• Exibitions de Pascal Blanchard

    Exibitions de Pascal Blanchard

    2011   382 p.  49 €

    Cet ouvrage est publié à l'occasion de l'exposition "Exhibitions : l'invention du sauvage", présentée au musée du quai Branly du 29 novembre 2011 au 3 juin 2012.
     
    Pascal Blanchard est historien, spécialiste du fait colonial, chercheur associé au CNRS (Laboratoire Communication et Politique, UPR 3255), codirecteur du Groupe de recherche Achac.
    Gilles Boëtsch est chercheur à l'ESS/CNRS à Dakar.
    Nanette Jacomijn Snoep est responsable de l'unité patrimoniale des collections Histoire du musée du quai Branly.

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     l'exposition

    EXHIBITIONS met en lumière l’histoire de femmes, d’hommes et d’enfants, venus d’Afrique, d’Asie, d’Océanie ou d’Amérique, exhibés en Occident à l’occasion de numéros de cirque, de représentations de théâtre, de revues de cabaret, dans des foires, des zoos, des défilés, des villages reconstitués ou dans le cadre des expositions universelles et coloniales. Un processus qui commence au 16e siècle dans les cours royales et va croître jusqu’au milieu du 20e siècle en Europe, en Amérique et au Japon.

    Peintures, sculptures, affiches, cartes postales, films, photographies, moulages, dioramas, maquettes et costumes donnent un aperçu de l’étendue de ce phénomène et du succès de cette industrie du spectacle exotique qui a fasciné plus d’un milliard de visiteurs de 1800 à 1958 et a concerné près de 35 000 figurants dans le monde. À travers un vaste panorama composé de près de 600 oeuvres et de nombreuses projections de films d’archives, l’exposition montre comment ces spectacles, à la fois outil de propagande, objet scientifique et source de divertissement, ont formé le regard de l’Occident et profondément influencé la manière dont est appréhendé l’Autre depuis près de cinq siècles.
    L’exposition explore les frontières parfois ténues entre exotiques et monstres, science et voyeurisme, exhibition et spectacle, et questionne le visiteur sur ses propres préjugés dans le monde d’aujourd’hui. Si ces exhibitions disparaissent progressivement dans les années 30, elles auront alors accompli leur oeuvre : créer une frontière entre les exhibés et les visiteurs. Une frontière dont on peut se demander si elle existe toujours ?

    L’exposition a été réalisée avec la participation des équipes et le concours des collections iconographiques du Groupe de recherche Achac.


    le parcours de l'exposition

    EXHIBITIONS, L’invention du sauvage s’attache à sortir de l’anonymat ces hommes, femmes, enfants, figurants, bêtes de foires, acteurs ou danseurs, en dévoilant leurs histoires aussi diverses qu’oubliées.

    S’appuyant sur un travail de recherches débuté il y a plus de dix ans (avec le livre Zoos humains. Au temps des exhibitions humaines), un corpus de plusieurs milliers d’oeuvres et documents issus de plus de 200 musées et collections privées du monde entier (notamment musée du Prado, musée des Arts Décoratifs de Paris, British Library, Victoria & Albert Museum, National Portrait Gallery, Muséum d'Histoire Naturelle, Historisches Museum de Franckfort, musée du quai Branly et la collection rassemblée par le Groupe de recherche Achac), et une approche transversale et croisée sur une trentaine de pays, c’est la première exposition majeure avec une approche internationale, sur ce que l’on désigne sous le terme de « Zoos Humains ».

    Dans une scénographie évocatrice de l’univers du spectacle, l’exposition explore, dans une approche historique et thématique, la mise en scène de « l’Exotique » ou des « monstres » et la réception de ces spectacles populaires, scientifiques ou d’avant-garde à travers le monde. Grâce à l’audioguide, la voix et les commentaires de Lilian Thuram accompagnent le visiteur tout au long de l’exposition, en commentant une sélection d’affiches, de photographies, de sculptures et d’autres objets exposés pour les replacer dans leur contexte spécifique.

    ACTE 1 - LA DÉCOUVERTE DE L’AUTRE : RAPPORTER, COLLECTIONNER, MONTRER

    Ce premier acte présente la venue d’hommes exotiques en Europe, du 15e siècle au 18e siècle, et le regard porté sur ces « étranges étrangers », selon les quatre archétypes mis en scène : le sauvage, l’artiste, le monstre et l’ambassadeur exotique.

    À travers différents supports sont évoqués successivement la procession des « sauvages » Tupinamba du Brésil lors de l’entrée royale de Henri II en 1550 à Rouen, la venue des ambassadeurs Siam à la cour de Versailles en 1686, la présentation des Eskimos au roi Frederik II en 1654 à Copenhague ou encore le retour du Capitaine James Cook en Angleterre accompagné du Tahitien le « Bon Sauvage » Omaï en 1774 et qui donnera lieu à la création d’un spectacle joué pendant de longues années à Londres et à Paris…

    L’exposition présente notamment le fameux Portrait d’Antonietta Gonsalvus de Lavinia Fontana (1585) représentant l’une des enfants de la famille Gonsalvus des Canaries, connue au 16e siècle pour sa pilosité légendaire.

    ACTE 2 - MONSTRES & EXOTIQUES : OBSERVER, CLASSER, HIÉRARCHISER

    Le début du 19e siècle marque le commencement d’un nouveau genre : le spectacle ethnique qui se développe d’abord dans des cafésthéâtres puis dans des espaces de plus en plus grands et, bientôt, dans de véritables expositions ou cirques. Ce processus du spectacle de la différence assimile le difforme et le lointain : anormalités physiques, psychologiques et géographiques, désormais mises en scène, deviennent objets de spectacles.

    L’arrivée des premiers shows ethniques et de freaks forment une nouvelle dimension dans la culture populaire : l’exposition d’hommes exotiques aux côtés de monstres devient régulière. Comme Saartje Baartman, la « Vénus Hottentote », exhibée au début du 19e siècle à Londres puis à Paris, qui marque un véritable tournant dans ce processus de l’exhibition.

    Ces premiers spectacles façonnent et structurent le regard occidental sur l’altérité, et plus spécifiquement l’altérité en provenance des territoires que les différents états européens espèrent conquérir ou sont en train de coloniser.

    Cette époque de début de conquête impériale est aussi celle des théories portant sur la classification, la hiérarchisation de l’humanité et sur la notion de « race » ; pensée savante qui a marqué les sciences humaines tout au long du 19e siècle.

    ACTE 3 – LE SPECTACLE DE LA DIFFÉRENCE : RECRUTER, EXHIBER, DIFFUSER

    Entre 1870 et la Seconde Guerre mondiale, de nombreux lieux se spécialisent dans le « spectacle ethnique » : Crystal Palace à Londres, Barnum et Bailey à Madison Square, les Folies Bergère à Paris ou encore le fameux Panoptikum de Castan à Berlin. C’est l’époque de la professionnalisation du genre, le spectacle exotique devient un spectacle de masse.

    Le visiteur découvre ces « acteurs de la sauvagerie » qui se produisent sur scène, devenant de véritables professionnels, tels les aborigènes, les femmes à plateaux, les amazones, les charmeuses de serpents, les funambules japonais ou les danseuses du ventre orientales, mais aussi le Clown Chocolat dessiné par Toulouse-Lautrec ou encore le personnage mythique de Buffalo Bill qui présente son show autour de l’archétype de l’Amérindien exhibé, qui marquera à jamais l’imaginaire du Far West.

    C’est un « Sauvage » inventé que découvre, sans le savoir, le public.
    Rémunéré le plus souvent, l’exhibé, mis en scène, participe de cette construction des imaginaires.

    ACTE 4 - MISE EN SCÈNE : EXPOSER, MESURER, SCÉNARISER

    Villages ethniques reconstitués, jardins d’acclimatation et zoos, expositions coloniales et universelles, la science et le spectacle s’entremêlent dans des lieux multiples. Populations exotiques et étrangetés de la nature se retrouvent sur scène côte à côte comme appartenant au même univers de l’anormalité.
    Démesure, monumentalité et reconstitutions éphémères marquent cette partie de l’exposition illustrée par des oeuvres de grand format, notamment les affiches et les frises peintes, les projections de films d’archives, mais aussi des photographies et cartes postales.

    Les jardins d’acclimatation tout d’abord avec notamment celui de Paris qui, dès 1877, amorce le processus en Europe, en exhibant des troupes et groupes. Puis les villages itinérants comme ceux de Carl Hagenbeck qui en 1874 marquent le début des grandes tournées. Et les expositions universelles et coloniales qui, à partir de 1878 et jusqu’aux années 1930, intègrent la dimension exotique dans leurs mises en scène. Si l’Europe est particulièrement touchée, l’Amérique, le Japon et les colonies elles-mêmes (Australie, Indes ou Indochine) connaissent aussi ce phénomène qui attire des centaines de millions de visiteurs.

     

    Le parcours de l’exposition s’achève avec la fin des exhibitions dont les raisons sont diverses mais identiques à l’échelle du monde : manque d’intérêt du public, développement de l’industrie du cinéma, nouvelles formes de propagande impériale…

     

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