•   Comprendre les étiquettes : qu’est-ce que le E211, ou benzoate de sodium (21/06/2013)

     
    (Crédit photo : K. Shimada - Wikimédia)
    « Terra eco » vous aide à décrypter les étiquettes et à choisir vos aliments. Au tour du benzoate de sodium, appelé aussi E211.

    Où le trouve-t-on ? Cet additif est rare. On ne le trouve que dans 36 des 7700 produits courants référencés dans la base collaborative Open Food Facts. Il est utilisé dans la fabrication de nombreux sodas (encore eux !), dans les sauces et le tarama.

    A quoi sert-il ? C’est un produit de synthèse, obtenu à partir d’acide benzoïque. On le trouve à l’état naturel dans de nombreux fruits et légumes.

    Comment est-il fabriqué ? Il est obtenu lors de la synthèse de l’acide nitrique.

    Effet indésirable : « Des études montrent que cet additif pourrait être impliqué dans le syndrome d’hyperactivité et des troubles de l’attention », nous rappelle Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition de l’Institut Pasteur de Lille. Ce que confirme Aurèle Clémencin, directeur scientifique de l’Institut Notéo qui ajoute : « L’Agence américaine de sécurité et de santé indique qu’il peut aussi engendrer des effets sur le système rénal ou hépatique. Dans une moindre mesure, cet additif peut aussi perturber le système digestif. »

    Précaution d’usage : « Il faut veiller à limiter sa consommation », recommande Jean-Michel Lecerf. De même pour l’institut Noteo, qui confère à cet additif une note de 8,7/20 « avec une consommation devant être raisonnable ».


    Terra eco vous aide à décrypter les étiquettes et à choisir vos aliments. Retrouvez la liste des additifs décryptés par ici, et nos explications sur la gélatine (E428 et E441) , le nitrite de sodium (E250), le carraghénane (E407), le glutamate monosodique (E621) et le nitrite de sodium, la saccharine de sodium (E954iv). A venir, l’amidon modifié (E1403).


    votre commentaire
  • Du nouveau sur La Fabrique hexagonale…  (Allez sur le site de la Fabrique hexagonale)
    ''
    Les zabutons made in France de Madame Mo
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/les-zabutons-made-in-france-de-madame-mo/

    L'été arrive (si si...) et avec lui le temps de profiter de la vie en plein
    air. Pour agrémenter son salon de jardin, ou simplement s'installer n'importe
    où confortablement, Madame Mo propose une gamme de zabutons. Ces traditionnels
    coussins carrés venus d'Extrême-Orient sont utilisés quotidiennement pour
    s'asseoir à table ou pour lire. Chez Madame Mo, [...]

    30 à 40 % de remise chez Marie Puce sur tout lemade in France, et le reste
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/30-a-40-de-remise-chez-marie-puce-sur-tout-lemade-in-france-et-le-reste/

    Comme chaque année, Marie Puce organise ses ventes privées pour permettre à
    ses fidèles clients de faire de bonnes affaires avant la cohue des soldes
    officiels. Dès le jeudi 20 juin, la marque parisienne de prêt-à-porter pour
    enfant et jeune femme propose ainsi de 30 à 40 % de réduction sur toute la
    collection, hors « accessoires, maillots [...]

    Vide Dressing, pour acheter en ligne des produits d'occasion de qualité
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/vide-dressing-pour-acheter-en-ligne-des-produits-doccasion-de-qualite/

    Notre époque est à la consommation à outrance, mais la crise qui s'éternise
    fait changer les comportements. Ainsi peut-on observer la montée en puissance
    du commerce de produits d'occasion. Exemple : Vide Dressing, qui vend en ligne
    vêtements, chaussures et accessoires pour toute la famille.

    Devialet lance deux nouveaux modèles et se démocratise
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/devialet-lance-deux-nouveaux-appareils-et-se-democratise/

    « Un jour, tout le monde aura un Devialet ». C'est avec cette affirmation
    que le site Internet de l'entreprise française accueille les visiteurs. Avec le
    D-Premier — aujourd'hui remplacé par le 240 — à 13 000 euros, ce
    n'était pas gagné ! Un tel modèle ne s'adresse en effet qu'à une clientèle
    de passionnés fortunés. A 6 990 euros, le [...]

    L'Edito : une belle idée histoire qui s'achève
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/ledito-une-belle-idee-histoire-qui-sacheve/

    « Après des années passées à lancer un nouveau concept, nous devons
    constater que le marché n'a pas répondu à nos attentes. Le développement de
    notre activité ne permet pas d'envisager de trouver les fonds nécessaires à
    la poursuite des investissements. »

    C'est en ces termes que la société L'Edito annonce sur son site Internet la
    fin de [...]

    Voici les quelques informations parues sur La Fabrique hexagonale au cours de la
    semaine passée
    Bonne lecture,
        La Fabrique hexagonale
                     contact@lafabriquehexagonale.fr


    votre commentaire
  •  Terra Eco   08/06/2013 

    Lait, couches : les techniques des marques pour s’imposer dans les maternités

    Terra Eco"       Karine Le Loët
     

    Boîtes cadeaux, dons de couches ou lait infantile… Les marques paient au prix fort le droit de capter, au berceau, la clientèle novice et réceptive des maternités.

    L’histoire commence à l’heure où, le ventre tout juste saillant, vous poussez la porte de la maternité. Avant de passer voir la sage-femme pour une visite mensuelle, vous recevez une pochette en tissu. L’irruption de votre enfant vous donnera plus tard droit à une seconde trousse gorgée de fascicules, échantillons (couches, lingettes, produits désinfectants pour les mains…) et de bons de réduction. Bienvenue dans le monde merveilleux des boîtes cadeaux.

    Pour les marques qui entrent dans la composition de ces colis, l’accouchement est une occasion en or. « Nous encourageons les annonceurs à ne pas rater ce moment de la vie de la famille », explique Alain Germillon, président de la société Family Service, qui distribue ces colis.

    Car « au-delà des produits de consommation courante, les familles changent parfois de voiture, d’assurance, d’habitation », abonde Agnès Scamps, directrice marketing et communication de Primavista, société concurrente qui a goulûment avalé, le 11 décembre dernier, Family Service.

    Ensemble, les deux boîtes touchent désormais 95% des maternités de France. « Les mamans sont en attente de conseil, elles veulent connaître les produits », poursuit Agnès Scamps. Et des conseils, les fabricants en ont à revendre.

    « Un mode d’emploi du bébé »

    Dans les colis, des petits guides conseillent la future mère sur son alimentation, rappellent les dangers du tabagisme, détaillent le développement de l’enfant. Ces « modes d’emploi du bébé » seraient indispensables pour « prendre le relais » du personnel médical, en sous-effectif, selon Alain Germillon. Résultat :

    « Les colis sont des supports d’information extrêmement importants pour les jeunes familles. Elles en sont très dépendantes. »

    L’hôpital est aussi le lieu où les patients baissent la garde. Alors quand apparaissent les colis sur la table de chevet, « les mamans sont convaincues que c’est un cadeau de la maternité », assure Alain Germillon. Pensent-elles que le contenu leur est recommandé par le corps médical ? Ont-elles tendance à rester fidèles aux marques « prescrites » ? Les industriels en font le pari.

    Auprès de Primavista, ceux-là règlent le coût d’un référencement publicitaire (entre 75 000 et 95 000 euros pour apparaître dans l’une des trois trousses – prénatale, natale, post-natale – diffusée à 800 000 exemplaires par an chacune en moyenne), auquel s’ajoute le prix de fabrication de l’échantillon, de la brochure, ou le coût engendré par le bon de réduction…

    Pour être présente dans les guides de conseil, la marque devra débourser 35 000 à 40 000 euros par page annuellement. L’opération est-elle tout de même rentable ? Oui, car ce prix « n’est pas du tout comparable au coût d’une campagne télévisée », assure Agnès Scamps. Mieux, la cible visée – les jeunes mamans – est non seulement « couverte à 95% », mais est en prime « réceptive » et saisie dans un moment adéquat.

    « C’est un premier contact très positif avec les marques », souligne-t-on dans un document transmis par Primavista. Résultat : un retour sur investissement « entre 2% et 30% » toujours selon le même document, « contre 1% à 2% sur d’autres mécaniques comparables (échantillonnage sur les autoroutes, en magasins, etc.) ».

    Gallia un jour, Gallia toujours

    Mais l’attachement futur dépend aussi de la technique d’abordage : « Si, quand la maman ouvre le colis, elle trouve une brochure Pampers, un échantillon Pampers et qu’elle dispose de couches Pampers à la maternité, c’est mieux », précise Alain Germillon.

    Pour être sûr de ne pas rater son rendez-vous avec la mère, sa société a développé une chaîne – Happy baby TV – diffusée dans les chambres de 80 maternités (sur 520 maternités en France) et qui, outre les programmes d’information, diffuse des spots télévisés. Une stratégie d’encerclement que la directrice marketing de Primavista résume simplement : « Il faut multiplier les points de contact ».

    Ça tombe bien, des points de contacts avec les jeunes mamans, la maternité en fournit des tas. Pour langer les petits, l’hôpital procure des couches et, pour celles qui n’allaitent point, des mini-biberons prêts pour la tétée (aussi appelé nourettes). Si vous accouchez à l’hôpital de Nantes, votre enfant sera peut-être langé aux Huggies, à Paris aux Pampers.

    C’est par appel d’offres que les marques gagnent le droit d’emmailloter votre bébé pour une durée donnée. « C’est très important pour nous. Une maman qui va utiliser cette première couche, si elle est satisfaite, va continuer sur ces pas », précise Julien Witenberger, en charge des relations extérieures chez Procter & Gamble, la maison-mère de Pampers.

    C’est aussi par appel d’offres que les fabricants de laits infantiles sont sélectionnés pour fournir les nourettes. Mais ce ne fut pas toujours le cas. En 1996, un rapport du Conseil de la concurrence révélé par Le Parisien dénonçait la pratique des « tours de lait ».


                         Un biberon (Narissa’s Ring/Flickr/CC) 

    Fini le don de nourettes

    A l’époque, les fabricants donnaient gracieusement des préparations aux maternités qui les distribuaient à tour de rôle. Mais pour gagner le droit d’entrer dans la valse, des subventions étaient versées dans diverses escarcelles (formations, congrès, associations) par les fabricants. Elles sont détaillées dans un document du Conseil de la concurrence de 2001 :

    Pour enrayer la pratique – et pour encourager l’allaitement maternel –, l’Etat a voulu s’assurer que l’argent irait bien de la maternité aux fabricants et non l’inverse : le don de nourettes fut banni et l’hôpital dût les acheter. C’est le sens d’un décret publié en 1998.

    La fin des tours de lait ? Pas vraiment. En 2007, un rapport très éclairant du même Conseil de la concurrence démontrait leur persistance.

    En clair, quatre sociétés (Nestlé-Guigoz, Blédina, Milupa-Nutricia, Sodilac) se partageaient alors le marché. S’il leur était interdit de céder gratuitement leurs laits aux maternités, elles payaient bien le droit d’apparaître dans la chambre des mamans à travers le versement de subventions, dont le montant dépendait du nombre d’« enfants captés ». En 2006, la note s’élevait à :

    • un peu moins de 10,5 millions d’euros pour Nestlé-Guigoz ;
    • 8,5 millions pour Blédina ;
    • 2 à 3 millions pour Milupa-Nutricia ;
    • 3,1 à 3,25 millions pour Sodilac.

    « Les flux financiers réels vont bien du fournisseur vers la maternité et non l’inverse, comme pourrait le laisser croire la seule prise en compte du mécanisme de marché public », soulignait alors le Conseil de la concurrence. Un procédé payant puisqu’entre 2001 et 2005, les sociétés concernées empochaient, à elles quatre, 95% des ventes en grandes et moyennes surfaces et 52% des ventes en pharmacies.

    La fin des tours de lait ? Et aujourd’hui ?

    A en croire les hôpitaux comme les marques, le tour de lait est désormais enterré. Martial Coupry, responsable de la restauration au CHU de Nantes :

    « Les contrats de fourniture de lait sont attribués via des appels d’offres classiques. La commission technique juge la qualité du produit [couleur, aspect, composition, goût du lait, présentation et recyclage des nourettes, ndlr] qui pondère l’offre économique. Cette pratique du tour de lait ne me parle pas. Peut-être que je suis trop récent dans le monde hospitalier. »

    Il est pourtant en poste depuis 2004.

    Et les subventions ? « En tout cas, pas à mon niveau », confie-t-il. Marc Dommergues, chef de service à la Pitié-Salpêtrière, nous précise par e-mail :

    « A l’APHP, les achats sont groupés par une centrale et les marchés sont indépendants des services. A ma connaissance, la pratique des tours de lait a disparu. »

    Béatrice Grout, nutritionniste et responsable de la biberonnerie au CHU de Rouen, précise :

    « Si le labo donne des subventions, je ne suis pas informée. En tout cas, ça ne fait pas partie de notre appel d’offres. »

    Pourtant, les marques qui se fraient un passage entre les lèvres ou s’accrochent au bassin des nouveaux-nés sont bien toujours les mêmes. En janvier 2013, selon Julien Wittenberger, Pampers était présent dans 90% des structures hospitalières. Pour les laits, même chose.

    Ces dernières années, Blédina, Nestlé, Guigoz, Nutricia, Sodilac se sont partagés les marchés de l’APHP. Pourtant, les prix proposés sont grosso modo les mêmes d’une marque à l’autre.

    « La qualité et la composition des formules sont quasiment équivalentes, alors quand on n’arrive pas à se mettre d’accord, on partage l’année en quatre et on fait travailler quatre laboratoires [de lait, ndlr] », explique Béatrice Grout du CHU de Rouen.

    Pourquoi retrouve-t-on toujours les mêmes acteurs ? « On va avoir tendance à faire appel à un labo avec lequel on a une bonne relation, avec lequel on n’a pas eu de rupture de stocks. C’est vrai que quand on ne connaît pas une marque, elle peut avoir une note moyenne lors de l’appel d’offres », poursuit-elle.

    Toujours des subventions

    La seule raison du choix ? Pas sûr. Car le robinet des subventions ne s’est pas totalement tari, même s’il a changé le cours de son flux. Bruno Carbonne, chef du service obstétrique de l’hôpital Trousseau, à Paris, nuance :

    « Avant, il y avait une aide donnée aux services au prorata des naissances pour la référence de tel ou tel produit. Aujourd’hui, il y a toujours des aides mais qui n’ont pas de lien avec le produit utilisé. Les subventions ne sont pas versées à condition que le produit soit représenté. »

    La preuve ? « Il n’y a qu’un gynéco-obstétricien présent dans la commission qui décide des appels d’offres dans un panel de 7, 8, 10 personnes », poursuit-il.

    Pourtant, l’argent des industriels du lait continue de filer vers une association du service dédiée à la formation et à la recherche. Au CHU de Rouen, il sert à financer un programme de recherche de périnatalité. Nestlé lui aussi confirme verser des subventions directement aux services.

    Des sous très utiles à l’économie de ces derniers. Bruno Carbonne :

    « La formation continue est obligatoire mais les financements apparaissent et disparaissent au gré des réformes du système. Aujourd’hui, si vous demandez une formation à l’hôpital, on vous répondra qu’il n’y a pas d’argent. Or, pour des sage-femmes et des médecins, assister à des congrès, des colloques est indispensable ! »

    Mais pourquoi les industriels s’entêtent-ils à payer, si leur argent n’achète plus la garantie de nourrir les plus petits ?

    « Même s’il n’y a pas de retour sur investissement directement, il y a toujours un intérêt à être connu et identifié dans le milieu médical. Quand une patiente demande un conseil, on va plus avoir tendance à conseiller un produit dont on a entendu parler plus récemment. C’est toujours important de maintenir une présence parmi les médecins. »

    Mais les choses changent. « Aujourd’hui, certains labos ont décidé de ne plus verser de subventions aux services. Ils se rendent compte que les obstétriciens ne pèsent plus lourd dans les décisions et que le retour sur investissement n’est pas bon, précise Bruno Carbonne. C’est le cas d’au moins un labo qui détient le marché Sud de l’APHP [Guigoz selon nos informations, ndlr] ». Une information non confirmé par Nestlé, la maison mère de Guigoz..

    Malgré les préconisations de l’OMS qui interdit le don de lait infantile, le cours de l’argent n’a pas changé de sens : il va bel et bien toujours des fournisseurs de lait vers la maternité et non l’inverse.

    Après la maternité, le matraquage continue

    Le passage à la maternité est terminé. Votre enfant porte encore des Pampers aux hanches et sur la langue le goût du Gallia. Changerez-vous de crémerie ? Pour être sûres que non, les marques vous suivent jusqu’à la maison. Dans votre boîte e-mail, les courriers apparaissent. Surprise : ils mentionnent le prénom de votre enfant, son âge mois après mois, votre adresse et votre étage ( !). L’hôpital a-t-il vendu vos coordonnées ?


                                           Capture d’écran

    « Sachez que les maternités ne diffusent aucune coordonnée de leurs patientes, répond Marie-Hélène Charmasson, responsable communication externe de Blédina par e-mail. Ce sont les mamans elles-mêmes qui renseignent leurs noms et contacts, soit avec la boîte rose offerte en maternité (en remplissant le coupon leur permettant de bénéficier de réductions), soit via des sites internet spécialisés (en cochant la case : “j’accepte de recevoir des informations de vos partenaires”). »

    Parfois, le passage d’une photographe suffit. Celle-là vient à votre chevet de jeune maman vous proposer un cliché de votre bébé, et vous demande de renseigner vos noms et adresse e-mail. L’entreprise s’appelle Primaphot. Elle appartient au groupe Primavista, le même qui vous a fourni les pochettes roses pleines d’échantillon et de bons de réduction. Souriez, vous êtes encerclée.


    votre commentaire
  •   03/05/2013 

    Marmite norvégienne : cuisinez un bœuf bourguignon dans du carton

    Marie-Anne Daye | JournalisteRue 89
     

    La marmitte norvégienne de Marie Girard à Sainte-Gemmes-le-Robert, le 3 mai 2013 (Armèle Cloteau)

    Une boîte en carton gît sur le sol de la cuisine de Marie Girard. Est-elle destinée au recyclage ? Non. Mais à quoi sert-elle ? La quinquagénaire précise qu’il s’agit d’une marmite norvégienne, aussi appelée cuiseur thermique, un outil servant à cuire les aliments sans nouvelle dépense d’énergie, après les avoir chauffés sur le feu quelques minutes. Cet outil de cuisson est revenu à la mode, surtout parmi les écolos.

    Marie Girard fait partie de ceux qui ont une conscience écologique aiguisée. Elle et son mari exploitent une fermette nommée L’Ermitage à Sainte-Gemmes-le-Robert près de Laval (Mayenne).

    Ils essaient de tendre le plus possible vers l’autosubsistance en vendant une partie de ce qu’ils produisent, soit de la viande de veau, du jus de pommes, de la tisane (Marie donne aussi des cours sur la connaissance des plantes) et tiennent un gîte à quelques mètres de leur maison construite au XVe siècle. Le reste sert à leur consommation personnelle et à échanger avec les voisins.

    Dans tous leurs gestes, ils tentent de respecter le plus possible l’environnement. C’est pourquoi ils limitent au maximum leurs dépenses énergétiques.

    Découverte miraculeuse

    Il y a quelques années, Marie Girard a découvert la marmite norvégienne. Elle avait demandé à sa fille de lui en fabriquer une, mais finalement c’est sa voisine qui la lui a offerte pour son anniversaire. N’y portant pas trop d’attention, la marmite est allée au placard.

    L’été dernier, la marmite a repris vie. Lors d’un stage à l’association Bolivia Inti, sa propriétaire a appris différentes techniques pour cuire les aliments sans énergie dont la cuisson solaire et la cuisson thermique à l’aide de la marmite norvégienne :

    « J’étais tellement émerveillée de constater que les aliments cuisaient par laisser-faire, c’était magique. »

    Du carton et une matière isolante

    La marmite norvégienne est simple à fabriquer. Un carton d’emballage placé dans un autre plus grand, dont l’espace entre les deux (5 à 10 cm) est comblé par une matière isolante, soit du papier froissé et tassé, du lainage ou du polystyrène comme l’a fait Marie Girard ;

    « Pour que la marmite soit vraiment écologique, il vaut mieux utiliser la laine de mouton. »

    Afin d’optimiser les performances, il est possible d’installer un réfléchissant comme un pare-soleil découpé sur les parois du carton intérieur. Ensuite, il s’agit de placer la casserole bien fermée à l’intérieur et de la couvrir à l’aide d’une serviette ou d’un coussin. Il faut auparavant avoir mis la casserole à chauffer de manière plus traditionnelle quelques minutes selon le type d’aliment.


    Infographie montrant la fabrication d’une marmitte norvégienne (Mathieu Savard)

    Il existe aussi des techniques plus sophistiquées. Par exemple fabriquer une caisse en bois sur roulettes ou aménager un tiroir profond pour éviter la perte d’espace.

    Une fois la marmite norvégienne construite, on peut y déposer la casserole. La chaleur emmagasinée lors de la première étape de cuisson (sur le feu) sera conservée.

    Par exemple, un dimanche après-midi, vous voulez concocter un bœuf bourguignon ; vous le faites bouillir cinq minutes sur le feu puis vous placez la casserole dans la marmite norvégienne pendant environ deux heures trente, soit une demi-heure de plus que la cuisson classique. Avec une économie d’énergie de 75% [PDF], selon l’association Les Amis de la Terre !

    Au moins 50% d’économie d’énergie

    L’isolation permet de ralentir la baisse de température par trois modes de transmission de chaleur :

    • la conduction (l’isolation des parois) ;
    • la convection (fermeture hermétique) ;
    • le rayonnement (réflecteur infrarouge du réfléchissant).

    En général, l’économie d’énergie est d’au moins 50% pour chaque plat cuisiné.

    Marie Girard évoque également le côté pratique de la marmite :

    « On n’a pas besoin de surveiller la cuisson, ça ne déborde pas et ça ne tache pas. »

    Pour cuire du riz avec la marmite, c’est fantastique selon elle :

    « On le porte à ébullition avec la quantité d’eau exacte et la marmite fait le reste du travail. »

    La marmite norvégienne a quelques points négatifs tout de même :

    • d’une part, elle occupe de l’espace. Une boîte en carton au milieu de la cuisine n’est pas très esthétique. Mais avec un peu d’imagination, on peut y ajouter de la couleur. Marie Girard propose même de l’intégrer dans un pouf. En plus d’être discrète, elle garde les fesses au chaud durant les jours d’hiver ;
    • d’autre part, elle a ses limites d’efficacité. « Si je pars trop longtemps, le contenu n’est plus assez chaud », explique Marie.

    Un outil pour les temps durs

    La marmite norvégienne tire ses origines dans les cuisines scandinaves vers la fin du XIXe siècle (le premier détenteur du brevet est un Norvégien) et servait au prolongement passif de la cuisson et à économiser de l’énergie. A l’époque, cet auxiliaire de cuisson était composé « d’une marmite en fer battu étamé destinée à recevoir les aliments, et d’une boîte isolatrice empêchant la déperdition de la chaleur. »

    Elle fut éclipsée par le thermos au XXe siècle et a donc perdu de sa popularité. Par la suite, on l’a associée aux périodes de guerre et de restrictions, et même assimilée à une pratique de radin. Aujourd’hui, tous les moyens sont bons pour économiser de l’énergie dans le contexte d’épuisement des ressources.

    Bon pour l’environnement et le portefeuille

    Selon l’Insee, en 2006, les dépenses des ménages en énergie domestique représentaient environ 590 euros par habitant. Près de la moitié de cette énergie provient de l’électricité et près du quart en gaz naturel. Pour un ménage avec plusieurs enfants, une diminution considérable de l’utilisation de la cuisinière peut réduire la facture d’énergie.

    Par-dessus tout, la marmite norvégienne est un pas, petit ou grand selon son utilisation, vers la diminution de CO2. L’organisation Les Amis de la Terre a d’ailleurs lancé l’objectif « négawatts » qui vise à réduire de 50% la consommation énergétique familiale. Diverses organisations comme Bolivia Inti et la Féeda (Formation et éducation à l’environnement et au développement approprié) encouragent la cuisson écologique en offrant de la formation, notamment dans des pays d’Amérique latine et d’Afrique.

    Chers riverains, si vous tentez l’expérience de la marmite norvégienne ce week-end, racontez-nous en commentaire !

     P.S.: Vous ne le savez pas mais vous avez une marmite norvégienne chez vous!

     Il s'agit tout simplement de votre glacière! Si elle conserve le froid elle peut aussi conserver la chaleur.Vous enveloppez votre cocotte bien fermée dans une vieille couette (par ex.) et vous la mettez dans la glacière que vous fermez bien. Je pratique ainsi depuis quelques mois. On peut aussi utiliser le four (froid!), il est hermétique. Enveloppez bien la cocotte; si vous avez peur que de la vapeur s'échappe et mouille la couette, enveloppez d'abord la cocotte dans une couverture de survie, et le tour est joué. On peut aussi utiliser le lit: posez la cocotte enveloppée comme dit sur le matelas et entourez-la bien avec les couvertures et les couettes. Toutes ces idées ont été trouvées sur internet.

     Bonne cuisson!


    votre commentaire
  • Céréales

    2013      640 p.    25 €

    Qu'y a-t-il derrière votre bol de céréales ?

    La plus grande saga que le monde ait vécue

    Les céréales font partie de notre quotidien, dès le petit déjeuner... Elles accompagnent aussi les sociétés humaines depuis plus de dix mille ans, sur tous les continents. Pourtant, il n’existait pas jusque-là de livre grand public qui aborde les céréales sous tous les angles.

    En conjuguant curiosité et humour, Jean-Paul Collaert nous entraîne à travers champs pour découvrir maints aspects méconnus de ces plantes vraiment hors du commun. Cette saga aux multiples épisodes permet de rencontrer une foule de personnages savoureux, chercheurs passionnés ou capitaines d’industrie. C’est surtout un hommage rendu aux paysans qui ont nourri la planète et le feront encore, pour notre plus grand bien. Au passage, de multiples questions très actuelles sont abordées, car les céréales sont au cœur de la géopolitique, du changement climatique et de la crise énergétique, sans oublier les OGM ou l’alimentation de demain.

    Rempli d’anecdotes, ce livre passionnera aussi bien les collégiens et les étudiants que leurs parents : impossible désormais de passer devant un champ sans y jeter un coup d'oeil.

    Ingénieur agronome de formation, Jean-Paul Collaert se lance d’abord dans le maraîchage, en Dordogne, avant de trouver sa voie dans le journalisme horticole. Après avoir travaillé à L’Ami des jardins et Rustica Hebdo, il finit sa carrière comme rédacteur en chef de Jardins de France, la revue de la Société nationale d’horticulture de France. Depuis une dizaine d’années, il a écrit plusieurs best-sellers, dont Purins d’ortie et compagnie (éditions de Terran), L’Art du potager en carrés (Edisud), ainsi que le monumental Nouveau jardin écologique (éditions Rustica). Il aime expérimenter et faire connaître des techniques originales comme le jardinage en lasagnes ou le vermicompostage, toujours au plus près de la nature.


    votre commentaire
  • 2012    175 p.    12 €

      Saviez-vous que la caféine et la théine sont en réalité la même molécule ? Auriez-vous envie, comme nos ancêtres les Gaulois, de vous laver avec de la cendre en guise de savon ? Et Pourquoi mon voisin bronze-t-il toujours plus vite que moi ? Si vous êtes curieux de toutes les petites anecdotes sur notre quotidien du matin alors, n'hésitez pas, ce livre est pour vous ! A la fois drôle et sérieux, historique et scientifique, Marie Curieuse vous fera découvrir un nouveau monde fait de chimie, de hasard, de génie...

      Marie Curieuse... mais qui est donc Marie Curieuse ? Ce pourrait être vous, si tout comme elle, des questions vous assaillent dès le matin à la sortie du lit :
    Quelle différence y-a-t-il entre la théine et la caféine ? Comment le savon a-t-il été créé ? À quoi sert le collagène présent dans notre épiderme ? Avec quoi se maquillait Cléopâtre ?
      L’auteure nous fait découvrir l’histoire d’un produit, les origines de ses composants, les réactions chimiques pour arriver à un tel résultat et son utilisation... bref la petite chimie du matin ! Chaque partie est construite autour d’une thématique. Les explications sont claires et concises et les illustrations décalées nous emportent dans le monde de Marie Curieuse.


    votre commentaire
  • Tomate : à la recherche du goût perdu

    Créé le 05-04-2013

    À force de production de masse, la tomate a fini par perdre son goût. Une chercheuse de l'Inra raconte sa quête des saveurs oubliées.

    Tomate ROGER ROZENCWAJG / PHOTONONSTOP

                                                  Tomate ROGER ROZENCWAJG / PHOTONONSTOP

    PRODUCTION INDUSTRIELLE. Insipide, trop ferme, farineuse… Dans les années 1990, la tomate n’éveille plus le désir. Certes, les consommateurs peuvent désormais la trouver toute l’année dans les grandes surfaces. Certes, grâce à la mutation du gène RIN (ripening inhibitor), inhibiteur de maturation, des variétés comme la Daniela se conservent trois semaines au lieu d’une.

    Mais dans ces corps lisses, high-tech et standardisés, les arômes, eux, sont en berne… Et les ventes, en baisse. A cette époque, Mathilde Causse, chercheuse à l’unité de Génétique et amélioration des fruits et légumes de l’Inra, voit débarquer dans son labo des sélectionneurs – les sociétés semencières qui produisent les variétés – inquiets.

    400 molécules aromatiques

    GÉNÉTIQUE. Il est urgent de partir à la recherche du goût perdu. « Pendant longtemps,les tomates n’ont pas été sélectionnées en fonction du goût, car on pensait qu’il leur était inhérent », se souvient Mathilde Causse. Pourtant, conditions de culture, maturité à la récolte, conservation : tout contribue à contrarier les 400 molécules aromatiques identifiées par son équipe, dont une trentaine, en très faible quantité, sont essentielles à l’arôme de tomate.

    «Nous avons voulu voir s’il y avait – et malheureusement il y a – des relations opposées entre rendement et qualité », conclut la scientifique. Au niveau génétique, les chercheurs croisent une petite tomate sucrée, aromatique et acide avec une grosse tomate à bon rendement et résistante, et identifient sur la descendance une dizaine de régions chromosomiques où se trouvent des gènes intervenant sur la qualité. En 2005, ils parviennent à montrer qu’il est possible d’utiliser la sélection assistée par marqueurs, outil d’autant plus utile que le génome de la tomate est publié en 2012.

    Tomate, le retour ?

    VARIÉTÉS. Ce regain d’intérêt pour la diversité encourage les semenciers à étendre leur palette : longues, côtelées, bosselées, jaunes, violettes, marbrées de noir… Les variétés anciennes font même leur retour. De quoi ravir les « traditionnalistes », sensibles à leur texture fondante.

    D’après une étude réalisée en Hollande, France et Italie, on retrouve cette catégorie de consommateurs dans tous ces pays, avec « les gourmets », plus nombreux, qui aiment les tomates savoureuses et juteuses comme des tomates cerise, les « classiques », friands de fermeté, rondeur et sucré, et les « indifférents » pour qui toutes les tomates se valent, pourvu qu’elles soient fermes.

    Les quantités ingurgitées, en revanche, varient considérablement : 12 kg par an en moyenne pour les Français, contre 56 pour les Grecs !

    Julie Pêcheur, Sciences et Avenir, 5/04/13

    La petite histoire du botaniste-écologiste Jean-Marie Pelt

    Originaires des Andes, les tomates sauvages sont des fruits de la grosseur d’une petite cerise. Mais c’est déjà une variété à gros fruits, modifiée par la culture des Incas, que les conquistadores importent en Europe au xvie siècle. La tomate met longtemps à s’y imposer en cuisine : son appartenance à la famille des solanacées et sa ressemblance avec la belladone la rendent éminemment suspecte ! Plante ornementale, elle doit attendre 1778 pour intégrer la rubrique des plantes potagères du catalogue des graines Vilmorin-Andrieux. Sa culture se développe alors considérablement dans le Midi. Pendant la Révolution, quand les Marseillais arrivent à Paris, ils réclament des tomates dans les auberges. On commence alors à les cuisiner dans tout le pays. Devenue légume à part entière, la tomate connaît un grand succès : un relevé signalait 99 variétés différentes cultivées en France de 1856 à 1966. Depuis, on a vu naître toute une collection de variétés nouvelles, adaptées aux cultures actuelles, du plein champ aux serres hautement technologiques : 60% de la production se fait désormais sous abri en hors-sol. Aujourd’hui, on compte plusieurs dizaines de milliers de variétés dans le monde.

    Retrouvez cet article ainsi que les autres de la série "comment retrouver le goût de..." dans le Hors-Série de Sciences et Avenir actuellement en kiosque.

     Conclusion: ne manger que des tomates en saison et bio! Boycotter les tomates industrielles.


    votre commentaire
  •   Bleu Blanc Cœur

    Peu connu, Bleu Blanc Cœur mérite tout de même d’être mentionné. Bleu Blanc Cœur est une association qui organise, grâce à une démarche de filière et un cadre scientifique solide, une agriculture à vocation santé. Il garantie que les animaux élevés ont été nourri de façon biologique grâce à des végétaux riches en oméga 3 (graines de lin, herbe, luzerne, lupin). Cette méthode permet de trouver des oméga 3 naturels ailleurs que dans le poisson, par exemple dans le lait, la viande ou encore les œufs.

               AB : Agriculture Biologique 

    Accordé par le ministère français de l’Agriculture, il certifie que les produits sont 100% bio ou contiennent au moins 95% de produits agricoles bio dans le cas des produits transformés. Ces aliments sont produits selon un mode de production biologique mettant en œuvre des pratiques agronomiques et d’élevage respectueuses des équilibres naturels, de l’environnement et du bien-être animal. Les produits chimiques de synthèse et les OGM sont totalement exclus.

     

       Label Rouge 

    Label rouge est un signe français officiel qui garantit un niveau de qualité supérieur. Les aliments marqués Label Rouge ne sont pas bio mais se distinguent des produits courants de même nature par un goût ou une saveur préservés. Pour obtenir ce label, les producteurs doivent déposer une demande auprès de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) et respecter un cahier des chargesprécis.


    votre commentaire
  •   Chantages sexuels, harcèlement... Les ados pris au piège du net

    Créé le 31-03-2013   ( Nouvel Observateur)

    Les parents découvrent souvent trop tard que leurs enfants sont menacés sur internet. Des lycéens ont même été poussés au suicide. Enquête.

    Ils s'en veulent tellement de n'avoir pas vu les ténèbres dans lesquelles, semaine après semaine, s'enfonçait leur fils Cédric... Un beau garçon, brillant, charmant et tendre, comme on peut l'être à 17 ans. Il cartonnait dans son lycée de Marseille et travaillait comme un fou pour réaliser son rêve : devenir astrophysicien. Le 7 janvier 2012, ils l'ont trouvé pendu dans sa chambre.

    Que connaissaient-ils d'internet, eux qui passent leurs jours à travailler dans leur supérette ? Si Aïssa et sa femme Sandrine acceptent de raconter encore et encore cette horreur, c'est parce qu'ils espèrent alerter d'autres parents, aussi démunis qu'ils l'ont été quand ils ont plongé dans le monde du cyber-harcèlement. Et pourtant, le 17 septembre 2011, Cédric avait eu le courage de raconter à sa mère qu'il venait de faire "une grosse bêtise". Il s'était fait piéger sur internet au cours d'un "plan webcam".

    Croyant dialoguer avec une certaine "Jennifer", il avait accepté de se déshabiller à sa demande. Aussitôt, le chantage avait commencé. Le message disait dans un invraisemblable sabir : "Ses la vedio de toi tt nue. Je te felmer. Je mete la vedio de toi a youtube et facebook et je te jure tout le monde va voir ton jolis vedeo nue. apres ala polic." Contre l'envoi de SMS surtaxés, la vidéo serait effacée.

    Escroquerie

    Risible ? Non. Cette forme d'escroquerie, dite "à la nigériane", piège chaque jour des milliers de personnes. Des adultes, en général, et depuis peu des adolescents. Du Nigeria anglophone, où elle a été inventée, elle a gagné l'Afrique francophone. Ceux qu'en Côte d'Ivoire on appelle des "brouteurs" harponnent les imprudents. Bien souvent, les filles qui aguichent les garçons ne sont pas présentes devant l'ordinateur, qui ne diffuse qu'une vidéo préenregistrée.

    Les escrocs gagnent ainsi des fortunes grâce à des hommes bernés par une chair trop fraîche. A des femmes aussi, séduites par des garçons habiles à leur faire croire qu'elles sont encore désirables. Les jeunes représentent un petit plus, taxés de quelques centaines d'euros au passage. En général, honteux, choqués, ils ne disent rien à personne et n'imaginent même pas aller voir la police.

    Cette fois pourtant, mère et fils se rendent au commissariat le jour même et portent plainte pour diffusion d'images pédopornographiques, chantage et atteinte à la vie privée. Et puis ? Et puis rien. Pas de nouvelles du commissariat. Pendant des semaines, Cédric donne le change. Achète la calculatrice dont il a besoin, des vêtements, comme si la vie suivait son cours normal. "Je l'emmenais déjeuner au restaurant mexicain qu'il aimait tant. Nous parlions beaucoup, dit son père. Mais je n'ai pas compris ce qui se passait dans sa tête. On s'est endormis..."

    Suicides

    Dans la lettre qu'il a écrite avant de mourir, le jeune homme disait qu'il avait tout pour être heureux. Mais que cette vidéo de quelques dizaines de secondes ressortirait inévitablement un jour ou l'autre et qu'il ne pouvait le supporter. Trois jours après sa mort, la plainte a enfin été transmise à la brigade des mineurs, qui a démarré l'enquête. Trop tard.

    "Le mal qu'on a, je sais bien qu'il va taper à d'autres portes", dit Aïssa. Il a raison. L'examen de l'ordinateur a conduit à une adresse IP au Maroc. Et la piste s'est arrêtée là. Comme elle s'est arrêtée dans un cybercafé de Côte d'Ivoire quand, à Brest, Gauthier, 18 ans, a été piégé à la même époque dans les mêmes conditions, et s'est lui aussi suicidé.

    Comme s'est suicidée Amanda Todd, 15 ans, dans la région de Vancouver, au Canada, après avoir été harcelée pendant des années sur internet pour s'être dénudée devant la webcam d'un inconnu qu'on n'a jamais retrouvé. La vidéo racontant son calvaire, tournée avant qu'elle ne mette fin à ses jours, a été vue par des millions d'internautes dans le monde. La jeune fille est devenue une icône internationale pour des adolescents bouleversés qui croyaient pouvoir s'amuser sans crainte sur le Net et découvrent, effarés, que ce qu'ils prennent pour un simple jeu peut se transformer en drame.

    La prise de conscience est récente. Ministère de l'Education nationale, Commission nationale de l'Informatique et des Libertés, associations, police, gendarmerie et même réseaux sociaux prennent enfin la mesure d'un phénomène qui n'atteint que rarement une dimension aussi tragique, mais impose une révolution culturelle face aux pratiques des jeunes de la génération 2.0.

    Prédateurs sexuels

    Longtemps, la crainte des adultes s'est focalisée sur le risque d'addiction aux écrans et le danger d'entrer en contact avec des prédateurs sexuels. Mais, peu à peu, la question a fini par se poser : sans guides, sans éducation, les pratiques des ados sur la Toile ne produisent-elles pas elles-mêmes les conditions de leur mise en danger ?

    Aujourd'hui, en France, 72% des 12-17 ans possèdent un ordinateur portable ; 27% des 11-13 ans, 42% des 13-15 ans et 37% des 15-17 ans se servent de leur smartphone pour surfer sur le Net (1). Dans une étude passionnante, "EU Kids Online" (2), menée dans 25 pays européens sur les habitudes des 9-16 ans, on découvre qu'en France l'âge moyen de la première connexion est... 9 ans !

    Six enfants sur dix se connectent tous les jours, deux heures par jour en moyenne. Près de la moitié utilisent une webcam, un quart tiennent un blog. Ils sont 43% à avoir ajouté des inconnus à leur liste d'amis, et 12% ont envoyé des photos ou des vidéos à des gens qu'ils ne connaissaient pas. Alors que sur Facebook, le principal réseau social utilisé par les jeunes, il est théoriquement interdit de se connecter avant 13 ans, 13% des élèves de primaire et 37% des collégiens de 11 et 12 ans ont un profil sur un réseau social...

    "Les adolescents sont techno-puissants"

    "Face aux adultes, les adolescents sont techno-puissants", explique Catherine Blaya, professeur de sciences de l'éducation et coauteur du rapport. Ces jeunes qu'on appelle des "digital natives" (nés avec une souris au bout des doigts) "ont créé leur monde et se sont donné les moyens de s'autonomiser par rapport à leurs aînés". Adultes dépassés, malhabiles, incapables de dénicher un horaire de train sur leur ordinateur et qui font alors appel à leur progéniture goguenarde. Comment sauraient-ils aider, conseiller, mettre en garde leurs enfants face à des outils qu'ils maîtrisent souvent si mal ?

    Déjà connu aux Etats-Unis sous le nom de"cyberbullying", le cyber-harcèlement a contaminé massivement la France dans les années 2011-2012. L'épidémie a flambé. Justine Atlan, directrice de l'association e-Enfance, qui a pour mission de permettre aux enfants et aux adolescents de se servir des nouvelles technologies avec le maximum de sécurité, estime qu'il est devenu le "problème numéro un des usages que font les jeunes d'internet".

    Fini le temps des coups de fil où des péronnelles raccrochaient en gloussant après avoir balancé quelques insultes à une copine. Désormais, il y a le Net : rapide, anonyme si on le souhaite et terriblement efficace. Enfants et adolescents se sont adaptés en temps réel à l'évolution des outils numériques. Après les messageries instantanées (MSN) des années 2000, l'apparition des réseaux sociaux (Facebook a été créé en 2004) puis la généralisation des forfaits illimités de SMS, de la webcam et des smartphones, les possibilités de communication sont devenues infinies.

    Comme le souligne Catherine Blaya, le texto est devenu le mode de communication le plus fréquent des adolescents, dépassant même les relations en face à face. Cela concerne tous les milieux sociaux, et désormais "l'appareillage technologique a remplacé les vêtements de marque" dans les codes de l'apparence.

    "Sexting", "slutshaming", "dedipix", "biflage"…

    Sur Facebook (1 milliard d'utilisateurs dans le monde, 26 millions en France, dont on estime que 14% ont moins de 18 ans), on confie ses pensées intimes, ses photos, ses vidéos. On construit son identité sous le regard de ses "pairs", et sa popularité en ayant un maximum d'"amis", qui peuvent se compter par centaines.

    On fait du "sexting" (envoi de textos à caractère sexuel). Du "slutshaming" (traduction : " faire honte aux salopes ") en moquant leurs tenues trop aguicheuses, ou du "dedipix" (très prisé des jeunes filles, qui postent une photo d'une partie de leur corps où elles ont écrit une dédicace et attendent en retour une appréciation flatteuse). Voire on enregistre des scènes de "biflage" (le fait de donner des gifles avec sa "bite"). Le corps s'expose. L'intimité se transforme en "extimité", offerte à autrui grâce à l'effet désinhibiteur de l'écran.

    Comment être vigilant sur l'identité de ceux qui, d'un clic, peuvent ainsi avoir accès à tant de données personnelles ? Doté d'un numéro vert (0-800-200-000), où l'on peut appeler anonymement et gratuitement, e-Enfance conserve dans ses fiches la trace des appels souvent désespérés d'enfants, de parents dépassés par des pratiques de harcèlement.

    Piratages de compte, menaces et insultes sur Facebook, photos dégradantes - retouchées ou non - qui font le tour des "copains" ... L'ex-petit ami d'une jeune fille de 16 ans la menace de poster une vidéo dénudée si elle ne vient pas "lui faire des choses". Une collégienne, qui refuse de laisser une fille copier ses devoirs, reçoit des messages qui la terrorisent : "Meurs, prends un tabouret pour te pendre, pauvre fille. T'es seule au monde. T'as pas d'amies." Une autre a reçu ce commentaire sur son mur : "Je ne te hais pas, je te méprise. Crève lentement. J'en serai peut-être satisfaite, sombre conne."

    A Arras, l'adjudant-chef Laurent Frappart, qui dirige la cellule cybercriminalité de la gendarmerie du Pas-de-Calais, a mis au point, à destination des parents, un module d'intervention sur les risques d'internet. Il n'a pas oublié le premier dossier de cyber-harcèlement qu'il a eu à traiter, dès 2007. "Une collégienne de 14 ans avait accepté de faire des photos coquines avec son amoureux. Leur "amour éternel" n'a duré que deux semaines, et le "couple", comme ils disent, s'est séparé. Quand elle est sortie avec un autre garçon, le premier amoureux s'est vengé et a diffusé les photos."

    Les 300 élèves du collège les ont reçues ; le lendemain, toute la commune, puis tout le département. C'était comme une traînée de poudre. Les photos ont été retirées, le garçon, lui, a été sanctionné. Mais, à la rentrée suivante, les photos ont refait surface. Et la mère, célibataire, a décidé de déménager dans une autre région pour protéger sa fille. Depuis, plus rien n'étonne l'adjudant Frappart.

    "L'effet cockpit"

    Récemment, "à cause d'une querelle de gamins", un "sondage" a été organisé sur un réseau social pour savoir qui votait "pour ou contre" inciter une adolescente à se suicider. Les participants donnaient des conseils : "Un noeud coulant, c'est mieux avec de la paraffine." Ou : "Saute de dos du 4e étage, tu ne verras pas le vide." Récemment sont apparues des "chaînes" : "Envoie 10 SMS à tes amis, et qu'ils en fassent autant, sinon il arrivera malheur à l'un d'entre eux." L'injonction a rebondi de portable en portable et a atteint toute la région. Une jeune fille, paniquée, a fait une tentative de suicide.

    A la gendarmerie, on estime que 60% des harceleurs ont été ou sont aussi harcelés. Or les risques de suicide sont multipliés par quatre chez les jeunes victimes... "Les ados n'ont pas conscience de la portée des mots ou des images, constate le lieutenant-colonel Eric Freyssinet, qui dirige à Rosny-sous-Bois le pôle cybercriminalité de la gendarmerie nationale. Ils ne se rendent pas vraiment compte de ce qu'ils font, à distance." C'est ce que Catherine Blaya appelle l'"effet cockpit" : les harceleurs sont "comme ces aviateurs qui lancent des bombes, mais ne voient pas sur qui elles tombent".

    La nouveauté par rapport aux phénomènes classiques de harcèlement est que désormais cela ne s'arrête plus à la porte de l'école. Le harcelé est poursuivi sur son téléphone, son ordinateur, jusque dans sa chambre. Le jour comme la nuit. Il n'y a plus de répit. Et, quand les harceleurs sont démasqués, souvent ils rient de ce qui n'est pour eux qu'une plaisanterie...

    Vigilance accrue

    Il y a un an, Luc Chatel, alors ministre de l'Education nationale, avait lancé une campagne nationale contre le harcèlement, l'"affaire de tous". Depuis, la vigilance s'est accrue. Et le sujet jusque-là tabou commence à sortir de la confidentialité. Chaque jour, 30 signalements sont envoyés par chacune des 30 académies. Les chefs d'établissement sont incités à prendre le sujet à bras-le-corps. Au risque d'une sévérité mal comprise, surtout lorsque les harcelés sont des enseignants...

    Ce fut le cas en janvier dernier, dans un lycée réputé de la région parisienne, où sept adolescents de seconde ont été renvoyés devant le conseil de discipline pour avoir ouvert deux comptes Facebook au nom de quatre enseignants dont ils avaient usurpé l'identité, sur lesquels ont été postés des montages de photos et des commentaires dégradants. Les enseignants ont porté plainte pour atteinte à la dignité, diffamation et usurpation d'identité. Les parents sont effondrés : leurs enfants - qui avaient mal paramétré leurs ordinateurs et croyaient être les seuls à avoir accès aux pages qu'ils avaient créées - ont payé cher le prix de leur mauvaise blague de potaches. Deux d'entre eux ont été exclus définitivement de l'établissement, et ils devront rendre des comptes à la justice.

    120.000 signalements en 2012

    Mise en place en 2009, la plateforme Pharos, qui permet de signaler en ligne les contenus illicites ou dangereux - comme le cyber-harcèlement - repérés sur le Net, dispose depuis cette année d'un formulaire de plainte en ligne. "100.000 signalements ont été effectués en 2011, 120.000 en 2012, relève la commissaire divisionnaire Valérie Maldonado, qui dirige l'OCLCTIC, Office central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l'Information et de la Communication. Et 400 procédures d'appel d'urgence concernant des suicides annoncés sur la Toile ont été lancées."

    Souvent mis en cause, Facebook affirme vouloir sécuriser au maximum les pratiques - et notamment celles des adolescents - sur ses pages. "S'il y a des problèmes, explique Michelle Gilbert, directrice de la communication de Facebook France, les internautes ne reviendront pas. Or notre intérêt est précisément qu'ils reviennent." Dénonçant la "sur-sensationnalisation des incidents", alors qu'il y aurait selon elle peu de cas graves, elle met l'accent sur les efforts accrus en matière de protection.

    Ainsi depuis le mois de décembre dernier, les outils permettant de signaler le cyber-harcèlement sont plus visibles. Des pop-up rappelant les règles de sécurité sont installés. En cas de signalement d'un contenu litigieux - une dizaine de milliers par jour - "l'intervention a lieu dans les 72 heures".

    "Romantisation de la souffrance"

    La radio FM Skyrock, qui a développé le site de chat le plus prisé des adolescents - 1 million de blogueurs, dont la moitié ont moins de 18 ans - prend aussi ses précautions. Contrairement à Facebook, les ados y interviennent sous un pseudonyme."Un vrai bal masqué, où la crise d'adolescence s'exprime sur l'écran, dans une romantisation de la souffrance", explique Michael Stora, psychologue et psychanalyste, chargé depuis 2008 par Pierre Bellanger, fondateur de Skyrock, d'intervenir lorsque des blogs inquiétants sont repérés.

    Il est saisi chaque fois qu'il y est question de suicide, de scarification, d'abus sexuels ou de maltraitance. Les thèmes sont repérés par des algorithmes qui analysent textes et images. Ainsi, sur 300.000 images mises en ligne chaque jour, une dizaine de milliers sont supprimées. Michael Stora, lui, intervient auprès des adolescents et le cas échéant les oriente vers des structures de soins. En cas d'urgence - si le risque suicidaire paraît sérieux - un signalement est fait aussitôt auprès des services de police ou de secours.

    Diaboliser les écrans ?

    Faut-il pour autant diaboliser les écrans ? Sans mésestimer le danger, le psy trouve une telle réaction inadaptée. Comme si les adultes, les parents en particulier, ressentant "une hyper-inquiétude face à un nouvel espace de liberté utilisé par leurs enfants, manifestaient une manière paradoxale de les envier". En vérité, plaisante-t-il, "un écran n'est vraiment dangereux que si on vous l'envoie à la figure !".

    Angélisme contre diabolisation ? Le match n'a pas de sens. Désormais, comme l'écrit Catherine Blaya dans "les Ados dans le cyberespace. Prises de risque et cyber-violence" (4), "la panique morale n'est pas la solution". On le sait bien, les enfants auront toujours un train d'avance sur ceux qui voudraient les "cyber-contrôler". Etre capable de les alerter, ce ne serait déjà pas si mal. Avant, comme le disait le père de Cédric, que le mal ne vienne taper à la porte...

    (1) Rapport 2012 du Défenseur des droits : "Enfants et écrans : grandir dans le monde numérique".

    (2) "Risques et sécurité des enfants sur internet", enquête menée auprès des 9-16 ans et de leurs parents. Le rapport pour la France est signé par Catherine Blaya (cofondatrice avec Eric Debarbieux de l'Observatoire européen de la Violence scolaire) et Seraphin Alawa.

    (3) A paraitre le 3 mai aux éditions de Boeck.


    votre commentaire
  •   Le jus d’orange saute-t-il directement des vergers floridiens d’Eduardo, le producteur modèle, à votre table de petit-déj ? Dans sa com, le fabricant américain joue à fond la carte de l’authenticité. Avec un zeste d’exagération.

    Tropicana affiche un air naturel un peu trop vitaminéEduardo se promène en chemise à carreaux dans son verger baigné par les rayons du soleil couchant. « Il y a une chose dont je suis particulièrement fier, assure-t-il, c’est la qualité de mes oranges. C’est le seul et unique ingrédient du jus d’orange Tropicana. Je m’appelle Eduardo et je cultive les oranges pour Tropicana depuis quinze ans. On les choisit une à une. On les cueille à la main afin de produire un jus d’orange au goût exceptionnel. » Ces images idylliques, ces références au naturel, ça donne envie d’aller voir plus loin que la pub télé. Et de répondre à deux questions existentielles : « Eduardo existe-t-il vraiment ? » et « Naturel, à quel point ? »

    Stratégie

    Eduardo, c’est pas du toc, assure-t-on chez la marque, rachetée en 1998 par le groupe américain PepsiCo. Eduardo Pines est d’origine vénézuélienne, marié à une New-Yorkaise, et cultive son verger en Floride, aux Etats-Unis. Et pour fabriquer du 100 % pur jus, comment fait-on ? « Les oranges Tropicana proviennent du Brésil et de Floride, explique le service de presse en France. Elles sont pressées dans les 24 heures, afin de préserver leurs qualités d’origine, leurs arômes et la vitamine C qu’elles contiennent. Le jus d’orange Tropicana est pasteurisé (pour le jus vendu au rayon ambiant) ou “ flash-pasteurisé ” (pour le jus vendu au rayon réfrigéré), afin de garantir sa stabilité microbiologique. Ce procédé est une garantie de sécurité et de conservation des jus. Il consiste à les chauffer durant quelques secondes, le barème de pasteurisation étant moins fort dans le cas de la “ flash-pasteurisation ”. Il permet d’offrir aux consommateurs des 100 % pur jus dont le goût des fruits et la vitamine C sont préservés au mieux, sans aucun ajout (conservateurs, colorants, arômes…). » Enfin, les jus sont transportés par bateau dans des conteneurs et embouteillés dans les usines françaises et belges.

    Cas d’école

    Outre-Atlantique, un livre a lourdement perturbé la com de Tropicana. En 2010, Alissa Hamilton publiait une très sérieuse enquête baptisée Squeezed : What You Don’t Know About Orange Juice (Yale University Press), soit « Pressés, ce que vous ignorez sur le jus d’orange ». La chercheuse y affirme que Tropicana se fournit de moins en moins en Floride, et de plus en plus au Brésil. Et pour cause, « la terre y est moins chère, et les réglementations environnementales quasi inexistantes ». En Floride, poursuit-elle, « les vergers disparaissent. Ils sont remplacés par des lotissements ». Eduardo a du souci à se faire. Mais le très gros pépin débusqué par Alissa Hamilton concerne la composition des jus Tropicana, conservés jusqu’à un an dans des conteneurs. Au moment de leur mise en bouteille, pour leur donner le goût de frais qui convient au consommateur américain, la marque y ajoute un additif issu d’essence d’orange, tirée du zeste – là où se concentrent les fongicides –, et modifié chimiquement. Comme cet additif est issu de l’orange, Tropicana s’est bien gardé de le signaler sur ses emballages. Voilà qui en a irrité plus d’un : une vingtaine de procès, accusant Tropicana de publicité mensongère, sont en cours aux Etats-Unis. Interrogé sur ce point, le service de com français répond : « Cette question relève du marché nord-américain. Nous ne sommes donc pas en mesure de vous apporter une réponse les concernant. » Et de marteler que, dans l’Hexagone, on n’ajoute « ni sucres, ni eau, ni colorant, ni conservateur, ni additif à partir d’essence d’orange ».

    Verdict

    S’il n’y a pas d’additif de ce côté-ci de l’Atlantique, il n’y a pas de pub mensongère. Juste un spot qui enjolive la réalité en nous emmenant au paradis ensoleillé d’Eduardo. Et le naturel dans tout ça ? C’est une notion bien relative, qui n’a aucune définition précise. L’univers du marketing en abuse depuis toujours. Tropicana aussi ? On a vu bien pire. Reste un bilan carbone forcément plus lourd que celui d’un jus local : 1,7 kg de carbone émis tout au long de la vie d’une bouteille de deux litres de « Pure Premium », selon une étude commandée par Pepsi en 2009, dont 60 % pour la production et l’utilisation d’engrais de synthèse. La marque tente de faire baisser l’addition : restes d’oranges transformés en engrais, 95 % des emballages en carton certifié FSC, bouteilles en PET issu de plastique recyclé à 50 %, gamme bio depuis 2011. Disons que ça passe pour Tropicana… mais à l’orange !

    Avis de l’expert : 3,5/5

    Stéphanie Gentilhomme, de l’Agence RendezVous RP

    « L’allégation “ 100 % pur jus ” semble fondée sur la réalité de la production. Tant mieux. On peut cependant déplorer que la pub joue la carte “ petit producteur ” de façon gratuite. La mise en scène du très artisanal et très photogénique Eduardo, qui choisit et cueille ses oranges une à une, est probablement très éloignée de l’échelle Tropicana (groupe PepsiCo). Les consommateurs s’intéressent à l’origine de leurs aliments, et aiment connaître l’histoire des producteurs. Tropicana répond à cette “ soif d’authenticité ” de façon légèrement malhonnête. »


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique