•   lundi, 16 juillet 2012 (Nouvel Obs )

    Japon. Au coeur de la grande manifestation antinucléaire

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    De Tokyo,

      Jamais depuis les années 60, une manifestation n’a réuni autant de monde à Tokyo. Les organisateurs espéraient 100 000 personnes - il y en a eu davantage.

    Ce lundi 16 juillet, à l'appel de la coordination "Au revoir, l'énergie nucléaire", la classe moyenne japonaise est sortie en masse, sous un soleil de plomb. Dans le parc Yoyogi, près du quartier branché de Shibuya, jeunes et vieux sont venus de tout le Japon, parfois en famille. Seize mois après l’accident de Fukushima et alors qu'un seul réacteur sur cinquante a été remis en marche, ils veulent dire non au redémarrage des centrales nucléaires. Le gouvernement les entendra-t-il ? Jusqu’où ce mouvement populaire ira-t-il ?

    Naoki a 28 ans. Il est assistant dentaire à Fukuyi au bord de la mer du Japon, à quatre heures de train de la capitale. « C’est la première fois que je participe à une manif, dit-il. Le Premier ministre nous a menti. Quand il est arrivé au pouvoir, après l’accident de Fukushima, il a assuré qu’il était hostile au redémarrage des centrales. Mais le 5 juillet, il a fait repartir celle de Oi, tout près de chez moi. Pourtant les spécialistes indépendants nous disent qu’elle est aussi peu sûre que celle de Fukushima. Je suis venu parce que j’ai peur. »

    Niroko aussi est très inquiète. Elle est arrivée ce matin, par un train de nuit. Elle habite dans le Nord du pays. « J’habite près d’un grand centre de retraitement des déchets [construit en collaboration avec Aréva], raconte-t-elle. Depuis l’accident de Fukushima, je me suis renseignée, surtout par internet. Je sais que cette activité est dangereuse, qu'à la Hague, elle entraîne des leucémies chez les enfants. Pour l’instant, l’usine est arrêtée. Mais le Premier ministre va peut-être décider de la faire repartir. Pourquoi prendre un tel risque ? » Niroko, 59 ans, montre le foulard qu’elle porte autour du cou. Pour rafraîchir la nuque, il contient du gel qui conserve le froid. "Nous pouvons faire sans la climatisation, non ?"

    Pour Hikono également, c’est la première manifestation. A 35 ans, elle est institutrice dans la banlieue de Tokyo. « Jusqu’à l’accident de Fushima, raconte-t-elle, j’étais plutôt favorable à l’énergie nucléaire. En fait, je ne me posais pas la question, c’était comme ça. Et puis, petit à petit, après le désastre, je me suis rendu compte que le gouvernement nous a menti sans arrêt et qu’il n’a pas organisé correctement les évacuations des zones irradiées. On ne peut plus leur faire confiance. »

    Hitoshi, lui, s'inquiète surtout pour son fils de huit ans qu’il a emmené avec lui. « En mars, après l’explosion de l’unité deux de Fukushima, je l'ai envoyé à Kyoto dans la famille de ma femme, dit cet employé dans une maison d’édition. J’ai eu très peur. Jusque-là je pensais que le nucléaire était sûr. Mais j’ai compris que le gouvernement travaille pour le lobby nucléaire, pas pour le peuple. »

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                        Le prix Nobel de littérature Kenzaburo Oe s'adresse à la foule 

    Le mensonge et la collusion, voilà finalement les raisons profondes de la colère. Koji est retraité du bâtiment, il est né au début de la seconde guerre mondiale. « Le nucléaire me paraissait faire partie de notre vie comme une évidence, le gouvernement répétait que c’était absolument sûr et je le croyais évidemment, dit-il. Et puis, après le 11 mars [jour l’accident de Fukushima], j’ai voulu savoir vers où se dirigeait le nuage radioactif. Le gouvernement ne nous disait rien. Il fallait regarder les sites américains. Les ministres ne voulaient pas que nous sachions. Ils servent les intérêts du lobby nucléaire, ils sont achetés. Il faut qu’ils partent. »

    Les vieux militants antinucléaires sont aux anges. « Je ne croyais pas voir cela de mon vivant, dit Kuniko Horigushi qui est de toutes les manifs depuis Tchernobyl. Pendant vingt ans, nous avons préché dans le désert. Depuis Fukushima, nous voilà au centre du débat. Tout a vraiment commencé avec une grande manif de septembre dernier. Nous étions 60 000. Après, le mouvement n’a fait que grandir.»

    Leur porte-voix est le prix Nobel de littérature, Kenzaburo Oe, 77 ans. A la tribune, il dit : « Depuis le début de l’année, nous avons récolté plus de sept millions de signatures contre la reprise des centrales. Fin juin, je suis allé la porter chez le Premier ministre. Pourtant, dès le lendemain, il a décidé le redémarrage de Oi. Il n’écoute pas le peuple. Il l’insulte. »

    La mobilisation grandit ces dernières semaines parce que, le 18 juillet, un deuxième réacteur va être relancé. Et surtout parce que, fin août, le gouvernement va annoncer ses choix en matière énergétique. Il réfléchit à trois scénarii : 25% de nucléaire, c’est-à-dire redémarrer presque toutes les centrales, 10% ou 0%. Cette dernière solution, celle qu’exigent les manifestants, ne sera probablement pas retenue. Que se passera-t-il alors ? La colère et la peur conduiront-elles à un soulèvement populaire ? On parle d’une "révolution des Hortensias" (c'est la saison de ces fleurs au Japon). « Certains de mes amis espèrent qu'il y aura une révolte non violente comme en Tunisie, un renversement pacifique du gouvernement », dit un vieux militant antinucléaire. Mais lui-même n’a pas l’air d’y croire. 


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  •   Comment la Caisse des dépôts favorise l'évasion fiscale

    Jeudi 19 Juillet 2012  (Marianne 2 )
    Ismaël Mereghetti - Marianne

    François Hollande avait pris l’engagement de «mener une lutte sans merci contre les paradis fiscaux». Le combat semble encore loin d’être gagné : la Caisse des dépôts et consignations (CDC), «bras armé» de l’Etat en matière d’économie, est en effet partenaire d’une société liée à des placements financiers dont la localisation et le manque de transparence posent problème.

     

    (La Caisse des dépôts et consignations-CHAUVEAU/SIPA)
    (La Caisse des dépôts et consignations-CHAUVEAU/SIPA)
     
    Ce pourrait être le cadeau de bienvenue de Jean-Pierre Jouyet, précédemment à la tête de l’Autorité des marchés financiers. Le schéma est simple : la Caisse des dépôts, le bras armé financier de l'Etat, investit dans le fonds Emergence, lancé en janvier 2012. Lequel a placé, à la fin du mois de juin, 30 millions d’euros dans un fonds français, Diva Synergy Ucits, géré par la société Bernheim, Dreyfus and Co.

    La Caisse des dépôts est donc «partenaire» de cette société, basée en France, dans le 8e arrondissement de Paris. Or cette société de gestion de portefeuille, agréée par l’Autorité des marchés financiers, gère par ailleurs depuis fin 2006 un hedge fund offshore placé aux Iles Vierges Britanniques, et dont le nom est sensiblement le même que le fonds français : Diva Synergy limited.

    Les Iles Vierges Britanniques font partie de la liste «grise» des paradis fiscaux non-coopératifs, publiée par l’OCDE (organisation de coopération et de développement économiques) en avril 2009. Le territoire se situe également à la 11e place du classement mondial de l’opacité financière, établi par le réseau international pour la justice fiscale, un groupe d’ONG et de chercheurs. Concrètement, les sociétés présentes sur le territoire des Iles Vierges Britanniques, dans les Caraïbes, ne paient aucune taxe sur leurs bénéfices.

    Rien d’illégal pourtant à ce stade. L’évasion, ou tout au moins l’optimisation fiscale, n’est pas nécessairement frauduleuse. Et quoi qu’il en soit, démontrer une fraude fiscale impliquant des paradis fiscaux se révèle bien souvent impossible. Dans le cas de Bernheim, Dreyfus and Co, l’absence de dépôt des comptes annuels depuis 2009 au greffe du tribunal de commerce donne peu de visibilité sur la société. (Le dépôt des bilans annuels est une obligation légale mais dans la pratique, les condamnations en cas d’infraction sont très rares, surtout si la société est en bonne santé financière.)

    Pour Alain Leclair, président du fonds Emergence, cette fumée ne provient pas d'un feu inquiétant : la société Bernheim, Dreyfus and Co, qui reçoit les investissements de la Caisse des dépôts, a été choisie pour son «très grand potentiel économique et sa visibilité internationale». Selon lui, «aucun problème moral ne se pose. Ou les choses sont permises ou elles ne le sont pas». Carré. Quant à la société NewAlpha Asset Management, qui a sélectionné, parmi près de 90 dossiers, Bernheim, Dreyfus and Co pour le compte d’Emergence, elle n’a pas souhaité répondre à nos questions.

    Mais si Bernheim, Dreyfus and Co n'est pas sorti, apparemment, du cadre légal, on peut se poser la question de la légitimité du partenariat de la Caisse des dépôts avec une société ayant mis en place une ingénierie pour contourner le fisc français. Le paradoxe est gênant : d’un côté, la lutte contre les paradis fiscaux est définie comme une priorité par le Ministère du Budget, y compris déjà sous le gouvernement Fillon, et de l’autre, la Caisse des dépôts se retrouve associée à une société utilisant un mécanisme que certains économistes qualifient d’évasion fiscale.

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  •  cyberaction N° 490 : LE GAZ DE SCHISTE, UNE FAUSSE BONNE IDÉE

           
    cyberaction mise en ligne le 16/07/2012    par : Mesure Conservatoire
    Elle sera envoyée à : Ministres de l'Ecologie et du Redressement Productif

    Elle prendra fin le : 31/12/2012  (Allez sur le site cyber@cteur pour signer)

    De nouveau inquiets, par ce que l'on pourrait qualifier de « revirement» du Ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg déclarant : "la question de l'exploitation des gaz de schiste doit (…) être posée" (Le Monde, 12 juillet 2012) alors que c'est l'inverse sur son blog

     

    Plus d'infos

    Rassurés, les anti-gaz de-schiste l’avaient été par les déclarations de Delphine BATHO, nouvelle Ministre de l’écologie et du développement durable : "L'ambition est de fixer une feuille de route sur les questions écologiques et énergétiques", a-t-elle rappelé, précisant que "ce sera également une conférence de méthode sur le débat national sur la transition énergétique qui s'ouvrira cet automne, devant déboucher sur un projet de loi de programmation à présenter au premier semestre 2013" et que le gouvernement "a constitué un groupe de travail avec l'objectif de présenter un projet de loi au Conseil d'Etat d'ici la fin de l'année portant, notamment, sur la réforme du Code minier, non conforme à l'article 7 de la charte de l'environnement car il ne respecte pas la consultation et la participation du public, lorsqu'il s'agit de projets d'exploration et d'exploitation d'hydrocarbures ayant un fort impact sur l'environnement".

    De nouveau inquiets, par ce que l'on pourrait qualifier de « revirement» du Ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg déclarant : "la question de l'exploitation des gaz de schiste doit (…) être posée" (Le Monde, 12 juillet 2012) alors que c'est l'inverse sur son blog : « Le contexte énergétique français est marqué par une forte dépendance aux énergies fossiles, qui fait peser la double menace du changement climatique et de la raréfaction des ressources, et une importance unique à l’échelle mondiale de l’énergie nucléaire dont les coûts et les dangers démontrent ses limites en tant que solution « miracle » et surtout conclut « le gaz de schiste, une fausse bonne idée »
    http://www.arnaudmontebourg2012.fr/content/le-gaz-de-schiste-une-fausse-bonne-idee

    « En France, nous n’avons toujours pas de pétrole, mais nous avons des idées, hélas pas forcément très heureuses. Un exemple ? Une des dernière décisions de Jean-Louis Borloo, avant de quitter le ministère de l’Ecologie : autoriser des prospections, sur près de 9.700 km2 – l’équivalent d’un grand département – pour repérer une éventuelle présence de gaz non conventionnel, du type gaz de schiste, sur notre territoire. Les coûts environnementaux d’exploitation d’une telle forme d’énergie, nichée à environ deux mille mètres sous la surface terrestre, sont pourtant considérables. » Ce sont, dit-il « des risques écologiques démesurés, et l’indépendance énergétique ne doit pas se faire au prix de catastrophes environnementales. La difficulté d’extraction de ce gaz serait encore une fois responsable d’une importante pollution atmosphérique qui, ajoutée au risque de contamination des nappes phréatiques, rend cette énergie trop dangereuse pour constituer une ressource d’avenir. »

    Le Ministre du Redressement productif aurait-il alors cédé aux sirènes des lobbies pétroliers. Pourtant, la transition énergétique est une nécessité pour faire face à la société de l'après-pétrole. Contribuer à réorienter la recherche publique française vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique et non vers l’extraction d’énergie fossile et défendre un véritable scénario de transition énergétique est une priorité. En outre, la fracturation hydraulique, seule méthode qui permet d'exploiter des gisements de gaz naturel, pourrait poser un risque pour les sources d'eau potable du fait de l'existence de conduits souterrains naturels, selon une étude publiée lundi 9 juillet aux Etats-Unis [Annales de l'Académie nationale des sciences (PNAS)].
    Nous vous proposons donc d'interpeller les ministres de l'écologie et du Redressement Progressif
    Danièle Favari Association Mesure Conservatoire
    Alain Uguen Association Cyber@cteurs

    Monsieur le Ministre, Madame la Ministre
    D'accord avec le candidat Montebourg sur le fait que le gaz de schiste est une fausse bonne idée, je vous demande
    * le rejet des 14 DEMANDES de permis en Ile de France, Aquitaine et Lorraine [VALENCE EN BRIE, NANGIS, CHAMPFOLIE, COULOMMIERS I, COULOMMIERS II, TARDENOIS, OURCQ, FERE EN TARDENOIS, CHEVRY, OZOIR, CHEROY, CHAUMONT, FORCELLES, DONZACQ] ainsi que celui des nouvelles demandes mises en ligne sur le site du Ministère le 8 juin 2012 ;
    * l’annulation de la Commission nationale d’orientation, de suivi et d’évaluation des techniques d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures liquides et gazeux et des conditions de mise en œuvre de tout projet d’expérimentation de la fracturation hydraulique réalisé aux seules fins de recherche scientifique, mise en place par le décret 2012-385 du 21 mars 2012 ;
    * une réforme du Code Minier, de sorte que l’instruction des Permis Exclusifs de recherches (PER) soient soumis au régime de l’autorisation - et donc à l’étude d’impact environnemental ;
    * le réexamen des 95 demandes de permis en cours d'instruction au Bureau-Exploration-Production-Hydrocarbures après la refonte du Code Minier ;
    * un renforcement du principe du « pollueur-payeur » et la " suppression des subventions en faveur des énergies fossiles" ;
    * une exacte définition juridique des «hydrocarbures liquides y compris les huiles et gaz de roche-mère emprisonnés au sein d'une formation de roche non poreuse et dont l'extraction nécessite de fracturer ou de fissurer cette roche par quelque technique que ce soit » de sorte qu’une distinction puisse être opérée dans les demandes de PER ;
    * une réforme des compétences des régions d’Outre-Mer tels que les actes relatifs à la délivrance, au renouvellement, à la prolongation d'un permis exclusif de recherches, la délivrance et la prolongation du permis d'exploitation, l'autorisation de fusion de permis exclusifs de recherches de mines contigus prévue à l'article L. 141-2 ne leur soient pas exclusivement dévolues.


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  •   Comment Facebook lit vos messages privés (et peut les montrer à la police)

    Martin Untersinger | Journaliste Rue89     
     
      Tout ce que vous écrivez sur Facebook – y compris la messagerie privée – est scruté par les ordinateurs de Facebook, à la recherche d’activités criminelles.

    Si un comportement suspect – pédophilie, harcèlement... – est détecté par ses algorithmes, le cas remonte à l’équipe de sécurité du réseau social. C’est seulement à cette étape que des yeux humains se posent sur des discussions privées. Le cas échéant, le géant d’Internet se met en relation avec la police.

    Toutes les entreprises surveillent ce qui se trame sur leur réseau. Mais une interview accordée à Reuters par Joe Sullivan, responsable de la sécurité à Facebook, est venue donner davantage de détails sur la manière dont Facebook a automatisé le processus de détection et comment, contrairement à d’autres géants, ce dernier est entièrement internalisé.

    Une détection intelligente

    Facebook se concentre en priorité sur les discussions supposées à risques. Le système accorde moins d’importance aux conversations entre deux membres qui ont l’habitude de discuter ensemble. En revanche, si deux membres ne sont pas amis, ont peu d’amis en commun, discutent pour la première fois et n’habitent pas dans la même zone, Facebook surveillera de plus près leurs échanges. Evidemment, les profils des mineurs font l’objet d’une attention particulière.

    Mieux : les programmes de surveillance prennent également en compte des phrases utilisées dans leur chats Facebook par des délinquants interpellés par le passé.

    Un sujet délicat

    Facebook est généralement très discrète sur la façon dont elle surveille ses utilisateurs. D’abord parce que l’entreprise craint qu’on lui reproche son peu de précaution vis-à-vis de la vie privée (elle en a l’habitude). L’autre raison est avancée par Reuters : avec cette technologie, Facebook ne détecte que très peu de comportements anormaux.

    L’interview de Reuters ne donne pas le nombre de cas transmis par Facebook aux services de police. Elle ne mentionne qu’un seul cas où Facebook est intervenu : un homme d’une trentaine d’années qui avait donné rendez-vous à une jeune fille de 13 ans au mois de mars. Mais Reuters cite « une demi-douzaine » d’officiers « louant » la manière dont « Facebook suscite des enquêtes ».

    « J’ai l’impression que pour chaque personne que nous arrêtons, dix autres passent à travers les mailles du filet », confirme à Reuters Jeffrey Duncan, de la police de Floride.

    Joe Sullivan, le chef de la sécurité de Facebook, est évidemment très prudent :

    « Nous n’avons jamais voulu mettre en place un environnement dans lequel nos employés ont accès à des conversations privées, c’est donc très importants que nous utilisions une technologie de détection qui a un taux de faux positifs [fausses alertes, ndlr] très bas. »

    Dans sa communication officielle, Facebook ne parle pas de ce sytème : ni dans sa page destinée aux forces de l’ordre, ni dans le document confidentiel à l’intention des autorités de police et de justice, fuité fin 2011.

    « La question, c’est la transparence de Facebook »

    Raphaël Rault, avocat au cabinet BRM, rappelle que ce type de technologie n’est pas nouveau :

    « Les CGU [conditions générales d’utilisation, ndlr] du service utilisé peuvent prévoir ce “scan” des messages, à des fins de détection des comportements violents ou contraires aux bonnes mœurs. Quand on utilise un compte Gmail par exemple, un robot scanne nos e-mails pour proposer de la publicité ciblée. »

    Au niveau du droit, la détection automatique ne change pas vraiment la donne :

    « Il est possible d’avoir une modération automatique, basée sur des mots-clés par exemple, qui va systématiser le contrôle. Le code pénal, qui définit le statut des correspondances privées, s’applique, mais il faut également prendre en compte les finalités d’un tel traitement.

    Cela peut par exemple permettre au prestataire technique [ici, Facebook, ndlr] de ménager sa responsabilité : en France, on doit retirer un contenu manifestement illégal qui lui est signalé, y compris par un moyen automatique.

    La question, c’est la transparence, savoir si Facebook a informé ses utilisateurs. »


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  •  Les centrales électriques actuelles sont vulnérables au réchauffement climatique

    04 juillet 2012,

    centrale_nucleaire_riviere© C. Magdelaine / notre-planete.info

    Ces dernières années, le réchauffement de l'eau, couplé à la baisse des débits des rivières aux Etats Unis et en Europe, a engendré des baisses de production voire des arrêts temporaires de plusieurs centrales thermo-électriques. Par exemple, la centrale Nucléaire de Browns Ferry en Alabama a dû être mise à l'arrêt à différentes reprises l'été dernier car les eaux du Tennessee n'étaient plus assez fraîches pour la refroidir. Ce scénario pourrait bien devenir fréquent à cause du réchauffement climatique en cours.

    Selon une étude publiée dans "Nature Climate Change" et menée par des scientifiques européens et des chercheurs de l'Université de Washington, au cours des 50 ans à venir, le réchauffement de l'eau et la baisse du débit des rivières auront tendance à perturber la production d'électricité. Les auteurs prévoient que le manque d'eau de refroidissement entraînera une baisse de la capacité thermo-électrique entre 2031 et 2060 de l'ordre de 4 à 16 % aux U.S. et de 6 à 19 % en Europe. Ainsi, le nombre de chutes de tension électriques drastiques (dues à des arrêts complets ou quasi complet) devrait pratiquement tripler.

    "L'étude montre qu'il va falloir repenser notre modèle de refroidissement thermique," commente Dennis Lettenmaier, co-auteur et professeur de génie civil et environnemental à l'Université de Washington. 

    Les centrales électriques qu'elles soient nucléaires ou thermiques (énergies fossiles) transforment de l'eau en vapeur pour actionner une turbine. Aux Etats-Unis, elles produisent plus de 90 % de l'électricité et consomment 40 % de l'eau douce ; en Europe, elles produisent les trois quarts de l'électricité et représentent environ la moitié de la consommation d'eau douce.

    L'essentiel de cette eau est ensuite "recyclé," mais les centrales électriques ont besoin de volumes d'eau constants et importants, à une certaine température, pour refroidir les condenseurs des turbines. Or, moins d'eau fraîche (à cause du réchauffement de l'air et du climat) implique une fourniture d'électricité plus chère et moins fiable.

    Toutes les centrales à tours de refroidissement seront affectées, surtout les plus anciennes car elles exigent un débit élevé : elles pompent  directement l'eau d'une rivière ou d'un lac pour refroidir les turbines avant de la rejeter après un seul passage dans le circuit de refroidissement (circuit simple).

    L'étude prévoit que les centrales électriques états-uniennes les plus touchées seront celles implantées à l'intérieur des terres (à circuit de refroidissement simple) au bord des grands fleuves du sud-est, telles « Browns Ferry » en Alabama et « New Madrid » (au charbon) sur le Missouri.

    "Le scénario catastrophe dans le sud-est est une canicule qui dope la consommation d'électricité pour la climatisation," explique le professeur Lettenmaier. "Si la demande explose quand la température de l'eau de la rivière est trop élevée, la centrale doit s'arrêter et ça peut devenir très compliqué."

    L'étude est basée sur les modèles hydrologiques et de réchauffement de la température de l'eau élaborés par les professeurs Lettenmaier et Yearsley (de génie civil et environnemental) de l'Université de Washington. Côté européen, les scientifiques ont couplé ces modèles à celui développé pour prévoir la production d'électricité selon deux hypothèses d'ajustement au changement climatique : « ajustement technologique à la marge » d'un côté ou « adoption rapide des énergies renouvelables » de l'autre. Les prévisions d'impact sur les systèmes de production d'électricité sont fonction des deux scénarios.

    Les Etats-Unis et l'Europe ont des normes environnementales strictes pour les eaux pompées par les centrales et la température des rejets d'eau. En cas de canicule associée à de faibles débits des rivières, on assisterait à une incompatibilité accrue entre les impératifs environnementaux et de production énergétique.

    Les rejets d'eau chaude dans l'environnement sont également source de pollution thermique en aval.

    « Les électriciens comme les consommateurs sont affectés par la hausse du coût de l'électricité et l'impact du réchauffement climatique. Il y a aussi le problème de plus en plus pressant de l'élévation de la température des eaux fluviales sur les écosystèmes : les cycles de vie des organismes aquatiques sont perturbés, » souligne Michelle van Vliet, principal  auteur de l'étude et doctorante à l'université et centre de recherche de Wageningen (Pays-Bas).

    « Compte tenu du coût élevé des centrales et de leur longue durée de vie », dit-elle, « les électriciens ont besoin de prévisions de très long terme pour prévoir les investissements d'adaptation des infrastructures à la raréfaction de l'eau de refroidissement. »

    « L'une des réponses possibles serait de réduire la dépendance en eau et d'implanter les centrales près des littoraux », indique le professeur Pavel Kabat, autre contributeur de l'étude et directeur de l'International Institute for Applied Systems Analysis (Autriche), qui supervise la thèse de Michelle van Vliet.

    « Pour autant, compte tenu de la durée de vie des centrales électriques et du fait qu'on ne peut les déménager près de nouvelles sources d'eau de refroidissement, l'option n'est pas envisageable à court terme. Elle doit néanmoins être prise en compte dans les plans d'équipement infrastructurel. » Il évoque aussi la piste de centrales moins gourmandes en eau de refroidissement : « des centrales optimisées, au gaz, qui sont plus performantes que les centrales nucléaires ou celles utilisant d'autres énergies fossiles. »

    Les autres co-auteurs de cette étude sont Fulco Ludwig de l'Université de Wageningen et Stefan Vögele de l'Institut des Énergies et de la Recherche climatique (Allemagne).

    Référence    Vulnerability of US and European electricity supply to climate change ; Michelle T. H. van Vliet, John R. Yearsley, Fulco Ludwig, Stefan Vögele, Dennis P. Lettenmaier & Pavel Kabat - Nature Climate Change (2012) doi:10.1038/nclimate1546

    Source     Nuclear and coal-fired electrical plants vulnerable to climate change - University of Washington
    Traduction exclusive Michelle Vuillerot

    Auteur     Christophe Magdelaine / notre-planete.info - Tous droits réservés


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    Un « rassemblement pour la planète » pour porter l'enjeu santé environnement

     
     

    Alors que la Conférence environnementale annoncée par François Hollande doit se tenir en septembre et qu'elle associe les ONG environnementales, sept d'entre elles se sont regroupées pour que la thématique « santé environnement » fasse partie des sujets abordés.

    Alors que les modalités de la conférence environnementale – qui se tiendra en septembre sur 2 jours-doivent être définies dans les jours prochains, les ONG s’organisent pour peser de tout leur poids dans les négociations. Sept d’entre elles, le Réseau santé environnement, Générations futures (pesticides, etc.), Robin des Toits (ondes electromagnétiques), Ecologie sans frontière (pollution de l’air et gouvernance environnementale), Respire (pollution de l’air), Sea Shepherd (biodiversité, océans) et Green Cross France et territoires (plaidoyer et projets) ainsi que de nombreuses autres petites associations expertes et spécialisées ont ainsi décidé de se regrouper dans une nouvelle fédération intitulée « Rassemblement pour la planète ». « Beaucoup de petites associations spécialisées étaient frustrées de n’avoir pu participer au Grenelle alors qu’elles ont une expertise indispensable. Nous avons donc décidé de laisser la place que nous occupons (au Conseil national du développement durable et du Grenelle de l’environnement, ndlr) à cette nouvelle fédération, pour qu’elle pèse davantage face aux lobbies », explique ainsi Franck Laval, le président d’Ecologie sans frontière. La place des petites associations étant d’autant plus menacée que, pour pouvoir participer aux instances consultatives comme le CNDDGE ou le Haut conseil des biotechnologies, celles-ci doivent désormais justifier d’un certain nombre d’adhérents et de donateurs pour justifier de leur légitimité.

    L’objectif du Rassemblement pour la planète : faire émerger la thématique « santé environnement » dans la conférence environnementale -car « cette thématique a été largement oubliée dans le Grenelle de l’environnement » estime Nadine Lauverjat, sa présidente (Générations futures)- mais aussi sociale car les thèmes de la santé, de l’environnement et du social sont « intrinsèquement liés » souligne André Cicolella du Réseau santé environnement : « par exemple, définir un âge de la retraite sans parler de la baisse de l’espérance de vie en bonne santé est une absurdité ».

    Une philosophie fixée dans un manifeste: « La crise écologique qui s’est développée à travers ces trois composantes, réchauffement climatique, épuisement des ressources naturelles et chute de la biodiversité doit aujourd’hui être complétée par une quatrième, présentant les mêmes caractéristiques : la crise sanitaire. (...) Répondre cette crise sanitaire c’est une façon de répondre aux trois autres crises écologiques en même temps qu’à la crise sociale, en évitant que la réponse à l’une d’elle se fasse en aggravant les autres », y expliquent-ils.

    La fédération, qui a déjà rencontré la nouvelle ministre de l’Ecologie Delphine Batho et qui doit bientôt présenter ses positions à Matignon (le 18 juillet), porte aussi une proposition de loi en 25 points pour réformer la sécurité sanitaire. Proposition qu’elle avait présenté le 16 avril aux candidats à la présidentielle. Par ailleurs elle demande toujours au gouvernement, parallèlement à son recours déposé devant le conseil d’Etat en septembre dernier, de revoir le nouveau régime du « super agrément » des associations. Celui-ci crée selon elles « une barrière administrative à l’accès au débat public en matière d’environnement ». Un point sur lequel la ministre s’est d’ores et déjà montrée ouverte.

    Béatrice Héraud
    © 2012 Novethic - Tous droits réservés

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  •   La France se décide enfin à tourner la page du mercure dentaire

    29 juin 2012,

    dents_mercureAmalgame dentaire au mercure
    © C. Magdelaine / notre-planete.info

    C'est un revirement total de position : « compte tenu des préoccupations environnementales et des questions émergentes relatives aux conséquences de la multi-exposition et aux effets des faibles doses, [...] les autorités françaises ne s'opposent pas à une suppression des amalgames au mercure dans le traitement de la maladie carieuse. »[1]

    Nous félicitons vivement les ministères de l'Environnement et de la Santé qui, rompant enfin avec l'argumentaire d'une Afssaps totalement compromise dans ce dossier, arrachent la France, consommatrice du tiers des amalgames de toute l'Europe[2], à la place honteuse où elle campait jusqu'à présent[3]. Nous croyons que cette annonce pèsera très favorablement dans le cadre de la révision de la stratégie communautaire et des négociations internationales sur le mercure où elle s'inscrit.

    La victoire est considérable pour le Non Au Mercure Dentaire, qui se bat sur ce dossier depuis quinze ans, ainsi que pour les associations qui l'ont rejointe ces dernières années en dénonçant la toxicité de ces « plombages » dont on a rempli les bouches de tous les Français... alors qu'ils sont composés pour moitié de mercure, une substance si dangereuse qu'elle est interdite de poubelle !

    C'est aussi une belle récompense posthume pour le médecin lanceur d'alerte Jean-Jacques Melet qui, du fait même de son alerte, s'était trouvé en butte à l'hostilité du Conseil de l'Ordre des médecins et de celui des dentistes jusqu'à son suicide, en 2005.

    Cette avancée majeure ne doit pas cependant inviter au relâchement. Il va falloir veiller à ce que la transition vers une dentisterie sans mercure se fasse dans les délais les plus brefs, et s'assurer que les praticiens soient accompagnés dans cette étape délicate. Les dentistes français n'ont pas été suffisamment formés à utiliser des matériaux d'obturation alternatifs, dont la résistance et la longévité dépendent de la qualité de la pose.

    Il va falloir surtout s'assurer que tout travail sur l'amalgame se déroule désormais dans les conditions les plus précautionneuses possible : en effet, c'est quand on fraise l'amalgame qu'il libère le plus de vapeurs de mercure, si bien que, sans protocole rigoureux, ces interventions présentent des risques majeurs d'empoisonnement.

    Il faudra aussi que les patients intoxiqués bénéficient d'une reconnaissance et d'une prise en charge adéquate : à ce jour, ils sont condamnés soit à une errance médicale, soit à s'exiler pour obtenir des soins dans les pays voisins, car les médecins français n'ont appris ni à diagnostiquer ni à traiter l'intoxication chronique au mercure.

    Nous devrons obtenir enfin la prise en charge financière par la Sécurité Sociale de la désintoxication, qui est à ce jour entièrement supportée par les patients, ce qui est inacceptable.

    Faillite de l'Afssaps

    Depuis le commencement de notre action, nous avons pu mesurer combien l'agence sanitaire a fait entrave à l'émergence de la vérité.

    Le rapport de l'Afssaps de 2005 sur le mercure dentaire, qui concluait à l'absence de risques pour la santé, est un modèle d'incompétence et de partialité. Le protocole qu'il instaurait à destination des « personnes qui présentent des troubles qu'elles estiment liés à la présence d'amalgames dentaires » était manifestement destiné à psychiatriser les patients.

    L'arrivée de M. Maraninchi à la tête de l'Afssaps, en février 2011, a fait renaître un peu d'espoir. Les associations, reçues en octobre 2011, ont obtenu le retrait du rapport de 2005 et l'assurance de la mise en place d'une nouvelle expertise, à laquelle elles devaient participer et qui devait être terminée début 2012. Depuis lors les associations, malgré leurs nombreuses relances, n'ont quasiment aucune nouvelle. Nous observons donc, sous le changement de nom (l'Afssaps est devenue l'ANSM en mai 2012) une parfaite continuité des pratiques, caractérisées par un fonctionnement opaque et le mépris de la société civile.

    Dispositifs médicaux : un no man's land réglementaire

    La déontologie de l'Agence n'est pas seule en cause. Le scandale des amalgames dentaires, comme celui des prothèses PIP, a mis en lumière l'incroyable carence sanitaire dont ont pu bénéficier les Dispositifs Médicaux (DM), cet immense ensemble hétéroclite de produits de santé destinés à la prévention et aux traitements médicaux.

    Contrairement à ce qui se passe pour les médicaments, en Europe, c'est aux fabricants qu'incombe la responsabilité de la mise sur le marché des DM, ainsi que la surveillance post-commercialisation. Dans ce processus, l'agence sanitaire joue simplement « un rôle de contradicteur des opérateurs économiques [...] lorsque la sécurité sanitaire et la santé publique sont en jeu. »[4]. Ce système de contrôle est incapable de garantir la santé des patients, notamment en ce qui concerne les DM invasifs (prothèses, stérilets, etc.).

    Pour les DM présentant des risques importants, nous demandons par conséquent :

    1. L'interdiction a priori de toute substance reconnue comme dangereuse pour la santé et/ou pour l'environnement, qu'elle soit Cancérogène, Mutagène et Reprotoxique (CMR) et/ou immunotoxique et/ou perturbateur endocrinien et/ou neurotoxique et/ou Persistant Bioaccumulable Toxique (PBT)[5].
    2. Pour les matériaux exempts de ces substances, la mise en place d'une procédure d'Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), sur le modèle des médicaments, incluant des tests de toxicité cellulaire et des études chez l'animal.

    Le Parlement Européen a adopté le 14 juin dernier une résolution allant dans ce sens[6]. Il importe à présent que les législateurs mettent au plus vite un terme à une situation injustifiable où, derrière l'alibi bouclier de la compétence d'agences quasi autocrates, le système de santé lui-même fait encourir aux patients et à l'environnement des risques inconsidérés.

    À ce jour, d'autres Dispositifs Médicaux contenant des matériaux toxiques sont utilisés de manière extrêmement courante : ainsi des composites dentaires contenant du bisphénol A, des poches à perfusion contenant des phtalates ou des prothèses de la hanche en chrome-cobalt. En attendant une évolution de la réglementation européenne, nous attendons de l'ANSM qu'elle se saisisse immédiatement de ces questions.

    Notes

    1. « Observations des autorités françaises en réponse à l'étude préliminaire du cabinet BIO-Intelligence Service sur le mercure dans les amalgames dentaires et les piles, présentée le 26 mars 2012. » Le rapport de BIOIS et les contributions des parties prenantes sont disponibles en ligne.
    2. Donnée issue du rapport de BIOIS, p. 48.
    3. En 2010, la France avait été le seul pays de la communauté européenne à s'opposer officiellement à l'abandon des amalgames, sur avis de l'Afssaps.
    4. A. Audry, J.-Cl. Ghislain, Le Dispositif Médical, Que sais-je, PUF, 2009, p. 30. M. Ghislain est directeur de la Direction de l'Evaluation des Dispositifs Médicaux (Dedim) à l'ANSM. A ce titre, il est responsable du rapport de 2005 sur le mercure dentaire ainsi que de sa présente actualisation. En outre, il faut noter que l'agence n'a pas tenu son rôle de « contradicteur » dans ce dossier. A titre d'exemple, il est de sa compétence de demander qu'un test qu'elle estime nécessaire soit inscrit dans le protocole de marquage CE d'un DM. Un ingénieur matériaux, expert de la corrosion et intervenant en Faculté dentaire, avait adressé début 2004 une lettre à l'Afssaps pointant l'absence de tests reproduisant la situation de l'amalgame en bouche. L'agence ne lui a jamais donné de réponse et n'a pas tenu compte de cet avis d'expert.
    5. Rappelons que le mercure élémentaire des amalgames relève de toutes ces catégories. A l'exception de la neurotoxicité, l'interdiction a priori à laquelle nous appelons s'applique déjà aux pesticides, conformément au règlement de l'UE du 11/07/2009 entré en vigueur le 14/06/2011. Comment expliquer que les produits de santé, notamment ceux que l'on implante dans le corps, échappent à une précaution qui s'impose avec tant d'évidence ?
    6. Résolution du Parlement européen sur les implants mammaires en gel de silicone défectueux fabriqués par la société française PIP

    Auteur     Reseau Environnement Santé   trouvé sur notre-planète.info


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  •     Les mausolées de Tombouctou détruits les uns après les autres

    Créé le 30-06-2012
    Le groupe armé Ansar Dine a commencé la destruction des mausolées de saints musulmans récemment classés au patrimoine mondial en péril de l'Unesco.

    Les mausolées de Tombouctou détruits les uns après les autres (AFP / ISSOUF SANOGO)

    Les mausolées de Tombouctou détruits les uns après les autres (AFP / ISSOUF SANOGO)

    Des islamistes d'Ansar Dine, un des groupes armés contrôlant le nord du Mali, ont démoli plusieurs mausolées de saints musulmans à Tombouctou, en représailles à la récente décision de l'Unesco de classer cette ville mythique patrimoine mondial en péril.

    Ansar Dine va détruire aujourd'hui tous les mausolée de la ville. Tous les mausolées sans exception", a déclaré à travers un interprète Sanda Ould Boumama, porte-parole d'Ansar Dine à Tombouctou joint par l'AFP depuis Bamako.

    Le premier sanctuaire visé a été celui de Sidi Mahmoud, dans le nord de la ville, qui avait déjà été profané début mai par des membres d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), un allié d'Ansar Dine, ont raconté à l'AFP des habitants joints depuis la capitale, certains sous le choc.

    "Aujourd'hui, au moment où je vous parle, les islamistes d'Ansar Dine ont fini de détruire le mausolée du saint Sidi Mahmoud. Ils ont cassé (et) fait tomber le mur" de clôture du site, "c'est très grave", a déclaré en pleurant un des témoins.

    Les islamistes se ont ensuite attaqué tour-à-tour aux mausolées de Sidi Moctar, dans l'est de la ville, puis celui d'Alpha Moya, qui ont tous deux été détruits.

    Les hommes d'Ansar Dine, qui veulent appliquer la charia (loi islamique) dans tout le Mali, "ont dit qu'ils vont tout détruire aujourd'hui. Vraiment, ils ont violé aujourd'hui Tombouctou. C'est un crime", a dit un des témoins proche d'un imam (qui dirige la prière musulmane en commun) de Tombouctou.

    "L'Unesco, c'est quoi ?"

    Ce projet de destruction totale des mausolées est une réponse à la décision de l'Unesco, annoncée jeudi, de placer Tombouctou, depuis 1988 au patrimoine mondial de l'humanité, sur la liste du patrimoine en péril, d'après le porte-parole d'Ansar Dine interrogé par l'AFP.

    "Dieu, il est unique. Tout ça, c'est 'haram' (interdit en islam). Nous, nous sommes musulmans. L'Unesco, c'est quoi?", a-t-il dit, ajoutant que Ansar Dine réagissait "au nom de Dieu".

    Le gouvernement malien a dénoncé "la furie destructrice assimilable à des crimes de guerre" du groupe islamiste armé Ansar Dine qui a démoli samedi plusieurs mausolées de saints musulmans à Tombouctou (nord), et menacé les auteurs de ces destructions de poursuites au Mali et à l'étranger.

    Le gouvernement condamne cette furie destructrice assimilable à des crimes de guerre et s'apprête à engager des poursuites contre leurs auteurs aussi bien au plan national qu'au plan international", selon les termes d'un communiqué transmis à l'AFP.

    La France a condamné "la destruction délibérée de mausolées de saints musulmans" par "un groupe islamiste extrémiste" à Tombouctou, dans le nord du Mali, et dénoncé un "acte intolérable", a déclaré le ministère des Affaires étrangères.

    "La France condamne la destruction délibérée de mausolées de saints musulmans dans la ville de Tombouctou par un groupe islamiste extrémiste qui contrôle cette ville du Mali", a déclaré le porte-parole du ministère, Bernard Valero, dans un communiqué.

    Selon le site Internet de l'Unesco, Tombouctou compte "16 cimetières et mausolées qui étaient des composantes essentielles du système religieux dans la mesure où, selon la croyance populaire, ils étaient le rempart qui protégeait la ville de tous les dangers".

    Fondée entre le XIe et le XIIe siècles par des tribus touareg, et surnommée notamment "la cité des 333 saints", elle a été un grand centre intellectuel de l'islam et une ancienne cité marchande prospère des caravanes.

    Des manuscrits "sécurisés"

    Tombouctou est également célèbre pour ses dizaines de milliers de manuscrits, dont certains remontent au XIIe siècle, et d'autres de l'ère pré-islamique. Ils sont pour la plupart détenus comme des trésors par les grandes familles de la ville.

    Environ de 30.000 de ces manuscrits qui étaient conservés dans un institut gouvernemental ont été déplacés et "sécurisés" ailleurs, après le saccage de lieux par des islamistes en avril, d'après des bibliothécaires.

    En annonçant jeudi sa décision de placer la cité sur la liste du patrimoine mondial en péril, de même qu'un site historique de Gao (nord-est), l'Unesco avait alerté la communauté internationale sur les dangers qui pèsent sur la cité.

    Nous venons juste d'apprendre la nouvelle tragique des dégâts sans raison causés au mausolée de Sidi Mahmoud, dans le nord du Mali", a déclaré Alissandra Cummins, présidente de l'Unesco, dans un communiqué adressé à l'AFP, appelant toutes les parties impliquées dans le conflit à Tombouctou à "exercer leurs responsabilités".

    En plus de Tombouctou (nord-ouest), Gao et Kidal (nord-est), les trois régions formant le Nord, sont sous le contrôle des islamistes divers groupes armés qui ont profité de la confusion créée à Bamako par un d'Etat militaire le 22 mars.

    La démolition des mausolées de Tombouctou par les islamistes rappelle le sort d'autres ouvrages du patrimoine mondial, dont les Bouddhas de Bamyan, dans le centre de l'Afghanistan, détruits en mars 2001 par les talibans et leurs alliés d'Al-Qaïda.

    En Afrique de l'Est, les islamistes somaliens shebab ont détruit de nombreux mausolées de mystiques soufis dont la mémoire était vénérée par les populations locales.


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  •   Les moutons marocains ont mangé une montagne

    28 juin 2012,

    montagne_nue_MarocJbel Ayachi
    © Michel Tarrier

    Plus de 100 millions d'herbivores « comestibles » (moutons, chèvres, vaches, dromadaires...) ravagent les sols et les écosystèmes du Maroc, avec, semble-t-il, la bénédiction des autorités et des gestionnaires. L'entièreté du pays, par ailleurs plus fragile que d'autres puisque de nature semi-aride en majorité, est l'objet d'un véritable « dépeçage » de ses paysages et de son Vivant par la pression d'un surpâturage à nul autre pareil. On le sait, on le répète, mais c'est pire chaque saison.

    Un exemple parmi d'autres est celui que vient de vivre le magnifique Jbel Ayachi qui culmine à 3757 m dans le Haut Atlas oriental. Au fil de ces dernières années, le massif a perdu la totalité de sa couverture végétale et ne montre plus qu'un sol dénudé, scalpé, squelettique. Effrayant, effarant, irréversible. Les derniers lambeaux de la précieuse cédraie sont moribonds, les genévriers thurifères vétérans sont écimés jusqu'au trognon, la chênaie verte est ravagée, décapitée, abroutie, l'ancien cortège botanique si riche et varié n'est plus, c'est tout le paysage qui dépérit à force d'abus d'usage. Le sol désormais pulvérulent, où plus rien ne pousse et ne poussera plus jamais part en poussière au moindre vent ou se retrouve dramatiquement lessivé lors des pluies. Voici ce qu'il reste d'un manteau forestier que le premier découvreur, le Marquis de Segonzac, décrivait comme luxuriant et infranchissable en 1905, soit à peine plus d'un siècle ! Quant à la faune climacique (lion, panthère, magot, mouflon, gazelle et même antilope bubale !!) et la faunule endémique (innombrables papillons à valeur biopatrimoniale), il ne reste rien. Toutes les espèces sauvages ont été décimées, victimes de la destruction de leur niche écologique, d'éviction, quand ce n'est pas de persécution imbécile et impitoyable.

    Tous sont responsables, du berger au garde forestier, mais sont surtout coupables les propriétaires absents, ces bourgeois des grandes villes qui confient des effectifs surnuméraires de moutons (oviculture de rente) à des bergers locaux et dont ils profitent des droits séculiers d'usage normalement limités à la charge modeste de troupeaux familiaux. De tels droits devraient être caduques s'ils ne profitaient pas, et ce sans la moindre traçabilité, à des gens bien placés de réaliser de gros bénéfices sur le dos de la misère et de l'ignorance, et au détriment de ressources légitimes. Et les faux reboisements, les soi-disant périmètres en défens ne sont que des effets d'annonce. L'intitulé de l'administration en charge d'écosystèmes qui ne sont plus que des fabriques de moutons est à revoir : Haut Commissariat « de la lutte contre la désertification » ne correspond absolument plus à l'objectif qui se révèle inverse à la promesse.

    Et pour parler de cette montagne de l'Ayachi, qui sont ces gens de la tribu des Aït-Morrhad qui ont investi la contrée pour en détruire les espaces et les espèces ? Il s'agit de piètres dévastateurs, par ailleurs connus pour leur immense cruauté envers les animaux. De quel laxisme profitent-ils pour pouvoir ainsi se comporter en hors-la-loi ? Sont-ils, eux-aussi, de ces monothéiste qui font des enfants pour les déposséder, les déshériter, leur dérober tout avenir ?

    Ah ! la viande, la viande, la viande... ! Mangez-en donc tous les jours, encore et encore, jusqu'à en crever vous-même et déposséder les générations futures du moindre reste de Nature ! La Nature, quoi qu'en pensent les imbéciles, n'est pas une ressource renouvelable.

    Protéger la Nature passe par la colère, une « bienveillante » dictature (un peu comme le code de la route, non ?) et un certain végétarisme. Mais à l'heure d'un écologisme de pacotille parce qu'électoraliste, bonne conscience d'un système corrompu, on ne sait plus rien de l'écologie. Nous vivons dans l'éco-inconscience. Pour le fric.

    Il existe, sur les routes des Atlas, quelques auberges aux enseignes évocatrices d'un paradis perdu : « Auberge du dernier lion de l'Atlas », « ... de la dernière panthère », « ... du dernier singe magot ». Annoncera-t-on les prochaines ouvertures de gîtes ruraux (c'est tendance...) aux appellations probabilistes : « ... du dernier cèdre », « ... du dernier mouton », « ... du dernier touriste », « ... du dernier homme » ?!!

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    avatar   Michel Tarrier    notre-planete.info


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  •  Grèce : «Le statut de l'employé est aboli au profit de celui de l'esclave»

    Samedi 30 Juin 2012

     

    Greek Crisis
    Historien et ethnologue, ancien correspondant en France pour la revue grecque Nemecis, Panagiotis Grigoriou raconte au quotidien le désastre de la vie quotidienne dans son pays sous le régime de la Troïka.
     

    Au lendemain des élections législatives anticipées, le quotidien de crise des Grecs demeure. Notre blogueur associé Panagiotis Grigoriou relate ces atmosphères athéniennes, pétries de petites résignations et de grands désarrois.   

    (L'Acropole d'Athènes - Dimitri Messinis/AP/SIPA)
    (L'Acropole d'Athènes - Dimitri Messinis/AP/SIPA)
    Aux pieds de l'Acropole mercredi, des rencontres étonnantes et étonnées ont inauguré le tempo de la nouvelle ère sous le mémorandum II bis, dite aussi l'ère samaritaine (de Samaras). Il y avait un car de police en stationnement permanent, les vacanciers de passage, les badauds habituels très nombreux, les musiciens de rue et enfin, les premiers protestataires du centre-ville et de saison, depuis l'ouverture de la nouvelle session parlementaire. A deux pas du sanctuaire du dieu Pan et sans la moindre panique, des employés dans l'hôtellerie et la restauration en grève se sont mêlés aux autres groupes primaires humains aux regards croisés et découvreurs, comme si c'était la première fois, comme dans un first contact culturel, stupéfaction encore assurée, au spectacle de notre condition «néo-primitive». On suggéra peut-être à Bob Connolly et à Robin Anderson la réalisation d'une nouvelle trilogie, et nos trois nouveaux frères Leahy seraient sans doute... les Troïkans !

    Non, ils n'étaient pas très nombreux à battre le pavé ces grévistes de l'hôtellerie et de la restauration en pleine saison et en plein âge de la terreur, mais ils se sont montrés déterminés et courageux. Selon Nikos Papageorgiou, représentant du syndicat unitaire, «il devient urgent de défendre nos conventions collectives car le patronat, la Troïka et le gouvernement ne les conduiront plus au-delà de juillet. Déjà sur le terrain, nous travaillons mais nos salaires ne nous permettent même plus la survie. Les salaires pratiqués lors des nouvelles embauches se situent entre 350 et 570 euros par mois pour un temps plein et tout le monde sait que nous travaillons bien davantage et dans de terribles conditions. Nous ne pouvons pas accepter ces salaires, ni les diminutions exigées par le patronat».

    Ici ou là et entre participants, on se disait que «cette déshumanisation dépasse la honte, et qu'elle est inacceptable : le statut de l'employé est aboli au profit de celui de l'esclave». On s'apprêtait, les visages sombres, à former un cortège pour se rendre au ministère du travail rue du Stade, après un passage symbolique par la place Syntagma, la dignité et le courage sous les bras. Mais comment échapper finalement à ce destin d'esclave, lorsque selon les dernières statistiques rendues publiques par Eurostat hier, plus de 400 000 nouveaux chômeurs se sont ajoutés sur la travel checklist du memorandum, rien qu'au premier trimestre 2012. Donc le memorandum a parfaitement rempli son cahier de charge, sa formule all inclusive rencontre un grand succès commercial transnational, depuis la Grèce et jusqu'au Portugal et somme toute, relativement peu de contraintes techniques avérées.    

    Visites touristiques

    Les cars remplis de touristes sur l'avenue de la reine Amalia s'arrêtèrent un moment pour une prise de vue, arrachée au réel athénien parfois sous les applaudissements. D'autres ont filmé, séquences courtes et exceptionnelles à conserver soigneusement sur les SSD et autres mémoires flash, avant de les visionner fièrement, de retour au pays, à la fin du séjour ou de la croisière au pays de l'hôtellerie, de la restauration et d'Amalia d'Oldenbourg. Eh oui, cette fille de Paul Frédéric Auguste, grand-duc d'Oldenbourg et de la princesse Adélaïde von Anhalt-Bernburg-Schaumburg-Hoym qui épousa le roi de Grèce Othon (de Wittelsbach, deuxième fils de Louis Ier de Bavière et premier souverain de la Grèce moderne), Amalia (ou Amélie) devint donc «notre» reine. C'était du temps de Josef Ludwig von Armansperg, homme politique et diplomate bavarois qui assura la régence du Royaume de Grèce pendant la minorité du roi Othon, après avoir exercé les fonctions de ministre de l'Intérieur et ministre des Finances du gouvernement bavarois. Josef Ludwig von Armansperg présidât au Conseil de Régence avec deux autres régents, Carl Wilhelm von Heideck et Georg Ludwig von Maurer, formant notre première Troïka.

    Depuis, le quartier historique et l'avenue de la première reine ont connu bien d'autres événements. En suivant le cortège des manifestants, j'ai encore observé cet immeuble portant les cicatrices de l'histoire, marqué des éclats de balles, stigmates de la bataille d'Athènes (décembre 1944 - janvier 1945), opposant l'armée britannique et les troupes de la droite royaliste, aux forces communistes. Mais à présent, personne n'y prête attention. Sans doute parce que le temps présent est si épais. Une architecture sous une certaine influence Art déco, au 42 avenue Amalias, datant des années 1930, une œuvre de l'architecte Emmanuel Lazaridès (1894-1961), ancien élève de l'école des Beaux-Arts à Paris.

    Deux députés participaient au cortège, Christos Katsiotis, élu communiste de la capitale et ancien employé de la branche, et Mikhalis Kritsiotakis, universitaire, élu Syriza de l'île de Crète. Et en Crète comme ailleurs, tout le monde réalise enfin que le tourisme est à la fois un problème et une solution. Les élus des autres partis n'ont pas jugé nécessaire d'effectuer le déplacement. Pourtant, il y a eu bien pire dans le comportement politique chez certains. Déjà, ce qu'a relaté Nikos Papageorgiou (le représentant du syndicat unitaire) du quotidien habituel et exceptionnel de ses collègues ne correspond en rien aux affirmations «rassurantes» que la classe politique «de gouvernement» a faites lors de la réception des grévistes par le ministre du Travail, Yannis Vroutsis (élu Nouvelle Démocratie aux Cyclades), après la manifestation d'hier. Selon Nikos Papageorgiou, «des députés et des dignitaires Pasok ont fêté la participation de leur parti socialiste au gouvernement du 18 juin, dans un hôtel ami. Tard dans la nuit, il a été "demandé" à un employé d'y rester pour les besoins de la fête, au-delà de son service, jusqu'à 5 heures du matin, mais il refusa. Aussitôt, les fêtards pasokiens ont convoqué le patron de l'établissement pour exiger le renvoi du salarié. Ce dernier a été licencié sur le champ».

    «Nouvelle exposition coloniale»

    On se demande parfois dans ce pays si le pasokisme n'est pas pire que le troïkanisme, sans blague. La semaine prochaine, nous attendons d'ailleurs la Troïka à Athènes, car rien que la perspective d'une probable victoire de Syriza l'avait éloigné durant plus d'un mois. Mais le peuple souverain en a décidé autrement.

    Elections ou pas, la crise, omniprésente s'incruste partout, ne laissant que peu de répit à notre regard. La voir, l'entendre et la subir déréalise progressivement toute projection vers un autre futur pour beaucoup d'entre nous, pour une petite moitié des habitants de cet ex-Etat. Car the Failing State of Greece s'offre comme jamais auparavant à ses visiteurs attentifs de cette «nouvelle exposition coloniale» aux attractions sans cesse renouvelées. En plus, il y a la plage, le soleil et l'hôtellerie-restauration.    

    28 magasins fermés

    Covoiturage aidant, j'ai pris l'autoroute hier à destination de la Thessalie. Rocades désertées, pratiquement vides par endroits, si je compare au temps de mes souvenirs de 2010. La nationale ensuite, ainsi que les départementales sont beaucoup moins fréquentées, tout comme les cafés. En arrivant, j'ai fait régler le câble d'embrayage et remplacer le câble de la bobine d'allumage auprès du garagiste du coin pour vingt trois euros TTC. J'ai aussi fait l'ajout d'un litre d'huile car la vieille mécanique Daihatsu (21 ans !) consomme un peu de lubrifiant à la longue. Voilà pour la révision 2012, après tout, l'ère de l'automobile est déjà passée derrière le rétroviseur, c'est clair. Antonis, le garagiste était content de me voir : «Je comprends, tu prends d'habitude le train depuis Athènes, c'est normal. Pavlos n'est plus là, je n'arrivais plus à verser son salaire, comme tu vois je me trouve plus qu'avec un seul employé, Serjan, le Serbe. Avant la crise j'employais quatre personnes, le marché automobile est mort. Dans cette ville [Trikala], neuf concessionnaires ont fait faillite en dix mois. Les clients nous arrivent lorsque leurs voitures sont complétement en panne, et encore. Même les grands du secteur comme Toyota ont du mal à s'en sortir. Pour reprendre une concession Toyota par exemple, le cahier de charges impose au moins dix salariés, un certain stock de véhicules et de pièces de rechange, j'estime le capital de départ nécessaire à 300 000, hors-coût des locaux, au moins. Cela n'intéresse plus personne ici. Comme tu sais, les petits locaux ici m'appartiennent, je ne verse déjà pas de loyer. Va faire un tour en ville et tu verras, avenue Kondylis par exemple, entre les écoles et la banque nationale (sur 1 km) j'ai compté 28 magasins fermés, la catastrophe. C'est bien connu, ici ce n'est pas comme à Athènes, les gens, les vieux commerçants de père en fils, ont honte de faire faillite. Ils vendent encore les bijoux de la famille, certains biens immobiliers ou leurs dernières économies pour tenir tête, coûte que coûte. Mais c'est du précaire. Je crains le pire ensuite, les suicides par exemple.»

    Je sais qu'en Italie les suicides chez les petits commerçants et entrepreneurs à la faillite ont pris le caractère d'épidémie. Chez nous, ils sont sociologiquement plus variés et davantage liés au chômage. Jeudi matin, un homme, employé de banque, s'est suicidé en se jetant de l'Acropole. Nous ignorons les motifs mais tout le monde pense à la crise bien évidemment.    

    Progression de l'Aube dorée

     
    Les amis du blog habitant l'île de Syros m'ont fait part d'un appel émanant de l'Espace social d'autogestion d'Ermoupolis, car jeudi et vendredi, ainsi que le mardi 3 juillet, on va collecter des denrées alimentaires à destination de l'établissement public de santé mentale de l'île de Leros. J'avais déjà évoqué ce drame dans un article du blog, hélas, l'appel précise que les médecins s'adressent dans l'urgence (et sans succès pour l'instant) au ministère de la Santé, car depuis le 5 juin, les malades ne sont plus nourris. Mon ami S.P. l'instituteur n'était pas au courant, mais il assure qu'en Thessalie aussi la situation s'est considérablement dégradée depuis Noël. Il ne s'est pourtant pas déplacé aux urnes le 17 juin : «Je ne voulais pas voter Tsipras, ils sont dangereux ces gens de Syriza, ils arriveraient au pouvoir pour devenir riches comme les autres... mais je préfère les autres, il nous garderons dans l'euro et mon salaire déjà amputé de moitié certes, sera versé au moins. A l'école, les enseignants ont pourtant voté Syriza ou l'Aube dorée, le directeur d'une école voisine a même hésité entre les deux, il a apprécié le programme économique de Syriza, mais comme il ne voulait plus voir les immigrés dans son quartier, il a finalement opté pour l'Aube dorée, étrange non ?» «Etrange», sans commentaire !

    Les résultats locaux confirment les tendances nationales. Tel un ex-employé et ex-paysan au chômage élevant ses poules, cultivant ses tomates et ses illusions perdues, à 55 ans, il a voté Aube dorée pour la première fois en juin : «C'est pour qu'ils fassent leur entrée au parlement mais durablement... et ainsi casser la gueule à tous ces voleurs», a-t-il expliqué. Petite bourgade paisible : 1361 inscrits et 808 votants le 6 mai. Résultats : NouvellGrèce : «Le statut de l'employé est aboli au profit de celui de l'esclave»e démocratie 203 (26%), Syriza 105 (13,44%), Gauche démocratique 132 (17%), KKE 129 (16,52%), Pasok 60 (7,68%), Grecs indépendants 38 (4,87%), Laos 25 (3,2%) et Aube dorée 24 (3,07%).
    Et en juin, 789 votants et les résultats suivants : Nouvelle démocratie 291 (37,2%), Syriza 182 (23,3%), Gauche démocratique 57 (7,3%), KKE 90 (11,52%), Pasok 52 (6,6%), Grecs indépendants 32 (4,1%), Laos 12 (1,54%) et Aube dorée 41 (5,25%). Disons un village très tendance, comme le reste du pays. Ailleurs par contre, Syriza est arrivé en tête, comme dans la plupart des Cyclades et en Crète par exemple.

    Dans les cafés de Karditsa, au département voisin, la doxa du «pays réel» approuve largement la baffe de Kasidiaris : «Je crois que cet épisode a largement contribué au renforcement de l'Aube dorée et non pas à son contraire, malheureusement», a expliqué une habitante de cette ville. Puis, après un bref silence, une hésitation passagère, elle rajouta : «Tu sais, il y eu dispute avec mon frère, il est policier. Il prétend que Syriza sème le désordre dans les manifestations, tandis que les types de l'Aube dorée aident la Police dans sa mission». Aristide, frère de Mina, policier, gagne mille euros par mois et vient de faire installer le GPL à sa voiture.

    En Thessalie aussi les seules nouvelles boutiques font dans l'achat d'or, le dépôt-vente et le GPL. Même les pastèques sur le marché n'ont plus tellement la cote. Seul le football retient désormais les hommes au café. Jeudi soir, l'Italie l'emportant 2-1 contre l'Allemagne grâce à un doublé de Mario Balotelli et tous les Grecs ont crié «victoire». Mais pour les Allemands, pas d'eurobonds sans union fiscale. Epoque Art déco ? 
     

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