• Une centrale nucléaire américaine cernée par les eaux (21/06/2011)

        Fort Calhoun, une crue du Missouri a provoqué une inondation début juin (Nati Harnik/AP)

     

    Si d'énormes quantités d'eau sont indispensables au bon fonctionnement des centrales nucléaires, l'actualité récente a montré que ces mêmes centrales étaient très vulnérables à l'eau avoisinante. Il y a Fukushima, bien sûr. Ses systèmes de refroidissement ont été noyés par le tsunami qui a frappé les côtes japonaises, conduisant à une catastrophe hors normes.

     

    Mais il y a aussi la centrale de Fort Calhoun, aux Etats-Unis, qui a souffert d'une crue du Missouri. Un incident survenu le 7 juin et qui, curieusement, n'a que peu été relayé.

     

    Que s'est-il passé à Fort Calhoun ? Au début du mois de juin, des pluies diluviennes ont frappé le Nebraska au moment où fondaient les neiges des Rocheuses. Cette crue a contraint les autorités à relâcher l'eau d'un barrage en amont de la centrale.

     

    Pour que fonctionnent les circuits de refroidissement, les centrales sont toujours construites près de l'eau – du Missouri pour Fort Calhoun, de l'océan pour Fukushima ou d'un canal de dérivation du Rhône pour la centrale du Tricastin, en France.

     

    Quand le niveau du Missouri a brusquement monté, le 6 juin, certaines parties de la centrale ont été inondées, comme le montre la photo ci-dessus. La situation a conduit les responsables de la centrale à diffuser un premier bulletin rapportant un "unusual event" – un "événement inhabituel", le premier degré dans la classification des incidents par le régulateur américain.

     

    Le 7 juin, un deuxième bulletin est émis. Il fait état de dégagement de fumée dans les installations. Et cette fois-ci, il s'agissait d'une "alerte", le niveau au-dessus de l'événement inhabituel.

     

    Rapidement, le Nuclear Regulatory Commission (NRC) a rassuré la population, expliquant qu'il y avait eu un dégagement de fumée que les services d'incendie ont pu stopper en moins de cinquante minutes. Cependant, la centrale "a brièvement perdu sa capacité à refroidir les piscines où est stocké le combustible usagé".

     

    En prévision de ces intempéries, rappelle le New York Times, la centrale avait été arrêtée en avril. Mais on ne stoppe pas l'activité du combustible en appuyant sur un bouton. Des semaines et des semaines sont nécessaires à son refroidissement complet. Et c'était justement dans les piscines que refroidissait le combustible...

        Rumeurs. Bien que le NRC ait toujours affirmé que la situation était sous contrôle et que les systèmes de sécurité ont parfaitement fonctionné, de nombreuses rumeurs ont circulé ça et là. Au point que l'opérateur de la centrale, rapporte le blog Sciences², a dû lister ces rumeurs pour mieux les démentir.

     

    Ainsi, l'Omaha public power district assure qu'aucune fuite radioactive n'a eu lieu, qu'il n'y aura pas de coupure massive de courant, que les piscines n'ont jamais été sur le point d'entrer en ébullition ou encore que le niveau d'alerte maximal n'a pas été atteint.

     

    A chaque événement ses rumeurs plus ou moins farfelues, certes. Mais peut-on vraiment blâmer l'inquiétude des Américains quant au risque d'accident nucléaire ? De Tchernobyl à Fukushima, l'industrie et les Etats n'ont pas vraiment fait montre d'une transparence à toute épreuve.

     

    Une installation sûre ? Que ces incidents aient inquiété la population vient aussi du fait que le NRC avait, l'an dernier, mis en garde les gestionnaires de la centrale contre les risques que présentait une inondation importante.

       "Après  inspection des installations entre janvier et juin 2010, le NRC estime que la centrale de Fort Calhoun n'a pas les installations adéquates pour se protéger contre des inondations. (...) Et ce en opposition avec les spécifications techniques établies par l'organe régulateur."

    Selon le porte-parole du NRC, cité par le New York Times, tout a depuis été mis en œuvre par l'opérateur pour pouvoir faire face à une inondation...

     

    ****

     

    A lire dans Télérama du 15 juin une excellente interview de Bernard Laponche : "Il y a une forte probabilité d'un accident nucléaire majeur en Europe"

      sciences.blog.lemonde.fr/.../inondation-autour-une-centrale...

      Sources : (sur www.lepost.fr )

    http://www.nirs.org/reactorwatch/accidents/fortcalhoun.htm
    http://groupes.sortirdunucleaire.org/Serie-noire-a-la-centrale?var_mode=calcul
    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article118310
    http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=23651#entete


       PS : En avez vous entendu parler dans les médias? Non. 
    Ou est la liberté d'expression? Officiellement elle existe. 

        Savez vous que notre pays est classé 44 éme par Reporter Sans Frontière, derrière le Ghana, le Mali, la Namibie, le Surinam, le Costa-Rica, la Papouasie-Nouvelle Guinée et juste avant Chypre et l'Italie qui est 49 éme dans son classement relatif à la liberté de la presse?

    Depuis 2002 et l'arrivée aux affaires de notre très cher président notre nation a perdue 33 places, rien de moins...
     

    Publié par   Prismo Esse

    post non vérifié par la rédaction

    Une nouvelle centrale nucléaire inondée aux Etats-Unis.

     

     La centrale nucléaire de Fort Calhoun constituée d'un réacteur de 500 MW à eau pressurisée, dans l'état du Nebraska est belle et bien envahie par les eaux de la crue du Missouri depuis le 6 Juin. D'après le réseau sortir du nucléaire, Les déchets contenants du Césium 137 entreposés sur le site depuis 1992 détiendraient un risque de contamination plus conséquent que la quantité relâchée par les quatre réacteurs de Fukushima. Un risque non négligeable existe en dehors de celui de la submersion des piscines qui contiennent 670 tonnes de combustible usagé pour une radioactivité de 100 millions de curies, la crue peut endommager le système électrique de refroidissement et d'alimentation de la centrale. Seule une digue en sac de sable aurait été construite en urgence pour assurer un semblant de sécurité. Fort Calhoum est actuellement en alerte maximale...


    D'après un réseau non gouvernemental (http://www.nirs.org/reactorwatch/accidents/fortcalhoun.htm), un rejet d'eau potentiellement irradiée c'est produit le 13 Juin à raison d'environ 400 litres par minutes et ce pendant une durée indéterminée. Le 17 Juin, l'Omaha Public Power District qui gère la centrale a signalé l'existence d'un "trou" dans le sol qui aurait pu affecter la sécurité du site lié à l'inondation. Ce trou aurait été comblé le jour même.


    Cette centrale était à l'arrêt pour rechargement d'un tiers de son combustible depuis le 9 Avril quand la crue s'est produite. Le 7 Juin, après le début de l'inondation, un incendie s'est déclaré dans une armoire électrique provoquant une coupure pendant plus de 90 minutes

    , stoppant entre autres le refroidissement des piscines. Les aires de stockage de Fort Calhoum sont à l'heure qu'il est totalement envahies par les eaux !


    Le débordement du Missouri qui a commencé le 21 Mai menace maintenant la centrale de Cooper. Une nouvelle alerte pour cette centrale a été lancée. Si l'eau monte encore de 30 cm, cette centrale sera elle aussi arrêtée.

    Sources :
    http://www.nirs.org/reactorwatch/accidents/fortcalhoun.htm
    http://groupes.sortirdunucleaire.org/Serie-noire-a-la-centrale?var_mode=calcul
    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article118310
    http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=23651#entete

    PS : En avez vous entendu parler dans les médias? Non. 
    Ou est la liberté d'expression? Officiellement elle existe. 
    Savez vous que notre pays est classé 44 éme par Reporter Sans Frontière, derrière le Ghana, le Mali, la Namibie, le Surinam, le Costa-Rica, la Papouasie-Nouvelle Guinée et juste avant Chypre et l'Italie qui est 49 éme dans son classement relatif à la liberté de la presse?
    Depuis 2002 et l'arrivée aux affaires de notre très cher président notre nation a perdue 33 places, rien de moins...


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  •     Comment Wal-Mart a épuisé les Etats-Unis

    On nous dit que la deuxième partie de la crise serait financière. Mais quid de la demande. L'Etat est exsangue, personne ne parle du pouvoir d'achat des classes populaires et moyennes, et pourtant. 

      Wal-Mart va mal. Le Monde qui se trompe rarement le dit : «Wal-Mart lutte pour maintenir ses profits». Ce n’est pas bon du tout pour l’économie américaine. Le leader mondial de la distribution avait pourtant très bien résisté à la première phase de la crise. En 2008 le cours de son action avait même gagné quelques points quand tous les autres dévissaient. 

      L’enseigne est faite pour prospérer par temps de crise. Un concept génial !  « Everyday low price » , l’idée de Sam Walton. Dans ses magasins les prix sont bas toute l’année. Finies les promotions, ces attrapes gogos. En une génération le distributeur est devenu le leader mondial de son marché.

      En 2008, grâce à ce concept chaque foyer américain a économisé 2 300 dollars par an. Pas mal, au moment où ils ont du mal à finir leur fin de mois. Du bel ouvrage. Un vrai avantage pour le consommateur.

      Tout pour réussir, sauf qu'avec son idée notre distributeur a tué la demande aux EU.

      Pour tenir ses objectifs les salariés n’ont le droit qu'au minimum vital. Rien que le salaire de subsistance de Marx. Aucun syndicat c'est l'objectif donné aux managers. Au Québec des salariés avaient réussi à ouvrir une section syndicale, sur le champ le distributeur avait fermé le magasin. C’est le coût social du « every day, low price ». Une très sérieuse étude publiée en 2009 constate que dès qu’un magasin Wal-Mart s’installe quelque part les salaires baissent dans le district de 5,4 % ! Ce n’est pas tout, la plupart de ses salariés ne bénéficient d’aucune couverture sociale… Et pourtant ceux-là n’ont pas à se plaindre, ils ont du travail.
       Car du côté des fournisseurs c’est encore moins la fête du slip. D’après deux journalistes français spécialistes de l’enseigne c’est grâce à notre Mammouth que plus aucun Lewis n'est fabriqué aux States. Un exemple parmi d’autres, beaucoup d’autres, Wal-Mart est responsable d’un très grand nombre de délocalisations aux EU. En exigeant de ses fournisseurs 10 % de baisse de prix chaque année la centrale d’achat a mis beaucoup d’Américains au chômage. Merci qui ? Aujourd’hui 80 % des produits vendus par les magasins de l’enseigne sont fabriqués en Chine. Quand on sait que le chiffre d’affaires de Wal-Mart est supérieur au PNB de la Suède, ça fait beaucoup.  


      Il arrive ce qui devait arriver. Le temps des allocations chômages, les gens consommaient encore un peu. Puis ils n'ont même plus les moyens d’acheter les produits chinois de chez Wal-Mart. Ou comme le dit le PDG de Wal-Mart : « Il est évident que les clients sont encore en difficulté. Ils achètent moins pour s'ajuster à leur budget ». Quel doux euphémisme, ils n’ont même plus un cent dans leurs portes-monnaie. Wal-Mart les a tous fait licencier. Ils n’ont plus de travail, donc plus d’argent. 

       Ce n’est pourtant pas compliqué l’économie. La société de consommation n’existe pas sans revenu et donc sans travail.    

       Un livre de référence sur le sujet : Travailler plus pour gagner moins. La menace Wall-Mart. G Blassette et LJ Baudu, Buchet Chastel 2008.

     
    Lundi 22 Août 2011    Bertrand Rothé
     B. Rothé, certifié en cuisine, a des aptitudes professionnelles en économie, puis que la faculté l’a Agrégé. Il enseigne à l’Université de Cergy-Pontoise. 
    Il vient de publier au Seuil avec Gérard Mordillat "Il n'y a pas d'alternative ; Trente ans de propagande économique" au Seuil. Son précédent ouvrage, "Lebrac, trois mois de prison" (Seuil, 2009) a reçu le prix Jean-Baptiste Botul. 
    Son projet : 
    Plus j’essaie de comprendre comment fonctionne la science économique, plus j'ai le sentiment que cette science est le moyen d’imposer le point de vue d’une minorité sous le couvert de rationalité. Cette science se développe pour contourner la démocratie. Elle permet d’imposer à tous, la volonté d'un petit groupe d'individus. "il n’y a pas d’alternative" est devenue le leitmotiv conclusif de très nombreux économistes. On essaie de vous faire croire, de nous faire croire que tout est économique, et que la rationalité économique – la Raison, autrement dit, seule, unique et indiscutable – impose d'elle-même les décisions. 
    C’est souvent faux. Il y a des alternatives. 
    Avec ce blog, je veux montrer et démontrer que de très nombreuses analyses et décisions économiques dissimulent en fait un point de vue politique, le point de vue d’un groupe qui essaie de se défendre ou de conquérir un peu plus de pouvoir.

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  • Surendettement : rembourser avant de manger

    (Crédit photo : DR)
    Exclusif - Un décret vient de modifier le calcul des saisis sur salaire des surendettés. Des travailleurs pauvres devront vivre avec moins pour rembourser plus vite leur dû.

    Quelques mots retirés par décret dans le Code du travail vont bouleverser le quotidien de milliers de personnes surendettées. Les parlementaires ont adopté le 14 décembre un décret modifiant le calcul du « reste à vivre » des surendettés.

    De quoi s’agit-il ? La règle en matière de surendettement veut que les personnes salariées peuvent être contraintes par une commission de surendettement de rembourser leurs créances via une saisie automatique sur salaire. Un « reste à vivre » est dans tous les cas préservé pour le salarié, pour qu’il puisse subvenir à ses besoins minimum. Jusqu’à aujourd’hui, ce reste à vivre était proportionnel au nombre de personnes à la charge du salarié. Une personne seule préservait au minimum un montant égal à celui du RSA socle, c’est à dire 466 euros, mais cette somme était croissante en fonction du nombre de membres du foyer (voir le barème par ici).

    La moitié du seuil de pauvreté

    C’est cette variable qui vient d’être supprimée dans le Code du travail. Si bien que le reste à vivre sera le même pour un salarié seul que pour un salarié parent de plusieurs enfants, dès l’entrée en vigueur de la loi, c’est à dire en février 2013. Contacté par Terra eco, Jean-Louis Kiehl, président de l’association d’aide aux surendettés Crésus dénonce une mesure « prise en catimini ». « Ce changement vise à venir en aide aux créanciers qui veulent récupérer plus vite leurs fonds. Mais on s’attaque là aux familles dont les parents sont des travailleurs pauvres, cela sera dévastateur », estime-t-il .

    Difficile de cerner exactement combien de personnes seront frappées par cette modification. En 2011, on estime à près d’un million le nombre de ménages en situation de surendettement en France. Mais exactement 50% des particuliers surendettés sont au chômage, sans profession ou sans activité (invalidité, congé maladie de longue durée ou congé parental) et ne seront donc pas concernés. Par ailleurs, tous les dossiers de surendettement n’aboutissent pas à une saisie sur salaire, bien au contraire. Enfin, la part de salaire « saisissable » dépend du montant des revenus et de la nature des créances contractées. La part du salaire restant à la disposition du salarié est donc souvent supérieure au montant du RSA.

    Toutefois, un rapport de la Banque de France montre que 47% des surendettés ont au moins une personne à charge. Et 13% d’entre eux ont trois personnes ou plus à charge. Une chose est donc sûre : des familles dont le ou les parents travaillent seront contraintes de vivre avec 466 euros par mois seulement, soit deux fois moins que le seuil de pauvreté calculé pour une seule personne, parce qu’elles ont contracté trop de crédits.


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  •   22/12/2011    Pourquoi il faut constitutionnaliser la désobéissance civile

     

     

    La désobéissance civile désigne une action politique illégale et non-violente fondée sur des motifs de conscience et destinée à modifier une loi ou à contester l'ordre juridique dans son ensemble.

    Elle est aujourd'hui pratiquée par les militants du Réseau éducation sans frontières (RESF) qui n'hésitent pas à risquer jusqu'à cinq ans de prison pour protéger des familles immigrées en situation irrégulière menacées par la politique xénophobe du gouvernement.

    Elle est aussi employée par les Faucheurs volontaires qui détruisent des parcelles d'essai transgéniques en vue d'alerter leurs concitoyens des dangers de l'agriculture génétiquement modifiée.

    Opposants à la désobéissance civile et garants de l'ordre établi ne manquent pas de pointer le danger inhérent au fait de laisser à chacun le droit d'apprécier librement la validité d'une loi. Reconnaissant à mi-mot l'existence de lois injustes, ils ordonnent qu'on s'y plie malgré tout car, comme le disait Goethe, mieux vaut une injustice qu'un désordre.

    Pourtant, trois éléments au moins nous informent que cette rhétorique conservatrice ne résiste pas à la critique.

    Le courage, vertu cardinale

    Remarquons d'abord que, lors du procès de Nuremberg, intenté contre les principaux dirigeants nazis, les juges ont condamné ceux qui avaient obéi aux lois, signifiant ainsi que, contrairement à ce qui est enseigné à l'école, la vertu cardinale du citoyen n'est pas l'obéissance mais le courage ; courage qui exige que l'on résiste aux ordres lorsqu'ils entravent la dignité humaine.

    2 Légalité n'est pas légitimité

    Rappelons ensuite que, comme l'avait sagement noté Pascal, « ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on fit que ce qui est fort fût juste ». Légalité n'est pas légitimité. Le droit ne vient pas de nulle part. Il est généralement dicté par les puissants, qui peuvent ainsi imposer leur domination avec la bénédiction des lois.

    3 Pas de risque d'anarchie

    Enfin, faut-il véritablement craindre que la désobéissance civile nous plonge dans l'anarchie ? L'histoire nous fournit la meilleure des réponses.

    Les gigantesques manifestations du mouvement des droits civiques dans le sud des Etats-Unis au début des années 60 ont-elles mené à l'anarchie ? Puisqu'en définitive la désobéissance civile constitue non une menace mais, au contraire, une respiration pour la démocratie et puisque, à bien y regarder, un nombre croissant de citoyens partagent cette opinion, n'est-il pas temps de lui faire une place dans nos institutions publiques ?

    Plus concrètement, ne faudrait-il pas intégrer dans la Constitution le droit à désobéir à une loi jugée injuste ? Parmi les militants désobéissants, des voix se sont élevées pour revendiquer ce droit dans la mesure où, comme l'explique le philosophe Jean-Marie Muller, la Constitution a véritablement pour fonction de garantir la justice.

    Un problème logique

    Mais cette demande a beau être recevable, elle pose un problème logique en apparence insurmontable : il ne peut pas y avoir de droit juridique à désobéir à la loi. Prétendre désobéir légalement à la loi, n'est-ce pas s'enfermer dans une contradiction logique et une absurdité pragmatique ? Constitutionnaliser la désobéissance civile reviendrait en effet à proclamer un droit au non-droit, or le droit ne saurait se suspendre lui-même.

    Sommes-nous cependant si certains que le droit ne saurait se suspendre lui-même ? Les réflexions du philosophe italien Giorgio Agamben cherchent à prouver le contraire.

    La doctrine de l'état d'exception

    La doctrine de l'état d'exception, adoptée par la majorité des Etats de droit, soutient que dans certaines circonstances exceptionnelles, le droit commun peut être provisoirement suspendu, laissant par là les pleins pouvoirs au Président. Ainsi, avec l'état d'exception, le droit se nie lui-même, il s'auto- suspend.

    Une piste s'ouvre alors : puisque la Constitution française intègre les procédures d'exception dans son article 16, ne pourrait-elle pas aussi admettre un droit à désobéir aux lois jugées injustes ? Le droit à la désobéissance civile serait alors l'équivalent par en bas (c'est-à-dire pour le citoyen) de ce qu'est l'état d'exception par en haut (c'est-à-dire pour le président de la République). Il s'agirait, dans les deux cas, de transgresser momentanément l'ordre juridique en vue de le protéger.

    Un progrès démocratique pratique et théorique

    Ce droit constitutionnel à la désobéissance civile constituerait un progrès démocratique à la fois pratique et théorique :

    • pratique au sens où il permettrait aux citoyens de rappeler à l'ordre les élus lorsque ceux-ci s'autonomisent de la souveraineté populaire et s'écartent de la promotion du bien commun ;
    • théorique au sens où ce droit nous rappelle qu'en définitive la démocratie désigne avant tout le pouvoir constituant du peuple et non le pouvoir constitué de ses représentants.

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  •  Scandaleux : l'impôt des groupes privés du CAC 40 n'est que de 3,3% ! 

    Un rapport parlementaire pointe une fois de plus la fiscalité très douce pour le CAC40 en regard de ce que payent les PME. Mais il est moins connu que 40% de cette maigre enveloppe de 3,5 milliards provient de seulement 4 entreprises (EDF, GDF, France Telecom, Renault) dont l'Etat est encore actionnaire. Les 36 autres ne payent que 3,3 %

    Gilles Carrez le 6 décembre 2010 à la tribune de l'Assemblée Nationale (capture d'écran sur assemblee-nationale.tv)Gilles Carrez le 6 décembre 2010 à la tribune de l'Assemblée Nationale (capture d'écran sur assemblee-nationale.tv)

    Longtemps, caché, réfuté, c’est désormais un secret de polichinelle, depuis que Christophe de Margerie, le patron de Total l’a publiquement assumé : le plus riche, le plus rentable, le plus gros des groupes Français ne paye pas un centime d’impôts en France. Au delà du symbole, de nombreux rapports, à commencer par celui du Conseil des prélèvement obligatoire, rattaché à la Cour des comptes, ont largement décrit la lente dérive de l’impôt sur les sociétés (IS). Ses travaux avait montré que avec un taux moyen de 8%, le poids fiscal des sociétés du CAC 40 était 4 fois inférieur à celui de la PME du coin. 

    Le rapport réalisé par Gilles Carrez, députés maire du Perreux (94) et rapporteur général du budget va plus loin en détaillant ce qui se passe à l’intérieur de ce groupe qui prospèrent sous les cieux fiscaux français finalement très favorable. Et l'affaire  a fait mercredi 6 juillet la une des Echos. Ensemble ces géants « Les plus grandes entreprises, celles de plus de 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, paient entre 15 et 20 % de l’IS,alors qu’elles réalisent entre 50 et 70 % du chiffre d’affaires », note le rapport. Résultat en  trois ans, elles affichaient collectivement 13,5 milliards d’euros d’IS brut dû sur la période d’étude (2007, 2008, 2009). 

    A ce stade, quatre groupes du CAC ne devaient pas un centime d’impôt. Pire si l’on regarde ce qu’elles payent réellement, c’est à dire l’IS (impôt sur les sociétés) net et pas l’IS brut. Après remboursement des crédits d’impôt de toutes sortes (mais hors crédit d’impôt recherche qui pèse, lui, 4,5 milliards par an pour toutes les entreprises) ce chiffre tombait à 10,5 milliards, soit 3,5 milliards par an. Mais, une fois le crédit d’impôt recherche liquidé, parmi les 120 bilans (40 sur trois ans), 52 affichent un impôts nul ou négatif. Bref ce ne sont plus 4 entreprise à 0 impôt, mais 17 en moyenne!!!! 

    Plus inquiétant, le député constate que deux groupes parmi les entreprises du CAC40, se distinguent. Les gros contributeurs, et les autres. Et devinez quoi, ce groupe de gros contributeurs composé de EDF, France Telecom et GDF disposent d’un singularité : l’Etat en est actionnaire. Ensemble ces 4 entreprises fournissent 40 % de l’IS. Le rapport indique que, pour les 36 groupes restant, « en enlevant, d’une part, les crédits d’impôt et, d’autre part, l’impôt payé par les 4 groupes dont l’État est actionnaire, l’IS annuel moyen des autres groupes est inférieur à 2 milliards d’euros. »   

    Petit exemple pour l’exercice 2009 (un des pires, puisque en pleine crise). Cette année là, le CAC40 réalise 1151 milliards d’euros, pour 72 milliards de bénéfices avant impôts. Si l’on exclut à présent les quatre entreprises comprenant des représentants de l’état à leur conseil d’administration, cela donne respectivement 926 milliards et 60 milliards d’euros. Bref 2 milliards pour 60 milliards de bénéfices, soit un taux de 3,3%. 

    Elle est pas belle la vie?  Cependant, les patrons de Total et consort tiennent leur argument. Nous ne faisons pas ou peu de bénéfices en France, répètent-ils en choeur. Il faut les croire sur parole, puisque les rapports annuels se gardent bien de décrire la géographie des bénéfices. En revanche on connaît celle du chiffre d’affaires.

     Malicieux, Gilles Carrez fait ce calcul : les 36 groupes (avant remboursement du crédit impôt recherche) ont acquitté en moyenne en impôt 0,4 % de leur 500 milliards d’euros de chiffre d’affaires réalisés en France !!! C’est peu. Et cela laisse entendre qu’en France on fait pas de profits puisque la rentabilité sous-jacente de cette comptabilité ferait de n’importe quel sandwicherie une véritable mine d’or. En effet, imposé théoriquement à 33,3% le résultat implicite de l’activité en France serait de 6 milliards d’euros, soit une marge de 1,2% sur les 500 milliards de chiffre d’affaires. Une misère.  

    Ainsi Total avec 36 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France, n’a même pas de quoi se payer un carambar avec ses bénéfices. Au contraire, c’est l’Etat qui lui doit de l’argent ! L’exercice 2010 s’étant soldé par une perte de 60 millions d’euros, le pétrolier dispose d’une créance de 20 millions sur l’Etat. Avec une conséquence pour le moins paradoxale : non content d’enrichir les actionnaires du Christophe de Margerie à chacun de leur passage à la pompe, chaque contribuable Français lui doit de surcroit une gâterie supplémentaire, le prix d’un malabar. Allez chiche…. 

    Les petites combines amaigrissantes

    Le report illimité des pertesLimité à cinq ans, le report sur l'exercice futur ne comporte désormais plus de limites. Les pertes réalisées une année peuvent être déduites des bénéfices imposables réalisés les années suivantes, sans limite dans le temps. Les multinationales sont gourmandes de ce dispositif : elles affichent ensemble 315 milliards de pertes stockées, soit l’équivalent d’une créance 53 milliards d’euros qui s’imputera comme bon leur semble sur leur futures impôts sur les sociétés.  


    L’intégration fiscale.  Les  gains  et  pertes  des  filiales  françaises  sont  consolidés  au bilan de  la maison mère. Au sein d’un groupe sont donc agrégés les pertes et les bénéfices de toutes les filiales. Coût pour le Trésor: 19,5 milliards d’euros.   

    La déductibilité des intérêts.  Considérés comme une charge, les intérêts d’emprunt pour investissement viennent réduire le résultat d’exploitation. Cela peut s’entendre comptablement : si j’achète une machine outil a crédits, la rentabilité de cette machine est affectée des remboursements. Mais cette disposition est à l’origine d’abus, désignés « sous-capitalisation ». Plutôt que de mettre du capital, des fonds propres, il est en effet loisible pour une holding de jouer la banque. Elle prête à une de ses filiales selon des intérêts artificiellement élevés.  

    Le régime fille-mère. Une société peut déduire les dividendes versés par ses filiales, y compris celles situées à l’étranger. Gain pour l’ensemble des entreprises: 35 milliards d’euros.  

    La « niche Copé », ou « Copé-Sarkozy ».  Cette disposition fiscale exonère les cessions de participations à long terme, en fait supérieure à deux ans. La « niche Copé » représente 8 milliards d’euros par an. Un rêve pour les fonds dit LBO qui achètent et vendent les entreprises 

    Le crédit impôt-recherche.  Les investissement dédiés à la recherche ouvrent un droit à un crédit d’impôt (un crédit, donne droit à un chèque, si l’impôt est nul). Ils peuvent être interprétés de façon très large (les entreprises ont fait passer des dépenses de marketing, photocopieuses, voire chez certaines banques des modèles mathématiques automatisant la spéculation). Son coût: 4,2 milliards d’euros.


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  • Déclin alarmant de la biodiversité européenne (05/12/02011 )

     

    Margaritifera_auriculariaMargaritifera auricularia
    Vincent Prie / Caracol

    Selon de nouvelles recherches publiées fin novembre 2011, le patrimoine naturel européen montre un déclin alarmant. La Liste rouge européenne, qui fait partie de la Liste rouge de l'UICN des espèces menacées, a évalué une part importante de la faune et de la flore indigènes d'Europe et découvert qu'une grande proportion des mollusques, des poissons d'eau douce et des plantes vasculaires se classent désormais dans une des catégories menacées.

    L'évaluation de quelque 6 000 espèces révèle que 44% de tous les mollusques d'eau douce, 37% des poissons d'eau douce, 23% des amphibiens, 20% d'une sélection de mollusques terrestres, 19% des reptiles, 15% des mammifères et des libellules, 13% des oiseaux, 11% des coléoptères saproxyliques, 9% des papillons et 467 espèces de plantes vasculaires sont maintenant menacées.

    Janez Potočnik, Commissaire européen à l'Environnement, a déclaré : « Le bien-être des Européens et des hommes du monde entier dépend des biens et des services que fournit la nature. Si nous ne traitons pas les causes qui provoquent ce déclin et que nous n'agissons pas d'urgence pour y mettre fin, nous pourrions payer le prix fort. »

    Les mollusques d'eau douce sont le groupe le plus menacé de ceux qui ont été étudiés jusqu'à présent. La grande mulette (Margaritifera auricularia), qui fut jadis assez répandue, se limite désormais à quelques rivières de France et d'Espagne. Actuellement classée En danger critique d'extinction, elle fut considérée comme quasi éteinte dans les années 1980. Cette espèce est une des deux pour lesquelles un Plan d'action fut conçu à l'échelle européenne, et des programmes de conservation en cours permettent d'espérer en son avenir.

    « Ces résultats confirment l'état inquiétant des mollusques européens » dit Annabelle Cuttelod, Coordinatrice de la Liste rouge européenne à l'UICN. « Lorsqu'on les combine au niveau élevé des menaces qui pèsent sur les poissons et les amphibiens d'eau douce, nous pouvons constater que les écosystèmes d'eau douce européens sont vraiment soumis à de graves menaces qui exigent des mesures de conservation urgentes. »

    Les poissons d'eau douce sont aussi très menacés, spécialement à cause de la pollution, de la surpêche, de la perte d'habitats et de l'introduction d'espèces invasives. Les esturgeons courent un risque particulier : sept des huit espèces européennes sont aujourd'hui En danger critique d'extinction.

    Dans la catégorie des plantes vasculaires, nous trouvons toutes les parentes sauvages des plantes cultivées ; elles sont vitales pour la sécurité alimentaire et pourtant leur conservation est souvent négligée. L'espèce Beta patula est une proche parente sauvage des betteraves cultivées et une source génétique importante pour l'amélioration de la résistance aux virus. Parmi les autres plantes qui présentent des niveaux de menaces inquiétants citons, entre autres, les parentes sauvages de la betterave sucrière, du blé, de l'avoine et de la laitue qui sont des cultures économiquement importantes en Europe.

    Mais il y a aussi des nouvelles positives, et les évaluations mettent en évidence la réussite de mesures de conservation bien conçues. De nombreuses espèces protégées en vertu de la Directive Habitats de l'UE et incluses dans le réseau Natura 2000 d'aires protégées ont maintenant de meilleures chances de survie. Centranthus trinervis, une plante endémique de Corse, est passée de En danger critique d'extinction à En danger grâce à la protection stricte dont bénéficie son seul site connu. De plus, le contrôle, depuis une dizaine d'années, d'espèces envahissantes comme certaines plantes, les chèvres et les rats par exemple, fut bénéfique pour la plupart des escargots terrestres de Madère.

    « Ce sont des signes encourageants qui montrent les bénéfices d'actions de conservation étayées par des politiques fermes. » a déclaré Jean-Christophe Vié, Directeur adjoint du Programme mondial de l'UICN pour les espèces, « La poursuite de la mise en œuvre de la législation européenne actuelle, combinée à de nouveaux programmes de conservation, est essentielle pour préserver ces importantes espèces indigènes et leurs habitats. »

    Auteur

    Union internationale pour la conservation de la nature


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    Les mauvaises pratiques de la Chinafrique

     


    Un rapport de l'ONG Human Rights Watch pointe du doigt les exactions commises pas les sociétés minières chinoises en Zambie. Des cas de mauvais traitements qui jettent le trouble sur les mauvaises pratiques de cette Chinafrique.

    Dans un rapport de 122 pages, Human Rights Watch dresse un tableau accablant des pratiques chinoises en Zambie. Dans ce pays où les mines de cuivre rapportent deux tiers des revenus de l’Etat et 38% de la production mondiale, les miniers chinois ont pignon sur rue. Parmi eux, NFC (China Non-ferrous Metal Industry's Foreign Engineering & Construction). Cette grande entreprise cotée à la Bourse de Shenzhen a profité de la vague de privatisations des mines zambiennes à la fin des années 90. Elle emploie plus de 2000 mineurs en Zambie et contrôle une grande partie des exploitations de la ceinture de cuivre, au Nord de Lusaka. « Notre rapport se base sur plus de 170 entretiens, dont 95 avec des mineurs travaillant pour quatre entreprises minières chinoises en Zambie, nous explique Matt Wells, l’auteur de ce document. Les violations des droits des travailleurs dont nous nous faisons l’écho ici viennent directement des ouvriers maltraités, des experts et des responsables syndicaux. La santé et la sécurité sont les deux problèmes principaux rencontrés dans les mines exploitées par les entreprises chinoises ».

    Pékin fait valoir ses investissements en Zambie

    Des mineurs ont ainsi expliqué qu'ils devaient travailler 365 jours par an et que « les patrons chinois soudoient ou menacent les mineurs pour les empêcher de signaler des accidents ou d'autres problèmes aux autorités (…) Ils ne pensent qu'à la production, pas à la sécurité. Si quelqu'un meurt, il peut être remplacé le lendemain. Et si vous signalez le problème, vous perdrez votre emploi », a témoigné l'un deux. Réponse de Hong Lei, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères : « ce rapport de Human Rights Watch ne reflète en rien la réalité actuelle. Les entreprises chinoises mises en cause travaillent en parfaite coopération avec les pays africains sur une base de bénéfices mutuels. Nous avons créé des emplois et contribué grandement au développement économique et social de la Zambie ». Un argument martelé par Pékin qui rappelle avoir financé l’hôpital général de Lusaka, le stade national de Ndola, des routes et des écoles. La Chine a investi l’équivalent de 730 millions d’euros en Zambie en 2010. « Ceux qui boivent de l’eau n’oublieront jamais les gens qui ont creusé les puits », avait d’ailleurs déclaré le Président Hu Jintao lors de sa visite en Zambie en 2007.


    Et c’est bien là toute l’ambiguïté de cette Chinafrique. Sous prétexte de construire des infrastructures et de créer des emplois, la Chine exporte son modèle. Un « néo colonialisme » pour cette Afrique rongée par le chômage et la pauvreté. « Les investissements considérables de la Chine dans l'industrie de l'extraction du cuivre en Zambie peuvent bénéficier à la fois aux Chinois et aux Zambiens. Mais les mineurs travaillant dans les compagnies dirigées par des Chinois sont soumis depuis longtemps à des conditions violant leurs droits en matière de santé, de sécurité et de travail, dans l'indifférence du gouvernement, constate HRW. Bon nombre des mauvaises pratiques que nous avons constatées en matière d'hygiène et de sécurité dans les mines de Zambie dirigées par des Chinois rappellent de façon frappante les abus que l'on constate en Chine ».

    Plusieurs plaintes déposées au Zimbabwe et en République Démocratique du Congo

    « D’autres multinationales violent les droits des travailleurs zambiens, reprend Matt Wells. Mais le cas des quatre grands mineurs chinois sur place est beaucoup plus inquiétant et c’est là que les conditions de travail sont les plus mauvaises ». La Zambie n’est pas le seul pays d’Afrique concerné par ces mauvaises pratiques des entreprises chinoises. Cette année, plusieurs plaintes ont été déposées au Zimbabwe ou en République Démocratique du Congo. « Bien sûr, note Matt Wells, ces investissements chinois offrent de nombreuses opportunités de travail à ces pays très pauvres, comme la Zambie. Les gens que nous avons interrogés sont contents d’avoir du travail. Mais tous condamnent ces violations du droit et les pressions exercées sur les syndicats. Le nouveau Président du pays a déjà publiquement promis de nouvelles réglementations et il s’engage à suivre certaines de nos recommandations. Nous serons très vigilants sur ce dossier », conclut Matt Wells.

    On connaissait jusque-là de la Chinafrique son goût pour les dictatures. Soudan, Zimbabwe ou Libye de Kadhafi. La Chine ne s’embarrasse pas de bons sentiments quand il s’agit de faire des affaires et surtout d’assurer sa sécurité énergétique et alimentaire. Le pays manque en effet de tout et surtout de pétrole et de matières premières. Il est aujourd’hui le plus grand consommateur de métaux non-ferreux comme le zinc, l’aluminium ou le cuivre de Zambie. L’Afrique constitue donc son nouveau terrain de chasse et les entreprises chinoises y sont particulièrement actives : des mines de Zambie et du Congo, en passant par le pétrole du Nigeria, du Gabon, du Tchad et de l’Angola. Les investissements directs de la Chine en Afrique ont été multipliés par deux en cinq ans et dépassent aujourd’hui le milliard d’euros. Cette stratégie chinoise du « Zouchuqu », littéralement « Sortir des frontières », s’accompagne cependant de nombreuses exactions qui alimentent en Afrique un sentiment anti-Chinois grandissant. L’envers du décor ce sont en effet ces 100 000 Chinois qui travaillent en Zambie. Petits commerçants, contremaîtres, expatriés… On estime que 300 entreprises chinoises sont implantées en Zambie et la plupart ne sont là que depuis une petite dizaine d’années. Attirées par ce pays d’Afrique australe riche en « or rouge » et zone de non-droit.

       Stéphane  Pambrun à Pékin    © 2011 Novethic - Tous droits réservés


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  •   Conséquences des cultures tolérantes aux herbicides

    06/12/2011

    colza© C. Magdelaine / notre-planete.info

    Le désherbage des cultures constitue un facteur déterminant des rendements agricoles. Depuis une quinzaine d'années, en parallèle de la recherche de nouvelles molécules herbicides s'est développée une démarche complémentaire : la sélection de variétés végétales capables de tolérer l'application d'une substance herbicide existante. Ces variétés végétales visent d'abord à proposer aux agriculteurs une réponse technique à des difficultés de désherbage ; leur culture est également présentée comme permettant une réduction des quantités d'herbicides utilisées. Quels sont les effets à moyen et long terme de leur culture ? Quel pourrait être leur rôle dans des politiques visant à réduire l'utilisation des pesticides ?

    Les conclusions d'une expertise scientifique collective menée conjointement par le CNRS et l'INRA à la demande des ministères chargés de l'Agriculture et de l'Ecologie ont été rendues publiques le 16 novembre 2011. Un des résultats montre qu'une utilisation répétée de ces variétés, sous certaines conditions, pourrait les rendre inefficaces à moyen terme. Cette expertise conduit aussi à souligner la nécessité d'une gestion des adventices ne s'appuyant pas uniquement sur ces innovations variétales, mais intégrant différentes approches complémentaires.

    En France, quelques variétés tolérantes aux herbicides (VTH) de maïs, tournesol et colza, obtenues par sélection de la variabilité naturelle, ou par mutagenèse, sont cultivées ou font l'objet d'une demande d'inscription au Catalogue officiel des espèces et variétés. Dans ce contexte, les ministères chargés de l'Agriculture et de l'Ecologie ont souhaité disposer d'éléments d'analyse sur les effets réels, à moyen et long terme, de leur culture, et sur leur rôle dans les politiques à visée environnementale, notamment le plan Ecophyto 2018 de réduction d'utilisation des pesticides. Ces questionnements ont motivé la demande faite au CNRS et à l'INRA, d'une expertise scientifique collective (ESCo) portant sur les effets directs et indirects de l'utilisation du caractère de tolérance aux herbicides, en termes agronomiques, environnementaux et socio-économiques. Les impacts éventuels sur la santé humaine sont exclus du champ de cette expertise.

    Une analyse de 1400 articles scientifiques

    L'analyse critique des connaissances scientifiques disponibles a été conduite par un collectif pluridisciplinaire d'experts, chercheurs d'origines institutionnelles diverses (INRA, CNRS, universités), représentant un éventail large de compétences en écologie, agronomie, chimie des herbicides, génétique, économie, droit... Le travail des experts s'est appuyé sur un corpus de 1400 publications, constitué essentiellement d'articles scientifiques. Ils ont constaté que l'essentiel des connaissances publiées concernent des variétés transgéniques tolérantes à un herbicide total dans le contexte nord-américain. En revanche, les variétés tolérantes à un herbicide sélectif et non transgéniques qui sont actuellement présentes sur le marché européen sont peu documentées.

    Le succès des VTH aux Etats-Unis lié notamment à une facilitation du travail

    Les experts ont réalisé d'abord un inventaire des principales VTH commercialisées dans le monde et examiné, dans la limite de la bibliographie disponible, leur dynamique d'adoption. Sur le continent américain, des variétés tolérantes à un herbicide total, obtenues pas transgenèse, sont cultivées depuis une quinzaine d'années et ont connu un essor considérable. En moins de 10 ans, ces VTH, notamment les variétés tolérantes au glyphosate (RoundUp Ready®) ont conquis 80% des surfaces pour le coton et le soja, par exemple.

    L'expertise a ensuite examiné les facteurs d'adoption des VTH, sur la base d'études existantes réalisées principalement aux Etats-Unis. Plusieurs facteurs motivent le développement des VTH : un élargissement du spectre des adventices contrôlées, une simplification du travail de l'agriculteur notamment par la réduction du nombre de traitements herbicides, la souplesse d'emploi du traitement en post-levée, et la sécurisation du désherbage. Le succès des VTH est également lié au fait qu'elles facilitent le désherbage en cas d'abandon du labour, qui fait notamment l'objet d'incitations financières dans les zones sensibles à l'érosion.

    Une expansion des adventices résistantes constatée à moyen terme

    Trois phénomènes conduisent au développement de flores adventices mal contrôlées par l'herbicide associé à la VTH, question centrale pour l'ESCo. Il s'agit de la sélection : d'espèces moins sensibles à l'herbicide, de plantes devenues résistantes par mutation spontanée, et de plantes ayant acquis le caractère de tolérance par croisement avec la VTH. Les difficultés de désherbage qui en résultent se traduisent, aux Etats-Unis, dans la consommation d'herbicide enregistrées sur les cultures transgéniques tolérantes au glyphosate : après une baisse initiale, retour vers le niveau de consommation antérieure (coton, soja, maïs), voire un dépassement pour certaines cultures. L'ampleur et la rapidité de ces phénomènes diffèrent selon les espèces cultivées et les classes d'herbicides considérées.

    Les VTH dans le contexte français

    L'expertise pose la question de la transposition de l'expérience américaine des VTH au contexte français. Les implications d'une éventuelle diffusion de VTH sont en effet à raisonner en fonction des caractéristiques de ces variétés et des évolutions tendancielles des systèmes de culture.
    Les variétés tolérantes à des herbicides sélectifs telles que celles qui sont utilisées en France et en Europe, peuvent apparaitre comme des outils complémentaires intéressants face à certaines situations de désherbage difficile ou dans le cadre d'une diversification des itinéraires de désherbage. Cependant une utilisation répétée qui ne prendrait pas en compte l'évolution concomitante de la flore adventice, pourrait les rendre inefficaces à moyen terme. Le caractère pérenne de l'innovation dépendra des conditions de son déploiement et de l'accompagnement des acteurs pour favoriser la prise en compte des effets de moyen et long terme, sur la parcelle et au niveau régional.

    L'adoption des VTH sur le continent américain constitue ainsi un « cas d'école », notamment pour la tolérance au glyphosate dont l'adoption s'avère massive dès sa mise sur le marché. Il invite à penser de façon dynamique le déploiement de ce type d'innovations en agriculture, en l'associant à un suivi des pratiques agricoles et de leurs effets. Cet exemple rappelle aussi la nécessité de gérer les adventices en ne s'appuyant pas sur un seul type d'innovations, mais en intégrant une large palette de leviers génétiques, agronomiques et organisationnels. La composition de la rotation est notamment un élément déterminant.

    Source

    Les variétés végétales tolérantes aux herbicides - INRA

    Auteur

    Institut National de la Recherche Agronomique

    Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de notre-planete.info



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    Quand les microbes menacent le climat

       

    Pour le moment, ils attendent, sagement, au cœur des terres gelées de l’Arctique, le permafrost. Mais si la température de l’atmosphère augmente de quelques degrés, ces microbes vont se réveiller et accélérer encore le changement climatique, rapporte la revue New Scientist, d’après une étude publiée dans Nature. Pourquoi ? Parce qu’ils vont libérer du CO2 et du méthane. Aujourd’hui, la quantité de carbone séquestrée par le permafrost est comparable à celle présente dans l’atmosphère, environ 1 672 milliards de tonnes, soit cinquante ans d’émissions mondiales de gaz à effet de serre !


    Sources de cet article(publié par Terra-éco.net)

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  • Les banques centrales retardent-elles l'issue de la crise?

     

    Laurent Pinsolle - Blogueur associé | Lundi 5 Décembre 2011

    Comme l'avait envisagé en août Laurent Pinsolle, proche de Nicolas Dupont-Aignan, les banques centrales ont injecté des liquidités pour calmer la spéculation. L'incendie est circonscrit, mais pas éteint. Ce refinancement des banques privées par les banques centrales, aide gratuite qui n'engage aucune contrepartie, pointe notre blogueur associé, « prolonge l'incroyable aléa moral dont bénéficie le système financier ».

     

    La semaine dernière, les marchés ont signé la plus forte hausse hebdomadaire depuis trois ans, avec une progression de 10,8%. Est-ce à dire que la crise de l’euro touche à sa fin ? Non naturellement, l’intervention prévisible des banques centrales ne fait que retarder l’issue de la crise.

    L’intervention prévisible des banques centrales

     

     

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’intervention concertée des banques centrales de la planète a fortement calmé les marchés. L’injection concertée de liquidités a permis de faire baisser les taux longs espagnols de 100 points de base, à 5,68% et a réussi à faire repasser les taux longs italiens sous le cap fatidique des 7%, à 6,68%. L’incendie n’est pas éteint, loin de là, mais il est largement circonscrit du fait de l’intervention des banquiers centraux.

    Il faut dire que seules les banques centrales ont des moyens suffisants aujourd’hui pour calmer la spéculation. Leur intervention était parfaitement prévisible, même si cela a tardé, comme je l’écrivais en août  : « on pourrait imaginer que (…) les gouverneurs des banques centrales fassent une annonce pour calmer les marchés (poursuite de l’acceptation des Bons du Trésor comme collatéral du fait de la baisse de la note par une seule agence, injection de liquidités, monétisation…) ».

    Un double problème d’aléa économique et politique

     

    Mais cette intervention n’est pas sans poser de graves problèmes. Certes, elle permet d’éviter une grave crise financière, qui ne manquerait pas d’arriver si les taux continuaient à monter, mais elle représente aussi une forme d’aide gratuite aux banques privées. En effet, quand les banques centrales les refinancent, cela se fait sans contrepartie de leur part. Bref, les banques centrales prolongent l’incroyable aléa moral dont bénéficie le système financier, malgré le précédent de 2008 !  
    Pire, cela est fait par de simples technocrates, sans le moindre contrôle démocratique. En effet, l’épisode de la semaine dernière montre que le pouvoir est bien dans la main des banquiers centraux, qui ne répondent pourtant jamais devant le peuple. Un nouvel exemple du scandale démocratique que représente l’indépendance des banques centrales. D’ailleurs, Jacques Sapir a justement récemment proposé dans le Monde de les réquisitionner pour monétiser.

    L’impasse reste allemande

     

     

    Les banques centrales retardent-elles l'issue de la crise?
    Mais tous ces expédients nous font perdre de vue que l’euro est bien un zombie et que la question n’est pas de savoir si la monnaie unique va disparaître, mais quand. Certes, la tragi-comédie actuelle peut encore durer quelques années, mais les évènements des vingt derniers mois ont totalement condamné toute issue. Jamais les Allemands ne seront prêts aux transferts nécessaires pour prolonger davantage la vie de cette construction monétaire baroque et artificielle, et à raison.
     
    60% des Allemands déclarent maintenant être opposés à l’euro. Et si Angela Merkel parle d’union budgétaire européenne, il ne s’agit en aucun cas d’un budget européen ou d’une « Transfer union », mais, d’une mise sous tutelle des budgets nationaux sous la coupe des technocrates européens. Certes, une telle évolution est totalement révoltante et il faut la combattre mais, elle pourra plus facilement être abandonnée le moment venu, comme l’ancien pacte de stabilité.
     
    Malheureusement, la monnaie unique n’est pas encore totalement morte. Des expédients peuvent encore prolonger sa vie de quelques mois, voir quelques années. Mais pendant ce temps sera toujours mieux démontré qu’elle est une impasse économique.

    Retrouvez Laurent Pinsolle sur son blog.

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