• Informations sur l'information

      L'information, un droit en voie de disparition

    Rédigé par Elie Arié le Jeudi 20 Juin 2013

    Rappelons d’abord que les hebdos et journaux, qui sont des entreprises à but lucratif, écrivent ce qui se vend le mieux : s’ils faisaient leur « Une » sur l' « Analyse détaillée de la loi de financement de la Sécurité Sociale » , qui a beaucoup plus d’importance pour notre avenir que telle ou telle phrase mal tournée lancée à chaud par un ministre, telle turpitude sexuelle d’un autre, telle fraude fiscale d’un troisième, croyez-vous qu’ils vendraient autant d’exemplaires? N’avons-nous pas la presse que nous méritons, ne faisons-nous pas nous-mêmes (en tant qu’acheteurs) notre propre presse, ses « unes » et ses sujets de prédilection?

    Il en va de même pour les journaux télévisés, (principale source d'information des Français) , qui consacrent davantage de temps aux catastrophes naturelles et aux faits divers qu'aux grandes problématiques politiques, économiques et sociales.

    Mais je voudrais attirer l’attention sur un autre phénomène.

    Le buzz sur tout ce qui est superficiel et accessoire est inévitablement lié à l'accélération du rythme de l'information allant de pair avec sa brièveté : Internet, sites Internet des journaux qui doivent se renouveler en partie plusieurs fois par jour, réseaux sociaux, blogueurs condamnés à écrire tous les jours une chronique (ou plusieurs) - ne dépassant pas les 5 000 signes, car l’expérience prouve que, sur Internet, ce qui est trop long n’est pas lu.

    Le flux continu d’informations dont nous sommes bombardés en permanence ( Internet, radios, télévisions) ne nous laisse pas le temps de la réflexion ; un summum est atteint par les chaînes de télévision d’infos en continu, qui nous fournissent simultanément

    • une info-image et son,
    • et une bande écrite défilante d’informations sans aucun rapport avec celles que nous voyons et écoutons :
    comme si leur vrai objectif était que notre esprit, consacrant toutes ses facultés à capter en même temps deux informations totalement différentes, ne puisse plus disposer d’ aucune capacité résiduelle pour réfléchir sur au moins l’une d’entre elles.

    Certes, il est plus important de lire les lois de finances de la Sécurité sociale, et, surtout, les analyses qui seraient faites de leurs conséquences (plusieurs, car elles traitent de beaucoup de choses très différentes) qui devraient être nécessairement longues et ardues, plutôt que de faire une montagne d'une phrase trop approximative de Hollande et sans lendemain. Mais comment traiter de tels sujets si on veut qu'ils soient repris par les 140 signes d'un tweet ?

    La superficialité du débat politique et des articles de la presse Internet n'est que la conséquence du rythme très rapide et très court qui s'imposent à eux.

    Comment rester informé sur ce qui est important ? En continuant à lire une certaine presse papier, qu'on soit d'accord avec elle ou pas, mais qui sait parfois combiner profondeur et diversité d’opinions, et à laquelle le temps et la longueur sont moins comptés, ce qui permet à la réflexion de remplacer la simple ingestion de faits à l'état brut, passive, automatique et même inconsciente, comme celle du popcorn dans certaines salles de cinéma trop américanisées.

    Mais quand cette presse aura disparu (car elle en prend le chemin), la surinformation produira pleinement son effet (volontaire ou inévitable, peu importe), qui est la désinformation; et le réflexe conditionné (« je suis pour Sarkozy- ou Hollande », « je suis contre Sarkozy –ou Hollande » ) aura remplacé la réflexion et la remise en cause permanente de nos opinions et de nos certitudes, sans laquelle nous sommes tous condamnés à la sclérose mentale précoce et définitive.

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