• Liberté e lapresse en France

    La France, "mauvais exemple" en Europe pour la liberté de la presse

    LEMONDE.FR | 25.01.12

    Le siège de France Télévisions, à Paris, en septembre 2010.

    La Hongrie, évidemment. L'Italie ? On pouvait s'y attendre. Mais la France… Un groupe d'experts de haut niveau chargé par la Commission européenne d'analyserle pluralisme des médias en Europe épingle pourtant ces trois pays, mardi 24 janvier. Les experts critiquent notamment la nomination du patron de France Télévisions par le président français.

    La Hongrie, d'abord : une nouvelle loi sur la presse y est entrée en vigueur le 1erjanvier. Elle participe de la volonté du gouvernement conservateur et nationaliste de Viktor Orban de paralyser les contre-pouvoirs. Cette loi place tous les médias, privés comme publics, télévisions ou blogs, sous l'autorité tutélaire d'un "Conseil des médias", doté de pouvoirs de sanction contre les antennes qui ne seraient pas"équilibrés politiquement".

    Le groupe d'experts de la Commission dénonce "l'extraordinaire concentration de compétences et responsabilités" au sein du conseil hongrois. Le gouvernement Orban "serait bien avisé de reconsidérer les lois et règlements adoptés", appuie l'ancienne présidente lettone Vaira Vike-Freiberga, qui dirige le groupe.

    "PAS UN BON EXEMPLE POUR L'EUROPE"

    La France, qui stagne à la 38e place du rapport annuel sur la liberté de la presse deReporter sans frontières (publié mardi, pour 179 pays au total), est également la cible de ces experts. Alors que RSF dénonce les pressions dont font l'objet les journalistes sur la protection de leurs sources et lorsqu'ils enquêtent sur les cercles proches du pouvoir, ce groupe européen met en question la nomination du président de France Télévisions par le président français.

    Ce droit avait été voulu par Nicolas Sarkozy en 2008 : "Je ne vois pas pourquoi l'actionnaire principal de France Télévisions, en l'occurrence l'Etat, ne nommerait pas son président", disait-il à l'époque, en faisant référence aux entreprises publiques comme EDF, la SNCF ou la RATP. Pour les experts européens, il y a là"clairement une concentration de pouvoirs dans une seule main", qui n'est "pas un bon exemple pour l'Europe", selon Vaira Vike-Freiberga.

    En Italie, les experts européens dénoncent sans surprise "une extrême concentration de chaînes et de radios privées en une seule main", celle de l'ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi. "La cour constitutionnelle italienne avait estimé que c'était une situation non désirable, mais politiquement cela a été ignoré", ont-ils relevé. Le groupe doit rendre ses conclusions d'ici la fin de l'année à la commissaire européenne en charge des nouvelles technologies, Neelie Kroes.

    Mardi, Mme Kroes a rencontré le PDG de Klubradio, principale radio d'opposition hongroise qui a perdu huit fréquences en 2011. La démarche du groupe d'experts mis en place par Mme Kroes est indépendante des procédures d'infraction lancées récemment par la Commission européenne à l'encontre de la Hongrie à la suite de ses lois constitutionnelles controversées.

    Le Monde.fr, avec AF

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