•   "La prescription de benzodiazépines doit être "la plus courte possible"  (d'après passeportsante.net) 17/12/2012

    La prescription de benzodiazépines, des médicaments utilisés contre l'anxiété et l'insomnie, doit être "la plus courte possible", a rappelé lundi l'agence du médicament ANSM.

    La nouvelle mis en garde survient à la suite de deux études, dont l'une de l'Inserm faisant état d'un risque accru de démence chez les personnes âgées de plus de 65 ans qui prennent ces médicaments.

    Selon l'étude réalisée par Bernard Bégaud (Inserm/Université de Bordeaux) et Tobias Kurth, le risque serait augmenté de 50% par rapport aux personnes n'ayant jamais consommé de benzodiazépines.

    "Cette association (entre benzodiazépines et démence), bien que de faible intensité, vient s'ajouter aux autres risques déjà identifiés", relève dans un point d'information l'ANSM qui reconnaît que les données disponibles à ce stade "ne permettent pas d'établir une relation entre la dose, la durée et l'effet".

    La France est l'un des pays qui consomme le plus de benzodiazépines, avec une utilisation record chez les plus de 65 ans qui sont 30% à prendre ces médicaments, contre 20% en Espagne ou au Canada et 15% en Australie.

    Pour réduire cette consommation, l'ANSM rappelle que la prescription ne doit être envisagée qu'après l'échec des approches médicamenteuses et qu'elle doit "être la plus courte possible", 4 semaines au maximum pour les hypnotiques (somnifères) et 12 semaines pour les anxiolytiques.

    La durée moyenne de prescription des somnifères est de 7 mois dans la population générale, mais nettement plus importante chez les plus de 65 ans, comme le rappelait récemment la Haute Autorité de santé (HAS).

    Ces médicaments ont des effets indésirables importants, notamment chez les patients les plus âgés, avec des chutes, des troubles de la mémoire et une dépendance au médicament.

    L'agence du médicament rappelle également que la prescription de benzodiazépines doit être réévaluée régulièrement par les médecins "quant à son efficacité et ses effets indésirables" et que le patient doit être informé des risques liées à cette consommation, notamment du risque de dépendance.

    L'ANSM envisage par ailleurs d'étendre la prescription sur ordonnances sécurisées - qui ont remplacé les carnets à souche pour les médicaments classés comme stupéfiants - à l'ensemble des benzodiazépines. Toutefois, l'agence sanitaire précise qu'elle attend les résultats d'une enquête auprès des professionnels, qui seront disponibles début 2013, pour évaluer la pertinence de cette mesure.

    © 2012 Relaxnews
    Crédits photo : Edwin Verin/shutterstock.com

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  •  Comment l'industrie du tabac a fait plier l'Etat

    Jeudi 13 Décembre 2012
    Clotilde Cadu et Emmanuel Lévy  (Marianne )

    Dans un rapport rendu public aujourd’hui, la Cour des comptes dénonce l’échec des politiques de lutte contre le tabagisme et pointe leur inefficacité : les Français continuent d’engraisser les cigarettiers, les buralistes... et les caisses d’un Etat supposé lutter contre les ravages de la nicotine ! «Marianne» l'a lu en intégralité. Extraits exclusifs.


    (VALINCO/SIPA)
    (VALINCO/SIPA)
    La fumée repart à la hausse. Les Français sont addicts à la clope, et rien n’y fait. Ni le prix du paquet de cigarettes, qui a pratiquement doublé en dix ans, ni la loi antitabac, ni les avertissements sur les étuis. Les fumeurs fument toujours. Et de plus en plus. Les Français continuent d’engraisser les cigarettiers, les buralistes... et les caisses d’un Etat supposé lutter contre les ravages de la nicotine ! Tel est le triste constat que dresse la Cour des comptes dans un rapport sur les politiques de lutte contre le tabagisme présenté ce jeudi 13 décembre devant les députés.

    « Cette recrudescence du tabagisme peut être mise en relation avec l’absence depuis plusieurs années d’une politique suffisamment volontariste et structurée pour inverser la tendance. Les acteurs sont dispersés, les initiatives ont été parcellaires et discontinues, les objectifs visés parfois contradictoires », commentait Didier Migaud, premier président de la Cour, jeudi matin devant les députés. L’Etat a failli dans sa mission d’assurer la santé publique, sous-entendu : les lobbies des cigarettiers et des buralistes sortent grands vainqueurs d’un bras de fer qui dure depuis des décennies.

    Depuis 2005, la baisse des ventes de cigarettes amorcée au début des années 2000 (– 31,8 % entre 2002 et 2004) s’est interrompue. « La prévalence tabagique dans la population française a connu depuis cinq ans une remontée qui contraste avec sa baisse tendancielle de long terme comme avec les résultats de la politique plus vigoureuse conduite en 2003-2004 », écrit la Cour des comptes, très critique avec les politiques menées sous le quinquennat Sarkozy. En 2010, 29,1 % des Français fumaient quotidiennement, contre 27 % cinq ans auparavant. Les femmes, les jeunes et les précaires fument davantage, alors même que nos voisins européens écrasent leur dernier mégot.

    Comment l'industrie du tabac a fait plier l'Etat

    Le responsable de cet enfumage général ? L’Etat, lui aussi accro à la clope. En 2011, les ventes de tabac lui ont rapporté un magot de 15 milliards d’euros, alloués à… l’assurance maladie. Les hausses régulières des prix, à défaut d’inciter les fumeurs impécunieux à arrêter, sont une véritable réussite fiscale, apportant un peu plus d’argent dans les poches de l’Etat.

    « Une telle affectation à la Sécurité sociale comporte des risques de fragilisation de la politique de lutte contre le tabac, note la Cour des comptes. Elle place l’équilibre des comptes sociaux dans la dépendance d’une ressource dont le niveau dépend du maintien de cette addiction, et par là même rend délicat l’arbitrage entre des objectifs financiers de rendement et des impératifs de santé publique. » Un comble ! La Sécu compte aujourd’hui sur les ressources du tabac, y compris pour lutter son ses effets néfastes.

    « Si la France dispose en définitive d’un arsenal règlementaire très développé, supérieur à celui de bien d’autres pays, son efficacité est réduite du fait de l’absence de contrôles et de sanctions effectives […]. La crédibilité de l’ensemble des actions de lutte contre le tabagisme ne peut en être que gravement affectée […]. Elles nourrissent de fait une suspicion, diffusée notamment par les fabricants de tabac, sur la réalité des enjeux médico-économiques du tabagisme, allant même jusqu’a émettre l’idée que la contribution des fumeurs à la collectivité par le biais des taxes qu’ils acquittent serait supérieurs aux coûts qu’ils induisent», explique Didier Migaud. Joli tour de passe-passe des lobbies : réussir à faire passer le message que cloper est un geste civique, bon pour la santé des finances publiques ! A quand la sortie de crise par le mégot ?

    D'après un sondage exclusif commandé par la Cour des comptes, 41% des Français interrogés savent qu'un fumeur a un risque sur deux de mourir d'une maladie liée au tabac. Seulement 30% des gros fumeurs (plus d'un paquet par jour) le savent.

    Pourtant, depuis des années, l’Etat multiplie les actions antitabac. Mais sans concertation de l’ensemble des acteurs publics et sans pilotage. On ne compte plus les lois de santé publique, les plans cancer, les obligations, interdictions, prohibitions, mises en œuvre pour dissuader les candidats à la cigarette. Un arsenal répressif pléthorique... et théorique. Les contrôles publics sont quasi inexistants et les sanctions, peu dissuasives. Ainsi, officiellement, un buraliste n’a pas le droit de vendre de cigarettes à un mineur. Or, dans les faits, le marchand de tabac risque un contrôle de la Direction générale des douanes une fois... par siècle !

    Officiellement, la publicité pour le tabac est interdite, mais les stratégies de contournement sont légion. Un cendrier jetable frappé d’un logo de cigarettiers et distribué sur les plages n’est pas de la propagande : c’est un objet qui satisfait à des exigences environnementales !

    Plus grave que leur laxisme, les pouvoirs publics ont abandonné toute prévention. Les responsables à temps plein de la lutte contre le tabagisme dans les organismes de santé publique se comptent sur les doigts d’une main. Les dépenses en la matière ne dépassent pas la centaine de millions d’euros par an.

    En 2011, l’Institut national de prévention et d’éducation à la santé (Inpes), principal contributeur financier (où seulement trois équivalents temps plein travaillent sur le tabac), y consacrait 8,4 millions d’euros, soit 44 % de moins qu’en 2003. A titre de comparaison, 55 millions d’euros ont été alloués à la lutte contre l’insécurité routière, qui cause 20 fois moins de décès (4 000 contre 73 000) !

    A la Direction générale de la santé, aucun agent du bureau des addictions ne travaille à temps plein sur la problématique du tabac, souligne la Cour des comptes. Quant à l’Institut national de veille sanitaire (INVS), aucun programme spécifique au tabagisme n’y est mené. Résultat : personne n’est capable d’établir les coûts du tabac pour la collectivité.

    Un brouillard général qui fait les affaires des industriels du tabac, ravis de dénoncer la « fabrication d’un chiffre », mais qui coûte cher à l’Etat. Les buralistes se frottent aussi les mains. Entre 2004 et 2011, 2,6 milliards leur ont été versés pour compenser les pertes liées à la baisse de la consommation de tabac. Un bel effet d’aubaine pour les marchands qui non seulement n’ont pas vu les ventes fléchir, mais en plus se sont fait subventionner ! « La hausse des prix du tabac, conjuguée à l’arrêt de la baisse des ventes depuis 2005, s’est cependant traduite par une hausse des rémunérations moyennes des débitants, hors aides publiques, de près de 54 %, de 2002 à 2011, remarquent les magistrats de la Rue Cambon. Aides publiques comprises, la progression a été de 70 %, à comparer à une inflation de l’ordre de 20 % sur la période. »

    Les Français, eux, ont de quoi faire grise mine, dans tous les sens du terme. A la demande de la Cour des comptes, la Caisse nationale d’assurance maladie a estimé que l’ensemble des dépenses de Sécu imputables directement au tabac atteignait au minimum 12 milliards d’euros... Presque autant que ce que rapporte la fiscalité du tabac, si ce n’est plus. C’est ce qui s’appelle du perdant-perdant (à moins d’être un industriel du tabac). Il est donc urgent de remettre un pilote à la barre de la lutte contre le tabagisme, grande oubliée de la dernière décennie.

    S’il a l’allure d’un faire-part de deuil pour notre santé, ce rapport de la Cour des comptes rend en creux un bel hommage à l’efficacité du lobbying des cigarettiers et des buralistes.

    Sondage commandé par la Cour des comptes :
    «Les Français, l'impact du tabac sur la santé et les mesures publiques s'y rapportant»
    (Echantillon de 1004 personnes, de 15 à 60 ans)

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  •   
    Creutzfeldt-Jakob, le retour

    Lundi 26 Novembre 2012

    Jean-Claude Jaillette - Marianne

    Deux nouveaux cas ont été recensés par l'Institut de veille sanitaire. L'âge des victimes : 19 et 24 ans.


    MAISONNEUVE/SIPA
    MAISONNEUVE/SIPA
    Après une courte absence des écrans radar, la variante humaine de la maladie de la vache folle (ESB), la maladie de Creutzfeldt-Jakob, est de retour. Aucun cas avéré n'avait été recensé par l'Institut de veille sanitaire (INVS) depuis quatre ans. Et voilà que, depuis le début de l'année 2012, deux nouveaux cas apparaissent dans les statistiques. L'identité comme l'âge des victimes sont tenus secrets. Que les caméras ne puissent pas troubler l'intimité des familles des victimes, rien de plus normal. En revanche, des informations essentielles à la compréhension de la maladie, à son mode de transmission et au nombre probable des malades peuvent être tirées de l'âge de victimes. Marianne est parvenu, malgré tout, à savoir que les deux victimes sont âgées respectivement de 19 et 24 ans.

    «La durée minimale d'incubation par voie alimentaire est de huit ans pour les sujets les plus susceptibles, décrypte le Dr Jean-Louis Thillier, auteur d'un rapport sur l'ESB remis à Marie-Odile Bertella-Geffroy, juge d'instruction au pôle santé de Paris. Elle est au maximum de cinquante-deux ans.» Les matériaux à risque ayant été exclus de la chaîne alimentaire depuis 1996, les jeunes gens auraient pu être contaminés alors qu'ils avaient entre 3 et 9 ans. 

      Conclusion : l'âge des deux nouvelles victimes confirme que la contamination s'effectue lors d'une période comprise entre le plus jeune âge et l'adolescence, expliquant le faible nombre des victimes. Dans quelles circonstances ? Avant 1996, les viandes arrachées mécaniquement de la colonne vertébrale des bovins et destinées à la fabrication de hamburgers et de saucisses pouvaient contenir de minuscules morceaux de cervelle ou de moelle épinière, parties de l'animal dans lesquelles se cache le prion, responsable de la transmission de la maladie. De 5 à 10 g suffisent.

    Ces deux nouveaux cas annoncent-ils une nouvelle vague de victimes ? «Compte tenu de leur type génétique, ces victimes font partie de celles qui sont les plus réceptives. Mais la durée possible de l'incubation laisse penser que d'autres, moins sensibles, sont encore à venir.» Bref, l'histoire est loin d'être terminée. Aussi bien chez l'homme que chez l'animal, rendant les précautions, même si elles ont un prix élevé, et notamment le test à l'abattoir, toujours d'actualité. 
     

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  •  03/11/2012  Le sport à l’école, école de l’humiliation ?

    Renée Greusard | Journaliste  Rue 89
     

    L’EPS, l’éducation sportive et physique, est une des disciplines les plus haïes à l’école, surtout à partir du collège. Témoignages et remèdes.

    Pour cet article, des torrents de témoignages me sont tombés dessus. Parfois drôles, parfois désespérants.

    « L’élève humilié » (Pierre Merle/Puf)              

    « Saut de cheval en Terminale + gros cul = gêne. »

    Ou :

    « Moi, le mot “honte” s’est concentré dans l’espace piscine. »

    En plus des témoignages récoltés, nous avons interviewé Fabien Ollier, professeur d’EPS à qui nous avions déjà consacré un article l’an dernier, et Pierre Merle. Sociologue de l’enseignement, il est l’auteur du livre « L’élève humilié. L’école : un espace de non-droit ? ».

    Il note que « le sport n’est pas mal placé » dans les disciplines qui génèrent un sentiment d’humiliation, même si ce sont les maths qui reviennent le plus dans les témoignages « à cause du prestige de la discipline. »

    Le corps des ados exhibé

    « J’avais des gros seins pour mon âge »

    A 35 ans, Emilie se souvient :

    « J’ai carrément vécu le sport comme une humiliation au lycée. Je le ressentais comme tel parce que j’avais des gros seins pour mon âge, et des rondeurs et que ça se voyait plus en tenue de sport. »

    Beaucoup parlent de leur puberté, de cette violence qu’il y a à devoir exhiber un corps qu’on ne possède pas encore et qui commence à susciter le désir.

    Johanna raconte par exemple ce sale jour de printemps où tout le collège se réunissait pendant des heures pour regarder chaque élève effectuer d’« horribles enchaînements de gym ».

    « Je me demandais s’il ne valait pas mieux que je me casse une jambe sur la route.

    Tout le collège était assis dans les gradins – parmi eux, il y avait forcément des mecs que je kiffais un peu – et là, je me tapais la grosse honte à enchaîner, pataude et ridicule, des figures nulles avec un jogging pourri. »

    La question du poids revient aussi souvent. Dans un article publié en 2002, Pierre Merle rapportait le témoignage de l’une de ses élèves. La scène se passe pendant un cours de saut en hauteur :

    « J’avais une amie dont l’embonpoint la gênait énormément dans sa vie quotidienne. […] La barre était à un mètre, ce qui évidemment est peu, mais pour elle, c’était difficile.

    Le professeur l’a obligée à sauter. Elle a obéi, a sauté, puis est tombée. Tout le monde riait et surtout le prof. Il l’a obligée à recommencer plusieurs fois prétextant se servir d’elle comme exemple de tout ce qu’il ne fallait pas faire, et plus largement ne pas être. Il disait que le sport, c’est la santé et qu’il était urgent de s’y mettre. »

    Face à des sujets délicats, certains profs se comportent parfois comme Les Robins des bois dans ce sketch.

    Le regard de Pierre Merle

    Le sociologue confirme que le sentiment d’humiliation est plus particulièrement ancré chez les ados.

    « C’est la population qui se sent le plus humiliée par ce qu’elle est dans une période où les identités sont en construction.

    Les filles se sentent particulièrement humiliées pour des questions qui concernent le poids parce que les normes de beauté sont très strictes pour les femmes. »

    Pour le sociologue, il faudrait que la question des humiliations soit abordée pendant la formation des futurs enseignants :

    « En commençant à travailler sur ce sujet, j’ai été très surpris de me rendre compte qu’aucune recherche n’avait été faite là-dessus. Aucun ouvrage n’avait été écrit. Il faudrait contextualiser ces pratiques. »

    2  Toujours choisi en dernier

    Un enseignement « à base de performance et de notes »

    Amaëlle s’est mise au sport tard. De l’école, elle regrette un enseignement « à base de performance et de notes » et elle se souvient du moment (horrible) de la constitution des équipes. Quand le prof demande aux deux meilleurs de la classe de devenir capitaines.

    « Ils appellent un à un, à tour de rôle, les gens de la classe. À la fin, il reste toujours deux ou trois personnes, dont toi. »

    Pauline, elle, souligne avec humour l’injustice de cette situation.

    « Bon, c’est vrai qu’au cours précédent, tu t’es décalé à chaque fois que le ballon t’arrivait dessus... Mais voilà, tu as participé, merde ! »

    Le regard de Pierre Merle et Fabien Ollier

    Pierre Merle :

    « L’activité sportive n’a pas pour objet d’être performant par rapport aux autres, mais d’être performant par rapport à soi. »

    Pour Fabien Ollier, ces classements sont inadmissibles.

    « On met les forts d’un côté, les faibles de l’autre, les moyens au milieu, faire un niveau 1, faire un niveau 2, etc... Il y a toute une symbolique humiliante ou en tout cas très dépréciative.

    C’est comme si dans une classe de mathématiques, on mettait les bons devant, les moyens au milieu, et tout au fond les nuls. Et que régulièrement, en fonction des notes des élèves, on les déplaçait, on les reclassait. Je crois, que tout le monde crierait au scandale.

    En EPS, ça ne choque plus personne. »

    Il s’interroge sur l’essence même de cet enseignement.

    « L’éducation physique et sportive est essentiellement sportive, c’est-à-dire que le contenu principal de l’EPS, c’est le dogme du sport de compétition au sein duquel on trouve un éthos de l’humiliation. »

    3  Ces mouvements absurdes que l’on n’arrive pas à faire

    Le corps réduit à un mouvement

    Anne-Gaëlle se souvient bien de cette impuissance de son corps.

    « Je me suis retrouvée avec un corps qui ne pouvait faire ni la roue, ni l’appui tendu renversé – ATR : en bon français, le piquet – toute l’année, et ça, pour M. Le Louët, c’était vraiment une énigme. J’étais une sorte de débile, sa cancre. »

    Souvent les premiers de la classe sont décontenancés en EPS. Amaëlle :

    « Au collège, j’étais un peu l’intello “typique”. Première de ma classe avec des lunettes et un appareil dentaire. Et nulle, mais alors nulle en sport, toujours dans les derniers – voire la dernière. »

    Très bons élèves, ils ont souffert d’un enseignement qu’ils jugeaient absurde. Pierre, meilleur partout, était aussi nul en sport. Il se souvient :

    « Franchement, j’en avais rien à foutre du sport. Je trouvais ça bête. »

    Il a eu l’impression que les autres trouvaient dans cette matière une occasion de se venger par la moquerie.

    « Ça inversait le rapport de force scolaire. On me traitait comme si j’étais handicapé. »

    Il conclue enfin en riant :

    « Le sport, c’est un apprentissage du fascisme ».

    Le regard de Fabien Ollier

    En écho à cette absurdité ressentie par les élèves, Fabien Ollier parle de son quotidien de prof de sport. Des grilles à remplir, des fiches, des tableaux par les profs mais aussi par les élèves et il déplore :

    « Vous ne pouvez pas imaginer le temps que passent les élèves à remplir des fiches, à observer (épier, dénoncer…) leurs copains, à compter le nombre de passes ou de coups de bras (en natation) qu’ils font. »

    Il explique la logique de cet enseignement :

    « Dans les instructions officielles, il est spécifié de manière très claire que l’éducation physique et sportive doit “permettre à chaque élève de développer et mobiliser ses ressources pour enrichir sa motricité, la rendre efficace et favoriser la réussite”. On oublie que le corps n’est pas que de la motricité.

    Mais pour pouvoir rendre le corps évaluable, et passer son temps à donner des notes à des élèves, il faut le réduire à une machine, à un système, à du mouvement. »

    Pour le professeur d’EPS, c’est une violence symbolique que de voir son corps réduit à un mouvement.

    4 L’univers glauque des vestiaires à 8h du matin

    Un environnement détestable

    A tous ces éléments s’ajoute la question de l’environnement dans lequel les cours ont lieu. Chloé a 27 ans et elle ne comprend toujours pas ce qu’on a voulu lui transmettre.

    « Coup de gueule contre les bahuts qui mettent des cours de sport de 8 h à 10 h. C’est vrai que pour bien commencer la journée, autant se crever et bien puer la sueur ! »

    Le regard de Fabien Ollier

    Pour Fabien Ollier, cet aspect n’est pas un caprice et fait partie de la crise de l’enseignement de l’EPS.

    « Je le ressens aussi : cet univers glauque des vestiaires à 8 h du matin, des stades brumeux, des salles aux odeurs de sueur. Tout ça, ce sont autant de souvenirs corporels qui peuvent être en effet un peu traumatisants. »

    5 Le rapport dégradant du prof à l’élève

    « On m’a interdit de jouer au rugby parce que j’étais trop nulle »

    Parfois les récits d’humiliations sont violents. Marie a 24 ans, elle n’a vraiment pas aimé le sport à l’école.

    « Mes profs de sport me détestaient (tous). Et l’un d’entre eux m’a même interdit de jouer au rugby parce que j’étais trop nulle et que j’avais peur du ballon. »

    Que ces rapports d’humiliation disent-il de la relation entre le prof et l’élève ?

    Le regard de Pierre Merle et Fabien Ollier

    Pour Pierre Merle, l’humiliation est en réalité une facilité pédagogique.

    « La classe pose des problèmes de gestion de l’ordre et pour assurer cet ordre, l’humiliation est une pratique qui vient assez spontanément.

    Mais le prof ne se rend pas compte qu’il est en train de casser sa relation pédagogique avec l’élève et qu’il va foutre le bordel. C’est un remède qui est pire que le mal. Si tout ceci n’est pas expliqué, les professeurs sont laissés à l’abandon. »

    Fabien Ollier remarque aussi que les profs reproduisent tout simplement des schémas qu’ils ont vécus.

    « Dans le sport, il y a un rapport entre entraîneur et entraîné qui est souvent de l’ordre de l’humiliation à l’égard des faibles et de ceux qui ne réussissent pas assez vite. [...] Or les professeurs d’éducation physique ont tous été à un moment ou un autre entraînés. »

    6 Un traumatisme qui reste toute la vie ?

    « C’était une vieille salope »

    A entendre toutes ces histoires, il y a de quoi se demander à quel point elles sont néfastes. La réponse est mitigée. Si Emilie court aujourd’hui des marathons, Chloé ne veut toujours pas entendre parler du sport. Guillemette, elle, se rappelle encore :

    « Un jour, dans une compétition de gymnastique, je suis restée bloquée dans une galipette arrière les fesses en l’air, la tête coincée. J’ai plus jamais osé faire de galipette arrière de ma vie. »

    Et puis, il y a les profs qu’on hait à jamais. A l’époque, on aurait aimé leur jeter un sort comme dans cette vieille pub de Carambar.

    A 35 ans, Simon se rappelle encore de sa prof en primaire, Mme S.

    « C’était une vielle salope. Elle m’avait pris en grippe. Elle disait à tout le monde : “Si vous ne faites pas de sport, vous serez comme Simon”.

    Ensuite, alors que tous les garçons faisaient des binômes avec les garçons, elle me mettait avec des filles parce que sinon “je n’allais pas y arriver.” Je m’étais promis que quand je serais grand, je retournerai la voir, pour lui casser la gueule. »

    A 20 ans, Simon est retourné dans son école primaire. Il ne voulait plus casser la gueule de Mme S. mais il voulait lui parler, lui dire combien elle l’avait cassé. Il n’a pas pu. Elle était morte d’un cancer.

    Le regard de Pierre Merle

    Pierre Merle dit :

    « Plus la personne est petite, plus les pratiques d’humiliations sont néfastes. C’est une rancœur qui reste toute la vie. »

    Le sociologue ajoute :

    « Ce sont des pratiques condamnables du point du point de vue des textes juridiques qui disent que “dans la communauté éducative, chacun se doit respect.”

    Mais elles sont aussi condamnables du point de vue de la psychologie scolaire, de la sociologie des relations entre profs et élèves. Il n’y a rien qui puisse justifier ce type de pratiques.

    Si ce n’est une société qui ne marche pas très bien. »

    * Certains prénoms ont été changés


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  •  Perturbateurs endocriniens: des avancées mais  encore beaucoup trop d’hésitations.

    (Réseau Environnement Santé )

    Le discours du Président de la République en ouverture de la Conférence Environnementale avait permis d’entrevoir une avancée. Pour la première fois sans doute, un discours présidentiel contenait des mots clef comme « crise sanitaire », « croissance des maladies chroniques », « perturbateurs endocriniens ». Le décalage avec la table ronde Santé Environnement n’en est apparu que plus brutal. Quand aujourd’hui le cancer touche 1000 personnes par jour et que le nombre de nouveaux cas a doublé en 25 ans, comment peut-on affirmer comme la facilitatrice, Agnès Buzyn, présidente de l’INCa, que l’on surestime les risques cancérigènes environnementaux ! Changement de décor quelques semaines plus tard avec le vote unanime du Sénat confirmant l’interdiction du bisphénol A dans les contenants alimentaires et ajoutant même, dans la foulée, deux articles interdisant 3 phtalates (DEHP, DBP, BBP) mais aussi tous les PE et CMR dans les dispositifs médicaux. Cette décision positive est malheureusement entachée par le fait d’avoir porté l’échéance initiale d’interdiction du BPA du 1er janvier 2014 au 1er juillet 2015, à l’exception de la sénatrice EELV Leïla Aichi qui a défendu le maintien de la date initiale. « Notre devoir est de protéger, au plus vite, les populations les plus vulnérables des effets néfastes du bisphénol A » avait pourtant déclaré Marisol Touraine, en introduction au vote, et les sénateurs ont en effet maintenu l’échéance du 1er janvier 2013 pour les produits destinés aux 0-3 ans et celle-ci est donc maintenant définitivement acquise. Pourquoi alors ne pas s’être préoccupé de la même façon des embryons et des fœtus, qui sont les populations les plus fragiles par principe ? Avec le BPA comme avec tous les PE « La période fait le poison ». C’est cela l’enjeu sanitaire du changement de paradigme des PE : 1, 25 million d’enfants vont naître pendant ces 18 mois supplémentaires dont la santé aura été lésée par leur exposition au BPA pendant la grossesse.

    « Nous savons désormais que la qualité de l’environnement est un déterminant fondamental de notre état de santé » a encore affirmé Marisol Touraine. Au RES, nous sommes tout à fait d’accord, et nous ajoutons qu’une économie moderne et compétitive ne peut être basée que sur des produits sains. Loin d’être une contrainte insurmontable puisque les alternatives existent, l’interdiction du bisphénol A est une opportunité de progrès pour l’industrie agroalimentaire française, car les femmes enceintes, en France et ailleurs, qui vont avoir à choisir entre produits sans et avec BPA vont évidemment prendre de préférence les premiers !

    NOUS DEMANDONS DONC AUX DEPUTES DE MAINTENIR LA DATE QU’ILS ONT VOTÉE INITIALEMENT


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  •  
      Un nouveau rapport de la cour des Comptes européenne pointe les conflits d'intérêts à l'EFSA
    Ce rapport étudie les conflits d'intérêts dans 4 agences européennes, dont l'EFSA, l'Agence de sécurité& sanitaire européenne. Le rapport note que à l'Efsa, deux membres du conseil d'administration, dont sa présidente Diana Banati, ont démissionné du fait de leurs responsabilités au sein de l'Ilsi, un lobby de l'industrie agroalimentaire où sont notamment représentés les groupes Monsanto et Syngenta, très actifs dans le secteur des OGM .

    Mais cela n'a pas été le cas de 6 autres experts de l'Efsa qui ont aussi des liens avec cette organisation, et qui ont continué de siéger au comité scientifique ou au conseil de surveillance de l'agence européenne, a relevé la Cour qui s'inquiète de cette «différence de traitement».le rapport sur les conflits d'intérêts dans les agences ici

    Aucune procédure particulière n'est par ailleurs prévue en cas de fausse déclaration d'intérêts dans les 4 agences auditées.

    Pour plus de détails lire le rapport complet ici :
    http://eca.europa.eu/portal/pls/portal/docs/1/17190743.PDF

    Source : JDLE

    Pour information : il n'aura fallu que moins de 3 semaines pour que l'EFSA ne publie une analyse totalement à charge contre l'étude de Gilles Eric Séralini...cet empressement n'est malheureusement pas une surprise et, mis en regard des conflits d'intérêts dénoncés par la Cour des Comptes européenne, pause des questions sur l'indépendance de l'Agence et de ses analyses.

    G E Séralini, de son côté, s'explique en détail face à une commission parlementaire. Vidéo à voir ici : http://www.assemblee-nationale.tv/chaines.html?media=3452&synchro=1736228&dossier=12
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  •   29/09/2012 à 15h45

    Sexe : la pilule qui tue le désir, tabou chez le gynéco

    Renée Greusard | Journaliste Rue89
     

     

    Mis à jourle lundi 24 septembre 2012
    Corrigé : Martin Winckler est français et non canadien.
     

    Beaucoup de femmes ont l’impression d’être longtemps passées à côté de leur sexualité à cause de leur contraceptif, sans que leur médecin les ait jamais averties.


    Une boîte de comprimés (Melanie Tata/Flickr/CC)

    Le saviez-vous ? La pilule pour hommes existe déjà, mais ce qui freine son arrivée dans nos salles de bains c’est, entre autres critères, la peur d’altérer la libido de ces messieurs.

    Ce à quoi, Gaëlle-Marie Zimmerman, chroniqueuse au Plus, répondait très justement que le problème existait pourtant chez pas mal de femmes sans que ça ne choque trop, pour le coup.

    Le mot « colère » revient souvent dans leurs témoignages. Quand elles sont sous pilule, elles ont moins envie de faire l’amour avec leur conjoint. Et elles ne comprennent pas que leur médecin ne les ait pas mises en garde.

    Gaëlle, qui a commencé à prendre la pilule à 15 ans – pour calmer des règles douloureuses –, raconte par exemple :

    « J’ai un peu le sentiment d’être passée à côté de mon éveil à la sexualité, à la venue de la féminité dont tous les magazines parlent mais que je n’ai pas vécue. C’est comme si j’avais subi une castration chimique inconsciente. »

    « Jamais un gynéco ne m’en a parlé »

    A 33 ans, elle est épanouie, mariée, en couple depuis bientôt cinq ans, mais son rapport aux gynécos n’est pas tendre.

    « J’en veux beaucoup à tous ceux qui ne m’ont pas avertie de cette conséquence. Sans doute l’ignoraient-ils. »

    Même sentiment du côté de Laure. Elle a pris la pilule pendant sept ans depuis ses 20 ans. Il y a un an, elle en a eu marre. L’idée de prendre chaque jour ce petit comprimé, pendant une si longue période, la gênait. A l’arrêt de sa pilule, elle a halluciné.

    « Avant j’aimais bien faire l’amour, mais là d’un coup, j’étais toujours partante. J’ai été énervée, jamais un gynéco ne m’en a parlé. »

    En ayant passé la majorité de sa vie sexuelle sous pilule, elle explique qu’elle ne pouvait même pas soupçonner que son désir était faible. C’était normal puisqu’elle avait toujours été comme ça.

    Recueillir des témoignages sur ce sujet est simple. Presque comme un claquement de doigts. C’est même d’ailleurs étonnant de s’apercevoir du nombre de femmes qui affirment avoir une libido en berne sous pilule.

    Des études contradictoires

    Pourtant, du point de vue de la recherche, il n’y a pas vraiment de consensus sur ce sujet. En mai 2010, les chercheurs du centre de Heidelberg en Allemagne révélaient dans une grande étude sur le sujet, que sur un échantillon de 1000 femmes, celles qui utilisaient des contraceptifs hormonaux ressentaient plus souvent une baisse de désir que les autres.

    Mais les résultats étaient immédiatement contestés, comme le raconte Slate.fr, par Vanessa Cullins. Cette gynécologue américaine, vice-présidente de « Planned Parenthood », sorte de Planning familial américain, affirmait alors qu’on n’avait toujours pas trouvé de lien direct entre pilule et réduction de la libido.

    Dans un mémoire sur la contraception et la sexualité qu’il a réalisé en 2006, le gynécologue et sexologue Stéphane Pérez écrivait, lui, que « 10 à 15% des femmes ressentiraient une diminution de leur libido lors de l’utilisation d’une contraception ».

    L’absence de consensus chez les scientifiques est l’un des premiers éléments de compréhension du silence des gynécologues. Béatrice Guigues, vice-présidente du collège national des gynécologues et obstétriciens français dit :

    « C’est sûr que sans étude claire sur le sujet, c’est compliqué à gérer. Il n’empêche notre rôle est d’améliorer la situation de la patiente, même s’il n’y a pas d’étude sur le sujet. »

    Chamboulement d’hormones

    Elle pose donc toujours une question large à ses patientes pour guetter les effets secondaires désagréables, quels qu’ils soient.

    « Est-ce que vous avez des plaintes ? »

    Ce qui est certain, c’est que la pilule chamboule les hormones. Laurent Vandenbroucke gynécologue parisien rappelle la base :

    « Toute contraception hormonale (pilule, anneau, patch, implant) est susceptible d’entraîner des modifications directes de la libido. »

    Comme Béatrice Guigues, il explique aussi que la libido est compliquée.

    « La libido étant aussi un phénomène psychosomatique, l’idée même de contraception peut avoir un impact sur le désir. L’absence ou en tout cas la diminution du risque de grossesse peut avoir un impact non négligeable sur la sexualité. »

    Il ajoute que les transformations même du corps (absence ou modifications des règles, modification des seins, de la lubrification vaginale) jouent aussi.

    « Dès que j’arrête, je me caresse tous les jours »

    Dans la bouche de certains gynécos, les choses peuvent être dites de manière beaucoup moins complexe, pour ne pas dire grossière. Gaëlle raconte :

    « J’en ai parlé à plusieurs gynécos, certains m’ont dit que c’était psychologique, le désir d’enfant... N’importe quoi. »

    Gaëlle sait ce qu’elle ressent, elle le raconte avec beaucoup de précision.

    « Sous pilule, je me masturbe une fois par mois grand max et je n’ai jamais envie. Mais dès que j’arrête, j’ai envie tout le temps et je me caresse tous les jours, que je sois en couple ou non. Ce changement est même effrayant tant je n’y suis pas habituée. »

    Elle s’est rendu compte des variations de son désir seule. Comme d’autres. Hélène raconte, elle, par exemple, que sa grossesse lui a révélé cette chute de libido sous pilule. Elle a 29 ans et a accouché l’année dernière.

    « Quand j’ai arrêté d’allaiter, j’ai repris la pilule. Et là, je n’avais plus envie de rien. »

    « Je m’en suis rendu compte naturellement »

    Pour elle, ce risque est à peine connu. Elle ne comprend même pas qu’il ne soit pas plus évoqué en consultation. Il lui a fallu parler avec une amie elle-même dans cette situation pour s’alerter.

    Samia raconte sensiblement la même histoire. Je lui demande si elle a abordé le sujet en consultation gynéco, elle répond :

    « Non je n’en ai pas parlé à ma gynéco, elle n’a d’ailleurs jamais abordé ce sujet avec moi... »

    Parler de sexe en consultation : la gêne ?

    Pour certains gynécos si le sujet n’est pas abordé, c’est que les patientes n’en parlent pas. Et aborder la question de la sexualité ne va – paradoxalement – pas du tout de soi pour beaucoup de gynécologues. Laurent Vandenbroucke :

    « Il ne faut pas oublier que les médecins gardent une part d’humanité et aborder le sujet de la sexualité n’est pas forcément aisé… Pour eux, comme pour les patientes !

    Les médecins ne posent pas toujours la question, les patientes n’osent pas toujours en parler. »

    S’il précise penser que la plupart de ses confrères « sont à l’écoute des patientes », il n’hésite pas non plus à dire que la question de la sexualité de la patiente est un tabou chez beaucoup.

    Ils craignent d’être intrusifs, voire estiment que ça ne les concerne pas. Que c’est du domaine privé. Je lui demande comment c’est possible. Il parle de la formation reçue par les gynécos : la sexualité y est absente.

    « La sexualité, pendant les études, c’est un “item” que personne ne prend. Parce que tout le monde sait que ça ne tombera pas à l’internat.

    En France, il y a toute une approche psychanalytique de la sexualité, l’approche pratique, physique, n’existe pas. »

    La contraception, spécialité peu prestigieuse

    A cela s’ajoute une question encore plus taboue, dont lui n’hésite pas à parler. La contraception des femmes, ce n’est pas une spécialité prestigieuse chez les gynécos. En tous cas pas autant que les accouchements ou les grossesses à risques.

    « La contraception fait partie de la médecine générale de la gynéco et pendant notre cursus, on n’a qu’une heure qui y est consacrée. »

    Pendant toute la durée des études de gynécologie, jamais, explique-t-il, un stage n’est proposé aux étudiants chez un libéral, en ville ou au Planning familial.

    Les étudiants qui s’y intéressent le font par choix personnel, par féminisme parfois aussi, comme Laurent qui cite volontiers Martin Winckler. De ce médecin et écrivain, connu pour son site de réponses aux femmes dans leurs questionnements gynécologiques, Laurent Vandenbroucke dit qu’il n’est pas très apprécié de ses confrères :

    « En France, on a dix ans de retard sur les questions de contraception. Les choses commencent à peine à changer. Jusqu’à présent, on résumait les problèmes à des patientes bêtes qui prenaient mal leur pilule. [...]

    Rares sont les femmes qui ont le droit à un vrai interrogatoire, pour comprendre la contraception dont elles ont besoin. »

    « Qu’est-ce que la prise en charge gynéco ? »

    Dernière explication possible, les conditions de travail qui ne sont pas optimales. Stéphane Pérez, le gynécologue de Lille, explique :

    « Demander à une patiente de parler des effets secondaires de sa pilule ou de sa sexualité, ça prend un peu de temps et on ne sait pas combien de temps ça peut durer. »

    Il pose alors la question centrale, celle qui se dessine à travers tous ces témoignages.

    « Qu’est-ce que la prise en charge gynécologique ? N’est-ce pas pour beaucoup de femmes la seule occasion de pouvoir parler de leur sexualité ? »

    Deux questions qui en entraînent mille autres. Un gynécologue n’est-il que le médecin du corps de la femme ? Doit-il tenter de parler avec elle de son épanouissement sexuel ? Les gynécologues devraient-ils recevoir une formation en sexologie ? Et vice versa ?

    Laure est aujourd’hui de nouveau en couple. Elle dit que ne plus prendre la pilule lui a donné la sensation de changer de vie et elle réfléchit à l’après. Reprendre ou pas la pilule ?

    « Le but de la pilule, c’est quand même de pouvoir baiser. Là c’est sûr et certain que cette chute de libido, c’est le gros truc qui me fait hésiter à la reprendre aujourd’hui. »


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  •  OGM : l’EFSA a manqué à une déontologie élémentaire

    Modifié le 07-10-2012

    Avatar de Corinne Lepage   Par    Eurodéputée

    LE PLUS. L'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a rendu un avis qui tend à invalider l'étude du chercheur Séralini sur la toxicité des OGM. Pour Corinne Lepage, auteure d'un livre récemment publié sur ce sujet, il pourrait bien y avoir un conflit d'intérêts mettant en évidence un manquement déontologique grave de la part de l'EFSA. Explications.

    Édité par Gaëlle-Marie Zimmermann

    La méthode d’évaluation de l’étude sur les OGM est assez surprenante car assez inhabituelle de la part d’une agence.

    Une fois de plus, elle prouve la manière dont l’EFSA couvre sa propre responsabilité dans le dossier OGM et la façon dont elle se protège. Reconnaître la validité de l’étude reviendrait à couper la branche sur laquelle elle s’est assise depuis des années, puisque tous les avis qu’elle a rendus sur les OGM étaient positifs.

    L'EFSA se contente de compiler les arguments des détracteurs de Séralini

    D’ailleurs, le pré avis fourni par l’EFSA me laisse perplexe car on y retrouve mot pour mot les critiques et les attaques fournies par les opposants à l’étude. De la race des rats, aux nombres de rats par cohorte, en passant par les protocoles OCDE invoqués en cancérogénèse (alors qu’il s’agit d’une étude de toxicologie), l’agence ne semble rien faire d’autre que copier-coller les arguments des détracteurs de Gilles-Eric Séralini. Et ceci sans même se rendre compte que les avis qu’elle-même a fournis l’ont été sur des critères qui se sont révélés bien moins exigeants que sur l’étude en question.

    Alors quand j’apprends avec consternation que le peer reviewier, (c’est-à-dire l’expert examinateur de l’étude) qui a travaillé au pré avis rendu par l’EFSA jeudi dernier, est en fait l’un des rédacteurs de l’avis qui a été soumis au panel OGM en 2003, je note une fois de plus, un non-sens et un conflit déontologique. Cela le rend en même temps juge et partie sur cet avis.

    Malgré les engagements de réforme donnés aux députés européens lors de son audition en commission Environnement santé publique et sécurité alimentaire, le 20 septembre dernier, l’EFSA prouve les lacunes liées à l’évaluation de risques sanitaires alors que les européens ont besoin de confiance et de transparence. La mission de l’EFSA est d’assurer la sécurité des européens et non de couvrir des évaluations insuffisantes.

    On ne peut pas être à la fois juge et partie : l'EFSA doit en tirer les conclusions

    L’organisation de sa responsabilité est totalement à revoir. L’article 23 du fonctionnement de l’EFSA prévoit que les tâches de l'Autorité sont les suivantes:

    1. Veiller à ce que le public et les parties intéressées reçoivent rapidement une information fiable, objective et compréhensible dans les domaines qui relèvent de sa mission ;

    2. Exprimer de manière autonome ses propres conclusions.

    La remise en cause par l’agence de l’étude de Gilles Eric Séralini devrait conduire, si cela était suivi dans l’avis, à remettre en cause toutes les autres études et c corollairement à publier toutes les données brutes de toutes les études.

    J’avais lors de l’audition attiré l’attention de la directrice de l’EFSA sur le fait que les pairs ayant à évaluer cette étude ne devaient pas être les mêmes que ceux qui avaient travaillé à l’avis initial. Manifestement l’EFSA fait la sourde oreille, ne voit pas l’utilité de travailler avec ce type d’experts ou fait fi de toute déontologie.

    Les évaluateurs ne devraient pas être les normalisateurs. Mais là encore, le travail reste totalement à faire. En témoigne le profil du deuxième examinateur de l’étude Alberto Mantovani. Il représente le panel pesticides de l’EFSA, pour la relecture de l’étude de Gilles Eric Séralini, et s’avère aussi membre de l’Endocrine Disrupters Tesing and Assessment - EDTA Task Force de l’OCDE qui fait les normes. La boucle est bouclée.

    Catherine Geslain-Lanéelle doit en tirer les conclusions utiles en démissionnant.


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  •  

    Depuis 3 ans, le 29 août est consacré « journée nationale contre les essais nucléaires ». Entre 1960 et 1996, la France en a réalisé 210 dans le Sahara algérien puis en Polynésie française sur les atolls de Moruroa et Fangataufa. Les vétérans victimes de ses essais veulent obtenir une reconnaissance de leur service rendu.

    En 1968, Pierre Marhic est sous officier dans la marine française. Détecteur radariste, il est embarqué sur le Clémenceau en Polynésie française et va notamment assister à l’opération Canopus (essai de la bombe H). A l’époque, « la mesure de protection pour les essais à l’air libre, c’était de placer le personnel à une distance de sécurité en éloignant le bateau, la vieille du tir, à 100/200 km et de nous confiner dans le bateau au moment de l’essai pour que l’on ne soit pas flashés par la bombe. Le lendemain, nous circulions tranquillement sans aucune protection…Nous n’avions aucune conscience du danger. Jamais nous n’avons eu de réunion de mise en garde par les médecins militaires », relate celui qui est aujourd’hui président de l’association nationale des vétérans victimes des essais nucléaires (ANVVEN).

    Des milliers de victimes

    Pierre Marhic lutte depuis 14 ans contre un lymphome. Comme lui, de nombreuses personnes, militaires ou civils, ayant travaillé sur les sites des essais ou à proximité, souffrent de cancers. Selon l’association, sur les 150 000 vétérans concernés par les essais, ces victimes se chiffreraient par milliers. Pour autant, à la date du 29 juin 2012, le comité d’indemnisation des victimes (CIVEN), n’a examiné que 549 dossiers (sur 755 demandes reçues). Et seulement 4 ont été indemnisés. Un taux de rejet de 99,3% ! « Sachant que nous souffrons surtout de cancers généraux, qui touchent le poumon, le foie, le colon ou le sang, le lien est moins évident que pour le mésothéliome avec l’amiante par exemple », explique Pierre Marhic. Il existe cependant des études, publiées notamment par l’Inserm.

    En 2010, l’une d’elles menée par l’équipe de Florent de Vathaire (Directeur de Recherche Inserm - Université Paris-Sud 11 à l’Institut Gustave Roussy) concluait notamment que le risque de cancer de la thyroïde augmentait légèrement avec la dose d’irradiation reçue suite aux essais nucléaires. En juillet 2012, après des analyses sur 15 dossiers individuels dans le cadre de l'enquête ouverte à la suite de la plainte déposée fin 2003 par l'Association des victimes des essais nucléaires (Aven), le même chercheur déclarait pouvoir établir pour 6 d’entre eux un lien « vraisemblable » entre les retombées radioactives et les cancers de militaires exposés. D’ici la fin de l’année, une nouvelle étude épidémiologique, réalisée par un laboratoire du Morbihan, Sepia-santé, devrait également être publiée. « Il s’agit d’une étude de morbidité sur l’incidence des affections de longue durée sur les survivants de ces essais qui disposaient à l’époque d’un dosimètre », explique Claire Ségala, médecin épidémiologiste en charge de l’étude. Celle-ci, dont les résultats attendent d’être validés par un comité scientifique, pourrait notamment permettre d’inscrire de nouvelles pathologies à la liste des pathologies radio-induites.

    Une loi à modifier

    Par ailleurs, l’un des principaux freins à la reconnaissance, pour l’ANVVEN et d’autres associations de victimes, est l’article 4 de la Loi Morin relative à la reconnaissance et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français, votée le 12 janvier 2010. « A l’époque, les députés – de droite- ont trahit l’esprit de la loi qui voulait renverser la charge de la preuve en demandant à l’administration de prouver que les essais n’étaient pas en cause », estime Pierre Marhic. Une phrase -« l'intéressé bénéficie d'une présomption de causalité à moins qu'au regard de la nature de la maladie et des conditions de son exposition le risque attribuable aux essais nucléaires puisse être considéré comme négligeable »- rend cela impossible. Le 21 juin, le tribunal administratif de Papeete a d’ailleurs annulé les décisions de rejet des indemnisations à cause de son article 4. « Nous espérons que cette décision fasse jurisprudence pour les autres affaires en cours, une dizaine environ », veut croire Pierre Marhic. En attendant, l’ANVVEN demande à ses adhérents (une centaine de victimes) de ne plus envoyer de demandes d’indemnisation au CIVEN tant que l’article 4 ne sera pas amendé et d’envoyer une lettre au nouveau ministre de la Défense, Jean Yves Le Drian. « L’impact sanitaire est volontairement minimisé, renchérit le réseau sortir du nucléaire. La France a enfin reconnu que ses essais nucléaires avaient fait des victimes, mais celles-ci voient toujours leurs droits déniés. La « loi Morin » de 2010 a confié au ministère de la Défense le pouvoir de reconnaître et d’indemniser les victimes. Cette loi, même modifiée par un récent décret de mai 2012, impose des conditions très restrictives pour la reconnaissance des droits des victimes », explique le réseau dans un communiqué. « La gauche nous a toujours soutenu jusqu’à présent, si elle ne fait rien c’est à désespérer », conclut Pierre Marhic.

    Ailleurs dans le monde, de nombreuses associations luttent également pour faire reconnaître leur prise en charge. En août 2011, plusieurs d’entre elles ont lancé un appel aux Nations Unies, à qui elles demandent une réelle prise en charge des victimes d’essais nucléaires dans le monde et la programmation d’une décennie (2012-2021) pour le nettoyage, la réhabilitation et le développement soutenable des régions contaminées (http://appelinternationalessaisnucleaires.org).

    Béatrice Héraud
    © 2012 Novethic - Tous droits réservés

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  •   Lien entre essais nucléaires et cancers : peut mieux faire

    Créé le 17-07-2012 
    Morgane Bertrand    Par
     

    Un rapport établit un "lien probable" entre essais nucléaires français et certains cas de cancers. Mais ne tranche pas le débat, esdtime-t-on à l’IRSN. Interview.

     

    Le lien entre l'exposition des vétérans de Polynésie française à la radioactivité et le développement de cancers chez certains est difficile à démontrer. (PINSON CHRISTIAN/SIPA)

    Le lien entre l'exposition des vétérans de Polynésie française à la radioactivité et le développement de cancers chez certains est difficile à démontrer. (PINSON CHRISTIAN/SIPA)
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    Un "lien vraisemblable" existe entre des retombées radioactives liées aux essais nucléaires français en Algérie et Polynésie française et les cancers de certains militaires exposés, estime mardi 17 juillet dans "le Parisien" l'auteur d'expertises médicales effectuées pour la justice. Florent de Vathaire, directeur de recherche en épidémiologie à l'Inserm, explique ainsi avoir pu, "construire un faisceau de présomptions qui permet de dire que le lien entre les retombées radioactives et les cancers est vraisemblable pour certains des cas expertisés".

    Nouveau ? Le lien entre exposition à la radioactivité et augmentation de la probabilité de certains cancers est déjà connu, mais ce lien n’a pas été démontré jusqu’à ce jour chez les vétérans des essais nucléaires, comme l’explique Jean-René Jourdain, radiobiologiste à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Selon lui, l'expertise de Florent de Vathaire n'apporte pas de réponse claire.

    Que vous inspirent les révélations du "Parisien" sur le lien entre les essais nucléaires et l’état de santé des militaires français exposés ?

    - Il n’y a guère de révélation dans le rapport judiciaire de Florent de Vathaire. En tant qu’expert judiciaire, ce chercheur a expertisé 15 dossiers et identifié pour 6 d’entre eux un faisceau de présomption permettant de conclure à un lien probable. Mais il s’agit d’une étude au cas par cas, ce qui n’a pas la même portée qu’une étude épidémiologique. Et dans "Le Parisien", il reste très flou : on ne sait pas de quelles pathologies il parle, ni à quelles pièces du dossier médical il a eu accès pour réaliser son expertise (dosimétrie dans les urines, le sang, historique de l’exposition…).

    Que sait-on à ce jour des liens entre exposition à la radioactivité et cancer des personnes exposées ?

    - Etablir le lien de causalité entre une exposition environnementale et un cancer est un exercice très délicat tant il est difficile de faire la part des choses. Le comité de l’ONU a classé ces liens en trois catégories. Dans la première, les cancers pour lesquels le lien entre exposition et augmentation du risque est une certitude absolue. C’est le cas des leucémies, ou des cancers du colon. Le risque augmente alors avec la dose.

    Dans la deuxième catégorie : les cancers pour lesquels existe la suspicion d’un lien mais pas d’étude épidémiologique formelle. Il s’agit par exemple des cancers du poumon liés au radon, difficiles à distinguer de ceux liés au tabac. Troisième catégorie : les cancers pour lesquels il n’y a pas de lien établi, comme celui de la prostate.

    Et dans le cas particulier des militaires exposés lors des essais nucléaires en Polynésie et Algérie dans les années 1960, que sait-on ?

    - Une étude importante a été réalisée et publiée en 2011 à la demande de l’Observatoire de la santé des vétérans. Les chercheurs ont pris une cohorte de 26.524 vétérans français des essais nucléaires du Pacifique, et se sont penchés sur la cause du décès de 5.492 personnes parmi eux. Ils ont ensuite regardé si ces personnes avaient ou non été exposées à la radioactivité au cours des quarante dernières années.

    Résultat : l’étude montre une augmentation des décès par hémopathie (maladie du sang, mais non cancer) chez les vétérans pour lesquels il y a eu une dose enregistrée, par rapport à ceux qui n’en n’ont pas eu. L’excès de risque est de l’ordre de 20%. Des études similaires réalisées dans d’autres pays aboutissent aux mêmes conclusions.

    Une deuxième étude est en cours sur ce même groupe, qui ne s’intéresse non plus aux vétérans décédés mais aux vétérans vivants malades. Elle identifie les types de maladies dont ils sont atteints, leurs causes, et les différences qui existent entre vétérans exposés ou non. Les résultats sont attendus pour 2013. Cette étude permettra d’affiner les résultats de la première.

    Y a-t-il des études d’impact sur les populations locales ?

    - Florent de Vathaire a tenté en 2010 de mettre en évidence un lien entre les expositions et les cancers de la thyroïde. Il est parti du fait qu’après la catastrophe de Tchernobyl, 8.000 enfants, principalement âgés de moins de 4 ans au moment de l’accident, ont développé ce cancer. Le chercheur est donc allé voir en Polynésie, où des essais aériens ont été réalisés. Mais son étude porte sur 239 cancers, ce qui est trop peu pour tirer des conclusions sur le plan épidémiologique.

    Cette fois, l’expertise de Florent de Vathaire permet tout de même aux familles des victimes d’espérer des indemnisations et la levée du secret-défense...

    - Certes. Il n’est pas impossible qu’il y ait eu des failles de protection, ce que soutiennent les vétérans. Pour se protéger de la contamination, un masque est nécessaire. Certains en avaient, d’autres pas. Et contre l’irradiation, la seule protection est la distance.

    Les lieux sont-ils encore contaminés ?

    - Les deux atolls sur lesquels ont eu lieu des essais ne sont pas accessibles au public. A ma connaissance, les militaires qui les occupent sont en bonne santé. L’IRSN a, par ailleurs, un laboratoire à Tahiti, qui réalise des prélèvements dans l’environnement et publie un rapport tous les ans sur les taux de radioactivité, y compris sur l’archipel des Gambier, le plus touché, au sud-est de Tahiti. Dans toutes ces îles, on ne mesure plus de taux élevés de radioactivité. Les taux sont comparables au bruit de fond observé dans les territoires non impactés par les retombées.


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