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    Non aux plantations d'hévéa et de palmiers au Gabon
    Les nouvelles autorités gabonaises, devenus des hommes d'affaires au sommet de l'Etat sont en train de concéder d'énormes superficies à l'entreprise singapourienne Olam pour les monocultures sur les terres ancestrales des populations. En même temps qu'elles font le tour du monde pour parler de Gabon vert, les terres gabonaises sont bradées en violation des droits des populations. Nous disons non à cette nouvelle colonisation de nos terres par ceux qui ont causé des degats en indonésie et en Malaysie avec ces mêmes monocultures.
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    "Executive Board Composition and Bank Risk Taking", par Allen N. Berger, Thomas Kick et Klaus Schaeck
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    Christian Chavagneux
    Alternatives Economiques n° 316 - septembre 2012

     

      
     

     

     
    couverture
    Pourquoi on ne s'en sort pas
    — septembre 2012 —
     

    Monsieur de La Palice aurait dit que si les banques prennent des risques, c'est parce que leurs dirigeants ont décidé d'en prendre… D'où l'intérêt d'aller voir d'un peu plus près la sociologie de ces cadres et patrons de banque, dont les choix plus ou moins prudents vont affecter l'avenir de leur établissement et du reste de l'économie.

    Trois économistes allemands ont observé à la loupe l'élite bancaire de leur pays. Ils ont cherché à mesurer en quoi l'âge, le niveau de diplôme et le genre des décideurs bancaires influençaient la prise de risque. Commençons par l'âge des capitaines. La littérature empirique tend à conclure que la volonté de prendre des risques s'émousse en vieillissant. Le fait d'avoir vécu des situations tendues au cours d'une carrière joue alors à plein, tandis que l'inexpérience, les plus grandes erreurs commises dans l'évaluation des actifs et la trop grande confiance en soi incitent les jeunes à l'imprudence. Les trois enquêteurs confirment ce résultat : un rajeunissement de l'élite dirigeante des banques s'accompagne de manière significative d'un accroissement des risques pris.

    Côté niveau d'éducation, certaines études montrent que les individus davantage diplômés ont tendance à choisir des investissements plus risqués ; d'autres dévoilent que les patrons détenteurs d'un MBA n'hésitent pas à recourir à des techniques de contrôle des risques plus élaborées ; d'autres études encore indiquent qu'ils ont tendance à adopter des stratégies d'investissement plus agressives. L'analyse des trois économistes montre au contraire que les banquiers allemands les plus diplômés sont les plus prudents. Ils cherchent à s'appuyer sur des ressources plus stables et à moins dépendre des sautes d'humeur des marchés pour leur financement.

    Audace féminine

    C'est sur le rôle des femmes que l'étude est la plus intéressante. La littérature existante n'offre pas de consensus sur ce point. Certaines recherches montrent que les banquières adoptent des stratégies d'investissement moins risquées ou que les crédits qu'elles accordent ont davantage de chances d'être remboursés. D'autres, au contraire, attestent que les femmes prennent plus de risques et que leurs décisions d'investissement s'avèrent souvent plus désastreuses.

    Qu'en est-il des banquières allemandes ? Elles accroissent sans conteste la prise de risque. Un résultat inquiétant au moment où l'Union européenne demande aux banques de faire davantage de places à la gent féminine, au nom de la diversité ! Surtout si l'on ajoute que ce sont les établissements bancaires les moins risqués qui ont tendance à promouvoir les femmes : renforcer leur poids décisionnel pourrait faire pencher les bonnes banques du mauvais côté !

    Reste un élément plus rassurant : les banquières prennent davantage de risques, d'une part, parce qu'ayant moins d'expérience aux postes à haute responsabilité que les hommes, elles font plus de bêtises et, d'autre part, parce qu'elles cherchent à montrer qu'elles en sont dignes par des stratégies plus agressives. Ainsi, plus les femmes seront promues, plus elles seront expérimentées, et plus elles se libéreront de ces comportements. D'ici là, pour éviter une prochaine crise financière, il nous faudrait donc compter sur les vieux banquiers diplômés !

    "Executive Board Composition and Bank Risk Taking", par Allen N. Berger, Thomas Kick et Klaus Schaeck
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  •   Rapport sur l'évasion fiscale : "Des témoignages m'ont choqué"

    Créé le 23-07-2012  par lisa Venturi (Nouvel Obs )

    Eric Bocquet, sénateur communiste du Nord, présentait ce matin le rapport de la commission d'enquête sénatoriale sur l'évasion fiscale. Interview.

    Yannick Noah et Guy Forget, le 12 juin, au Sénat,lors de leur audition devant la commission d'enquête sur l'évasion fiscale. (MEHDI FEDOUACH / AFP)

    Yannick Noah et Guy Forget, le 12 juin, au Sénat,lors de leur audition devant la commission d'enquête sur l'évasion fiscale. (MEHDI FEDOUACH / AFP)

    La Commission d'enquête sur l'évasion des capitaux et des actifs hors de France et ses incidences fiscales a auditionné d'avril à juillet 130 personnes, dont 90 au Sénat, et 40 lors de déplacements en Suisse, en Belgique, à Londres et à Jersey.

    Parmi les personnes entendues : les services de Bercy, la Société générale et BNP Paribas, les groupes LVMH, Total, Saint-Gobain…, des ONG, des syndicalistes, des journalistes d'investigation, des avocats fiscalistes, mais également Laurence Parisot, la patronne du Medef, et les tennismen Yannick Noah et Guy Forget.

    Durant les travaux de la commission, le rapporteur, Eric Bocquet, sénateur communiste du Nord, a tenu un blog. Il présente mardi 24 juillet les conclusions de son rapport. Interview.

    Qu'est-ce qui vous a le plus frappé au cours des auditions de la Commission ?

    - Ce qui m'a le plus frappé, ce sont les sommes que représente l'évasion fiscale. Selon les estimations, ce sont entre 40 et 50 milliards qui manqueraient au budget de l'Etat du fait des phénomènes d'évasion et d'optimisation. Sur un budget total de 275 milliards d'euros, ce ne sont pas des sommes négligeables.

    A l'échelle de l'Union européenne, une ONG britannique, Tax Research, estime la perte fiscale de l'ensemble des pays européens à 1000 milliards d'euros, soit environ cinq fois le budget total de l'UE. C'est dire l'ampleur du phénomène. J'ai également été choqué de découvrir, à Jersey, en Grande-Bretagne et en Suisse, la très grande proximité entre le pouvoir financier et le pouvoir politique local. C'est un mélange des genres qui interpelle. Mais j'ai aussi découvert l'extrême sophistication des moyens mis en œuvre.

    Lesquels par exemple ?

    - On connaît tous l'image d'Epinal de la valise de billets que l'on transporte en Suisse. Cela existe encore, mais il y a beaucoup d'autres procédés d'une bien plus grande complexité. Moi qui ne suis pas issu de la finance, je vais passer pour un candide… Mais j'ai découvert par exemple le fonctionnement des trusts à Jersey, qui permettent à une personne de faire gérer à une entité juridique, via un prête-nom, ses biens, ses tableaux, ses lingots d'or, ses domaines, ses chevaux… Et d'échapper ainsi à tout contrôle – car il n'y a aucune transparence sur l'identité de celui qui met en place le trust -, mais aussi à toute fiscalité.

    C'est un procédé d'opacification totale. Il y a bien sûr aussi les comptes non déclarés en Suisse, où règne le secret bancaire, et beaucoup d'autres montages très complexes proposés par les banques pour optimiser l'impôt. J'ai découvert toute l'ingénierie mise en œuvre derrière tout cela.

    L'audition de Yannick Noah et de Guy Forget a été très médiatisée. Qu'en retenez-vous ?

    - Guy Forget est toujours installé à Montreux, en Suisse, et Yannick Noah a vécu un moment en Suisse avant de rentrer en France. Sans cautionner ces pratiques, ce n'est que la partie visible de l'iceberg, dans la masse que représente au total l'évasion fiscale. Je pense que pour les sportifs de haut niveau, il faudrait imaginer une fiscalité particulière, avec une très forte imposition au cours des années de pic de leur carrière, où leurs gains sont les plus élevés, puis un régime qui puisse les aider dans leur reconversion et leur fin de carrière.

    Mais le cas des sportifs n'est vraiment pas celui qui m'a le plus indigné. J'ai été beaucoup plus choqué par l'attitude d'un patron de banque qui n'a pas dit la vérité sur la présence de sa banque dans des paradis fiscaux, alors que nous avons reçu des éléments qui prouvent le contraire…

    Quelles sont les principales préconisations de votre rapport ?

    - Nous avons fait 59 propositions, parmi lesquelles la création d'un Haut-Commissariat à la protection des intérêts financiers publics. Cet organe, qui permettrait de coordonner les différents services luttant contre l'évasion fiscale, et surtout d'inscrire ces actions dans la durée, pourrait être directement rattaché au Premier ministre.

    Il bénéficierait de l'expertise de très haut niveau nécessaire pour faire face à la sophistication des procédés. Une autre idée serait de se doter d'un outil statistique reconnu pour mesurer l'ampleur de ces phénomènes, car pour l'instant nous ne travaillons que sur des estimations et des extrapolations.

    Un tel outil comptable fait cruellement défaut en France, alors que les Etats-Unis l'ont mis en place dès les années 60. Nous pourrions également envisager d'imposer aux grands groupes multinationaux la présentation d'une comptabilité pays par pays, voire projet par projet, pour avoir une photographie fidèle de l'activité de l'entreprise. Et qu'on ne puisse plus prétendre perdre de l'argent en France, alors qu'on en gagne beaucoup ailleurs.

    Et que proposez-vous au niveau européen ?

    - Une réflexion est engagée au niveau européen pour mettre en place une assiette commune d'imposition sur les sociétés (ACCIS). Car dès lors qu'il y a disparité, il y a concurrence, et dans un espace qui autorise la libre circulation des capitaux, on a là tous les ressorts de l'évasion fiscale potentielle. Il faut agir là-dessus.

    Il faut aussi régler le problème posé par deux pays, le Luxembourg et l'Autriche, qui s'opposent à la transmission automatique d'informations entre les administrations fiscales des pays de l'UE. Cela bloque tout, car en matière de fiscalité, aucune décision ne peut être prise sans unanimité. On pourrait enfin imaginer de créer un fichier européen des comptes bancaires, comme il en existe déjà un en France. C'est un outil de transparence. Il y aura des résistances, mais si on veut vraiment s'attaquer au sujet, il va falloir convaincre, et sinon faire pression.

    Certaines mesures ont-elles été écartées ?

    - L'idée de lier la nationalité et la fiscalité, c'est-à-dire qu'un ressortissant français, quel que soit son lieu de résidence, paie ses impôts en France, a surgi pendant la campagne présidentielle. Les Etats-Unis l'ont fait. Notre rapport demande qu'une réflexion soit engagée sur cette question, qui demande à être creusée.

    Avez-vous prévu un volet sanctions ?

    - Nous proposons d'augmenter le délai de prescription des faits de fraude fiscale, qui passerait de 10 à 15 ans.

    Quelles suites espérez-vous après la présentation de ce rapport ?

    - Je rappelle qu'il a été voté à l'unanimité par une commission composée de 21 sénateurs de tous bords. Même si nous avons des sensibilités politiques différentes [la commission était présidée par le sénateur UMP de Paris Philippe Dominati, NDLR], il n'y a eu aucun achoppement particulier, ni sur le constat, si sur les propositions.

    Mais il ne faut pas que ce sujet reste une affaire de spécialistes financiers. Pour que les politiques bougent, il faut que les citoyens s'en emparent. Si on s'arrête à ce rapport, on n'aura rien réglé. Dès la rentrée, nous prendrons contact avec les ministères concernés pour que certaines de nos mesures soient mises en place très rapidement. Sinon, elle pourront déboucher sur des propositions de loi. Ce rapport est une boîte à outils que nous souhaitons faire vivre dans la durée.


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    En Argentine, fronde contre un mégaprojet minier polluant

    Tribune des droits humains"     Jérôme Le Boursicot
     

    Manifestation contre l’exploitation minière, Andalgala, juillet 2012 (Jérôme Le Boursicot)

    (D’Andalgala) A Cerro Negro, la mobilisation bat son plein contre la compagnie minière La Alumbrera, détenue à 50% par la société suisse Xstrata. Depuis le 9 juillet, des activistes de toute l’Argentine bloquent les camions de ce consortium minier canado-suisse et coupent ainsi l’approvisionnement de Bajo La Alumbrera, l’une des plus grandes mines à ciel ouvert d’Amérique latine.

    Ils luttent « pour l’autodétermination des peuples et la préservation de l’environnement ». Nombre d’habitants d’Andalgala sont dans le lot.

    Depuis quinze ans, la petite ville montagnarde – 15 000 âmes – de la province de Catamarca, au nord-ouest du pays, rejette la mine d’or et de cuivre Bajo La Alumbrera. Mais un autre projet minier, porté lui aussi par Xstrata, cristallise désormais les mécontentements.

    C’est Agua Rica, encore en phase exploratoire. Trois fois plus grande que Bajo La Alumbrera, la nouvelle mine consommera et polluera d’autant plus les ressources en eau de la localité, selon ses détracteurs.

    Pressions et menaces des autorités

    « Dehors Agua Rica », « Non à la mine, oui à l’eau »... Sur les pancartes, les slogans sont sans équivoque en ce 354e anniversaire d’Andalgala.

    Les militants de l’assemblée El Algarrobo défilent sous les applaudissements des habitants, répondant à l’appel du maire au micro. Patricia Figueroa, une activiste, s’indigne :

    « Avec Agua Rica, ils pomperont directement dans des sources qui alimentent la ville. »

    L’agriculture, activité essentielle dans la région et grande consommatrice d’eau, est menacée, ajoute-elle.


    La mère de Luis Enrique évoque la répression du 15 février 2010 : « C’était terrible, les femmes pleuraient toute » (Jérôme Le Boursicot)

    Dans les rues d’Andalgala, les badauds se joignent au cortège. Depuis la violente répression de la police provinciale le 15 février 2010, la majorité de la population soutient le mouvement.

    Luis Enrique, sous les drapeaux multicolores, décrit des scènes de guerre civile :

    « Les femmes pleuraient sur la place centrale, une nuit d’horreur. Les forces anti-émeute ont épuisé leurs balles en caoutchouc. »

    Résultat : des centaines de blessés et une quarantaine d’arrestations.

    La Alumbrera nie toute pollution et se targue de respecter les standards internationaux les plus exigeants en matière de gestion de l’eau.

    Selon l’assemblée El Algarrobo, toutefois, le consortium aurait acheté les universitaires réalisant les contrôles. La province, qui y participe également, dépend de la manne minière, ajoutent les militants.

    La fondation Service Paix et Justice du prix Nobel de la paix Adolfo Pérez Esquivel évoque notamment plusieurs études pointant diverses pollutions générées par l’exploitation du gisement. Les habitants d’Andalgala redoutent les maladies. Et subissent, avec les élus municipaux, pressions et menaces des autorités de la région, toutes dans les poches de La Alumbrera, selon l’ONG Les Amis de la Terre.

    La Présidente défend la mine

    « Derrière chaque délit environnemental, il y a un fonctionnaire corrompu », renchérit Gustavo Antonio Gomez. Le procureur fédéral de la province de Tucuman a, le 28 mars 2012, déposé plainte auprès de la Cour interaméricaine des droits de l’homme contre l’Etat argentin.

    Il dénonce « l’impunité » dont jouit La Alumbrera, qui ne respecte pas toutes les lois environnementales. L’industrie minière bénéficie d’un allié de poids : la présidente argentine Cristina Kirchner soutient sans concession le développement du secteur.

    Autre grief contre la joint-venture, pointé par des ONG : grâce à une législation favorable, les bénéfices record dégagés ne profitent guère à la population locale, minée par le chômage. Patricia résume :

    « Nous vivons près de richesses incroyables mais restons pauvres comme des rats. »

    Ville divisée

    L’entreprise rétorque que plus de la moitié des 2 200 personnes travaillant sur le site existant sont originaires de Catamarca. Et de souligner sur son site web qu’elle finance la construction d’écoles et d’hôpitaux dans la province.

    « On est loin des 6 000 emplois ou des 5 000 logements annoncés au départ », s’irritent les manifestants.

    Les mines à ciel ouvert divisent la localité, regrette le maire. La centaine d’employés de La Alumbrera à Andalgala touche des salaires qui font des envieux. « Nous avons des familles à nourrir », se justifie Emanuel Rios, ingénieur chez Xstrata, au volant d’une camionnette flambant neuve.

    De leur côté, les opposants aux mines de Xstrata ne lâchent rien. Le rassemblement de Cerro Negro vise même à étendre le mouvement de contestation contre « les méga-projets miniers, qui pillent les richesses nationales au détriment de l’environnement ».

    En attendant, lors des repas de mariage, à Andalgala, il y aura maintenant toujours deux tables. Celle des « anti », et celle des « pro-mine ».


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