• Comment faire mousser la bière (avec modération) sans faire trinquer la planète

    De l’eau, des céréales et des levures : par ses ingrédients, la bière serait comme du « pain liquide », diraient certains, ce qui en fait un produit de grande consommation mais aussi, au moins en apparence, un produit plutôt naturel. Pourtant, ce breuvage, dont l’existence remonte à l’Antiquité, est moins écologique qu’il n’y paraît : cultures intensives de céréales, processus industriels de production peu économes, en eau notamment, multiplication des emballages, ajout d’additifs et de colorants, réfrigération et transport des produits à marque internationale aux quatre coins du monde…

    Le saviez-vous ?

    • La bière est l’une des boissons les plus populaires et les plus consommées au monde.
    • La bière est une boisson à faible teneur en alcool, produite par la fermentation de sucres extraits de divers types de céréales. Il existe un large éventail de types de bière distincts qui reflètent des différences quant à l’utilisation de la matière première, à la force, au goût et au conditionnement du produit final. Traditionnellement, la bière est produite à partir de malt. Le sucre est extrait de la céréale et il est mis dans de l’eau, du houblon est ensuite ajouté et le mélange est bouilli. Après avoir refroidi, le mélange est fermenté avec de la levure pour produire de l’alcool. Cette bière brute est ensuite maturée et conditionnée. Certaines bières sont filtrées et pasteurisées.
    • La loi historique allemande du 16e siècle définit la bière comme un produit obtenu par fermentation à partir d’un mélange d’eau, de malt (orge germé et torréfié, ou d’autres céréales), de houblon et de levures. Mais certains fabricants y ajoutent des ingrédients complémentaires comme l'orge non malté, le blé, le maïs, le riz, le millet ou d’autres additifs. Ce qui explique qu’un enjeu environnemental important lié à la bière, qu’elle soit brune, blonde ou rousse, provient de la culture des céréales en amont. D’abord, ces céréales sont toutes issues le plus souvent de cultures intensives fortement consommatrices de produits chimiques et de pesticides : en France, par exemple, les céréales consomment 80% des pesticides sur environ 34,2% de la surface agricole utile en 2010 selon le Ministère de l'Agriculture, ce qui en fait l’une des cultures les plus intensives en produits de synthèse, même si d’autres cultures comme l’arboriculture fruitière ou la viticulture consomment plus de pesticides par unité de surface. Ensuite, si les principaux produits intervenant dans la fabrication de la bière sont sans OGM, les grands fabricants américains utilisent comme additif du sirop de maïs qui a de fortes chances d'être issu de cultures OGM, puisqu’aux Etats-Unis en 2009, 85% du maïs planté était issu de semences transgéniques, selon le Département américain des Affaires Agricoles. Ce n’est pas le cas en Europe, où l’ensemble des producteurs ont signé un accord les engageant à ne pas recourir aux manipulations génétiques.
    • Au-delà des modes de culture des céréales, un autre enjeu majeur lié à la bière est le gaspillage industriel auquel donne lieu le processus de fabrication : sans même prendre en compte les impacts indirects (transport, conditionnement, réfrigération, etc.), la production de bière est à l'origine d’une forte consommation d’eau potable et de céréales. Du côté de l’eau, qui constitue 80 à 90 % de la bière, les progrès technologiques récents ont permis aux brasseurs de faire des économies substantielles et les brasseries les plus modernes utilisent 6 fois moins d'eau en moyenne qu'il y a 30 ans, de sorte qu’il faut désormais 4 à 7 litres d'eau (contre 20 ou 25 auparavant) pour fabriquer 1 litre de bière selon la Banque Mondiale. La bière requiert aussi d’énormes quantités de céréales : il y a dix ans, la Chine en importait ainsi plus de 16 millions de tonnes par an pour produire de la bière, plus qu’elle n’en importait pour nourrir sa population. Et le problème est que la fermentation n’utilise que 8 % des éléments nutritifs contenus dans le grain.

    Bonnes nouvelles

    • Les grands brasseurs, entre les mains desquels le marché mondial est de plus en plus concentré (en 2005, les deux fabricants Kronenbourg et Heineken représentaient près de 70% du marché en France, selon l'Autorité de la concurrence), ont beaucoup fait progresser leur démarche environnementale : les nouvelles normes, plus contraignantes, les y poussent, des considérations économiques les motivent, et c’est aussi une question d'image pour ces grandes entreprises vis-à-vis des consommateurs. Produire les mêmes quantités de bière tout en réduisant la facture d'électricité, de gaz, de carburant ou d'eau est un défi qui intéresse les grands groupes. A titre d’exemple, la brasserie de la Valentine à Marseille, qui appartient au groupe Heineken et produit plus d’1 million d'hectolitres par an sur plus de dix hectares de site industriel, a obtenu la certification environnementale ISO 14 001 en 2002, avec des efforts portant sur le processus de production de bière que le transport ou la traçabilité des différentes matières premières utilisées : en 2011, la Valentine utilisait 3,9 litres d'eau pour produire 1 litre de bière (la moyenne mondiale est de 4,3 litres d’eau pour 1 litre de bière) et a la plus faible consommation en haut des trois brasseries d’Heineken, La consommation de gaz a baissé de 20 %, la consommation d'électricité a été réduite, les déchets sont triés et valorisés à 98% (carton, verre, métal...), les produits chimiques (nécessaires au nettoyage des installations) sont mis en sécurité, l'itinéraire des camions de livraisons a été revu et corrigé pour éviter la traversée du village voisin, et enfin les eaux usées sont pré-traitées avant de rejoindre la station d'épuration de la ville.
    • Peu à peu, des bières bio apparaissent… plutôt chez les brasseurs locaux et plutôt en boutiques bio, même si certaines tentent des percées en grandes surfaces. Ainsi, la brasserie familiale Castelin à Bénifontaine revendique d’avoir lancé en 1986 la première bière bio disponible en France. Les matières premières et leur transformation sont contrôlées par des organismes officiels qui attestent du respect du label "biologique".
    • Le procédé de fabrication de la bière, on l’a vu, est particulièrement peu économe en ressources naturelles comme l’eau et les céréales. Or la bière est la boisson alcoolisée la plus consommée dans de nombreux pays du sud où ces ressources sont rares. Pour répondre à ce problème, Namibia Brewers a adopté les principes de l’écologie industrielle : créée par la fondation ZERI il y a une dizaine d’années, cette brasserie namibienne, située à Tsumeb au sud du continent africain, transforme donc les déchets en ressources, à l'image des écosystèmes naturels. Chez Namibia Brewers, eau et grains excédentaires ne sont pas rejetés en pure perte mais réutilisés comme substitut à la farine ou encore comme substrat pour cultiver des champignons. Et le circuit ne s'arrête pas là : les sous-produits engendrés permettent également de produire du méthane utilisé comme source d'énergie dans la brasserie (l'excédent est commercialisé) et d'alimenter une activité parallèle d'élevage porcin et piscicole. S'il a été reproduit dans divers pays occidentaux (Canada, Suède,...), ce modèle de brasserie aussi écologique qu’économique est particulièrement adapté aux marchés émergents - Afrique, Asie et Amérique Latine - dans lesquels le manque de ressources en eau rend impossible l'installation de grandes brasseries.

    Ce que vous pouvez faire

    • Les bières issues de l’agriculture biologique sont de plus en plus nombreuses, même si elles ne sont pas encore facilement accessibles hors des magasins spécialisés … A l'orge, au miel, au quinoa, aux myrtilles, aux algues ou au chanvre, il y en a pour tous les goûts ! De plus en plus de brasseries indépendantes font le choix d’ingrédients naturels et originaux pour sortir les papilles du goût monotone des bières industrielles, et optent pour des techniques de brasage à l’ancienne. Inaugurée en 1999, la brasserie Moulins d'Asq est spécialisée dans la production de bières bio. « La triple » de Moulins d’Asq est une bière de fermentation haute issue de l'agriculture biologique, à base de malt, de froment et houblons sélectionnés. La Jade de la grande Maison Castelain est la première bière bio à avoir été commercialisée dans les grandes surfaces. Certifiée AB, l'eau qui rentre dans la composition de cette bière au houblon et au malt d'orge est puisée directement dans une nappe située sous la brasserie. Disparue pendant plus de 75 ans, la bière au miel revient en force aujourd'hui. Mieux vaut privilégier une bière au miel biologique. Différents labels existent pour les bières : le label AB ou le label belge Biogarantie. Et à Grenoble, la brasserie de Saint-Martin-d’Hères propose des bières de fabrication artisanale au saveurs étonnantes : réglisse, sapin, ou encore noix.
    • En 2007, 32% des bières consommées en France selon le Ministère du Développement Durable. Mieux vaut éviter autant que possible ces bières importées ou de grandes marques internationales, qui ont nécessairement voyagé davantage : les émissions de CO2 liées à une bière transportée dans de lourdes bouteilles en verre et réfrigérée pendant plusieurs semaines en attendant d’être consommée, sont loin d’être négligeables. On privilégiera les bières locales, produites dans la région, ce qui est évidemment meilleur du point de vue environnemental mais aussi pour l’économie locale. La France n’est certes pas un grand pays de la bière, avec à peine plus de 1% de la production mondiale. Il est vrai que le marché français est réduit et que les Français sont parmi les plus faibles consommateurs de bière d’Europe - un peu plus de 30 litres par personne et par an, soit 3 fois moins qu’en Belgique par exemple, pays de la bière par excellence, mais aussi deux fois moins qu’en 1980. Mais malgré ce marché de petite taille et une forte tradition vinicole, plus de 300 bières différentes sont produites sur le sol français, dans les régions traditionnellement productrices (Alsace, Lorraine et Nord-Pas-de-Calais) mais aussi dans d’autres régions : ainsi en Corse, une brasserie locale, fondée en 1996 et qui avait surpris à l’époque en créant le concept de bière corse, s’est développée à un rythme soutenu et emploie aujourd’hui plus de 35 personnes autour de quelques produits-phares : la Pietra, la Colomba, la Serena , toutes agrémentées de « spécialités locales » comme la farine de châtaigne ou le fruit de l’arbousier - voir www.brasseriepietra.com). Certains bars disposent aussi désormais de leur propre micro-brasserie produisant une bière unique et artisanale, il faut se renseigner !
    • Quand on consomme sur place, on préférera la bière pression dans les bars et, pour ce qui concerne la consommation à domicile, mieux vaut choisir de préférence les bouteilles en verre, en grand format plutôt qu’en contenant individuel, sans oublier de participer au tri sélectif des déchets ensuite. Le verre est l’un des emballages ménagers les mieux recyclés aujourd’hui avec plus de 68% de verre recyclé en France en 2009 selon l'INSEE.

    ET N’OUBLIEZ PAS : L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
      
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  •   Le FMI découvre que l’austérité est bien plus nocive que prévu

    Pascal Riché | Redchef Rue89
     

    Mia Farrow dans « Rosemary’s baby », de Roman Polanski

    Aïe... Le FMI a fait une découverte : l’austérité a un impact plus sévère que prévu sur l’économie. Après avoir fait boire bien des potions amères, pendant des décennies, à des pays en crise, le Fonds monétaire international semble constater que ses prescriptions n’étaient pas forcément adaptées.

    François Hollande, qui s’est engagé dans une course folle à la réduction du défit, avec pour objectif un chiffre totémique, les « 3% du PIB », devrait lire cette étude (résumée page 41 de l’Economic Outlook, ici en PDF). Que dit-elle ?

    Gare au « multiplicateur »

    Avant d’entrer dans le vif de celle-ci, il faut faire un détour par le « multiplicateur keynésien ». Ne fuyez pas, vous allez voir, c’est assez simple à comprendre.

    Depuis John Maynard Keynes, la plupart des économistes l’admettent : sauf circonstances exceptionnelles, l’austérité budgétaire (baisse des dépenses publiques) ou fiscale (hausse des impôts) n’est pas bonne pour la croissance. Symétriquement, les mesures de relance prises par l’Etat – baisse d’impôts ou hausses des dépenses – dopent la croissance.

    Le lien entre l’intervention budgétaire et fiscale de l’Etat et la croissance est appelé le « multiplicateur ».

    Jusque-là, le FMI considérait que pour les économies avancées, ce multiplicateur était de 0,5. Autrement dit : 10 euros de hausse d’impôt (ou de baisse des dépenses) entraînait une perte pour la croissance de 5 euros.

    Le FMI estime aujourd’hui que cette évaluation était erronée. Selon leurs recherches, qui portent sur les huit dernières décennies, le multiplicateur serait situé entre 0,9 et 1,7.

    Autrement dit : si un Etat augmente ses impôts ou baisse ses dépenses de l’équivalent de 1% du PIB, l’impact pour la croissance se situera entre 0,9 et 1,7 point, selon la conjoncture.

    Sérieux ou stupidité budgétaire ?

    Si cette étude du FMI est exacte, conduire une politique d’austérité en période de crise est d’une stupidité sans nom (ce que beaucoup d’économistes savent déjà, mais l’orthodoxie économique ambiante les dissuade de le crier trop fort).

    Bercy ne dévoile pas le multiplicateur qu’il retient pour ses prévisions budgétaires – une opacité regrettable. Mais il y a de fortes chances que ce dernier soit proche de 0,5, car la prévision de croissance officielle pour 2013, de 0,8%, est plus élevée comparée aux projections d’autres organismes.

    Prenez par exemple l’Observatoire français des conjonctures économiques : le multiplicateur fiscal que ses chercheurs ont retenu est de 0,9 et leur prévision de croissance « sort » à 0%.

    Pour un homme politique, réduire le déficit budgétaire sur la base d’un multiplicateur de 0,5 peut être une option efficace. Mais si le multiplicateur est de 1,7, toute politique d’austérité ne peut qu’être inefficace.

    « C’est ce qui se passe en Espagne »

    Avec un multiplicateur de 1,7, l’effort budgétaire et fiscal qui nous est aujourd’hui demandé (environ 1,8% de PIB : 28 milliards de hausse des prélèvements obligatoires et 8 milliards d’euros de réduction des dépenses) nous fera tout droit plonger en récession, avec des conséquences dramatiques en terme de chômage.

    Et le résultat de cette politique de « sérieux budgétaire », en terme de réduction du déficit public, sera nul.

    Ce scénario n’est pas imaginaire. « C’est ce qui se passe actuellement en Espagne où malgré les efforts budgétaires, le déficit public reste à près de 8%. Cela a un coût social énorme : le chômage atteint 25% », commente Mathieu Plane, de l’OFCE.

    Et l’effet dévastateur est démultiplié par le fait que tous les pays européens sont partis dans cette course délirante aux 3% : dans cette sarabande funeste, chacun importe la rigueur de l’autre, et l’ensemble du continent glisse vers la dépression.

    MERCI RIVERAINS !Pierrestrato

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      Un nouveau rapport de la cour des Comptes européenne pointe les conflits d'intérêts à l'EFSA
    Ce rapport étudie les conflits d'intérêts dans 4 agences européennes, dont l'EFSA, l'Agence de sécurité& sanitaire européenne. Le rapport note que à l'Efsa, deux membres du conseil d'administration, dont sa présidente Diana Banati, ont démissionné du fait de leurs responsabilités au sein de l'Ilsi, un lobby de l'industrie agroalimentaire où sont notamment représentés les groupes Monsanto et Syngenta, très actifs dans le secteur des OGM .

    Mais cela n'a pas été le cas de 6 autres experts de l'Efsa qui ont aussi des liens avec cette organisation, et qui ont continué de siéger au comité scientifique ou au conseil de surveillance de l'agence européenne, a relevé la Cour qui s'inquiète de cette «différence de traitement».le rapport sur les conflits d'intérêts dans les agences ici

    Aucune procédure particulière n'est par ailleurs prévue en cas de fausse déclaration d'intérêts dans les 4 agences auditées.

    Pour plus de détails lire le rapport complet ici :
    http://eca.europa.eu/portal/pls/portal/docs/1/17190743.PDF

    Source : JDLE

    Pour information : il n'aura fallu que moins de 3 semaines pour que l'EFSA ne publie une analyse totalement à charge contre l'étude de Gilles Eric Séralini...cet empressement n'est malheureusement pas une surprise et, mis en regard des conflits d'intérêts dénoncés par la Cour des Comptes européenne, pause des questions sur l'indépendance de l'Agence et de ses analyses.

    G E Séralini, de son côté, s'explique en détail face à une commission parlementaire. Vidéo à voir ici : http://www.assemblee-nationale.tv/chaines.html?media=3452&synchro=1736228&dossier=12
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    Parapluie

    Quand il pleut, la planète se met à l'abri ! Car nos parapluies ne sont pas sans pépins pour l'environnement...

    Avec le réchauffement climatique, les périodes de sécheresse sont plus fréquentes mais les jours de pluie aussi : en France, les précipitations ont augmenté de l'ordre de 10% au vingtième siècle. Du coup, le parapluie est devenu un objet symbolique de notre époque urbaine et climatiquement perturbée, il fait partie de notre paysage quotidien… au point que la plupart d'entre nous le considèrent comme un objet avant tout utilitaire, qui peut donc être acheté sur un coup de tête, dans la rue, pour se protéger d'une averse soudaine et être jeté tout aussi vite dès qu'il présente une faiblesse. Voici donc quelques repères pour passer entre les gouttes sans que le ciel ne nous tombe sur la planète !

    Le saviez-vous ?

    • Des millions de parapluies sont jetés chaque année, compte-tenu du bas prix des versions les plus courantes, mais aucune filière de récupération et recyclage n'existe, et les magasins de réparation ont disparu, à quelques exceptions près, comme la société reparapluie qui propose ses services aux professionnels et aux particuliers. Les parapluies rapidement cassés finissent donc le plus souvent dans les incinérateurs ou les décharges, aux côtés des déchets non-biodégradables.

    Bonnes nouvelles

    • Les derniers fabricants français ne misent plus que sur le haut de gamme pour survivre, comme à Aurillac, capitale déclinante du parapluie, où est encore fabriquée une petite moitié de production française (soit 500 000 parapluies par an), assurée par les 2 dernières entreprises de l'hexagone qui se sont regroupées pour créer un GIE et une marque commune, "L'Aurillac". D'autres marques françaises ont fait le même pari du haut de gamme, comme Ayrens, Guy de Jean, Vaux et Delos.
    • En 2006, le blog écolo Treehugger.com et le magazine de mode I.D. ont organisé en 2006 un concours de design "Umbrella Inside Out" pour trouver des solutions au problème environnemental posé par les parapluies devenus emblématiques de la façon dont la vogue du jetable envahit notre quotidien : d'un côté le concours proposait de créer un parapluie écologique (le modèle vainqueur, Crayella, est tout entier en polypropylène recyclé et recyclable, qu'il s'agisse de la structure, du mât ou de la toile) et de l'autre il récompensait des créations textiles réutilisant la toile de parapluies hors d'usage (les robes étaient assez haut de gamme in fine, car la toile de parapluie a un côté soyeux qui suggère la robe de soirée !). Les créations textiles ont été présentées à Paris, à l'Ethical Fashion Show d'octobre 2006.
    • Dans le même esprit, une styliste new-yorkaise a lancé un projet de mode, The Umbrella Project, par lequel elle crée des robes à partir de toile de parapluies usagés (une vingtaine de parapluies par robe).

    Ce que vous pouvez faire

    • Faute de pouvoir acheter pour le moment le parapluie écologique Crayella (qui n'est pas commercialisé), évitez de multiplier les parapluies. En cas d'averse subite, pressez le pas, mettez votre manteau sur la tête (mieux encore : investissez dans un imperméable avec chapeau !), abritez-vous un moment si besoin, mais évitez de céder à la tentation du parapluie vendu dans la rue pour un ou deux euros… qui sera jeté aussi rapidement qu'il a été acheté, après qu'un coup de vent l'ait retourné par exemple. Investissez une fois dans un beau modèle, durable, que vous garderez longtemps !

    • Et pour ceux qui ont investi dans un parapluie « made in France » mais qui se désespèrent face à l’usure de la toile ou des baleines, pensez à faire réparer votre parapluie plutôt qu’à en acheter un autre. Une petite boutique pleine de charme, Pep’s répare votre parapluie pour 10€ à 20€. Vous ne polluez pas et en plus vous faites des économies !
    Passage de l'Ancre - 223 rue St Martin - Paris 3ème
     
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  •  10/10/2012 à 17h41

    Les caricatures : une affaire de liberté d’expression ?

    Xavier Landes, chercheur ( Rue89 )
    Centre for the Study of Equality and Multiculturalism (CESEM), université de Copenhague

     

    Dans le monde musulman, les heurts et cris qui ont suivi la diffusion de la
    vidéo « L’Innocence des musulmans » puis la publication de caricatures par l’hebdomadaire Charlie Hebdo ont représenté pour certains une occasion de relancer le débat sur la liberté d’expression (au travers de la liberté de presse). Face à la violence, le caractère absolu de la liberté d’expression devrait être réaffirmé, à tout le moins dans les régimes démocratiques.

    Pour ou contre la liberté d’expression, voici le faux dilemme que l’on nous propose et auquel il faut se refuser. Face aux déchaînements de part et d’autre, il est nécessaire de défendre une position nuancée qui s’enracine dans la primauté de la liberté d’expression certes, mais en y adjoignant une condition : l’idée que certaines circonstances, exceptionnelles, plaident pour un exercice limité d’une telle liberté suite au jugement bien pesé du détenteur dudit droit et de lui seul.

    Une affaire de responsabilité

    Il y a des situations où il est préférable que le détenteur d’un droit en limite l’exercice si les conséquences négatives liées à l’exercice de ce droit surpassent soit les conséquences positives liées à cet exercice, soit les conséquences négatives liées à un non-exercice.

    Dans une situation où des émeutes éclatent un peu partout, accompagnées de meurtres et destructions, il y a donc la possibilité, sérieuse, que la publication de caricatures fasse empirer la situation, c’est-à-dire provoque de nouvelles souffrances.

    Cette exigence de responsabilité possède d’autant plus de force dans les situations où celui qui décide d’exercer le droit en question n’est pas celui qui subit la majorité des conséquences négatives, comme pour la publication des caricatures par Charlie Hebdo. Maintenant il est possible de s’opposer à cet argument de plusieurs manières, sans qu’aucune d’entre elles ne soit réellement convaincante.

    On peut tout d’abord invoquer ce qu’en philosophie on nomme une pente glissante : transiger dans ce cas précis reviendrait à transiger dans tous les cas semblables qui ne manqueront pas de se présenter. En réponse, on peut souligner que rien n’indique que faire preuve de retenue en vertu d’un jugement individuel bien pesé dans un cas particulier génère une obligation de faire preuve de retenue dans tous les cas semblables (c’est-à-dire, conduise à la suspension du droit en question).

    Une autre manière de s’opposer au devoir de responsabilité est d’affirmer le caractère non négociable de la liberté d’expression : celle-ci commanderait de manière impérieuse d’être exercée en tout temps et à tout propos sous peine de se dissoudre. Cependant, comment peut-on sérieusement concevoir que l’existence de la liberté d’expression passe par son exercice absolu sur tout sujet ? Si l’on suit ce raisonnement, celle-ci n’existerait pas dans les pays qui criminalisent la négation de la Shoah, ou s’apprêtent à pénaliser la négation du génocide arménien par exemple.

    Une troisième critique est de nature stratégique : en abdiquant face à la violence, on enverrait le signal aux fondamentalistes religieux que la menace peut servir de moyen de pression à l’encontre des régimes démocratiques. Il conviendrait alors de ne pas céder à l’immonde chantage et de faire acte de résistance, principalement en recourant au blasphème. L’argument soulève une question, essentielle : celle de la stratégie des extrémistes. Quelle est-elle au final ? De quelle manière fait-on le jeu des extrémistes ? En faisant, dans certains cas, preuve de retenue, ou en publiant des caricatures qu’ils pourront utiliser pour focaliser les haines et mobiliser les troupes dans un contexte enflammé ? La surenchère a toujours fait le jeu des extrêmes.

    Un dernier aspect est à mentionner. Considérer que se restreindre dans la publication de quelques caricatures est liberticide semble être une position trop rigide pour être tenable. A terme, elle est même préjudiciable à la liberté d’expression, car elle en donne l’image d’un idéal rigoriste, voire psychorigide, prônant la stratégie du tout ou rien alors que la réalité est plus mitigée. De plus, ceux qui mobilisent un tel argument ont une vision particulièrement pessimiste de la solidité de la liberté d’expression et de la force d’une société démocratique. Si la différence entre une société libre et une société en voie d’inféodation à l’obscurantisme religieux se situe dans la publication, ou non, de quelques dessins alors il est effectivement grand temps de s’inquiéter.

    Une affaire d’instrumentalisation

    Cette affaire laisse un arrière-goût amer, celui d’une confrontation qui est instrumentalisée de part et d’autre. A y regarder de plus près, il est moins question de liberté d’expression que de deux choses qui n’ont rien à voir.

    Tout d’abord, la publication de caricatures, qui répond aux violences faisant suite à la diffusion de « L’Innocence des musulmans », traduit clairement la volonté, non pas de défendre la liberté d’expression ou de presse, mais d’en découdre avec la religion.

    Il y a le camp de ceux qui estiment que les religions sont une plaie et qu’il est nécessaire d’y remédier. Leur font face ceux, une infime minorité, qui considèrent que la religion contient une vérité qui doit s’imposer à tous. Au milieu se trouve tout le reste, c’est-à-dire la majorité des citoyens. Dans le contexte français, cette confrontation provoque régulièrement des escalades verbales, voire physiques, en raison d’une tension qui a émergé lors de la Révolution entre républicains laïcs et certains éléments radicaux catholiques. Pour les premiers, la République, au travers de ses idéaux, apparaît menacée en permanence.

    L’affaire des caricatures (celle-ci comme les précédentes) n’est qu’une étape de plus dans l’histoire d’une laïcité de combat qui s’en prend, cette fois-ci, à une autre religion que le catholicisme. Mais, la manière dont le débat nous est présenté ne s’explique pas seulement par l’histoire.

    Sa forme, virulente, comme son contenu, polarisé, se comprennent aussi par l’existence d’impératifs économiques d’un organe de presse dont la raison d’être est la défense de la liberté d’expression par l’entremise de la provocation (sans que ce terme soit utilisé ici de manière péjorative). Il ne faut pas perdre de vue que Charlie Hebdo est une entreprise de presse satirique, c’est-à-dire qu’il fait (ou cherche à faire) de l’argent en froissant les susceptibilités, attisant les rancœurs et repoussant les limites des convenances.

    L’hebdomadaire (et d’autres) exerce une fonction qui peut s’avérer salutaire en démocratie. Le corolaire est toutefois qu’il n’a aucun incitatif à faire preuve d’un tant soit peu de retenue, puisque sa raison d’être ainsi que sa survie économique sont liées justement au fait de ne pas en faire preuve. C’est cela que l’on peut lui reprocher et dont on doit discuter.

    Soyons clairs. Il n’y a rien à objecter en principe à l’existence en démocratie d’une presse qui pratique la satire et manie la provocation de manière plus ou moins subtile. Ce droit-liberté ne fait pas débat. Par contre, il existe de bonnes raisons d’être critique à l’endroit de la stratégie d’une entreprise de presse qui s’abrite en permanence derrière la liberté d’expression pour se lancer dans des provocations dont elle fera ensuite assumer certaines conséquences à autrui.

    Une réflexion sur les conditions d’exercice de la liberté d’expression, c’est-à-dire sur le devoir moral de responsabilité, n’est pas une remise en cause de la liberté d’expression. Au contraire, elle fait partie intégrante de l’exercice de cette même liberté, ce que le faux dilemme – pour ou contre la liberté d’expression – tend à escamoter.


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  •   Chine Mobide 07/10/2012

    Chine : à Canton, la résistance sans espoir des habitants expulsés

    Neirda, China Mobide

     

    Comme toutes les villes chinoises, Guangzhou (Canton), la grande métropole du sud de la Chine, a connu un boom immobilier phénoménal. Et comme dans les autres villes, les puissances financières des gigantesques sociétés immobilières nationales s’arrangent, avec la complicité d’élites locales corrompues, pour rendre les petits propriétaires impuissants devant la saisie des biens qui leur appartiennent pourtant de plein droit.

    Le petit village de Xiancun, à Canton, est l’un de ces territoires prisés par les géants du béton. Pressions, menaces, agressions sont devenues le quotidien des propriétaires qui tentent toujours néanmoins de lutter.

    Xiancun, un quartier de Canton voué à la démolition (China Mobide)

    Surplombant le village de Xiancun, des gratte-ciels, immeubles de bureaux ou d’appartements de trente étages. Nous sommes à Zhujiang New Town, le quartier le plus dynamique de Guangzhou. Tout y est neuf, tout y est propre, et surtout, les terrains y sont extrêmement chers.

    Xiancun, village figé dans le temps

    Xiancun, petit village bardé de vieux immeubles, abrite principalement des Cantonais d’origine, ou d’autres Chinois installés ici depuis des années. Le style de vie y est placide et reposé, comme figé dans le temps et renvoyant à la Chine de voilà quelques décennies.

    La presse chinoise en parlait en ces termes voilà quelques années :

    « Xiancun, un village traditionnel, caché et oublié au beau milieu du CBD [“central business district”, ndt] de Guangzhou. Sombre, moite, odorant et bruyant, on reconnaît bien là tout ce qui fait les particularités des villages dans la ville.

    Bien que nous soyons en plein dans le centre financier, impossible ici de ressentir l’atmosphère du quartier portant tout le potentiel économique futur de la ville. […] En pénétrant dans le village, on y trouve des habitants extrêmement placides. La vie locale y est imperturbablement animée. On ne devinerait pour rien au monde que l’endroit se prépare à être mis en pièces. C’est encore une affaire bien lointaine, pour les résidents. »

    Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi le terrain a été très vite prisé. Comme il l’a été dit, les « villages dans la ville » sont très répandus en Chine, et sont en train de disparaître progressivement pour laisser la place aux gratte-ciel modernes.

    Des contrats fantoches

    Contrairement à une croyance répandue, il est possible pour des particuliers de posséder des terrains de manière définitive en Chine. Une grande partie des propriétaires de Xiancun possèdent ainsi légalement leur propre terrain.

    L’accord concernant les parties communes du village a été ainsi défini que tout projet de modification se devrait d’obtenir l’approbation de 90% des propriétaires du village. Cela rend toute récupération massive relativement complexe, car les villageois sont attachés à leur quartier, et c’est pourquoi le gouvernement a abandonné son propre plan décennal de démolition.

    Ce sont finalement de puissants promoteurs immobiliers qui ont su trouver le cadre du village, M. Lu, pour signer des contrats de cessation dont la légitimité est contestable et contestée. Signés unilatéralement contrairement à la règle définie, ils ne sont techniquement pas valables.

    Mais les promoteurs sont en réalité parfaitement conscients du caractère fantoche de ces contrats : ce qu’ils recherchent dans l’affaire, c’est obtenir l’accord et le soutien des autorités locales pour la suite des événements.

    Leur but est de récupérer des terrains constructibles le plus rapidement possible, et au coût le plus bas possible. Ceux qui en payent le prix seront, dans l’idéal, les petits propriétaires, soit la partie la plus désarmée de l’équilibre de force subtil qui se met en place.

    Les promoteurs usent d’abord de diplomatie...

    Les promoteurs ont un but simple : récupérer les terrains et détruire ce qui y existe le plus rapidement possible, pour reconstruire et revendre.

    Xiancun n’est pas le premier, et ne sera pas le dernier quartier à subir un tel traitement. Les démolitions forcées sont chose commune en Chine. Les méthodes employées sont diverses, variées, et dépendent principalement de l’imagination et des moyens à disposition.

    Pour le cas de Xiancun, il n’est pas exagéré de dire que ces moyens ne manquent pas, et que la stratégie d’expulsion à moyen-long terme s’appuie sur un très vaste, et très puissant réseau.

    Pour parvenir aux fins souhaitées, les promoteurs usent aux prémices de diplomatie pour tenter de convaincre les propriétaires de céder leur terrain, et de partir. Des compensations sont présentées, le plus souvent via diverses propositions de relogement, dont les conditions sont bien plus modestes que la valeur réelle des terrains (habitats de piètre qualité, construits dans des banlieues isolées, etc.).

    Si beaucoup n’entendent pas accepter ces compensations, une partie préfère néanmoins s’en tenir là, et signer. Soit par anticipation des problèmes futurs, soit par attrait de gains rapides, ou désintérêt pour la cause. Pour le cas de Xiancun, des relogements en banlieues, accompagnés de « primes » de 10 000 yuans (1 200 euros) ont été proposés dans une grande partie partie des cas.

    Un nombre significatif des ex-habitants de Xiancun faisaient partie du gouvernement, et/ou avaient des relations directes avec le cadre du village. Ces derniers ont été relogés dans de bien meilleures conditions que leurs voisins « sans guanxi ».

    Pour ceux qui ont refusé de signer à ce stade, la tempête commence.

    Pressions psychologiques et physiques

    Nous sommes en 2010, et c’est à ce moment-là un véritable siège qui se met en place. Les villageois passent de citoyens à « Dingzi hu », des « têtes de clous », comme désigne la presse ces propriétaires refusant de soumettre leur propriété à l’avidité des agents immobiliers.

    Les pressions qui vont être exercées seront à la fois psychologiques, et physiques. Les mafias vont remplacer les négociateurs.

    2012. Médiatiquement, Xiancun n’existe déjà plus. Le moteur de recherche Baidu (le Google chinois) a été nettoyé de toute référence à son histoire récente. Seuls subsistent des histoires ou quelques reportages datant d’avant les faits.

    En utilisant Google, on peut bien trouver quelques articles de médias hongkongais et taiwanais, mais Google est déjà largement muselé en Chine. Les habitants du village n’ont à ce stade plus aucune opportunité de se faire entendre.

    Une lettre ouverte d’un habitant de Xiancun aux autorités comme celle-ci n’a aucun écho médiatique :

    « Plus de 3 000 habitants de Xiancun ont signé la pétition demandant le renvoi de M. Lu Suigeng. Pendant plus de trente années passées à la tête du village, M. Lu a géré les affaires de manière clanique et corrompue, allant à l’encontre de l’intérêt des habitants, et de l’intérêt général.

    De nombreuses propriétés appartenant à la collectivité ont été ainsi cédées à des prix dérisoires.

    Dans le but de protéger leurs intérêts devant la loi, les habitants de Xiancun ont entrepris de se rassembler et demander audience devant diverses institutions locales, municipales, provinciales, sans qu’il ne soit jamais donné suite.

    Chaque jour, des manifestations ont eu lieu à Zhujiang New Town, sur l’avenue Huangpu, jusque devant les portes de la direction du village. Des sit-in pacifiques ont été organisés sur les chantiers.

    Une année durant, aucun bureau, aucune administration ne s’est occupée de nous. Aucun média sur aucun support n’a délivré le moindre exposé de la situation, tous ont été verrouillés et réduits au silence.

    Plus d’une quarantaine des habitants ont été détenus illégalement par la police du quartier de Tianhe pour avoir protesté. »

    Des gardes harcèlent les journalistes

    Le quartier est progressivement bouclé, entouré de murs en béton, et des gardiens font leur apparition aux entrées. Ils n’ont aucun statut légal, ce sont des hommes de main employés par la mafia. Leur rôle est jusqu’à aujourd’hui, de surveiller les entrées et sorties, et prévenir les « anomalies ».

    Chaque nouvelle tête entrant dans le quartier est une anomalie, surveillée et suivie. Chaque éventuel journaliste est une anomalie, suivi et harcelé, son matériel confisqué par la force. Les étrangers sont des anomalies, suivis de plus près encore, jusqu’à leur sortie.

    Si le séjour est trop long, c’est la police régulière qui est appelée pour procéder à un contrôle d’identité. Le message à faire passer : rester à Xiancun, c’est s’exposer à des problèmes.


               Xiancun de nuit (China Mobide)

    Pendant ce temps, les premières démolitions commencent. Les immeubles des propriétaires ayant déjà cédé leur terrain tombent les uns après les autres, dans un fracas de débris et de poussière, gênant opportunément les habitants dans leur vie quotidienne. Ces immeubles sont parfois habités.

    « Combattre la minorité maléfique »

    Sur les immeubles abandonnés sont déroulées de gigantesques banderoles de propagande, visibles depuis l’extérieur, dont les slogans scandent :

    « Les intérêts d’une minorité de personnes ne doivent pas porter atteinte au bien commun. »

    « On ne démolit qu’une fois, pour le bonheur de générations entières. »

    « J’insiste, vous pouvez démolir légalement ma maison, je vous en prie, rasez au plus vite. »

    « J’exige que l’on rase mon immeuble, pour que je revienne au plus vite. »

    « Pour la justice envers la majorité, combattre la minorité maléfique. »

    Banderoles de propagande à Xiangcun (China Mobide)

    Lorsque les mafias ont tenté d’instaurer des vérifications d’identité aux entrées du village, la protestation fut telle que l’idée fut vite abandonnée. Les escarmouches entre les hommes de main recrutés pour le compte des tenants du projet de démolition et les habitants légitimes du village sont devenues une affaire quotidienne.

    C’est la tentaculaire société immobilière chinoise Poly qui aujourd’hui finance la démolition et tous les frais s’y rapportant. Le puissant groupe [qui a fait sa fortune dans l’armement, ndlr] est profondément implanté dans la majeure partie du pays.

    Les relations entre mafias locales, sociétés immobilières, et gouvernement, sont comme souvent floues et difficiles à définir, mais il est manifeste que la perspective d’immenses gains derrière la récupération de ce terrain induit d’énormes dépenses, et implique un important réseau.

    Que leurs commanditaires préfèrent dépenser autant d’argent et d’énergie à tenter de décourager les habitants plutôt que de distribuer de légitimes compensations donne une idée des échelles de valeurs en jeu.

    Manifestations ignorées ou réprimées

    Pour défendre leurs intérêts, les choix d’action des habitants sont limités. Le système judiciaire local a été verrouillé de manière à ce qu’aucune plainte n’ait chance d’aboutir, voire simplement d’être écoutée.

    Des dossiers entiers envoyés à diverses organisations gouvernementales ont été refusés, ou ignorés, sous divers prétextes.

    Le 13 août 2010, 300 villageois venus protéger la destruction de l’ancien marché de Xiancun se sont vu opposer la force répressive de 5 000 policiers et agents de l’ordre citadin (les redoutés « chengguan »).

    A renforts de lacrymogènes et camions arroseurs, certains des villageois ont été blessés dans l’offensive (personnes âgées comprises), et d’autres emprisonnés.

    Bien que de nombreuses vidéos aient été filmées ce jour, et malgré l’important dispositif humain déployé par les autorités, jamais cette affaire ne fut reportée dans un quelconque média chinois. Toute vidéo postée sur des sites de partage chinois (Youku, Tudou) est effacée dans la minute (on peut les retrouver sur YouTube, bloqué en Chine).

     Manifestation des habitants de Xiancun

    Le 12 juillet 2012, une manifestation pacifique de quelque 400 personnes de Xiancun, organisée devant le gouvernement du district de Tianhe de la ville de Guangzhou, a recueilli l’indifférence des autorités. Comme à chaque fois que des sit-in sont organisés devant des instances officielles, des policiers bouclent rapidement le périmètre.


    Manifestation des délogés de Xiancun, juillet 2012 (China Mobide)

    Le quartier a été bardé de caméras de sécurité, épiant les moindres faits et gestes à l’intérieur comme dans ses environs immédiats.

    Ces derniers cas n’étant que des exemples, dont la réalité est devenue quotidienne depuis lors.

    Pendant que les engins de démolition font régulièrement tomber de nouveaux immeubles, les habitants de Xiancun passent de bureau gouvernemental en bureau gouvernemental, à la fois pour espérer se faire entendre, mais aussi pour faire savoir leur détermination.

    Les débris des immeubles démolis sont repavés pour redevenir franchissables, et des arbustes fraîchement plantés ornent les allées à nouveau… pour le moment.


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  •   Pas si cool pour la planète, le jean... mais que faire pour en alléger l'impact, des champs de coton à la poubelle ?

    Indémodable et familier (nous en possédons en moyenne 1,5 par personne), le jean est aussi opaque : son étiquette affiche un prix variable (entre 10 et 100 euros) mais ne dit rien sur ses impacts sociaux et environnementaux, alors qu'on sait que les coulisses de l'industrie textile ne sont pas toujours reluisantes. Et c’est sans parler de son impact environnemental, depuis la culture du coton (intense en pesticides), la transformation avec teintures polluantes, le transport (certains pantalons vendus en France combinent du coton indonésien confectionné au Bangladesh, avec une fermeture éclair bangladaise et des boutons ou rivets venus de Hong-Kong) ou enfin le lavage et le pressing ! Comment choisir et entretenir son jean en étant tranquille pour la planète ? Suivez le guide…

    Le saviez-vous ?

    • Enfin viennent la teinture et la transformation : si le pantalon est produit dans un pays ne disposant d'aucune législation sur le traitement des eaux, il se transforme vite en horreur écologique. A chaque étape (ennoblissement de la fibre, puis teinture et délavage), les usines de production déverent des quantités de produits chimiques dans la nature si les eaux ne sont pas traitées. Outre le danger pour les ouvriers, cela peut aussi constituer un risque pour le client, car si les colorants toxiques sont mal fixés, ils peuvent provoquer des dégorgements sur la peau (via la transpiration), mais aussi une assimilation et dégradation du colorant par l'organisme provoquant des concentrations au niveau de la vessie et des risques de cancer.
    • La deuxième étape commence une fois que le jean est produit et vendu : il s'agit de l’utilisation (nettoyage, repassage...) et de la fin de vie, qui représentent 48% des émissions de gaz à effet de serre selon l’ADEME. Plus on lave son jean, plus on use la planète ! Evidemment, la machine à laver consomme de l'énergie, sans compter le sèche-linge et même le fer à repasser qui font exploser les compteurs électriques. L’impact est encore pire si vous donnez votre jean au pressing, ce que font certains pour les jeans de luxe, avec dentelles, pailletés, peintures. Car les procédés de teinturerie utilisent des produits toxiques, comme le perchloréthylène, et consomment beaucoup d'énergie.

    Bonnes nouvelles

    • Si, comme chacun le sait, les questions de délocalisation et de sous-traitance dans les pays émergents ne sont plus seulement aujourd'hui l'affaire des entreprises du textile, elles ont cependant été les premières, il y a plus d'une dizaine d'années, à s'engouffrer dans cette voie pour baisser leurs coûts de production et rester compétitives sur des marchés très disputés. Il n’est donc pas étonnant que le secteur ait été en première ligne, à la fin des années 90, des débats sur les conditions de travail dans les usines de sous-traitance… Bilan : d’après une étude parue dans le numéro de décembre 2007 de 60 Millions de Consommateurs, les grandes marques sous le feu des médias comme Gap, H&M, Levis', Carrefour Tex, Lee ou Zara affichent de bonnes performances pour ce qui concerne la robustesse de leurs engagements sociaux et environnementaux… mais on trouve quand même des grands en queue de classement : Diesel, Lee Cooper, Liberto, Pepe Jeans, etc.
    • Peu à peu, les marques alternatives (Idéo, Machja) et plus grand public (Levi’s Eco, Ober ou G-Star) se mettent au coton bio pour leurs jeans. Mais seule une marque alternative comme Idéo invite ensuite à éviter le sèche-linge dans la phase d'utilisation… D'autres marques explorent d'autres voies : ainsi, Rica Lewis (qui vend ses produits en grandes surfaces) a lancé en 2006 le premier jean équitable labellisé Max Havelaar, une déclinaison du modèle-phare de la marque, le RL70.

    Ce que vous pouvez faire

    • Il ne s’agit pas de renoncer au jean mais d’adopter des comportements d'achat et d'utilisation qui minimisent son impact sur l'environnement. D’abord, choisir un jean en coton bio si possible… et sinon demander l’origine de la toile, si le vendeur la connaît. Ensuite, suivre quelques règles de base : porter son pantalon plusieurs jours par semaine au lieu d'un seul ; le laver toutes les cinq utilisations, plus si possible mais pas moins ; le laver dans une machine de classe A et à froid ; mieux (et donc moins) doser la lessive ; et enfin ne jamais le repasser (une personne sur deux repasse ses jeans) ni le faire sécher en machine.
    • Quand il sera usé jusqu’à la corde, mieux vaut toujours le donner, le revendre ou le transformer en chiffons de peinture pour les petits, plutôt que de le jeter aux ordures où il finira dans un incinérateur, dont les émissions de gaz à effet de serre équivalentes à celles d’un cyclomoteur sur 337 kilomètres !

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  •   29/09/2012 à 15h45

    Sexe : la pilule qui tue le désir, tabou chez le gynéco

    Renée Greusard | Journaliste Rue89
     

     

    Mis à jourle lundi 24 septembre 2012
    Corrigé : Martin Winckler est français et non canadien.
     

    Beaucoup de femmes ont l’impression d’être longtemps passées à côté de leur sexualité à cause de leur contraceptif, sans que leur médecin les ait jamais averties.


    Une boîte de comprimés (Melanie Tata/Flickr/CC)

    Le saviez-vous ? La pilule pour hommes existe déjà, mais ce qui freine son arrivée dans nos salles de bains c’est, entre autres critères, la peur d’altérer la libido de ces messieurs.

    Ce à quoi, Gaëlle-Marie Zimmerman, chroniqueuse au Plus, répondait très justement que le problème existait pourtant chez pas mal de femmes sans que ça ne choque trop, pour le coup.

    Le mot « colère » revient souvent dans leurs témoignages. Quand elles sont sous pilule, elles ont moins envie de faire l’amour avec leur conjoint. Et elles ne comprennent pas que leur médecin ne les ait pas mises en garde.

    Gaëlle, qui a commencé à prendre la pilule à 15 ans – pour calmer des règles douloureuses –, raconte par exemple :

    « J’ai un peu le sentiment d’être passée à côté de mon éveil à la sexualité, à la venue de la féminité dont tous les magazines parlent mais que je n’ai pas vécue. C’est comme si j’avais subi une castration chimique inconsciente. »

    « Jamais un gynéco ne m’en a parlé »

    A 33 ans, elle est épanouie, mariée, en couple depuis bientôt cinq ans, mais son rapport aux gynécos n’est pas tendre.

    « J’en veux beaucoup à tous ceux qui ne m’ont pas avertie de cette conséquence. Sans doute l’ignoraient-ils. »

    Même sentiment du côté de Laure. Elle a pris la pilule pendant sept ans depuis ses 20 ans. Il y a un an, elle en a eu marre. L’idée de prendre chaque jour ce petit comprimé, pendant une si longue période, la gênait. A l’arrêt de sa pilule, elle a halluciné.

    « Avant j’aimais bien faire l’amour, mais là d’un coup, j’étais toujours partante. J’ai été énervée, jamais un gynéco ne m’en a parlé. »

    En ayant passé la majorité de sa vie sexuelle sous pilule, elle explique qu’elle ne pouvait même pas soupçonner que son désir était faible. C’était normal puisqu’elle avait toujours été comme ça.

    Recueillir des témoignages sur ce sujet est simple. Presque comme un claquement de doigts. C’est même d’ailleurs étonnant de s’apercevoir du nombre de femmes qui affirment avoir une libido en berne sous pilule.

    Des études contradictoires

    Pourtant, du point de vue de la recherche, il n’y a pas vraiment de consensus sur ce sujet. En mai 2010, les chercheurs du centre de Heidelberg en Allemagne révélaient dans une grande étude sur le sujet, que sur un échantillon de 1000 femmes, celles qui utilisaient des contraceptifs hormonaux ressentaient plus souvent une baisse de désir que les autres.

    Mais les résultats étaient immédiatement contestés, comme le raconte Slate.fr, par Vanessa Cullins. Cette gynécologue américaine, vice-présidente de « Planned Parenthood », sorte de Planning familial américain, affirmait alors qu’on n’avait toujours pas trouvé de lien direct entre pilule et réduction de la libido.

    Dans un mémoire sur la contraception et la sexualité qu’il a réalisé en 2006, le gynécologue et sexologue Stéphane Pérez écrivait, lui, que « 10 à 15% des femmes ressentiraient une diminution de leur libido lors de l’utilisation d’une contraception ».

    L’absence de consensus chez les scientifiques est l’un des premiers éléments de compréhension du silence des gynécologues. Béatrice Guigues, vice-présidente du collège national des gynécologues et obstétriciens français dit :

    « C’est sûr que sans étude claire sur le sujet, c’est compliqué à gérer. Il n’empêche notre rôle est d’améliorer la situation de la patiente, même s’il n’y a pas d’étude sur le sujet. »

    Chamboulement d’hormones

    Elle pose donc toujours une question large à ses patientes pour guetter les effets secondaires désagréables, quels qu’ils soient.

    « Est-ce que vous avez des plaintes ? »

    Ce qui est certain, c’est que la pilule chamboule les hormones. Laurent Vandenbroucke gynécologue parisien rappelle la base :

    « Toute contraception hormonale (pilule, anneau, patch, implant) est susceptible d’entraîner des modifications directes de la libido. »

    Comme Béatrice Guigues, il explique aussi que la libido est compliquée.

    « La libido étant aussi un phénomène psychosomatique, l’idée même de contraception peut avoir un impact sur le désir. L’absence ou en tout cas la diminution du risque de grossesse peut avoir un impact non négligeable sur la sexualité. »

    Il ajoute que les transformations même du corps (absence ou modifications des règles, modification des seins, de la lubrification vaginale) jouent aussi.

    « Dès que j’arrête, je me caresse tous les jours »

    Dans la bouche de certains gynécos, les choses peuvent être dites de manière beaucoup moins complexe, pour ne pas dire grossière. Gaëlle raconte :

    « J’en ai parlé à plusieurs gynécos, certains m’ont dit que c’était psychologique, le désir d’enfant... N’importe quoi. »

    Gaëlle sait ce qu’elle ressent, elle le raconte avec beaucoup de précision.

    « Sous pilule, je me masturbe une fois par mois grand max et je n’ai jamais envie. Mais dès que j’arrête, j’ai envie tout le temps et je me caresse tous les jours, que je sois en couple ou non. Ce changement est même effrayant tant je n’y suis pas habituée. »

    Elle s’est rendu compte des variations de son désir seule. Comme d’autres. Hélène raconte, elle, par exemple, que sa grossesse lui a révélé cette chute de libido sous pilule. Elle a 29 ans et a accouché l’année dernière.

    « Quand j’ai arrêté d’allaiter, j’ai repris la pilule. Et là, je n’avais plus envie de rien. »

    « Je m’en suis rendu compte naturellement »

    Pour elle, ce risque est à peine connu. Elle ne comprend même pas qu’il ne soit pas plus évoqué en consultation. Il lui a fallu parler avec une amie elle-même dans cette situation pour s’alerter.

    Samia raconte sensiblement la même histoire. Je lui demande si elle a abordé le sujet en consultation gynéco, elle répond :

    « Non je n’en ai pas parlé à ma gynéco, elle n’a d’ailleurs jamais abordé ce sujet avec moi... »

    Parler de sexe en consultation : la gêne ?

    Pour certains gynécos si le sujet n’est pas abordé, c’est que les patientes n’en parlent pas. Et aborder la question de la sexualité ne va – paradoxalement – pas du tout de soi pour beaucoup de gynécologues. Laurent Vandenbroucke :

    « Il ne faut pas oublier que les médecins gardent une part d’humanité et aborder le sujet de la sexualité n’est pas forcément aisé… Pour eux, comme pour les patientes !

    Les médecins ne posent pas toujours la question, les patientes n’osent pas toujours en parler. »

    S’il précise penser que la plupart de ses confrères « sont à l’écoute des patientes », il n’hésite pas non plus à dire que la question de la sexualité de la patiente est un tabou chez beaucoup.

    Ils craignent d’être intrusifs, voire estiment que ça ne les concerne pas. Que c’est du domaine privé. Je lui demande comment c’est possible. Il parle de la formation reçue par les gynécos : la sexualité y est absente.

    « La sexualité, pendant les études, c’est un “item” que personne ne prend. Parce que tout le monde sait que ça ne tombera pas à l’internat.

    En France, il y a toute une approche psychanalytique de la sexualité, l’approche pratique, physique, n’existe pas. »

    La contraception, spécialité peu prestigieuse

    A cela s’ajoute une question encore plus taboue, dont lui n’hésite pas à parler. La contraception des femmes, ce n’est pas une spécialité prestigieuse chez les gynécos. En tous cas pas autant que les accouchements ou les grossesses à risques.

    « La contraception fait partie de la médecine générale de la gynéco et pendant notre cursus, on n’a qu’une heure qui y est consacrée. »

    Pendant toute la durée des études de gynécologie, jamais, explique-t-il, un stage n’est proposé aux étudiants chez un libéral, en ville ou au Planning familial.

    Les étudiants qui s’y intéressent le font par choix personnel, par féminisme parfois aussi, comme Laurent qui cite volontiers Martin Winckler. De ce médecin et écrivain, connu pour son site de réponses aux femmes dans leurs questionnements gynécologiques, Laurent Vandenbroucke dit qu’il n’est pas très apprécié de ses confrères :

    « En France, on a dix ans de retard sur les questions de contraception. Les choses commencent à peine à changer. Jusqu’à présent, on résumait les problèmes à des patientes bêtes qui prenaient mal leur pilule. [...]

    Rares sont les femmes qui ont le droit à un vrai interrogatoire, pour comprendre la contraception dont elles ont besoin. »

    « Qu’est-ce que la prise en charge gynéco ? »

    Dernière explication possible, les conditions de travail qui ne sont pas optimales. Stéphane Pérez, le gynécologue de Lille, explique :

    « Demander à une patiente de parler des effets secondaires de sa pilule ou de sa sexualité, ça prend un peu de temps et on ne sait pas combien de temps ça peut durer. »

    Il pose alors la question centrale, celle qui se dessine à travers tous ces témoignages.

    « Qu’est-ce que la prise en charge gynécologique ? N’est-ce pas pour beaucoup de femmes la seule occasion de pouvoir parler de leur sexualité ? »

    Deux questions qui en entraînent mille autres. Un gynécologue n’est-il que le médecin du corps de la femme ? Doit-il tenter de parler avec elle de son épanouissement sexuel ? Les gynécologues devraient-ils recevoir une formation en sexologie ? Et vice versa ?

    Laure est aujourd’hui de nouveau en couple. Elle dit que ne plus prendre la pilule lui a donné la sensation de changer de vie et elle réfléchit à l’après. Reprendre ou pas la pilule ?

    « Le but de la pilule, c’est quand même de pouvoir baiser. Là c’est sûr et certain que cette chute de libido, c’est le gros truc qui me fait hésiter à la reprendre aujourd’hui. »


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  •  OGM : l’EFSA a manqué à une déontologie élémentaire

    Modifié le 07-10-2012

    Avatar de Corinne Lepage   Par    Eurodéputée

    LE PLUS. L'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a rendu un avis qui tend à invalider l'étude du chercheur Séralini sur la toxicité des OGM. Pour Corinne Lepage, auteure d'un livre récemment publié sur ce sujet, il pourrait bien y avoir un conflit d'intérêts mettant en évidence un manquement déontologique grave de la part de l'EFSA. Explications.

    Édité par Gaëlle-Marie Zimmermann

    La méthode d’évaluation de l’étude sur les OGM est assez surprenante car assez inhabituelle de la part d’une agence.

    Une fois de plus, elle prouve la manière dont l’EFSA couvre sa propre responsabilité dans le dossier OGM et la façon dont elle se protège. Reconnaître la validité de l’étude reviendrait à couper la branche sur laquelle elle s’est assise depuis des années, puisque tous les avis qu’elle a rendus sur les OGM étaient positifs.

    L'EFSA se contente de compiler les arguments des détracteurs de Séralini

    D’ailleurs, le pré avis fourni par l’EFSA me laisse perplexe car on y retrouve mot pour mot les critiques et les attaques fournies par les opposants à l’étude. De la race des rats, aux nombres de rats par cohorte, en passant par les protocoles OCDE invoqués en cancérogénèse (alors qu’il s’agit d’une étude de toxicologie), l’agence ne semble rien faire d’autre que copier-coller les arguments des détracteurs de Gilles-Eric Séralini. Et ceci sans même se rendre compte que les avis qu’elle-même a fournis l’ont été sur des critères qui se sont révélés bien moins exigeants que sur l’étude en question.

    Alors quand j’apprends avec consternation que le peer reviewier, (c’est-à-dire l’expert examinateur de l’étude) qui a travaillé au pré avis rendu par l’EFSA jeudi dernier, est en fait l’un des rédacteurs de l’avis qui a été soumis au panel OGM en 2003, je note une fois de plus, un non-sens et un conflit déontologique. Cela le rend en même temps juge et partie sur cet avis.

    Malgré les engagements de réforme donnés aux députés européens lors de son audition en commission Environnement santé publique et sécurité alimentaire, le 20 septembre dernier, l’EFSA prouve les lacunes liées à l’évaluation de risques sanitaires alors que les européens ont besoin de confiance et de transparence. La mission de l’EFSA est d’assurer la sécurité des européens et non de couvrir des évaluations insuffisantes.

    On ne peut pas être à la fois juge et partie : l'EFSA doit en tirer les conclusions

    L’organisation de sa responsabilité est totalement à revoir. L’article 23 du fonctionnement de l’EFSA prévoit que les tâches de l'Autorité sont les suivantes:

    1. Veiller à ce que le public et les parties intéressées reçoivent rapidement une information fiable, objective et compréhensible dans les domaines qui relèvent de sa mission ;

    2. Exprimer de manière autonome ses propres conclusions.

    La remise en cause par l’agence de l’étude de Gilles Eric Séralini devrait conduire, si cela était suivi dans l’avis, à remettre en cause toutes les autres études et c corollairement à publier toutes les données brutes de toutes les études.

    J’avais lors de l’audition attiré l’attention de la directrice de l’EFSA sur le fait que les pairs ayant à évaluer cette étude ne devaient pas être les mêmes que ceux qui avaient travaillé à l’avis initial. Manifestement l’EFSA fait la sourde oreille, ne voit pas l’utilité de travailler avec ce type d’experts ou fait fi de toute déontologie.

    Les évaluateurs ne devraient pas être les normalisateurs. Mais là encore, le travail reste totalement à faire. En témoigne le profil du deuxième examinateur de l’étude Alberto Mantovani. Il représente le panel pesticides de l’EFSA, pour la relecture de l’étude de Gilles Eric Séralini, et s’avère aussi membre de l’Endocrine Disrupters Tesing and Assessment - EDTA Task Force de l’OCDE qui fait les normes. La boucle est bouclée.

    Catherine Geslain-Lanéelle doit en tirer les conclusions utiles en démissionnant.


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  • La 11e Conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique (CDB) s'est ouverte le 8 octobre à Hyderabad, dans le sud de l'Inde, sur la nécessité d'agir vite pour lutter contre l'érosion inquiétante des espèces en dépit de la conjoncture économique difficile.

    La conférence, qui rassemble jusqu'au 19 octobre plus de 160 pays membres de cette convention de l'ONU née il y a 20 ans au Sommet de la Terre de Rio, s'est donné pour mission de concrétiser les engagements pris à Nagoya Japon) en 2010.

    Cette conférence avait notamment permis d'établir vingt objectifs pour 2020, tels que la suppression des subventions "néfastes" à l'environnement et la lutte contre la surpêche.

     

    Le directeur exécutif de la CDB, Braulio Ferreira de Souza Dias, a appelé lundi les participants à "mobiliser les ressources financières nécessaires pour permettre aux pays en développement d'atteindre les objectifs" adoptés en 2010, citant en particulier l'impératif d'inclure des critères de développement durable dans les politiques gouvernementales.

    "Oui, nous sommes confrontés à une crise financière, mais les périodes de crise sont les meilleures occasions pour opérer des changements significatifs dans la façon dont nous agissons", a-t-il argumenté.

    Comme en écho, la ministre indienne de l'Environnement, Jayanthi Natarajan, a plaidé pour que la crise mondiale ne perturbe pas les efforts des pays membres.

    "Qu'elle nous encourage au contraire à investir davantage en vue d'une amélioration du capital naturel pour préserver l'écosystème", a-t-elle déclaré.

    Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le temps presse pour que les gouvernements investissent "dans la nature afin de sauvegarder la diversité de la vie sur la terre".

    "Les pertes (en matière) de biodiversité se poursuivent et ont franchi les limites planétaires (...)", a mis en garde Julia Marton-Lefèvre, directrice générale de l'UICN.

    D'après la liste rouge des espèces menacées de l'UICN, sur les 63.837 espèces évaluées, 19.817 sont menacées d'extinction, dont 41% des amphibiens, 33% des récifs coralliens, 25% des mammifères, 13% des oiseaux et 30% des conifères.

    Loin de se limiter à la question de la disparition des espèces, cette érosion a des impacts sur les économies, nombre de secteurs dépendant d'une bonne santé des milieux.

    Certains comptent aussi sur l'Inde, pays organisateur et grand "émergent", pour permettre des progrès quelques mois après le décevant sommet Rio+20.

    Pour Greenpeace, New Delhi devrait revoir son vaste programme d'expansion du secteur minier dans les zones forestières en introduisant immédiatement un moratoire sur les nouvelles mines de charbon.

    "La politique actuelle du gouvernement, qui consiste à accroître l'exploitation minière, détruit l'environnement, y compris l'habitat du tigre menacé de disparition, et contraint des dizaines de milliers d'Indiens à quitter leurs foyers", a dénoncé l'organisation dans un communiqué.

    Les ministres des pays membres seront présents les trois derniers jours (17-19 octobre).


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