• La démondialisation en marche

     La démondialisation en marche au Brésil et en Argentine

    Laurent Pinsolle -(Marianne2 )

    La crise apparue en 2008 et qui se poursuit actuellement semble pousser les nations à s'affranchir peu à peu du marché mondial. Le Brésil et l'Argentine ouvrent la voie à la démondialisation... pour leur plus grand bien, selon Laurent Pinsolle

    ( Dessin Louison )

    Les opposants à toute remise en cause ont vite fait d’évoquer le spectre de l’Albanie ou de la Corée du Nord pour refroidir toute velléité de remettre en cause la mondialisation. Mais dans la réalité, de nombreux pays prennent des libertés avec les dogmes libre-échangistes, pour leur plus grand bien.
     

    Quand le Brésil devient protectionniste

       Voici un pays confronté à une monnaie largement surévaluée. En effet, selon l’indice Big Mac de The Economist, le real serait la monnaie la plus chère du monde, surévaluée de 52% par rapport au dollar si on compare le prix du sandwich de Mac Donald’s. Et étant donné le niveau de développement du pays, l’hebdomadaire britannique estime qu’elle est même surévaluée de 149% ! Cela signifie que les produits brésiliens sont mécaniquement trois fois plus chers que les produits chinois.
        Comme le souligne The Economist, le Brésil a vu sa monnaie s’apprécier depuis deux ans et demi, après un plus bas à 2,4 real par dollar : elle a atteint 1,57 real par dollar. En cause, la forte croissance du pays, qui attire les capitaux mais aussi des taux d’intérêts à 12.5% pour lutter contre une inflation qui a atteint 6.7% en juin. Mais cette cherté de la monnaie nationale fait souffrir l’industrie du pays, dont la production a reculé de 1.6% sur le mois de juin, avec une baisse de l’emploi industriel.

    Le Brésil a donc décidé de taxer toute entrée de capital dans le pays ainsi que tous les contrats qui parient sur une hausse du real. Le pays veut privilégier les produits locaux dans les appels d’offre (qui pourront être jusqu’à 25% plus chers que les importations) et se lance dans une expérimentation proche de la TVA sociale (remplacement des cotisations patronales par une taxe sur le chiffre d’affaire) sur quatre marchés : vêtements, chaussures, meubles et logiciels.

    Le précédent argentin

    Je profite de l’occasion pour revenir sur un très bon article de Yann du blog Le bon dosage, où il détaillait la politique suivie par l’Argentine. Le cas de ce pays est un peu atypique depuis 2002 puisque le défaut de Buenos Aires l’a coupé des marchés financiers internationaux, imposant au pays un équilibre de son commerce extérieur pour rester indépendant et éviter d’avoir à vendre des actifs ou utiliser ses réserves pour équilibrer ses comptes avec l’étranger.

    Le gouvernement argentin veut en effet mettre fin à la dépendance excessive à l’égard de l’extérieur dans certains domaines, notamment le jouet, le textile et l’électroménager. Dans le premier secteur, la production locale est passée de 5% de la consommation en 2003 à 30% aujourd’hui. Et le gouvernement souhaite encore diminuer les importations de 45%. Outre une taxation des importations, le gouvernement a décidé d’interdire les poupées Barbie produites en Chine.

    Outre les aspects positifs pour l’environnement, la relocalisation des activités productives est une nécessité absolue qui sert un triple objectif : l’emploi, l’indépendance et la lutte contre les monopoles. En effet, les délocalisations massives d’activités productives ont bien un impact très négatif sur l’emploi, comme nous le voyons en France. Mais en plus, la concentration massive de la production en Chine est extrêmement malsaine du fait de la dépendance qu’elle crée.

    D’ailleurs, les pays asiatiques l’ont bien compris, eux qui ont également adopté des politiques protectionnistes pour développer leur industrie. L’Europe sera-t-elle le dernier continent à comprendre l’intérêt de protéger son industrie ? 

    Retrouvez Laurent Pinsolle sur son blog

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