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Par lavieenvert le 4 Juillet 2012 à 10:24
Drogue, Pétrole, Immigration: le pacte du diable entre les Etats-Unis et le Mexique
Rédigé par Stephane Trano le Jeudi 28 Juin 2012 à 19:54 (Marianne 2)70 000 morts et disparus en 6 ans. Corruption généralisée, guerre des cartels de la drogue, l'effondrement de la société mexicaine se produit à l'ombre d'un mur immense derrière lequel les Etats-Unis défendent leurs seuls intérêts. A la veille du retour probable d'une dictature vieille de 100 ans, le Mexique est trop lucratif pour que ses "amis" se préoccupent d'une population à genoux. Mais la jeunesse du pays, à l'instar du mouvement YoSoy132, se révolte et espère donner naissance à un "Eté mexicain".
Le Mexique a combattu aux côtés des pays alliés durant la Seconde guerre mondiale, participé à l'action militaire contre le Japon et au débarquement du 6 Juin 1944 en Normandie, batti une société laïc et rayonné culturellement dans le monde entier. Pourtant, et ce n'est pas la moindre des anomalies qui frappent ce pays telle une malédiction, il figure parmi les pays du monde sur lesquels règne une omerta sinistre. Le motif en est simple: il est la 11ème puissance mondiale et ses cinq premiers pays investisseurs sont les Etats-Unis, l'Espagne, le Canada, les Pays-Bas et la Suisse. Un mot-clé: le pétrole. De quoi faire taire bon nombre de ses amis sur une situation politique et sociale trop embarrassante. Vu des Etats-Unis, la situation tourne à une forme d'absurdité digne des meilleurs épisodes de la guerre froide. Car depuis de nombreuses années, Washinton et Mexico marchent main dans la main, sur un cimetière à ciel ouvert.
La violence pour spectacle quotidien
La presse américaine, dont une bonne partie est hispanophone, relate quotidiennement les massacres qui ensanglantent quotidiennement le Mexique. Hier, le grand quotidien populaire USA Today rapportait le meurtre en plein aéroport international de Mexico de trois policiers de la brigade anti-drogue. Avant hier, Fox News diffusait un reportage sur la découverte de 30 corps dans différentes partie de la capitale tandis que NBC diffusait les images de 14 corps retrouvés mutilés. Pendaisons par dizaines sous des ponts, lynchages, mitraillages en plein jour, enfants abattus, foules hystériques enfermant des hommes suspects d'enlèvement dans leur voiture et les brûlant vifs, figurent parmi les derniers épisodes d'une guerre terrible qui voit s'affronter des milliers de gangs et de cartels au milieu de la population.
Indifférence
Pourtant, pour une grande majorité d'Américains non hispaniques, le Mexique est synonyme d'immigration clandestine ou de séjours balnéaires à bas coûts. Washington, officiellement, ne se soucie pas des affaires intérieures d'un pays « ami » dans lequel ses agents agissent pourtant par centaines au nom de la lutte anti-drogue, employant des pratiques douteuses comme le montre le scandale actuel lié aux investigations concernant l'Opération Fast and Furious.
Il faut dire que pour les Etats-Unis, l'alternance de dimanche sera sans grand effet. A l'instar du Los Angeles Times qui titre que cette élection "a peu de chances de modifier la guerre anti-drogues", c'est sur un ton neutre que la plupart des quotidiens abordent la question, soulevant rarement 20 ans de politiques dont le cynisme n'a aucune limite de la part des voisins du Mexique, catastrophiques pour sa population et se contentant de décrire le chaos légué à son successeur par Victor Calderon comme un héritage dramatique, sur fond d'images de Mexicains manifestant dans les rues. Une situation surréaliste.
Des élections pour rien?
Les élections générales verront les mexicains en âge de voter, soit la moitié des 112 millions des citoyens, se rendre aux urnes ce dimanche 1er Juillet 2012. Ils sont appelés à désigner leur nouveau président, la Constitution empêchant Victor Calderon de briguer un troisième mandat, mais également pas moins de 128 sénateurs, 500 députés, les gouverneurs de 31 états ainsi que les maires. La victoire amplement attendue d'Enrique Peña Nieto, une sorte de Barack Obama version Mexicaine qui a su séduire les foules bien qu'il représente le sinistre Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) qui a fait durant des décennies le lit de la misère de la plus grande partie de la population, n'annonce rien de bon pour un peuple à genoux.
YoSoy132, des jeunes en alerte
Dans ce contexte ou le parti au pouvoir, le Parti d'action nationale (PAN) n'est plus qu'une coquille vide dont les animateurs s'apprêtent à prendre officiellement une retraite dorée, le spectre du retour du Parti révolutionnaire institutionnel provoque une inquiétude sans précédent dans la jeunesse mexicaine. Dès le début de la campagne électorale, le candidat du PRI a donné le ton en qualifiant les étudiants protestataires d’une université de Mexico voyous. La pétition lancée par 131 de ces étudiants, réclamant le droit de poser des questions au candidat sans se faire insulter, est devenu rapidement un mouvement, « yo soy el 132 » (je suis le 132ème), rejoints depuis par des milliers pour organiser la « protesta ». Depuis, YS-132, qui suit une ligne non-partisane, se retrouve dans la ligne de mire du parti au pouvoir et de celui qui arrive. Le fait qu’un tiers des électeurs soit composé de jeunes de moins de 30 ans créé une tension particulière dans les partis de droite qui redoute une journée d'élections perturbée. Le PRI est en effet traditionnellement un grand habitué de l’achat des votes et de l’intimidation sous toutes ses formes, mais aussi du bourrage des urnes et de la transformation des résultats. A l'instar du mouvement YoSoy132, dont nous diffusons ici le manifeste sous-titré en Français, ils sont des dizaines de milliers à manifester à travers le pays, et à alerter les médias dans le reste du monde, sur la catastrophe que constitue pour le Mexique le retour annoncé d'un parti dont le nom et l'histoire ne signifient qu'authoritarisme, corruption et mensonge. Une situation qui ressemble, en bien des points, à celle de la Russie de Poutine.
Terreur et Argent
Le quotidien des Mexicains est celui d'un pays pillé, à feu et à sang, exploité, pris en otage par les trafiquants les plus sanguinaires de la planète, avec la complicité des élites du pays, toujours plus riches et plus puissantes, qui non seulement maintiennent la population dans un état de pauvreté parfois effroyable, restent impassible face aux carnages quotidiens qui terrifient la population, mais également s'assurent du silence des nations occidentales voire, même, de leur active contribution à la déliquescence de toute un peuple, à commencer par les Etats-Unis. L'un des exemples typiques de cette situation est le milliardaire Carlos Slim, un homme que l'on ne fâche pour rien au monde.Carlos Slim, l'Homme le plus riche du monde, second actionnaire du New York Times
Le 22 mars dernier, l'hebdomadaire Courrier International consacrait un portrait à l'homme le plus riche de la planète, le magnat mexicain des télécoms Carlos Slim. A 72 ans, ce fils d'immigrés libanais qui a épousé, en 1966, la nièce de l'ancien président libanais Amine Gemayel (morte en 1999), est à la tête d'une fortune de près de 55 milliards de dollars, devant Bill gates, Warren Buffet ou Georges Soros. Un homme secret mais surtout un homme influent, accueilli comme un pape lorsqu'il débarque aux Etats-Unis. Il est, entre autres, le deuxième actionnaire du New York Times. Son irrésistible ascension, il la doit pour beaucoup au PRI, au moins autant qu'aux flux d'argent colossaux dont il bénéficie de la part du Liban et des pays arabes, mais également de la Russie ou de la Chine. Courrier International note avec l'ironie qu'il convient: « Avec tout son argent, il pourrait rembourser deux fois la dette extérieure du Liban [dont sa famille est originaire]. Quant à ses dons à la recherche médicale, il pourrait tous les financer avec ce qu’il gagne en trois semaines. L’argent qu’il a donné à Bill Clinton, il a mis une semaine à le générer. Le don que Shakira a reçu avec le sourire ne lui a même pas coûté une journée entière de son temps. » Carlos Slim achète en effet tout: la sympathie du peuple, en payant les cautions de détenus mexicains pauvres, les présidents, pas seulement Clinton mais également Bush puis Obama ainsi que leurs adversaires respectifs. Il s'insinue dans le débat public américain avec son chéquier à la main, prenant des participations majeures dans les domaines des télécoms, subventionnant des programmes pour les étudiants mexicains, jouant d'une panoplie de congressistes comme d'une armée de poupées.
Pays riche, population anéantie, ami lucratifVIDEO: Barack Obama et Felipe Calderon lors du G20 au Mexique le 19 Juin dernier. Les Etats-Unis se félicitent que le commerce généré par les trois partenaires de la zone de libre échange entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada atteigne désormais le chiffre d'un trilliard de dollars.
60 millions de Mexicains vivent actuellement sous le seuil de pauvreté (avec un revenu inférieur à 180 dollars par mois) et 12 millions dans la plus extrême précarité (en dessous de 83 dollars par mois). Un quart de la population ne mange pas à sa faim quotidiennement. Le salaire horaire minimum est de 10 dollars de l'heure. L'argent des 20 à 30 millions de travailleurs mexicains aux Etats-Unis aide une partie substantielle de la population à pourvoir à ses frais de santé ou d'alimentation. Les conditions de travail ne tiennent quasiment aucun compte des lois sensées les encadrer. Dans ce pays plus que dans bien d'autres, le patron est omnipuissant, le juge - l'affaire Florence Cassez en témoigne - assis sur la Constitution et les élites intolérantes vis à vis de toute critique. Il ne fait pas bon rappeler à de nobreuses figures influentes du pays que leur pays n'est pas une démocratie libre.
Ce pays est pourtant le 14ème au rang mondial pour sa superficie et le 11ème pour sa population, avec un PIB par habitant de quelques 9 600 dollars (source: OCDE). C'est le 5ème producteur mondial de pétrole, 9ème exportateur, et avant la crise de 2008, sa dette avait été réduite à 8% de son PIB. Derrière cette performance, il est de coutûme pour les Etats-Unis et le Canada de vanter les mérites de l'ALEA, l'accord de libre échange qui, en janvier 1994, avait vu la naissance de la plus vaste zone de libre échange au monde. Mais le « deal » avait un prix, qui ne dérangeait pas le pouvoir de Bill Clinton ni celui des Canadiens: une association avec le président carlos Salina de Gortari, du fameux PRI, puis avec ses successeurs du PAN aujourdhui en pleine déconfiture. En clair, de véritables empereurs de la corruption qui ont redressé le pays économiquement pour le bien d'une élite totalement indifférente aux affres du reste de la population, et qui se sont associés avec les Etats-Unis pour une guerre sans merci contre les cartels de la drogue, trop puissants pour le pouvoir, malgré les exemples catastrophiques produits par cette politique dans les pays d'Amérique latine.
Le résultat est connu: plus de 50 000 morts et 20 000 disparus depuis 6 ans. Un temps financés par les Etats-Unis pour s'assurer leurs services contre les contras en lutte contre leur pouvoir allié des sandinistes au Nicaragua, les cartels mexicains avaient mêmes été rapprochés par la CIA des cartels colombiens afin d'avoir plus d'efficacité sur le terrain. Puis, Bill Clinton avec son homologue Ernesto Zedillo en 1999, George W. Bush avec Vincente Fox en 2007 et enfin Barack Obama avec Felipe Calderon, ont chacun renforcé la guerre contre les cartels mexicains. Le résultat a été constant: une explosion de la corruption à tous les niveaux de l'Etat comme forme de contre-attaque des cartels puis, à partir de 2008, le basculement dans l'ultra-violence, avec pour cette seule année 5031 morts. 45 000 ont suivi depuis. Le 13 mai dernier, une tuerie de masse à eu lieu à Cadereyta Jiménez, où ot été découverts 49 cadavres décapités, mains et pieds sectionnés, au bord d'une route à une trentaine de kilomètres à l’est de Monterrey. Quatre jours plus tôt, on avait découvert 18 cadavres dans deux automobiles abandonnés sur une route proche de Guadalajara, dans l’ouest du pays. Loin d'être contenue aux seuls membres de gangs, cette violence engloutit toutes les parties de la population, femmes et enfants compris, massacrés ici pour leur résistance, là pour les besoins en terrains ou en ressources, ailleurs pour donner l'exemple et impressionner les autorités.
Tout en augmentant constamment le budget réservé à la lutte conjointe avec le pouvoir mexicain contre la drogue, les Etats-Unis se sont surtout souciées de sécuriser les 3200 kilomètres de frontière qui les séparent du Mexique. Objectif, éviter que le chaos qui sévit du côté mexicain ne déborde sur le sud du pays et enrayer l'émigration illégale. La guerre contre la drogue étant évidemment perdue d'avance puisqu'aux Etats-Unis, celle-ci fait partie du quotidien de la population et que la demande augmente de manière exponentielle.
En 2006, George W. Bush met en chantier la construction d'un mur de séparation haut de 4,50 à 6 mètres de haut, éclairé par des miradors et balayé par des caméras électroniques, qui couvre désormais un tiers de cette frontière et continue de se développer. Dans ce décor à la fois lunaire et futuriste où se dressent 1800 tours de surveillance et où patrouillent nuit et jour 18 000 agents de protection des frontières, le bilan est effroyable: plus de 5000 morts recensées officiellement, probablement le double, dans ce qui est souvent le plus vaste terrain légal du monde pour la chasse à l'homme. Les lois des Etats du sud des Etats-Unis autorisent les patrouilles de milices surarmées dont les méfaits sont inombrables et n'épargnent ni les adultes ni les enfants. A l'ombre de ce mur, on traque, on tire, on frappe, on étrangle, on noie, on viole, et les sanctions sont rares.
Néanmoins, Barack Obama peut se prévaloir d'un bilan jamais atteint dans la lutte contre l'immigration illégale en provenance du mexique puisque celle-ci est désormais officiellement tombée sous le chiffre de 0: non seulement l'immigration mexicaine aux Etats-Unis est stoppée mais de plus en plus de Mexicains repartent vers l'enfer. Le Pew Hispanic Center note au sujet de cette immigration zéro: « Le statu quo semble être le résultat de nombreux facteurs, parmi lesquels la pénurie de travail sur le marché américain de la construction de logements, la police des frontières accrue, une augmentation des expulsions, les dangers croissants associés aux passages illégaux de la frontière...». Mais on peut douter du sérieux de ses travaux quand il ajoute parmi les critères du retour l'amélioration de la situation économique au Mexique.Les étudiants interpellent les deux futurs présidents du Mexique et des Etats-UnisAdriana Ortega, Tania (Ta Ca), Manuel Ulloa Colonia, Olga Aranda, Adriana Romero-Nieto, Mauricio Castro, Melissa Rodríguez, Michèle Albertini, Gloria Briseño, Dafne Semiramis, Verónica Estay, Maïa, Marie Castro: les animateurs du mouvement YoSoy132 en France se mobilisent depuis des mois pour faire entendre la cause du peuple mexicain, sans relâcher la pression, et cela commence à payer. Ils expliquent ainsi la situation du moment: « Les américains se demandent : quel est le candidat qui pourra rétablir une vie normale au Mexique et notamment dans les états frontaliers avec les Etats Unis, aujourd’hui terrain privilégié de la guerre sans merci que se livrent les cartels entre eux et avec le gouvernement fédéral mexicain ? Les mexicains, de leur côté, se demandent : comment notre voisin américain nous aide à lutter contre le trafic de drogue ? Souhaitons-nous, d’ailleurs, qu’il intervienne, ou préférons-nous qu’il reste en dehors pour éviter toute sorte d’intervention trop loin dans les affaires intérieures du Mexique ? Les américains souhaitent-ils le retour du PRI? Certains milieux d’affaires des états américains frontaliers disent oui, espérant un retour à la « normalité »… même s’ils savent que cela peut passer par une « politique de l’autruche » côté mexicain vis-à-vis des cartels de la drogue… »
Pour eux, le souvenir d'Atenco (voir paragraphe ci-dessous) est aussi révoltant que les révélations sulfureuses qui ont été livrées par les médias au sujet de l'Opération Fast and Furious, au coeur de laquelle Barack Obama reste impassible dans sa défense de son administration. « Un retournement de situation catastrophique qui montre toute la difficulté qu’ont les deux pays à s’accorder sur la stratégie à suivre pour endiguer la violence et le pouvoir immense des cartels de la drogue opérant des deux côtés de la frontière, expliquent-ils. Quel que soit le candidat élu dans les deux pays, un dialogue est urgent pour mettre fin au carnage qui se déroule sur les états frontaliers au Mexique et sur les régions côtières de « passage » de la drogue. Il faudra mettre sur la table le trafic de drogue et d’armes, la consommation des drogues, et la politique migratoire. »
Peuvent-ils être entendus? Leur cause, en tous les cas, se répand vite à travers les réseaux sociaux, et c'est de bon augure.8 assassinats par jour à Mexico City, Obama et Calderon main dans la mainEnrique Peña Nieto (PRI), le favoris des électionsAncien gouverneur de l'État de Mexico (2005-2011), Enrique Peña Nieto, 44 ans, est actuellement favori dans la course présidentielle de 2012 selon de nombreux sondages. Il a officiellement rejoint la course le 19 Septembre 2011 et est devenu officiellement le candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) le 27 novembre 2011. Peña Nieto a remporté l'investiture du PRI car il est le gouverneur de l'Etat le plus peuplé du Mexique, et peut s'afficher ccomme le « nouveau visage » du PRI, le parti dominant de longue date qui a tenu la présidence pendant 71 ans jusqu'en 2000. Après sa défaite en 2000, le PRI a connu un certain nombre de changements de leadership, d'introspections, et de réformes internes qui d'abord divisé le parti entre une vieille garde et une nouvelle génération de dirigeants. Peña Nieto a réussi à surmonter les divisions internes et à unir le parti autour de sa candidature pour lui offrir un avantage électorale.
Mais comme l'écrit Politic365.com à son sujet: « Le porte-étendard du Parti Révolutionnaire Institutionnel est ce que George W. Bush a été en 2000, pour la politique mexicaine. (...) Nieto espère ramener son parti au pouvoir après deux présidences du PAN. (...) Nieto est un homme politique qui fait une gaffe à la minute, est né si privilégié qu'il semble contrarié d'avoir à briguer l'élection présidentielle, mais qui se réjouit d'obtenir le job. Il est né dans la richesse et l'influence politique, et a passé sa jeunesse dans un comportement imprudent et irresponsable. » Bête médiatique mais velleitaire, charmeur, marié à une actrice, le candidat du PRI est avant tout une façade séduisante sans grand contenu, marionnette d'intêrets soigneusement planqués dans l'ombre. Il est le vainqueur probable de l'élection de dimanche, c'est à dire celui qui rétablira l'hégémonie du PRI sur le pays. Et garantira à ses voisins et à ses élites un avenir tranquille. A moins... A moins que la jeunesse mexicaine ne soit en route pour le lancement d'un "Eté mexicain".La répression de San Salvador Atenco, aux origines du soulèvement
Enrique Peña Nieto était gouverneur lorsqu'en 2006, la petite ville de San Salvado Atenco, située à 25 kilomètres au nord de Mexico City, a été le théâtre d'une répression brutale. Atenco était alors depuis déjà quatre ans en lutte contre le projet de construction d'un aéroport sur ses terres, forçant les habitants à les abandonner. Alors qu'ils menaient une action en bloquant l'autoroute en signe de protestation, la violence policière s'est abattue sur eux. Celle-ci a débuté par l'arrestation d'une soixantaine de vendeurs de fleurs, puis il y a eu les destructions, les passages à tabac, les blessures, jusqu'à la mort de deux manifestants dans un chaos indescriptible. Nieto invoqua sans sourciller le droit légitime de l’État mexicain d’utiliser la force pour maintenir l’ordre. "Atenco !" est devenu alors le cris de ralliement des étudiants en révolte contre le gouverneur. Pour lui, une simple bande de "gauchistes". Qu'il retrouve désormais sur son chemin au moment d'accéder à la fonction suprême et qui ont juré de se rappeler à son souvenir.Avertissement: contenu violent1. Article de Wikipedia en français sur #YoSoy 132 :2. Article en espagnol sur CNNMéxico :
http://mexico.cnn.com/nacional/2012/06/25/simpatizantes-de-yosoy132-protestan-en-el-museo-de-arte-moderno-de-paris3. Vidéo de 2 minutes du flashmob :4. Photos sur le flashmob :http://jesuis132.tumblr.com/
http://www.nytimes.com/2011/10/16/world/excerpts-from-an-interview-with-president-felipe-calderon.html?_r=1
http://www.guardian.co.uk/world/2012/apr/23/illegal-immigrants-mexico-us-economy
http://www.cfr.org/mexico/us-mexico-relations-1810-present/p19092
http://www.npr.org/2012/06/19/155337892/u-s-border-states-have-stake-in-mexicos-presidential-election
#YoSoy 132 Paris
#JeSuis132Paris
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Par lavieenvert le 1 Juillet 2012 à 10:04
Mansour Sy Djamil veut combattre l’accaparement des terres dans le Walo
Published: 23 Jun 2012Posted in: SenegalAgence de Presse Sénégalaise | 23 Juin 2012
Mansour Sy Djamil veut combattre l’accaparement des terres dans le Walo
La tête de liste nationale du mouvement citoyen Bes Du Niak, Serigne Mansour Sy Djamil, veut lutter contre l’accaparement des terres dans le Walo (nord), s'il est député au soir du premier juillet prochain.
’J’essaierai de combattre l’accaparement des terres’’, a-t-il assuré, ajoutant que ‘’le premier problème dans cette région du nord c’est le foncier’’.
Selon lui, ‘’jusqu’en 2005, il n’y avait que 4 millions d’hectares de terre qui avaient été récupérées en Afrique et données aux multinationales, mais entre 2005 et 2011, 48 millions d’hectares l’ont été, dont les 37 millions d’hectares en Afrique’’.
‘’A Mbane, on a donné à une seule personne 50.000 hectares. Ce qui équivaut à la région du Cap-Vert’’, a-t-il dit, vendredi soir à Gaya (près de Dagana), au cours d'une caravane.
Il a relevé qu'il est évident que ''cette personne ne pourra pas mettre en valeur cette superficie, mais elle va la monnayer avec les multinationales pendant que le paysan n’a plus son lopin de terre pour lutter contre la pauvreté’’.
''L’espoir est permis et qu’il peut y avoir des surprises avec ces législatives. Nous sommes dans une région à forte dose de religiosité et où j’ai mon bastion. J’y ai un encrage populaire extrêmement puissant que je veux traduire en un encrage politique'', a-t-il dit.Source: APS
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Par lavieenvert le 29 Juin 2012 à 10:53
Rarement débat scientifique aura été à la fois aussi peu médiatisé et aussi crucial pour la santé publique. Depuis plus d'une quinzaine d'années, un nombre croissant de biologistes suspectent des effets délétères de certains composés chimiques à des niveaux d'exposition très inférieurs aux doses considérées comme sûres.
Dans l'édition à paraître de la revue Endocrine Reviews, une douzaine de chercheurs américains issus du monde académique enfoncent le clou en présentant le résultat d'un travail d'analyse considérable, le plus important réalisé à ce jour sur le sujet. Leurs conclusions mettent en évidence un ensemble d'éléments scientifiques plaidant pour un profond changement de méthodologie dans l'évaluation de la toxicité de nombreuses molécules mises sur le marché.
Les auteurs ont passé en revue plus de 800 études distinctes menées sur l'homme, sur l'animal ou sur des cultures cellulaires. "Nous avons voulu considérer cette littérature dans son ensemble, indique la biologiste Laura Vandenberg (Tufts University à Boston), premier auteur de cette analyse. Il ressort, en résumé, que les molécules qui imitent ou bloquent les hormones ont des effets négatifs à très faibles doses, c'est-à-dire à des doses généralement considérées comme sûres chez l'homme."
Ces effets sont difficiles ou impossibles à mettre en évidence avec les données de la toxicologie classique - sur lesquelles s'appuient les agences d'évaluation des risques. Pourquoi ?
LA DOSE NE FAIT PAS FORCÉMENT LE POISON
D'abord, les effets de ces perturbateurs endocriniens battent en brèche un principe central de la toxicologie. "Les études de toxicologie classique partent du principe que "la dose fait le poison", c'est-à-dire que plus on augmente la dose du produit que l'on veut tester, plus l'effet est important, explique Daniel Zalko, chercheur à l'unité de toxicologie alimentaire de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), à Toulouse. Or, à plus faibles doses, et parfois à des doses inférieures à un niveau où la toxicité du produit semble avoir disparu, on retrouve des effets importants, d'une nature parfois différente."
La toxicologie classique ne s'appuie en général que sur des expériences à hautes doses. "Une fois que la toxicité d'une molécule est établie sur l'animal à des doses importantes, les toxicologues en déduisent par extrapolation une dose sans effet toxique observable, explique Mme Vandenberg. Ensuite, à partir de cette valeur, la dose journalière admissible pour l'homme est calculée... mais elle n'est jamais testée!"
Le fait que les perturbateurs endocriniens puissent avoir des effets à très faibles doses qui disparaissent à des niveaux d'exposition supérieurs ruine cette méthodologie.
En outre, les tests toxicologiques classiques effectués sur les animaux de laboratoire ne cherchent que certains types d'effets. "Les toxicologues s'attachent à repérer des effets très particuliers, comme la mort de l'animal, la survenue de tumeurs, etc., précise la biologiste américaine. Ils ne cherchent pas, par exemple, à savoir si le système cérébral s'est normalement développé, si un animal mâle se comporte toujours comme un mâle, ou s'il se comporte comme une femelle..."
L'étude liste une trentaine de molécules dont les effets échappent ou sont susceptibles d'échapper à la toxicologie classique. "Sans aucune réserve, estime Daniel Zalko, la synthèse présentée reflète bien l'état des connaissances sur la question." Pourtant, la plupart des agences d'évaluation des risques dans le monde ignorent encore largement les effets aux faibles doses des perturbateurs endocriniens. "A l'exception de l'Anses [l'Agence de sécurité sanitaire française], qui est, sur cette question, très en avance sur ses homologues", remarque toutefois Ana Soto, endocrinologue et professeure de biologie cellulaire à la faculté de médecine de la Tufts University, coauteur de l'étude.
"ON N'EXPÉRIMENTE PAS SUR L'ÊTRE HUMAIN"
Les réticences des agences se fondent sur le fait que certaines des expériences n'ont pas été reproduites. "D'abord, il faut savoir que les chercheurs du monde académique ne disposent souvent pas de budgets pour reproduire à l'identique des expériences qui ont déjà été menées, souligne Laura Vandenberg. De plus, cette critique serait recevable si nous n'avions pas, désormais, un très vaste corpus d'études qui pointent toutes dans la même direction."
Par ailleurs, mettre en évidence chez l'homme les effets de ces perturbateurs endocriniens est parfois très ardu. "Si l'on prend l'exemple du bisphénol A, qui est la molécule la plus étudiée, il y a des effets qui se développent tard dans la vie suite à une exposition in utero, au cours de phases critiques du développement fœtal, explique Daniel Zalko. C'est quelque chose que l'on peut mettre en évidence chez l'animal en laboratoire, mais qui est très difficile à démontrer chez l'homme, puisque, pour d'évidentes raisons éthiques, on n'expérimente pas sur l'être humain..."
La diversité des molécules et de leurs effets rend également délicate la conduite d'études dans la population humaine. Chez l'animal, il a été montré que l'exposition à de faibles doses de bisphénol A provoque une puberté avancée chez la femelle, des troubles du comportement sociosexuel chez les mâles, une prédisposition accrue au cancer de la prostate et de la glande mammaire, une baisse de la fertilité, etc. Chez l'homme, deux récentes études viennent de mettre en cause cette substance dans l'incidence du diabète de type 2 et de l'obésité...
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Par lavieenvert le 27 Juin 2012 à 10:23
Le stockage du dioxyde de carbone, prôné par nombre d'experts pour lutter contre le réchauffement climatique, est jugé hasardeux par des géophysiciens américains en raison du risque élevé de déclencher des séismes, alertent-ils dans une étude dévoilée lundi.
"Nous estimons qu'il y a une forte probabilité que des tremblements de terre seront déclenchés par l'injection de vastes volumes de CO2 dans les roches fragiles" le plus souvent trouvées dans la croûte terrestre, écrivent Mark Zoback et Steven Gorelick, professeurs de géo-mécanique à l'Université de Stanford Californie, ouest), en conclusion de leurs travaux.
"Dans la mesure où même des séismes de petite ou moyenne puissance peuvent compromettre l'étanchéité des poches géologiques contenant le CO2 séquestré, nous pensons que, dans ce contexte, stocker de très grands volumes de ce gaz constitue une stratégie risquée", insistent-ils.
Vu ce risque, "cette stratégie pour réduire de façon importante les émissions de gaz à effet de serre serait probablement un échec", concluent ces scientifiques dont les travaux paraissent dans les Annales de l'académie américaine des sciences (PNAS), datées du 18 au 2 juin.
Pour qu'un stockage du CO2 (dissout dans de l'eau) fasse vraiment une différence à l'échelle de la planète pour réduire le réchauffement climatique, il faudrait en enfouir environ 3,5 milliards de tonnes par an, soit un volume équivalent à 28,6 milliards de barils de pétrole.
La production annuelle mondiale de brut est de 27 milliards de barils environ.
Risque de pression sur les failles existantes
"Avant de se lancer dans des projets aussi vastes que d'injecter dans le sous-sol de gigantesques volumes de CO2 et ce à de multiples emplacements dans Le Monde, il est important de savoir que ces dernières décennies, les réseaux modernes de surveillance sismique ont montré que les tremblements de terre se produisent quasiment partout à l'intérieur des continents", soulignent-ils.
Le stockage géologique à grande échelle de CO2 est pourtant considéré comme une solution viable par nombre d'experts pour réduire les émissions de ce principal gaz à effet de serre, dont la plus grande partie provient de la combustion de charbon dans les centrales électriques, soulignent ces deux géophysiciens.
Ils citent un rapport de 2005 du Groupe d'experts de l'ONU sur l'évolution du climat (Giec) préconisant cette solution.
Dans la mesure où la croûte terrestre est fortement sous tension à l'intérieur des continents, des injections de fluides dans des puits profonds (deux kilomètres de profondeur) tels des gisements pétroliers et gaziers en voie d'épuisement, peuvent provoquer des séismes en accroissant la pression à proximité d'une faille préexistante et potentiellement active, selon eux.
Cet effet a été pour la première fois observé dans les années 60 à Denver, dans le Colorado (ouest), quand des injections d'eau dans un puits de trois kilomètres de profondeur près de l'Arsenal militaire des Rocheuses a déclenché un tremblement de terre, précisent les auteurs de l'étude.
Une étude séparée publiée vendredi 15 juin, effectuée par l'Académie américaine des sciences, conclut aussi que la séquestration géologique du CO2 "peut potentiellement induire des tremblements de terre importants". Ce risque est en revanche jugé faible avec la fracturation hydraulique "pour extraire du pétrole ou du gaz dans les schistes bitumineux.
La combustion du charbon pour produire de l'électricité libère 2,1 milliards de tonnes de CO2 par an aux Etats-Unis soit 36% de la totalité des émissions carboniques américaines, précisent ces deux chercheurs.
Quant à la Chine, elle en a généré trois fois plus en 2011, ayant brûlé 6,95 milliards de tonnes de charbon pour produire de l'électricité, soit 80% de ses émissions totales de CO2.
Au total, ces deux pays sont les deux plus grands émetteurs de CO2 de la planète, responsables à eux seuls de 40% des émissions.
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Par lavieenvert le 23 Juin 2012 à 08:37
L'association environnementale Robin des Bois a dénoncé les dégâts de la pêche électrique que pratiquent des dizaines de chalutiers néerlandais, belges et britanniques.
Interdit en 1998 par l'Union européenne, la pêche électrique a de nouveau été autorisée en 2006 à titre expérimental. Ce test est valable jusqu'au 31 décembre 2012 et la loi qui en est à l'origine devra être prochainement réexaminée. Cette technique du "taser pour les soles" est pourtant finalement devenue une "pratique courante", dénonce l'ONG Robin des Bois.
Concrètement, les navires sont munis à l'avant d'un dispositif émettant des décharges électriques étourdissant les poissons. Electrifiés, ceux-ci remontent alors à la surface où il n'y a plus qu'à les ramasser dans les filets. Robin des Bois critique cette technique qui provoque des hémorragies, fractures et autres blessures chez les poissons qui en sont victimes. L'association souligne également l'impact qu'elle a sur les embryons, larves, coquillages et crustacés dans les fonds marins. Elle pourrait même réduire la capacité de reproduction de la faune marine.
"En 2012 ce sont 74 chalutiers des Pays-Bas, de Belgique et du Royaume Uni qui pêchent la sole avec le concours de l'électricité", a indiqué à l'AFP Jacky Bonnemains, porte-parole de l'association. "Dans le cas des Pays-Bas cela représente 10% de la flotte des chalutiers du pays", précise-t-il. Ainsi, cette "prétendue innovation technologique débouche sur la cruauté envers les animaux et ajoute la torture à la capture, elle doit être rejetée et interdite" conclut M. Bonnemains.
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Par lavieenvert le 17 Juin 2012 à 11:51
Rajat Gupta, ex-administrateur de Goldman Sachs et ancienne star de Wall Street, a été jugé coupable de délit d’initié vendredi à New York, au terme d’un des plus gros scandales financiers des dernières années aux Etats-Unis.
Ce jugement signe la chute de l’un des plus parfaits symboles de la réussite à l’américaine: né en Inde, Rajat Gupta, monté en 20 ans à la tête du cabinet de consultant McKinsey, était considéré comme le premier Indo-Américain aux manettes d’un groupe international.
Au terme de trois semaines de procès et moins de deux jours de délibération du jury, le financier de 63 ans est resté stoïque à l’écoute du verdict: coupable de quatre des six chefs d’accusation que la justice lui imputait, avec la perspective de 25 ans de prison à la clé. Il devrait faire appel, selon son avocat, Gary Naftalis. «Ce n’est que le premier round», a d’ailleurs déclaré Me Naftalis à l’extérieur du tribunal.
La «une» des magazines
Celui qui il n’y a pas si longtemps faisait les «une» des magazines a été reconnu coupable d’avoir fourni des informations confidentielles sur la banque Goldman Sachs, alors qu’il siégeait à son conseil d’administration, à son ami et partenaire en affaires, le milliardaire d’origine sri-lankaise Raj Rajaratnam, qui se serait appuyé sur ces conseils pour réaliser des opérations financières.
C’est dans le cadre de l’enquête de la police fédérale (FBI) sur ce dernier, fondateur du fonds d’investissement Galleon, que Rajat Gupta avait été arrêté en 2011. Depuis, son complice a lui-même été condamné, écopant de 11 ans de prison en octobre. Selon les procureurs, Rajat Gupta aurait tiré un bénéfice financier non spécifié de cette transmission d’informations à M. Rajaratnam.
Un message fort
Le procureur de Manhattan, Preet Bharara, a salué cette décision dans un communiqué. Rajat Gupta« a connu la réussite et acquis une stature remarquable, mais il a tout brisé».
Pour Robert Khuzami, un responsable du gendarme de la Bourse américaine, la SEC, «le verdict de culpabilité prononcé aujourd’hui envoie un message très fort au monde de l’entreprise et à Wall Street: ceux qui commettent des délits d’initié doivent s’attendre à être poursuivis avec toute la rigueur de la loi».
Une série de procès, dont celui-ci est l’un des plus saillants, a résulté d’une grande enquête officielle sur les délits d’initié à Wall Street.
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Par lavieenvert le 29 Mai 2012 à 11:07
Guerre secrète du tabac : la "French connection"
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 25.05.2012 à 19h13 • Mis à jour le 25.05.2012 à 19h13
Par Stéphane Foucart et David Leloup
Lettre de juin 1989 adressée à des hauts cadres de Philip Morris. | D.R.Le 19 juin 1989, Keith Teel, avocat au cabinet Covington & Burling, écrit un mémo confidentiel à plusieurs hauts cadres de Philip Morris. "Depuis un certain temps, écrit-il, nous travaillons à recruter des scientifiques français qui pourraient nous aider sur le problème de l'ETS environmental tobacco smoke, littéralement "fumée ambiante du tabac". La semaine dernière, en France, chez John Faccini, les membres de notre groupe britannique ont rencontré quatre scientifiques français qui, espérons-le, formeront [en France] le noyau dur d'un groupe de sept à neuf consultants sur la question de la qualité de l'air intérieur et de l'ETS." La rencontre qu'il y détaille a lieu chez un consultant d'origine britannique installé en France, ancien du groupe Pfizer devenu directeur de l'Institut français de toxicologie, une société privée installée à Lyon. Elle donne le coup d'envoi de la participation occulte d'un petit groupe de chercheurs français à une vaste campagne de propagande scientifique pour dédouaner le tabagisme passif de ses méfaits. Une plongée dans les documents internes que les cigarettiers américains ont depuis été contraints, par décision de justice, de rendre publics, offre un aperçu fascinant et inédit des "French connections" de cette conjuration.
Mais pour comprendre le "problème de l'ETS" qu'évoque l'avocat dans son mémo, il faut d'abord revenir en 1981. Cette année-là, le 17 janvier, le British Medical Journal publie les résultats d'une grande enquête épidémiologique montrant, sans ambiguïté, le lien entre tabagisme passif et cancer du poumon. L'étude menée par Takeshi Hirayama (Institut national de recherche sur le cancer, Tokyo) est solide. Plus de 91 000 femmes, non fumeuses et âgées de plus de 40 ans, recrutées sur l'ensemble du territoire nippon ont été suivies pendant près de quinze années : celles qui partagent la vie d'un fumeur montrent un risque de cancer pulmonaire accru, proportionnel à la quantité de cigarettes quotidiennement consommées par leur compagnon... Dans les années suivantes, une abondante littérature confirmera et renforcera ce constat.
Pour les cigarettiers, le risque se concrétise vite. Dès le milieu des années 1980, une trentaine d'Etats américains considèrent que les preuves scientifiques apportées suffisent à bannir la cigarette des lieux publics. D'où une baisse de la consommation. La réaction ne se fait pas attendre. Pour éviter la contagion, les industriels mettent sur pied un réseau mondial de ceux qu'ils nomment dans leurs documents internes les "blouses blanches" : des scientifiques secrètement rémunérés par eux comme consultants. "Le but de ce programme était d'identifier, de former et de promouvoir des scientifiques, médecins ou ingénieurs qui ne seraient pas assimilés à l'industrie par le public", expliquent Joaquin Barnoya et Stanton Glantz (université de Californie à San Francisco), deux des meilleurs connaisseurs des stratégies de l'industrie cigarettière, dans une analyse publiée en 2005 dans l'European Journal of Public Health. De fait, pour n'avoir aucun contact direct avec les cigarettiers, c'est le cabinet d'avocats Covington & Burling, mandaté par Philip Morris, qui s'occupe de recruter les "blouses blanches", de les payer, de les défrayer et de rendre compte de leurs activités.
Un mémo interne de Philip Morris, daté d'avril 1988, décrit en termes simples l'objectif du projet : "Il permettra de continuer d'utiliser l'argument selon lequel il n'y a pas de preuve scientifique convaincante que l'ETS représente un risque pour les non-fumeurs." Une autre note interne, datée de février de la même année, explique qu'il devra "disperser les suspicions de risques" - en mettant systématiquement en avant d'autres polluants de l'air intérieur.
Qui sont les "quatre scientifiques français" mentionnés par Covington & Burling dans le mémo de juin 1989 ?
Le message de l'avocat ne précise pas le nom de ces "consultants" français. Quelques mois plus tard, Philip Morris fait organiser à Montréal (Canada) un "symposium international sur l'ETS". La conférence semble d'abord un événement scientifique "normal" : elle se tient dans les murs d'une prestigieuse institution - l'université McGill - et est financée par une organisation au nom rassurant - l'Institute for International Health and Development (IIHD). La "conférence de McGill" est aujourd'hui citée comme un modèle de manipulation de la science et d'"industrie du doute".
Car non seulement l'IIHD était une organisation-écran de l'industrie du tabac, non seulement les portes de l'université McGill avaient été ouvertes par le toxicologue Donald Ecobichon, un professeur de l'institution financée par les cigarettiers, mais la totalité des quelque 80 participants étaient invités, et payés ou défrayés, par Covington & Burling. Les "tobacco documents" mentionnent parmi eux quatre Français : André Fave, présenté comme un vétérinaire sans affiliation académique, Roland Fritsch et Guy Crépat, professeurs de biologie à l'université de Bourgogne, et Alain Viala, professeur à la faculté de pharmacie de Marseille...
Comment évaluer leur rôle ? D'abord, leur seule présence sur la liste des participants contribue à donner un caractère international à l'événement, gage de crédibilité. Dans un rapport d'activité adressé à ses commanditaires, Covington & Burling se félicite ainsi que "quelque 30 scientifiques européens de sept pays différents" aient participé à l'événement. Ensuite, il s'agissait pour les quatre Français de se "former" à la rhétorique de l'industrie. De fait, dans le mémo de juin 1989, Covington & Burling déplore que les scientifiques français approchés, bien que désireux de s'investir, soient désarmés sur le terrain du tabagisme passif. Dès lors, écrivent les avocats de Covington & Burling, "nous avons pensé qu'il serait utile qu'ils échangent avec plusieurs de nos scientifiques britanniques plus avertis". Lesquels sont présents en masse à Montréal.
Quant à l'utilité de la conférence, elle ne fait aucun doute : Covington & Burling précise que le compte rendu, édité sous forme de livre, a été distribué en Europe à "des journalistes et des parlementaires". Quelque 400 copies ont été ainsi écoulées. Or les conclusions du conclave sont, bien sûr, que le tabagisme passif est "un sujet controversé", en raison "du peu de confiance dans les publications", de "l'impossibilité à conclure" du fait des "biais introduits dans les travaux sur l'ETS"... Bref, qu'il n'y a encore nulle raison d'exclure la cigarette des lieux publics. Dans les documents internes du Tobacco Institute - un think tank financé par les majors du tabac -, on trouve ainsi une lettre type exposant les conclusions de la "conférence de McGill" adressée à plusieurs dizaines de journalistes américains de la presse nationale et régionale identifiés comme "équilibrés" ou "favorables"...
Les quatre Français présents à Montréal en novembre 1989 ont continué, dans les années suivantes, à percevoir de l'argent de Covington & Burling. Et dès 1990 d'autres Français les rejoignent sur les listes de consultants dressées par le cabinet d'avocats. On y trouve Dominique Bienfait (chef du service aérolique et climatisation du Centre scientifique et technique du bâtiment), André Rico (toxicologue à l'Ecole nationale vétérinaire de Toulouse, légion d'honneur 1998), Georges Tymen (spécialiste des particules en suspension dans l'atmosphère à l'université de Brest), John Faccini (alors président de la Fédération internationale des sociétés de toxicologues-pathologistes) ou encore Jacques Descotes (aujourd'hui directeur du Centre antipoison - Centre de pharmacovigilance du CHU de Lyon)...
Seule une part des émoluments des "blouses blanches" françaises figure dans les "tobacco documents", les archives de l'industrie n'étant encore pas intégralement numérisées. Le bilan 1991 de Covington & Burling indique par exemple que les sommes offertes à chacun varient considérablement, des modiques 2 279 francs suisses (2 580 euros courants) de M. Descotes, qui n'a semble-t-il joué qu'un rôle mineur dans le dispositif, aux 46 445 francs suisses (52 584 euros courants) de M. Faccini, discrètement versés sur un compte en Suisse. La moyenne se situe sur 1991 autour d'une dizaine de milliers de francs suisses par consultant. Ces rémunérations sont toutefois très inférieures à celles des consultants britanniques dont certains sont payés jusqu'à dix fois plus.
Ces sommes ne sont pas des crédits de recherche. A quels services correspondent-elles ? Souvent, les documents ne l'explicitent pas. "J'ai été contacté, au début des années 1990, par un toxicologue britannique du nom de George Leslie qui m'a proposé de faire partie d'un groupe de scientifiques intéressés par l'étude de la pollution de l'air intérieur, raconte Jacques Descotes, seul "consultant" que nous ayons réussi à joindre et à faire réagir à sa présence dans les "tobacco documents". J'ai accepté, mais mon seul contact a toujours été George Leslie et je n'ai jamais eu de liens avec Philip Morris ou Covington & Burling. Je n'ai jamais été payé. Les 2 279 francs suisses dont il est question dans les documents sont vraisemblablement les frais liés aux coûts de mes participations à des conférences."
Un courrier d'avril 1992, envoyé par George Leslie à Covington & Burling, indique toutefois que M. Descotes a facturé des honoraires pour sa présence à une conférence à Athènes (Grèce) en 1992, sans toutefois en préciser le montant. Pour ce même événement, André Rico et Alain Viala ont réclamé 4 000 francs français (830 euros courants) par jour, comme le montrent les factures qu'ils ont établies à l'intention de George Leslie... Toutes ces réunions scientifiques sur la qualité de l'air intérieur sont co-organisées par l'association Indoor Air International (IAI), dont George Leslie est le coordinateur. Les "tobacco documents" l'indiquent sans ambiguïté : tout est financé par l'argent du tabac et mis en musique par George Leslie, sous la supervision de ses maîtres. Ces conférences sont l'un des éléments-clés de la stratégie des cigarettiers pour relativiser les risques liés au tabagisme passif.
"Au début, j'avoue ne pas m'être trop posé la question de la provenance de tout cet argent qui servait à organiser ces conférences, toujours tenues dans des cadres agréables. Je n'ai appris qu'incidemment, par un autre membre du groupe, que l'argent provenait de Philip Morris, poursuit M. Descotes. Au départ j'ai imaginé que l'objectif était de constituer un réseau de taupes dans la communauté scientifique et médicale, des sortes d'agents dormants qui pourraient être "réveillés". Comme je n'avais pas l'intention d'être jamais "réveillé", cela ne me posait pas de problème. Aujourd'hui encore, je ne comprends pas l'intérêt qu'ils pouvaient avoir dans l'organisation de ces conférences sur l'air intérieur puisque aucun de nous n'était spécialiste du tabac et qu'il n'était presque jamais question de tabagisme passif..."
L'explication est simple. On la trouve notamment dans un mémo de 1990 de Covington & Burling adressé à Philip Morris, présentant une conférence à venir à Lisbonne (Portugal) : "Le centre d'intérêt ne sera pas le tabac, ce sera plutôt de montrer l'insignifiance de la fumée ambiante de la cigarette, en mettant en avant les vrais problèmes de qualité de l'air", écrit Covington & Burling. Après Montréal et Lisbonne, le cabinet se félicite, dans la même note interne, de voir venir d'autres conclaves sur le sujet, organisés ou noyautés par ses "blouses blanches" : Budapest, Hanovre, Milan, Visby, Windsor, Oslo...
Et en France ? En 1995, 1998 puis 2001, Guy Crépat et Roland Frisch (université de Bourgogne) organisent au sein de leur institution de telles conférences sur l'air intérieur. Aux côtés d'Indoor Air International (IAI) apparaissent comme co-organisateurs deux associations scientifiques sans lien avec le tabac : la Société française de toxicologie (SFT) et l'Association pour la prévention de la pollution atmosphérique (APPA).
Mais l'organisation est sous influence. En 1995, près de la moitié des 18 membres du comité technique de la conférence sont des consultants payés ou confortablement défrayés par l'argent du tabac. En 1998, ils sont cinq sur six ; en 2001, ils sont quatre sur quatre.
Résultat ? Là encore, les scientifiques qui y participent parlent de tout ce qui peut polluer l'air intérieur - "allergènes animaux", "champignons et moisissures", "émanations des moteurs Diesel ", "virus et bactéries", "radon ", etc. - sauf du tabagisme passif.
Au contraire du faux colloque de McGill, ces conférences voient la participation d'une majorité de scientifiques sans lien avec le tabac, venant simplement présenter leurs travaux. Mais en excluant ou en marginalisant le tabagisme passif, les "blouses blanches" de l'IAI - qui deviendra plus tard l'International Society of the Built Environment (ISBE) - parviennent à diluer, voire à faire disparaître les risques liés à la fumée de cigarette... Dans un mémo adressé à Philip Morris en 1990, Covington & Burling l'explique sans fard : "Nos consultants ont créé la seule société scientifique au monde qui traite des questions de qualité de l'air intérieur."
D'où le rôle des cigarettiers dans la construction de l'ensemble d'un domaine de recherche et sa perception par le public, les décideurs... et les médecins eux-mêmes ! "Jusqu'en 2005, de nombreux collègues de l'Académie de médecine, tout à fait honnêtes, me demandaient si j'étais sûr que le tabagisme passif relevait bien de la santé publique et pas plutôt de la politesse", confie le professeur Gérard Dubois (CHU d'Amiens), pionnier français de la lutte contre le tabac.
La société savante en question - l'ISBE, donc - fonde même une revue scientifique, Indoor and Built Environment. Mais là encore, les dés sont pipés. Une étude dirigée par David Garne (université de Sydney, Australie) parue en 2005 dans The Lancet a montré qu'Indoor and Built Environment publiait une large part de travaux menés par des consultants du tabac aux conclusions favorables à l'industrie. La revue valorise aussi les "blouses blanches" qui ne parviennent pas à publier dans d'autres revues scientifiques. Selon la base de données Scopus, Guy Crépat a publié cinq articles dans toute sa carrière, dont quatre dans Indoor and Built Environment. Son compère Roland Fritsch en a un total de quatre à son actif, dont trois dans la fameuse revue...
Contrôle sur le contenu de conférences, contrôle sur une revue savante : l'industrie du tabac a donc eu entre ses mains d'utiles ficelles. Mais ce n'est pas tout. En juin 1990, la panique s'empare des cigarettiers : l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) vient de conclure que la fumée de cigarette est un cancérogène avéré et que 3 800 Américains meurent chaque année du tabagisme passif. Ces conclusions - provisoires - sont ouvertes aux commentaires. L'industrie active ses troupes. Comme d'autres, Guy Crépat et John Faccini se muent en lobbyistes internationaux et, sans déclarer leurs liens financiers avec les cigarettiers, soumettent chacun un commentaire très critique envers la méthodologie de l'EPA. Dans sa contribution, Guy Crépat critique les statistiques utilisées par l'agence américaine, bien que n'ayant lui-même jamais publié de travaux de biostatistiques... A l'appui de son argumentaire, il cite également, en annexe, une publication d'Alain Viala, autre "blouse blanche" française de l'industrie... De son côté, John Faccini adresse en guise de commentaire à l'EPA la version anglophone de l'un de ses articles, écrit à la demande des industriels.
Après le lobbying transatlantique, place à l'entrisme local. Certains consultants s'immiscent dans l'APPA - qui, elle, n'a aucun lien avec les cigarettiers. Cette association de médecins et de scientifiques est un interlocuteur-clé des pouvoirs publics sur les questions de qualité de l'air. Au début des années 1990, Alain Viala devient président de son comité régional PACA-Marseille. Choquée, l'actuelle direction de l'APPA dit n'avoir jamais été informée d'un tel conflit d'intérêts, mais précise que l'association s'est séparée de M. Viala voilà plusieurs années, à la suite de la découverte d'autres malversations qui se sont soldées devant la justice...
Son implication dans l'APPA et son titre de professeur donnent à M. Viala toute légitimité à s'exprimer dans la presse. Le Parisien le cite le 18 octobre 1991 : il y déclare que "les risques de cancer [dû au tabagisme passif] ne sont pas certains". A l'Agence France Presse (AFP), il assure à la même époque qu'il n'y a pas de "démonstration convaincante que l'exposition à la fumée ambiante du tabac augmente les risques de cancer chez les non-fumeurs". Le professeur de médecine Stanton Glantz, spécialiste des stratégies des majors de la cigarette, y voit "la rhétorique classique de l'industrie" et note que les termes employés par M. Viala, "fumée ambiante du tabac", sont une expression inventée par les cigarettiers.
En France, fumer dans les lieux publics a été interdit en 2007, vingt et un ans après que les autorités sanitaires fédérales américaines ont reconnu le lien entre plusieurs maladies et le tabagisme passif. Quel est le bilan de celui-ci, en France, lors de ces deux décennies? Dans un récent Bulletin épidémiologique hebdomadaire, l'épidémiologiste Catherine Hill (Institut Gustave-Roussy) estime qu'en 2002 environ 1 100 non-fumeurs en sont morts. C'est l'une des estimations les plus basses, d'autres donnent le triple. Supposons - hypothèse basse - que l'exposition hors domicile soit responsable de la moitié du bilan : entre 1986 et 2007, le doute savamment entretenu par l'industrie serait alors responsable de quelque 10 000 morts. Et sans doute bien plus.
Le 2e et dernier épisode de ce dossier sera à lire dans "Science & techno" du 2 juin.
Stéphane Foucart et David Leloup
Plongée dans les "tobacco documents"Pour la Journée mondiale contre le tabac, jeudi 31 mai, Le Monde s'est plongé dans les "tobacco documents", à la recherche des liens entretenus par certains chercheurs français avec l'industrie américaine du tabac. Ces documents secrets ont été versés dans le domaine public à partir de 1998, après les poursuites de 46 Etats américains contre les majors de la cigarette. Quelque 13 millions de documents, soit plus de 79 millions de pages, ont, depuis, été numérisés et sont accessibles sur un site hébergé par l'université de Californie à San Francisco, grâce à des fonds de l'American Legacy Foundation - laquelle bénéficie, par décision de justice, d'une dotation des cigarettiers pour maintenir et enrichir la Legacy Tobacco Documents Library.
http ://legacy.library.ucsf.edu
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Par lavieenvert le 25 Mai 2012 à 10:35
1997 288 p. 19,50 €
Dans le monde entier, avec la connivence de l'OMS et de divers gouvernements, les fabricants du vaccin anti-hépatite B (OGM), ont orchestré des campagnes publicitaires éhontées, basées sur la manipulation de la vérité scientifique au profit du seul intérêt financier.
Preuves à l'appui, les auteurs dénoncent cette manipulation, à la fois financière et scientifique.
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Par lavieenvert le 15 Mai 2012 à 10:13
Roumanie : Des terres fertiles en opportunités
PressEurop | 30 avril 2012
Attirés par le bas prix des terrains agricoles, de nombreux Européens n’hésitent plus à monter une exploitation en Roumanie. Ils contribuent ainsi à réinventer la culture locale, en particulier par le bio.
Mirel Bran
Maxime Laurent est sorti du lycée agricole de Nermont Châteaudun (Eure-et-Loir) en 2009, à 19 ans, baccalauréat en poche. Un mois plus tard, il chargeait les derniers camions d'outillage agricole. Direction la Roumanie, plus précisément Macesu de Sus, un village du sud-ouest du pays.
Le cas de Maxime Laurent est loin d'être isolé : la Roumanie, riche de quelque 15 millions d'hectares de terres cultivables, est en train de devenir le nouvel eldorado des agriculteurs en Europe. Des milliers de Français, Italiens, Espagnols, Britanniques, Allemands, Danois plient bagages et se ruent vers ce pays entré dans l'Union européenne en 2007, dans le but d'y implanter des exploitations.
Maxime, qui se destine depuis son plus jeune âge à l'agriculture, ne pouvait rêver mieux. "Ici, à 19 ans, je me suis retrouvé à la tête d'une ferme de plus de 1 400 hectares. Pour faire en France ce que j'ai fait en Roumanie en trois ans, il aurait fallu deux ou trois générations." A Macesu de Sus, il cultive blé, orge, tournesol et colza. Et il voit grand. Il compte bientôt bénéficier des fonds que la Commission européenne destine à la remise à niveau de la Roumanie. Son projet devrait lui permettre d'augmenter de 7 000 tonnes la capacité de stockage et d'irriguer 500 hectares de terres supplémentaires.
Malgré les difficultés, il ne regrette rien. "Les premiers mois, j'étais un peu dépassé, confie-t-il. Si j'étais resté en France, qu'est-ce que je ferais aujourd'hui ? J'aurais terminé mes études et trouvé un travail pour 1 200 euros par mois. Tu paies un loyer, tu manges, tu t'habilles, et à la fin du mois, il ne te reste plus rien. Ce n'est pas une vie, ça."
Croissance de 11% de l'agriculture roumaine
Impossible de traverser la Roumanie sans croiser ces fermiers venus de l'Ouest qui réinventent l'agriculture de ce pays. Grâce à leur savoir-faire et à leurs investissements, l'agriculture roumaine a connu en 2011 une croissance de 11 %, et ce n'est qu'un début. Fini les terres en friche et la sensation d'abandon dans les campagnes.
Les Roumains vendent actuellement leurs terres agricoles pour 2 000 euros l'hectare en moyenne, un prix imbattable dans l'UE. Les subventions européennes, elles, s'élèvent à 180 euros par hectare, la moitié du montant que l'on peut obtenir en Europe de l'Ouest. Mais à partir de 2014 la nouvelle politique agricole commune (PAC) devrait mettre au même niveau l'ouest et l'est de l'Europe.
Pour acheter en Roumanie, un agriculteur occidental est obligé de créer une société dans le pays, mais, à partir de 2014, toute personne résidant dans l'UE pourra acquérir directement des terres. C'est pourquoi les fermiers se dépêchent d'acheter avant que la spéculation ne fasse exploser les prix.
Les plus pressés sont les Suisses, qui n'ont plus les moyens de payer plusieurs dizaines de milliers d'euros un hectare de terre helvétique. A Firiteaz, petit village situé dans l'ouest du pays, les Hani, originaires du canton de Lucerne, sont venus en famille il y a une dizaine d'années : le père, la mère, deux enfants et deux petits-enfants. Ils ont acheté 800 hectares de terre.
"En Europe occidentale, il n'y a plus de place pour les jeunes, regrette Christian Hani, 29 ans. Ici on peut construire quelque chose à partir de rien. Je crois que pour nous, les jeunes, c'est très important de créer quelque chose de neuf."
Redevenir le grenier de l'Europe
Le marché du bio est en plein boom en Europe de l'Ouest, et les Hani sont constamment en rupture de stock. Ils ont fait venir de Suisse tous les équipements nécessaires pour faire de l'agriculture biologique à grande échelle.
"Les céréales que l'on fait ici venaient jusqu'à maintenant du Canada, des Etats-Unis et de Chine, explique Lukas Kelterborn, un Allemand spécialisé dans le marketing qui a rejoint les Hani et s'occupe de la vente de leurs récoltes. Il est donc normal qu'on essaie de les produire en Europe. Il y a des perspectives extraordinaires en Roumanie, et il faut se rappeler que ce pays a été le grenier de l'Europe entre les deux guerres mondiales. Il est en train de le redevenir."
A Macesu de Sus, Maxime y croit aussi. Avec sa compagne roumaine, il va construire une maison sur ses terres. Il en a déjà une dans le village et un appartement dans la ville voisine de Craiova.
"En Roumanie, j'ai une vie beaucoup plus souple, et puis je découvre des traditions que l'on n'a plus en France, dit-il. Je n'ai jamais découpé un cochon ou un mouton de ma vie, alors que les Roumains le font toujours à la campagne... En France, personne n'a plus de lien avec personne. Je suis vraiment heureux ici." Parole de paysan.
Vu de Roumanie
Le grenier ou le désert de l’Europe ?
En Europe, l’étude agro-chimique des terres est la condition sine qua non pour tout agriculteur souhaitant enrichir une parcelle avec des engrais. “C’était le cas aussi en Roumanie, mais après la Révolution de 1989, la fragmentation des terres [due à la collectivisation communiste] a généré une situation absurde, raconte România liberă. Un petit fermier se retrouve à payer l’analyse quinze fois plus cher qu’un grand propriétaire terrien”.
“Seule 25% de la surface agricole a donné lieu à des études agro-chimiques. Il s’agit des terrains achetés par de grands propriétaires ou par des étrangers, qui ont déjà acheté un quart de la surface cultivable”, remarque le quotidien bucarestois. Conséquence : la terre est moins fertile et s'appauvrit.
“A ce rythme, la Roumanie risque fort de devenir une terre déserte et de perdre la chance d’être le grenier de l’Europe”, se désole România liberă.Source: PressEurop
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Par lavieenvert le 12 Mai 2012 à 10:30
2008 125 p. 12,20 €
Saviez-vous que... pratiquement toutes les études qui affirment l'innocuité de l'aspartame ont été financées par l'industrie?
L'approbation de ce produit est due à des procédés dignes de la mafia, il peut être meurtrier pour les diabétiques.
Il existe des milliers de plaintes concernant l'aspartame qui font état de maladies multiples - dépressions, désordres neuro-dégénératifs, troubles intestinaux graves, problèmes de vue, rhumatismes, sclérose en plaques, lupus, Alzheimer, coma, cancer, tumeurs, prise de poids.
Pourtant ce produit se trouve, scandaleusement, à portée de main dans les rayons de nos supermarchés. Il représente un chiffre d'affaires colossal. Ce qui explique sans doute le reste...
Lisez et vous saurez...
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