•    « Réunionnais de la Creuse » : pourquoi cinquante ans de silence ?

    Rémi Noyon | Journaliste  Rue 89
    Mis à jour le mardi 18 février 2014 
    Ajout de quelques informations apportées par la députée Monique Orphée.
     

    Entre 1963 et 1982, 1 600 enfants réunionnais ont été expédiés dans des départements vieillissants par la Ddass. Ce mardi, les députés se prononcent sur « la responsabilité morale » de l’Etat.


    Quelques-uns des enfants créoles emmenés en métropole (RICLAFE/SIPA)

    Au début des années 60, Michel Debré, alors député d’outre-mer, est obsédé par la « surnatalité » qui grève La Réunion. Plein de nobles sentiments, il entreprend de drainer de jeunes Réunionnais vers des départements vieillissants comme la Creuse, le Tarn ou le Cantal.

    Immatriculés « pupilles de l’Etat », des enfants sont expédiés en métropole, à 9 000 kilomètres de chez eux, par la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass). Placés dans des familles paysannes, certains vivent heureux. D’autres font face à la solitude, au déracinement et au racisme ordinaire. L’expérience se solde par des suicides et des troubles psychiques.

    Ce mardi, les députés se prononcent sur « la responsabilité morale [de l’Etat] » dans ce transfert de plus de 1 600 enfants réunionnais, mené entre 1963 et 1982.

    Il a fallu cinquante ans au Parlement pour s’intéresser à cet épisode peu reluisant de la République. Une éternité si l’on compare avec nos voisins britanniques qui, dès les années 50, ont dressé un bilan très négatif des migrations d’enfants vers l’Australie. Côté australien, le Queensland a enquêté en 1999 sur les abus commis sur les gamins lors de ces déplacements.

    En France, rien de tel. La députée réunionnaise Ericka Bareigts, à l’origine de la proposition de résolution, souligne la méconnaissance de ce trait historique, jusqu’à La Réunion :

    « Personne ne s’est attaché à faire rentrer dans l’histoire de France cet épisode grave et brutal. Il faut arrêter de cacher une partie de notre mémoire. »

    Un rapport d’« une nullité formidable »

    C’est un dépôt de plainte, en 2002, qui va permettre de faire émerger l’affaire des « enfants de la Creuse » (expression impropre puisque 64 départements sont concernés). Devenu adulte, l’un de ces « pupilles », Jean-Jacques Martial, poursuit l’Etat pour « enlèvement et séquestration de mineurs, rafle et déportation ».

    Les actions en justice n’aboutiront jamais, en raison de la prescription des faits, mais les médias recueillent les témoignages de ces Réunionnais exilés. Certains vont jusqu’à parler – abusivement – de « déportation ». On retrouve deux documentaires sur le sujet qui n’avaient été que peu diffusés dans les années 90.

    Dans la foulée, la ministre de l’Emploi et de la Solidarité, Elisabeth Guigou, commande un Rapport à l’inspection générale des affaires sociales (Igas) [PDF]. Ce document, jugé « d’une nullité formidable » par des historiens, dédouane très largement l’Etat. Il faut lire entre les lignes pour comprendre que des familles ont été trompées, sommées de confier leurs enfants avec la promesse d’une vie meilleure et d’un retour rapide.

    Surtout, ce n’est pas une mission parlementaire qui mène l’enquête, mais l’administration. C’est-à-dire le supérieur hiérarchique de la Ddass...

    Dix ans passent avant qu’une députée réunionnaise ne dépose la proposition de résolution examinée ce mardi, visant à reconnaître la responsabilité de l’Etat. Citons tout de même le sénateur Jean Pierre Sueur, qui avait interpellé, en 2009, le ministre du travail et des affaires sociales de l’époque, en l’occurrence Brice Hortefeux. Sa question était restée sans réponse.

    Avant cela, rien. Ou pas grand-chose. Quarante ans de silence presque total.

    1968 : la « chasse aux enfants »

    Pourtant, l’histoire n’était pas inconnue. Dès août 1968, le journal communiste réunionnais Témoignages, lancé par Raymond Vergès (le père), publie un article titré : « Comment se fait le recrutement des immigrants réunionnais en France : volontaires ou volontaires forcés ? »

    L’auteur y parle de « chasse aux enfants » et s’interroge sur leur sort :

    « Ne sont-ils pas remis à des organismes privés ? Que deviennent les enfants ? Ne sont-ils pas acheminés vers la France ? »

    Le lendemain, le journal imprime le témoignage d’un père qui se déclare victime de l’enlèvement de six enfants.

    En décembre 1973, c’est le tout neuf quotidien Libération qui parle de « vol d’enfants » et titre « Les jeunes Réunionnais déportés vers la France ».

    Les députés communistes ne bronchent pas. Aucun homme politique n’extrait l’affaire de ces quelques lignes dans la presse de gauche. Il faut dire que le vocabulaire administratif de l’époque anesthésie la compréhension : on parle de « transferts interdépartementaux ».

    Même à La Réunion, le silence règne. L’universitaire Wilfrid Bertile s’inquiète, en 1968, de la prise en charge de ces « pupilles ». Mais lorsqu’il devient député, en 1981, il ne revient pas sur cet aspect des migrations vers la métropole.

    Debré, le grand républicain

    A l’époque, le traitement de ces jeunes ne choque pas grand monde. La Ddass a pour habitude de casser les fratries et de rompre tout lien avec les familles pour que les enfants puissent repartir de zéro. Cette politique est menée jusqu’à un rapport critique, rédigé par Jean-Louis Bianco et Pascal Lamy en 1989.

    Surtout, les « transferts » sont l’œuvre d’un grand résistant, père de la Constitution de la Ve République et ancien Premier ministre. C’est d’ailleurs là que se niche toute la perversité de l’affaire et son intérêt : c’est au nom de la République, qui ne reconnaît que des citoyens égaux, abstraits, sans origines, qu’est organisée la migration.

    L’historien Ivan Jablonka a rédigé l’un des rares livres sur le sujet :

    « Ce que fait Michel Debré est conforme à la pensée républicaine. Et c’est cela le plus troublant. Lorsqu’il envoie les gosses en métropole, c’est pour les intégrer à la République française : il veut donner une deuxième chance à ces enfants. C’est à la fois républicain et illégitime sur le plan moral. »

    Certes, les directeurs des Ddass font remonter aux préfets les difficultés qu’ils rencontrent avec ces enfants – en 1972, le préfet de Lozère relaye timidement ces avertissements – mais globalement, personne ne bouge dans l’administration. Le système perdure jusqu’en 1982.

    Pour Ivon Jablonka, il faut aussi considérer l’assise politique de Michel Debré, qui parvient à prendre l’ascendant sur les préfets. L’Etat cautionne l’initiative du député puisque le ministère de la Santé installe en 1972 une antenne de surveillance en métropole « pour suivre les placements d’enfants ».

    Ne pas parler de « pupilles »

    Alors que les mentalités évoluent dans les années 80, la « chape de plomb » continue de peser sur les « enfants de la Creuse ». L’expression est utilisée par le sociologue Philippe Vitale, qui a coécrit un livre sur le sujet après une véritable enquête de terrain. Pour lui, il y avait un manque d’intérêt pour ce qui semblait être un détail de l’histoire de la colonisation :

    « 1 600 gamins dans l’histoire de la traite et de l’esclavagisme, c’est, pour certains, un micro-évènement. »

    D’ailleurs, selon lui, le déroulé historique précis reste encore méconnu des politiques et se traduit par un proposition de résolution bancale. Il n’apprécie pas que la députée ait repris le terme de « pupille », qui gomme les mensonges faits aux parents :

    « Tous n’étaient pas pupilles au départ. Il y avait trois types de cas :

    • les pupilles de l’Etat, qui ont fait l’objet d’un abandon expressément formulé (article 55 du code de la famille) ou d’une déclaration judiciaire d’abandon (article 50) ;
    • les mineurs en garde, qui ont fait l’objet d’une décision de justice qui confie la responsabilité des enfants à l’autorité administrative ;
    • les mineurs recueillis temporairement, les parents donnant provisoirement la garde à la Ddass.

    Ces trois catégories, à l’arrivée en métropole, ont toutes tendu vers une seule : les pupilles. Mais utiliser le terme ainsi dénote une ignorance de l’Histoire. »

    Jointe au téléphone, la députée reconnaît spontanément que le terme ne détaille pas la réalité des faits et souligne qu’il reprend la catégorisation faite à l’époque.

    Elle a d’ailleurs co-signée une lettre envoyée à François Hollande, dans laquelle elle décrit l’utilisation abusive du statut de « pupille de l’Etat » :

    « Certains de ces enfants répondaient de toute évidence à ce statut. Mais pour d’autres, on aurait assuré aux familles les plus démunies afin d’obtenir leur consentement qu’un projet permettrait à leurs enfants de bénéficier dune formation en France métropolitaine et de revenir qualifiés à La Réunion. »

    L’« euphémisme » de la résolution

    Avec elle, la députée Monique Orphée détaille les objectifs du texte examiné ce mardi :

    • que ce drame soit enfin reconnu, avec la mise en place par le ministre de l’Outre-mer du comité d’historiens en charge de faire toute la lumière sur cette histoire ;
    • que les parents, pour certains aujourd’hui disparus, soient rétablis dans leur dignité.

    De son côté, Ivan Jablonka s’étonne de « l’euphémisme » mis au centre du texte. Le troisième alinéa de la résolution considère que « l’Etat a manqué à sa responsabilité morale envers ces pupilles » :

    « Cela sous entend que l’Etat a mal surveillé ces enfants. Ce n’est pas du tout cela, c’est beaucoup plus grave. C’est l’Etat qui a présidé à cette migration. C’est l’Etat qui a baladé les enfants au nom de l’idéal républicai


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  •  Le curieux destin de l’homme qui inventa une nouvelle langue

    Joshua Foer  25/02/2014  Rue 89  
     

      John Quijada, linguiste amateur californien, s’est promis d’inventer une langue qui échapperait aux défauts des autres  : l’ithkuil. Un beau jour, il est invité à effectuer un voyage en République de Kalmoukie.


    De l’ithkuil (Illustrations : Audrey Cerdan - Image de fond : Nasa)

    Il existe tant de manières de voir le monde. On peut entrevoir, repérer, visualiser, voir, regarder, épier, ou lorgner. Fixer, dévisager, scruter. Mater, surveiller, examiner. Chaque verbe suggère une subtile nuance  : « regarder » implique une volonté, « épier » évoque la dissimulation, « dévisager » apporte une idée de jugement social et « fixer », une note de stupéfaction.

        Making of

       Cette formidable histoire signée Joshua Foer a d’abord été publiée dans le New Yorker en décembre 2012. Elle a été traduite de l’anglais par Camille de Chevigny. Vous pourrez lire le texte intégral dans le prochain numéro de la revue Feuilleton, que nous sommes heureux de compter parmi nos partenaires. Au sommaire de cette livraison, signalons aussi une nouvelle inédite d’Alice Munro (Prix Nobel de littérature 2013). Mathieu Deslandes

    Lorsqu’on essaie de décrire l’action de la vue, on balaie une myriade de sens possibles. Cependant, puisque les pensées et les mots se situent à des niveaux différents, les expressions résultent toujours d’un compromis. Les langues sont de véritables fourre-tout. Elles évoluent au cours des siècles selon un procédé démocratique non planifié qui laisse derrière lui d’innombrables scories, des excentricités et des mots comme « cacochyme ».

    Quiconque se mettrait en tête de concevoir une nouvelle forme de communication n’aboutirait jamais à quoi que ce soit qui ressemblât de près ou de loin à l’anglais, au mandarin ou à l’une des 6000 langues parlées de nos jours. « Les langues naturelles sont valables mais cela ne veut pas dire qu’elles sont optimales », m’explique John Quijada, 53 ans, ancien employé du département des Véhicules motorisés de Californie, organisme public chargé de l’enregistrement des véhicules et des permis de conduire.

    Logique, efficacité : une « langue idéalisée »

    En 2004, il a publié sur Internet une monographie intitulée  : « Ithkuil  : une conception philosophique pour une langue hypothétique ». Ecrit comme un manuel de linguistique, le site web de quatorze pages cataloguait près de 160 000 le mots. Il détaillait la grammaire, la syntaxe et le lexique d’une langue que Quijada avait passé trente ans à inventer pendant son temps libre. Quijada était le seul à avoir jamais parlé ithkuil, et il n’avait jamais imaginé que cela puisse un jour changer.

    Dans sa préface, Quijada décrit ainsi la « haute ambition » qui était la sienne  :

    « Essayer de créer ce que les êtres humains, avec les seuls moyens du bord, n’inventeront jamais naturellement, ou alors uniquement par un effort intellectuel conscient  : une langue idéalisée qui vise le plus haut degré possible de logique, d’efficacité, de détail et d’exactitude accessible à l’expression cognitive orale, tout en réduisant au maximum les ambiguïtés, le flou, les illogismes, la redondance et la polysémie (la multiplicité de significations) et plus généralement l’arbitraire qui paraît inhérent aux langues naturelles. »

    L’ithkuil poursuit deux objectifs à première vue incompatibles  : être le plus précis et le plus concis possible, parvenir à rendre compte de presque toutes les pensées qui peuvent traverser un cerveau humain et le faire avec un minimum de sons.

    Des idées qui ne peuvent être exprimées que par l’intermédiaire de circonlocutions en français sont susceptibles d’être abrégées en un seul mot en ithkuil. Une phrase comme  : « Au contraire, je pense que cette chaîne de montagne escarpée pourrait se révéler à un certain moment moins abrupte », se traduit simplement par « Tram-mļöi hhâsmařpţuktôx ».

    La création d’une langue parfaite  ?

    Après la publication de son manuscrit sur Internet, il n’a pas fallu longtemps à la petite communauté de passionnés des langues pour prendre conscience de ce qu’un simple fonctionnaire sans diplôme universitaire comme Quijada avait accompli. Un site web qualifia l’ithkuil de « monument à la gloire de l’ingéniosité et des capacités de conception humaines ». Et s’il s’agissait de la concrétisation la plus aboutie du rêve chimérique qui hantent les philosophes depuis des siècles  : la création d’une langue parfaite  ?

    La première apparition de l’ithkuil dans la presse a été relevée en 2004, dans Computerra, un magazine de vulgarisation scientifique russe. Sous le titre « La vitesse de la pensée », l’article notait des similarités remarquables entre l’ithkuil et un langage imaginaire concocté par l’auteur de science-fiction Robert Heinlein dans son roman « Gulf » publié en 1949. Le récit de Heinlein décrit une société secrète de génies, les Hommes nouveaux, qui s’entraînent à penser plus vite et avec plus de précision à l’aide d’une langue baptisée « speedtalk », qui permet de condenser des phrases entières en quelques mots. Les Hommes nouveaux utilisent cette langue performante pour préparer leur complot contre les ignares « homo saps » et prendre le pouvoir sur le monde.

    Peu après la publication de l’article russe, Quijada a commencé à recevoir un flot régulier de messages provenant d’adresses mail en « .ru », le mitraillant d’obscures questions et exigeant des changements de la langue pour rendre les mots plus faciles à prononcer.

    Alexey Samons, ingénieur informaticien basé à Vladivostok, s’est attelé à la tâche monumentale de traduire en russe le site web consacré à l’ithkuil, et peu de temps après, trois forums russes ont émergé sur le Net pour débattre des mérites et des usages de l’ithkuil.

    Bakhtiyarov et la psychonétique

    Au début, cet intérêt émanant de la Russie laisse Quijada perplexe. « J’étais tout à la fois gêné, flatté et intrigué », raconte-t-il. « Mais au-delà de ça, je voulais surtout savoir qui étaient ces gens. »

    Début 2010, on lui fait suivre l’e-mail d’un universitaire ukrainien, Oleg Bakhtiyarov, rédigé dans un anglais approximatif. Bakhtiyarov se présente comme le directeur d’une institution d’enseignement supérieur récemment fondée à Kiev, l’université de développement réel, et comme le principal initiateur d’un mouvement philosophique  : la psychonétique.

    Quand Quijada interroge Google en couplant « Bakhtiyarov » et « psychonétique », il tombe sur une « jungle de jargon impénétrable » à propos d’« efforts destinés à développer l’esprit humain en s’appuyant sur un mélange d’idées occidentales et orientales », mais rien qui puisse éveiller ses soupçons quant aux motivations du groupe.

    L’e-mail invite Quijada à participer à une conférence intitulée « Technologie créative  : perspectives et moyens de développement » qui doit se tenir en juillet à Elista, capitale de la République de Kalmoukie, un petit Etat partiellement autonome de l’ex-Union soviétique situé sur le littoral aride de l’ouest de la mer Caspienne. [...]

    L’ithkuil n’est pas sorti de nulle part. Depuis le Moyen Age au moins, les philosophes et les philologues ont rêvé de pallier les défauts des langues naturelles en construisant des idiomes totalement neufs selon des principes logiques et rationnels.

    Inventer de nouvelles formes de discours est une pulsion quasi cosmique qui prend sa source dans ce que la linguiste Marina Yaguello, auteur de l’ouvrage « Lunatic Lovers of Language », décrit comme « une relation ambivalente oscillant entre l’amour et la haine ». L’envie de créer une langue est symptomatique d’un amour si fort pour les pouvoirs du langage qu’il se change en haine dès qu’il en aperçoit les faiblesses :

    « Je crois qu’aucun fantasme n’a été poursuivi avec autant d’ardeur par l’esprit humain, à part peut-être la pierre philosophale ou la preuve de l’existence de Dieu  ; et qu’aucune autre utopie n’a fait couler autant d’encre, à part peut-être le socialisme. »

    Langues construites : « l’histoire d’un échec »

    La première langue totalement artificielle dont il subsiste encore des traces, la lingua ignota, fut créée par Hildegarde de Bingen, une religieuse et mystique allemande du XIIe siècle qui est plus connue pour avoir rédigé la toute première œuvre dramatique à vocation morale. Il semblerait qu’elle ait fait usage de la lingua ignota pour entrer dans une sorte de communion mystique. Il ne reste de sa langue qu’un court texte et un dictionnaire de 1 012 mots rangés par ordre hiérarchique du plus important (« Aigonz », Dieu) au moins important (« cauiz », grillon).

    Plus de 900 langues ont été inventées depuis la lingua ignota, et elles ont presque toutes sombré dans l’oubli. « L’histoire des langues construites est, pour la majeure partie, l’histoire d’un échec », écrit Arika Okrent, auteur d’un ouvrage intitulé « In the Land of Invented Languages ». Parmi les fiascos les plus spectaculaires, nombreuses sont les langues qui, à l’instar de l’ithkuil, ont tâché de tendre à la réalité un miroir fidèle.

    Au XVIIe siècle, des philosophes européens comme Francis Bacon, René Descartes et Gottfried Leibniz étaient fascinés par la façon dont les langues naturelles obscurcissent la pensée et se demandaient si un substitut artificiel serait en mesure de saisir avec plus d’exactitude la vraie nature des choses.

    Au siècle précédent, des missionnaires jésuites avaient rapporté les premiers exposés approfondis sur le fonctionnement du chinois  : nombre de philosophes furent subjugués en découvrant que les caractères chinois représentaient des concepts plutôt que des sons, et qu’un seul idéogramme avait la même signification pour tous les habitants de l’Asie orientale, bien qu’il ne se prononce pas du tout de la même façon d’une langue à une autre.

    Et, se demandaient-ils, s’il était possible de créer un langage écrit universel qui pourrait être compris de tous  ? Et s’il était possible d’inventer un jeu de « caractères réels », à l’image de ce que les nombres arabes sont dans le domaine du calcul  ? « Cette langue écrite sera une forme d’algèbre général, une arithmétique de la raison, si bien qu’au lieu de débattre, nous pourrons dire que nous calculons », écrivit Leibniz en 1679.

    Du solresol à l’espéranto

    On peut remonter la filiation conceptuelle de l’ithkuil jusqu’à Leibniz, Bacon et Descartes, et plus particulièrement jusqu’à John Wilkins, évêque et humaniste du XVIIe siècle qui essaya de mettre en pratique leurs nobles idéaux. Dans son « Essai vers un caractère réel et un langage philosophique », rédigé en 1668, Wilkins établit un arbre taxonomique tentaculaire destiné à représenter une classification rationnelle de tous les concepts, choses et actions dans l’univers.

    Chaque branche de l’arbre correspond à une lettre ou une syllabe  ; ainsi, pour composer un mot, il suffit de suivre un ensemble de ramifications jusqu’à la tige représentant le concept recherché. Par exemple, dans le système de Wilkins, « De » signifie élément, « Deb » correspond au feu et « Debα » veut dire flamme. [...]

    Au XIXe siècle, le rêve de construire une langue philosophique capable d’exprimer des vérités universelles laisse place au désir non moins ambitieux d’unifier le monde à l’aide d’une seule langue auxiliaire, facilement assimilable et politiquement neutre. Le solresol, créé par le musicien français Jean-François Sudre, est l’une des premières langues universelles à attirer l’attention populaire. Elle se compose uniquement de sept syllabes  : do, ré, mi, fa, sol, la, si. Les mots peuvent être chantés ou joués au violon. Ils peuvent également être traduits dans les sept couleurs l’arc-en-ciel, et donc tissés en phrases entières dans une étoffe sous la forme de flux de couleurs.

    Parmi les quelque cent langues universelles qui virent le jour au XIXe siècle, l’espéranto, inventé dans les années 1880 par L. L. Zamenhof, un docteur juif de Bialystok, fut de loin celle qui connut le plus large succès. A son apogée, l’espéranto comptait près de deux millions de locuteurs et une littérature propre riche de plus de 15 000 ouvrages. Deux guerres mondiales et l’ascension de l’anglais international portèrent un coup fatal au rêve poursuivi par les espérantistes de créer une langue universelle. [...]

    La découverte du groupe français Magma

    John Quijada est né à Los Angeles d’un couple d’émigrés mexicains de première génération et a grandi dans une banlieue pavillonnaire blanche, Whittier, où il a fréquenté le même collège que Richard Nixon. Son père, un Indien Yaqui, était imprimeur et fabriquait les panneaux promotionnels qui habillaient les vitrines des épiceries. La nuit, il peignait des paysages.

    L’entrée de Quijada dans l’univers des langues construites doit beaucoup à la politique utopiste de l’espéranto et au bac « imports » du magasin de disque de son quartier. C’est là que, adolescent curieux des années 1970, il découvre l’album concept de Magma, un groupe de rock progressif français. Toutes leurs chansons sont écrites en kobaïen, une langue mélodique extraterrestre échafaudée par le chanteur excentrique du groupe, Christian Vander. Il se souvient :

    « Voir quelqu’un monter sur scène et sans le moindre scrupule entonner ces chansons épiques, lyriques, gargantuesques, ça m’a fait comprendre que, merde… c’était ça qu’il fallait que je fasse. »

    A 15 ans, il crée mbozo, la première d’une longue série de langues construites, un hybride entre un germanique romantique générique auquel il attribue un nouveau vocabulaire et une phonologie inspirée des sonorités africaines. Le pskeoj, créé un peu plus tard, bénéficie d’un vocabulaire tapé au hasard des touches d’une machine à écrire.

    A 18 ans, Quijada intègre l’université de Californie, Fullerton, avec l’ambition de devenir anthropologue linguiste. « Je rêvais d’être le gars qui va en Amazonie et qui apprend une langue qu’aucun allochtone ne parle », dit-il.

    Il passe des heures à la bibliothèque à éplucher les descriptions des langues les plus exotiques du monde et devient un expert en grammaires bizarres :

    « J’ai pris conscience que chaque langue prise individuellement possède au moins un élément plus abouti que les autres. »


    De l’ithkuil (Illustration : Audrey Cerdan - Image de fond : Nasa)

    Du guugu yimithirr et du nigéro-kordofanien

    Par exemple, le guugu yimithirr, la langue des Aborigènes d’Australie, n’utilise pas d’adverbes de positionnement égocentriques comme gauche, droite, devant ou derrière. Les aborigènes leur substituent les seules directions cardinales. Ils n’ont pas une jambe gauche et une jambe droite mais une jambe au nord et une jambe au sud, qui deviennent la jambe de l’est et la jambe de l’ouest lorsqu’ils pivotent de 90 degrés.

    Chez les Indiens Wakashan du nord-ouest du Pacifique, on ne peut pas former une phrase grammaticalement correcte sans préciser ce que les linguistes appellent la « qualité probatoire », une inflexion du verbe destinée à indiquer si l’énoncé procède de l’expérience directe du locuteur, d’une déduction, d’une conjecture ou d’une rumeur.

    Inspiré par l’étude de toutes les grammaires non conventionnelles, Quijada se prend à rêver  :

    « Et s’il existait une langue unique qui combinait les particularités les plus chouettes de toutes les langues du monde  ? »

    De retour chez ses parents, à l’abri dans sa chambre, il se met à griffonner des notes sur une grammaire totalement nouvelle qui doit à terme incorporer non seulement l’élément probatoire du wakashan et les référents de positionnement du guugu yimithirr mais aussi le système aspectuel du nigéro-kordofanien, les syntagmes nominaux du basque, la quatrième personne qu’on trouve dans plusieurs langues presque disparues parlées par certaines communautés d’Indiens d’Amérique et une dizaine d’autres folles manières de former des phrases. Quijada se rappelle :

    « A la base, je me dirigeais vers un doctorat, j’avais des étoiles dans les yeux et des rêves plein le cœur, mais la réalité m’a rattrapé. Je n’avais pas les moyens de poursuivre mes études à la fac. »

    Pas de bafouillage ou de langue de bois

    [...] Il prend un boulot de transporteur routier, puis un autre au département des Véhicules motorisés, avec l’intention de retourner à l’université une fois économisé assez d’argent. [...]

    Au lieu de cela, Quijada nourrit son intérêt pour la linguistique universitaire en effectuant un pèlerinage annuel chez Cody, une légendaire librairie de Berkeley, pour dénicher les nouveaux titres. Il continue à travailler sur l’ithkuil pendant son temps libre, couvrant des carnets entiers de notes pour perfectionner sa nouvelle langue.

    C’est au cours de l’un de ces pèlerinages qu’il découvre l’ouvrage phare« Les Métaphores dans la vie quotidienne », publié en 1980 par George Lakoff et Mark Johnson, linguistes appartenant à l’école cognitive. Ils affirment que notre manière de penser se structure autour de systèmes conceptuels largement métaphoriques par nature. La vie est un long voyage. Le temps, c’est de l’argent. Débattre, c’est prendre les armes. Pour le meilleur ou pour le pire, ces figures de style sont profondément ancrées dans la construction de notre pensée.

    Pour Quijada, c’est une révélation. Il se prend à rêver que l’ithkuil réussisse à faire ce dont Lakoff et Johnson jugent les langues naturelles incapables  : forcer ses locuteurs à identifier avec précision ce qu’ils souhaitent dire. Pas de bafouillage, de bredouillement, de langue de bois ou de métaphore. En exigeant des locuteurs qu’ils examinent soigneusement la signification des mots qu’ils emploient, il nourrit l’espoir que sa langue analytique mette à jour les nombreuses bizarreries souterraines de l’appareil cognitif humain et libère les individus des courts-circuits qui corrompent leur esprit :

    « Mon objectif a évolué avec le temps. Il ne s’agissait plus de créer un pot-pourri de particularités linguistiques astucieuses. J’ai commencé à avoir tout un tas d’idées pour améliorer l’efficacité de la langue. Je me suis dit  : pourquoi je ne trouverais pas un moyen de venir à bout de ce que toutes les langues naturelles ont été incapable de terminer  ? » [...]

    En 1997, lorsque Quijada lance sur Internet sa première recherche sur les langues construites, il découvre que son étrange passion est partagée. Il tombe sur un forum regroupant des linguistes amateurs du monde entier, qui discutent avec enthousiasme des nouvelles façons de discuter. [...] Ces dilettantes de la linguistique s’appellent entre eux « conlangers » (pour « constructed language ») et tiennent occasionnellement une assemblée connue sous le nom de Conférence sur la création de langage. C’est à l’occasion de la deuxième session de ces conférences, organisées en 2007 sur le campus de l’université de Berkeley, que j’ai fait la connaissance de Quijada.

    La création de langues vue comme un loisir

    Au milieu d’une vingtaine d’hommes et de sept femmes portant kilts, hauts-de-forme et kimonos, le distant et tranquille Quijada était aussi discret qu’un tréma en français. Costaud et barbu, il était assis seul au dernier rang de l’auditorium et portait une casquette de routier à imprimé camouflage, un polo marron et un pantalon de treillis.

    « John impose le respect », m’a glissé David Peterson, président de la Conférence sur la création du langage et inventeur du dothraki, la langue que parle une race de guerriers nomades pseudo mongols dans la série « Game of Thrones ». (Le dothraki a désormais une audience hebdomadaire supérieure à celles des langues yiddish, navajo, inuit, basque et écossaise réunies).

    En 2008, Peterson a décerné à l’ithkuil le prix de la meilleure langue construite de l’année. [...] Quijada apprécie la récompense mais de manière générale, il garde profil bas dans l’univers des conlangers. Il consulte la page Facebook consacrée à l’ithkuil où les fans mettent en ligne des traductions de prières et proposent la « pensée ithkuil du jour », mais il ne commente jamais.

    Quand je l’ai rencontré, Quijada s’apprêtait à prononcer une allocution sur l’esthétique des phonèmes, cette qualité difficile à appréhender qui donne à la langue sa personnalité et qui nous fait percevoir le plus virulent des Italiens comme un chanteur d’opéra, le plus romantique des Allemands comme un homme en colère et l’américain comme un klaxon permanent. [...]

    Contrairement à leurs prédécesseurs philosophes et idéalistes, qui pensaient que les langues inventées pouvaient améliorer le genre humain, les conlangers actuels envisagent d’abord la création de langues comme un loisir et une forme d’expression personnelle.

    Jim Henry, développeur informatique à la retraite originaire de Stockbridge en Géorgie, tient un journal et prie en gja-zym-byn, la langue qu’il a construite. Si un dieu entend ces prières, le gja-zym-byn pourra se vanter d’avoir deux locuteurs. La plupart des projets de langue construite partent d’un principe qui déroge de manière inédite aux conventions linguistiques.

    L’aeo n’utilise que des voyelles. Le kelen n’a pas de verbe. Le toki pona, une langue qui s’inspire des idéaux taoïstes, a été conçue pour voir jusqu’à quel degré de simplicité une langue peut accéder. Elle comporte seulement 123 mots et 14 phonèmes. Le brithenig répond à la question de savoir à quoi aurait pu ressembler l’anglais si le latin vernaculaire avait pris racine sur les îles britanniques. Le laadan, une langue féministe développée au début des années 1980, comprend des mots tels que radiidin, dont la définition est la suivante  :

    « Non-vacances, période censée être vouée à la détente mais qui constitue en réalité un tel fardeau par le travail et la préparation qu’elle implique qu’elle devient une échéance redoutée, tout particulièrement quand les invités sont nombreux et qu’aucun d’eux ne met la main à la pâte. »

    L’ithkuil, pas un modèle à mettre en pratique

    Les langues construites ont bien souvent été imaginées en tandem avec des univers entiers, et la plupart des conlangers se dirigent vers cette activité par le biais de la science-fiction et de la littérature fantastique. J.R.R. Tolkien pour qui la création de langues était, de son aveu, un « péché mignon », soutenait qu’il avait écrit la trilogie du « Seigneur des anneaux » dans le but premier de donner aux langues qu’il avait inventées, le quenya, le sindarin et le khuzdul, des univers dans lesquels elles pourraient être utilisées. Et la langue construite qui a rencontré la plus grosse réussite commerciale de tous les temps est indubitablement le klingon, qui détient sa propre traduction de Hamlet et un dictionnaire écoulé à plus de 300 000 exemplaires. [...]

    La version finale de l’ithkuil que Quijada a publiée en 2011 possède vingt-deux catégories grammaticales pour les verbes, là où l’anglais n’en propose que six  : le temps, l’aspect, la personne, le nombre, l’humeur et le ton. 1 800 suffixes distincts permettent encore d’affiner l’intention du locuteur. Par le biais d’un laborieux procédé de conjugaison qui embrouillerait le plus aguerri des latinistes, l’ithkuil exige du locuteur qu’il se dirige droit vers le cœur exact de l’idée qu’il souhaite exprimer et tente d’éliminer toute possibilité d’imprécision.


    De l’ithkuil (Illustration : Audrey Cerdan - Image de fond : Nasa)

    Dans la version originale de l’ithkuil, le mot ithkuil lui-même signifie littéralement « représentation hypothétique du langage »  : la langue de Quijada n’a pas été conçue pour être utilisée au quotidien. C’est une entreprise visant à démontrer ce dont le langage est capable, en aucun cas un modèle à mettre en pratique.

    « L’ambition de l’ithkuil est d’objectiver des niveaux cognitifs plus profonds que ceux qui sont habituellement véhiculés par les langues naturelles », déclare Quijada. Par exemple, la formulation suivante « caractéristique d’un unique élément au sein de l’amalgame synergétique des choses » correspond à un seul adjectif  : oicaštik’.

    Si la prononciation de ce mot semble requérir une gymnastique extrême des amygdales, c’est parce qu’en ithkuil, il n’y a jamais un son ou une syllabe de trop. Chaque langue possède son propre stock de phonèmes, ou sa bibliothèque de sons, à partir desquels le locuteur peut broder des mots.

    L’hawaïen qui dispose de peu de consonnes, ne possède que 13 phonèmes. L’anglais en compte plus ou moins 42, en fonction des dialectes. Afin de charger le plus de sens possible dans chaque mot, l’ithkuil recourt à 58 phonèmes.

    La version originale de la langue comportait un répertoire de grognements, de sifflements et autres bang qui sont empruntés à quelques-unes des langues les plus obscures du monde. Un son de clic particulier et assez difficile à produire, une fricative éjective uvulaire, n’a pu être retrouvé que dans très peu d’autres langues. Parmi elles, l’ubykh, une langue caucasienne dont le dernier locuteur de langue maternelle est mort en 1992.

    Rendre explicite tout ce qui est implicite

    Par un après-midi chaud de mi-juillet, je suis allé rendre visite à Quijada chez lui, en périphérie de Sacramento, dans le modeste T4 qu’il habite avec sa femme, Carol Barry, retraitée elle aussi de la fonction publique. Sur plusieurs rayons de sa bibliothèque, s’alignent les dictionnaires de yoruba, letton, basque, hausa et une quarantaine d’autres langues. Sur d’autres, des romans poche de science-fiction empilés en couches superposées.

    Quijada a mis de la soukous, une musique congolaise qui figure parmi les très nombreux genres musicaux dont il est aficionado, puis il a sorti un exemplaire du roman de science-fiction jamais publié qu’il a écrit avec son frère jumeau (vrai jumeau) Paul. Intitulé « Au-delà de l’antinomie », il aborde les implications philosophiques de la théorie quantique. (Lorsqu’ils étaient petits, Quijada et son frère jumeau avaient développé une langue à eux pour communiquer, un phénomène étonnamment banal qui est connu sous le nom de « cryptophasie ».) Dans leur roman, l’ithkuil sert d’« interface para-linguistique pour un réseau d’ordinateurs quantiques dont le but est de créer une conscience émergente ».

    Ensuite, il a ouvert un placard et en a sorti un bac en plastique qui contenait des monceaux de feuilles de papier millimétré documentant les premières versions du script de l’ithkuil et tout un pêle-mêle de blocs-notes pliés couverts de conjugaisons déclinées au feutre 22 ans auparavant. « Je travaillais par à-coups », m’a-t-il dit en contemplant la masse de documents.

    « Cela dépendait surtout de ma vie sentimentale. Je mettais l’ithkuil de côté quand je sortais avec quelqu’un. Ce n’est pas franchement le genre de sujet dont on discute lors d’un premier ou d’un second rendez-vous. »

    Les interactions humaines sont gouvernées par un ensemble de codes implicites qui peuvent parfois sembler affreusement opaques et dont une mauvaise interprétation a tôt fait de vous reléguer hors du groupe. L’ironie, la métaphore, l’ambiguïté sont autant de procédés ingénieux qui nous permettent d’en dire davantage sans utiliser un mot de plus. Mais, en ithkuil, toute ambiguïté est éliminée afin de rendre explicite tout ce qui est implicite. Une formulation ironique est marquée de l’affixe ’kçc. Les énoncés hyperboliques sont conjugués avec la lettre ’m.

    « Je voulais utiliser l’ithkuil pour montrer comment discuter de philosophie ou évoquer des états émotionnels en toute transparence », explique Quijada.

    « C’est la langue idéale pour le débat philosophique et politique, ces forums où ceux qui s’expriment escamotent leurs intentions ou se camouflent derrière le langage », poursuit Quijada. « L’ithkuil vous force à dire ce que vous pensez vraiment et à penser vraiment à ce que vous dites. » [...]

    Je lui demande s’il peut me donner, au débotté, un concept totalement neuf, un concept pour lequel il n’existe de mot dans aucune langue existante. Il y réfléchit un moment :

    « Eh bien, il n’existe pas de langue, autant que je sache, qui dispose d’un mot unique pour évoquer ce moment de contemplation perplexe souvent accompagné d’un froncement de sourcils dont on fait l’expérience lorsque quelqu’un formule une idée à laquelle on n’avait jamais pensé et qui ouvre tout à coup des perspectives inédites. »

    Il s’interrompt comme s’il tournait les pages d’un dictionnaire dans sa tête. « En ithkuil, ça se dirait ašţal. »

    L’admiration et le mépris de ses collègues

    En 2010, Quijada s’est retrouvé dans une situation qu’il avait tout fait pour éviter jusque-là. Afin de se libérer pour assister à la conférence de Kalmoukie, il a été contraint de dévoiler à son patron, et à ses collègues qu’ils connaissaient pour certains depuis plus de vingt ans, la passion cachée qui consumait ses nuits, ses week-ends et ses pauses déjeuner depuis le lycée. Quijada raconte :

    « Au boulot, l’attitude des gens vis-à-vis de moi oscille désormais entre l’admiration parce que je représente le type qui a de toute évidence autre chose en tête que de passer manager dans cette administration à la gomme, et le mépris parce que j’ai dépassé tout ce qu’ils avaient pu imaginer jusque-là et atteint le statut de geek ultime. »

    « Vous êtes quoi déjà, harangueur  ?

    — Non chef, conlanger. »

    Il était invité de l’autre côté du globe, un voyage tous frais payés sponsorisé par un gouvernement étranger, pour prendre part à une conférence dont le panel d’intervenants comprenait des philosophes, des sociologues, des économistes, des biologistes, un logicien et un moine bouddhiste.

    Non seulement Quijada n’avait jamais été en Kalmoukie, mais il n’en avait même jamais entendu parler. La notoriété de la Kalmoukie, si tant est qu’elle existe, repose sur deux particularités  : la Kalmoukie est connue pour être le seul Etat majoritairement bouddhiste de ce côté-ci de l’Oural et pour les millions que son ancien Président, Kirsan Ilyumzhinov, un oligarque converti en homme politique excentrique, a dépensé sur sa fortune personnelle pour faire de ce coin oublié et poussiéreux de la steppe russe la capitale mondiale des échecs. Ilyumzhinov prétend avoir été kidnappé par des extraterrestres en 1997 alors qu’il se trouvait dans son appartement à Moscou. Ils lui auraient fait visiter la galaxie et lui auraient révélé que les échecs venaient de l’espace.

    A son arrivée à l’aéroport d’Elista, Quijada est accueilli par un interprète et conduit sur-le-champ à Chess City, un quartier pavillonnaire construit aux abords de la ville sur le modèle de l’habitat de la classe moyenne californienne pour accueillir les Championnats du monde d’échec en 1998.

    Décrire du Marcel Duchamp en ithkuil

    Là-bas, il rencontre une étudiante qui lui raconte qu’un groupe d’élèves de l’université du développement réel de Kiev a étudié l’ithkuil de façon intensive au cours des deux dernières années et qu’il fait partie du programme de formation à la psychonétique qui est en cours de développement. Un autre étudiant lui dit que ses amis et lui le considèrent comme « une légende ».

    A ce moment-là, Quijada n’a pas la moindre idée de ce qu’est la psychonétique ou des raisons pour lesquelles l’Université du développement réel s’y intéresse. Il est sans voix. [...]

    Le lendemain matin, Quijada ouvre son exposé en projetant un tableau de Marcel Duchamp, « Nu descendant un escalier n°2 », œuvre phare du peintre cubiste qui saisit une silhouette en mouvement à l’aide de plans et de lignes abstraites. C’est une œuvre difficile à décrire, quelle que soit la langue dans laquelle on s’y emploie, mais Quijada souhaite expliquer comment on s’attaquerait au problème en ithkuil.

    Il commence avec quelques-unes des racines de la langue  : -qv- pour une personne, -gv- pour un vêtement, -tn- pour un équipement qui s’oppose à la gravité et -gw- pour un déplacement, et montre comment transformer ces racines à l’aide de chacune des vingt-deux catégories grammaticales de la langue pour aboutir à une phrase de six mots  : « Aukkras êqutta ogvëuļa tnou’elkwa pal-lši augwaikštülnàmbu », que l’on pourrait traduire à peu près ainsi  :

    « Une représentation imaginaire d’une femme nue en train de descendre un escalier par une suite graduelle de mouvements corporels ambulatoires étroitement intégrés qui se combinent en un sillage tridimensionnel derrière elle, formant un tout qui surgit, intemporel, et qui doit être appréhendé tant d’un point de vue intellectuel qu’émotionnel et esthétique. »

    « J’ai pu jouer à l’universitaire »

    Ce soir-là, à la suite d’une série d’entretiens avec la presse de Kalmoukie, Quijada se rend à une réunion des conférenciers organisée dans la mairie de Chess City où Oleg Bakhtiyarov, le professeur à l’initiative de l’invitation de Quijada en Kalmoukie, a établi ses quartiers.

    Les psychonéticiens discutent jusqu’à une heure avancée de leurs expériences de « déconcentration de l’attention » et autres techniques de développement spirituel personnel. [...]

    Puis, au fur et à mesure que la soirée avance, il se retrouve pieds nus en tailleur sur un sofa, un groupe de jeunes étudiants russes assis autour de lui sur le tapis. « Tous ces gens qui m’entouraient étaient suspendus à mes lèvres. C’était grisant, surtout pour un solitaire comme moi », se souvient Quijada.

    « Pendant toute une journée, j’ai pu jouer à l’universitaire. J’ai pu réaliser le fantasme d’avoir suivi une autre voie. Il m’a été donné de voir à quoi aurait ressemblé ma vie si j’avais été à la faculté et si j’étais devenu expert en linguistique. Les Parques ont déchiré le voile de la destinée pour me permettre de contempler ma vie rêvée. Cette nuit-là, je suis rentré dans ma chambre, j’ai pris une douche et j’ai éclaté en sanglots. »

    En mai 2011, j’ai accompagné Quijada lors de son retour en ex-Union soviétique, à Kiev cette fois, pour assister à une conférence de deux jours organisée par l’Université du développement réel [...]

    A l’aéroport, nous sommes accueillis par Alla Vishneva, une jolie brune arborant des mèches blondes décolorées avec qui Quijada avait correspondu sporadiquement par e-mail et par téléphone au cours des derniers mois. Vishneva, ex-professeur d’ukrainien à l’université d’Etat de sciences humaines de Rivne et étudiante en psychonétique, se trouve être la fondatrice d’un groupe d’étude de l’ithkuil à Kiev.

    Quijada, que j’avais toujours vu se promener avec des verres de lunettes en cul-de-bouteille et une canne pour soulager sa jambe accidentée considère les bottes argentées et le jean moulant de notre hôtesse et semble pris de court. « Une jolie femme comme vous n’a- t-elle pas mieux à faire que d’enseigner l’ithkuil  ? » lui demande-t-il. Vishneva émet un rire léger et retourne le compliment dans un anglais guindé  : « L’ithkuil est beau. C’est une langue très pure construite avec beaucoup de logique. » [...]

    « Des choses qui ne portent pas de nom »

    « Nous pensons que lorsqu’une personne apprend l’ithkuil, son cerveau gagne en célérité », lui explique Vishneva en russe. Elle s’adresse à lui par l’intermédiaire d’un traducteur car ni elle ni Quijada ne parlent encore couramment l’ithkuil :

    « Votre langue requiert un examen de conscience permanent. Quand on utilise l’ithkuil, on peut voir des choses qui existent mais qui ne portent pas de nom, de la même manière que la classification périodique des éléments de Mendeleïev fait apparaître des espaces vides où devraient se trouver des éléments qu’il reste à découvrir. »

    « Elle comprend vraiment ma langue », s’exclame Quijada. Il se penche vers l’appui-tête et dit à Vishneva, qui occupe le siège passager  : « Je ne sais pas si vous êtes une sainte ou une cinglée. »

    La conférence se tient dans la salle de cours d’un lycée de l’ère soviétique aux murs tapissés de tableaux noirs et d’un simili cuir vert forêt. La plupart des participants sont soit des étudiants soit des enseignants de l’université du développement réel, mais Quijada remarque qu’aucun d’entre eux ne ressemble au fan de langue typique qu’il a pu rencontrer au sein de la communauté des conlangers. Pour commencer, ils en imposent physiquement. On compte un certain nombre de crânes rasés.

    Bakthiyarov, qui rentre tout juste d’une conférence en Egypte, prononce les quelques remarques d’ouverture. Sec, cheveux gris courts et moustache brune, il affiche un calme étudié, qui pourrait passer pour de la timidité. Il m’explique plus tard qu’il avait commencé sa formation par des études de médecine à l’institut médical de Kiev mais qu’il avait été renvoyé pour avoir distribué de la « littérature subversive » sur le campus. A la fin des années 1960, le KGB l’a désigné comme un individu « politiquement indigne de confiance » et l’a expédié deux ans en prison. A sa sortie, il s’est tourné vers la biologie pour finir par devenir psychologue.

    Mi-mystique, mi-philosophique

    Dans les années 1980, malgré son passif radical, il s’est retrouvé à travailler pour le gouvernement soviétique sur un projet visant à développer un ensemble de techniques de gestion du stress pour les cosmonautes, les soldats ou tout autre individu susceptible d’avoir à faire face à des situations psychologiques de dernière extrémité. Ces techniques forment la base de la psychonétique, un mouvement d’épanouissement personnel moitié mystique, moitié philosophique qui vise à élaborer des « technologies de la conscience ». [...] Bakhtiyarov explique :

    « Un psychonéticien ne doit rien laisser à l’inconscient. Tout doit être conscient. L’ithkuil poursuit le même objectif. Les êtres humains sont par essence des communicants, mais nous entrons dans une phase transitoire qui doit nous mener à une nouvelle essence. Nous pouvons renverser et reconquérir le langage. » [...]

    L’un des participants, Gennadiy Overchenko, diplômé de l’université du développement réel, explique qu’il a fait usage de la psychonétique pour développer ses compétences dans toute une gamme de disciplines pour lesquelles il ne disposait jusque-là d’aucune expertise, des échecs à la peinture à gouache en passant par la cuisine. [...]

    Une autre participante, Marina Balioura, décrit comment, sous l’influence des techniques de psychonétique, elle est en mesure d’écrire simultanément deux phrases différentes, l’une avec la main gauche, l’autre avec la main droite. [...]

    Je jette un coup d’œil à Quijada. Il semble stupéfait de voir à quel point les intervenants maîtrisent les fondamentaux de sa langue mais il manifeste un trouble grandissant face à leur bizarrerie. [...]

    En bout de rangée, un homme émacié aux cheveux coupés en une brosse soignée enregistre le déroulement des opérations avec un caméscope. Affalé dans son fauteuil, il ne manifeste que sporadiquement son intérêt pour la conférence en cours. Puis c’est son tour de se placer devant nous pour prendre la parole. Il se présente  : Igor Garkavenko. [...] Garkavenko s’exprime avec un débit si rapide et sur un ton si monotone qu’il devient difficile de garder le fil. [...]

    Le numéro deux du terrorisme en Ukraine

    Alors qu’on approche de la fin de son intervention, l’interprète s’interrompt, blanc comme un linge. « Vous voyez qui c’est ce type  ? » me dit-il tout bas. « Ce gars, c’est grosso modo le numéro deux du terrorisme en Ukraine. » Une rapide recherche sur Google depuis nos ordinateurs nous guide vers un article d’actualité accompagné d’une photo de l’homme qui se tenait sur scène.

    Il s’avère que Garkavenko est le fondateur d’une organisation nationaliste militante d’extrême droite pro-russe connue sous le nom d’Armée révolutionnaire du peuple ukrainien. En 1997, il a été condamné à neuf ans de prison pour avoir bombardé les bureaux de plusieurs organisations politiques et culturelles ukrainiennes ainsi que le centre culturel israélien de Kharkov. Je me tourne vers mon traducteur  :

    « Qu’ est-ce que ce type vient fiche dans une conférence de linguistique  ? » [...]

    Après la fin de la conférence, Quijada et moi nous retrouvons autour d’un café pour échanger nos impressions et tâcher de comprendre ce à quoi nous venons tout juste de prendre part.

    Nous lançons quelques requêtes sur Internet sur Bakhtiyarov et Garkavenko et, avec l’aide de l’outil de traduction automatique de Google, décodons quelques extraits de leur prose rédigés en russe, notamment toute une série de billets antisémites publiés par Garkavenko sur son blog. [...]

    Nous avons découvert que Bakhtiyarov, à côté de ses travaux sur la psychonétique, arrondissait ses fins de mois en travaillant au noir dans le domaine de la politique. En 1994, il a rejoint la tête du parti de l’Unité slave, un mouvement nationaliste éphémère qui avait pour but de réunir la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie dans une confédération slave qui inclurait également les Polonais, les Tchèques, les Serbes, les Slovaques et les Bulgares.

    Créer une « race d’homme surhumaine »

    Dans ses entretiens, Bakhtiyarov parle de développer des « forces spéciales intellectuelles » capables d’unir leurs efforts pour « restaurer le statut de grande puissance » de cette Russie élargie et de donner naissance à « une nouvelle race d’homme… qu’ on pourrait réellement qualifier de surhumaine ». Une élite intellectuelle capable de voir la nature profonde des choses par-delà l’écran des mensonges a besoin d’une langue capable de véhiculer son nouveau mode de pensée.

    A l’instar des génies de la société secrète imaginée par Heinlein, qui s’exercent au « speedtalk » dans le but de penser plus vite et plus clairement, Bakhtiyarov et les psychonéticiens sont convaincus qu’un régime d’entraînement à l’ithkuil peut potentiellement remodeler la conscience humaine et aider les individus qui s’y soumettent à résoudre des problèmes plus rapidement.

    Bien qu’il refuse de reconnaître que la psychonétique s’apparente à un projet politique, il est difficile de dissocier le souhait de Bakhtiyarov de bâtir une superpuissance slave de son rêve de créer un surhomme slave – un individu qui, par exemple, communiquerait dans une langue rigoureuse et transparente comme l’ithkuil.


    De l’ithkuil (lIlustration : Audrey Cerdan - Image de fond : Nasa)

    « Quand je rentre, la première chose que je fais c’est écrire une lettre au docteur Bakhtiyarov pour lui dire que je ne veux plus rien avoir à faire avec la psychonétique », me dit Quijada, démoralisé.

    « Et si, Dieu m’en garde, cette discipline était reconnue comme une pseudo-science ou la doctrine d’une espèce de secte  ? Je ne voudrais pas être accusé de complicité. Découvrir une fois les jeux faits que je ne suis en fin de compte qu’un pion pour ces disciples dégénérés de Nietzsche ou que sais-je encore… ça me donne la nausée. » [...]

    Le plus grand défi des créateurs de langue se situe au moment de lâcher leur idiome en pleine nature, alors qu’il vient tout juste de naître. Qui dit qu’il ne va pas évoluer et être corrompu par toutes les nouvelles bouches qui voudront se l’approprier  ?

    Plus d’une fois, les créateurs de langue ont dû expérimenter le désespoir terrible du Dieu créateur, le jour où il donna vie à des êtres qu’il croyait parfaits et se rendit compte qu’ils étaient finalement loin de l’être.

    Charles Bliss, rescapé de Buchenwald et inventeur d’un langage pictographique connu sous le nom de Blissymbolics, devint fou quand il apprit que des enseignants modifiaient sa langue pour en faire un outil d’apprentissage de l’anglais à l’usage d’enfants souffrant d’infirmités motrices cérébrales.

    Le volapük, une langue créée au XIXe siècle par un prêtre catholique allemand, Johann Martin Schleyer, compta à un moment 280 clubs dans le monde et dépassa l’espéranto par le nombre de ses locuteurs. Mais sa popularité s’effondra lorsque Schleyer déclara qu’il était seul autorisé à inventer de nouveaux mots.

    « Votre langue prend vie »

    Peu avant la fin de la conférence de Kiev, l’une des professeurs de l’université du développement réel a dit à Quijada qu’elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi il ne voulait pas s’investir dans la constitution d’une communauté de locuteurs et d’étudiants en ithkuil. « Votre langue prend vie », lui dit-elle. « Vous devriez prendre part à cette aventure. » Quijada lui a poliment répondu :

    « Ce n’est pas ma passion. Pendant vingt-cinq ans, l’ithkuil a été pour moi comme une épine au pied dont il fallait que je me débarrasse. Je m’en suis débarrassé. Si d’autres veulent récupérer ce projet et le reprendre à leur charge, c’est merveilleux, mais en ce qui me concerne, j’ai été au bout de ce que je voulais accomplir. Vous m’avez montré que vous compreniez mon travail bien mieux que je ne l’aurais cru possible. D’ailleurs, son potentiel vous apparaît peut-être plus clairement qu’à moi. » [...]

    Quand Quijada est rentré chez lui, il a apporté quelques derniers petits ajustements à la grammaire ithkuil et mis un point final à son ouvrage, ce projet auquel il a consacré 34 années de sa vie. Puis il a publié à compte d’auteur le manuel complet et définitif de sa langue en 439 pages.

    [...] Je lui ai demandé s’il y aurait une brève formule en ithkuil pour résumer l’odyssée que lui et sa langue avaient accomplie au cours de l’année passée. Il m’envoya la phase suivante  :


    Un article à retrouver dans le nouveau numéro de Feuilleton, qui sort le 27 février

    « Eipkalindhöll te uvölîlpa ípçatörza üxt rî’ekçuöbös abzeikhouxhtoù eqarpaň dhai’eickòbüm öt eužmackûnáň xhai’ékc’oxtîmmalt te qhoec îtyatuithaň. »

    « J’ai eu la chance de vivre une expérience rare, celle de voir ce que je considère comme un loisir me transporter vers des contrées lointaines où j’ai découvert des idées neuves ainsi que des cultures et des personnes différentes, prodigues dans leur générosité et leur respect, et tout cela m’a conduit à une humble introspection et à une nouvelle appréciation de l’esprit humain et des merveilles du monde ».

    Mais bien sûr, cela non plus ne saurait être tout à fait exact.

      Commentaires:  (publiés sur Rue 89)  1- Dansla catégorie des langues construites, le Lojban est, je trouve, une des plus aboutie : neutre (contrairement à l’Esperanto qui peut être vu comme favorisant le masculin), non-ambigue (en français, qui est désigné par le « il » de « Paul a vu Jean, il lui a dit que.. » ?) et dotée d’une syntaxe agglutinante qui permet de créer facilement du vocabulaire, donc aussi les jeu de mots et la poésie. Dans un soucis d’universalité les syllabes sont inspirés de l’anglais, du chinois, de l’hindi, du russe, de l’espagnol et de l’arabe.
    Le lojban est de plus une langue libre (pas de propriétaire mais une association qui se réunit pour discuter d’éventuelles évolutions) et suffisamment populaire pour qu’on trouve des forums de discussion ou la pratiquer.

      2- Comment peut-on écrire un aussi long article sur un tel sujet sans citer une seule fois : Umberto Eco, La recherche de la langue parfaite dans la culture européenne, Seuil, Paris, 1994. C’est assez décevant !
    Combien de journalistes ont cru (ré-)inventer la roue ! ! !
    Lisez Eco, Borgès etc.

     3-.... Le guugu yimithirr n’est pas « la » langue des Aborigènes mais une des très nombreuses langues aborigènes. On en a 183 de décrites (donc sans doute plus en vrai...). Par ailleurs il y a un très bon bouquin sur ces histoires d’espace, très facile à lire et où cette langue joue un grand rôle : Space in Language and Cognition, Stephen Levinson.....

       4- IL y a aussi Lux, ou LinGuNUx qui est une langue agglutinante à mutation


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  •   Les lois de la conso unique

    Mercredi 19 Février 2014   Valérie Hénau  (Marianne) 
     
       Pourquoi a-t-on soudain une folle envie d'un tapis berbère ? Ou tombe-t-on amoureux du prénom Nathan, au point de le donner à son petit dernier (comme une majorité des bébés mâles nés en 2013) ? Comment se fait-il qu'on trouve très finaud de dire "Allô ?" à sa mère sourdingue, en parodiant Nabilla ? La force du conformisme, plus impérieuse que jamais, avec les nouvelles technologies. Voyage au pays des nouveaux suiveurs, ces "dandys grégaires" chers à Alain Finkielkraut.

    Chambre Ikéa - Alex Segre/REX/REX/SIPA
    Chambre Ikéa - Alex Segre/REX/REX/SIPA
      La soumission délibérée à la norme

    Peur du ridicule, désir d'en être, honte d'être méjugé, angoisse d'être méprisé : l'emprise de la norme est toujours plus puissante qu'on veut bien l'admettre. Et pour cause. Afficher des signes d'appartenance à un groupe offre d'évidents bénéfices, qu'il serait absurde et immodeste de nier. Cela nous simplifie la vie, fluidifie nos relations, nous aide à nous faire des amis, à trouver un conjoint rassuré de partager les mêmes codes que nous. Les guides d'us et coutumes proliférant actuellement en librairies (Je parle le parisien, Manuel de style GQ...) tout comme les rubriques normatives des magazines («A faire/A ne pas faire», «En hausse/En baisse») sont les nouveaux manuels de bonnes manières.

    Leurs règles sont aussi subtiles que déterminantes. Par exemple, dans certaines tribus contemporaines du monde occidental, on trouve follement chic la verrine de saumon au guacamole et piment d'Espelette (famille «Un dîner presque parfait»). Dans d'autres, on frôle le suicide social si on s'adonne à cette pratique décrétée ringarde (famille «Bistronomie», obédience fooding).

    Tout cela explique qu'on va rarement s'approvisionner dans des classes sociales ou d'âge qui ne sont pas les nôtres. Si vous êtes un homme, chef d'entreprise quinqua dans l'agroalimentaire, à moins d'être manipulé par une jeune maîtresse vendeuse dans le Marais, vous n'allez pas vouspointer au bureau en jean brut APC, ceinture en cuir végétal, cardigan Uniqlo et barbe de trois jours. Mais plastronner en costume Monsieur de Fursac, la joue glabre et le mocassin Finsbury bien ciré, comme vos pairs...

    La fureur de la distinction

    Le paroxysme de la soumission à la norme est atteint à l'adolescence, où l'on tuerait père et mère pour avoir les bonnes baskets. Mais attention, celles-ci ne sont pas les mêmes selon qu'on est une minette localisée dans un quartier bourgeois traditionnel (cette année, plutôt les «Blazer» de Nike ou des Stan Smith) ou une jeune bobo dont l'écosystème s'épanouit, à Paris, autour du canal Saint-Martin (ce seront alors des National Standard made in France ou des Veja fourrées équitables).

    Les réseaux sociaux - où l'on se fait plébisciter in vivo - ont follement emballé la machine à fabriquer des diktats. Ils peuvent atteindre une dimension affective ahurissante (cris de goret qu'on égorge pour un casque maltraité, roulades par terre pour une histoire de béret, etc.). La démultiplication des tribus et les infinies nuances vestimentaires qu'elles autorisent permettent à la fois de s'inscrire dans un vaste troupeau (en gros «la culture jeune») et d'afficher des micromarquages d'autant plus impérieux qu'ils paraissent insignifiants aux non-initiés (les parents de l'ado, ontologiquement bornés). Col de la chemise ouvert ou boutonné, forme du bonnet, longueur exacte du caban...

    La posture oppositionnelle

    L'adhésion irrépressible aux totems d'une caste est parfois renforcée par le rejet d'une autre caste, dont on veut s'affranchir (et dont on gardera parfois à vie la nostalgie poignante). Ainsi, on ne se dit pas «Je suis un grand fauve des médias qui redoute d'être pris pour ce qu'il est» (un petit-bourgeois monté en graine, genre Fogiel) mais : «Je ne veux pas faire vieux comme chez tatie Georgette.» Et on investit dans une chaise longue en poulain Le Corbusier ou un fauteuil à bascule Eames... comme 65 % de nos confrères, confrontés à des problématiques semblables d'ascension express.

    De même, le néobanquier branché offrira-t-il à son salon, après avoir viré tous ses meubles de famille en acajou, un total look Paola Navone pour Gervasoni (marque italienne culte). En même temps qu'à peu près toutes les épouses de ses copains de bonus qui, elles aussi, fréquentent assidûment les sites Made in Design, Blue Sun Tree, Le Cèdre rouge et autres fournisseurs officiels de la bourgeoisie moderne, en rupture de bergères Louis XVI.

    De son côté, le people yankee, un brin cagole à la base, ne révèle pas officiellement son aspiration récente au vrai chic. Mais, à l'instar de la bimbo de télé-réalité Kim Kardashian, nomme son pauvre bébé «North West» (plus distingué que Cindy ou Shelly, pense-t-elle). Exactement comme toutes les autres stars du moment qui, avec un bel ensemble, donnent systématiquement à leurs enfants des prénoms exotiques ou insolites (Maddox, Blue Ivy, Bronx Mowgli) pour occulter leurs origines middle-class. Du coup, cette soumission inconsciente à un fantasme d'originalité les trahit aussi sûrement que Quitterie ou Wandrille sentent le BCBG à plein nez !

    Le mimétisme concurrentiel

    Lumineusement démontré par le philosophe chrétien René Girard, c'est un des fondements de notre modernité matérialiste. Toute convoitise s'inscrit dans un triangle mimétique : notre désir d'un objet est surdéterminé par le désir (supposé) d'un rival pour ce même objet. Lequel brigue ce bien en symétrie. Bref, tout le monde se tient par la barbichette, et le commerce (sinon la créativité) va bon train... Ma cousine en cherche un partout ; Je l'ai vu chez Carla Bruni dans Gala ou, en vrai, dans la salle à manger de ma chef de service ; Il trônait, si beau et bigarré, dans les pages cadeaux du dernier Vanity Fair ou le supplément «Style» d'un quotidien...

    C'est dit, il me le faut absolument, ce perroquet empaillé ! Si d'aventure un autre client rôde avec intérêt autour du volatile dans la boutique, on ne se tient plus : on rafle la bête sans même un regard pour l'étiquette. La presse féminine joue énormément sur ce ressort en estampillant telles bottes de squaw à franges d'un cupide «A voler aux stars». Tel sweat-shirt à tête de rottweiler, pourtant hideux, d'un «Copié sur les podiums» qui le rend instantanément tentateur. Elle mise ainsi sur l'un de nos plus bas instincts : l'envie de s'approprier ce que possède - ou pourrait posséder - l'autre.

    L'imitation des sous-modèles de consommation

    Et si cet autre est plus riche, plus beau, c'est encore meilleur. Certaines jeunes femmes vaguement célèbres - mannequins, actrices, égéries, présentatrices, filles de - sont discrètement appointées (ou au moins arrosées de présents) par les marques pour exciter cette rivalité virtuelle entre femmes. Si votre adolescente de 16 ans s'est brusquement entichée d'un sac bizarre, qui a tout de la sacoche du toubib de campagne, n'y voyez pas l'expression de son style personnel si original.

    Elle l'a vu sur Cara (Delevingne) ou Alexa (Chung) - ça ne vous dit rien, c'est normal - et acheté sur les sites de vente en ligne Asos ou Urban Outfitters, surappâtée par la mention «Plus qu'un exemplaire en stock» de ces redoutables fabriques à clones. Apparemment, il en restait un peu plus puisque ses copines ont aussi décroché le leur. Il va sans dire que les blogs de street style (photos de looks de rue approuvés par l'internationale de la mode) démultiplient encore cet effet d'imitation subliminal.

    L'éternel retour du même

    Au journal Elle, elles adoooorent cette mode charmante des chaussettes portées dans les escarpins et matraquent cette nouveauté chaque semaine depuis un mois. Ça tombe bien, vous aussi, vous aimez beaucoup ! Quelle coïncidence incroyable, n'est-ce pas ? Eh bien non, en fait. Pourquoi parle-t-il tant à la femme de 40-50 ans, ce récent - et objectivement grotesque - tic de mode, en passe de devenir un tsunami stylistique, selon les pythies du genre ?

    C'est qu'en 1983, dans sa brève période new wave ou ska, elle faisait de même dans ses chaussures pointues... Cela faisait alors sourire sa maman qui, elle-même dans sa période postexistentialiste-crypto-Juliette Gréco, avait bravement tenté la socquette/ballerine avec une jupe ample, circa 1955. Cet engouement qui semble venu de nulle part est une illustration mineure de la fameuse «théorie de l'empreinte» qui, si l'on en croit les psychologues, préside à la plupart de nos choix, en amour, comme au supermarché.

    La théorie de l'empreinte

    On est souvent tenté par ce qui nous rappelle quelque chose, ce déjà-vu dans nos vies antérieures qui, réactivé habilement, fait tilt à nouveau. Accessoirement, ces réminiscences sont le gagne-pain du «tendanceur» des bureaux de style, escroquerie moderne. Ce prescripteur de «nouvelles tendances», dont les médias boivent avidement la parole, prétend décrypter les toquades de masse (cet hiver sera mauve, comme le précédent a été vert émeraude...), tel un quasi-devin.

    En réalité, le charlatan se contente de surfer sur l'amnésie collective en matière de style. Au grand dam des historiens de la mode, en effet, les courants vestimentaires des trente dernières années sont la resucée de ceux lancés dans les années 50 et 60 par les zazous des classes moyennes ou prolétaires. Copiés dans les années 80 par les faux «rebelles» de la nouvelle bourgeoisie libertaire (en réaction contre la bourgeoisie vertueuse déclinante, moins consumériste), ils se répètent mécaniquement tous les cinq ans.

    La déferlante massive du design vintage 70, vrai ou faux, en déco relève du même principe : les appartements des jeunes branchés d'aujourd'hui ressemblent souvent à s'y méprendre à des chambres du Novotel de Rouen en 1969... Vous reprendrez bien un peu d'omelette norvégienne au dessert ?

    Le second degré pour tous

    Ah, ah, ah, suis-je drôle avec ma petite collection de figurines japonaises ou de bondieuseries kitsch sur la cheminée ? Et mon voisin, qui joue à la pétanque ou au Baby-foot en espadrilles, avec ses amis créatifs, tout en plantant des nains de jardin sur sa terrasse ? Ne sommes-nous pas délicieusement impertinents, en adoptant ostensiblement des loisirs et des goûts de ploucs ? Alors qu'on pourrait, comme des cadres sup de base, faire un tennis et acheter des babioles design à la Conran Shop ou chez Sentou !

    Magie du second degré ou quand la radinerie se pare d'humour... Le détournement du «ringard» est devenu l'astuce contemporaine majeure pour faire son intéressant à peu de frais (aux sens propre et figuré). L'artiste Jeff Koons a fait fortune avec ce filon et ses «Balloon Dogs» sont désormais copiés partout, en bougies ou lampes gadgets. Et l'on ne parle pas des hipsters, cette tribu soi-disant décalée qui a réussi à imposer les grosses lunettes de Superman, les slims colorés de clown et les tee-shirts à message idiot à quasiment l'ensemble du monde développé (enfin, celui qui a moins de 35 ans).

    Faites passer : vous êtes repérés, les gars ! Le recyclage de plus en plus accéléré des contre-cultures (le punk, le rap, les graffitis) est un des grands tours de force du conformisme contemporain : voir cet hiver tous ces mannequins de 16 ans aux dents bien rangées et au teint de rose poser dans les pages de mode en Perfecto cloutés et oripeaux écossais. Les Sex Pistols survivants doivent bien rigoler...

    La subjectivité téléguidée

    Deux copines se retrouvent pour déjeuner. Même robe portefeuille Diane von Furstenberg, grand manitou de la tenue power dressing pour quadras à gros jobs. «C'est dingue, on a les mêmes goûts, se réjouit l'une. - Non, les mêmes conditionnements», répond l'autre, avec mélancolie (spleen de la consommatrice qui se sent devenir banale). En général, plus on a l'impression d'être un électron libre, plus on s'inscrit dans un troupeau prédéfini.

    Le très couru blog de décoration «The Socialite Family», par exemple, est un vrai catalogue des conventions inconscientes du moment. Censé exalter le goût merveilleusement original et intuitif des jeunes familles upper-class d'aujourd'hui, il est une compilation troublante d'appartements témoins des années 2010. Ces gens ne se connaissent pas et se sont donné visiblement beaucoup de mal pour être innovants. Pourtant, ils ont tous des branches de pommier sauvage et des peaux de mouton nordiques immaculées dans leur living !

    Tout le marketing de la «marginalité ludique» consiste à nous faire prendre nos déterminations les plus lourdes pour le reflet de notre subjectivité géniale, une espèce de sixième sens. On peut d'ailleurs grosso modo être sûr que, dès que l'on fait appel à notre moi rebelle et indomptable (toutes ces injonctions publicitaires d'«Osez oser» pour nous vendre une voiture ou un téléphone), on rejoint la cohorte des «dandys grégaires» (Finkielkraut). La floraison insensée chez les bourgeoises de pulls en cachemire affichant une tête de mort ou un grand «rock» (c'est la faute à Zadig & Voltaire) dans le dos est à cet égard impayable...

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  •   Neknomination, un jeu d’alcool mortel sur Facebook

    Neknomination est un nouveau jeu d’alcool qui fait fureur sur le réseau social Facebook. Deux jeunes en sont morts.

    Neknomination,

    Neknomination « C’est ton tour maintenant. »

    NeknominationSe mettre en scène en vidéo ou en image, c’est une manière d’exister sur les réseaux sociaux. Le nouveau buzz c’est Neknomination, boire de l’alcool à l’extrême dans des situations insolites et poster l’image ou la vidéo sur le réseau Facebook. Une fois l’exploit exécuté, un ami est défié. « C’est ton tour ». S’il ne joue pas le jeu, il se fait harceler et traiter de lâche. La surenchère fonctionne et parfois tue. Deux jeunes irlandais ont trouvé la mort en jouant à Neknomination.

    Jay Anthony créateur de la page Facebook The Best Neknominate Video :

    « Un groupe de potes de l’université de Scotch, en Australie-Occidentale. Un mec a bu sa bière cul sec et a dit à son copain : « C’est ton tour maintenant. » C’est devenu une mode, et ensuite quand j’ai créé ma page, ça a pris plus d’ampleur. Cette mode s’est propagée en Australie, en Nouvelle-Zélande, et maintenant ça touche même l’Europe. »

    La surconsommation d’alcool chez les adolescents

    Depuis plusieurs années, les jeunes consomment de plus en plus régulièrement de l’alcool. Les phénomènes comme Neknomination ou Binge drinking (une biture express) font des ravages chez les jeunes adolescents.

    Une étude réalisée dans le cadre du projet européen AlcoBinge, démontre que « plus un adolescent est exposé tôt à l’alcool et plus il sera vulnérable et consommateur à l’âge adulte ».

    Sources :
    > facebook.com/NeknominateVideos : Facebook The Best Neknominate Video
    > vice.com : Le neknominate est la nouvelle tendance alcoolisée des réseaux sociaux australiens
    > lexpress.fr : Alcool : l’ado boit, l’adulte trinquera

     Conclusion: surveillez ce que font vos ados et n'hésitez pas à les éduquer! Vous êtes des parents!


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  •   Publié le 3 janvier 2014 - Mis à jour le 6 janvier 2014  par femininbio.com

    Gastro 2014 : traitement en homéopathie avec le Dr Quemoun

    Gastro 2014 : traitement en homéopathie avec le Dr Quemoun
    Audrey Etner
    Curieuse de tout piquée d'écriture. Responsable édito @femininbio, blogueuse empathique aimant raconter la vie des autres @parisbylight.

    Comme son nom l'indique, la gastro-entérite est une inflammation infectieuse aiguë de l'estomac et des intestins. Maux de ventre, nausées, vomissements sont au rendez-vous.. Heureusement, l'homéopathie peut vous aider à combattre tous ces maux. Extrait du livre Ma Bible de l'Homéopathie d'Albert-Claude Quemoun, éditions Quotidien Malin.

       Inflammation douloureuse des intestins, la gastro-entérite est très fatiguante. Mais d'après les conseils du Dr. Quemoun dans "Ma bible de l'homéopathie", il ne faut pas s'affoler car elle est très rarement dangereuse.

    Important en cas de gastro : NE PAS SE DESHYDRATER ! Pour éviter la déshydratation chez les enfants ou personnes âgées, veillez à les faire boire abondamment.

    Le malade doit suivre un régime alimentaire spécifique qui privilégie carottes cuites, riz blanc, bananes. Pour les enfants, vous pouvez confectionner le "milk-shake gastro" en mixant une banane dans de l'eau de cuisson de riz avec un peu de sucre.

     

    Quels symptômes ? Quel médicament ? Posologie
    La gastro-entérite est d'origine virale, avec des nausées, des vomissements, des diarhées et des douleurs abdominales soulagées par une bouillote posée sur le ventre Arsenicium album 5 CH 2 granules 3 fois par jour
    La gastro-entérite est due à une intoxication alimentaire ou parasitaire, le malade perd la conscience de son corps et ne peut plus indiquer avec précision où il a mal, il délire Baptisia tinctoria 5 CH 2 granules 3 fois par jour
    Tous les symptômes précédents sont accompagnés d'anxiété et d'agitation Arsenicium album 15 CH 2 granules 3 fois par jour
    Les vomissement sont intenses, irrépressibles, clairs comme de l'eau et aggravés le soir Phosphorus 9 CH 1 dose chaque jour pendant 3 jours
    La gastro-entérite apparaît après un coup de froid sec

    Ajoutez aux remèdes précedents,

    Aconitum napellus 9 CH

    2 granules au coucher
    Vous transpirez beaucoup, vous avez une forte température, vous êtes fatigué China rubra 5 CH 2 granules 3 fois par jour
    La gastro-entérite est due à une intolérance de votre bébé au lait, elle ne s'accompagne pas forcément de diarhées Aethusa cynapium 5 CH 3 granules 3 fois par jour (à dissoudre dans un bibreon d'eau)
    Le sujet transpire, il a un malaise, se trouve mal avec hypotension veratrum albulm 7 CH 2 granules 3 fois par jour

    Consultez si le sujet est très faible, qu'il perd des forces et du poids.

    Albert-Claude Quemoun, l'homéopathie comme art de vivre


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  •   Manifestations de gratitude de la part des animaux

    Écrit le 17 février 2014 (blog de Matthieu Ricard)

       Les primates manifestent fréquemment de la gratitude envers ceux qui ont pris soin d’eux en manifestant clairement leur joie. Une vidéo récente montre une chimpanzé, qui avait été ramenée à la santé après avoir été sur le point de mourir, étreignant longuement la grande éthologue Jane Goodall, juste avant de partir vers la forêt où elle est remise en liberté.*

       L’un des pionniers de la primatologie, Wolfgang Köhler, s’aperçut un soir que deux chimpanzés avaient été oubliés dehors sous une pluie battante. Il s’empressa d’aller à leur rescousse, réussit à ouvrir la porte cadenassée de leur abri et se mit de côté pour laisser les chimpanzés rejoindre au plus vite leur couche sèche et chaude. Or, bien que la pluie continuât de ruisseler sur le corps des chimpanzés transis de froid, et que ceux-ci n’aient cessé jusqu’alors de manifester leur misère et leur impatience, avant de rejoindre le confort de leur abri, ils se tournèrent vers Köhler et l’enlacèrent, l’un autour de la poitrine et l’autre autour des jambes, dans des transports de joie. Ce n’est qu’après avoir ainsi manifesté leur appréciation avec exubérance qu’ils se précipitèrent vers la paille accueillante de l’abri.**

    * La vidéo du Chimpanzé avec Jane Goodall peut être visionnée sur le site de L’Institut de Jane Goodall ou sur Youtube

    ** Köhler, W., & Winter, E. (1925). The Mentality of Apes. K. Paul, Trench, Trubner 


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  •  Mise en œuvre du code foncier au Bénin : Synergie paysanne menace de paralyser la production vivrière

    Posted in: Benin
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    Adjinakou Bénin | 7 octobre 2013

        Le code foncier béninois est entré dans sa phase active. Et Synergie paysanne, au cours d'une conférence publique tenue en fin de semaine écoulée à la bourse du travail à Cotonou, a donné sa position tout en faisant des propositions pour un code foncier et domanial consensuel et socialement juste.

      " Le nouveau code foncier et domanial en République du Bénin : enjeux et conséquences pour les communautés rurales dans notre pays " tel est le thème central de cette conférence publique organisée à la Bourse du travail à Cotonou par Synergie paysanne, le syndicat national des paysans du Bénin. Le nouveau code foncier et domanial est entré dans sa phase active au Bénin depuis quelques semaines. Malgré les avancées de cette nouvelle loi foncière, le processus de son élaboration n'a pas été selon Synergie paysanne, démocratique. En effet, Synergie paysanne, en initiant cette action, vise à faire le point du processus ayant conduit au vote du code foncier et domanial, de quelques-unes des avancées et insuffisances avant de faire des propositions d'actions à mener maintenant que le code est dans sa phase de mise en œuvre.

       Cette loi qui a été soutenu par le programme américain, Millenium challenge account (Mca), a pour objectif de déterminer les règles et principes fondamentaux applicables en matière foncière et domaniale au Bénin. Ayant appris que des Certificats ruraux fonciers (Crf) se délivraient aux paysans, Synergie paysanne, selon le coordonnateur Ernest Pédro, a alerté en son temps l'opinion publique sur le danger de la marchandisation des terres et de la distribution tout azimut des Crf. Plusieurs avancées ont été enregistrées par la suite. Pour le secrétaire général Siméon Bodéa, la composition du Conseil consultatif foncier n'a réservé aucune place aux paysans, ce qui devrait être corrigé si l'on veut encourager les paysans à poursuivre leurs activités. Les conférenciers ont par ailleurs lancé un appel à la correction de cet état de choses afin d'éviter que les paysans n'observent des mouvements de grèves, ce qui serait fatal pour les populations des grandes agglomérations du pays. Synergie paysanne interpelle le gouvernement sur le financement de l'agriculture, la lecture critique du code, la sensibilisation des communautés à la base.

    Marc Gbaguidi


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