• Centres éducatifs fermés

     Sous Sarkozy, deux rapports officiels signalaient les dérives des centres éducatifs fermés

    Mardi 7 Août 2012   
     

    La droite était lancée dans une fuite en avant en matière de développement des centres éducatifs fermés (CEF), malgré des rapports officiels alarmistes. La ministre de la Justice, Christiane Taubira, a décidé que l'heure était à la réflexion plutôt qu'à la construction de nouveaux établissements. L'UMP voit rouge.

     

    (Centre fermé situé à l'hôpital-le-Grand, dans le nord de Saint-Etienne - DELAGE JEAN-MICHEL/SIPA)
    (Centre fermé situé à l'hôpital-le-Grand, dans le nord de Saint-Etienne - DELAGE JEAN-MICHEL/SIPA)    
    Christiane Taubira a enfin mis les pieds dans le plat et décrété une pause dans la construction de centres éducatifs fermés. En déclarant à Libération qu’il « faut sortir du fantasme CEF », la ministre de la Justice met un frein au développement de ces centres – aujourd’hui au nombre de 42 – crées en 2002 par l’ancien garde des Sceaux, Dominique Perben. « L'héritage de la précédente mandature prévoyait la transformation de 18 foyers supplémentaires en CEF, j'ai arrêté ça », a-t-elle déclaré. On parlait même à l’époque d’une centaine de centres !
     
    La droite est montée au créneau. L’ancien ministre de l’Intérieur et ami de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, s’en est pris à Christiane Taubira: « Elle privilégie la permissivité à l'endroit des mineurs délinquants ». Le député de Seine-et-Marne et vice-président du Parti radical, Yves Jégo, a aussi fait entendre sa mélodie : « Je constate qu'on détricote tout ce qui a été fait par la précédente majorité ».

    25 000 euros de dégâts

    Il s’agirait donc d’un choix politique, idéologique. Pourtant, à en croire un document rédigé en avril 2012 par la directrice du CEF de Savigny-sur-Orge, Malika Bendris, et révélé par Libération, l’état des lieux dans certains de ces centres est « alarmant ». « Un climat malsain, pervers, voire « maffieux », écrit-elle, règne au sein de mon établissement » ; elle se dit « effrayée par tant de mal-être et par la souffrance de certains agents » ; « tout est vide, il n’y a ni livres, ni matériel informatique, ni salle télévision (sic), aucun équipement ludo-éducatif à destination des mineurs » ; « les fugues et les incidents à l’interne se multiplient », etc. A part ça, tout va très bien monsieur l’agent !
     
    Le plus grave est que le constat de Malika Bendris intervient deux ans après un rapport interne de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) – en charge du dispositif –, qui était, selon nos informations, très critique à l’égard du fonctionnement de ce CEF. Deux ans se sont écoulés avant l’arrivée de la nouvelle directrice et rien n’a changé, apparemment.
     
    Même attentisme à Combs-la-Ville. Après la visite de Nicolas Sarkozy en septembre 2011 dans le centre situé dans cette ville, un rapport commandé à la PJJ s’alarmait du déficit pédagogique et de la lourdeur des coûts. Et pourtant, rien ne bouge. En mai 2012, ce centre a d’ailleurs été le théâtre d’une rébellion de sept mineurs. Le montant des dégâts s’élevait à quelque 25 000 euros. Le député et maire de Combs-la-Ville avait estimé à l’époque que «ces incidents [étaient] regrettables et condamnables, mais c’est normal qu’il y ait de gros moments de tension et de difficulté dans un lieu de privation de liberté où sont placés des jeunes au parcours très compliqué».
     
    Il a fallu attendre l’arrivée de la gauche en mai dernier pour que le ministère se mobilise. Sentant le vent tourner, l’actuel directeur de la PJJ, Jean-Louis Daumas, un ancien des cabinets de deux ministres de la Justice UMP successifs, Michel Alliot-Marie puis Michel Mercier, a commandé un nouveau rapport sur la situation de Combs-la-Ville. L’audit est en cours.
     
    Ces dernières années, de nombreux rapports ont évalué les CEF. Résultat : « le bilan est nuancé », précise un magistrat de la PJJ. D’où, peut-être, cette phrase de Taubira, toujours dans Libération : « Il faut arrêter de dire que c’est LA solution ». La ministre a lancé une vaste inspection. Un premier pas, selon Pierre Joxe, auteur d’un livre sur la justice des mineurs. « Ces centres, explique-t-il à Marianne2, n’avaient jamais été soumis à une étude d’évaluation générale. » Ce que les caciques de la droite se sont bien gardés de rappeler.

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