•  Stress, harcèlement, souffrance au travail : mon chef me rend fou !

     - Mis à jour le 15-05-2013

    Les personnalités difficiles prospèrent chez les cadres dirigeants. Grands psychopathes ou petits pervers : qui sont ces tyrans qui nous pourrissent la vie au bureau ?

    Photo extraite de l'ouvrage "Office" de Lars Tunbjörk (Editions Journal, 2001). (Lars Tunbjörk/Editions Journal)

    Photo extraite de l'ouvrage "Office" de Lars Tunbjörk (Editions Journal, 2001). (Lars Tunbjörk/Editions Journal)

    Parfois, le diable s’habille en cadre sup. Il arbore le carré lisse, comme cette responsable d’une agence de presse qui jette par terre les dossiers mal rangés de ses employés.

    Il porte beau à la Lino Ventura, tel ce haut manager charismatique qui agonit d’injures un subalterne dévoré par l’eczéma.

    Il brille de l’aura de sa grande école, comme ce polytechnicien qui ignore superbement une jeune salariée pendant des mois avant de finir par lui tendre une coupe de champagne, l’air de rien, lors d’un pot au bureau.

    La plaie du monde du travail

    Ils manient le chaud et le froid, séduisent puis taclent sans crier gare, détruisent et en jouissent. Grands psychopathes ou petits pervers, les chefs tyranniques qui empoisonnent l’existence de leurs subalternes sont la plaie du monde du travail.

    C’était un directeur de haut niveau, la cinquantaine, un entregent phénoménal, raconte Gérald (le prénom a été modifié), ancien collègue d’un de ces harceleurs. Il a viré deux cadres sup comme des malpropres, il leur aurait reproché n’importe quoi, jusqu’au fait de respirer. Il n’en avait rien à foutre des autres, il ne respectait rien, d’ailleurs il avait zéro point sur son permis de conduire et s’en vantait. Dans la boîte, 10% du personnel a fini en arrêt maladie."

    Le mal se banalise. Nombre d’études l’affirment, les personnalités difficiles s’épanouissent au boulot, où elles grimpent sans peine l’échelle hiérarchique, jusqu’à régner en despotes […]

    Cécile Deffontaines, avec Bérénice Rocfort-Giovanni


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  •   N'en parlez PAS à votre médecin

      Santé nature innovation

    « Les citoyens, dans leur grande majorité, se représentent la médecine comme la source principale de santé à laquelle seuls les professionnels de santé peuvent donner accès.

    Ce système dominant de pensée est une grande et dangereuse illusion. La santé et notamment l'espérance de vie dépendent un peu de facteurs génétiques, principalement de nos comportements et de nos environnements économiques et socio-culturels, très peu de la médecine et des médecins. »
    Pr Claude Béraud, ancien médecin-conseil national de la Caisse nationale d'assurance-maladie, interview publiée le 5 avril 2013. (1)


    En tant que lecteur de Santé Nature Innovation, vous faites partie de la minorité de personnes bien informées qui, justement, ne se font pas d'illusion sur les pouvoirs de la médecine conventionnelle.

    Vous savez que les médicaments sont la troisième cause de mortalité après le cancer et les maladies cardiovasculaires. (2)

    Vous êtes au courant que les statines, ces médicaments contre le cholestérol, ne servent à rien, que le vaccin contre le papillomavirus est inefficace et dangereux, que le dépistage du cancer du sein fait plus de mal que de bien, que les antidépresseurs, les antibiotiques et les anti-inflammatoires sont beaucoup plus dangereux que ne le reconnaissent les notices.

    Vous êtes conscient que c'est l'incompétence et la corruption des autorités médicales qui permet la mise sur le marché de médicaments toxiques comme le Médiator, les contraceptifs de 3e et 4e génération, les prothèses mammaires défectueuses, les « médicaments contre la maladie d'Alzheimer » qui n'ont pas la moindre utilité.

    Tout cela vous paraît évident. Et vous savez qu'il n'y a qu'en prenant votre propre santé en main, c'est-à-dire en vous efforçant de mener une vie saine, que vous aurez une bonne santé. Vous ne comptez pas sur les pilules et la chirurgie pour obtenir une vie longue et heureuse.

    « Notre mission est de vous protéger contre vous-même »

    Mais le problème, c'est que les personnes qui ont le pouvoir, elles, voient les choses tout autrement : si vous n'avez pas le diplôme de médecin, vous êtes forcément incompétent pour gérer votre santé.

    Pour la Haute Autorité de Santé (HAS), l'Agence nationale du médicament (ANSM), l'Académie de Médecine, il est normal de se servir de leur pouvoir pour vous protéger contre vous-même, et par là-même gravement restreindre votre liberté thérapeutique.

    Selon elles, vous feriez une grave sottise si vous preniez la moindre décision pour votre santé sans en avoir « parlé à votre médecin-conseil ». Elles considèrent donc que c'est leur mission de constamment vous rappeler de ne rien faire sans avoir au préalable « consulté un professionnel de santé ».

    Mais cette vision est absurde. La priorité ne doit pas être d'infantiliser le public mais au contraire de l'informer pour qu'il gagne en autonomie. En effet, que les autorités le veuillent ou non, c'est bien vous qui prenez en permanence les décisions clés pour votre santé. Votre état de santé est déterminé à 80 % par ce que vous mangez, ce que vous buvez, la manière dont vous dormez, votre niveau de stress, votre environnement, selon que vous menez une vie active, stimulante, avec des activités de plein air, ou non.

    Par exemple, 90 % des cancers sont liés à des facteurs sur lesquels nous avons une action directe : mauvaise alimentation, tabac, manque d'exercice physique, pollutions... On estime actuellement que 30 à 35 % des cancers sont liés au régime alimentaire (3). Or, bien manger réduit non seulement le risque de développer un cancer mais l'adjonction d'aliments dits "anticancer" fournit une aide extraordinaire aux cellules de notre corps pour combattre les inflammations et le développement de cellules cancéreuses.

    Il en va de même pour le diabète de type 2, l'ostéoporose, les maladies cardiovasculaires, ou même l'arthrose : ce sont avant tout des maladies du mode de vie, que vous pouvez prévenir ou atténuer par votre comportement, mais sur lesquels les médicaments et les opérations ont peu ou pas d'influence (voir les Dossiers de Santé & Nutrition pour les conseils de prévention et de traitement à la pointe de la recherche).

    L'abus de médecine est dangereux pour la santé

    Au contraire, l'abus de médecine est un danger objectif pour votre santé. Car si vous allez consulter le médecin, vous avez un risque important de ressortir avec une ordonnance pour des médicaments, des analyses et examens (aux rayons X), voire une opération chirurgicale qui n'était pas forcément nécessaire. Or tout acte inutile sur le plan médical est dangereux. Il y a toujours, forcément, des risques.

    Je ne dis pas ça à cause des manquements, erreurs et corruptions qui ont récemment éclaté au grand jour (hormone de croissance contaminée, scandale du vaccin H1N1, prothèses PIP, etc.).

    Non, plus fondamentalement, et même si c'est vexant pour les ministres, les grands professeurs, les illustres chercheurs, et toutes les personnes qui font carrière (et fortune) grâce au prestige médical, la seule manière de contribuer durablement à une meilleure santé du public, c'est de rappeler à chacun que :

    • votre meilleure médecine est de manger de bonnes choses, boire de l'eau pure, éviter le stress excessif, dormir, mener une vie active et stimulante pour le corps comme pour l'esprit ;

    • il faut éviter autant que possible les médicaments et les opérations ;

    • consacrer régulièrement un peu de temps à apprendre et comprendre le fonctionnement du corps et les façons naturelles de rester en bonne santé peut faire une grande différence.

    C'est aujourd'hui possible de le faire gratuitement et presque en s'amusant grâce aux lettres d'informations électroniques comme Santé Nature Innovation. Pour les personnes qui ont pris le train en route, je signale que je viens de faire paraître le premier volume de mes meilleures chroniques, « l'Intégrale Santé Naturelle de Jean-Marc Dupuis », sur format papier cette fois car le livre est « un peu » épais pour être lu à l'écran (380 pages). Vous pouvez le commander en cliquant ici. Je reverserai l'intégralité de mes droits d'auteur à l'Institut pour la Protection de la Santé Naturelle, pour soutenir leurs actions en faveur des médecines naturelles et du droit de chacun de choisir sa médecine.

    A votre santé !

    Jean-Marc Dupuis

    Sources :

    1. Lanutrition.fr, Entretien avec le Pr Claude Béraud, 5 avril 2013

    2. Cité par Claude Béraud, cf ci-dessus.

    3. Anand P, Kunnumakkara AB, Sundaram C, Harikumar KB, Tharakan ST, Lai OS, Sung B, Aggarwal BB. Cancer is a preventable disease that requires major lifestyle changes. Pharmaceutical Research. September 2008, Volume 25, Issue 9, pp 2097-2116
    4. Santé Nature Innovation est un service d'information gratuit des Nouvelles Publications de la Santé Naturelle, SARL au capital de 2000 euros, 14 rue Charles Laffitte, 92200, Neuilly-sur-Seine. Pour toute question, merci d'adresser un message à contact@santenatureinnovation.com


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  •   "T'es moche", "t'es grosse"… : des ados harcelés à en mourir

    Créé le 24-04-2013
    Isabelle Monnin   Par Isabelle Monnin     Nouvel Observateur

    A l'école, 10% des élèves seraient victimes d'insultes ou de coups répétés. Certains, à bout, ont été poussés au suicide.

    Nouvel Observateur

    Harcèlement entre enfants et adolescents à l'école. (DURAND FLORENCE/SIPA)

    Harcèlement entre enfants et adolescents à l'école. (DURAND FLORENCE/SIPA)

    "T'es grosse", "tu pues", "t'assieds pas à côté de moi", "file-moi ton dessert", "t'es moche", "ne me regarde pas", "t'es mal habillé", "sale fayot" ... C'est une petite tyrannie souterraine, un serpent qui distille son venin sous les tables des salles de classe, dans les recoins des cours de récréation et jusque dans les smartphones et les ordinateurs familiaux, avec les insultes répétées en boucle sur les murs des réseaux sociaux. Un totalitarisme larvé qui broie insidieusement la confiance des victimes jusqu'à, parfois, les amener au pire.

    Le 8 février dernier, Matteo, 13 ans, en classe de quatrième à Bourg-Saint-Maurice, se pend dans sa chambre. Ses parents, assommés, expliquent qu'il était le souffre-douleur d'un groupe d'élèves et qu'ils ont eu beau porter plainte et alerter le collège (et encore le matin du suicide de leur enfant), le calvaire de leur fils n'a pas cessé. Cinq jours après son décès, une enfant du même âge se pend à son tour à Vaugrigneuse, dans la région parisienne. Avant de mettre fin à ses jours, Marion a rédigé une lettre dans laquelle elle évoque les brimades dont elle est la cible au collège. Très bonne élève, réservée, Marion avait peu d'amis. Les élèves de sa classe parlent d'enfants méchants avec elle, de mots blessants qu'ils lui infligeaient, une violence discrète et répétée comme une torture. Jusqu'à, comme Matteo, la priver d'air.

    Fléau sous-estimé

    Le commandant de police Roselyne Venot fait partie de ceux qui ne se résignent pas. Après avoir dirigé pendant dix ans la brigade des mineurs des Yvelines, elle a intégré en 2009 le Centre académique d'Aide aux Ecoles et aux Etablissements (CAAEE) et les équipes mobiles de sécurité de l'académie de Versailles, chargées d'intervenir contre les violences en milieu scolaire. Pour elle, le harcèlement est un fléau encore sous-estimé. "C'est pourtant une violence qu'il faut prendre en compte autant que des coups portés, des insultes ou des abus sexuels", dit celle qui tente de sensibiliser les chefs d'établissement et les enseignants à la détection et au traitement du problème.

    Le harcèlement à l'école est souvent un phénomène collectif : un enfant est la cible d'un groupe mené par un leader. "Le mécanisme est ensuite le même que ce que l'on peut observer dans les faits de harcèlement au travail : des microviolences répétées par un groupe au sein duquel certains ont pris le pouvoir", explique-t-elle.

    Piège

    Physique, vêtements, couleur des cheveux ou de la peau, défaut d'élocution, place dans la classe, réussite scolaire : tout peut donner du grain à moudre au harceleur. A un âge où le conformisme au groupe est une bouée de sauvetage, la moindre différence peut déclencher des remarques désobligeantes. Un enfant aime lire ? Hou, l'intello ! Il répond aux sollicitations des professeurs ? Le fayot ! Il est félicité ? Le chouchou ! C'est ainsi que ce qui est valorisé par les adultes (avoir de bons résultats, être attentif en cours) peut être une porte vers l'enfer.

    Pris en grippe, l'élève harcelé est vite dans un piège dont il lui est difficile de sortir : solliciter les adultes, c'est trahir la communauté adolescente, dont il est déjà le mal-aimé. C'est aussi prendre le risque de se voir répondre qu'on exagère : "Des chamailleries, des embrouilles, il y en a toujours eu, il y en aura toujours."

    Baisse brutale et générale des notes

    "On a souvent tendance à relativiser, dit Roselyne Venot. Pourtant lorsqu'elles sont répétées et systématiques, même des microviolences peuvent devenir vraiment problématiques." Et empêcher de respirer l'enfant harcelé, qui est sans cesse sur le qui-vive, qui ne peut aller à l'école sans appréhension - que vont-ils lui faire aujourd'hui ?, qui sans rien dire émet de discrets signes d'alerte qu'il faut savoir détecter : les notes chutent dans toutes les matières, l'enfant se met à multiplier les retards en classe, il ne va plus en récréation ou à la cantine, il est triste, dit qu'il veut mourir. Bref, il change. Comme tous les adolescents ? Pas sûr : si les sautes d'humeur sont banales quand on a 14 ans, la baisse brutale et générale des notes n'est par exemple pas un passage obligé et doit poser question.

    Que faire alors ? Forte de son expérience de policière, Roselyne Venot estime que "l'essentiel est de sortir l'enfant de son statut d'élève et de le considérer comme une personne à plusieurs facettes. Il faut lui parler sans fermer aucune porte pour ne pas le braquer et ne pas louper une explication : est-il en retard parce qu'il a peur d'aller au collège ou parce qu'il doit s'occuper de ses petits frères ? Ne va-t-elle plus à la cantine parce qu'elle redoute de prendre un gramme ou parce qu'elle craint d'y croiser des camarades malveillants qui exigent qu'elle s'assoie loin deux ? Il vaut mieux dire à l'adolescent : 'J'ai remarqué des choses dans ton comportement qui me préoccupent, veux-tu en parier avec moi ?', plutôt que : 'Es-tu harcelé par des camarades ?'".

    Une forme de soumission

    Une fois que le harcèlement a été identifié, il faut, dit-elle encore, garder à l'idée que l'adolescent, en matière de harcèlement à l'école comme de violences familiales, ne dira jamais tout ce qu'il a subi. Tout ne lui semble pas grave, il a intégré une forme de soumission. Un garçon, appelons-le Tom, était ainsi devenu le punching-ball de ses copains, sans rien en dire à ses parents et notamment à son père, policier. Seule précaution qu'il prenait : il superposait les couches et enflait jusqu'à trois pantalons pour que les coups de poing et de pied qu'il prenait à chaque récré ne laissent pas de marques sur ses jambes. Quand il a fini par craquer et raconter à ses parents, ceux-ci sont tombés des nues : Tom invitait régulièrement ses bourreaux à la maison. Ils étaient autant ses bourreaux que ses amis. Et lui une victime qui aurait tellement aimé être leur complice.

    A l'âge compliqué de l'adolescence, où chacun cherche une place, le bouc émissaire résiste longtemps à s'avouer comme tel. Ainsi François a-t-il tenu trois ans avant de raconter à sa mère que chaque matin en arrivant un groupe le "saluait" en lui donnant un petit coup derrière la tête, qu'en classe on lui jetait des gommes dessus quand les profs avaient le dos tourné et que dès que l'occasion se présentait on essayait de lui baisser son pantalon. François le " différent ", qui parfois agaçait les profs par son érudition un peu précieuse, habitué à être à l'écart, a pourtant fini par craquer, épuisé. Mais, lorsque sa mère est venue faire un barouf au collège, exigeant que l'on change son fils d'établissement, il a tenté de relativiser : "Non, mais c'est bon maintenant, je me suis habitué, ma mère dramatise."

    Boucs émissaires et bourreaux en culottes courtes

    C'est souvent ce que les chefs d'établissement pensent d'ailleurs, quitte à frôler la non-assistance à personne en danger : que les parents dramatisent, qu'ils infantilisent leurs petits, ne comprennent pas que l'école est un lieu de frottement où l'on doit aussi apprendre à se défendre, que, depuis que l'école est l'école, des boucs émissaires permettent à des bourreaux en culottes courtes de se faire la main. C'est ce que la principale a expliqué aux parents de Lola, qui venaient de découvrir que leur fille n'allait plus en récréation depuis des mois : "Oui, il y a des embrouilles entre filles, ça a toujours existé, ne vous en mêlez pas..."

    Pourtant, pour Roselyne Venot, il est important que les parents soient là quand le harcèlement est établi. "Il faut prendre le temps d'entendre tout le monde et de trouver la meilleure réponse, dit-elle. On a souvent tendance à vouloir aller vite, à punir et hop ! à passer à autre chose."

    La victime doit s'entendre dire qu'elle est victime et le coupable comprendre qu'il l'est. "Certains, poursuit la policière, auraient besoin d'une expertise psy pour comprendre ce qui se joue dans leur violence, pour surtout travailler à la juguler. Dans tous les cas, il faut entendre les coupables séparément et ne surtout pas, malgré la tentation de pacifier les choses, organiser de médiation." De la même manière qu'on ne fait pas de médiation entre une femme battue et son mari frappeur, on ne demande pas à un enfant victime de trouver un arrangement avec son ou ses bourreaux.


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  •   Les champs électromagnétiques des antennes-relais ont des effets sur le métabolisme

     05 avril 2013 ; révision : 19 avril 2013,

    antenne_relais_immeuble© C. Magdelaine / notre-planete.info

    L'équipe mixte Péritox « Périnatalité et Risques Toxiques » de l'INERIS et de l'Université Picardie Jules Verne (UPJV) mène des recherches sur les effets biologiques des radiofréquences sur les fonctions de l'équilibre énergétique (régulation thermique, sommeil, alimentation). Les premiers résultats obtenus, qui demandent à être approfondis, montrent que les champs électromagnétiques (CEM) de type antenne-relais déclencheraient des mécanismes d'économie d'énergie ; ces résultats confirmeraient également un effet de fractionnement du sommeil paradoxal.

    Réveils fréquents, difficultés pour se rendormir, insomnie... font partie des symptômes que décrivent les personnes dites « électro-sensibles », lorsqu'elles vivent à proximité d'une antenne-relais. L'étude porte sur les effets d'une exposition aux radiofréquences sur les fonctions de l'équilibre énergétique du jeune rat : le sommeil, la régulation thermique et la prise alimentaire. Le niveau d'exposition simulé correspond à celui rencontré à proximité des antennes-relais.

    La régulation des ressources en énergie du corps humain est le fruit de l'interaction entre quatre fonctions : entrée de l'énergie (alimentation), économie d'énergie (sommeil), mécanismes de déperdition d'énergie (activité locomotrice dans laquelle le phénomène de vasomotricité joue un rôle majeur[1]), production d'énergie. Toutes ces fonctions sont placées sous contrôle du système nerveux central (hypothalamus).

    Les premières conclusions montrent des effets biologiques à long terme des radiofréquences simultanés sur la régulation thermique, le comportement alimentaire et le sommeil. Ces effets, qui apparaissent notamment quand la température ambiante augmente, induisent chez les animaux exposés un maintien de la vasoconstriction périphérique. Ce phénomène a pour conséquence de déclencher chez l'animal des processus d'économie d'énergie, comme s'il avait des besoins énergétiques accrus. Des études complémentaires seraient nécessaires pour vérifier si ces mécanismes d'économie d'énergie ont un impact sur la santé.

    Les effets sur la thermorégulation

    Le comportement des animaux exposés indique que leur thermosensibilité au froid est différente des animaux témoins. Si les champs électromagnétiques semblent induire « une sensation de froid » chez l'animal, il n'est pas encore possible de dire si cet effet est transposable à l'homme.

    Les effets sur la prise alimentaire

    On observe également une prise alimentaire plus importante de la part des animaux exposés : les mécanismes d'économies d'énergie pourraient conduire à une augmentation de la masse corporelle, mais cela nécessite d'être confirmé. En outre, l'étude ne permet pas déduire que cette prise alimentaire joue un rôle quelconque dans les phénomènes de surpoids et d'obésité.

    Les effets sur le sommeil

    Les troubles du sommeil peuvent devenir pathologies : l'insomnie peut susciter des désordres psychiques chez l'adulte (état dépressif…) ou des troubles du comportement (nervosité…) chez les enfants, voire des déficiences physiques et mentales à long terme.

    L'étude permet de confirmer un autre effet des radiofréquences, le fractionnement du sommeil paradoxal. Au vu des résultats de l'étude, ce fractionnement n'occasionne pas de troubles du sommeil : les chercheurs n'ont noté aucune modification des paramètres de qualité du sommeil (réduction du temps de sommeil, réveils répétés, difficultés à se rendormir).

    Les résultats des études connues concernant les troubles du sommeil sont sujets à débat : un impact potentiel négatif des CEM aurait été observé sur la synthèse de mélatonine, hormone intervenant dans la régulation des rythmes biologiques (et donc du sommeil). D'autres études épidémiologiques relèvent un raccourcissement des cycles de sommeil induit par les ondes ; les études récentes établissent un lien entre une exposition aux radiofréquences de type GSM et un déficit des fonctions cognitives (difficulté de mémorisation).

    Les recommandations des pouvoirs publics

    • Eteignez votre téléphone mobile à chaque fois cela vous est demandé (avions, hôpitaux...)
    • Ne téléphonez pas en conduisant, même avec un kit mains-libres
    • Eloignez le téléphone mobile de votre tête (en utilisant un kit mains-libres)
    • Privilégiez les zones de bonne réception quand vous téléphonez
    • Utilisez votre téléphone portable avec modération
    • Evitez de téléphoner lors de déplacements à grande vitesse (train...)
    • Conseillez vos enfants : limitez leur recours au téléphone mobile
    • Porteurs d'un implant électronique, éloignez votre téléphone mobile de votre appareil médical

    Notes

    1. Propriété qu'ont les vaisseaux sanguins de changer de diamètre en fonction de modifications du milieu intérieur. La vasomotricité permet d'assurer de façon continue l'équilibre interne de l'organisme. Dans la régulation de la pression artérielle, la vasoconstriction (diminution du diamètre des vaisseaux) permet de faire remonter une pression trop basse, tandis que la vasodilatation (augmentation de ce diamètre) atténue un excès de pression. En ce qui concerne la régulation de la température du corps (thermorégulation), la vasoconstriction périphérique des vaisseaux cutanés empêche les pertes de chaleur par la peau, alors que la vasodilatation les accroît. Au cours de l'effort physique, il se produit une vasodilatation dans les muscles mis en action et une vasoconstriction dans les secteurs inutiles à l'effort.

    Un site internet d'information a été ouvert. Dans ce dispositif, les scientifiques de l'équipe sont amenés à répondre par écrit ou au téléphone aux questions des particuliers mais aussi de représentants de collectivités territoriales et de professionnels comme les médecins du travail.

    Source

    L'INERIS et l'UPJV identifient un effet biologique des champs électromagnétiques sur l’équilibre énergétique - INERIS

    Référence

    Effects of chronic exposure to radiofrequency electromagnetic fields on energy balance in developing rats ; novembre 2012 - Environmental Science and Pollution Research

    Auteur

    Institut National de l'Environnement industriel et des risques

    Publié par notre-planete.info


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  •   Contre la résistance aux antibiotiques, la phagothérapie, une vieille médecine

    Michèle Rivasi  (Rue 89Députée européenne
    Publié le 16/04/2013

    L’Organisation mondiale de la santé l’a rappelé en mars dernier : de plus en plus d’infections deviennent résistantes aux antibiotiques. Le staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) tue à lui seul 18 000 personnes par an aux Etats-Unis, soit plus que le sida. La comparaison est saisissante.

    En Europe, la situation n’est pas plus enviable. Les bactéries résistantes tuent chaque année 25 000 personnes en Europe. La Grande-Bretagne a récemment mis en garde contre une résistance croissante des infections aux antibiotiques.

    Selon Sally Davis, la principale conseillère du gouvernement britannique en matière de santé, la situation d’ici vingt ans pourrait être assimilée à un danger équivalent au terrorisme ou au réchauffement climatique.

    Surconsommation d’antibiotiques 

    Nous continuons à surconsommer des antibiotiques, que nous ingérons sans même nous en rendre compte par le biais des animaux d’élevage. Parqués en masse dans des batteries, malades de cette proximité, ces animaux sont gavés de médicaments que nous retrouvons ensuite dans nos assiettes.

    Nous venons d’ailleurs d’apprendre qu’une filière illégale de fourniture d’antibiotiques à hautes doses destinés à des animaux d’élevage vient d’être démantelée dans le Puy-de-Dôme.

    Des vétérinaires pharmaciens délivraient depuis plusieurs années de grandes quantités de médicaments vétérinaires à des centaines d’éleveurs, sans suivi sanitaire ni examen des animaux. C’est ce genre de comportement inacceptable qui favorise aussi le développement d’antibiorésistance chez l’animal et l’homme.

    Autre phénomène qui prend de l’ampleur : les infections associées aux soins, qui sont acquises lors de l’hospitalisation (maladies nosocomiales). Elles demeurent responsables de 4 200 décès annuels en France dans les hôpitaux. Là encore, on constate que depuis les années 1980, une part croissante d’infections acquises à l’hôpital est due à des bactéries multirésistantes aux antibiotiques.

    Par exemple, les entérobactéries productrices de bêta-lactamases à spectre étendu augmentent dans les hôpitaux. D’autres menaces émergent : épidémies de bactéries « pan-résistantes », « superbactéries » de type NDM provenant du sous-continent indien...

    Une méthode à remettre au goût du jour

    Face à ce constat alarmant, la question se pose de revenir à une méthode ancienne, qui a fait ses preuves avant l’arrivée des antibiotiques dans les années 1940 : la phagothérapie. Découverte à la fin des années 1910, cette thérapie reste largement méconnue en Europe de l’Ouest ou aux Etats-Unis, alors qu’elle semble être une alternative ou un traitement complémentaire efficace aux antibiotiques.

    Le traitement consiste à utiliser les phages, virus naturels des bactéries (on parle même de virus « mangeurs de bactéries »), présents partout dans la nature et notamment dans les eaux usées.

    Après des tests in vitro, il est possible de sélectionner les phages efficaces contre les bactéries présentes dans la plaie de la personne infectée, pour la soigner. Et les résultats sont impressionnants. Là où les antibiotiques échouent, les phages soignent.

    Seuls certains pays de l’Est, notamment la Géorgie, continuent à les utiliser et les commercialiser. Au sein de l’Union européenne et en France, on estime que les phages, issus de la nature, ne sont pas brevetables, selon le docteur Alain Dublanchet, car il s’agit d’êtres vivants.

    Des blocages administratifs et juridiques

    Les industriels ne peuvent pas s’en saisir pour en faire des médicaments, et le traitement n’est donc pas légal : on ne peut pas l’utiliser car, s’il y a le moindre problème, c’est la responsabilité du médecin prescripteur qui est engagée. 

    De nombreux blocages administratifs et juridiques entravent la progression de la recherche et l’éventualité d’une commercialisation de médicaments à base de phages. La phagothérapie souffre en outre d’une image de vieille médecine et se heurte à beaucoup de scepticisme.

    Malgré ces réserves, des médecins de l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges, Alain Dublanchet, microbiologiste, et son confrère Olivier Patey, infectiologue, ont choisi de défendre la phagothérapie. J’ai pu faire leur connaissance lors du premier forum sur l’utilisation des bactériophages, organisé à Paris le 31 janvier dernier.

    Ces professionnels ont choisi de soigner certains patients atteints d’infections graves avec des phages, lorsque tout a été tenté et qu’aucun traitement ne parvenait à arrêter la flambée infectieuse.

    C’est ainsi que des personnes qui devaient être amputées à cause d’infections dévorantes ont pu voir leurs membres sauvés par cette technique. Cette méthode peut également être utilisée pour traiter les infections pulmonaires, comme celles dues à la mucoviscidose.

    Un grand colloque au Parlement européen

    Convaincue par l’intérêt de cette thérapie, j’ai par la suite invité à Bruxelles Dr. Dublanchet et Dr. Patey afin qu’ils rencontrent Dominique Ristori, directeur général du Joint Research Centre (JRC) de la Commission européenne, ainsi que des experts européens. Il me semble en effet important que la question soit abordée au niveau européen. La question du financement de cette recherche a également été abordée.

    Il convient de mener des études cliniques sur les phages (sous la forme de cocktails pour qu’ils soient considérés comme des médicaments), afin qu’ils puissent bénéficier d’autorisations de mise sur le marché. Il est très important que cette médecine soit réintroduite de façon encadrée afin de ne pas reproduire les erreurs qui ont été faites avec le mésusage des antibiotiques.

    Les protocoles doivent être minutieusement définis, ainsi que les procédures d’utilisation. Des rendez-vous sont pris avec l’Agence nationale de la sécurité des médicaments (ANSM) et le ministère de la Santé pour la mise en place d’études cliniques.

    Nous envisageons également de tenir un grand colloque au Parlement européen sur la phagothérapie, afin de trouver des solutions, notamment financières, aux blocages qui persistent dans le développement de cette médecine prometteuse.


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  •   La cigarette la plus cancéreuse, c’est celle du petit matin au réveil

    Tous les fumeurs ne meurent pas du cancer. Mais tous ne fument pas de la même manière. Or fumer dans les trente minutes qui suivent le réveil augmente considérablement le risque de cancer. On peut désormais identifier les fumeurs les plus exposés.

    REUTERS/Susana Vera

                                 - REUTERS/Susana Vera -   Slate.fr   11/04/2013

    Le degré de l’addiction se mesure à des détails. Ne plus pouvoir faire l’économie d’un premier verre de blanc (de bière, de calvados etc.) dès le matin signe à coup sûr un alcoolisme avancé. Se sentir mal si l’on est privé d’une première cigarette au saut du lit témoigne d’une assuétude assez redoutable au tabac. Dans les deux cas, continuer à consommer ajoute immanquablement aux effets délétères de la drogue sur l’organisme. Les comparaisons s’arrêtent toutefois là. Pour l’alcool, différents tests permettent de mesurer assez fidèlement ces conséquences pathologiques; à commencer par le dosage sanguin des gamma GT et celui de CDT.

    La situation est radicalement différente pour ce qui est des fumeurs. Aucun dépistage radiologique organisé ne permet, pour l’heure, d’identifier précocement le cancer broncho-pulmonaire du tabac. Les premiers symptômes (toux chronique, crachats sanglants, amaigrissement) ne surviennent que lorsque la lésion cancéreuse a atteint un stade avancé de son développement. Soit souvent bien trop tard pour une espérance de vie normale.

    Peut-on espérer d’identifier les personnes qui, au sein de la population générale des fumeurs, sont les plus à risques de souffrir d’un cancer? Une étape encourageante vient d’être faite dans ce domaine par une équipe américaine. Cette équipe dirigée par le Pr Joshua E. Muscat (Université de l’Etat de Pennsylvanie) avait déjà franchi un premier pas en 2011: elle avait alors démontré dans deux études publiées dans la revue Cancer que les fumeurs qui allument leur première cigarette dans les minutes qui suivent leur réveil ont, par rapport aux autres, un risque nettement accru d’être victime d’un cancer du poumon ou d’un cancer dit «de la tête et du cou».

    Conséquences pratiques

    Leur analyse «cancer du poumon» avait inclus 4.775 cas de cancer du poumon et 2.835 cas contrôles. Tous les volontaires étaient des fumeurs réguliers et consommaient de manière chronique des quantités équivalentes de cigarettes. Comparativement aux personnes qui fumaient plus d’une heure après leur réveil, celles qui fumaient entre 31 à 60 minutes après étaient 1,31 fois plus susceptibles de développer un cancer du poumon. Et celles qui fumaient dans les 30 premières minutes l’étaient 1,79 fois plus.

    Leur analyse pour les cancers de la tête et du cou portait sur 1.055 cas de cancer et 795 cas contrôles. Les personnes qui fumaient entre 31 et 60 minutes après étaient 1,42 fois plus susceptibles de développer un ce type de cancer et celles qui fumaient dans la première demi-heure l’étaient 1,59 fois plus.

    Le Pr Muscat pensait alors pouvoir attribuer à la nicotine ce risque accru d’apparition de cancer. «Ces fumeurs ont des niveaux plus élevés de nicotine et éventuellement d'autres toxines du tabac dans leur corps, et ils peuvent être plus accro que les fumeurs qui s'abstiennent de fumer pendant plus d’une demi-heure, avait-il expliqué lors de la publication de son travail. C'est peut-être une combinaison de facteurs génétiques et personnels qui provoquent une forte dépendance à la nicotine». Lui et son équipe en savent aujourd’hui un peu plus. Et la nouvelle découverte que son équipe vient de faire devrait avoir de notables conséquences pratiques.

    Steven A. Branstetter et Joshua E. Muscat ont ainsi découvert que, par rapport aux autres consommateurs, les fumeurs de la première demi-heure ont des niveaux plus élevés de «NNAL». Il s’agit là d’un métabolite d’une substance cancérogène «NNK» (Nicotine-derived nitrosamine ketone ou 4 - (méthylnitrosamino) -1 - [3-pyridyl]-1-butanone) spécifique au tabac.

    Leur travail vient d’être publié dans la revue Cancer, Epidemiology, Biomarkers and Prevention. Le Pr Branstetter, spécialiste de «santé bio-comportementale» à la Penn State, rappelle que la NNK est bien connue pour induire des tumeurs du poumon chez plusieurs espèces de rongeurs. Et les concentrations de NNAL dans l’organisme peuvent permettre d’évaluer le risque de cancer broncho-pulmonaire chez les rongeurs comme chez l'homme. On sait d’autre part que les niveaux de NNAL chez les fumeurs ne varient pas sur de courtes périodes. Dès lors, une seule mesure reflète l'exposition de le personne dépendante et son niveau de risque.

    Effet planant de la première clope

    Pour arriver à ce résultat, l’équipe universitaire américaine a travaillé à partir des échantillons d’urine récoltés auprès de 1.945 fumeurs adultes; tous participaient à la cohorte NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey). On leur avait demandé de noter aussi fidèlement que possible ce qu’il en était de leur «comportement tabagique» dans la journée, et ce dès leur réveil.

    Il est ainsi apparu que 32% des participants fumaient leur première cigarette dans les cinq minutes qui suivaient le réveil, 31% dans les six à trente minutes, 18% dans les 31 à 60 minutes, 19% fument leur première cigarette plus d'une heure après le réveil. Après analyse multifactorielle (âge des participants et âge de début du tabagisme, sexe, exposition au tabagisme passif) et élimination des biais statistiques, les auteurs américains ont pu établir que le niveau de la concentration en NNAL était plus élevé chez les personnes qui fument le plus tôt après leur au réveil; et ce quelle que soit la fréquence de leur tabagisme et quels que soient les autres facteurs prédictifs des fortes concentrations en NNAL.

    Le phénomène est frappant: les taux urinaires de NNAL ajustés avec le nombre de cigarettes fumées par jour, sont deux fois plus élevés chez ceux (et celles) qui fument dans les cinq minutes qui suivent le réveil par rapport à celles et ceux qui s’abstiennent de fumer pendant au moins 1 heure (0,58 vs 0,28 ng / ml). Pourquoi? Les auteurs estiment que les personnes dépendantes qui ressentent très tôt le besoin de fumer après leur sommeil sont aussi celles qui inhalent le plus profondément la fumée de cigarette et les toxiques chimiques qu’elle contient.

    D’où les niveaux élevés de NNAL dans les fluides de l’organisme, l’imprégnation durable des tissus les plus exposés aux fumées et goudrons. Et donc le risque plus élevé de cancers broncho-pulmonaires, de la bouche et du nez. Mais nombre de fumeurs confient aussi que la cigarette grillée au saut du lit (voire avant ce saut) est aussi celle qui fait le plus «planer».

    Pour les auteurs de ces travaux (comme pour ceux qui le découvrent), les conclusions sont évidentes: les fumeurs de la première demi-heure sont ceux qui devraient en priorité bénéficier d’incitations et d’aides à l’arrêt (total ou partiel) de leur consommation. Les bénéfices seraient à la fois individuels et collectifs. Une mesure a minima pourrait être de les inciter à dépasser cette demi-heure identifiée comme à très haut risque. Ces interventions pourraient aussi être soutenues par un dépistage des niveaux urinaires de NNAL. Les résultats pourraient contribuer à faire prendre conscience aux fumeurs de leur degré d’intoxication à la manière dont les résultats des dosages sanguins de gamma GT peuvent le faire chez les malades de l’alcool.

    Ces avancées sont possibles, peu coûteuses et hautement rentables. Pourquoi attendre? Elles ne pourraient être mises en œuvre que dans le cadre d’une politique de lutte contre le tabac qui ne se bornerait pas à interdire dans les espaces publics la consommation d’une drogue légale et lourdement taxée par l’Etat qui conserve jalousement le monopole de sa commercialisation.

    En France, les pouvoirs publics sanitaires font savoir que le tabac est responsable chaque année d’environ 73.000 décès prématurés dont 44.000 par cancers.

    Jean-Yves Nau


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  •   "J'ai fait un AVC sous pilule de 3e génération"

    Créé le 26-03-2013
    Cécile Deffontaines  Par Cécile Deffontaines  (Nouvel Obs)

    Etudiante en psycho, grande sportive, Amélie, 24 ans, prenait Mercilon. Elle raconte.

    Selon l'Agence du médicament, les pilules de 3e et 4e générations provoquent 1.751 accidents et 14 décès par an (MYCHELE DANIAU / AFP)

    Selon l'Agence du médicament, les pilules de 3e et 4e générations provoquent 1.751 accidents et 14 décès par an (MYCHELE DANIAU / AFP)

    "J'étais une grande sportive, saine, sans aucun souci de santé. Je ne fumais pas, et je suis végétarienne. J'ai pris la pilule de troisième génération, un générique de Mercilon, en mars 2011. J'ai fait un AVC le 19 janvier 2012. J'étais en cours quand j'ai ressenti une intense douleur dans l'hémisphère droit de mon cerveau. Je ne sentais plus ma main gauche et je ne voyais plus dans mon champ gauche. J'ai mangé et dormi, pensant que c'était une hypoglycémie. Personne ne m’avait expliqué les signes d’un AVC [ce que préconise pourtant la Haute autorité de santé pour toute prescription de contraceptif oral, NDLR]. J'ai fini par aller chez le médecin qui m’a envoyée à l'hôpital. J’y suis restée deux semaines.

      A ce jour, la cause de mon accident n'a pas été trouvée. Je suis sous anti-coagulant et interdite de pilule. J'ai une petite lésion au lobe temporal droit. J'ai perdu un peu de sensibilité à la chaleur et au froid à gauche, et j'ai l'impression que mon bras est plus léger. Surtout, je ne reconnais plus certaines émotions. Je ne perçois pas la colère chez les autres et je ne me mets moi-même jamais en colère. Et je ne comprends plus les blagues au second degré. Découvrir l'histoire de Marion Larat [la première victime à avoir porté plainte, NDLR] m'a bouleversée. Et si pour moi aussi c’était la pilule ? J'ai entamé des recherches pour comprendre ce qui m'est arrivé."


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  •  Avec des intitulés flous comme « Mélange de miels originaires et non-originaires de la CE », la réglementation européenne ne s'embarrasse pas pour éclairer les consommateurs. La directive « miel » débattue actuellement à Bruxelles pourrait même dispenser de mentionner la présence d'OGM dans les pots.  

      La filière se divise alors que la Commission européenne propose de transformer les règles d’étiquetage pour éviter d’avoir à mentionner la présence de pollen OGM dans le miel. « L’enjeu est très important pour l’image du produit. À terme, il risque d’y avoir beaucoup de miel OGM sur le marché alors que le pollen ne représente qu’une portion infime du produit », estime Claude Noël, président de la Fédération des coopératives apicoles de France (Fedapi), favorable à l’assouplissement proposé par la Commission. Sa fédération membre de Coop de France relaie les inquiétudes d’une filière industrielle qui redoute les conséquences d’un étiquetage OGM sur la vente d’un produit apprécié pour ses qualités naturelles. Ils sont rejoints par les pays exportateurs de miel, qui fournissent 40 % du miel européen et souhaitent également un marché moins contraignant. A l’inverse, une quinzaine d’organisations apicoles européennes, dont l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), réclament une plus grande transparence sur les OGM pour garder la confiance des consommateurs.

      Le débat à Bruxelles est technique mais crucial : les eurodéputés sont en effet appelés à se prononcer sur un amendement de la directive « miel » proposé par la Commission. Celle-ci veut classer le pollen non plus comme un ingrédient mais comme un composant. Si la nuance peut sembler subtile, la conséquence sur l’étiquetage est capitale car la mesure du taux d’OGM se fait uniquement sur les ingrédients. Le pollen entrant en très petite quantité dans la composition du miel, calculer la proportion d’OGM sur le miel plutôt que sur le pollen garantit en effet de ne jamais dépasser le seuil des 0,9 % nécessaire à l’étiquetage OGM.

      70 % du miel vendu en supermarché est importé

      L’opposition autour de l’étiquetage des OGM reflète la dualité de la filière miel. La France importe plus de la moitié de ce qu’elle consomme. Les 25 000 tonnes de miel importées viennent principalement d’Espagne et de Belgique, qui importent eux-mêmes leur miel majoritairement de Chine. La Belgique s’est même spécialisée comme plateforme d’importation de miel chinois et de réexportation vers l’Europe. L’opacité sur son origine – permis par la mention « Mélange de miels originaires et non-originaires de la Communauté européenne » – convient à la multiplication des opérateurs… Une situation n’est pas sans rappeler celle de la filière viande, qui défraie aujourd’hui la chronique, d’autant que les méthodes de production du miel chinois sont beaucoup moins réglementées qu’en Europe et que les OGM y sont autorisés. Dans un tel système, les industriels ont tout intérêt à maintenir le flou sur l’information donnée aux consommateurs, que ce soit sur l’origine du produit ou sur la présence d’OGM.

      Plusieurs pollens OGM autorisés en Europe

      La donne est toute autre pour une majorité des apiculteurs français, qui sont extérieurs à la filière industrielle. Plus de la moitié du miel produit en France est commercialisé en vente directe, à laquelle s’ajoutent les 20% de miel vendus dans des magasins spécialisés. En outre, les cultures OGM étant interdites, tout comme les essais en plein champ, les apiculteurs français peuvent faire valoir un miel exempt d’OGM. Et s’il y a contamination, l’engagement de l’Union européenne à garantir la possibilité de maintenir une double filière doit permettre de trouver les responsables. C’est justement un des arguments des organisations apicoles opposées à l’amendement de Bruxelles. En contournant l’étiquetage des OGM, la Commission prive les apiculteurs de règles claires pour assurer la coexistence entre une production de miel non-OGM et des cultures OGM. Les apiculteurs se sentent d’autant plus lésés que les cultures OGM vont généralement de pair avec les pesticides, leur deuxième grand combat. Depuis que l’Autorité européenne pour la sécurité des aliments (Efsa) a incriminé mi-janvier les néonicotinoïdes dans la mortalité des abeilles, l’Unaf réclame en particulier l’interdiction de ces insecticides en France.

      Enfin, la question du contrôle du pollen demeure. Le pollen OGM doit avoir reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour que le miel soit commercialisable. Le jugement de la Cour de justice européenne en 2011 – à l’origine de l’obligation d’étiquetage du pollen GM – est justement parti de la plainte d’un apiculteur autrichien qui a retrouvé dans son miel du pollen de maïs MON810. Interdit dans l’UE, ce pollen rendait son produit impropre à la commercialisation. Aujourd’hui, plusieurs pollens GM sont autorisés en Europe. Monsanto devrait prochainement obtenir l’AMM du pollen MON810 depuis que l’Efsa a statué sur sa non-toxicité pour la santé humaine.

     Magali Reinert
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  •  Le plastique toxique est partout et empoisonne nos enfants

    Par Laurence-Aboneobio le mardi 14 décembre 2010,  (blog Abonéobio )

     

    Le plastique est partout, dans les emballages alimentaires, dans les jouets des enfants, dans les voitures, les TV, dans nos chaussures, dans nos bouteilles d'eau, nos vêtements ...Tout notre environnement est pollué par le plastique jusque dans les intestins des oiseaux. Certains de ces composants de plastiques sont pourtant très toxiques et nous les ingérons quotidiennement à notre insu. Et les conséquences pour la santé humaine commence tout juste à être appréhendées !


    Tous les services de pédiatrie confirment une augmentation du développement des pubertés précoces pour les petites filles (développement mammaires à 6 ans !) et des malformations génitales pour les petits garçons. Les coupables seraient dans l'environnement : le dénominateur commun de l'air que nous respirons, l'eau que nous ingérons, les aliments que nous mangeons est la pollution chimique, en cause les pesticides et les plastiques. Le bisphénol A et les phtalates sont cachés partout !.

    Pas facile de faire ses courses sans en acheter : même les canettes ou les boites de conserves contiennent du bisphénol A à l'intérieur ! Or on sait qu'il y a des interactions entre l'emballage et l'aliment ingéré. Même si le sujet est règlementé, la question posée est de savoir si les doses recommandées sont les bonnes ?. Bon à savoir : la chaleur favorise le transfère du plastique dans l'aliment, alors attention aux plats préparés chauffés dans leurs emballages au micro onde. Et les produits bio n'y échappent pas, on peut y retrouver du bisphénol, migré via l'emballage. Résultat, dans nos urines nous avons tous des traces de ces substances chimiques (données américaines : 90 % de la pollution est contaminée par les phtalates et bisphénol) venant essentiellement de l'alimentation, des poussières domestiques et aussi via une exposition par la peau (étude INRA Toulouse). Même si il n'y a pas d'accumulation, l'exposition quotidienne aux sources de phtalates et bisphénol A entraine des risques pour la santé : stimulation du cancer du sein et de la prostate, troubles du comportement, atteintes de la reproduction, diabète et obésité, maladies cardiovasculaires.

    Le risque majeur est l'exposition du foetus aux phtalates et bisphénol, avec un impact sanitaire sur l'enfant mais aussi sur le futur adulte, voir même avec un impact sur trois générations (perte de la fertilité)



    Que faire pour éviter les phtalates et bisphénol A dans l'alimentation ?

     

    • Eviter pendant la grossesse tout contact avec les phtalates et bisphénol A (être très vigilant sur son alimentation, vraiment pas simple quand les étiquettes ne précisent rien !)
    • Pour bébé, opter pour des biberons en verre ou sans bisphénol A
    • Eviter les boites de conserves : très forte migration dans la nourriture avec des risques sanitaires graves.
    • Ne pas faire chauffer les plats cuisinés dans leur emballages dans le micro onde.
    • Eviter les bouteilles d'eau : les fabricants de bouteilles d'eau refusent de donner la composition du plastique de leurs bouteilles (pourtant des phtalates ont été retrouvés comme le DEHP considéré comme toxique pour la reproduction, interdit dans les jouets des enfants de moins de 3 ans, et sans oublier que le DEHP le plus dangereux des phtalates est présent dans le Nutella !) .


    Alors pourquoi ne fait-on rien en France ?

    Les études de l'Afssa (L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments ) ont conclu à l'innocuité du bisphénol A aux doses fixées. Or il existe des centaines d'études (littérature spécifique) qui disent le contraire, selon les témoignages du reportage Pièces à conviction  de France 3. Le problème serait lié à des conflits d'intérêt des conseillers Afssa qui ont des contrats avec le monde industriel de la pétrochimie ou de l'agroalimentaire. Il semble que depuis peu les équipes aient été changées désormais au sein de l'Afssa. Dans son dernier avis, l'agence demande désormais l'étiquetage et la substitution quand cela est possible, mais cette demande n'a pas été suivie. C'est vrai qu'on parle de quelques traces : oui des nanogrammes mais multipliés par milliers de produits chimiques : "ce n'est plus une drogue = un effet mais bien une notion de cocktails toxiques", nos disent les spécialistes de la toxicité.

    Heureusement que certaines entreprises ont pris l'initiative de supprimer les phtalates et le bisphénol A comme :

    • dans les biberons de la marque Beaba
    • les jouets de la marque smoby  qui a supprimé les 6 phtalates contestés à la fois dans les jouets et dans les sacs plastiques,
    • ou encore chez Lego qui n'utilise plus de PVC et favorise les matériaux plus respectueux de l’environnement.

    Sauf que tout le monde ne respecte pas les mêmes règles, notamment du coté de la contrefaçon. Par exemple des jouets fabriqués en Chine, contenant des phtalates à des taux supérieurs au seuil Européen entrent sans problème en France ! Certains importateurs décident d'écouler leurs marchandises sur le marché Européen même si les analyses indiquent que les doses de phtalates sont supérieures au seuil toléré, c'est grave quand même ! En ce qui concerne les biberons, heureusement, les députés français ont décidé le retrait du bisphénol A dans les biberons mais le sujet n'est pas du tout réglé pour les jouets et même les cosmétiques !


    Dernièrement les tapis de jeux puzzle pour enfants ont créé la polémique à cause du formamide qu'ils contiennent (un produit pétrochimique considéré comme cancérigène). Depuis le 13 décembre ces articles de jouets sont retirés du marché en France le temps de lancer une étude plus poussée auprès de l'Anses. En l'absence de norme pour les jouets destinés aux enfants de moins de 14 ans (une norme NF Environnement est en cours à l'Afnor), le secrétariat d'Etat à la consommation a demandé un renforcement des « dispositifs de contrôle de la sécurité de l’ensemble des jouets commercialisés en France », à voir ^^.

    Pourtant le sujet n'est pas récent. Depuis plusieurs années, le WECF  (Women in Europe for a common future) alerte sur la toxicité des jouets destinés aux enfants qui contiennent des phtalates considérés comme cancérigènes (DNIP-DPEH, DBP), certains sont interdits mais ceux qui les remplacent sont tout aussi dangereux. Et ce n'est pas tout, on retrouve aussi des conservateurs, du plomb (et oui encore toléré à des doses dites infimes), des parfums de synthèse (pour masquer l'odeur de synthèses, sauf que ces parfums contiennent des allergènes induisant des dermites, fièvres, asthmes et parfois incurables cf article de Novethic , ou encore des retardateurs de flammes bromés, du cadmium, de l'arsenic, du mercure, du chrome VI, du formaldéhyde ...un cocktail dangereux pour la santé de nos enfants, qui peut être respiré ou inhalé.

    En tant que parents, il est possible de privilégier les jouets qui présentent des garanties, même si ils sont moins nombreux. (Cf les jeux et jouets en bois de jeujouethique.com  fabriqués en France, dans une démarche bio et éthique.

    Pour aller plus loin, voir le reportage de Pièces à Conviction : plastique : alerte aux toxiques du 6 décembre 2010  et lire l'article de Novethic : des jouets plus sur sous le sapin

    Lire d'autres articles sur aboneobio  sur le danger des phtalates, du bisphénol A, des jouets contenant des substances chimiques, des phtalates dans les cosmétiques, des résidus chimiques dans les vêtements des enfants, dans le mobilier, l'air pollué de nos maisons, sur les enjeux du plastique au quotidien ...


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    "On constate une dégradation progressive de l'accès aux soins"

     

     

    Entretien avec Jean-François Corty, directeur des missions France de Médecins du monde, sur la question de l'accès aux soins pour tous.

    Jean-François Corty est directeur des missions France de Médecins du monde, ex-bénévole et chef de missions sur le terrain et également chargé d’enseignement à l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse.

    Quelles sont les conséquences, selon vous, de la crise sur l’accès aux soins en France?

    Médecins de Monde, en France depuis de nombreuses années avec près d’une centaine de projets auprès des populations les plus précaires, constate une dégradation progressive ces dernières années de l’accès aux soins et de la santé des populations les plus précaires avec, de fait, une accentuation des inégalités de santé.

    Pour quelles raisons?

    Le constat, c’est que l'on voit une augmentation des consultations chez Médecins du Monde et une augmentation d’un indicateur fondamental qui est le retard de recours aux soins. Près de 38% des personnes précaires, qu’elles soient en situation irrégulière ou françaises, retardent leurs soins et vont attendre parfois jusqu’au dernier moment avant de consulter. Cela rejoint des enquêtes faites par d’autres acteurs qui montrent que 30% des populations précaires françaises retardent leurs soins pour des raisons financières, que ce soient des soins dentaires, ophtalmologiques mais aussi, de plus en plus, des soins courants.

    > Ecoutez Jean-François Corty:

    Vous avez aussi constaté que les femmes enceintes sont de moins en moins nombreuses à se présenter aux consultations…

    Sur le plan médical, on a dans nos consultations près de 45% de femmes enceintes qui retardent leur suivi de grossesse classique et près de 40% des patients que l'on voit nécessitent un suivi de plus de six mois. Il ne s’agit pas de "bobologie". Ce sont des vraies maladies. 12% de nos patients sont des mineurs, donc des enfants qui, alors qu’ils devraient avoir un accès inconditionnel aux soins, présentent des difficultés d’accès aux soins. Alors pourquoi ce constat? Bien évidemment, la crise économique vient impacter la précarité et la pauvreté. Mais il y a trois éléments de réponse pour expliquer ce retard de recours aux soins des populations les plus précaires.

    D’abord, des dispositifs sont encore difficilement accessibles. Lorsque l’on est un sans-papier, on peut bénéficier de l’aide médicale d’Etat. Il faut justifier de trois mois de présence sur le territoire, d’un lieu de domiciliation, et cela n’est pas évident lorsque vous n’avez pas de lieu de vie. Il faut par ailleurs maîtriser la langue pour remplir un dossier souvent compliqué avec des délais d’ouverture qui, parfois, prennent plus de trois à six mois. C’est une première contrainte. 

    Quatre millions de travailleurs pauvres français n’ont pas de couverture mutuelle. Ils ont ce que l’on appelle un "reste à charge", qui est de plus en plus important parce que notre système de santé est de moins en moins solidaire. Il y a de plus en plus de franchises, de moins en moins de remboursements, notamment de médicaments, et donc ces personnes ont des difficultés financières à pouvoir accéder aux soins.

    Deuxième élément de réponse, nous avons un dispositif de droit commun, notamment pour l’accès aux soins, qui sont les permanences de santé, des dispositifs en milieu hospitalier qui devraient pouvoir accueillir les personnes précaires. Mais ces dispositifs sont en nombre insuffisant au regard de la loi. Il devrait y en avoir 500 et on en observe que 400. Et sur les 400 existantes, il n’y en a que très peu qui sont réellement fonctionnelles.

    Enfin, dans les contraintes à l’accès aux soins, le phénomène de dépassement d’honoraires est une réalité de la part de certains médecins, notamment en secteur 2. Parfois, il faut faire aussi face au refus de soins de certains médecins qui ne veulent pas avoir des patients dépendant de l’aide médicale d’Etat ou de la Couverture maladie universelle (CMU) dans leurs consultations.

    Enfin, le troisième niveau d’explication du retard de recours aux soins dans un contexte de crise majeure, c’est bien l’observation d’une tension entre des enjeux de santé publique et de politique sécuritaire. Pour les usagers de drogues par voie intraveineuse par exemple, on voit bien que ces personnes sont affectées par l’épidémie d’hépatite C.

    Dans 60% des cas, il faudrait des dispositifs innovants comme les salles de consommation à moindre risque. Cela prend du temps, même si la ministre y est favorable. Le délit de racolage passif pour les personnes qui se prostituent va aggraver leurs conditions d’accès aux soins et leurs conditions d’accès aux droits.

    Désormais, voyez-vous arriver d’autres catégories de personnes? Des couches sociales qui n’étaient pas concernées par la crise il y a quelques années?

    Dans nos populations, on a en grande majorité des migrants – dans près de 90% des cas, et près de 10% de population française précaire. On voit revenir de plus en plus ces derniers temps, ces nouveaux pauvres, ces travailleurs pauvres français, qui pour des raisons d’effet de seuil, notamment, n’ont pas la capacité de pouvoir obtenir la couverture médicale universelle complémentaire parce qu’ils gagnent trop, mais ne gagnent pas assez pour pouvoir se payer des mutuelles.

    On voudrait donc étendre notre connaissance des difficultés à accéder aux soins de ces personnes. C’est pour cela que nous allons démarrer des projets innovants en zone rurale l’année prochaine, en Auvergne et en Alsace, et nous allons aussi travailler sur les zones urbaines sensibles pour justement, essayer d’étoffer nos connaissances sur ces populations-là et mieux comprendre leurs difficultés d’accès aux soins pour mieux être dans le débat et être force de proposition pour améliorer leur accès aux droits et aux soins.

    Pour améliorer l’accès aux soins des populations les plus précaires, il faut simplifier les dispositifs. Nous pensons, comme d’autres, qu’il faut fusionner le dispositif d’aide médicale d’Etat et la CMU pour permettre une facilitation d’ouverture des droits pour ces populations, qu’il faut relever le seuil d’attribution de la CMU C [mesure figurant dans le plan de lutte contre la pauvreté annoncé par le Premier ministre, ndlr] et rendre aussi des dispositifs d’accès aux soins, comme les permanences d’accès aux soins de santé, plus efficients, qu’ils soient en nombre plus conséquents et plus opérationnels.

    Quels pays, selon vous, proposent des solutions alternatives qui pourraient servir de modèle à la France?

    C’est une question compliquée! Pour l’instant, la tendance à l’échelle européenne, c’est un petit peu une stigmatisation, une criminalisation des précaires et notamment des migrants avec une remise en question de certains dispositifs de soins. On l’a vu en Espagne. L’accès aux soins des populations sans-papiers a été fortement remis en question après les dernières modifications, ce qui va contraindre l’accès aux soins des plus précaires.

    Pour certaines populations (les populations roms migrantes notamment de Bulgarie et de Roumanie), même s’il y a des recommandations à l’échelle européenne, il y a une grande stigmatisation et beaucoup de violence qui s’applique pour elles. Il faut donc respecter les recommandations, tant du Conseil de l’Europe que de l’Union européenne, pour leur faciliter l’accès aux droits et aux soins et supprimer les mesures transitoires en termes d’accès au travail qui les impactent au moins jusqu’en 2014.

    Comment voyez-vous la situation évoluer en 2013?

    C’est en temps de crise que les mesures qui prennent en compte la solidarité dans les politiques publiques doivent être appliquées, parce que la solidarité, qui est un mode de penser l’altérité, va permettre d’améliorer l’accès aux soins et aux droits des plus précaires et contribuer à la diminution des inégalités sociales de santé. Ce n’est pas qu’un point de vue idéologique, qui consisterait à dire que la solidarité doit faire partie de nos politiques publiques parce que l'on estime que c’est bien. C’est aussi une question de santé publique, car c’est en favorisant l’égalité à l’accès aux soins que l’on contribuera à un meilleur état de santé global des populations.

    Dans ces conditions, en tout cas pour ce qui relève de la France, dans le cadre du plan quinquennal qui devrait sortir début de l’année prochaine sur la lutte contre les exclusions et la pauvreté, nous disons qu’il est nécessaire de faciliter l’accès aux soins des plus précaires, de mettre les moyens, notamment budgétaires, et une volonté politique, pour que l'on mette en place des dispositifs où la solidarité est un des piliers fondamental parce qu’il faut protéger les plus pauvres.

    Encore une fois, c’est en temps de crise que cette approche est légitime et qu’il faut avoir des décisions politiques ambitieuses et concrètes. Nous avons des propositions concrètes que l'on a abordées ensemble pour améliorer l’accès aux soins des plus précaires.

    > Article initialement publié sur la plateforme Génération Solidarité d'Arte et édité pour Youphil.com.

    Crédit photo: Flickr/e-MagineArt.com.

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