• Nourriture gaspillée

      Près d'un tiers de la nourriture est gaspillée dans les pays industrialisés

    © Jonathan Bloom, Nick Saltmarsh / FAO

    Alors que près d'un milliard de personnes souffrent de faim chronique dans le monde, le gaspillage et les pertes alimentaires sont considérables, notamment dans les pays industrialisés où le gâchis alimentaire représente plus de 30% de la production alimentaire.

    C'est le sujet traité à l'occasion du dernier webinar organisé par le Barilla Center for Food and Nutrition et intitulé "Gaspillage alimentaire : comment le réduire du champ à la table", diffusé le 23 mai dernier. Parmi les rapporteurs, Andrea Segrè, président de Last Minute Market ; Tristram Stuart, écrivain et activiste engagé contre le gaspillage alimentaire ; Jean Schwab, responsable de la National Food Recovery Initiative de l'Agence de Protection de l'Environnement (EPA) des États-Unis.

    Plus de 30% de la production totale destinée à la consommation est gaspillée entre les pertes alimentaires qui se produisent le long de la filière, les déchets de production et le gaspillage domestique, ce ne sont pas moins de 222 millions de tonnes de nourriture qui sont jetées chaque année dans les pays industrialisés. Cette quantité suffirait à nourrir toute la population de l'Afrique Sub-saharienne (230 millions d'habitants).

    En Europe, le gaspillage s'élève à 89 millions de tonnes, soit 180 kg par habitant et par an.

    Aux Etats-Unis, un peu moins de 35 millions de tonnes de nourritures ont été jetées. 97 % de ces déchets organiques n'ont pas été valorisés, c'est-à-dire qu'ils ont fini dans une décharge ou un incinérateur.

    Au niveau mondial, 1,3 milliards de tonnes de nourriture sont ainsi gaspillées. C'est encore plus insupportable si l'on considère que près d'un milliard de personnes n'ont pas accès à des ressources alimentaires suffisantes. Le plus grand gaspillage domestique par habitant revient au Royaume-Uni, avec 110 kg par personne, arrivent ensuite les États-Unis (109 kg) et l'Italie (108 kg), puis la France qui arrive donc en 4ème position (avec 99 kg), l'Allemagne (82 kg) et la Suède (72 kg). En termes économiques, le gaspillage moyen quotidien d'une famille américaine de quatre personnes est de 4,4 dollars, ce qui suffirait pour nourrir une famille entière dans un pays en voie de développement.

    Ce phénomène est complexe et il faut bien distinguer pertes et gaspillage alimentaires.

    Les pertes sont beaucoup plus importantes dans les pays en voie de développement, notamment pendant la récolte et lors du processus de traitement, souvent le résultat de compétences techniques limitées, de récoltes prématurées, inefficaces et arriérées, de stockage dans des environnements infestés par les insectes et les microorganismes et d'absence d'une logistique en mesure de garantir la "chaîne du froid".

    En revanche, les gaspillages alimentaires se produisent durant la transformation industrielle, la distribution et la consommation finale. On compte parmi eux les choix intentionnels selon lesquels de la nourriture parfaitement comestible est éliminée et « jetée à la poubelle ». Le phénomène de gaspillage est plus important justement dans les pays industrialisés, et ce pour des raisons économiques, des règlementations en matière alimentaire ou de rentabilité des opérations de récolte et d'un manque de connaissances de la part des consommateurs qui souvent ne disposent pas d'informations adéquates pour la lecture correcte des étiquettes ou pour la conservation et la réutilisation des aliments. En effet, contrairement aux pertes, le gaspillage se concentre dans les phases en aval de la filière, par conséquent dans l'industrie alimentaire (39% du gaspillage total en Europe), dans la distribution (5% du gaspillage total en Europe), et dans la vente et la consommation des ménages (42% du gaspillage total en Europe).
    Toutefois, la crise économique actuelle a contribué à réduire ce phénomène, poussant les familles à prêter plus d'attention pour éviter les gaspillages, et cela dès les moments d'achat.

    Le sujet du gaspillage alimentaire sera au cœur du débat même à l'occasion du 4ème Forum International sur l'Alimentation et la Nutrition que le Barilla Center for Food & Nutrition organisera à Milan, les 28 et 29 novembre 2012.

    Que pouvons-nous faire ?

    Le gâchis alimentaire s'intègre dans le cadre plus général de notre société de surconsommation où l'on achète sans vraiment réfléchir. Pourtant, l'acte d'achat n'est jamais anodin et entretient trop souvent un système irresponsable qui met gravement en péril notre support de vie. En effet, le consommateur succombe trop souvent aux sirènes du marketing agroalimentaire. Ainsi, nous achetons des produits alimentaires qui nous sont inutiles et coûteux, pire, ce sont souvent ces mêmes produits qui sont préjudiciables à notre santé.

    D'une manière générale, il faut éviter d'avoir "les yeux plus gros que le ventre" : les promotions, les prix spéciaux sur les lots, les coupons de réduction, les gagdets "donnés" avec les produits alimentaires ne devraient pas être les principaux critères de choix ! A vouloir faire une bonne affaire ou se faire plaisir, on entasse des produits qui se périment et peuvent contribuer à déséquilibrer notre régime alimentaire. Plus censés, l'achat en vrac (qui tend à se démocratiser), et l'achat réfléchi ("en ai-je vraiment besoin ?") demeurent de bons moyens, simples, de faire des économies, de générer moins de déchets et d'ajuster au mieux la quantité de nourriture dont nous avons vraiment besoin tout en contribuant à préserver notre santé.

    Des gestes éco-citoyens sur l'alimentation vous sont proposés sur notre dossier dédié.

    Notes

    Le Barilla Center for Food & Nutrition est une plate-forme de réflexion et de propositions à l'approche multidisciplinaire qui aborde l'univers de la nutrition et de l'alimentation en embrassant les différentes thématiques qui s'y rapportent : économie, médecine, nutrition, sociologie et environnement. L'organisme garant des travaux du Barilla Center for Food & Nutrition est l'Advisory Board, composé des membres suivants : Barbara Buchner, directrice de Climate Policy Initiative, Venise, Claude Fischler, sociologue, Ellen Gustafson, activiste, John Reilly, économiste, Gabriele Riccardi, endocrinologue, Camillo Ricordi, scientifique de l'Université de Miami et Umberto Veronesi, cancérologue. Mario Monti a été membre de l'Advisory Board jusqu'en novembre 2011.

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