettant d'identifier facilement la catégorie. Par exemple :

    • 100 pour les colorants ;
    • 200 pour les conservateurs ;
    • 300 pour les agents anti-oxygène ;
    • 400 pour les agents de texture.

    Une liste est disponible sur le site "les additifs alimentaires".

    Quelques additifs à éviter

    • E102 (tartrazine), E104, E110, E122, E124, E129 : ces colorants alimentaires peuvent avoir des effets indésirables sur l'activité des enfants : il favoriserait le syndrome d'hyperactivité chez les enfants.
    • E150b (caramel de sulfite caustique), E150c (caramel ammoniacal), E150d (caramel au sulfite d'ammonium). Ces colorants alimentaires sont ajoutés aux aliments pour leur donner une coloration brune plus prononcée. Ils sont présents dans de nombreux produits (petits-déjeuners, soupes, confiserie, assaisonnement, bouillons de cuisson...) et notamment les boissons : Coca-Cola, sodas, bières...
      Étant donné leurs propriétés similaires, l'ANS a établi une dose journalière acceptable groupée de 300 mg par kg de poids corporel par jour (mg/kg pc/jour) applicable aux quatre colorants. Il a toutefois défini une DJA plus restrictive de 100 mg/kg pc/jour pour le colorant E150c. Ce dernier pourrait affecter le système immunitaire. Cependant, ces caramels colorants ne sont ni génotoxiques ni cancérigènes et il n'existe pas de preuve démontrant qu'ils aient des effets indésirables sur la reproduction humaine (EFSA, 03/2011).
    • E173 (aluminium). Ce colorant est utilisé pour apporter une couleur argent sur des dragées et des décorations de pâtisseries enrobées de sucre, ainsi que pour donner un fini argenté à des pilules et comprimés. Il est également présent dans l'eau du robinet. L'aluminium est potentiellement toxique pour les cellules nerveuses et serait notamment impliqué dans les maladies maladie d'Alzheimer et de Parkinson. Il faut éviter ce colorant d'ailleurs déjà interdit dans de nombreux pays comme en Australie (Manger Sain).
    • Méthylparabène ou 4-hydroxybenzoate de méthyle (E218) et son sel de sodium (E219) ; éthylparabène ou 4-hydroxybenzoate d'éthyle (E214) et son sel de sodium (E215) ; propylparabène ou 4-hydroxybenzoate de propyle (E216) et son sel de sodium (E217). Il s'agit des tristement célèbres composés de la famille des parabènes, suspectés d'être cancérigènes.
    • E249 ou nitrite de potassium. Ce conservateur a de nombreux effets pervers : entrave le transport de l'oxygène par le sang, peut entrainer des difficultés respiratoires, favorise les allergies, détruit les vitamines A, B1 et B2.... (Manger Sain). Attention ! Il est autorisé dans les produits BIO.
    • E250 ou nitrite de sodium. Ce conservateur et colorant est utilisé pour donner une couleur rose aux produits de charcuterie, donnant le sentiment au consommateur que le produit est frais. Il est présent dans pratiquement toutes les charcuteries où il se combine avec les protéines de la viande pour donner des nitrosamines, hautement cancérigènes. A ce titre, il est interdit dans plusieurs pays et déconseillé (Manger Sain). Attention ! Il est autorisé dans les produits BIO.
    • E251 ou nitrate de Sodium. Comme pour les nitrites, voir ci-dessus. Cancérigéne. Les sels de l'acide nitriques (nitrates) se transforment en nitrites dans l'organisme.
    • E252 ou nitrate de potassium (salpêtre) : voir E251
    • E320 ou butylhydroxyanisole (BHA). Cet additif est utilisé pour éviter aux matières grasses de rancir. Le BHA est un cancérigène possible selon les données du CIRC et un perturbateur endocrinien. Le BHA est difficilement biodégradable et a un haut potentiel de bioaccumulation dans l'environnement. Il est notamment présent dans les chewing-gums.
    • E321 ou butylhydroxytoluène (BHT). Comme le BHA, il s'agit d'un Antioxygène utilisé pour retarder l'oxydation des aliments, notamment des matières grasses, et éviter leur rancissement. Il se retrouve dans de nombreux plats cuisinés et chewing-gums... Comme le E320, le 321 a été classé "cancérogène possible pour les humains" (par le CIRC et l'OMS). De plus, il peut provoquer des allergies cutanées, digestives et serait suspecté de favoriser le dépôt des graisses dans les artères chez certaines personnes.

    Quelques additifs controversés

    • E951 (aspartame). Cet édulcorant remplace le sucre dans plus de 6000 produits dits "light". Certaines études ont mis en évidence l'apparition de cancers chez des rongeurs. De plus, des études ont alerté sur des risques neurologiques (épilepsie, maux de tête), la prise de poids (un comble) et des risques d'acidents vasculaires cérébraux et cardiaques (Science & Vie, juillet 2011).
      Cependant, l'EFSA, suite à son analyse des données scientifiques disponibles sur l'aspartame a conclu que "l'aspartame ne pose aucun problème de toxicité pour les consommateurs aux niveaux d'exposition observés. La Dose Journalière Admissible (DJA) actuelle est considérée comme sûre pour la population générale et le niveau d'exposition des consommateurs à l'aspartame est inférieur à la DJA."

    Quelques additifs sans danger

    • E407 (alginates et carraghenanes) : ces additifs désignent des extraits d'algues marines utilisés pour leurs propriétés gélifiantes. On les retrouve notamment dans les pâtisseries, glaces, confiseries, gâteaux, produits laitiers, jus de fruits...

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  •    11/06/2013 à 11h04

    « Aux armes citoyennes, sortez vos beaux nichons, et allaitons ! »

    Gabrielle Girot | Etudiante (Rue 89,  Nouvel Obs)
      
    Tribune

    La première fois que je l’ai fait, j’avais 25 ans et c’était avec une fille. Ce fut un moment de plaisir mêlé d’angoisse, comme l’aboutissement d’un moment de ma vie et le début d’un autre, inconnu et plein de promesses. J’avais peur de na pas savoir m’y prendre, d’avoir mal. Mais ce fut à la fois charnel, sensuel et fusionnel, tout en étant pragmatique et vital.

    C’était le début d’une grande aventure, car ensuite je l’ai fait partout et tout le temps ! Je l’ai fait couchée, assise, debout. Je l’ai fait le jour et la nuit. Bien sûr, je l’ai fait au lit, mais aussi sur le canapé, sur une chaise...

    Le plus souvent, je l’ai fait chez moi, mais parfois je l’ai aussi fait chez ma mère, chez ma sœur, chez mon frère et même chez des amis. Il m’est arrivé de le faire dans le cabinet de mon dentiste ou au restaurant. Je dois l’avouer, je l’ai aussi fait dans la rue ou dans la voiture, le train et même dans l’avion. Je l’ai fait en vacances à Rome et à Paris, sur une plage de Normandie et dans les champs de l’Aveyron.

    Pourquoi louper la moitié de la fête ?

    Making of

    Le mois dernier, une cliente d’un magasin Celio de Montpellier qui allaitait sa fille s’est vu intimer l’ordre de se cacher dans une cabine ou de sortir de la boutique. Choquées, plusieurs femmes ont ouvert une page Facebook, « Têter où je veux quand je veux ». Une riveraine, Gabrielle Girot, étudiante en dernière année à l’Ecole normale supérieure de Lyon et mère depuis quatre mois, nous a envoyé ce texte.

    M.D.

    Oui, j’ai allaité ma fille dans tous ces endroits. Car quand elle a faim, ma réponse est de lui donner le sein. Certaines de mes amies dégainent bien leur biberon. Alors, moi, je dégrafe mon corsage pour donner la gougoutte à ma fille. Mais à l’inverse de la chanson de Brassens, tous les gars du village ne sont pas là !

    Parce qu’allaiter en public n’est ni sexuel ni obscène, et vraiment pas exhibitionniste. Parce qu’allaiter en public n’est pas un « attentat à la pudeur » – terme juridique qui n’existe plus depuis 1994.

    Parce que mon sein vaut autant que celui de Madonna ou de Lady Gaga, et n’allez pas me dire qu’on en voit moins chez elles que chez moi ! Parce qu’allaiter est sain et naturel, il faut pouvoir le faire partout et tout le temps.

    Non, on ne peut pas demander aux mères de se cacher – pourquoi devraient-elles transmettre à leur enfant que manger est quelque chose de tabou ? Ni de cacher leur enfant sous un châle – avez-vous déjà vu une vache ou une chatte se cacher sous un drap pour allaiter ? Ni de s’isoler dans un coin – pourquoi devrions-nous louper la moitié de la conversation ou de la fête ?

    Je ne cacherai pas ce sein...

    Détail de « La Liberté guidant le peuple », d’Eugène Delacroix (Olivier Bacquet/Flickr/CC)

    Je me souviens de mon amie Laëtitia, dont le beau-frère ne voulait pas qu’elle allaite en sa présence. Je me souviens de mon amie Justine, qui n’a pas voulu allaiter parce que c’est compliqué, surtout à l’extérieur.

    Je me souviens de cette maman qui a été expulsée d’un magasin. Je me souviens de cette maman qui, après avoir essuyé des remarques désagréables, a peu à peu arrêté d’allaiter son enfant.

    Alors oui, il faut défendre l’allaitement comme un choix et un droit pour chaque enfant et chaque mère face à la pression sociale du qu’en-dira-t-on, du glamour, des préjugés ou encore de la pudeur mal placée ! Ce n’est pas aux enfants de changer leur comportement sain, naturel et millénaire, c’est à la société de changer son regard, et non, je ne cacherai pas ce sein que vous ne sauriez voir.

    Et plus vous en verrez, plus vous trouverez cela normal ; alors...

    Aux armes citoyennes !

    Sortez vos beaux nichons !

    Allaitons, allaitons,

    Qu’un lait bien bon,

    Abreuve not’ belle nation !


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  • Qui a peur des médecines traditionnelles ?

    Samedi 8 Juin 2013     Clotilde Cadu et Anne-Sophie Michat - Marianne


    Ces pratiques parfois millénaires soignent des millions d'individus à travers le monde. Mais, en France, on continue à dénier à leurs praticiens le titre de médecin.


    Jake Daniels/AP/SIPA
                                                    Jake Daniels/AP/SIPA
    Des millions de personnes dans le monde n'ont jamais recours à la médecine moderne allopathique. En Afrique, 80 % de la population se soigne grâce à des remèdes ancestraux. Il en va de même en Amérique latine, en Asie et notamment en Chine où la médecine traditionnelle représente toujours 40 % des soins administrés. En Inde ou en Chine, la médecine traditionnelle est même toujours enseignée, utilisée dans les hôpitaux qui sont parfois mixtes, et continue à faire l'objet de recherches. Très fortement imprégnées de leur culture d'origine, ces médecines sont dites «holistiques», c'est-à-dire qu'elles appréhendent à la fois la dimension physique, émotionnelle et spirituelle du patient. Elles trouvent aujourd'hui en France un écho de plus en plus fort, notamment la médecine traditionnelle chinoise et l'acupuncture, qui se sont fortement développées dans les années 70.

    Si dans leur pays d'origine elles sont considérées comme des médecines globales, capables de s'attaquer à toutes les pathologies, elles n'existent chez nous que sous des versions édulcorées qui les cantonnent souvent au rôle de médecine «complémentaire».

    LA MÉDECINE CHINOISE

    La prévention avant tout

    Plus de 500 millions de Chinois ont recours à leur médecine traditionnelle qui, contrairement à ce qu'on croit, ne se résume pas à l'acupuncture (lire ci-contre). Cette discipline n'est en réalité qu'un élément dans son arsenal thérapeutique qui en compte quatre autres : la diététique, le massage (tui-na), la pharmacopée et les exercices énergétiques (tai ji quan et qi gong). En France, elle est essentiellement utilisée en préventif. La consultation, qui dure entre quarante-cinq minutes et une heure, commence toujours par un entretien poussé sur les habitudes de vie du patient, son moral, ses antécédents, ses symptômes, ses éventuels traitements en cours. Le médecin procède également à des palpations et à des observations (langue, couleur du visage, timbre de la voix) avant la prise des fameux «pouls chinois». Plus complexe que celle que nous connaissons, elle se fait à trois endroits sur chaque poignet en effectuant des pressions plus ou moins intenses. Le praticien cherche à connaître la profondeur, la longueur, l'épaisseur et la vitesse de ces pouls. Des informations qui lui permettent d'évaluer où se situe le déséquilibre et quelle fonction possède trop ou peu d'énergie. Son obsession n'est pas de nommer la maladie, mais de pister la cause des symptômes et l'organe qui en est à l'origine pour rétablir son bon fonctionnement. Pour lui, le déséquilibre des propriétés chimiques du corps n'est pas la cause de la maladie, ce ne sont que ses effets. L'examen terminé, il puise dans son arsenal thérapeutique pour proposer le traitement adéquat qui va permettre de rééquilibrer les énergies et la circulation des fluides.

    L'ACUPUNCTURE

    Les travaux d'aiguille qui soulagent

    «A la ménopause, j'ai tout essayé pour calmer mes bouffées de chaleur, rien n'y faisait, alors j'ai décidé de tenter l'acupuncture, et en deux séances c'était réglé», raconte Valérie, 53 ans, qui depuis s'offre également deux séances annuelles au début de l'hiver pour calmer ses maux de dos. En France, l'acupuncture est la facette la plus connue de la médecine chinoise. Enseignée à la faculté, elle ne peut être pratiquée que par des médecins, car le fait de planter des aiguilles est considéré comme un acte chirurgical.

    Le principe de l'acupuncture est aussi simple qu'inexpliqué : «Le corps est traversé par des énergies qui circulent sur les trajets des méridiens. Sur ces méridiens, il existe des points de réglage de circulation de l'énergie. Lorsque l'on pique un de ces points, on déclenche une ordonnance interne qui agit comme une restauration d'ordinateur. Ce n'est pas de la magie, et tous les jours je constate que ça marche», assure Catherine Vermès, médecin acupuncteur*. Ne soyez pas surpris si on vous pique l'orteil droit alors que c'est l'épaule gauche qui vous lance. Ces méridiens ne sont pas en lien avec un support physique - d'ailleurs, on ne pique jamais sur l'endroit douloureux.

    * Auteur de Soigner l'infertilité par les médecines douces, éd. Grancher.

    L'AYURVEDA

    La médecine indienne

    Née en Inde il y a plusieurs millénaires, la médecine ayurvédique est l'une des plus anciennes au monde encore pratiquées. Couramment enseignée et utilisée en Inde, elle reste très méconnue en France. En sanskrit, ayur signifie «la vie» et veda, «la connaissance» ; le principe de cette médecine est donc avant tout de mieux se connaître, pour mieux se gérer, vivre en harmonie avec son environnement.

    Toute séance commence par un bilan complet qui permet de mieux cerner et définir le dosha dominant du patient, autrement dit son profil, son tempérament : vata («air»), pitta («feu») ou kapha («eau»). A chacun de ces types (qui sont parfois doubles, pitta-vata ou kapha-pitta, voire triples) correspondent un régime alimentaire et une hygiène de vie particulière que le professionnel adapte à chacun. Quelqu'un de type pitta devra par exemple éviter de consommer une nourriture pimentée ou acide pour ne pas «nourrir» son dosha. Pilier de la médecine ayurvédique, la diététique en est le principal outil. S'y ajoute une routine quotidienne, déterminée elle aussi par le dosha : heures de lever et de coucher régulières, exercices ou yoga, méditation, préparations à base de plantes, massages... En Inde, ces derniers sont délivrés sur ordonnance, au même titre que les antibiotiques chez nous.

    LA NATUROPATHIE

    Une bonne hygiène de vie

    Créée à la fin des années 20 aux Etats-Unis, dérivée de la médecine grecque ancienne, la naturopathie compte aujourd'hui 500 professionnels en France. C'est la médecine qui soigne les gens... en bonne santé ! L'art de rester en forme en privilégiant les moyens naturels : diététique, hygiène de vie, phytothérapie, exercice...

    Lors de la première consultation, le praticien effectue un bilan vital, qui au contraire du diagnostic évalue la partie saine et non la partie malade de l'individu. Au fil des questions et des observations (ongles, peau, cheveux...) complétées par la prise des pouls chinois (lire p. 64), il évalue la constitution et le niveau de vitalité de la personne. Puis établit un programme d'hygiène de vie comprenant des conseils diététiques, des exercices sportifs (yoga, danse, arts martiaux en fonction des affinités), des bains, du thermalisme, des méthodes de relaxation... L'objectif du naturopathe est de pousser le patient à reprendre le contrôle de sa santé en lui donnant les clés de son fonctionnement afin de prévenir la maladie. Et, lorsqu'elle est déjà là, de réveiller les ressources pour faciliter l'autoguérison.

    LA PHYTOTHÉRAPIE

    Se soigner par les plantes

    Véritable trait d'union entre les médecines traditionnelles qui l'utilisent toutes, la phytothérapie est l'art de soigner et de prévenir la maladie par les plantes. Au menu : décoctions, tisanes, inhalations, infusions, cataplasmes, compresses. On consomme la plante entière ou en morceaux, ceux-ci ayant parfois des propriétés différentes, à l'exemple de l'ortie dont la racine facilite le confort urinaire masculin, tandis que la partie aérienne régule l'excès de sébum chez l'adolescent. Mais, attention, se soigner avec la phytothérapie n'est ni simple ni inoffensif. D'abord parce que les effets diffèrent d'un patient à l'autre - chez certains, c'est la valériane qui facilite le sommeil, chez d'autres c'est le pavot de Californie. Mais, surtout, parce que des plantes mal utilisées, mal mélangées ou prises en interaction avec des médicaments peuvent se révéler toxiques. Même si l'Europe vient de voter une directive exigeant que les plantes à usage traditionnel soient soumises à une autorisation de mise sur le marché, comme les médicaments, cela ne signifie pas que tout un chacun peut s'improviser phytothérapeute.

    «Il ne suffit pas de prendre une plante qui possède telle ou telle propriété, il faut d'abord poser un diagnostic», avertit le Dr Jean-Claude Lapraz, clinicien spécialiste de la phytothérapie. Tout comme la naturopathie ou la médecine chinoise, la phytothérapie est une approche intégrative qui ne se borne pas à soigner les symptômes, mais cherche toujours la cause profonde. «Par exemple, dans un cas d'eczéma, on n'applique pas simplement une pommade, on se demande d'où ça vient. Cela peut être un problème lié à la thyroïde ou aux glandes surrénales», explique le Dr Lapraz, qui regrette qu'en France la phytothérapie soit «décrédibilisée, déremboursée et boudée par les médecins traditionnels».

    L'AROMATHÉRAPIE

    Les bienfaits des huiles essentielles

    L'histoire de l'aromathérapie, utilisée par les civilisations chinoise, égyptienne ou indienne depuis des millénaires, se mêle à celle de la phytothérapie. Il s'agit pourtant d'une discipline distincte, qui ne concerne que les huiles essentielles, obtenues à partir des plantes aromatiques. Mal utilisées, ou prises en association avec certains médicaments, les huiles essentielles - comme les plantes - peuvent se révéler toxiques. Elles sont également déconseillées aux personnes allergiques, aux femmes enceintes et aux très jeunes enfants. Toutes ces précautions en font un produit difficile à utiliser en automédication. D'autant qu'il existe des centaines d'huiles essentielles, possédant chacune de multiples propriétés. Ainsi, le jasmin est à la fois analgésique, antidépresseur, anti-inflammatoire, antiseptique, antispasmodique, aphrodisiaque, sédatif, tonique... Mieux vaut demander conseil à un professionnel qui connaît en outre la manière d'utiliser ces substances actives : en massage, diluées dans une huile végétale (jamais à même la peau !), en diffusion dans l'air, en compresse, en inhalation, dans un bain ou en respirant à même le flacon. Agissant à la fois sur le moral et sur le corps, les huiles essentielles peuvent être prescrites aussi bien en curatif qu'en préventif. En France, elles sont surtout utilisées pour la préparation à l'endormissement, les problèmes dermatologiques, la désinfection et la cicatrisation des plaies ou le traitement des brûlures.

     
    QUELLE HUILE POUR QUEL TRAITEMENT ?

    Stress : bergamote, néroli, essence de rose.

    Maux de tête : une compresse froide avec de la lavande et de la menthe poivrée sur le front.

    Sinusite : inhalation de lavande, de théier, de thym, d'eucalyptus, de menthe poivrée ou de pin seul ou en mélange

    Laryngite : inhalation de thym, de bois de rose, de santal ou de lavande et en plus un gargarisme avec une ou deux cuillers de thym dans une tasse d'eau chaude.

    Nausée : humez de la menthe poivrée, de la lavande ou du gingembre directement du flacon ou sur un mouchoir aspergé de quelques gouttes.

    Entorse : compresses froides de lavande ou de camomille allemande.

    A lire : la Bible de l'aromathérapie et des huiles essentielles, de Gill Farrer-Halls, Guy Trédaniel Editeur.

    L'HOMÉOPATHIE, L'ART DE SOIGNER LE MAL PAR LE MAL

    Traiter le mal par le mal : ainsi fonctionne l'homéopathie, médecine douce de plus en plus appréciée. En 2010, 53 % des Français y ont eu recours, contre 39 % en 2004. Un hiver rude ou des examens se préparent à grand renfort d'homéopathie. Les granules et potions sont utilisées pour traiter les affections hivernales comme le rhume ou la grippe (56 % des utilisations), les coups, bleus et bosses (52 %), le stress (41 %), les poussées dentaires (28 %) et les allergies (26 %). Le principe est simple : une substance toxique à haute dose peut, à dose infinitésimale, soulager un malade. Absorber des granules d'abeille permet de soigner une piqûre de cet insecte, par exemple. Plus la préparation est diluée et secouée, plus son pouvoir thérapeutique augmente. Pour un simple coup, des granules d'arnica à 5 CH («centésimale hahnemannienne») suffisent. Si la sensation de mal est plus forte, comme pour des courbatures, on passe au 7 ou 9 CH. Les suites d'un traumatisme seront traitées avec de l'arnica 15 à 30 CH.

    Pas de mauvaise surprise : au pire, ça ne fonctionne pas. C'est bien ce que ses détracteurs reprochent à l'homéopathie, l'accusant d'être un placebo, une approche empirique qui n'a pas fait la preuve scientifique de son efficacité. Depuis 2003, l'homéopathie n'est plus prise en charge par la Sécu qu'à hauteur de 35 %. Ce qui n'affaiblit pas l'engouement des Français pour cette médecine douce et bon marché (un tube ne coûte pas plus de 2 €).

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  •  Alcoolisation fœtale : l'alcool pendant la grossesse, plus dangereux que l'héroïne

    Modifié le 24-04-2013   (Nouvel Obs)

    Avatar de Denis LamblinPar Denis Lamblin   Pédiatre, président de SAFFrance

    LE PLUS. Un peu d'alcool pendant la grossesse, ce ne serait pas si dangereux que ça pour le bébé à naître ? C'est en substance ce que révèle une étude menée sur plus de 10.000 enfants  dont les mères ont bu modérément de l'alcool alors qu'elles étaient enceintes. Denis Lamblin, président de l'association Syndrome d'alcoolisation fœtale (SAF) France, rappelle les dangers d'une telle consommation.

    Édité etparrainé par Daphnée Leportois

    Pendant la grossesse, il est préconisé de ne pas boire d'alcool, mais une étude souligne que jusqu'à 2 unités par semaine les enfants ne souffrent pas de retard mental ni cognitif (F.DURAND/SIPA).

    Est-il dangereux de consommer de l'alcool, même modérément, pendant la grossesse ? (F.DURAND/SIPA)

    Dire que boire un peu d'alcool pendant la grossesse, ça ne fait rien au bébé, c’est un peu rapide. Les conclusions de l'étude qui a été publiée le 17 avril 2013 dans le "BJOG - An International Journal of Obstetrics & Gynaecology" sont plus prudentes.

    Certes, les chercheurs soulignent qu'à l'âge de 7 ans les enfants dont les mères ont bu jusqu’à deux unités d’alcool, soit 20 grammes d’alcool [1], par semaine ne présentent pas de difficultés comportementales ni cognitives. Mais ce n'est pas pour autant que la consommation d'alcool, même modérée, par une femme enceinte est sans danger.

    Des malformations en majorité cérébrales

    L'alcool est une substance potentiellement toxique pour l’adulte, des milliers d’individus en meurent chaque année. C’est donc, à l'évidence, une substance toxique pour l'enfant, un tératogène, qui provoque des malformations. Sauf que l'on en parle peu car ces malformations sont rarement visibles sur le corps et sont en majorité cérébrales. La consommation d'alcool pendant la grossesse est pourtant une cause majeure de retard mental d'origine non génétique et d'inadaptation sociale de l’enfant.

    S'il ne faut pas déclencher une IVG dès qu'on a bu un verre, il s'agit de prendre conscience des risques. Consommer de l'alcool pendant la grossesse est plus dangereux pour le fœtus que de fumer une cigarette, voire de prendre de l'héroïne ou de la cocaïne. C'est la drogue la plus dangereuse pour les femmes enceintes !

    En fonction du patrimoine génétique de la mère et du fœtus, la métabolisation de l'alcool est plus ou moins efficace. J'ai déjà vu deux faux jumeaux de 14 ans, l'un atteint du syndrome d'alcoolisation fœtale, avec un niveau scolaire de 6 ans, tandis que l’autre ne l'était pas et avait un niveau scolaire correspondant à son âge.

    Une question de patrimoine génétique

    Il existe des spécificités et des vulnérabilités individuelles que l'on ne sait pas repérer. Certaines femmes peuvent bien métaboliser l'alcool et ainsi épargner leur bébé. Pour d'autres, la dose d'alcool, bien que faible, aura des conséquences sur le développement de l'enfant.

    De nombreux facteurs vont influencer cette métabolisation de l’alcool, comme le tabagisme de la mère, son âge (après 30 ans, le risque est plus grand), son alimentation, le mode de consommation de l'alcool (aigu ou chronique) mais aussi le moment précis de la grossesse durant lequel cette consommation a eu lieu.

    Si le cerveau est sensible à l'alcool pendant toute la grossesse (n'étant pas à maturation lors de la naissance), le cœur, lui, se développe entre le 21e et le 50e jour de grossesse. Pendant cette période, la mise en présence d'alcool avec le fœtus peut avoir un impact négatif et provoquer une malformation cardiaque. De même, toute consommation d’alcool entre le 36e et le 40e jour de gro

    7500 bébés par an touchés

    Dire que les enfants de 7 ans dont les mères ont eu une consommation modérée ne présentent pas de retard cognitif est rassurant. Mais les tests menés pour cette étude sont trop académiques et trop imprécis. Ils ciblent les compétences en mathématiques et en lecture alors que le quotient de développement et d’adaptation sociale des enfants atteints par les troubles causés par l’alcoolisation fœtale est plus atteint que leur QI.

    Et si certains enfants s'en sortent scolairement, ils ont plus de mal à s’adapter à la vie sociale. L'alcool touche notamment les fonctions exécutives du cerveau. Les individus atteints auront plus de mal à planifier, organiser, structurer, à s’adapter aux changements d'environnement, mais aussi à contrôler leurs émotions et à se concentrer. Le nombre de neurones sollicités pour mener à bien une tâche est bien supérieur à celui mis en œuvre par les enfants non atteints. C'est pour cela que ces jeunes rament et s’épuisent.

    Ainsi, ce produit qu'est l’alcool, dont le bébé n'a a priori pas besoin, peut être à l'origine de l'échec scolaire, de conduites asociales voire délinquantes d’adolescents. Près de 15% des adolescents en prison au Canada sont porteurs de séquelles dues à l’alcoolisation fœtale. C'est un problème de santé publique qui est loin d’être anecdotique : 1% de la population française est touchée, 7500 bébés chaque année, soit un par heure. Et les conséquences perdurent toute leur vie…

    Faire tomber le tabou

    Mon message, c'est bien de dire que ces malformations provoquées par l’alcool sont évitables. Je préconise aux femmes enceintes de suivre le principe de précaution et de s'abstenir d'alcool pendant la grossesse. Sinon, dans le contexte actuel de crise et de recrudescence des accès d'ivresse chez les jeunes, ce sont de plus en plus d’enfants atteints que la société va devoir porter.

    Il ne s'agit ni d’interdire ni de culpabiliser mais d'alerter les consciences. Au contraire, il ne faut pas que ce soit un tabou, pour que nous puissions prendre en charge les enfants de manière précoce et adaptée. Car la stigmatisation de ces mères génère de la souffrance et des inégalités sociales acquises dès la naissance. Ne pas en parler, c’est empêcher que les enfants atteints soient suivis comme le sont les grands prématurés.

    Constatant le retard de croissance de son bébé au deuxième trimestre de grossesse, une maman, malade alcoolique, a arrêté de boire subitement. Résultat : malgré des lésions cérébrales, le poids de l’enfant à la naissance était normal. Plutôt que d'hypothéquer l’avenir de nos enfants en étant dans le jugement, il est de notre responsabilité à tous de parler de l’alcoolisation fœtale.

    -------------

    [1] Une unité d’alcool correspond à 10 grammes d’alcool, soit un verre de 25 cL de bière à 5 degrés, ou de 10 cL de vin à 12 degrés, ou de 10 cL de champagne à 12 degrés,ou de 3 cL de whisky à 40 degrés, ou de 2,5 cL de rhum à 50 degrés. Retour au texte.

    Propos recueillis par Daphnée Leportois.

    Pour en savoir plus, vous pouvez assister au colloque "Les troubles causés par l’'alcoolisation prénatale : prévention, diagnostic, accompagnement" qui se tiendra à Paris les 30 et 31 mai 2013.


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